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GA337b - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - IDÉES SOCIALES, RÉALITÉ SOCIALE, PRATIQUE SOCIALE




CINQUIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION -
Dornach, 23 août 1920 -
LE TESTAMENT DE PIERRE LE GRAND.
FÜNFTER DISKUSSIONSABEND -
Dornach, 23. August 1920 -
DAS TESTAMENT PETERS DES GROSSEN.

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 337b 081-096  1999 23/08/1920



Original





Traducteur: FG v. 01- 2022 Editeur: SITE
L'efficacité du Testament de Pierre Le Grand dans les événements politiques du 19ème siècle. La confrontation en Autriche en raison de l'occupation de la Bosnie-Herzégovine. Politiciens hors pair de la monarchie des Habsbourg dans le dernier tiers du 19e siècle. Les aspirations politiques des conditions de Pierre Le Grand. Leur dépôt dans le testament rédigé par Sokolnicky. Le testament comme un pouvoir politique réel - malgré le manque d'authenticité.


Die Wirksamkeit des Testamentes von Peter dem Großen in den politischen Ereignissen des 19. Jahrhunderts. Die Auseinandersetzung in Österreich wegen der Okkupation von Bosnien und der Herzegowina. Herausragende Politiker der Habsburger Monarchie im letzten Drittel des 19. Jahrhunderts. Die politischen Bestrebungen Peters des Großen; ihr Niederschlag in dem von Sokolnicky verfaßten Testament. Das Testament als reale politische Macht — trotz der fehlenden Echtheit.

Ludwig Polzer-Hoditz fait une conférence sur "Le testament de Pierre le Grand". A l'issue de la discussion, Rudolf Steiner prononce un mot de conclusion.

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Ludwig Polzer-Hoditz hält einen Vortrag über «Das Testament Peters des Großen». Anschließend an die Diskussion spricht Rudolf Steiner ein Schluß-Wort.

Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! Il y aurait bien sûr beaucoup à dire en rattachement avec les explications très stimulantes du comte Polzer et avec les différentes questions qui ont stimulé ceci ou cela dans la discussion. Vu l'heure tardive, nous devrons toutefois nous limiter à quelques points.

02

Rudolf Steiner: Meine verehrten Anwesenden! Es wäre natürlich außerordentlich viel zu sagen in Anknüpfung an die ja sehr an regenden Ausführungen des Grafen Polzer und an verschiedene Fragen, die das oder jenes angeregt haben in der Diskussion. Der vorgerückten Zeit halber wird man sich aber wohl auf einiges beschränken müssen.

J'aimerais tout d'abord rendre attentif que le comte Polzer a donc manifestement voulu mettre l'accent sur l'importance de l'impulsion donnée par le testament de Pierre le Grand à la politique européenne, plutôt que sur les détails relatifs à l'efficacité de ce testament de Pierre le Grand. Et c'est tout de suite en rapport à cela que je voudrais dire que des choses comme le testament de Pierre le Grand ne peuvent être jugées que dans le contexte global des événements dans lesquels elles sont apparues. Il se trouve que dans les années auxquelles le comte Polzer a fait allusion, dans les années soixante-dix, dans les années qui ont suivi la guerre austro-prussienne de 1866, et ensuite dans les années du gouvernement du comte Taaffe en Autriche, beaucoup de choses se sont passées en Autriche qui allaient dans le sens du testament de Pierre le Grand. On pourrait mettre en exergue différents événements parmi la multitude de ceux-là, l'un illustrant peut-être aussi bien que l'autre ce que l'on veut dire. Je me contenterai d'en souligner quelques-uns, des événements qui n'ont apparemment rien à voir avec le testament de Pierre le Grand, mais dans lesquels ce testament est pourtant tout à fait efficace.

03

Ich möchte zunächst darauf aufmerksam machen, daß ja offen­bar Graf Polzer mehr die Bedeutung jenes Impulses, der im Testa­ment Peters des Großen für die europäische Politik lag, hervor­heben wollte als etwa Einzelheiten, die sich auf die Wirksamkeit dieses Testamentes Peters des Großen beziehen. Und gerade mit Bezug darauf möchte ich sagen: Solche Dinge wie dieses Testament Peters des Großen lassen sich eigentlich nur beurteilen aus dem ganzen Zusammenhang der Ereignisse heraus, in denen sie irgend­wie zum Vorschein gekommen sind. Es ist nun einmal so, daß gerade in den Jahren, auf die Graf Polzer hingewiesen hat, in den siebziger Jahren, in den Jahren, die folgten auf den Preußisch-Österreichischen Krieg vom Jahre 1866, und dann in den Jahren der Regierung des Grafen Taaffe in Österreich, daß da gerade vieles sich in Österreich abspielte, was in der Richtung lag, in der das Testament Peters des Großen wirkte. Man könnte verschiedenes herausheben aus der reichen Fülle dieser Ereignisse, eines würde ungefähr ebensogut wie das andere vielleicht illustrieren können, was man sagen will. Ich will nur einiges hervorheben, Ereignisse, die scheinbar zunächst mit dem Testament Peters des Großen nichts zu tun haben, in denen aber doch dieses Testament durchaus wirksam ist.




Prenons la fin de l'époque à laquelle le comte Polzer a particulièrement fait allusion, l'époque où l'Autriche avait reçu du traité de Berlin le mandat d'occuper la Bosnie et l'Herzégovine. L'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine a fait l'objet d'un débat très important au sein de la politique autrichienne. Comme l'a déjà souligné le comte Polzer, il y avait des opposants farouches à ce déplacement du centre de gravité qui poussait l'Autriche vers l'est, et il y avait en Autriche des partisans de cette occupation, de ce déplacement du centre de gravité vers l'est. Les partisans étaient en fait essentiellement ceux qui avaient d'une manière ou d'une autre des raisons particulières de se mettre au service de la politique de la maison Habsbourg. Il faut juste se rappeler qu'à l'époque, cette politique des Habsbourg était déjà tombée à un tel point de décadence qu'elle n'était déjà plus qu'une politique de prestige. Ce qui se préparait depuis un siècle s'était en effet réalisé avec la guerre austro-prussienne, et les Habsbourg avaient besoin d'une sorte de compensation. Ils ont donc eu recours à ce qui a été jeté à l'Autriche. Or, on peut prendre en considération tout ce qui se trouve au fond dans ce point du testament de Pierre le Grand, qui indique comment on doit apporter toujours plus de discorde et de querelle à l'Autriche, en lui donnant apparemment quelque chose. Cette occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine a été une véritable pomme de discorde, et elle n'a été sauvée que par la scission de la soi-disant gauche allemande au sein du Reichsrat autrichien, qui était encore considérée à l'époque, et par la soi-disant gauche bosniaque.

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Nehmen wir einmal das Ende der Zeit, auf die Graf Polzer besonders hingewiesen hat, die Zeit, in der Österreich vom Berliner Vertrag das Mandat erhalten hatte, Bosnien und die Herzegowina zu okkupieren. Über die Okkupation Bosniens und der Herzegowina entwickelte sich ja innerhalb der österreichischen Politik ein sehr bedeutsamer Streit. Es gab, wie schon Graf Polzer hervorgehoben hat, heftige Gegner dieser Verlegung des Schwerpunktes, der Österreich nach dem Osten hinüberschob, und es gab in Österreich Anhänger dieser Okkupation, dieser Verlegung des Schwerpunktes nach dem Osten hinüber. Anhänger waren eigentlich im wesentlichen diejenigen, die in irgendeiner Weise ganz besondere Gründe hatte, sich zu Dienern der habsburgischen Hauspolitik zu machen. Man muß eben nur bedenken, daß diese habsburgische Hauspolitik damals schon auf einen solchen Punkt der Dekadenz heruntergesunken war, daß sie im Grunde schon dazumal eine bloße Prestigepolitik war. Dasjenige, was seit einem Jahrhundert sich vorbereitet hatte, das hatte sich ja mit dem Preußisch-Österreichischen Krieg erfüllt, und die Habsburger brauchten eine Art Ausgleich dafür. Sie nahmen daher Zuflucht zu dem, was nun Österreich hingeworfen wurde. Nun kann man aber in vollem Bedacht alles dasjenige in Betracht ziehen, was im Grunde genommen lag in jenem Punkte des Testamentes Peters des Großen, der darauf hinweist, wie man immer mehr Zwist und Zank nach Österreich bringen soll, indem man scheinbar ihm etwas zuschanzt, indem man ihm etwas gibt. Es war ja ein richtiger Zankapfel, diese Okkupation von Bosnien und der Herzegowina, und gerettet wurde sie im Grunde genommen nur dadurch, daß sich von der damals immerhin noch in Betracht kommenden sogenannten deutschen Linken im österreichischen Reichsrat die sogenannte bosnische Linke abspaltete.

Vous voyez, le leader de la gauche allemande au Reichsrat autrichien était le député Herbst. La politique d'Herbst s'est développée à partir de la politique d'après 1866 ; c'était une politique soudée par un certain effort pour laisser à l'Autriche une sorte de caractère allemand, tout en lui donnant une sorte de caractère abstrait et libéral. Cette politique s'opposait à l'occupation de la Bosnie, en particulier en la personne du député Herbst, parce que les gens de Herbst se disaient : si l'Autriche reçoit encore plus de Slaves - c'était en effet une addition de Slaves que l'on recevait avec la Bosnie et l'Herzégovine, à l'exception de l'élément turc que l'on y trouvait également -, si l'Autriche reçoit encore plus de Slaves, il sera d'autant moins possible à l'avenir de faire prévaloir l'élément allemand en Autriche.

05

Sehen Sie, der Führer der deutschen linken Partei im österreichischen Reichsrat war der Abgeordnete Herbst. Die Herbstsche Politik entwickelte sich heraus aus der Politik nach 1866; sie war eine Politik, welche zusammengeschweißt war aus einem gewissen Bestreben, Österreich doch eine Art deutschen Charakters zu lassen, aber zu gleicher Zeit ihm eine Art abstrakt-liberalistischen Charakters zu geben. Diese Politik sträubte sich gegen die Okkupation von Bosnien, insbesondere in der Person des Abgeordneten Herbst, weil sich die Herbst-Leute sagten: Wenn Österreich noch mehr Slawen bekommt — es war ja eine Zugabe von Slawen, die man da bekam mit Bosnien und der Herzegowina, mit Ausnahme des türkischen Elementes, das da auch zu finden war —, wenn Österreich noch mehr Slawen bekommt, so wird es umso weniger möglich sein, daß in der Zukunft in Österreich irgendwie das deutsche Element zum besonderen Vorrang gebracht werden könnte.

Maintenant ce Herbst a donc trouvé une expédition/un dédommagement épigrammatique par Bismarck. Bismarck tenait à ce que l'Autriche soit plongée dans une sorte de confusion, à ce que l'Autriche déplace son centre de gravité vers l'Est, afin que plus jamais aucune aspiration de la part de la puissance domestique des Habsbourg ne puisse s'élever contre les aspirations des Hohenzollern. Car une grande partie de la politique d'Europe centrale au XIXe siècle, notamment au milieu du XIXe siècle et dans la seconde moitié, était en fait une querelle entre les deux puissances domestiques, celle des Habsbourg et celle des Hohenzollern. Bismarck, qui voulait que la puissance des Hohenzollern soit grande, voulait repousser l'Autriche vers la Slavonie, vers l'Est, et cela ne l'arrangeait guère que ces gens de Herbst en Autriche travaillent contre lui. Bismarck a donc, comme c'était sa façon, inventé une épigramme amusante, l'une de ces épigrammes de la vie politique qui tuent celui qu'elles atteignent. Il a appelé les gens de Herbst les "Herbstzeitlosen (dépourvus de temps d'automne)", en faisant remarquer que simplement l'époque exigeait que le centre de gravité de l'Autriche soit déplacé en dehors d'Autriche vers l'Est, et que celui qui ne savait pas s'adapter à cette exigence de l'époque était justement un "Herbstzeitlose", parce que le leader de ce parti libéral allemand autrichien était justement l'automne. Or, toute cette affaire a été sauvée par le fait qu'à cette époque, le jeune Plener, alors qu'il était auparavant tout à fait à l'intérieur du parti des gens d'automne/de Herbst, s'en est sorti avec un certain nombre d'appendices, ce qui a permis de former une majorité au Reichsrat autrichien pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine ; Plener formait alors la gauche bosniaque.

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Nun, dieser Herbst hat ja eine epigrammatische Abfertigung gefunden durch Bismarck. Bismarck war alles daran gelegen, daß Österreich in eine Art von Verwirrung hineingebracht werde, daß Österreich seinen Schwerpunkt nach dem Osten verlege, damit auch niemals mehr irgendwelche Aspirationen von seiten der Habsburger Hausmacht aufkommen könnten gegen die Bestrebungen der Hohenzollern. Denn ein Großteil der mitteleuropäischen Politik im 19. Jahrhundert, namentlich im mittleren 19. Jahrhundert und in der zweiten Hälfte, war ja eigentlich ein Streit zwischen den beiden Hausmächten, der habsburgischen und der hohenzollernschen Hausmacht. Bismarck, der die Hohenzollern-Hausmacht groß haben wollte, wollte Österreich abschieben nach dem Slawentum hin, nach dem Osten, und da kam es ihm sehr wenig zurecht, daß diese Herbst-Leute in Osterreich ihm entgegenarbeiteten. Bismarck hat denn auch, wie es seine Art war, ein witziges Epigramm geprägt, das eines von den Epigrammen des politischen Lebens war, die denjenigen töteten, den sie trafen. Er hat ja die Herbst-Leute die «Herbstzeitlosen» genannt, indem er hinstellte, daß einfach die Zeit es fordere, daß Österreichs Schwerpunkt außerhalb Österreichs nach dem Osten verlegt werde, und derjenige, der sich dieser Zeit­forderung nicht anzupassen wisse, sei eben eine «Herbstzeitlose», weil der Führer dieser österreichischen deutschliberalen Partei eben der Herbst war. Nun, gerettet wurde diese ganze Sache dadurch, daß dazumal der jüngere Plener, während er vorher gerade voll drinnenstand innerhalb der Partei der Herbst-Leute, sich mit einem gewissen Anhang herausschälte, wodurch eine Majorität gebildet werden konnte im österreichischen Reichsrate für die Okkupation von Bosnien und der Herzegowina; Plener bildete dazumal die bosnische Linke.

Ernst von Plener est justement une personnalité caractéristique de ce que le comte Polzer voulait développer aujourd'hui.

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Ernst von Plener ist nun gerade eine charakteristische Persönlichkeit für dasjenige, was Graf Polzer heute ausführen wollte.

Plener était au parlement autrichien un orateur tout à fait dans le style des orateurs libéraux moyens, un homme qui s'exprimait au Reichsrat autrichien de telle manière que ce qu'il avançait aurait été plus juste en Angleterre. Plener avait en effet été pendant de longues années attaché de légation à l'ambassade d'Autriche à Londres et s'était bien acclimaté à ce que l'on appelle le parlementarisme anglais. Ce parlementarisme anglais, qui s'est très bien développé à partir de l'élément anglais et qui s'y adapte bien, a été transposé plus ou moins heureusement dans toute l'Europe, et il est l'un des facteurs qui prouvent à quel point les impulsions occidentales ont peu à peu gagné en influence sur l'Europe. Je voudrais dire que lorsque Plener s'exprimait au Parlement de Vienne, c'était en fait le politicien formé à la politique anglaise qui s'exprimait. Pour l'Autriche, à laquelle cela ne convenait pas du tout, cela avait bien sûr quelque chose d'extraordinairement abstrait. Il suffit de penser à l'amalgame de nationalités les plus diverses qui existait dans cette Autriche, mais qui était maintenu par le cléricalisme du pouvoir des Habsbourg. Dans ce contexte, le modèle d'opinion anglais avec son système de balancier entre la gauche et la droite se présentait en fait comme un élément tout à fait abstrait.

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Plener war in österreichischen Parlament ein Redner so ganz nach Art der liberalistischen Durchschnittsredner, ein Mann, der im österreichischen Reichsrat so sprach, daß er das, was er vorbrachte, durchaus richtiger in England vorgebracht hätte. Plener war ja auch lange Jahre Gesandtschafts-Attaché bei der österreichischen Botschaft in London gewesen und hatte sich sehr eingelebt in das, was man englischen Parlamentarismus nennt. Dieser englische Parlamentarismus, der aus dem englischen Element sehr gut herausgewachsen ist und dort gut paßt, der wurde nun eigentlich mehr oder weniger glücklich auf ganz Europa übertragen, und er ist einer von denjenigen Faktoren, welche beweisen, wie sehr die westlichen Impulse über Europa nach und nach Einfluß gewannen. Ich möchte sagen: Wenn Plener im Wiener Parlamente sprach, so sprach eigentlich der durch und durch nach englisch-politischer Schablone geschulte Politiker. Das hatte natürlich für Österreich, worauf es gar nicht paßte, etwas außerordentlich Abstraktes. Man muß nur bedenken, was in diesem Österreich da zusammengewürfelt war von verschiedensten Nationalitäten, aber zusammengehalten wurde durch den Klerikalismus der habsburgischen Hausmacht. Dahinein stellte sich die englische Meinungsschablone mit dem Pendelsystem von Links und Rechts eigentlich wie ein ganz abstraktes Element.

Et un tel abstrait comme Plener ne s'est jamais soucié de penser à partir des forces concrètes en présence, mais il pouvait toujours penser autrement. Et Herbst, qui était obstiné, têtu dans un certain sens, est resté sur son point de vue germano-libéral. En revanche, Plener, qui était une sorte d'homme du monde - je le vois encore aujourd'hui : il n'arrivait jamais au Parlement autrement qu'avec des vêtements de couleur claire, toujours un peu retroussés en bas, et avec une sorte de barbe qui tenait le milieu entre le stutzertum et la barbe de diplomate -, Plener pouvait toujours être différent. Il a formé la gauche bosniaque pour rendre un service à l'empereur François-Joseph ou à la maison des Habsbourg, un service qui pourrait être honoré plus tard. Je dois dire qu'il m'a toujours semblé qu'il y avait un certain lien entre deux événements, entre la formation de la gauche bosniaque au parlement autrichien par Ernst von Plener à l'occasion de l'occupation de la Bosnie-Herzégovine et un événement ultérieur, apparemment insignifiant, mais qui doit être pris en compte comme symptomatique. Plener est ensuite devenu brièvement ministre des Finances lorsque le ministère de coalition Windischgrätz a remplacé le ministère Taaffe ; c'est ce à quoi il a toujours aspiré. Mais la gloire n'a pas duré longtemps. Il s'est alors passé quelque chose qui indique toujours que des forces souterraines sont à l'œuvre. Plener est devenu président de la Cour suprême des comptes et s'est ensuite curieusement retiré de la politique, bien qu'il ait toujours joué un rôle remarquable au sein de son parti. Et lorsqu'on l'a interviewé un jour pour savoir pourquoi il s'était retiré, il a répondu : "C'est quelque chose qui ne concerne que moi et mon empereur, c'est un secret dont je ne veux pas parler". J'ai toujours dû reconnaître un certain lien entre les événements qui se sont déroulés lors de la formation de la gauche bosniaque dans les années 1970 et cet événement qui n'a eu lieu que dans les années 1990. Regardons ce qui s'est passé après l'occupation bosniaque. Le deuxième ministère du comte Taaffe a vu le jour en Autriche, après que les dernières phases de ce système de gouvernement par concession se soient déroulées, précisément parce que l'on essayait de savoir, après la guerre austro-prussienne, si l'on pouvait ou non s'accommoder de l'élément allemand en Autriche. C'est ce qu'on a essayé de faire avec le soi-disant ministère des citoyens de 1867 à 1870, d'abord avec le prince Carlos Auersperg, puis avec l'épisode de Potocki et Hohenwart, où l'élément slave s'est affirmé. Mais ensuite, de 1871 à la fin des années 70, est venu le ministère du prince Adolf Auersperg, à nouveau une sorte de ministère des citoyens, qui, comme je l'ai dit, constituait la dernière phase de ce que l'on essayait de faire. Puis vint le ministère du comte Taaffe. Voyons un peu ce ministère Taaffe. Il s'est occupé des affaires gouvernementales en Autriche pendant plus d'une décennie, on peut dire, dans les années 80, et c'est là que s'est déroulé, je dirais dans le tableau, tout ce qui est un compendium de la politique européenne. Taaffe est Premier ministre ; il se maintient à la tête du ministère, malgré le fait qu'il soit une tête tout à fait incompétente. Il se maintient au ministère principalement parce qu'il sait particulièrement bien projeter des lapins sur les murs avec son mouchoir et ses doigts, le soir, lors des conversations à la cour. Cela plaisait tellement aux dames de la cour, lorsque le comte Taaffe faisait des lapins et d'autres tours similaires, et c'est ainsi qu'il s'est maintenu aussi longtemps dans le gouvernement autrichien. On peut dire que dans ces années 1980, la germanité était donc repoussée en Autriche. Les Länder de ce côté-ci de la Leitha - oui, cette région n'avait pas vraiment de nom, on appelait cette région, ce qui était de ce côté-ci de la Leitha, "les royaumes et les Länder représentés au Conseil impérial", et les Länder de l'autre côté de la Leitha, qui avaient au moins un nom synthétique, on les appelait "les Länder de la Sainte Couronne de Saint-Étienne" -, les Länder de ce côté-ci de la Leitha, donc "les royaumes et les Länder représentés au Conseil impérial", étaient alors gouvernés par le ministère à la tête duquel se trouvait Taaffe. Certains journaux humoristiques écrivaient Taaffe de manière très étrange : Ta - affe (c'est écrit au tableau - ndt affe veut dire "singe").

09

Und solch einem Abstraktling wie Plener kam es eigentlich niemals darauf an, aus den konkreten wirksamen Kräften heraus zu denken, sondern er konnte immer auch anders. Und Herbst, der starrsinnig, stierhaft in gewisser Beziehung war, er blieb auf seinem deutschliberalen Standpunkt stehen. Dagegen Plener, der eine Art Weltmann war — ich sehe ihn heute noch vor mir: er kam niemals anders ins Parlament als in hellen Beinkleidern, die immer unten etwas aufgestülpt waren, und mit einer Art Bart, der so die Mitte hielt zwischen Stutzertum und Diplomatenbart —, Plener konnte eben immer auch anders. Er bildete die bosnische Linke, um dem Kaiser Franz Joseph respektive der habsburgischen Hausmacht einen Dienst zu erweisen, der später honoriert werden könnte. Ich muß sagen, es schien mir immer ein gewisser Zusammenhang zu sein zwischen zwei Ereignissen, zwischen der Bildung der bosnischen Linken im österreichischen Parlament durch Ernst von Plener gelegentlich der Okkupation von Bosnien und der Herzegowina und einem späteren Ereignis, das scheinbar unbedeutend ist, das aber als symptomatisch berücksichtigt werden muß. Plener ist dann, als an Stelle des Ministeriums Taaffe das Koalitionsministerium Windischgrätz trat, für kurze Zeit Finanzminister geworden; das hat er immer erstrebt. Aber die Herrlichkeit dauerte nicht lange. Dann geschah etwas, was eigentlich ja immer darauf hinweist, daß da unterirdische Kräfte spielen. Plener wurde Präsident des Obersten Rechnungshofes und zog sich dann, als er das geworden war, merkwürdigerweise von der Politik zurück, trotzdem er immer eine hervorragende Rolle in seiner Partei gespielt hatte. Und als er dann einmal interviewt wurde, warum er sich denn zurückgezogen habe, da antwortete er: «Das ist etwas, was nur mich und meinen Kaiser angeht, das ist ein Geheimnis, über das ich nicht sprechen will.» Ich habe immer einen gewissen Zusammenhang erkennen müssen zwischen den Ereignissen, die sich abgespielt haben bei der Bildung der bosnischen Linken in den siebziger Jahren, und diesem Ereignis, das erst in den neunziger Jahren stattgefunden hat. Sehen wir uns einmal an, was nun geworden ist nach dieser bosnischen Okkupation. Es kam eben in Österreich das zweite Ministerium des Grafen Taaffe zustande, nachdem die letzten Phasen sich abgeSpielt hatten jenes Konzessions-Regierungssystems, das zustandegekommen war, eben weil man probierte nach dem PreußischÖsterreichischen Kriege, ob man mit dem deutschen Elemente in Österreich zurechtkomme oder nicht. Das ist mit dem sogenannten Bürgerministerium von 1867 bis 1870 versucht worden, zunächst mit dem Fürsten Carlos Auersperg, dann kam die Episode unter Potocki und Hohenwart, wo das slawische Element sich geltend machte. Dann kam aber 1871 bis zum Ende der siebziger Jahre das Ministerium unter Adolf Fürst Auersperg, wiederum eine Art Bürgerministerium, das eben, wie gesagt, die letzte Phase bildete desjenigen, was man da versuchte. Dann kam dieses Ministerium des Grafen Taaffe. Dieses Ministerium Taaffe sehen wir uns einmal an. Es besorgte ja die Regierungsgeschäfte in Österreich durch mehr als ein Jahrzehnt kann man sagen, in den achtziger Jahren, und da spielte sich, ich möchte sagen im Tableau alles dasjenige ab, was ein Kompendium europäischer Politik ist. Taaffe ist Minister­präsident; er hält sich an der Spitze des Ministeriums, trotzdem er wohl ein ganz unfähiger Kopf ist. Er hält sich hauptsächlich dadurch im Ministerium, daß er besonders gut versteht, abends bei den Unterhaltungen bei Hofe mit dem Taschentuch und den Fin­gern Häschen an die Wand zu projizieren. Das gefiel den Damen bei Hofe so außerordentlich gut, wenn der Graf Taaffe Häschen machte und andere ähnliche Künste, und dadurch hielt er sich so­lange in der österreichischen Regierung. Nun kann man sagen, in diesen achtziger Jahren, da war also das Deutschtum zurück­gedrängt in Österreich. Die Länder diesseits der Leitha — ja, einen Namen hatte dieses Gebiet eigentlich nicht, man nannte dieses Gebiet, was diesseits der Leitha war, «die im Reichsrat vertretenen Königreiche und Länder», und die Länder drüben, jenseits der Leitha, die hatten wenigstens einen zusammenfassenden Namen, man nannte sie «die Länder der Heiligen Stephanskrone» —, die Länder diesseits der Leitha, also «die im Reichsrat vertretenen Königreiche und Länder», die wurden regiert damals von dem Ministerium, an dessen Spitze Taaffe stand. Gewisse Witzblätter schrieben Taaffe sehr merkwürdig: Ta - affe (es wird an die Tafel geschrieben).

Il était également difficile de trouver un nom commun pour ces pays, car qu'englobait ce territoire "des royaumes et pays représentés au Conseil impérial" ? Il y avait d'abord la Bucovine, puis le royaume de Galicie avec la Ruthénie, dont la capitale était Lviv ; il y aurait environ Cracovie (on la dessine au tableau). Cette Galicie était principalement habitée par l'élément polonais (hachuré, à gauche), mais ici par l'élément ruthène (hachuré, à droite) - les ruthènes étant une sorte de Slaves, les Polonais une sorte de Slaves. Ensuite, il y avait la région silésienne, la région morave et la région tchèque - partout des Slaves et des Allemands mélangés. Puis vient la Basse et la Haute-Autriche, Salzbourg, le Vorarlberg, le Tyrol, la Styrie jusqu'à Brunn - en grande partie allemande ; puis slave du sud, slovène en Carinthie et en Carniole ; ici en bas, l'Istrie et la Dalmatie. De l'autre côté de la Leitha se trouvaient les pays de la Sainte Couronne de Saint-Étienne : ici la Hongrie avec la Transylvanie, puis la Croatie avec la Slavonie. Ici, nous aurions à chercher quelque part la Leitha ; tout ce qui se trouvait ici, de l'autre côté, tous ces peuples mélangés, formaient les "royaumes et pays représentés au Conseil impérial".

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Nun, es war auch schwer, einen gemeinsamen Namen zu finden für diese Länder, denn was umfaßte dieses Gebiet «der im Reichs­rat vertretenen Königreiche und Länder»? Da war zunächst die Bukowina, dann kam anstoßend daran das Königreich Galizien mit Ruthenien mit Lemberg als Hauptstadt; da würde etwa Krakau sein (es wird an die Tafel gezeichnet). Dieses Galizien war haupt­sächlich vom polnischen Element bewohnt (schraffiert, links), hier aber bewohnt vom ruthenischen Element (schraffiert, rechts) — die Ruthenen eine Art Slawen, die Polen eine Art Slawen. Weiter war dann hier das schlesische Gebiet, das mährischen und das böhmi­sche Gebiet — überall Slawen und Deutsche zusammengewürfelt. Dann kommt Nieder- und Oberösterreich, Salzburg, Vorarlberg, Tirol, Steiermark bis herunter zu Brunn — zum größten Teil deutsch; dann südslawisch, slowenisch bei Kärnten und Krain; hier unten Istrien und Dalmatien. Hier herüber, jenseits der Leitha, waren die Länder der Heiligen Stephanskrone: hier Ungarn mit Siebenbürgen, dann Kroatien mit Slawonien. Hier würden wir irgendwo die Leitha zu suchen haben; alles das, was hier herüber war, all diese zusammengewürfelten Völkerschaften, die bildeten die im «Reichsrat vertretenen Königreiche und Länder».

Comment était la représentation des "royaumes et pays représentés au Conseil impérial" à Vienne ? Elle était au fond assez mémorable. Regardez le banc des ministres : au centre se trouvait Taaffe, le fabricant de lapins au front fuyant, à sa droite Dunajewski, le ministre des Finances, un Urpole (Polonais originel), puis une personnalité marquante, le ministre Prazâk, un Tchèque, et Smolka, un Urpole, un de ces Polonais qui ont été décapités in effigie en Autriche parce qu'ils étaient des traîtres à l'État, mais qui s'est ensuite relevé [politiquement]. On peut dire que lorsqu'on parlait de ces personnalités, c'était dans un certain sens extrêmement intéressant.

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Nun, wie war die Vertretung der «im Reichsrate vertretenen Königreiche und Länder» in Wien? Sie war im Grunde genommen denkwürdig genug. Sehen Sie, wenn man sich die Ministerbank anschaute: In der Mitte saß der mit der zurückfliehenden Stirn behaftete Häschenfabrikant Taaffe, an seiner Seite rechts Duna­jewski, der Finanzminister, ein Urpole, dann war da eine markan­te Persönlichkeit, Minister Prazâk, ein Tscheche, ferner Smolka, ein Urpole, einer derjenigen Polen, welche einmal in effigie geköpft worden sind in Österreich, weil sie Staatsverräter waren, der sich aber dann [politisch wieder] aufgeschwungen hatte. Man kann sagen: Wenn da von diesen Persönlichkeiten gesprochen wurde, so war es ja in einem gewissen Sinn außerordentlich interessant.

Sur le premier banc des députés de gauche - disons, par exemple, qu'il s'agissait d'un débat budgétaire - était assis un bon Allemand, Carneri ; vous connaissez la figure de Carneri dans mon livre "De l'énigme humaine". Il entamait le débat dans le sens de l'Europe centrale ; il lançait généralement les accusations les plus terribles contre ce ministère Taaffe. L'un de ses discours les plus efficaces se terminait par ces mots - c'était peut-être en 1883 - : "Pauvre Autriche ! - Puis, un peu plus loin, il y avait Herbst, Plener et ainsi de suite. Mais tout ce qui parlait en Autriche parlait en fait comme les gens d'un courant disparu. Ce que disait Carneri, par exemple, était beau, spirituel, grand, mais ce n'était pas quelque chose qui pouvait vivre. Mais quelque chose d'autre vivait à l'époque en Autriche ; quelque chose vivait vraiment en Autriche lorsque le député polonais Otto Hausner parlait, par exemple. En Autriche, cela ne comptait pas tellement qu'un député ait un nom allemand ; car si l'on s'appelait par exemple Grégr et que l'on était un député libéral jeune-tchèque, c'est-à-dire que l'on avait un nom avec un crochet, avant de devenir tchèque, on s'appelait Gröger ; il y a de telles métamorphoses. Quand Otto Hausner parlait, il soulignait en même temps qu'il parlait tout de même à partir de l'élément polonais, et c'est ce qu'il faisait, même s'il soulignait qu'il avait des globules de sang alémanique dans les veines - je ne sais pas ce que c'est, des globules de sang alémanique. Il n'a pas été une personne sympathique pour moi. Je m'en souviens encore très bien:

quand on se promenait dans la Herrengasse à Vienne et que le vieux Hausner passait par là, ce vieux coquin avec son monocle, qui se mouchait encore, bien qu'il n'ait pas l'air d'un vieil homme très mignon ; il n'était pas vraiment une personnalité sympathique. Il faut dire qu'au cours de ces années qui comptaient justement, quand Hausner parlait, il parlait de telle manière que l'histoire mondiale roulait à travers lui. Et je voudrais dire que lorsque Otto Hausner parlait, on entendait rouler les mots du testament de Pierre le Grand. On les entendait rouler lorsqu'il parlait du fait que les Autrichiens ne devaient pas se laisser duper par Berlin, par Bismarck, qu'ils ne devaient pas accepter le traité de Berlin. C'est l'époque qui parle, l'époque qui roule, quand Otto Hausner parle du chemin de fer de l'Arlberg, en tant que chemin de fer stratégique, pour rendre possible une alliance entre l'Autriche et la France contre la politique allemande. Et on aimerait dire que dans les discours d'Otto Hausner de l'époque, il y avait quelque chose qui prédisait de manière prophétique tout ce qui est devenu par la suite. Mais il y avait en particulier un discours de Hausner sur la "germanité et l'Empire allemand", dans lequel il présentait de manière rhétorique, dans une caractéristique tout à fait merveilleuse, tous les côtés sombres, en particulier les côtés sombres de la germanité et de l'être allemand, jamais les côtés lumineux. Ce député polonais, Otto Hausner, a su à l'époque, d'une manière merveilleuse, intégrer dans son discours tout ce qui, en Europe centrale, menait à la ruine. En dehors de lui, un personnage étrange, qui s'appelait Dzieduszycki, prenait souvent la parole. C'était extraordinairement curieux, car lorsqu'il parlait, on avait l'impression qu'il n'avait pas seulement une boulette, mais deux boulettes dans la bouche (ndt spécialité de boulettes de pomme de terre pochées) qui se rejoignaient et se séparaient. Mais malgré tout, quand il parlait, l'histoire du monde roulait à travers ce qu'il disait. C'était l'histoire du monde qui parlait - et c'était aussi le cas de bien d'autres personnes assises là. Et encore une fois, quand ces gens ne parlaient qu'à partir de leur personnalité, ce n'était pas du tout l'histoire du monde.

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Auf der ersten Abgeordnetenbank der Linken — sagen wir zum Beispiel, es wäre eine Budgetdebatte gewesen — saß ein guter Deut­scher, Carneri; Sie kennen die Gestalt von Carneri aus meinem Buche «Vom Menschenrätsel». Er fing die Debatte an in mitteleu­ropäischem Sinne; er schleuderte in der Regel diesem Ministerium Taaffe die furchtbarsten Anklagen entgegen. Eine seiner wirk­samsten Reden schloß mit den Worten — es war vielleicht im Jahre 1883 —: Armes Österreich! — Dann etwas weiter von ihm saßen Herbst, Plener und so weiter. Aber alles, was da redete in Öster­reich, redete eigentlich so, wie Leute einer untergegangenen Strö­mung reden. Was zum Beispiel Carneri redete, war schön, geistvoll, groß, aber es war nicht etwas, was leben konnte. Aber: etwas an­deres lebte dazumal in Österreich; es lebte wirklich etwas in Öster­reich, wenn zum Beispiel der polnische Abgeordnete Otto Hausner sprach. Es kam in Österreich nicht so darauf an, ob ein Abgeord­neter einen deutschen Namen hatte; denn wenn man zum Beispiel Grégr hieß und jungtschechisch-liberaler Abgeordneter war, also so einen Namen mit einem Haken hatte, so hat man, bevor man Tscheche geworden war, Gröger geheißen; es gibt solche Metamor­phosen. Wenn Otto Hausner sprach, dann betonte er zu gleicher Zeit, daß er doch durchaus aus dem polnischen Element heraus spräche, und das tat er auch, obwohl er betonte, er hätte rätischalemannische Blutkügelchen in seinen Adern — ich weiß zwar nicht, was das sind, rätisch-alemannische Blutkügelchen. Er ist mir keine sympathische Person gewesen. Ich erinnere mich noch lebhaft:

Wenn man durch die Wiener Herrengasse ging und der alte Hausner daherkam, dieser alte Geck mit seinem Monokel, der sich noch putzte, trotzdem er eigentlich ein gar nicht niedlich aussehender alter Mann war; er ist nicht gerade eine eigentlich sympathische Persönlichkeit gewesen. Man muß sagen: Wenn in diesen Jahren, auf die es gerade ankam, Hausner sprach, dann sprach er so, daß die Weltgeschichte durch ihn rollte. Und ich möchte sagen, wenn der Otto Hausner sprach, dann hörte man rollen die Worte des Testamentes Peters des Großen. Man hörte sie rollen dann, wenn er davon sprach, daß sich die Menschen in Österreich nicht dürften düpieren lassen durch Berlin, durch Bismarck, daß sie nicht dürften den Berliner Vertrag annehmen. Es sprach die Zeit, die rollende Zeit, wenn Otto Hausner über die Arlbergbahn sprach, als strategische Bahn sie auffaßte, um ein Bündnis zwischen Österreich und Frankreich möglich zu machen gegen die deutsche Politik. Und man möchte sagen, in den Reden von Otto Hausner von dazumal war etwas, was wie prophetisch all das voraussagte, was später geworden ist. Insbesondere aber war wirksam eine Rede, die Hausner gehalten hat über «Deutschtum und Deutsches Reich», worinnen er rhetorisch in einer ganz wunderbaren Charakteristik alle Schattenseiten, vorzüglich die Schattenseiten des Deutschtums und des deutschen Wesens gegeben hat, niemals die Lichtseiten. All das, was in Mitteleuropa eigentlich auf den Untergang hinwirkte, das hat gerade dieser polnische Abgeordnete Otto Hausner dazumal in seine Rede in einer wunderbaren Weise hineinzugeheimnissen gewußt. Außer ihm sprach dann öfter eine merkwürdige Gestalt, Dzieduszycki hieß er. Es war außerordentlich merkwürdig, denn wenn er sprach, hatte man das Gefühl, daß er nicht nur einen Kloß, sondern zwei Kloße im Munde habe, die einander nachlaufen und wieder zurücklaufen. Aber dennoch, wenn er sprach, rollte Weltgeschichte durch das, was er sprach. Es war Weltgeschichte, die da sprach — und so noch bei manchem anderen, der da saß. Und wiederum, wenn diese Leute nur aus ihrer Persönlichkeit heraus sprachen, dann war das gar nicht Weltgeschichte.

À l'époque où, en Autriche, la loi sur l'école, déjà ruinée par les libéraux, devait être complètement ruinée - comment la majorité s'est-elle formée ? Je vais vous révéler un grand secret : malgré la politique autrichienne, l'Autriche a effectivement eu les meilleurs lycées jusque dans les années 70 ; et le futur ministre de l'éducation Gautsch n'a réussi que très difficilement à détruire ces bons lycées d'un certain point de vue. Et vous savez à qui revient la faute d'avoir créé ces bons lycées en Autriche - bons pour l'époque ? C'est l'anticlérical Leo Graf Thun qui a introduit ces lycées en Autriche. En Autriche, il était curieux de constater que l'objectivité s'alliait parfois à la politique la plus têtue. Ce clérical tout à fait noir dans de nombreuses directions, le comte Leo Thun, a mis en place un système scolaire brillant en Autriche, qui a ensuite été interrompu par les libéraux, et ce que les libéraux ont laissé sera encore plus ruiné par la suite. Comment s'est formée la majorité au Reichsrat sur ces questions ? Oui, ces majorités se sont formées de manière étrange. Il y avait les Ruthènes, et il y avait les Polonais. Si l'on voulait faire passer certaines choses qui étaient plus faciles à faire passer avec les Polonais, on formait un ministère composé d'Allemands et de Polonais. Et si l'on voulait imposer quelque chose d'une autre nature, on éliminait les Polonais et on formait une majorité d'Allemands et de Ruthènes. Les Ruthènes et les Polonais, qui se battaient alors terriblement, servaient à faire pencher la balance. Et selon ce que l'on mettait dans le plateau de la balance à la fin, il en résultait le contraire. Or, à l'époque où la loi sur l'école devait être entièrement détruite, ce sont justement les Polonais qui faisaient pencher la balance ; il fallait donc négocier quelque chose entre les cléricaux et les Polonais. Si les cléricaux s'associaient aux Polonais, on se disait que la loi sur l'école pourrait être détruite. Mais les Polonais ont tout de même eu l'intelligence de dire que l'on ne pouvait pas faire cela à la Galicie en imposant une [nouvelle] loi scolaire à leur pays. Et c'est là qu'ils ont trouvé une solution et ont dit : "Oui, nous allons avec vous, nous supprimons l'[ancienne] loi scolaire, seule la Galicie est exclue". - Ce qui est étrange, c'est qu'un élément slave a servi de couverture, mais cet élément slave s'est exclu lui-même de ce qu'il a clairement admis vouloir exclure de son propre pays. Telle était les conditions/rapports particuliers en Autriche à l'époque.

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In der Zeit, als in Österreich das von den Liberalen schon rui­nierte Schulgesetz vollends ruiniert werden sollte — wie kam da die Mehrheit zustande? Ich will Ihnen ein großes Geheimnis verraten: Trotz der österreichischen Politik hat Österreich tatsächlich die besten Gymnasien gehabt hat bis in die siebziger Jahre hinein; und es ist dem späteren Unterrichtsminister Gautsch nur sehr schwer gelungen, diese von einem gewissen Gesichtspunkt guten Gymna­sien durchaus kaputtzumachen. Und wissen Sie, wer schuld daran war, daß diese guten Gymnasien in Österreich — gut für die dama­lige Zeit — begründet worden waren? Es war der Urklerikale Leo Graf Thun, der diese Gymnasien in Österreich eingeführt hat. Es war eben in Österreich so, daß merkwürdigerweise zuweilen Sach­liches zusammenwirkte mit ganz stierhafter Politik. Dieser nach vieler Richtung hin ganz schwarze Klerikale, Leo Graf Thun, er hat ein glänzendes Schulsystem in Österreich zum Durchbruch ge­bracht, das aber dann durch die Liberalen wiederum zum Abbruch gebracht worden ist, und was die Liberalen übrig gelassen haben, das sollte dann später noch mehr ruiniert werden. Wie bildete sich nun die Majorität im Reichsrat bei diesen Dingen heraus? Ja, diese Majoritäten kamen auf merkwürdige Weise zustande. Da waren die Ruthenen, und da waren die Polen. Wenn man nun gewisse Dinge durchsetzen wollte, die sich leichter mit den Polen durchsetzen ließen, dann bildete man ein Ministerium, das aus Deutschen und Polen bestand. Und wenn man etwas von anderer Art durchsetzen wollte, dann schaltete man die Polen aus und bildete eine Majorität aus Deutschen und Ruthenen. Die Ruthenen und die Polen, die sich dann furchtbar bekämpften, gebrauchte man als Zünglein an der Waage. Und je nachdem, was in die Waagschale zum Schlusse geworfen wurde, kam das Entgegengesetzte heraus. Nun, dazumal, als das Schulgesetz ganz kaputtgemacht werden sollte, da waren gerade die Polen das Zünglein an der Waage; es sollte also etwas ausgehandelt werden zwischen den Klerikalen und den Polen. Wenn die Klerikalen mit den Polen zusammengingen, so sagte man sich, dann könne das Schulgesetz kaputtgemacht werden. Aber die Polen waren immerhin so intelligent einzuwenden, daß man das doch nicht Galizien antun könne, ihrem Land ein solches [neues] Schulgesetz hinzustellen. Und da haben sie dann zu einem Ausweg gegriffen und gesagt: Ja, wir gehen mit euch zusammen, wir beseitigen das [alte] Schulgesetz, nur Galizien wird ausgenommen. — Es trat damit das Merkwürdige zutage, daß ein slawisches Element zur Tarnung diente, aber dieses slawische Element nahm sich selbst aus für das, wovon es ganz deutlich zugab, daß es sein eigenes Land davon ausnehmen wolle. So waren eben damals die besonderen Verhältnisse in Österreich.

Là siègeait aussi encore la figure caractéristique de l'ancien Tchèque Rieger. Alors que les Allemands gouvernaient de manière libérale, formaliste et abstraite, les Tchèques n'entraient pas au Parlement de Vienne ; ils s'absentaient. Le comte Taaffe eut alors le grand mérite extérieur de faire revenir le club tchèque. C'est ainsi que Rieger se trouvait maintenant parmi ces parlementaires viennois : une figure extraordinairement caractéristique, pleine de feu intérieur, une petite figure un peu chétive, mais avec une tête puissante, des yeux d'où l'on croyait qu'il sortirait à la fin non pas un, mais plusieurs diables, crachant du feu. Il y avait en effet quelque chose d'extraordinairement vivant en lui.

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Da saß auch noch die charakteristische Gestalt des Alttschechen Rieger. Während die Deutschen liberalistisch, formalistisch, abstrakt regierten, kamen die Tschechen nicht ins Wiener Parlament; sie absentierten sich. Graf Taaffe hatte nun das äußerlich große Verdienst sich erworben, daß der tschechische Club wieder hineinkam. So war also jetzt Rieger auch unter diesen Wiener Parlamentaristen: Eine außerordentlich charakteristische Figur voll inneren Feuers, eine etwas schlotterige, kleine Gestalt, aber mit einem mächtigen Kopf, mit Augen, aus denen man glaubte, daß am Ende nicht bloß ein Teufel, sondern mehrere Teufel herauskämen, die Feuer sprühten. Es war tatsächlich etwas außerordentlich Lebendiges in ihm.

Vous voyez, c'était la situation. On pourrait dire que l'on savait qu'il y avait un élément que l'on ne pouvait pas saisir, mais on pouvait le voir : le testament de Pierre le Grand s'exprimait vraiment à travers cette configuration particulière en Autriche. Quand on avait ces conditions concrètes devant soi, on savait qu'il y avait quelque chose comme ça. En fait, on savait exactement pourquoi, par exemple, la politique du comte Andrâssy - qui, bien que hongrois, a été un temps ministre autrichien des Affaires étrangères - a eu du mal à s'imposer : parce que les gens ne pouvaient pas s'imaginer que l'Autriche devait se tourner vers l'Est, vers les pays slaves. On voyait bien que l'élément slave s'affirmait, mais on ne pouvait pas se dire autre chose : Oui, que va-t-il advenir de tout cela ? Qu'est-ce qui veut devenir là ? Qu'est-ce que donc que le tout ? - Et on voyait en fait l'élément slave agir tout de suite sous ce Taaffe, ce Taaffe incompétent - il avait en effet parmi ses ministres quelques têtes slaves très compétentes, par exemple comme Dunajewski, le ministre polonais des Finances, ou encore Prazâk. Mais à travers l'élément slave, c'est la confusion qui agit ; des têtes compétentes, des têtes tout à fait excellentes en partie, mais à travers l'ensemble, c'est quand même la confusion qui agit.

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Sehen Sie, das war so die Situation. Man könnte sagen, man wußte, es gibt da ein Element, das man nicht greifen konnte, aber es war zu schauen: Es wirkte durch diese eigentümliche Konfiguration in Österreich wirklich dieses Testament Peters des Großen durch. Wenn man diese konkreten Verhältnisse vor sich hatte, da wußte man, daß es so etwas gibt. Tatsächlich, man wußte genau, warum sich zum Beispiel die Politik des Grafen Andrâssy — der, trotzdem er Ungar war, eine zeitlang österreichischer Außenmini­ster war —, schwer durchsetzte: weil die Leute sich nicht vorstellen konnten, daß Österreich seinen Schwerpunkt nach Osten, nach den slawischen Ländern hin nehmen sollte. Man konnte sehen, es machte sich das slawische Element geltend, aber man konnte sich nichts anderes sagen als: Ja, was wird denn nun eigentlich aus dem Ganzen? Was will denn da werden? Was ist es denn, das Ganze? — Und man sah eigentlich im Grunde genommen gerade unter diesem Taaffe, dem unfähigen Taaffe — er hatte ja unter seinen Ministern einzelne sehr befähigte slawische Köpfe eben wie zum Beispiel Dunajewski, den polnischen Finanzminister, oder auch Prazâk —, das slawische Element wirken. Aber durch das slawische Element wirkte die Verwirrung; fähige Köpfe, ganz ausgezeichnete Köpfe zum Teil, aber durch das ganze wirkte doch die Verwirrung durch.

Et c'est encore plus vrai avec l'élément allemand, la confusion a agi.

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Und erst recht mit dem deutschen Element zusammen wirkte die Verwirrung.

Maintenant, s'il vous plaît, faites le lien avec autre chose, faites le lien avec le fait que Pierre le Grand est la personnalité qui, dans sa jeunesse, va à l'Ouest, à La Haye, revient de l'Ouest à Saint-Pétersbourg, qu'il est la personnalité qui s'efforce d'introduire l'essence occidentale en Russie, contre les aspirations de beaucoup de ceux qui croyaient être des gens authentiquement russes, orthodoxes-russes. Essayez de vous rendre compte des rapports historiques entre la russité et ce que Pierre le Grand a apporté en Russie. Ce qu'il y a apporté, Pierre le Grand, n'était effectivement pas quelque chose qui n'agissait que pour demain ou après-demain, mais c'était déjà quelque chose qui donnait une impulsion au-delà des siècles. On pourrait dire que l'on sait ce que veut le slavisme enraciné en Russie, on sait comment il interagit avec le slavisme différencié, mais il y a encore là ce que Pierre le Grand a apporté de l'Occident. Eh bien, Pierre le Grand n'a rien écrit, mais il a mené ses actions gouvernementales dans une certaine direction ; ce qu'il a fait, il l'a fait dans une certaine direction, dans un certain style. Et c'est ainsi que ce qui vient du slavisme seul roule en parallèle et s'entrelace avec ce qui a été apporté de l'Occident par Pierre le Grand, qui est devenu puissant selon l'âme. Si vous vous reportez à une époque quelconque après Pierre le Grand et que vous observez la politique européenne, ne pouvez-vous pas dire : oui, il y a des facteurs concrets qui agissent dans ce qui se perpétue depuis Pierre le Grand ? - Quiconque a vu des choses comme celles que je viens de vous décrire sait qu'elles sont là.

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Nun bitte, stellen Sie sich das mit etwas anderem zusammen, stellen Sie das zusammen damit, daß Peter der Große diejenige Persönlichkeit ist, welche in ihrer Jugend nach dem Westen geht, nach dem Haag, aus dem Westen zurückkommt nach St. Petersburg, daß er diejenige Persönlichkeit ist, die bestrebt ist, westländisches Wesen in Rußland einzuführen gegen die Bestrebungen vieler, die glaubten, echt russische, orthodox-russische Leute zu sein. Versuchen Sie es sich klarzumachen, wie da in der Geschichte die Verhältnisse sind zwischen dem, was Russentum ist und dem, was Peter der Große nach Rußland hineingetragen hat. Was er da hineingetragen hat, Peter der Große, das war ja tatsächlich nicht etwas, das bloß für morgen oder übermorgen wirkte, sondern es war schon etwas, das einen Impuls über die Jahrhunderte hinaus gab. Man könnte sagen, man weiß, was das in Rußland wurzelnde Slawentum will, man weiß, wie es zusammenwirkt mit dem differenzierten Slawentum, aber da steckt doch noch darinnen dasjenige, was vom Westen her Peter der Große gebracht hat. Nun, Peter der Große hat eben nichts aufgeschrieben, aber er hat in einer gewissen Richtung seine Regierungshandlungen getrieben; was er getan hat, das ist in einer gewissen Richtung, in einem gewissen Stil gehalten. Und so rollt dasjenige, was aus dem Slawentum allein kommt, es rollt parallel und verwebt sich mit dem anderen, was aus dem Westen durch den dort seelisch mächtig gewordenen Peter den Großen gebracht worden ist. Versetzen Sie sich nun einmal in irgendeine Zeit nach Peter dem Großen und schauen Sie sich die europäische Politik an — können Sie da nicht sagen: Ja, in dem, was da fortwirkt von Peter dem Großen her, da sind konkrete Faktoren drinnen, die wirken? — Wer solche Dinge gesehen hat, wie ich sie Ihnen jetzt geschildert habe, der weiß: sie sind da.

Maintenant, un tel Sokolnicki arrive et médite sur les conditions dans lesquelles il a vécu. C'est alors qu'apparaît au fond de son âme ce qu'on appelle le "testament de Pierre le Grand". Il se demande : quelles sont donc les forces qui émanent de Pierre le Grand ? Que se passera-t-il si cela s'accomplit ? Que se passerait-il si l'on mettait par écrit le testament non écrit de Pierre le Grand, si on le pensait écrit à partir de ce qui résulte en partie de l'inspiration, en partie de documents d'État et autres ? - Faut-il donc se demander comment il a trempé sa plume dans l'encre, quelle encre il a utilisée ou comment il a manié sa plume, lorsqu'on s'interroge sur la genèse d'un écrit ? Dans l'histoire du monde, ce n'est pas ainsi.

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Nun kommt so ein Sokolnicki, und über die Verhältnisse, unter denen er gelebt hat, meditiert er. Da geht im Innern seiner Seele auf dasjenige, was man nennt das «Testament Peters des Großen». Er fragt sich: Was liegen denn für Kräfte in dem, was von Peter dem Großen ausgeht? Was wird, wenn das sich vollzieht? Wie wäre das, wenn man das ungeschriebene Testament Peters des Großen niederschriebe, wenn man es niedergeschrieben dächte aus dem, was sich zum Teil aus Eingebungen ergibt, zum Teil aus Staatspapieren und dergleichen? — Muß man denn danach fragen, wie derjenige die Feder in die Tinte getaucht hat oder welche Tinte er benützt hat oder wie er die Feder geführt hat, wenn man nach der Entstehung von einem Schriftstück fragt? In der Weltgeschichte ist es nicht so.

J'ai souvent raconté ici une petite chose qui m'est arrivée un jour. J'ai essayé de démontrer comment l'essai de Goethe sur la nature, l'Hymne à la nature, a été écrit.

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Ich habe öfter eine kleine Sache hier erzählt, die mir selbst einmal passierte. Ich habe versucht nachzuweisen, wie der Goethesche Aufsatz über die Natur, die Hymne an die Natur, entstanden ist.

J'ai prouvé que Goethe se promenait sur l'Ilm avec le Suisse Tobler et qu'il se récitait cet essai.

20

Ich habe nachgewiesen, daß Goethe mit dem Schweizer Tobler an der Ilm spazieren ging und diesen Aufsatz vor sich hin sprach.

Tobler avait une mémoire si excellente qu'il est rentré chez lui et a écrit ce qu'il avait entendu de Goethe et l'a fait paraître dans le "Tiefurter Journal" - qui a été retrouvé à l'époque où j'étais à Weimar. Dans le septième volume des Annales Goethe, j'ai essayé de prouver, pour des raisons intérieures et spirituelles, que cet article du Tiefurter Journal était de Goethe, bien que cet article "Die Natur" soit, d'après l'écriture de Tobler, aussi littéralement que possible dans le Journal.

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Tobler hatte nun ein so ausgezeichnetes Gedächtnis, daß er hinterher nach Hause ging und aufschrieb, was er von Goethe gehört hatte und es im «Tiefurter Journal» — das gerade aufgefunden worden ist zu der Zeit, als ich in Weimar war — erscheinen ließ. Ich habe nun im 7. Band der Goethe-Jahrbücher nachzuweisen versucht, aus innerlichem und geistigem Grunde nachzuweisen versucht, daß dieser Aufsatz im Tiefurter Journal von Goethe war, trotzdem dieser Aufsatz «Die Natur» nach Toblers Handschrift so wörtlich wie möglich im Journal steht.

Il s'agit de ne pas se tromper d'histoire si l'on s'interroge sur l'origine des choses les plus importantes d'une manière, je dirais, prosaïquement littérale et philologique. Certes, le testament est un faux en ce qui concerne l'écriture - mais il est une véritable réalité. Et nous avons la véritable origine du testament, tout de suite l'origine que le comte Polzer a essayé de démontrer, si nous nous disons : le Sokolnicki a écrit cette chose dans une sorte de méditation et de recueillement intérieur, en se rattachant à ce qui était là, donc à ce qui s'est passé. Mais il ne l'a pas tirée de ses doigts ou expérimentée par un simple mysticisme intérieur, mais il l'a vue dans le contexte global des événements mondiaux. Et l'on pourrait dire qu'il a justement voulu toucher ce qui avait été inauguré par Pierre le Grand, ce qu'il avait apporté de l'Occident, mais qui n'était pas encore arrivé.

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Es handelt sich darum, daß man geschichtlich nicht zurechtkommt, wenn man gerade gerade bei den wichtigsten Dingen in einer, ich möchte sagen prosaisch-philiströs wortwörtlichen, philologischen Weise fragt nach dem Ursprung. Gewiß, in bezug auf das Schreiben ist das Testament eine Fälschung — aber es ist eine wahrhaftige Realität. Und wir haben den wirklichen Ursprung des Testamentes, gerade jenen Ursprung, den Graf Polzer nachzuweisen versuchte, wenn wir uns sagen: Der Sokolnicki hat in einer Art von Medita­tion und innerer Versenkung in Anknüpfung an das, was da war, also an das, was geschah, diese Sache aufgeschrieben. Aber er hat sie sich ja nicht aus den Fingern gesogen oder durch eine bloße innere Mystik erfahren, sondern er hat sie im ganzen Zusammen­hang mit den Weltereignissen gesehen. Und man könnte sagen: Er hat gerade das treffen wollen, was von Peter dem Großen inaugu­riert war, was er aus dem Westen gebracht hat, was aber noch nicht geschehen war.

Et maintenant, regardons cette tour babylonienne du Conseil impérial autrichien sous le ministère Taaffe, comme je viens de le décrire. Observons comment l'élément slave est assis, comment il est justement l'élément le plus doué, mais comment il ne peut que semer la confusion. Et si l'on va au fond des choses, on trouve dans ce qui s'exprime là quelque chose comme une continuation de ce testament de Pierre le Grand. On peut donc dire : oui, ce testament de Pierre le Grand agit comme une force historique, mais en même temps, si l'on considère les faits concrets, il agit de telle sorte qu'il déconcerte/induit en erreur. Maintenant, ajoutez à cela ce que j'ai souvent expliqué à d'autres occasions, comment l'Occident a inauguré la politique ultérieure, dont j'ai dit qu'elle pouvait très bien remonter aux années soixante. Cette politique consiste à vouloir provoquer à l'Est ce qui s'est ensuite suffisamment réalisé dans les moindres détails, ce qui a en fait provoqué la catastrophe de la guerre mondiale. On peut alors se dire, si l'on est capable de penser correctement en termes d'histoire, en termes d'histoire intérieure : oui, toute l'affaire de Pierre le Grand n'est-elle pas un merveilleux prélude, un prélude grandiose à ce qui est arrivé plus tard ? - Je voudrais dire que si un esprit quelconque avait voulu produire ce qui est arrivé plus tard au XXe siècle, il n'aurait pas pu mieux créer la confusion qui est partie de l'Est qu'en faisant venir Pierre le Grand à La Haye, où l'on a toujours concocté des choses différentes en ce qui concerne les rapports de la politique européenne, car il y a un court chemin vers l'anglo-américain. Mais Pierre le Grand est ensuite retourné à Saint-Pétersbourg, et il y a inauguré ce qui est devenu le "testament de Pierre le Grand", par lequel on a introduit d'une manière merveilleuse ce qui a justement créé les conditions nécessaires à l'avènement de ce qui est arrivé plus tard.

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Und nun sehen wir uns einmal an diesen babylonischen Turm des österreichischen Reichsrates unter dem Ministerium Taaffe, wie ich ihn nun geschildert habe. Sehen wir uns an, wie das slawische Ele­ment dasitzt, wie es gerade das begabte Element ist, aber eben nur Verwirrung bringen kann. Und geht man dem auf den Grund, so findet man in dem, was da zum Ausdruck kommt, eben etwas wie ein Fortwirken dieses Testaments Peter des Großen. So kann man sagen: Ja, dieses Testament Peters des Großen, es wirkt als eine historische Macht, aber es wirkt zu gleicher Zeit, wenn man die konkreten Tat­sachen ins Auge faßt, so, daß es verwirrt. Nun, nehmen Sie das dazu, was ich oftmals bei anderen Gelegenheiten ausgeführt habe, wie vom Westen inauguriert worden ist die spätere Politik, von der ich gesagt habe, sie läßt sich bis in die sechziger Jahre ganz gut zurückführen. Diese Politik besteht darin, daß angestrebt worden ist, im Osten dasjenige hervorzurufen, was sich ja dann auch hinlänglich erfüllt hat bis in alle Einzelheiten, was dann im Grunde genommen die Welt­kriegskatastrophe hervorgebracht hat. Dann kann man sich ja sagen, wenn man jetzt ordentlich geschichtlich, innerlich geschichtlich zu denken vermag: Ja, ist denn nicht die ganze Sache mit Peter dem Großen ein wunderbares Vorspiel, ein grandioses Vorspiel desjeni­gen, was später gekommen ist? — Ich möchte sagen, wenn irgendein Geist dasjenige hätte erzeugen wollen, was dann später gekommen ist im 20. Jahrhundert, er hätte nicht besser die Verwirrung, die vom Osten ausgeht, anrichten können als dadurch, daß er sich hätte kommen lassen den Peter den Großen nach dem Haag, wo immer verschiedenes gebraut worden ist in bezug auf die Zusammenhänge der europäischen Politik, denn da gibt es einen kurzen Weg nach dem Anglo-Amerikanischen hinüber. Aber es ist Peter der Große dann zurückgegangen nach Petersburg, und er hat dort dasjenige inauguriert, was fortwirkte als «Testament Peters des Großen», womit man in einer wunderbaren Weise das eingeleitet hat, was eben jene Zustände geschaffen hat, die man brauchte, um dann das Spätere herbeizuführen.

Cela sonne, mes très chers présents, quand on dit cela, naturellement toujours ainsi que les choses sont délibérément poussées jusqu'au paradoxe ; mais quand on doit présenter quelque chose brièvement, on ne peut pas faire autrement que de présenter certaines choses de manière plus tranchée. Mais je voulais justement montrer - si l'on voulait être très précis, il faudrait dire certaines choses différemment - comment le testament de Pierre le Grand est effectivement une puissance historique réelle, même si, comme l'a dit le comte Polzer, c'est un faux et que Pierre le Grand n'a jamais écrit quelque chose comme ce testament ou autre. Je vous ai montré comment cela a circulé, comme on peut le voir dans l'exemple des royaumes et des pays représentés au Conseil impérial autrichien. Je vous ai montré comment on peut dire que si l'on prend les discours de Hausner sur la civilisation et que l'on lit tous les discours qui ont été prononcés par Prazâk et d'autres, on sent, j'aimerais dire le vent qui vient de ce Pierre le Grand. On sent dans tous les discours qui ont été tenus contre et pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine, on sent dans ces luttes qui se sont déroulées à l'époque comment quelque chose devait devenir. On a essayé de donner un sens à la politique autrichienne : il n'a pas été possible d'en donner un parce que ce qui devait enlever le sens, ce qui devait d'abord semer la confusion, a agi pour pouvoir provoquer ce qui est arrivé au XIXe siècle et plus tard.

24

Es klingt, meine sehr verehrten Anwesenden, wenn man so etwas sagt, natürlich immer so, als würden die Dinge geradezu absichtlich ins Paradoxe gezerrt; aber wenn man etwas kurz darstellen muß, kann man es nicht anders, als daß man manches in schärferer Weise darstellt. Aber ich wollte eben darstellen — wollte man es ganz genau schildern, so müßte man eben manches anders sagen —, wie tatsächlich das Testament Peters des Großen eine reale historische Macht ist, trotzdem es in dem Sinne, wie Graf Polzer gesagt hat, eine Fälschung ist und Peter der Große niemals so etwas geschrieben hat wie dieses Testament oder dergleichen. Ich habe Ihnen gezeigt, wie es Kreise gezogen hat, wie man sehen kann am Beispiel der im österreichischen Reichsrat vertretenen Königreiche und Länder. Ich habe Ihnen gezeigt, wie man sagen kann, daß es da durchzittert, wenn man die Hausnerschen Reden über die Zivilisation nimmt und alle die Reden liest, die da gehalten wurden von Prazâk und anderen — man spürt, ich möchte sagen den Wind, der von diesem Peter dem Großen kommt. Man spürt in alle den Reden, die gegen und für die Okkupation von Bosnien und der Herzegovina gehalten worden sind, man spürt da in diesen Kämpfen, die sich damals abgespielt haben, wie irgend etwas werden x sollte. Man versuchte, einen Sinn hineinzubringen in die österreichische Politik: Es konnte kein Sinn hineingebracht werden, weil dasjenige wirkte, was den Sinn herausnehmen sollte, was zunächst Verwirrung stiften sollte, um dasjenige bewirken zu können, was dann im 19. Jahrhundert und später gekommen ist.

Malheureusement, le temps a été trop court pour expliquer ces choses aussi précisément qu'elles devraient l'être si l'on voulait les présenter de manière probante. Mais les choses sont telles que l'on peut tout à fait voir comment le testament de Pierre le Grand a agi et comment il est en fait important de comprendre l'efficacité de ce testament. Car ce testament - je ne le dis pas avec une nuance moralisatrice, mais purement comme un fait, sans émotion -, ce testament de Pierre le Grand a en fait détruit l'Autriche, en plus bien sûr de l'incapacité des Allemands en Autriche à comprendre ce testament.

25

Es ist leider die Zeit natürlich zu kurz gewesen, um so genau diese Dinge auszuführen, wie sie ausgeführt werden müßten, wenn man sie etwa beweisend darstellen wollte. Aber es liegt die Sache so, daß man durchaus sehen kann, wie das Testament Peters des Großen wirkte und wie es eigentlich darauf ankommt, die Wirk­samkeit dieses Testamentes zu verstehen. Denn dieses Testament — ich sage das jetzt nicht mit einer moralisierenden Nuance, sondern rein als Tatsache, ohne Emotion —, dieses Testament Peters des Großen hat eigentlich Österreich kaputtgemacht, natürlich neben der Unfähigkeit der Deutschen in Österreich, dieses Testament zu verstehen.

Et c'est pourquoi on peut dire que si l'on veut maintenant vraiment quelque chose de prometteur, il faut remplacer le testament de Pierre le Grand par un autre document. Et là, il est nécessaire d'aller chercher les forces qui viennent d'être présentées par les thèses auxquelles le comte Polzer a fait allusion. Je ne veux pas m'y attarder maintenant. Je voulais juste indiquer en quelques lignes comment on peut se représenter le testament de Pierre le Grand comme une réalité qui a fait des émules, et comment ces émules sont aussi des réalités politiques et historiques.

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Und daher kann man schon sagen: Wer nun wirklich etwas Aussichtsvolles will, der muß eben ein anderes Dokument an die Stelle des Testamentes Peters des Großen setzen. Und da ist es schon notwendig, die Kräfte aufzusuchen, die eben dargestellt wurden durch jene Thesen, auf die Graf Polzer ja hingewiesen hat. Auf diese Sache will ich jetzt nicht eingehen. Ich wollte nur mit ein paar Strichen angeben, wie man sich vorzustellen hat, wie eben das Testament Peters des Großen eine Realität ist, die Kreise gezogen hat, und wie diese Kreise durchaus auch politisch-historische Realitäten sind.

 

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          CINQUIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION -
Dornach, 23 août 1920 -
LE TESTAMENT DE PIERRE LE GRAND.

L'efficacité du Testament de Pierre Le Grand dans les événements politiques du 19ème siècle. La confrontation en Autriche en raison de l'occupation de la Bosnie-Herzégovine. Politiciens hors pair de la monarchie des Habsbourg dans le dernier tiers du 19e siècle. Les aspirations politiques des conditions de Pierre Le Grand. Leur dépôt dans le testament rédigé par Sokolnicky.      Le testament comme un pouvoir politique réel - malgré le manque d'authenticité.
01
Ludwig Polzer-Hoditz fait une conférence sur "Le testament de Pierre le Grand". A l'issue de la discussion, Rudolf Steiner prononce un mot de conclusion.
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Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! Il y aurait bien sûr beaucoup à dire en rattachement avec les explications très stimulantes du comte Polzer et avec les différentes questions qui ont stimulé ceci ou cela dans la discussion. Vu l'heure tardive, nous devrons toutefois nous limiter à quelques points.
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J'aimerais tout d'abord rendre attentif que le comte Polzer a donc manifestement voulu mettre l'accent sur l'importance de l'impulsion donnée par le testament de Pierre le Grand à la politique européenne, plutôt que sur les détails relatifs à l'efficacité de ce testament de Pierre le Grand. Et c'est tout de suite en rapport à cela que je voudrais dire que des choses comme le testament de Pierre le Grand ne peuvent être jugées que dans le contexte global des événements dans lesquels elles sont apparues. Il se trouve que dans les années auxquelles le comte Polzer a fait allusion, dans les années soixante-dix, dans les années qui ont suivi la guerre austro-prussienne de 1866, et ensuite dans les années du gouvernement du comte Taaffe en Autriche, beaucoup de choses se sont passées en Autriche qui allaient dans le sens du testament de Pierre le Grand. On pourrait mettre en exergue différents événements parmi la multitude de ceux-là, l'un illustrant peut-être aussi bien que l'autre ce que l'on veut dire. Je me contenterai d'en souligner quelques-uns, des événements qui n'ont apparemment rien à voir avec le testament de Pierre le Grand, mais dans lesquels ce testament est pourtant tout à fait efficace.


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Prenons la fin de l'époque à laquelle le comte Polzer a particulièrement fait allusion, l'époque où l'Autriche avait reçu du traité de Berlin le mandat d'occuper la Bosnie et l'Herzégovine. L'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine a fait l'objet d'un débat très important au sein de la politique autrichienne. Comme l'a déjà souligné le comte Polzer, il y avait des opposants farouches à ce déplacement du centre de gravité qui poussait l'Autriche vers l'est, et il y avait en Autriche des partisans de cette occupation, de ce déplacement du centre de gravité vers l'est. Les partisans étaient en fait essentiellement ceux qui avaient d'une manière ou d'une autre des raisons particulières de se mettre au service de la politique de la maison Habsbourg. Il faut juste se rappeler qu'à l'époque, cette politique des Habsbourg était déjà tombée à un tel point de décadence qu'elle n'était déjà plus qu'une politique de prestige. Ce qui se préparait depuis un siècle s'était en effet réalisé avec la guerre austro-prussienne, et les Habsbourg avaient besoin d'une sorte de compensation. Ils ont donc eu recours à ce qui a été jeté à l'Autriche. Or, on peut prendre en considération tout ce qui se trouve au fond dans ce point du testament de Pierre le Grand, qui indique comment on doit apporter toujours plus de discorde et de querelle à l'Autriche, en lui donnant apparemment quelque chose. Cette occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine a été une véritable pomme de discorde, et elle n'a été sauvée que par la scission de la soi-disant gauche allemande au sein du Reichsrat autrichien, qui était encore considérée à l'époque, et par la soi-disant gauche bosniaque.
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Vous voyez, le leader de la gauche allemande au Reichsrat autrichien était le député Herbst. La politique d'Herbst s'est développée à partir de la politique d'après 1866 ; c'était une politique soudée par un certain effort pour laisser à l'Autriche une sorte de caractère allemand, tout en lui donnant une sorte de caractère abstrait et libéral. Cette politique s'opposait à l'occupation de la Bosnie, en particulier en la personne du député Herbst, parce que les gens de Herbst se disaient : si l'Autriche reçoit encore plus de Slaves - c'était en effet une addition de Slaves que l'on recevait avec la Bosnie et l'Herzégovine, à l'exception de l'élément turc que l'on y trouvait également -, si l'Autriche reçoit encore plus de Slaves, il sera d'autant moins possible à l'avenir de faire prévaloir l'élément allemand en Autriche.
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Maintenant ce Herbst a donc trouvé une expédition/un dédommagement épigrammatique par Bismarck. Bismarck tenait à ce que l'Autriche soit plongée dans une sorte de confusion, à ce que l'Autriche déplace son centre de gravité vers l'Est, afin que plus jamais aucune aspiration de la part de la puissance domestique des Habsbourg ne puisse s'élever contre les aspirations des Hohenzollern. Car une grande partie de la politique d'Europe centrale au XIXe siècle, notamment au milieu du XIXe siècle et dans la seconde moitié, était en fait une querelle entre les deux puissances domestiques, celle des Habsbourg et celle des Hohenzollern. Bismarck, qui voulait que la puissance des Hohenzollern soit grande, voulait repousser l'Autriche vers la Slavonie, vers l'Est, et cela ne l'arrangeait guère que ces gens de Herbst en Autriche travaillent contre lui. Bismarck a donc, comme c'était sa façon, inventé une épigramme amusante, l'une de ces épigrammes de la vie politique qui tuent celui qu'elles atteignent. Il a appelé les gens de Herbst les "Herbstzeitlosen (dépourvus de temps d'automne)", en faisant remarquer que simplement l'époque exigeait que le centre de gravité de l'Autriche soit déplacé en dehors d'Autriche vers l'Est, et que celui qui ne savait pas s'adapter à cette exigence de l'époque était justement un "Herbstzeitlose", parce que le leader de ce parti libéral allemand autrichien était justement l'automne. Or, toute cette affaire a été sauvée par le fait qu'à cette époque, le jeune Plener, alors qu'il était auparavant tout à fait à l'intérieur du parti des gens d'automne/de Herbst, s'en est sorti avec un certain nombre d'appendices, ce qui a permis de former une majorité au Reichsrat autrichien pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine ; Plener formait alors la gauche bosniaque.
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Ernst von Plener est justement une personnalité caractéristique de ce que le comte Polzer voulait développer aujourd'hui.
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Plener était au parlement autrichien un orateur tout à fait dans le style des orateurs libéraux moyens, un homme qui s'exprimait au Reichsrat autrichien de telle manière que ce qu'il avançait aurait été plus juste en Angleterre. Plener avait en effet été pendant de longues années attaché de légation à l'ambassade d'Autriche à Londres et s'était bien acclimaté à ce que l'on appelle le parlementarisme anglais. Ce parlementarisme anglais, qui s'est très bien développé à partir de l'élément anglais et qui s'y adapte bien, a été transposé plus ou moins heureusement dans toute l'Europe, et il est l'un des facteurs qui prouvent à quel point les impulsions occidentales ont peu à peu gagné en influence sur l'Europe. Je voudrais dire que lorsque Plener s'exprimait au Parlement de Vienne, c'était en fait le politicien formé à la politique anglaise qui s'exprimait. Pour l'Autriche, à laquelle cela ne convenait pas du tout, cela avait bien sûr quelque chose d'extraordinairement abstrait. Il suffit de penser à l'amalgame de nationalités les plus diverses qui existait dans cette Autriche, mais qui était maintenu par le cléricalisme du pouvoir des Habsbourg. Dans ce contexte, le modèle d'opinion anglais avec son système de balancier entre la gauche et la droite se présentait en fait comme un élément tout à fait abstrait.
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Et un tel abstrait comme Plener ne s'est jamais soucié de penser à partir des forces concrètes en présence, mais il pouvait toujours penser autrement. Et Herbst, qui était obstiné, têtu dans un certain sens, est resté sur son point de vue germano-libéral. En revanche, Plener, qui était une sorte d'homme du monde - je le vois encore aujourd'hui : il n'arrivait jamais au Parlement autrement qu'avec des vêtements de couleur claire, toujours un peu retroussés en bas, et avec une sorte de barbe qui tenait le milieu entre le stutzertum et la barbe de diplomate -, Plener pouvait toujours être différent. Il a formé la gauche bosniaque pour rendre un service à l'empereur François-Joseph ou à la maison des Habsbourg, un service qui pourrait être honoré plus tard. Je dois dire qu'il m'a toujours semblé qu'il y avait un certain lien entre deux événements, entre la formation de la gauche bosniaque au parlement autrichien par Ernst von Plener à l'occasion de l'occupation de la Bosnie-Herzégovine et un événement ultérieur, apparemment insignifiant, mais qui doit être pris en compte comme symptomatique. Plener est ensuite devenu brièvement ministre des Finances lorsque le ministère de coalition Windischgrätz a remplacé le ministère Taaffe ; c'est ce à quoi il a toujours aspiré. Mais la gloire n'a pas duré longtemps. Il s'est alors passé quelque chose qui indique toujours que des forces souterraines sont à l'œuvre. Plener est devenu président de la Cour suprême des comptes et s'est ensuite curieusement retiré de la politique, bien qu'il ait toujours joué un rôle remarquable au sein de son parti. Et lorsqu'on l'a interviewé un jour pour savoir pourquoi il s'était retiré, il a répondu : "C'est quelque chose qui ne concerne que moi et mon empereur, c'est un secret dont je ne veux pas parler". J'ai toujours dû reconnaître un certain lien entre les événements qui se sont déroulés lors de la formation de la gauche bosniaque dans les années 1970 et cet événement qui n'a eu lieu que dans les années 1990. Regardons ce qui s'est passé après l'occupation bosniaque. Le deuxième ministère du comte Taaffe a vu le jour en Autriche, après que les dernières phases de ce système de gouvernement par concession se soient déroulées, précisément parce que l'on essayait de savoir, après la guerre austro-prussienne, si l'on pouvait ou non s'accommoder de l'élément allemand en Autriche. C'est ce qu'on a essayé de faire avec le soi-disant ministère des citoyens de 1867 à 1870, d'abord avec le prince Carlos Auersperg, puis avec l'épisode de Potocki et Hohenwart, où l'élément slave s'est affirmé. Mais ensuite, de 1871 à la fin des années 70, est venu le ministère du prince Adolf Auersperg, à nouveau une sorte de ministère des citoyens, qui, comme je l'ai dit, constituait la dernière phase de ce que l'on essayait de faire. Puis vint le ministère du comte Taaffe. Voyons un peu ce ministère Taaffe. Il s'est occupé des affaires gouvernementales en Autriche pendant plus d'une décennie, on peut dire, dans les années 80, et c'est là que s'est déroulé, je dirais dans le tableau, tout ce qui est un compendium de la politique européenne. Taaffe est Premier ministre ; il se maintient à la tête du ministère, malgré le fait qu'il soit une tête tout à fait incompétente. Il se maintient au ministère principalement parce qu'il sait particulièrement bien projeter des lapins sur les murs avec son mouchoir et ses doigts, le soir, lors des conversations à la cour. Cela plaisait tellement aux dames de la cour, lorsque le comte Taaffe faisait des lapins et d'autres tours similaires, et c'est ainsi qu'il s'est maintenu aussi longtemps dans le gouvernement autrichien. On peut dire que dans ces années 1980, la germanité était donc repoussée en Autriche. Les Länder de ce côté-ci de la Leitha - oui, cette région n'avait pas vraiment de nom, on appelait cette région, ce qui était de ce côté-ci de la Leitha, "les royaumes et les Länder représentés au Conseil impérial", et les Länder de l'autre côté de la Leitha, qui avaient au moins un nom synthétique, on les appelait "les Länder de la Sainte Couronne de Saint-Étienne" -, les Länder de ce côté-ci de la Leitha, donc "les royaumes et les Länder représentés au Conseil impérial", étaient alors gouvernés par le ministère à la tête duquel se trouvait Taaffe. Certains journaux humoristiques écrivaient Taaffe de manière très étrange : Ta - affe (c'est écrit au tableau - ndt affe veut dire "singe").
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Il était également difficile de trouver un nom commun pour ces pays, car qu'englobait ce territoire "des royaumes et pays représentés au Conseil impérial" ? Il y avait d'abord la Bucovine, puis le royaume de Galicie avec la Ruthénie, dont la capitale était Lviv ; il y aurait environ Cracovie (on la dessine au tableau). Cette Galicie était principalement habitée par l'élément polonais (hachuré, à gauche), mais ici par l'élément ruthène (hachuré, à droite) - les ruthènes étant une sorte de Slaves, les Polonais une sorte de Slaves. Ensuite, il y avait la région silésienne, la région morave et la région tchèque - partout des Slaves et des Allemands mélangés. Puis vient la Basse et la Haute-Autriche, Salzbourg, le Vorarlberg, le Tyrol, la Styrie jusqu'à Brunn - en grande partie allemande ; puis slave du sud, slovène en Carinthie et en Carniole ; ici en bas, l'Istrie et la Dalmatie. De l'autre côté de la Leitha se trouvaient les pays de la Sainte Couronne de Saint-Étienne : ici la Hongrie avec la Transylvanie, puis la Croatie avec la Slavonie. Ici, nous aurions à chercher quelque part la Leitha ; tout ce qui se trouvait ici, de l'autre côté, tous ces peuples mélangés, formaient les "royaumes et pays représentés au Conseil impérial".
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Comment était la représentation des "royaumes et pays représentés au Conseil impérial" à Vienne ? Elle était au fond assez mémorable. Regardez le banc des ministres : au centre se trouvait Taaffe, le fabricant de lapins au front fuyant, à sa droite Dunajewski, le ministre des Finances, un Urpole (Polonais originel), puis une personnalité marquante, le ministre Prazâk, un Tchèque, et Smolka, un Urpole, un de ces Polonais qui ont été décapités in effigie en Autriche parce qu'ils étaient des traîtres à l'État, mais qui s'est ensuite relevé [politiquement]. On peut dire que lorsqu'on parlait de ces personnalités, c'était dans un certain sens extrêmement intéressant.
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Sur le premier banc des députés de gauche - disons, par exemple, qu'il s'agissait d'un débat budgétaire - était assis un bon Allemand, Carneri ; vous connaissez la figure de Carneri dans mon livre "De l'énigme humaine". Il entamait le débat dans le sens de l'Europe centrale ; il lançait généralement les accusations les plus terribles contre ce ministère Taaffe. L'un de ses discours les plus efficaces se terminait par ces mots - c'était peut-être en 1883 - : "Pauvre Autriche ! - Puis, un peu plus loin, il y avait Herbst, Plener et ainsi de suite. Mais tout ce qui parlait en Autriche parlait en fait comme les gens d'un courant disparu. Ce que disait Carneri, par exemple, était beau, spirituel, grand, mais ce n'était pas quelque chose qui pouvait vivre. Mais quelque chose d'autre vivait à l'époque en Autriche ; quelque chose vivait vraiment en Autriche lorsque le député polonais Otto Hausner parlait, par exemple. En Autriche, cela ne comptait pas tellement qu'un député ait un nom allemand ; car si l'on s'appelait par exemple Grégr et que l'on était un député libéral jeune-tchèque, c'est-à-dire que l'on avait un nom avec un crochet, avant de devenir tchèque, on s'appelait Gröger ; il y a de telles métamorphoses. Quand Otto Hausner parlait, il soulignait en même temps qu'il parlait tout de même à partir de l'élément polonais, et c'est ce qu'il faisait, même s'il soulignait qu'il avait des globules de sang alémanique dans les veines - je ne sais pas ce que c'est, des globules de sang alémanique. Il n'a pas été une personne sympathique pour moi. Je m'en souviens encore très bien:
quand on se promenait dans la Herrengasse à Vienne et que le vieux Hausner passait par là, ce vieux coquin avec son monocle, qui se mouchait encore, bien qu'il n'ait pas l'air d'un vieil homme très mignon ; il n'était pas vraiment une personnalité sympathique. Il faut dire qu'au cours de ces années qui comptaient justement, quand Hausner parlait, il parlait de telle manière que l'histoire mondiale roulait à travers lui. Et je voudrais dire que lorsque Otto Hausner parlait, on entendait rouler les mots du testament de Pierre le Grand. On les entendait rouler lorsqu'il parlait du fait que les Autrichiens ne devaient pas se laisser duper par Berlin, par Bismarck, qu'ils ne devaient pas accepter le traité de Berlin. C'est l'époque qui parle, l'époque qui roule, quand Otto Hausner parle du chemin de fer de l'Arlberg, en tant que chemin de fer stratégique, pour rendre possible une alliance entre l'Autriche et la France contre la politique allemande. Et on aimerait dire que dans les discours d'Otto Hausner de l'époque, il y avait quelque chose qui prédisait de manière prophétique tout ce qui est devenu par la suite. Mais il y avait en particulier un discours de Hausner sur la "germanité et l'Empire allemand", dans lequel il présentait de manière rhétorique, dans une caractéristique tout à fait merveilleuse, tous les côtés sombres, en particulier les côtés sombres de la germanité et de l'être allemand, jamais les côtés lumineux. Ce député polonais, Otto Hausner, a su à l'époque, d'une manière merveilleuse, intégrer dans son discours tout ce qui, en Europe centrale, menait à la ruine. En dehors de lui, un personnage étrange, qui s'appelait Dzieduszycki, prenait souvent la parole. C'était extraordinairement curieux, car lorsqu'il parlait, on avait l'impression qu'il n'avait pas seulement une boulette, mais deux boulettes dans la bouche (ndt spécialité de boulettes de pomme de terre pochées) qui se rejoignaient et se séparaient. Mais malgré tout, quand il parlait, l'histoire du monde roulait à travers ce qu'il disait. C'était l'histoire du monde qui parlait - et c'était aussi le cas de bien d'autres personnes assises là. Et encore une fois, quand ces gens ne parlaient qu'à partir de leur personnalité, ce n'était pas du tout l'histoire du monde.
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À l'époque où, en Autriche, la loi sur l'école, déjà ruinée par les libéraux, devait être complètement ruinée - comment la majorité s'est-elle formée ? Je vais vous révéler un grand secret : malgré la politique autrichienne, l'Autriche a effectivement eu les meilleurs lycées jusque dans les années 70 ; et le futur ministre de l'éducation Gautsch n'a réussi que très difficilement à détruire ces bons lycées d'un certain point de vue. Et vous savez à qui revient la faute d'avoir créé ces bons lycées en Autriche - bons pour l'époque ? C'est l'anticlérical Leo Graf Thun qui a introduit ces lycées en Autriche. En Autriche, il était curieux de constater que l'objectivité s'alliait parfois à la politique la plus têtue. Ce clérical tout à fait noir dans de nombreuses directions, le comte Leo Thun, a mis en place un système scolaire brillant en Autriche, qui a ensuite été interrompu par les libéraux, et ce que les libéraux ont laissé sera encore plus ruiné par la suite. Comment s'est formée la majorité au Reichsrat sur ces questions ? Oui, ces majorités se sont formées de manière étrange. Il y avait les Ruthènes, et il y avait les Polonais. Si l'on voulait faire passer certaines choses qui étaient plus faciles à faire passer avec les Polonais, on formait un ministère composé d'Allemands et de Polonais. Et si l'on voulait imposer quelque chose d'une autre nature, on éliminait les Polonais et on formait une majorité d'Allemands et de Ruthènes. Les Ruthènes et les Polonais, qui se battaient alors terriblement, servaient à faire pencher la balance. Et selon ce que l'on mettait dans le plateau de la balance à la fin, il en résultait le contraire. Or, à l'époque où la loi sur l'école devait être entièrement détruite, ce sont justement les Polonais qui faisaient pencher la balance ; il fallait donc négocier quelque chose entre les cléricaux et les Polonais. Si les cléricaux s'associaient aux Polonais, on se disait que la loi sur l'école pourrait être détruite. Mais les Polonais ont tout de même eu l'intelligence de dire que l'on ne pouvait pas faire cela à la Galicie en imposant une [nouvelle] loi scolaire à leur pays. Et c'est là qu'ils ont trouvé une solution et ont dit : "Oui, nous allons avec vous, nous supprimons l'[ancienne] loi scolaire, seule la Galicie est exclue". - Ce qui est étrange, c'est qu'un élément slave a servi de couverture, mais cet élément slave s'est exclu lui-même de ce qu'il a clairement admis vouloir exclure de son propre pays. Telle était les conditions/rapports particuliers en Autriche à l'époque.
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Là siègeait aussi encore la figure caractéristique de l'ancien Tchèque Rieger. Alors que les Allemands gouvernaient de manière libérale, formaliste et abstraite, les Tchèques n'entraient pas au Parlement de Vienne ; ils s'absentaient. Le comte Taaffe eut alors le grand mérite extérieur de faire revenir le club tchèque. C'est ainsi que Rieger se trouvait maintenant parmi ces parlementaires viennois : une figure extraordinairement caractéristique, pleine de feu intérieur, une petite figure un peu chétive, mais avec une tête puissante, des yeux d'où l'on croyait qu'il sortirait à la fin non pas un, mais plusieurs diables, crachant du feu. Il y avait en effet quelque chose d'extraordinairement vivant en lui.
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Vous voyez, c'était la situation. On pourrait dire que l'on savait qu'il y avait un élément que l'on ne pouvait pas saisir, mais on pouvait le voir : le testament de Pierre le Grand s'exprimait vraiment à travers cette configuration particulière en Autriche. Quand on avait ces conditions concrètes devant soi, on savait qu'il y avait quelque chose comme ça. En fait, on savait exactement pourquoi, par exemple, la politique du comte Andrâssy - qui, bien que hongrois, a été un temps ministre autrichien des Affaires étrangères - a eu du mal à s'imposer : parce que les gens ne pouvaient pas s'imaginer que l'Autriche devait se tourner vers l'Est, vers les pays slaves. On voyait bien que l'élément slave s'affirmait, mais on ne pouvait pas se dire autre chose : Oui, que va-t-il advenir de tout cela ? Qu'est-ce qui veut devenir là ? Qu'est-ce que donc que le tout ? - Et on voyait en fait l'élément slave agir tout de suite sous ce Taaffe, ce Taaffe incompétent - il avait en effet parmi ses ministres quelques têtes slaves très compétentes, par exemple comme Dunajewski, le ministre polonais des Finances, ou encore Prazâk. Mais à travers l'élément slave, c'est la confusion qui agit ; des têtes compétentes, des têtes tout à fait excellentes en partie, mais à travers l'ensemble, c'est quand même la confusion qui agit.
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Et c'est encore plus vrai avec l'élément allemand, la confusion a agi.
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Maintenant, s'il vous plaît, faites le lien avec autre chose, faites le lien avec le fait que Pierre le Grand est la personnalité qui, dans sa jeunesse, va à l'Ouest, à La Haye, revient de l'Ouest à Saint-Pétersbourg, qu'il est la personnalité qui s'efforce d'introduire l'essence occidentale en Russie, contre les aspirations de beaucoup de ceux qui croyaient être des gens authentiquement russes, orthodoxes-russes. Essayez de vous rendre compte des rapports historiques entre la russité et ce que Pierre le Grand a apporté en Russie. Ce qu'il y a apporté, Pierre le Grand, n'était effectivement pas quelque chose qui n'agissait que pour demain ou après-demain, mais c'était déjà quelque chose qui donnait une impulsion au-delà des siècles. On pourrait dire que l'on sait ce que veut le slavisme enraciné en Russie, on sait comment il interagit avec le slavisme différencié, mais il y a encore là ce que Pierre le Grand a apporté de l'Occident. Eh bien, Pierre le Grand n'a rien écrit, mais il a mené ses actions gouvernementales dans une certaine direction ; ce qu'il a fait, il l'a fait dans une certaine direction, dans un certain style. Et c'est ainsi que ce qui vient du slavisme seul roule en parallèle et s'entrelace avec ce qui a été apporté de l'Occident par Pierre le Grand, qui est devenu puissant selon l'âme. Si vous vous reportez à une époque quelconque après Pierre le Grand et que vous observez la politique européenne, ne pouvez-vous pas dire : oui, il y a des facteurs concrets qui agissent dans ce qui se perpétue depuis Pierre le Grand ? - Quiconque a vu des choses comme celles que je viens de vous décrire sait qu'elles sont là.
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Maintenant, un tel Sokolnicki arrive et médite sur les conditions dans lesquelles il a vécu. C'est alors qu'apparaît au fond de son âme ce qu'on appelle le "testament de Pierre le Grand". Il se demande : quelles sont donc les forces qui émanent de Pierre le Grand ? Que se passera-t-il si cela s'accomplit ? Que se passerait-il si l'on mettait par écrit le testament non écrit de Pierre le Grand, si on le pensait écrit à partir de ce qui résulte en partie de l'inspiration, en partie de documents d'État et autres ? - Faut-il donc se demander comment il a trempé sa plume dans l'encre, quelle encre il a utilisée ou comment il a manié sa plume, lorsqu'on s'interroge sur la genèse d'un écrit ? Dans l'histoire du monde, ce n'est pas ainsi.
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J'ai souvent raconté ici une petite chose qui m'est arrivée un jour. J'ai essayé de démontrer comment l'essai de Goethe sur la nature, l'Hymne à la nature, a été écrit.
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J'ai prouvé que Goethe se promenait sur l'Ilm avec le Suisse Tobler et qu'il se récitait cet essai.
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Tobler avait une mémoire si excellente qu'il est rentré chez lui et a écrit ce qu'il avait entendu de Goethe et l'a fait paraître dans le "Tiefurter Journal" - qui a été retrouvé à l'époque où j'étais à Weimar. Dans le septième volume des Annales Goethe, j'ai essayé de prouver, pour des raisons intérieures et spirituelles, que cet article du Tiefurter Journal était de Goethe, bien que cet article "Die Natur" soit, d'après l'écriture de Tobler, aussi littéralement que possible dans le Journal.
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Il s'agit de ne pas se tromper d'histoire si l'on s'interroge sur l'origine des choses les plus importantes d'une manière, je dirais, prosaïquement littérale et philologique. Certes, le testament est un faux en ce qui concerne l'écriture - mais il est une véritable réalité. Et nous avons la véritable origine du testament, tout de suite l'origine que le comte Polzer a essayé de démontrer, si nous nous disons : le Sokolnicki a écrit cette chose dans une sorte de méditation et de recueillement intérieur, en se rattachant à ce qui était là, donc à ce qui s'est passé. Mais il ne l'a pas tirée de ses doigts ou expérimentée par un simple mysticisme intérieur, mais il l'a vue dans le contexte global des événements mondiaux. Et l'on pourrait dire qu'il a justement voulu toucher ce qui avait été inauguré par Pierre le Grand, ce qu'il avait apporté de l'Occident, mais qui n'était pas encore arrivé.
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Et maintenant, regardons cette tour babylonienne du Conseil impérial autrichien sous le ministère Taaffe, comme je viens de le décrire. Observons comment l'élément slave est assis, comment il est justement l'élément le plus doué, mais comment il ne peut que semer la confusion. Et si l'on va au fond des choses, on trouve dans ce qui s'exprime là quelque chose comme une continuation de ce testament de Pierre le Grand. On peut donc dire : oui, ce testament de Pierre le Grand agit comme une force historique, mais en même temps, si l'on considère les faits concrets, il agit de telle sorte qu'il déconcerte/induit en erreur. Maintenant, ajoutez à cela ce que j'ai souvent expliqué à d'autres occasions, comment l'Occident a inauguré la politique ultérieure, dont j'ai dit qu'elle pouvait très bien remonter aux années soixante. Cette politique consiste à vouloir provoquer à l'Est ce qui s'est ensuite suffisamment réalisé dans les moindres détails, ce qui a en fait provoqué la catastrophe de la guerre mondiale. On peut alors se dire, si l'on est capable de penser correctement en termes d'histoire, en termes d'histoire intérieure : oui, toute l'affaire de Pierre le Grand n'est-elle pas un merveilleux prélude, un prélude grandiose à ce qui est arrivé plus tard ? - Je voudrais dire que si un esprit quelconque avait voulu produire ce qui est arrivé plus tard au XXe siècle, il n'aurait pas pu mieux créer la confusion qui est partie de l'Est qu'en faisant venir Pierre le Grand à La Haye, où l'on a toujours concocté des choses différentes en ce qui concerne les rapports de la politique européenne, car il y a un court chemin vers l'anglo-américain. Mais Pierre le Grand est ensuite retourné à Saint-Pétersbourg, et il y a inauguré ce qui est devenu le "testament de Pierre le Grand", par lequel on a introduit d'une manière merveilleuse ce qui a justement créé les conditions nécessaires à l'avènement de ce qui est arrivé plus tard.
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Cela sonne, mes très chers présents, quand on dit cela, naturellement toujours ainsi que les choses sont délibérément poussées jusqu'au paradoxe ; mais quand on doit présenter quelque chose brièvement, on ne peut pas faire autrement que de présenter certaines choses de manière plus tranchée. Mais je voulais justement montrer - si l'on voulait être très précis, il faudrait dire certaines choses différemment - comment le testament de Pierre le Grand est effectivement une puissance historique réelle, même si, comme l'a dit le comte Polzer, c'est un faux et que Pierre le Grand n'a jamais écrit quelque chose comme ce testament ou autre. Je vous ai montré comment cela a circulé, comme on peut le voir dans l'exemple des royaumes et des pays représentés au Conseil impérial autrichien. Je vous ai montré comment on peut dire que si l'on prend les discours de Hausner sur la civilisation et que l'on lit tous les discours qui ont été prononcés par Prazâk et d'autres, on sent, j'aimerais dire le vent qui vient de ce Pierre le Grand. On sent dans tous les discours qui ont été tenus contre et pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine, on sent dans ces luttes qui se sont déroulées à l'époque comment quelque chose devait devenir. On a essayé de donner un sens à la politique autrichienne : il n'a pas été possible d'en donner un parce que ce qui devait enlever le sens, ce qui devait d'abord semer la confusion, a agi pour pouvoir provoquer ce qui est arrivé au XIXe siècle et plus tard.
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Malheureusement, le temps a été trop court pour expliquer ces choses aussi précisément qu'elles devraient l'être si l'on voulait les présenter de manière probante. Mais les choses sont telles que l'on peut tout à fait voir comment le testament de Pierre le Grand a agi et comment il est en fait important de comprendre l'efficacité de ce testament. Car ce testament - je ne le dis pas avec une nuance moralisatrice, mais purement comme un fait, sans émotion -, ce testament de Pierre le Grand a en fait détruit l'Autriche, en plus bien sûr de l'incapacité des Allemands en Autriche à comprendre ce testament.
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Et c'est pourquoi on peut dire que si l'on veut maintenant vraiment quelque chose de prometteur, il faut remplacer le testament de Pierre le Grand par un autre document. Et là, il est nécessaire d'aller chercher les forces qui viennent d'être présentées par les thèses auxquelles le comte Polzer a fait allusion. Je ne veux pas m'y attarder maintenant. Je voulais juste indiquer en quelques lignes comment on peut se représenter le testament de Pierre le Grand comme une réalité qui a fait des émules, et comment ces émules sont aussi des réalités politiques et historiques.