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Institut pour une triarticulation sociale
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GA337b - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - IDÉES SOCIALES, RÉALITÉ SOCIALE, PRATIQUE SOCIALE




SEPTIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION -
Dornach, 6 septembre 1920 -
MALADIE SOCIALE ET SOCIALISME.
SIEBENTER DISKUSSIONSABEND -
Dornach, 6. September 1920 -
SOZIALE ERKRANKUNG UND SOZIALISMUS.

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres 06 complètes ga 337b 110-123  1999 06/09/1920



Original





Traducteur: FG v.04 - 2022 Editeur: SITE

 

Un article diffamatoire dans « Le phare ». Le mensonge de la triarticulation volée. Comment la catastrophe de la guerre mondiale est en rapport avec la nostalgie latente des humains après le pouvoir. La montée de la propension à la violence et la brutalité dans la vie publique. Le chemin vers une guérison sociale. La triple différenciation de l'humanité sur la terre. La différence entre observation anthroposophique et purement anthropologique. Les tâches particulières des petits peuples par rapport aux grands peuples. La tâche cosmopolite du peuple suisse. Le parler d'une mission nationale doit cesser. Des points de vue humains d’ensemble sont nécessaires.


Ein verleumderischer Artikel im «Leuchtturm». Die Lüge von der gestohlenen Dreigliederung. Wie die Weltkriegskatastrophe mit der latenten Sehnsucht der Menschen nach Gewalt zusammenhängt. Das Zunehmen der Gewaltbereitschaft und der Brutalität in der Öffentlichkeit. Der Weg zu einer sozialen Gesundung. Die dreifache Differenzierung der Menschheit über die Erde. Der Unterschied zwischen anthroposophischer und rein anthropologischer Betrachtung. Die besonderen Aufgaben kleiner Völker im Vergleich zu den großen Völkern. Die kosmopolitische Aufgabe des Schweizer Volkes. Das Reden von einer nationalen Mission muß aufhören. Nötig sind gesamtmenschliche Gesichtspunkte.

Paul Baumann introduit la soirée de discussion par un exposé de "Soziale Erkrankung und Sozialismus" (Maladie sociale et socialisme). À la suite de cette conférence, Rudolf Steiner explique :

01

Paul Baumann leitet den Diskussionsabend durch einen Vortrag von «So­ziale Erkrankung und Sozialismus» ein. Im Anschluß an diesen Vortrag führt Rudolf Steiner aus:

Rudolf Steiner : Ce n'est qu'un tableau d'ambiance qui devrait être créé, mais aussi en même temps quelque chose qui vous montre jusqu'où va déjà l'impudeur en ce qui concerne la lutte contre tout ce qui émane de moi, et comment cette impudeur se transforme déjà en feuilles baveuses telles que les Lorcher Nachrichten. C'est la feuille qui paraît à Lorch, dans le Wurtemberg, "Der Leuchtturm (le phare)", dans laquelle est paru un article intitulé :

02

Rudolf Steiner: Es ist nur ein Stimmungsbild, das geschaffen werden soll, aber auch zugleich etwas, woraus Sie sehen, wie weit bereits die Schamlosigkeit geht in bezug auf die Bekämpfung alles desjenigen, was von mir ausgeht, und wie diese Schamlosigkeit bereits in solche Schmierageblätter wie die Lorcher Nachrichten übergeht. Es ist das in Lorch, in Württemberg, erscheinende Blatt, «Der Leuchtturm», in dem ein Artikel erschienen ist, der heißt:

La triarticulation volée". Si une telle feuille ne se dévoilait dans son impudeur que par un tel article, elle se caractériserait par là même comme une feuille honteuse. Je mentionne cela afin que certaines choses qui ont été dites à plusieurs reprises, notamment en relation avec nos adeptes, trouvent leur éclairage, car nombre de nos anthroposophes sont abonnés à ce "phare" qui, entre autres, "mène le combat contre le Dr Steiner et la théosophie". Lors d'une conférence à Stuttgart, j'ai dû décrire publiquement l'éditeur de ce journal, qui s'appelle en réalité Rohm, comme un "cochon", dans une sorte de comparaison.

03

«Die gestohlene Dreigliederung». Würde ein solches Blatt durch nichts anderes als durch einen solchen Artikel sich in seiner Schamlosigkeit enthüllen, so würde es sich gerade dadurch als ein schamloses Schmierblatt charakterisieren. Ich erwähne das, damit einiges von dem, was öfters gesagt worden ist, auch gerade in Anknüpfung an unsere Anhängerschaft, seine Beleuchtung findet, denn dieser «Leuchtturm», der neben anderem «den Kampf gegen Dr. Steiner und die Theosophie führt», ist von zahlreichen unserer Anthroposophen abonniert. Den Herausgeber dieses Blattes, der in Wirklichkeit Rohm heißt, habe ich öffentlich in einem Vortrag in Stuttgart in einer Art Vergleich als ein «Schwein» bezeichnen müssen.

J'aimerais souligner cela expressément ici, mais il n'y a pas d'autres moyens à disposition aujourd'hui que ceux de ce genre pour lutter contre ce qui est aujourd'hui inventé pour les pires raisons mensongères.

04

Ich möchte das hier ausdrücklich hervorheben, aber es stehen einem heute gegen das, was aus den übelsten Lügegründen heraus heute zusammengelogen wird, eben keine anderen Mittel zur Verfügung als Mittel dieser Art.

Et ce Rohm écrit dans le "Leuchtturm" du 1er juin 1920 sous le titre "Die gestohlen Dreigliederung" (la triarticulation volée) :

05

Und dieser Rohm schreibt im «Leuchtturm» vom 1. Juni 1920 unter dem Stichwort «Die gestohlene Dreigliederung»:

avec une petite brochure (Le livret a pour titre : "3:5, 5:8 = 21:34. Le secret pour pouvoir effacer les charges de la faute dans un avenir prévisible") destinée au public et publiée à compte d'auteur. La femme a quelque chose à dire. Le petit livre traite idéalement de la divine proportion du nombre d'or et en déduit une triarticulation morphologique dont l'effet pratique serait la possibilité d'effacer les dettes de guerre du peuple allemand dans un avenir prévisible. Les quelques feuillets de cet ouvrage contiennent une quantité surprenante d'idées ; on a l'impression que cette femme a sorti les meilleurs morceaux de son savoir et les a présentés sous forme d'extraits pour être entendue, pour apporter la preuve qu'elle a le droit d'être entendue.

06

mit einer kleinen Broschüre (Das Büchlein hat den Titel: «3:5, 5:8 = 21:34. Das Geheimnis, die Schuldenlasten in absehbarer Zeit tilgen zu können») an die Öffentlichkeit, die in ihrem Selbstverlag erschienen ist. Die Frau hat etwas zu sagen. Das Büchlein behandelt ideell die göttliche Proportion des Goldenen Schnittes und leitet aus demselben eine morphologische Drei­gliederung ab, deren praktische Auswirkung die Möglichkeit der Tilgung der Kriegsschulden des deutschen Volkes in absehbarer Zeit sein soll. Auf den wenigen Blättern dieser Schrift ist eine überraschende Fülle von Ge­danken untergebracht; man hat den Eindruck: die Frau hat die besten Stük­ke ihres Wissens hervorgeholt und in Extraktform dargeboten, um gehört zu werden, um den Beweis zu liefern, daß sie das Recht hat, gehört zu werden.

Le petit livre que j'ai reçu il y a huit jours par l'intermédiaire de M. Uehli donne l'impression d'une bêtise absolue - une bêtise absolue ! Et si la "triarticulation" peut être volée en volant le chiffre "trois", la triarticulation peut naturellement être volée de nombreuses fois. Une sorte de triarticulation se trouve toutefois aussi dans ce petit livre, et elle s'appelle : État, royaume culturel, Église. C'est ainsi que s'appelle la triarticulation, et l'affaire du nombre d'or revient à dire - vous savez que le nombre d'or consiste en ce que le tout se rapporte au grand comme le grand se rapporte au petit - que l'État, en tant que tout, doit se rapporter au grand, au royaume culturel, comme le royaume culturel se rapporte à l'Église. Nous avons donc à nouveau l'État unitaire dans cette "triarticulation" tout à fait stupide.

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Das Schriftchen, das ich vor acht Tagen durch Herrn Uehli überreicht bekommen habe, macht durchaus den Eindruck eines absoluten Blödsinns — eines absoluten Blödsinns! Und wenn «Dreigliederung» dadurch gestohlen werden kann, daß man die Zahl «Drei» stiehlt, so kann Dreigliederung natürlich vielfach gestohlen werden. Eine Art von Dreigliederung ist allerdings auch in jenem Büchelchen, und sie heißt: Staat, Kulturreich, Kirche. So heißt dort die Dreigliederung, und die Sache mit dem Goldenen Schnitt läuft darauf hinaus — Sie wissen, der Goldene Schnitt besteht darin, daß sich das Ganze zum Großen verhält wie das Große zum Kleinen —, daß also der Staat als das Ganze zum Großen, zum Kulturreich, sich so zu verhalten hat wie das Kulturreich zur Kirche. Wir haben also wiederum den Einheitsstaat drinnen in dieser ganz blödsinnigen «Dreigliederung».

Tableau 5

L'article du Phare poursuit :

08

Tafel 5




Weiter heißt es in dem Leuchtturm-Artikel:

Voici ce que nous apprenons : Il existe un Ordre international pour l'éthique et de culture, fondé par Alfred Knapp, un fils de pasteur allemand, et présidé aujourd'hui par le professeur August Forel.

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Wir erfahren folgendes: Es besteht ein internationaler Orden für Ethik und Kultur, den Alfred Knapp, ein deutscher Pfarrerssohn gründete und dessen Vorsitz heute Professor August Forel führt.

- Ce Knapp-là, un individu qui appartient à peu près aux pires nuances de parti de l'époque, qui se trouve, je crois, à Zurich. Et plus loin :

10

jener Knapp, ein Individuum, das so ziemlich den übelsten Parteischattierungen der Gegenwart angehört, der sich, wie ich glaube, in Zürich aufhält. Und weiter:

Madame Metzdorff-Teschner a travaillé au foyer munichois de cet ordre à la révélation de la "triarticulation morphologique" selon la loi du nombre d'or. Avec les résultats de ses recherches, elle s'est adressée à différentes instances qui lui semblaient aptes à exploiter sa découverte au profit du peuple allemand ; entre autres au service de presse du ministère de la guerre à Munich, à l'auteur des "Princes sans couronne", la Freybund Nienkamp, et à - une "société philanthropique" dont le siège principal se trouve à Stuttgart et qui s'est avérée être - la société Steiner. Cette fameuse "société philanthropique" reçut le manuscrit de Mme Metzdorff-Teschner en prêt pour huit jours ; elle le demanda ensuite pour au moins quinze jours, "car le chef de la société n'était pas toujours présent" ; "la demande de nommer ce chef fut refusée en demandant instamment la confiance" ; au lieu des quinze jours accordés, le manuscrit fut gardé quatre semaines. Et peu après, le chef tenu secret de la "société philanthropique" en question, à savoir le Dr Rudolf Steiner de la "société anthroposophique", se présenta devant le public avec une idée toute neuve, la triarticulation de l'organisme social.

11

Frau Metzdorff-Teschner arbeitete im Münchner Heim dieses Ordens an der Enthüllung der «morphologischen Dreigliederung» nach dem Gesetz des Goldenen Schnitts. Mit den Resultaten ihres Forschens trat sie an ver­schiedene Stellen heran, die ihr geeignet schienen, ihre Entdeckung zum Nutzen des deutschen Volkes zu verwerten; unter anderem an das Presse­amt des Kriegsministeriums in München, an den Verfasser der «Fürsten ohne Krone», den Freybund Nienkamp, und an — eine «philanthropische Gesellschaft», deren Hauptsitz in Stuttgart ist und die sich als die — Steiner-Gesellschaft entpuppte. Diese famose «philanthropische Gesellschaft» er­hielt das Manuskript der Frau Metzdorff-Teschner leihweise auf acht Tage; erbat es sich dann auf mindestens vierzehn Tage, «da das Haupt der Gesell­schaft nicht immer anwesend sei»; «die Forderung der Namensnennung dieses Hauptes wurde mit der dringenden Bitte um Vertrauen verneint»; statt der zugestandenen vierzehn Tage wurde das Manuskript vier Wochen behalten. Und bald darauf trat das geheimgehaltene Haupt der fraglichen «philanthropischen Gesellschaft», nämlich Dr. Rudolf Steiner von der «an­throposophischen Gesellschaft», mit einer nagelneuen Idee, der Dreigliede­rung des sozialen Organismus, vor die Öffentlichkeit.

Bref et bien : tout cela est faux et mensonger, il n'y a pas un mot de vrai là-dedans.

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Kurz und gut: das ist alles erstunken und erlogen, kein wahres Wort ist daran.

Tout cela est un non-sens absolu. Car il se peut qu'un quelconque esprit de clan, qui est peut-être lui-même membre de notre société, se soit vu montrer ce manuscrit stupide à Stuttgart ; en tout cas, je ne l'ai jamais vu, je ne m'en suis jamais occupé. Et ce manuscrit à la noix aurait été transmis par un quelconque esprit de clan - c'est ce qu'écrit Madame Metzdorff-Teschner - aurait été transporté à Hambourg. Or, à Hambourg, toutes sortes d'esprits flottants ne sont pas tout à fait étrangers à la Société anthroposophique. Mais tout cela ne me concerne pas, et c'est tout à fait indifférent.

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Es ist alles absoluter Unsinn. Denn es kann ja sein, daß irgend­ein Schwarmgeist, der selbst vielleicht Mitglied unserer Gesell­schaft ist, dazumal das blödsinnige Manuskript in Stuttgart gezeigt bekommen hat; ich habe es jedenfalls nie gesehen, habe mich auch niemals darum gekümmert. Und es soll dann dieses blödsinnige Manuskript durch irgendeinen Schwarmgeist — so schreibt Frau Metzdorff-Teschner — nach Hamburg befördert worden sein. Nun, in Hamburg ist allerlei Schwarmgeisterei auch der Anthroposophischen Gesellschaft nicht ganz fremd. Das geht mich aber alles nichts an, und es ist auch ganz gleichgültig.

Jusqu'à présent, vous avez donc entendu dire que la triarticulation telle qu'elle est cultivée ici, est censée provenir de Madame Metzdorff-Teschner.

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Bis jetzt haben Sie also gehört, daß die Dreigliederung, wie sie hier gepflegt wird, von der Frau Metzdorff-Teschner stammen soll.

Le dernier paragraphe de l'article du Phare dit encore ceci :

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Der letzte Abschnitt im Leuchtturm-Artikel sagt noch folgendes:

Mme Metzdorff-Teschner accuse donc le Dr Steiner d'avoir volé l'idée de la triarticulation ; son petit livre est un pamphlet pour la priorité de l'idée de la triarticulation, et ce qui est le plus remarquable, c'est que Mme Metzdorff-Teschner dit dans le sens : "Le Dr Steiner n'a pas seulement volé mon idée de triarticulation, il ne l'a même pas saisie correctement et l'a bâclée, il a fait d'une idée utilisable une idée inutilisable, qui n'est pas apte à aider notre peuple à sortir de sa détresse, mais seulement à remplir son sac et celui de sa société". Vous voyez donc que l'idée grandiose et géniale est ici réchauffée : il m'a pris ma montre - mais il en a eu une toute autre ensuite. Vous voyez donc que c'est de cette manière que l'on se bat aujourd'hui. Il est bien sûr nécessaire que nos amis des cercles les plus larges sachent avec quels moyens on se bat aujourd'hui dans le monde. Il n'est même pas intéressant que ce soit précisément contre nous, mais ce qui est intéressant, c'est de voir dans quel bourbier de mensonges nous sommes aujourd'hui plongés dans le monde. Et vous voyez à quel point il est nécessaire de lutter très sérieusement contre ce marécage de mensonges. Pour l'instant, j'ai seulement pu constater qu'il y a toute une série de membres de la Société anthroposophique de Stuttgart qui, chaque fois que de telles feuilles me jettent de la boue, s'y abonnent ubuesquement.

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Frau Metzdorff-Teschner beschuldigt also den Dr. Steiner des Diebstahls der Dreigliederungsidee; ihr Büchlein ist eine Streitschrift für die Priorität des Dreigliederungsgedankens, und das Beachtenswerteste dabei ist, daß Frau Metzdorff-Teschner dem Sinne nach sagt: «Nicht nur gestohlen hat Dr. Steiner meine Dreigliederungsidee, er hat sie nicht einmal richtig erfaßt und hat sie verpfuscht, er hat aus einer brauchbaren Idee eine unbrauchbare gemacht, die nicht geeignet ist, unserem Volk aus seiner Not zu helfen, sondern nur seinen und seiner Gesellschaft Beutel zu füllen.» Also Sie sehen, hier wird die grandiose, geniale Idee aufgewärmt: Der hat mir meine Uhr genommen — aber er hat dann eine ganz andere gehabt. Also Sie sehen, in dieser Weise wird heute gekämpft. Es ist natürlich schon notwendig, daß unsere Freunde in weitesten Kreisen wissen, mit welchen Mitteln heute in der Welt gekämpft wird. Es ist ja nicht einmal so interessant, daß es gerade gegen uns geht, sondern das Interessante ist schließlich, in welchem Sumpfe von Lügereien wir heute in der Welt drinnenstecken. Und Sie sehen, wie notwendig es ist, daß gegen diesen Sumpf von Lügereien wirklich ganz ernsthaft gekämpft werde. Vorläufig habe ich nur konstatieren können, daß es eine ganze Reihe von Mitgliedern der Anthroposophischen Gesellschaft in Stuttgart gibt, die jedes­mal, wenn derartige Blätter mich mit Dreck bewerfen, sie allemal uibrav abonnieren.

J'aimerais maintenant passer à la réponse aux questions qui ont encore été posées. Tout d'abord, la question

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Ich möchte nun übergehen auf die Beantwortung der Fragen, die noch gestellt wurden. Zunächst die Frage:

On entend souvent dire du côté socialiste que seule la violence peut sauver l'humanité. - Cela ne semble-t-il pas presque exact ?

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Man hört von sozialistischer Seite immer wieder: Nur Gewalt kann die Menschheit retten. — Scheint es nicht fast, daß das richtig ist?

Mes très chers présents, j'aimerais dire quelques mots sur le point de la violence, du simple déploiement de pouvoir. Il n'est peut-être pas inutile de réfléchir aujourd'hui à ce qui, dans différents instincts humains, fait appel à ce moyen de la violence pour établir une situation digne de l'humain. Car il est en fait particulièrement intéressant de suivre, du point de vue de la psychologie sociale, cette aspiration à résoudre des questions importantes par la violence. C'est notamment une pensée fructueuse, qui n'est malheureusement que trop peu suivie, que de se demander d'où viennent les pires phénomènes et excès de notre présent immédiat ? - Ces phénomènes ont vécu jusqu'à notre époque catastrophique, mais sous la surface, ils étaient des passions latentes, ils étaient des désirs de violence retenus. Ils étaient contenus, et l'état social, la condition sociale, était quelque chose comme un énorme mensonge. Ce mensonge qui traversait tout le monde civilisé, qui était retenu dans les soubassements, ne pouvait plus être retenu en 1914. Tout le système de mensonges qui existait sous une fine couche a alors éclaté. Les humains endormis, je veux dire les humains endormis psychiquement, se sont accrochés à cette couche supérieure ; ils l'ont prise pour le monde, pour la vie humaine, et ils n'ont pas cru ceux qui parlaient de ce qui était en fait caché sous cette couche. Il en va de même aujourd'hui. Si l'on parle aujourd'hui de quelque chose dont il est nécessaire de parler, alors les esprits menteurs viennent décharger leurs pires, leurs plus sales tissus de mensonges sur ce qui voudrait se présenter comme vérité dans le monde. Mais cela ne sert à rien - l'humanité qui veut participer sérieusement à quelque chose qui doit être créé pour assainir les conditions sociales, doit regarder les yeux ouverts ce qui apparaît aujourd'hui à la surface.

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Meine sehr verehrten Anwesenden, über den Punkt der Gewalt, der bloßen Machtentfaltung, möchte ich ein paar Worte sprechen. Es ist vielleicht nicht ohne Bedeutung, sich gerade heute auf dasje­nige zu besinnen, was aus verschiedenen menschlichen Instinkten heraus an dieses Mittel der Gewalt zur Herstellung eines men­schenwürdigen Zustandes appelliert. Denn es ist eigentlich ganz besonders interessant, sozialpsychologisch dieses Streben nach Lösung wichtiger Fragen durch die Gewalt zu verfolgen. Es ist namentlich ein fruchtbarer Gedanke, der leider nur viel zu wenig verfolgt wird, sich zu fragen: Woher kommen denn die schlimm­sten Erscheinungen und Auswüchse gerade der unmittelbaren Ge­genwart? — Diese Erscheinungen haben gelebt bis in unsere kata­strophale Zeit herein, aber unter der Oberfläche, sie waren latente Leidenschaften, sie waren zurückgehaltene Sehnsuchten nach Ge­walt. Sie waren niedergehalten, und der gesellschaftliche Zustand, der soziale Zustand, war etwas wie eine gewaltige Lüge. Diese Lüge, die durch die ganze zivilisierte Welt ging, die in den Unter­gründen niedergehalten war, die konnte nicht mehr zurückgehalten werden im Jahre 1914. Es brach das ganze Lügensystem, das unter einer dünnen Schicht vorhanden war, da hervor. Die schlafenden Menschen, ich meine die seelisch schlafenden Menschen, sie haben sich an diese obere Schicht gehalten; sie haben die für die Welt gehalten, für das Menschenleben gehalten, und sie haben denjeni­gen nicht geglaubt, die von dem sprachen, was eigentlich unter dieser Schicht verborgen war. Es ist ja heute auch wieder so. Wenn man heute von irgend etwas redet, was notwendig ist zu bespre­chen, dann kommen die Lügengeister und entladen ihre schlimm­sten, schmutzigsten Lügengewebe auf dasjenige ab, was sich als Wahrheit in die Welt hineinstellen möchte. Es nützt aber nichts — die Menschheit, die ernsthaftig teilnehmen will an irgend etwas, was zur Gesundung der sozialen Zustände geschaffen werden soll, muß mit offenen Augen hinsehen auf dasjenige, was sich eigentlich heute an die Oberfläche begibt.

Et là, je voudrais vous donner un petit exemple récent qui vous permettra de voir ce qui se passe maintenant que les esprits sont en quelque sorte libérés, que les esprits font appel au pouvoir là où ça va.

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Und da möchte ich Ihnen ein kleines Beispiel aus der allerjüng­sten Zeit mitteilen, aus dem Sie sehen können, was jetzt, wo die Geister gewissermaßen losgelassen sind, wo die Geister da, wo es geht, an die Macht appellieren, was da geschieht.

Rudolf Steiner lit un article de journal qui montre comment, sous le général Lüttwitz, on agissait contre les concitoyens allemands par des châtiments corporels et d'autres mesures de violence. On y raconte le cas d'un humain qui, pour avoir emprunté un chemin interdit peu de temps auparavant, a été appelé, jeté à terre, puis finalement arrêté et battu. Lorsque les instances supérieures ont été saisies pour punir la soldatesque brutale, le plaignant s'est vu répondre que les soldats étaient autorisés à agir de la sorte contre les personnes qui s'opposaient à eux. Cette réponse avait été signée par le commandant lui-même.

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Rudolf Steiner verliest einen Zeitungsartikel, aus dem hervorgeht, wie unter General Lüttwitz mit Prügelstrafen und anderen Gewaltmaßregeln gegen die deutschen Mitbürger vorgegangen wurde. Es wird der Fall eines Mannes erzählt, der wegen Betretens eines kurz vorher verbotenen Weges angeru­fen, zu Boden geworfen, schließlich verhaftet und verprügelt wurde. Als zur Bestrafung der rohen Soldateska die höheren Instanzen angerufen wurden, bekam der Kläger die Antwort, daß die Soldaten die Erlaubnis hätten, gegen Personen, die sich ihnen widersetzen würden, so vorzugehen. Diese Antwort war vorn Kommandeur selbst unterschrieben worden.

Rudolf Steiner : Vous voyez, mes très chers présents, la civilisation moderne en est arrivée là. Vous savez que la Hongrie a introduit le châtiment corporel, que la Pologne a introduit le châtiment corporel. Vous voyez donc que le châtiment corporel se déplace d'est en ouest. Et si l'humanité continue à dormir et à se comporter comme elle le fait actuellement, il ne faudra pas s'étonner de tout ce que nous pourrons encore vivre.

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Rudolf Steiner: Sehen Sie, meine verehrten Anwesenden, so weit hat es die moderne Zivilisation gebracht. Sie wissen ja, daß in Ungarn die Prügelstrafe eingeführt worden ist, daß Polen die Prü­gelstrafe eingeführt hat. Sie sehen also, die Prügelstrafe wandert von Osten nach Westen. Und wenn die Menschheit so weiter schläft und sich weiter so verhält, wie sie sich gegenwärtig verhält, dann wird eben nicht zu verwundern sein, was wir alles noch werden erleben können.

Mais, mes très chers présents, nous vivons aussi à une époque où les discussions sont très étranges. Je vais vous donner un petit exemple de ce type de discussion dans lequel nous vivons aujourd'hui. Il s'agit de la manière dont un publiciste critique son gouvernement. Vous vous souvenez peut-être de l'époque où l'on faisait la promotion du sommeil, où l'on utilisait des expressions très vives lorsqu'on attaquait le gouvernement en tant qu'humain d'opposition. Toutes les oppositions n'ont pas attaqué le gouvernement de manière aussi polie que, par exemple, à certaines époques, l'opposition radicale autrichienne, lorsqu'ils lançaient de violents reproches contre le gouvernement, signait ceux-ci "l'opposition toute fidèle de Votre Majesté ". (Rires !) Mais depuis quelques décennies, les choses ont changé, et aujourd'hui, à l'époque où de très nombreuses personnes aspirent à la violence, au pouvoir, on discute publiquement de telle sorte que l'on qualifie les gens qui siègent au gouvernement de ces beaux noms : Assassins, escrocs, trafiquants, contrevenants.

23

Aber, meine sehr verehrten Anwesenden, wir leben auch in einer Zeit, die sehr merkwürdige Diskussionen führt. Ich werde Ihnen eine kleine Probe von dieser Diskussionsart, in der wir heute drin­nenleben, mitteilen. Es handelt sich darum, wie ein Publizist seine Regierung kritisiert. Sie wissen vielleicht aus jenen Zeiten, die das Schlafen großgezüchtet haben, wie man mit scharfen Ausdrücken aufgefahren ist, wenn man als Oppositionsmann die Regierung angegriffen hat. Nicht jede Opposition hat ja in so höflicher Weise die Regierung angegriffen wie zum Beispiel in gewissen Zeiten die österreichische radikale Opposition, die, wenn sie heftige Vorwürfe gegen die Regierung schleuderte, diese unterzeichnete mit der Unterschrift «Euer Majestät allergetreueste Opposition». (Heiter­keit!) Aber seit einigen Jahrzehnten sind die Dinge anders gewor­den, und heute, in der Zeit, in der sich sehr viele Menschen nach der Gewalt, nach der Macht sehnen, diskutiert man öffentlich so, daß man die Leute, die in der Regierung sitzen, mit den schönen Namen bezeichnet: Mörder, Gauner, Schieber, Rechtsbrecher.

Une coupure de presse concernant Gustav Noske, Oberpräsident de Hanovre, est lue par Rudolf Steiner.

24

Ein Zeitungsausschnitt über Gustav Noske, Oberpräsident von Hannover, wird von Rudolf Steiner verlesen.

Ce sont aujourd'hui les mots d'opposition dont on affuble le gouvernement dans les journaux publics, et rien ne bouge pour que ces gouvernants puissent faire quelque chose contre cela. Faisons donc connaissance avec le ton employé aujourd'hui, lorsque les gouvernants sont qualifiés d'assassins, d'escrocs, de fraudeurs, de contrevenants de toutes sortes.

25

Das sind heute die oppositionellen Worte, mit denen man die Regierung belegt in öffentlichen Blättern, und nichts regt sich, daß jene Regierenden irgendwie etwas dagegen tun können. Also machen wir uns bekannt mit dem Ton, der heute angeschlagen wird, wenn die Regierenden bezeichnet werden als Mörder, Gauner, Schieber, Rechtsbrecher aller Art.

Je pense que les faits qui se produisent ici et là ne contredisent pas ce qui a souvent été dit ici par cette instance, à savoir que nous allons vers le déclin avec une assez forte précipitation et qu'au fond, le temps de dormir ne devrait pas être là pour les âmes. Ce que les instincts qui aspirent au pouvoir sont capables d'accomplir - cela s'exprime dans ces choses, et cela s'exprime absolument par exemple dans le cas non isolé de Hesterberg, que j'ai lu tout à l'heure. Et cela s'exprime aussi dans bien d'autres choses, dans des choses qui sont rapportées aujourd'hui de toutes les parties du monde "cultivé" - je mets le mot "cultivé" entre des guillemets -, de toutes les parties du monde "cultivé". Et je demande : qui oserait encore croire que quelque chose pourrait être trop noir, qui parle aujourd'hui de déclin, non seulement de notre vie économique, mais surtout de notre vie morale. - Mais ces choses disent bien comment l'action de telles forces conduit à ces conditions malsaines qui vous ont été si bien décrites aujourd'hui par Monsieur Baumann. Car ces conditions malsaines s'expriment par exemple dans quelque chose comme l'enquête qui a été menée dans une école primaire de Berlin, fréquentée par 650 enfants. Il en est ressorti les situations suivantes : 161 de ces 650 enfants n'ont ni chaussures ni sandales ; 142 enfants n'ont pas de vêtements chauds ; 305 enfants n'ont pas de linge du tout ou seulement des haillons ; 379 vivent dans des appartements de 11h où aucune pièce n'est chauffée ; 106 proviennent de familles qui n'ont même pas l'argent nécessaire pour acheter seulement les denrées alimentaires rationnées. 341 enfants sur 650 n'ont jamais eu une goutte de lait ; 118 sont tuberculeux ; 48 sont en retard de croissance suite à la malnutrition. Sur les 650 enfants, 85 sont morts en un an à cause des privations et de la malnutrition. Vous avez là un afflux de ce qui est l'esprit d'aujourd'hui, de ce qui est la foi d'aujourd'hui, dans les états de santé physique, c'est-à-dire dans les états de maladie physique. Il est donc temps d'écouter lorsque quelqu'un parle de la nécessité d'un sentiment pour ce qui est sain, pour ce qui a en soi le souffle sain de la vie dans les domaines physique, psychique et spirituel. Et c'est ce qui importe, que nous nous engagions vraiment dans ce ressenti de la santé et que nous ne poursuivions pas n'importe quelle chose, comme le désir de pouvoir, qui est vraiment là où les humains qui portent aujourd'hui les instincts malsains en eux sont lâchés - qu'ils soient lâchés en tant que voleurs et bandits de grand chemin ou qu'ils soient lâchés en tant que fonctionnaires et ministres, qui ont aussi soif de pouvoir à cause de ces instincts. Et c'est de ces instincts de pouvoir que sont nées les situations malsaines. Il faut justement reconnaître quelle est la condition des humains aujourd'hui et combien il est nécessaire de ne pas appeler au pouvoir et à d'autres choses de ce genre, mais seulement aux conditions dans lesquelles se trouve un véritable sentiment de guérison - à l'esprit.

26

Ich meine, die Tatsachen, die da und dort auftreten, sprechen nicht gegen das, was hier von dieser Stelle oftmals gesagt wurde, nämlich: daß wir mit einer recht starken Eile in den Niedergang hineingehen und daß im Grunde genommen die Zeit zum Schlafen für die Seelen nicht da sein sollte. Was die Instinkte, die nach Macht sich sehnen, zuwegebringen — das drückt sich in diesen Dingen aus, und das drückt sich zum Beispiel in dem durchaus nicht vereinzelten Falle Hesterberg aus, den ich vorhin verlesen habe. Und das drückt sich auch in manchem anderen aus, in Dingen, die heute aus allen Teilen der «gebildeten» Welt — «gebildet» setze ich in Gänsefüßchen —, aus allen Teilen der «gebildeten» Welt gemeldet werden. Und ich frage: Wer wagt da noch zu glauben, daß irgend etwas zu schwarz gefärbt sein könnte, was heute vom Niedergang spricht, nicht nur unseres wirtschaftlichen, sondern vor allen Dingen unseres moralischen Lebens. — Aber diese Dinge sprechen es eben durchaus aus, wie das Walten solcher Kräfte in jene ungesunden Zustände hineinführt, die Ihnen heute von Herrn Baumann so trefflich geschildert worden sind. Denn diese ungesunden Zustände drücken sich zum Beispiel in so etwas aus wie der Enquete, die in einer Volksschule Berlins angestellt worden ist, die von 650 Kindern besucht wird. Dabei haben sich die folgenden Verhältnisse ergeben: 161 von diesen 650 Kindern haben weder Schuhe noch Sandalen; 142 Kinder haben keine warmen Kleider; 305 Kinder haben gar keine Wäsche oder nur Fetzen; 379 leben in 11h Wohnungen, wo kein einziges Zimmer geheizt wird; 106 stammen aus Familien, die nicht einmal das nötige Geld haben, um nur die rationierten Lebensmittel einzukaufen. 341 von 650 Kindern haben nie einen Tropfen Milch gehabt; 118 sind tuberkulös; 48 sind im Rückstand infolge Unterernährung. Von den 650 Kindern sind im Laufe eines Jahres 85 gestorben infolge von Entbehrungen und von Unterernährung. Da haben Sie das Hineinströmen desjenigen, was heutige Gesinnung ist, was heutiger Glaube ist in die physischen Gesundheitszustände, das heißt in die physischen Krankheitszu­stände. Da ist es wohl an der Zeit hinzuhorchen, wenn jemand davon spricht, daß ein Gefühl notwendig ist für das Gesunde, für dasjenige, was in sich den gesunden Atem des Lebens in physi­scher, in seelischer, in geistiger Beziehung hat. Und darauf kommt es an, daß wir uns wirklich einlassen auf dieses Erfühlen der Ge­sundheit und nicht irgendwelchen Dingen nachjagen wie der Sehn­sucht nach Macht, die nun wahrhaftig da, wo die Menschen, die die ungesunden Instinkte heute in ihrem Innern tragen, losgelassen werden — gleichgültig, ob sie losgelassen werden als Diebe und Straßenräuber oder ob sie losgelassen werden als Beamte und Mi­nister, die auch aus diesen Instinkten heraus nach Macht lechzen. Und aus diesen Instinkten nach Macht sind die ungesunden Zu­stände entstanden. Man muß eben erkennen, wie die Verfassung der Menschen heute ist und wie es notwendig ist, nicht nach Macht und dergleichen Dingen zu rufen, sondern lediglich nach den Vor­aussetzungen, in denen ein wirkliches Gefühl für Gesundung ist — nach dem Geiste.

Roman Boos et Paul Baumann, entre autres, s'expriment sur les explications de Rudolf Steiner.

27

Zu den Ausführungen von Rudolf Steiner äußern sich unter andern Roman Boos und Paul Baumann.

Quelle est la mission des petits peuples intermédiaires comme les Livoniens, les Estoniens, les Lituaniens et ainsi de suite ?

28

Was ist die Mission der kleinen Zwischenvölker wie Livländer, Estländer, Litauer und so weiter?

Lorsque l'on parle aujourd'hui des missions qui concernent d'abord l'humanité, il est en fait nécessaire de parler de missions qui concernent l'humanité entière. Car nous nous trouvons directement au moment où il est nécessaire de regarder au-delà des frontières nationales étroites, au-delà des frontières des peuples, vers les grandes tâches de l'humanité. Et lorsque j'ai parlé des différentes différenciations des humains sur la terre civilisée et que j'ai dit que l'Orient, que je pense parfois jusqu'en Asie, était avant tout la patrie de la vie de l'esprit - cette vie de l'esprit qui, dans sa pureté, s'est manifestée et révélée dans les temps anciens de l'évolution de l'humanité, qui est ensuite entrée en décadence et qui s'y trouve aujourd'hui, mais qui, en tant qu'héritage, vit également en Europe centrale et dans les régions occidentales -, lorsque j'ai dit que les régions d'Europe centrale possédaient de préférence les capacités populaires du droit et de l'État depuis la Grèce antique, lorsque j'ai dit que les régions occidentales possédaient de préférence les talents de la pensée économique depuis le début des temps modernes, je veux dire par là que la nature de ces peuples, qui se sont répandus dans les régions concernées, les prédispose particulièrement à l'une ou à l'autre.

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Wenn man heute von den zunächst die Menschheit betreffenden Aufgaben spricht, so hat man eigentlich notwendig zu sprechen 11 von Aufgaben, die die ganze Menschheit angehen. Denn wir stehen unmittelbar in dem Zeitpunkt, wo es notwendig ist, über die engen Landesgrenzen, über die Volksgrenzen hinwegzusehen auf die gro­ßen Aufgaben der Menschheit. Und wenn ich gesprochen habe von den verschiedenen Differenzierungen der Menschen über die zivi­lisierte Erde hin und gesagt habe, im Östlichen, was ich aber bis­weilen bis nach Asien hinein meine, da sei vor allen Dingen die Heimat des Geisteslebens — jenes Geisteslebens, das allerdings in seiner Reinheit in alten Zeiten der Menschheitsentwicklung da zum Vorschein, zur Offenbarung gekommen ist und das dann in die Dekadenz gekommen ist und heute in der Dekadenz drinnen ist, das aber als Erbschaft eigentlich ebenso lebt in Mitteleuropa und in den westlichen Gegenden —, wenn ich gesagt habe, in mitteleuro­päischen Gegenden seien vorzugsweise die Volksfähigkeiten des Juristischen, des Staatlichen seit dem alten Griechentum vorhan­den —, wenn ich gesagt habe, in westlichen Gegenden seien seit dem Beginne der neuen Zeit vorzugsweise die Talente des wirtschaft­lichen Denkens vorhanden —, so meine ich damit, daß aus der Natur dieser über die betreffenden Gebiete hin ausgebreiteten Völker herauskommt die besondere Veranlagung für das eine oder für das andere.

Mais aujourd'hui, nous avons le devoir d'en appeler à la science de l'esprit, qui fait naître chez l'humain des capacités plus universelles, des capacités triples, d'en appeler à la science de l'esprit pour ne pas continuer à entretenir les choses dans cette unilatéralité. Nous devons nous rappeler aujourd'hui ce qui se passe lorsque l'Oriental reste unilatéral, nous devons nous rappeler ce qui se passe lorsque l'humain des pays du centre reste unilatéral, et nous devons nous rappeler ce qui se passe lorsque l'humain des pays occidentaux reste unilatéral. L'évolution ne peut pas progresser si l'unilatéralité persiste. C'est pourquoi il ne faut pas se demander quelle sera la tâche des différents peuples à l'avenir. Ce ne sont pas les peuples qui auront des tâches - c'est l'humanité qui en aura ! Ce n'est que pour mieux comprendre ces tâches, ce n'est que pour comprendre comment ces tâches se sont préparées au cours de l'histoire et comment ce qui s'est manifesté ici ou là de manière particulièrement forte doit maintenant être réuni avec d'autres capacités des humains, ce n'est que pour comprendre comment ce qui existe aujourd'hui doit être façonné de manière plus universelle à partir des différences de l'évolution de l'humanité, qu'il est nécessaire de s'intéresser aux tâches particulières des différents peuples. Il est extrêmement important de s'y engager, car c'est précisément ce qui existe de cette manière et qui doit être surmonté qu'il faut connaître à fond et avec précision.

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Heute aber haben wir die Aufgabe, zu appellieren an die Gei­steswissenschaft, die ja dann hervorruft aus dem Menschen die uni­verselleren Fähigkeiten, die dreifachen Fähigkeiten, zu appellieren an die Geisteswissenschaft, um nicht weiter die Dinge in dieser Einseitigkeit zu pflegen. Wir müssen uns heute erinnern, was statt­findet, wenn der Orientale einseitig bleibt, wir müssen uns er­innern, was stattfindet, wenn der Mensch der Mittelländer einseitig bleibt, und wir müssen uns erinnern, was stattfindet, wenn der Mensch der Westländer einseitig bleibt. Es kann eben die Entwick­lung nicht vorwärtsgehen, wenn die Einseitigkeit fortbesteht. Da­her sollte eigentlich nicht gefragt werden, was für eine Aufgabe die einzelnen Völker in der Zukunft haben. Nicht die Völker werden Aufgaben haben — die Menschheit wird Aufgaben haben! Nur um diese Aufgaben besser zu verstehen, nur um zu verstehen, wie diese Aufgaben sich vorbereitet haben im Laufe der Geschichte und wie das, was da oder dort besonders stark aufgetreten ist, jetzt vereinigt werden muß mit anderen Fähigkeiten der Menschen, nur um zu verstehen, wie das Heutige mehr universell aus dem Differenzierten der Menschheitsentwicklung herausgestaltet werden soll, ist es notwendig, sich einzulassen auf die besonderen Aufgaben der einzelnen Völker. Es ist im höchsten Grade wichtig, sich darauf einzulassen, denn gerade dasjenige, was in dieser Weise da ist und was überwunden werden muß, das muß man gründlich und genau kennenlernen.

Or, il est resté, je dirais, des "éclats de peuple" d'essence diverse entre les peuples qui constituent en fait, pour ainsi dire, l'essence fondamentale de l'un des trois territoires mondiaux.

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Nun sind eben geblieben, ich möchte sagen «Volkssplitter» von mannigfaltiger Wesenheit zwischen denjenigen Völkern, die eigentlich sozusagen die Grundwesenheit eines der drei Weltterritorien ausmachen.

Il n'est pas du tout facile de parler de cette entité fondamentale d'une manière anthropologique ; seule l'observation anthroposophique fournit les catégories de manière correcte.

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Es ist überhaupt nicht so ganz leicht, in anthropologischer Weise von dieser Grundwesenheit zu sprechen; erst die anthroposophische Betrachtung gibt in richtiger Weise die Kategorien her.

Ce n'est qu'avec l'observation anthroposophique que nous pouvons dire correctement : ce qui se développe à l'Est a ces capacités ; ce qui se développe à l'Ouest a ces capacités ; ce qui se développe au centre a ces capacités. Si nous procédons de manière anthropologique, c'est-à-dire si nous regardons plus du côté du sang, nous arrivons tout de suite à des questions qui ne sont pas du tout pratiques, qui ne laissent pas apparaître avec une clarté particulière quelque chose de pratique pour la vie. Si l'on voulait par exemple remplacer l'expression "l'Orient européen" par "le peuple russe", on dirait au fond quelque chose qui n'a vraiment aucune signification pratique dans la vie.

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Erst durch die anthroposophische Betrachtung können wir richtig sagen: Was sich im Osten entwickelt, hat diese Fähigkeiten; was sich im Westen entwickelt, hat diese Fähigkeiten; was sich in der Mitte entwickelt, hat diese Fähigkeiten. Gehen wir anthropologisch vor, das heißt schauen wir mehr auf das Blutsmäßige, dann kommen wir ja sogleich in Fragen hinein, die durchaus unpraktisch sind, die mit keiner besonderen Deutlichkeit irgend etwas Lebenspraktisches erkennen lassen. Wenn man etwa den Ausdruck «europäischer Osten» ersetzen wollte dadurch, daß man sagt «das russische Volk», so sagt man ja im Grunde genommen gerade etwas, was eigentlich wirklich gar keine lebenspraktische Bedeutung hat.

Il s'agit justement de partir de catégories tout à fait différentes de ces catégories purement anthropologiques ou ethnographiques.

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Es handelt sich eben darum, daß man von ganz anderen Kategorien ausgehen muß als von diesen rein anthropologischen oder ethno­graphischen Kategorien.

Les petits fragments de peuple ont naturellement les caractéristiques les plus diverses, précisément en raison de la manière dont ils sont nés. Considérez un petit peuple comme les Magyars, qui ont une sorte d'essence raciale turienne, mais qui ont traversé les épreuves les plus diverses, qui se sont rassemblés comme un triangle géographique sur le Danube. Bien sûr, si l'on voulait entrer en matière sur la mission d'un tel fragment de peuple, on pourrait établir toutes sortes de belles missions. Mais il faudrait à nouveau partir d'un tout autre point de vue si l'on voulait par exemple parler des Bulgares, qui sont d'une certaine manière apparentés aux Magyars. Les Bulgares ont subi une métamorphose de slavisation ; du point de vue du sang, ils sont apparentés aux Magyars, mais du point de vue de la langue et de l'ethnographie, ils ne sont pas apparentés aux Magyars, de sorte que l'élément slave a été en quelque sorte inculqué au sang turien, y compris du point de vue de la langue. Nous entrons alors naturellement dans des domaines qui doivent être considérés sous un tout autre angle, lorsque nous abordons ces éléments anthropologiques non anthroposophiques.

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Die kleinen Volkssplitter nun, sie haben natürlich die mannigfal­tigsten Anlagen gerade aus der Art und Weise, wie sie entstanden sind. Beachten Sie einmal, sagen wir ein solches kleines Volk, wie es die Magyaren sind, die eine Art turanische Rassenwesenheit haben, die aber das Mannigfaltigste durchgemacht haben, die wie ein geographisches Dreieck an der Donau zusammengeschoben sind. Natürlich könnte man, wenn man eingehen wollte auf die Mission eines solchen Volkssplitters, alle möglichen schönen Missionen aufstellen. Aber man würde wiederum von ganz anderen Gesichtspunkten ausgehen müssen, wenn man zum Beispiel von den in einer gewissen Weise mit den Magyaren verwandten Bulgaren sprechen wollte. Die Bulgaren haben eine Slawisierungsmetamorphose durchgemacht; dem Blute nach sind sie verwandt den Magyaren, aber der Sprache und Ethnographie nach sind sie nicht verwandt mit den Magyaren, so daß da gewissermaßen das slawische Element seelisch auch der Sprache nach eingeimpft worden ist dem turanischen Blute. Da kommen wir natürlich in Gebiete, die von ganz anderen Gesichtspunkten aus betrachtet werden müssen, wenn wir auf diese nicht-anthroposophischen, anthropologischen Elemente eingehen.

La seule chose qui résulte d'une observation anthroposophique correcte est à peu près ceci : sans parler de certaines choses qui n'ont pas été provoquées par l'histoire et qui sont plus vivantes chez ces fragments de peuple que chez les grands peuples, quelque chose d'un élément international vit très fortement dans ces fragments de peuple, du moins dans leur conception. Et on peut dire que si ces peuples particuliers, ces petits peuples - souvent ce sont des peuples marginaux et autres -, s'ils savaient se familiariser avec les grandes tâches de l'humanité, ils y parviendraient très facilement. Ce serait par exemple quelque chose d'extraordinairement beau si les Baltes acceptaient de développer réellement certaines capacités qui sont en eux, précisément en tant que tâche internationale. Au lieu de cela, ils ont souvent préféré cultiver la réaction la plus extrême chez eux. Et ils ont heureusement réussi à ce que, par exemple, à une époque relativement récente, un parlement balte ait encore proposé de rétablir l'esclavage dans son intégralité. Mais comme je l'ai dit, si ces peuples marginaux formaient ces talents, toutes les conditions seraient réunies pour qu'ils deviennent cosmopolites et se débarrassent de tout chauvinisme. Seulement, nous vivons aujourd'hui à une époque où l'humain aime terriblement s'embuer, où l'humain, avec une grande nostalgie, une nostalgie inconsciente et malsaine, veut se mettre dans une atmosphère nébuleuse et où il aime se bercer de toutes sortes d'illusions. On parle alors de telle ou telle mission que devrait avoir tel ou tel petit peuple. Eh bien, n'est-ce pas, il est tout à fait possible, si l'on procède de manière anthropologique, de trouver bien des choses dans les profondeurs de l'âme populaire. Mais c'est justement chez les petits peuples que ce talent devrait s'exprimer : faire converger les talents existants pour un grand style cosmopolite dont nous avons tant besoin.

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Das einzige, was sich anthroposophischer Betrachtung in richtiger Weise ergibt, ist etwa dieses: Ganz abgesehen von gewissen durch die Geschichte nicht herbeigeführten Dingen, die bei solchen Volkssplittern mehr leben als bei den großen Völkern, lebt in solchen Volkssplittern sehr stark etwas von einem internationalen Element, wenigstens der Anlage nach. Und das kann man schon sagen: Wenn diese einzelnen Völker, diese kleinen Völker — vielfach sind es Randvölker und dergleichen —, wenn die nun verstehen würden, sich bekanntzumachen mit den großen Aufgaben der Menschheit, so würden sie das am allerleichtesten haben. Zum Beispiel wäre es etwas außerordentlich Schönes, wenn die Balten sich darauf einlassen würden, manche Fähigkeiten, die in ihnen liegen, gerade als internationale Aufgabe wirklich zur Entfaltung zu bringen. Sie haben stattdessen vielfach vorgezogen, die äußerste Reaktion bei sich zu kultivieren. Und sie haben es ja glücklich dahin gebracht, daß zum Beispiel in verhältnismäßig neuerer Zeit in einem baltischen Parlament noch der Antrag gestellt worden ist, die Sklaverei in vollem Umfange wieder einzuführen. Aber wie gesagt, gerade für ein Kosmopolitisches, alles Chauvinistische Abstreifende wären bei diesen Randvölkern, wenn sie nur diese Talen­te ausbilden würden, alle Vorbedingungen vorhanden. Nur leben wir heute in einer Zeit, wo sich der Mensch furchtbar gern um­nebelt, wo sich der Mensch mit einer großen Sehnsucht, einer unbewußten, ungesunden Sehnsucht in eine nebulose Atmosphäre begeben möchte und wo er sich allerlei Illusionen vorzumachen beliebt. Da wird dann von der oder jener Mission gesprochen, die gerade nun dieses oder jenes kleine Volk haben soll. Nun, nicht wahr, es ist schon durchaus möglich, daß man, wenn man anthro­pologisch vorgeht, aus den Untergründen der Volksseele da man­ches findet. Aber es sollte gerade bei den kleinen Völkern dieses Talent zum Ausdruck kommen: zusammenfließen zu lassen die Begabungen, die vorhanden sind, für einen großen kosmopoliti­schen Stil, den wir so notwendig haben.

Je dois toujours penser - peut-être puis-je le dire ici, je l'ai souvent exprimé aux personnes les plus diverses depuis le début de la catastrophe de la guerre -, je dois toujours penser à ce que cela aurait signifié si une grande tâche internationale et cosmopolite avait été entreprise par le peuple suisse dès 1914. Cette prise en charge d'une tâche aussi grande dans un pays relativement petit aurait pu se présenter dans l'évolution spirituelle du monde à peu près comme [un point central] autour duquel tournent bien des choses, de même qu'aujourd'hui les monnaies européennes tournent autour de la monnaie suisse. Mais aujourd'hui, tout est comme recouvert d'un brouillard, et les gens ne s'intéressent pas aux choses qui ont pourtant une valeur réelle dès l'instant où l'être humain s'y engage. Mais malheureusement, il y a encore aujourd'hui beaucoup trop d'attitudes qui consistent à dire : quelle est la mission que j'ai parce que j'appartiens à tel ou tel peuple, parce que je suis né à Hambourg ou à Breslau ou à Berlin ou à Vienne ou à Rome ? Quelle est la mission qui m'a été confiée précisément par celui-ci ? - L'autre chose est plus importante : quelles forces me donne le fait d'être né ici ou là, quelles forces cela me donne-t-il pour la mission commune, internationale, cosmopolite de toute l'humanité, si nécessaire aujourd'hui ? Les humains veulent justement se faire des illusions et se poser des questions du genre : "Quelle est ma mission ? Quelle est ma mission ? - Alors ils attendent. Ils attendent à peu près comme l'humain qui a ouvert la bouche et attendu que les colombes rôties s'y engouffrent.

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Ich muß immer daran denken — vielleicht darf ich das hier sagen, es ist von mir öfter seit dem Anfang der Kriegskatastrophe ausge­sprochen worden zu den verschiedensten Menschen —, ich muß immer denken, was es bedeutet hätte, wenn eine große, internatio­nale, kosmopolitische Aufgabe vom Schweizer Volk von 1914 an ergriffen worden wäre. Dieses Ergreifen einer solchen großen Auf­gabe in einem verhältnismäßig kleinen Lande, das würde in der geistigen Weltenentwicklung ungefähr so darinnenstehen können wie [ein Mittelpunkt], um den sich manches dreht, so wie sich heute die europäischen Valuten um die Schweizer Valuta drehen. Aber heute ist alles wie mit einem Nebel bedeckt, und die Leute lassen sich auf die Dinge nicht ein, die durchaus realen Wert in dem Augenblick haben, wo der Mensch sich darauf einläßt. Aber leider ist heute noch immer viel zu sehr die Gesinnung vorhanden, die da sagt: Welches ist die Aufgabe, die ich habe, weil ich diesem oder jenem Volke angehöre, weil ich in Hamburg oder in Breslau oder in Berlin oder in Wien oder in Rom geboren bin? Welche Mission ist mir gerade durch dieses zuteil geworden? — Wichtiger ist das andere: Welche Kräfte gibt mir das, daß ich da oder dort geboren bin, welche Kräfte gibt mir das zu der heute so notwendigen ge­meinsamen, internationalen, kosmopolitischen Mission der ganzen Menschheit? Die Menschen möchten sich eben gerade etwas vormachen und sich so etwas fragen wie: Was habe ich für eine Mission? — Dann warten sie. Ungefähr so warten sie, ja, wie der Mann, der den Mund aufgemacht und gewartet hat, daß ihm die gebratenen Tauben hineinfliegen.

Mais il ne s'agit pas aujourd'hui d'attendre notre mission, nous devons être clairs : nous nous trouvons à un point de l'évolution de l'humanité où le destin du monde doit naître de l'humain, où doit cesser la vieille rengaine de la mission de ce qui ne naît pas directement de manière élémentaire dans l'humain. Nous nous trouvons à un point de l'évolution de l'humanité où l'humain est appelé à donner de lui-même un contenu au destin. Si nous ne commençons pas aujourd'hui à abandonner ces discours passifs sur ce qui nous est présenté comme une mission, ou si nous ne cessons pas de faire appel : Oui, mais il faut quand même que les dieux nous aident, ça ne peut pas se passer comme ça, c'est quand même injuste, il faut quand même que les dieux nous aident -, si nous ne renonçons pas à cela, alors nous n'avancerons pas dans le moment actuel de l'évolution de l'humanité. Aujourd'hui, il s'agit d'être clair sur le fait que nous devons chercher les dieux par l'intérieur de l'humain - je ne dis pas à l'intérieur de l'humain, mais par l'intérieur de l'humain - et que les dieux comptent sur nous pour être codéterminants dans le destin.

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Darum handelt es sich aber heute nicht, daß wir auf unsere Mission warten, sondern klar müssen wir uns sein: Wir stehen an einem Punkte der Menschheitsentwicklung, wo das Schicksal der Welt aus dem Menschen heraus geboren werden muß, wo aufhören muß die alte Rederei von der Mission desjenigen, was nicht unmittelbar elementar im Menschen geboren wird. Wir stehen an einem Punkt der Menschheitsentwicklung, wo der Mensch dazu berufen ist, aus sich heraus dem Schicksal einen Inhalt zu geben. Wenn wir nicht anfangen, heute diese passiven Redereien über dasjenige, was uns als Mission vorliegt, aufzugeben, oder wenn wir nicht aufgeben, immerfort zu appellieren: Ja, aber es müssen doch die Götter helfen, es kann doch nicht so gehen, es ist doch das oder jenes ungerecht, da müssen doch die Götter helfen —, wenn wir das nicht aufgeben, dann kommen wir im gegenwärtigen Entwicklungsmoment der Menschheit nicht weiter. Heute handelt es sich darum, daß wir uns klar sind, daß wir die Götter durch das Innere des Menschen — ich sage nicht im Innern des Menschen, sondern durch das Innere des Menschen — zu suchen haben und daß die Götter auf uns zählen, mitschicksalsbestimmend zu sein.

Aujourd'hui, nous n'avons pas à répondre aux questions à partir de l'observation de telle ou telle chose qui s'enracine ici ou là, mais aujourd'hui nous devons répondre aux questions du point de vue de la volonté. Les anciennes questions de contemplation sont aujourd'hui des questions de volonté. Si l'on parvenait autrefois à la contemplation en se plongeant dans ce qui se présentait à la réflexion, nous avons aujourd'hui la tâche occulte d'accueillir dans notre volonté cet esprit invisible et suprasensible, afin que naisse dans l'humanité ce qui dépasse toutes les barrières individuelles. Les structures étatiques extérieures ont fait en sorte qu'aujourd'hui déjà, on ne peut guère dépasser les frontières. Si nous continuons à parler encore et encore : quelle est la mission de telle ou telle partie du peuple ? -, nous érigeons de telles frontières dans notre esprit et ne parvenons pas à les dépasser pour saisir la mission globale de l'humanité.

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Heute haben wir die Fragen nicht aus der Beobachtung von dem oder jenem, das da oder dort wurzelt, zu beantworten, sondern heute haben wir die Fragen vom Standpunkte des Willens zu beantworten. Die früheren Kontemplativfragen sind heute Willensfragen. Ist man früher zur Kontemplation gelangt, indem man sich vertieft hat in das, was dem Nachdenken sich ergeben hat, so haben wir heute okkult die Aufgabe: in unseren Willen jenen unsichtbaren und übersinnlichen Geist aufzunehmen, damit dasjenige in der Menschheit geboren werde, was über alle einzelnen Schranken hinausgeht. Die äußeren Staatsgebilde haben es dahin gebracht, daß man heute schon kaum die Grenzen überschreiten kann. Wenn wir immer und immer wiederum fortreden: Was hat dieser oder jener Volksteil für eine Aufgabe? —, dann errichten wir in unserem Geiste solche Grenzen und kommen nicht über diese Grenzen hinweg zum Ergreifen der Gesamtaufgabe der Menschheit.

Au fond, même si c'est terrible, c'est encore moins important si ce sont les frontières qui sont maintenant si difficiles à franchir, les frontières pour lesquelles on s'est battu de manière si sanglante dans l'espace extérieur. C'est terrible, mais c'est pire pour l'évolution de l'humanité, si nous façonnons nos esprits de telle sorte que nous nous demandions : quelle est la mission de cet éclat de peuple ? Quelle est la mission de ce fragment de peuple ? - Nous devons dépasser les frontières. Nous devons les effacer. Nous devons trouver ce que nous avons en commun. Il s'agit avant tout de nous placer volontairement sur ce terrain de l'humain commun. On peut alors dire que c'est le cas : ceux qui n'appartiennent pas à un grand peuple s'en sortent mieux, car s'ils se souviennent de leurs forces les plus profondes, ils pourront contribuer à l'internationalisation et à la cosmopolitisation de l'humanité.

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Es ist im Grunde genommen — trotzdem es furchtbar ist — sogar weniger bedeutsam, wenn hier die Grenzen sind, die nun so schwer zu überschreiten sind, die Grenzen, um die so blutig gekämpft worden ist in der äußeren Räumlichkeit. Es ist furchtbar, aber es ist schlimmer für die Entwicklung der Menschheit, wenn wir uns unsere Köpfe so gestalten, daß wir fragen: Was hat dieser Volks­splitter für eine Mission? Was hat jener Volkssplitter für eine Mis­sion? — Wir müssen hinauskommen über die Grenzen. Wir müssen sie auslöschen. Wir müssen das gemeinsame Menschliche finden. Darum handelt es sich, daß wir uns vor allen Dingen willentlich auf diesen Boden des Gemeinsam-Menschlichen stellen. Da kann dann gesagt werden: Diejenigen, die nicht einem großen Volke ange­hören, die haben es besser, denn wenn sie sich besinnen auf die tiefsten Kräfte, dann werden sie vieles beitragen können zur Inter­nationalisierung und Kosmopolitisierung der Menschheit.

C'est avant tout la tâche de ceux que l'on peut appeler les petits États, les États périphériques ou autres.

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Das ist vor allen Dingen die Aufgabe derjenigen, die man gewis­sermaßen die kleinen Staaten oder Randstaaten oder dergleichen nennen kann.

Français seulement


SEPTIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION - Dornach, 6 septembre 1920 -
MALADIE SOCIALE ET SOCIALISME.

Un article diffamatoire dans « Le phare ». Le mensonge de la triarticulation volée. Comment la catastrophe de la guerre mondiale est en rapport avec la nostalgie latente des humains après le pouvoir. La montée de la propension à la violence et la brutalité dans la vie publique. Le chemin vers une guérison sociale. La triple différenciation de l'humanité sur la terre. La différence entre observation anthroposophique et purement anthropologique. Les tâches particulières des petits peuples par rapport aux grands peuples. La tâche cosmopolite du peuple suisse. Le parler d'une mission nationale doit cesser. Des points de vue humains d’ensemble sont nécessaires.
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Paul Baumann introduit la soirée de discussion par un exposé de "Soziale Erkrankung und Sozialismus" (Maladie sociale et socialisme). À la suite de cette conférence, Rudolf Steiner explique :
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Rudolf Steiner : Ce n'est qu'un tableau d'ambiance qui devrait être créé, mais aussi en même temps quelque chose qui vous montre jusqu'où va déjà l'impudeur en ce qui concerne la lutte contre tout ce qui émane de moi, et comment cette impudeur se transforme déjà en feuilles baveuses telles que les Lorcher Nachrichten. C'est la feuille qui paraît à Lorch, dans le Wurtemberg, "Der Leuchtturm (le phare)", dans laquelle est paru un article intitulé :
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La triarticulation volée". Si une telle feuille ne se dévoilait dans son impudeur que par un tel article, elle se caractériserait par là même comme une feuille honteuse. Je mentionne cela afin que certaines choses qui ont été dites à plusieurs reprises, notamment en relation avec nos adeptes, trouvent leur éclairage, car nombre de nos anthroposophes sont abonnés à ce "phare" qui, entre autres, "mène le combat contre le Dr Steiner et la théosophie". Lors d'une conférence à Stuttgart, j'ai dû décrire publiquement l'éditeur de ce journal, qui s'appelle en réalité Rohm, comme un "cochon", dans une sorte de comparaison.
04
J'aimerais souligner cela expressément ici, mais il n'y a pas d'autres moyens à disposition aujourd'hui que ceux de ce genre pour lutter contre ce qui est aujourd'hui inventé pour les pires raisons mensongères.
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Et ce Rohm écrit dans le "Leuchtturm" du 1er juin 1920 sous le titre "Die gestohlen Dreigliederung" (la triarticulation volée) :
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avec une petite brochure (Le livret a pour titre : "3:5, 5:8 = 21:34. Le secret pour pouvoir effacer les charges de la faute dans un avenir prévisible") destinée au public et publiée à compte d'auteur. La femme a quelque chose à dire. Le petit livre traite idéalement de la divine proportion du nombre d'or et en déduit une triarticulation morphologique dont l'effet pratique serait la possibilité d'effacer les dettes de guerre du peuple allemand dans un avenir prévisible. Les quelques feuillets de cet ouvrage contiennent une quantité surprenante d'idées ; on a l'impression que cette femme a sorti les meilleurs morceaux de son savoir et les a présentés sous forme d'extraits pour être entendue, pour apporter la preuve qu'elle a le droit d'être entendue.
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Le petit livre que j'ai reçu il y a huit jours par l'intermédiaire de M. Uehli donne l'impression d'une bêtise absolue - une bêtise absolue ! Et si la "triarticulation" peut être volée en volant le chiffre "trois", la triarticulation peut naturellement être volée de nombreuses fois. Une sorte de triarticulation se trouve toutefois aussi dans ce petit livre, et elle s'appelle : État, royaume culturel, Église. C'est ainsi que s'appelle la triarticulation, et l'affaire du nombre d'or revient à dire - vous savez que le nombre d'or consiste en ce que le tout se rapporte au grand comme le grand se rapporte au petit - que l'État, en tant que tout, doit se rapporter au grand, au royaume culturel, comme le royaume culturel se rapporte à l'Église. Nous avons donc à nouveau l'État unitaire dans cette "triarticulation" tout à fait stupide.
08
Tableau 5 L'article du Phare poursuit :
09
Voici ce que nous apprenons : Il existe un Ordre international pour l'éthique et de culture, fondé par Alfred Knapp, un fils de pasteur allemand, et présidé aujourd'hui par le professeur August Forel.
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- Ce Knapp-là, un individu qui appartient à peu près aux pires nuances de parti de l'époque, qui se trouve, je crois, à Zurich. Et plus loin :
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Madame Metzdorff-Teschner a travaillé au foyer munichois de cet ordre à la révélation de la "triarticulation morphologique" selon la loi du nombre d'or. Avec les résultats de ses recherches, elle s'est adressée à différentes instances qui lui semblaient aptes à exploiter sa découverte au profit du peuple allemand ; entre autres au service de presse du ministère de la guerre à Munich, à l'auteur des "Princes sans couronne", la Freybund Nienkamp, et à - une "société philanthropique" dont le siège principal se trouve à Stuttgart et qui s'est avérée être - la société Steiner. Cette fameuse "société philanthropique" reçut le manuscrit de Mme Metzdorff-Teschner en prêt pour huit jours ; elle le demanda ensuite pour au moins quinze jours, "car le chef de la société n'était pas toujours présent" ; "la demande de nommer ce chef fut refusée en demandant instamment la confiance" ; au lieu des quinze jours accordés, le manuscrit fut gardé quatre semaines. Et peu après, le chef tenu secret de la "société philanthropique" en question, à savoir le Dr Rudolf Steiner de la "société anthroposophique", se présenta devant le public avec une idée toute neuve, la triarticulation de l'organisme social.
12
Bref et bien : tout cela est faux et mensonger, il n'y a pas un mot de vrai là-dedans.
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Tout cela est un non-sens absolu. Car il se peut qu'un quelconque esprit de clan, qui est peut-être lui-même membre de notre société, se soit vu montrer ce manuscrit stupide à Stuttgart ; en tout cas, je ne l'ai jamais vu, je ne m'en suis jamais occupé. Et ce manuscrit à la noix aurait été transmis par un quelconque esprit de clan - c'est ce qu'écrit Madame Metzdorff-Teschner - aurait été transporté à Hambourg. Or, à Hambourg, toutes sortes d'esprits flottants ne sont pas tout à fait étrangers à la Société anthroposophique. Mais tout cela ne me concerne pas, et c'est tout à fait indifférent.
14
Jusqu'à présent, vous avez donc entendu dire que la triarticulation telle qu'elle est cultivée ici, est censée provenir de Madame Metzdorff-Teschner.
15
Le dernier paragraphe de l'article du Phare dit encore ceci :
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Mme Metzdorff-Teschner accuse donc le Dr Steiner d'avoir volé l'idée de la triarticulation ; son petit livre est un pamphlet pour la priorité de l'idée de la triarticulation, et ce qui est le plus remarquable, c'est que Mme Metzdorff-Teschner dit dans le sens : "Le Dr Steiner n'a pas seulement volé mon idée de triarticulation, il ne l'a même pas saisie correctement et l'a bâclée, il a fait d'une idée utilisable une idée inutilisable, qui n'est pas apte à aider notre peuple à sortir de sa détresse, mais seulement à remplir son sac et celui de sa société". Vous voyez donc que l'idée grandiose et géniale est ici réchauffée : il m'a pris ma montre - mais il en a eu une toute autre ensuite. Vous voyez donc que c'est de cette manière que l'on se bat aujourd'hui. Il est bien sûr nécessaire que nos amis des cercles les plus larges sachent avec quels moyens on se bat aujourd'hui dans le monde. Il n'est même pas intéressant que ce soit précisément contre nous, mais ce qui est intéressant, c'est de voir dans quel bourbier de mensonges nous sommes aujourd'hui plongés dans le monde. Et vous voyez à quel point il est nécessaire de lutter très sérieusement contre ce marécage de mensonges. Pour l'instant, j'ai seulement pu constater qu'il y a toute une série de membres de la Société anthroposophique de Stuttgart qui, chaque fois que de telles feuilles me jettent de la boue, s'y abonnent ubuesquement.
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J'aimerais maintenant passer à la réponse aux questions qui ont encore été posées. Tout d'abord, la question
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On entend souvent dire du côté socialiste que seule la violence peut sauver l'humanité. - Cela ne semble-t-il pas presque exact ?
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Mes très chers présents, j'aimerais dire quelques mots sur le point de la violence, du simple déploiement de pouvoir. Il n'est peut-être pas inutile de réfléchir aujourd'hui à ce qui, dans différents instincts humains, fait appel à ce moyen de la violence pour établir une situation digne de l'humain. Car il est en fait particulièrement intéressant de suivre, du point de vue de la psychologie sociale, cette aspiration à résoudre des questions importantes par la violence. C'est notamment une pensée fructueuse, qui n'est malheureusement que trop peu suivie, que de se demander d'où viennent les pires phénomènes et excès de notre présent immédiat ? - Ces phénomènes ont vécu jusqu'à notre époque catastrophique, mais sous la surface, ils étaient des passions latentes, ils étaient des désirs de violence retenus. Ils étaient contenus, et l'état social, la condition sociale, était quelque chose comme un énorme mensonge. Ce mensonge qui traversait tout le monde civilisé, qui était retenu dans les soubassements, ne pouvait plus être retenu en 1914. Tout le système de mensonges qui existait sous une fine couche a alors éclaté. Les humains endormis, je veux dire les humains endormis psychiquement, se sont accrochés à cette couche supérieure ; ils l'ont prise pour le monde, pour la vie humaine, et ils n'ont pas cru ceux qui parlaient de ce qui était en fait caché sous cette couche. Il en va de même aujourd'hui. Si l'on parle aujourd'hui de quelque chose dont il est nécessaire de parler, alors les esprits menteurs viennent décharger leurs pires, leurs plus sales tissus de mensonges sur ce qui voudrait se présenter comme vérité dans le monde. Mais cela ne sert à rien - l'humanité qui veut participer sérieusement à quelque chose qui doit être créé pour assainir les conditions sociales, doit regarder les yeux ouverts ce qui apparaît aujourd'hui à la surface.
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Et là, je voudrais vous donner un petit exemple récent qui vous permettra de voir ce qui se passe maintenant que les esprits sont en quelque sorte libérés, que les esprits font appel au pouvoir là où ça va.
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Rudolf Steiner lit un article de journal qui montre comment, sous le général Lüttwitz, on agissait contre les concitoyens allemands par des châtiments corporels et d'autres mesures de violence. On y raconte le cas d'un humain qui, pour avoir emprunté un chemin interdit peu de temps auparavant, a été appelé, jeté à terre, puis finalement arrêté et battu. Lorsque les instances supérieures ont été saisies pour punir la soldatesque brutale, le plaignant s'est vu répondre que les soldats étaient autorisés à agir de la sorte contre les personnes qui s'opposaient à eux. Cette réponse avait été signée par le commandant lui-même.
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Rudolf Steiner : Vous voyez, mes très chers présents, la civilisation moderne en est arrivée là. Vous savez que la Hongrie a introduit le châtiment corporel, que la Pologne a introduit le châtiment corporel. Vous voyez donc que le châtiment corporel se déplace d'est en ouest. Et si l'humanité continue à dormir et à se comporter comme elle le fait actuellement, il ne faudra pas s'étonner de tout ce que nous pourrons encore vivre.
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Mais, mes très chers présents, nous vivons aussi à une époque où les discussions sont très étranges. Je vais vous donner un petit exemple de ce type de discussion dans lequel nous vivons aujourd'hui. Il s'agit de la manière dont un publiciste critique son gouvernement. Vous vous souvenez peut-être de l'époque où l'on faisait la promotion du sommeil, où l'on utilisait des expressions très vives lorsqu'on attaquait le gouvernement en tant qu'humain d'opposition. Toutes les oppositions n'ont pas attaqué le gouvernement de manière aussi polie que, par exemple, à certaines époques, l'opposition radicale autrichienne, lorsqu'ils lançaient de violents reproches contre le gouvernement, signait ceux-ci "l'opposition toute fidèle de Votre Majesté ". (Rires !) Mais depuis quelques décennies, les choses ont changé, et aujourd'hui, à l'époque où de très nombreuses personnes aspirent à la violence, au pouvoir, on discute publiquement de telle sorte que l'on qualifie les gens qui siègent au gouvernement de ces beaux noms : Assassins, escrocs, trafiquants, contrevenants.
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Une coupure de presse concernant Gustav Noske, Oberpräsident de Hanovre, est lue par Rudolf Steiner.
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Ce sont aujourd'hui les mots d'opposition dont on affuble le gouvernement dans les journaux publics, et rien ne bouge pour que ces gouvernants puissent faire quelque chose contre cela. Faisons donc connaissance avec le ton employé aujourd'hui, lorsque les gouvernants sont qualifiés d'assassins, d'escrocs, de fraudeurs, de contrevenants de toutes sortes.
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Je pense que les faits qui se produisent ici et là ne contredisent pas ce qui a souvent été dit ici par cette instance, à savoir que nous allons vers le déclin avec une assez forte précipitation et qu'au fond, le temps de dormir ne devrait pas être là pour les âmes. Ce que les instincts qui aspirent au pouvoir sont capables d'accomplir - cela s'exprime dans ces choses, et cela s'exprime absolument par exemple dans le cas non isolé de Hesterberg, que j'ai lu tout à l'heure. Et cela s'exprime aussi dans bien d'autres choses, dans des choses qui sont rapportées aujourd'hui de toutes les parties du monde "cultivé" - je mets le mot "cultivé" entre des guillemets -, de toutes les parties du monde "cultivé". Et je demande : qui oserait encore croire que quelque chose pourrait être trop noir, qui parle aujourd'hui de déclin, non seulement de notre vie économique, mais surtout de notre vie morale. - Mais ces choses disent bien comment l'action de telles forces conduit à ces conditions malsaines qui vous ont été si bien décrites aujourd'hui par Monsieur Baumann. Car ces conditions malsaines s'expriment par exemple dans quelque chose comme l'enquête qui a été menée dans une école primaire de Berlin, fréquentée par 650 enfants. Il en est ressorti les situations suivantes : 161 de ces 650 enfants n'ont ni chaussures ni sandales ; 142 enfants n'ont pas de vêtements chauds ; 305 enfants n'ont pas de linge du tout ou seulement des haillons ; 379 vivent dans des appartements de 11h où aucune pièce n'est chauffée ; 106 proviennent de familles qui n'ont même pas l'argent nécessaire pour acheter seulement les denrées alimentaires rationnées. 341 enfants sur 650 n'ont jamais eu une goutte de lait ; 118 sont tuberculeux ; 48 sont en retard de croissance suite à la malnutrition. Sur les 650 enfants, 85 sont morts en un an à cause des privations et de la malnutrition. Vous avez là un afflux de ce qui est l'esprit d'aujourd'hui, de ce qui est la foi d'aujourd'hui, dans les états de santé physique, c'est-à-dire dans les états de maladie physique. Il est donc temps d'écouter lorsque quelqu'un parle de la nécessité d'un sentiment pour ce qui est sain, pour ce qui a en soi le souffle sain de la vie dans les domaines physique, psychique et spirituel. Et c'est ce qui importe, que nous nous engagions vraiment dans ce ressenti de la santé et que nous ne poursuivions pas n'importe quelle chose, comme le désir de pouvoir, qui est vraiment là où les humains qui portent aujourd'hui les instincts malsains en eux sont lâchés - qu'ils soient lâchés en tant que voleurs et bandits de grand chemin ou qu'ils soient lâchés en tant que fonctionnaires et ministres, qui ont aussi soif de pouvoir à cause de ces instincts. Et c'est de ces instincts de pouvoir que sont nées les situations malsaines. Il faut justement reconnaître quelle est la condition des humains aujourd'hui et combien il est nécessaire de ne pas appeler au pouvoir et à d'autres choses de ce genre, mais seulement aux conditions dans lesquelles se trouve un véritable sentiment de guérison - à l'esprit.
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Roman Boos et Paul Baumann, entre autres, s'expriment sur les explications de Rudolf Steiner.
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Quelle est la mission des petits peuples intermédiaires comme les Livoniens, les Estoniens, les Lituaniens et ainsi de suite ?
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Lorsque l'on parle aujourd'hui des missions qui concernent d'abord l'humanité, il est en fait nécessaire de parler de missions qui concernent l'humanité entière. Car nous nous trouvons directement au moment où il est nécessaire de regarder au-delà des frontières nationales étroites, au-delà des frontières des peuples, vers les grandes tâches de l'humanité. Et lorsque j'ai parlé des différentes différenciations des humains sur la terre civilisée et que j'ai dit que l'Orient, que je pense parfois jusqu'en Asie, était avant tout la patrie de la vie de l'esprit - cette vie de l'esprit qui, dans sa pureté, s'est manifestée et révélée dans les temps anciens de l'évolution de l'humanité, qui est ensuite entrée en décadence et qui s'y trouve aujourd'hui, mais qui, en tant qu'héritage, vit également en Europe centrale et dans les régions occidentales -, lorsque j'ai dit que les régions d'Europe centrale possédaient de préférence les capacités populaires du droit et de l'État depuis la Grèce antique, lorsque j'ai dit que les régions occidentales possédaient de préférence les talents de la pensée économique depuis le début des temps modernes, je veux dire par là que la nature de ces peuples, qui se sont répandus dans les régions concernées, les prédispose particulièrement à l'une ou à l'autre.
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Mais aujourd'hui, nous avons le devoir d'en appeler à la science de l'esprit, qui fait naître chez l'humain des capacités plus universelles, des capacités triples, d'en appeler à la science de l'esprit pour ne pas continuer à entretenir les choses dans cette unilatéralité. Nous devons nous rappeler aujourd'hui ce qui se passe lorsque l'Oriental reste unilatéral, nous devons nous rappeler ce qui se passe lorsque l'humain des pays du centre reste unilatéral, et nous devons nous rappeler ce qui se passe lorsque l'humain des pays occidentaux reste unilatéral. L'évolution ne peut pas progresser si l'unilatéralité persiste. C'est pourquoi il ne faut pas se demander quelle sera la tâche des différents peuples à l'avenir. Ce ne sont pas les peuples qui auront des tâches - c'est l'humanité qui en aura ! Ce n'est que pour mieux comprendre ces tâches, ce n'est que pour comprendre comment ces tâches se sont préparées au cours de l'histoire et comment ce qui s'est manifesté ici ou là de manière particulièrement forte doit maintenant être réuni avec d'autres capacités des humains, ce n'est que pour comprendre comment ce qui existe aujourd'hui doit être façonné de manière plus universelle à partir des différences de l'évolution de l'humanité, qu'il est nécessaire de s'intéresser aux tâches particulières des différents peuples. Il est extrêmement important de s'y engager, car c'est précisément ce qui existe de cette manière et qui doit être surmonté qu'il faut connaître à fond et avec précision.
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Or, il est resté, je dirais, des "éclats de peuple" d'essence diverse entre les peuples qui constituent en fait, pour ainsi dire, l'essence fondamentale de l'un des trois territoires mondiaux.
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Il n'est pas du tout facile de parler de cette entité fondamentale d'une manière anthropologique ; seule l'observation anthroposophique fournit les catégories de manière correcte.
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Ce n'est qu'avec l'observation anthroposophique que nous pouvons dire correctement : ce qui se développe à l'Est a ces capacités ; ce qui se développe à l'Ouest a ces capacités ; ce qui se développe au centre a ces capacités. Si nous procédons de manière anthropologique, c'est-à-dire si nous regardons plus du côté du sang, nous arrivons tout de suite à des questions qui ne sont pas du tout pratiques, qui ne laissent pas apparaître avec une clarté particulière quelque chose de pratique pour la vie. Si l'on voulait par exemple remplacer l'expression "l'Orient européen" par "le peuple russe", on dirait au fond quelque chose qui n'a vraiment aucune signification pratique dans la vie.
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Il s'agit justement de partir de catégories tout à fait différentes de ces catégories purement anthropologiques ou ethnographiques.
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Les petits fragments de peuple ont naturellement les caractéristiques les plus diverses, précisément en raison de la manière dont ils sont nés. Considérez un petit peuple comme les Magyars, qui ont une sorte d'essence raciale turienne, mais qui ont traversé les épreuves les plus diverses, qui se sont rassemblés comme un triangle géographique sur le Danube. Bien sûr, si l'on voulait entrer en matière sur la mission d'un tel fragment de peuple, on pourrait établir toutes sortes de belles missions. Mais il faudrait à nouveau partir d'un tout autre point de vue si l'on voulait par exemple parler des Bulgares, qui sont d'une certaine manière apparentés aux Magyars. Les Bulgares ont subi une métamorphose de slavisation ; du point de vue du sang, ils sont apparentés aux Magyars, mais du point de vue de la langue et de l'ethnographie, ils ne sont pas apparentés aux Magyars, de sorte que l'élément slave a été en quelque sorte inculqué au sang turien, y compris du point de vue de la langue. Nous entrons alors naturellement dans des domaines qui doivent être considérés sous un tout autre angle, lorsque nous abordons ces éléments anthropologiques non anthroposophiques.
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La seule chose qui résulte d'une observation anthroposophique correcte est à peu près ceci : sans parler de certaines choses qui n'ont pas été provoquées par l'histoire et qui sont plus vivantes chez ces fragments de peuple que chez les grands peuples, quelque chose d'un élément international vit très fortement dans ces fragments de peuple, du moins dans leur conception. Et on peut dire que si ces peuples particuliers, ces petits peuples - souvent ce sont des peuples marginaux et autres -, s'ils savaient se familiariser avec les grandes tâches de l'humanité, ils y parviendraient très facilement. Ce serait par exemple quelque chose d'extraordinairement beau si les Baltes acceptaient de développer réellement certaines capacités qui sont en eux, précisément en tant que tâche internationale. Au lieu de cela, ils ont souvent préféré cultiver la réaction la plus extrême chez eux. Et ils ont heureusement réussi à ce que, par exemple, à une époque relativement récente, un parlement balte ait encore proposé de rétablir l'esclavage dans son intégralité. Mais comme je l'ai dit, si ces peuples marginaux formaient ces talents, toutes les conditions seraient réunies pour qu'ils deviennent cosmopolites et se débarrassent de tout chauvinisme. Seulement, nous vivons aujourd'hui à une époque où l'humain aime terriblement s'embuer, où l'humain, avec une grande nostalgie, une nostalgie inconsciente et malsaine, veut se mettre dans une atmosphère nébuleuse et où il aime se bercer de toutes sortes d'illusions. On parle alors de telle ou telle mission que devrait avoir tel ou tel petit peuple. Eh bien, n'est-ce pas, il est tout à fait possible, si l'on procède de manière anthropologique, de trouver bien des choses dans les profondeurs de l'âme populaire. Mais c'est justement chez les petits peuples que ce talent devrait s'exprimer : faire converger les talents existants pour un grand style cosmopolite dont nous avons tant besoin.
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Je dois toujours penser - peut-être puis-je le dire ici, je l'ai souvent exprimé aux personnes les plus diverses depuis le début de la catastrophe de la guerre -, je dois toujours penser à ce que cela aurait signifié si une grande tâche internationale et cosmopolite avait été entreprise par le peuple suisse dès 1914. Cette prise en charge d'une tâche aussi grande dans un pays relativement petit aurait pu se présenter dans l'évolution spirituelle du monde à peu près comme [un point central] autour duquel tournent bien des choses, de même qu'aujourd'hui les monnaies européennes tournent autour de la monnaie suisse. Mais aujourd'hui, tout est comme recouvert d'un brouillard, et les gens ne s'intéressent pas aux choses qui ont pourtant une valeur réelle dès l'instant où l'être humain s'y engage. Mais malheureusement, il y a encore aujourd'hui beaucoup trop d'attitudes qui consistent à dire : quelle est la mission que j'ai parce que j'appartiens à tel ou tel peuple, parce que je suis né à Hambourg ou à Breslau ou à Berlin ou à Vienne ou à Rome ? Quelle est la mission qui m'a été confiée précisément par celui-ci ? - L'autre chose est plus importante : quelles forces me donne le fait d'être né ici ou là, quelles forces cela me donne-t-il pour la mission commune, internationale, cosmopolite de toute l'humanité, si nécessaire aujourd'hui ? Les humains veulent justement se faire des illusions et se poser des questions du genre : "Quelle est ma mission ? Quelle est ma mission ? - Alors ils attendent. Ils attendent à peu près comme l'humain qui a ouvert la bouche et attendu que les colombes rôties s'y engouffrent.
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Mais il ne s'agit pas aujourd'hui d'attendre notre mission, nous devons être clairs : nous nous trouvons à un point de l'évolution de l'humanité où le destin du monde doit naître de l'humain, où doit cesser la vieille rengaine de la mission de ce qui ne naît pas directement de manière élémentaire dans l'humain. Nous nous trouvons à un point de l'évolution de l'humanité où l'humain est appelé à donner de lui-même un contenu au destin. Si nous ne commençons pas aujourd'hui à abandonner ces discours passifs sur ce qui nous est présenté comme une mission, ou si nous ne cessons pas de faire appel : Oui, mais il faut quand même que les dieux nous aident, ça ne peut pas se passer comme ça, c'est quand même injuste, il faut quand même que les dieux nous aident -, si nous ne renonçons pas à cela, alors nous n'avancerons pas dans le moment actuel de l'évolution de l'humanité. Aujourd'hui, il s'agit d'être clair sur le fait que nous devons chercher les dieux par l'intérieur de l'humain - je ne dis pas à l'intérieur de l'humain, mais par l'intérieur de l'humain - et que les dieux comptent sur nous pour être codéterminants dans le destin.
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Aujourd'hui, nous n'avons pas à répondre aux questions à partir de l'observation de telle ou telle chose qui s'enracine ici ou là, mais aujourd'hui nous devons répondre aux questions du point de vue de la volonté. Les anciennes questions de contemplation sont aujourd'hui des questions de volonté. Si l'on parvenait autrefois à la contemplation en se plongeant dans ce qui se présentait à la réflexion, nous avons aujourd'hui la tâche occulte d'accueillir dans notre volonté cet esprit invisible et suprasensible, afin que naisse dans l'humanité ce qui dépasse toutes les barrières individuelles. Les structures étatiques extérieures ont fait en sorte qu'aujourd'hui déjà, on ne peut guère dépasser les frontières. Si nous continuons à parler encore et encore : quelle est la mission de telle ou telle partie du peuple ? -, nous érigeons de telles frontières dans notre esprit et ne parvenons pas à les dépasser pour saisir la mission globale de l'humanité.
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Au fond, même si c'est terrible, c'est encore moins important si ce sont les frontières qui sont maintenant si difficiles à franchir, les frontières pour lesquelles on s'est battu de manière si sanglante dans l'espace extérieur. C'est terrible, mais c'est pire pour l'évolution de l'humanité, si nous façonnons nos esprits de telle sorte que nous nous demandions : quelle est la mission de cet éclat de peuple ? Quelle est la mission de ce fragment de peuple ? - Nous devons dépasser les frontières. Nous devons les effacer. Nous devons trouver ce que nous avons en commun. Il s'agit avant tout de nous placer volontairement sur ce terrain de l'humain commun. On peut alors dire que c'est le cas : ceux qui n'appartiennent pas à un grand peuple s'en sortent mieux, car s'ils se souviennent de leurs forces les plus profondes, ils pourront contribuer à l'internationalisation et à la cosmopolitisation de l'humanité.
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C'est avant tout la tâche de ceux que l'on peut appeler les petits États, les États périphériques ou autres.