Institut pour une triarticulation sociale
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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA337a

IDÉES SOCIALES, RÉALITÉ SOCIALE, PRATIQUE SOCIALE




DEUXIÈME SÉANCE D'ÉTUDES -
Stuttgart, 3 mars 1920 -
COMMENT LE TRAVAIL DE TRIARTICULATION DOIT-IL ÊTRE POURSUIVI ?
ZWEITER STUDIENABEND -
Stuttgart, 3. März 1920 -
WIE SOLL DIE DREIGLIEDERUNGSARBEIT FORTGEFÜHRT WERDEN?

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 337a  138-168 1983  03/03/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 15/05/2023 Editeur: SITE

Regardant en arrière sur les efforts passés et leur échec. Comment cela devrait continuer : réalisation pratique de l'idée de tri-articulation par création d’institutions économiques modèles. Pourquoi un tel changement de cap est nécessaire ? La nécessité d'une organisation associative de la vie de l’économie. Ce que sont les associations. Les étapes du récent développement économique. Les conséquences du capitalisme d'argent : sol et moyens de production seront placés sur le même pied que les biens de consommation. Les effets nocifs de formations de trusts. La création d'un véritable réseau de relations économiques par les associations. Idée de la tri-articulation comme la contre image de toutes les utopies sociales. Ce qui différencie le sol par des moyens industriels de production et des marchandises. Les concepts dans le social ont besoin d'être mobiles. Il ne peut pas y avoir d'anthroposophie sans tri-articulation. Comme une famine peut être évitée. Les conditions pour une nouvelle efficacité de la politique étrangère de l’Europe centrale. Sur le travail commun avec d'autres partis et la participation à des élections.


Rückblick auf die bisherigen Bemühungen und ihr Fehlschlagen. Wie es weitergehen soll: praktische Verwirklichung der Dreigliederungsidee durch Schaffung von wirtschaftlichen Musterinstitutionen. Warum eine solche Kursänderung nötig ist. Die Notwendigkeit einer assoziativen Gestaltung des Wirtschaftslebens. Was Assoziationen sind. Stufen der neueren wirtschaftlichen Entwicklung. Die Folgen des Geldkapitalismus: Boden und Produktionsmittel werden auf die gleiche Stufe wie Konsumgüter gestellt. Die schädlichen Auswirkungen von Trustbildungen. Die Schaffung eines realen wirtschaftlichen Beziehungsnetzes durch die Assoziationen. Idee der Dreigliederung als das Gegenbild aller sozialen Utopien. Was den Boden vom industriellen Produktionsmittel und von der Ware unterscheidet. Die Begriffe im Sozialen müssen beweglich sein. Es kann keine Anthroposophie ohne Dreigliederung geben. Wie eine Hungersnot vermieden werden kann. Die Bedingungen für eine neue außenpolitisch Wirksamkeit Mitteleuropas. Über die Mitarbeit in anderen Parteien und die Beteiligung an Wahlen.




Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! Ce que j'aurai à dire dans ces paroles d'introduction sortira bien sûr un peu des habitudes de ces soirées, pour la simple raison que je suis arrivé en quelque sorte par surprise et qu'il n'est donc pas possible de reprendre immédiatement là où nous nous sommes arrêtés la dernière fois. Je pense donc qu'aujourd'hui, l'accent devra être mis sur la discussion elle-même, à laquelle je vous invite à participer en grand nombre.

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Rudolf Steiner: Meine sehr verehrten Anwesenden! Das, was ich in diesen einleitenden Worten werde zu sagen haben, wird ja selbstverständlich etwas herausfallen aus den Gepflogenheiten, wie sie hier an diesen Abenden bisher waren, aus dem einfachen Grunde, weil ich gewissermaßen hereingeschneit bin und es daher nicht möglich ist, unmittelbar gerade da fortzusetzen, wo das letzte Mal aufgehört worden ist. So wird wohl heute vielleicht der Schwerpunkt liegen müssen in der Diskussion selbst, an der ich Sie bitte, sich zahlreich zu beteiligen.

Lorsque nous avons commencé, il y a dix mois, ici à Stuttgart, à populariser les idées qui sont à la base de la triarticulation sociale, cette entreprise était tout à fait pensée dans le sens des événements de l'époque. Nous nous trouvions alors, en tant que membres des régions étatiques, spirituelles et économiques d'Europe centrale - immédiatement après le coup terrible porté à l'Europe centrale par les événements terribles des quatre à cinq dernières années -, nous nous trouvions alors devant toutes les questions qui devaient être soulevées du point de vue : comment devons-nous nous comporter en tant qu'humains d'Europe centrale, qui - disons-le sèchement - étaient justement à l'époque "les vaincus" ? Et là, il fallait partir du principe que - compte tenu des terribles expériences, moins maintenant des événements de la guerre que de ceux de la fin de la guerre, qui, bien sûr, ne sont pas moins terribles que les événements de la guerre eux-mêmes - il fallait éveiller la compréhension d'un nombre suffisamment important de personnes pour les idées de réorganisation sociale qui auraient pu conduire à une reconstruction des affaires européennes précisément à partir du cercle des vaincus.

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Als wir jetzt vor zehn Monaten hier in Stuttgart begonnen haben mit der Popularisierung jener Ideen, die der sozialen Dreigliederung zugrundeliegen, da war dieses Unternehmen durchaus gedacht im Sinne der damaligen Zeitereignisse. Wir standen damals als Angehörige der mitteleuropäischen Staats-, Geistes- und Wirtschaftsgebiete — unmittelbar nach dem furchtbaren Schlag, den die Schreckensereignisse der letzten vier bis fünf Jahre Mitteleuropa gebracht hatten —, wir standen dazumal eben vor all denjenigen Fragen, die aufgeworfen werden mußten unter dem Gesichtspunkt: Wie haben wir uns zu verhalten als Menschen Mitteleuropas, die — nun, sagen wir es trocken — eben damals «die Besiegten» waren? Und da mußte die Anschauung zugrundegelegt werden, daß — angesichts der furchtbaren Erlebnisse, weniger jetzt der Kriegsereignisse als derjenigen des Kriegsausganges, die, natürlich in anderer Beziehung, nicht weniger schrecklich sind als die Kriegsereignisse selber — Verständnis erweckt werden müßte bei einer genügend großen Anzahl von Menschen für diejenigen Ideen von einer sozialen Neugestaltung, die gerade aus dem Kreise der Besiegten heraus zu einem Wiederaufbau der europäischen Angelegenheiten hätten führen können.

Quand on a affaire, mes chers amis, à la propagande d'une idée quelconque, on entend très souvent dire qu'il s'agit d'idées de longue portée. On dit que l'on peut peut-être espérer que de telles idées se réaliseront un jour dans un avenir lointain - et selon que l'on est plus ou moins optimiste, on indique alors des délais plus ou moins longs -, que l'on peut seulement travailler pour que l'humanité se rapproche de tels idéaux, et ainsi de suite. Mais au début de notre travail, l'époque ne nous incitait pas à penser dans cette direction. On voulait alors dire que la prochaine nécessité consistait à susciter dans le plus grand nombre possible d'esprits la compréhension de l'impulsion de la triarticulation de l'organisme social : pour une vie de l'esprit indépendante, pour une vie étatique ou de droit indépendante et pour une vie économique indépendante. On aurait pu espérer que les événements amers auraient pu faire naître cette compréhension chez les humains. Mais il s'est avéré qu'à l'époque où cela aurait été nécessaire, cette compréhension n'a effectivement pas pu être générée chez un nombre suffisamment important d'humains - pour des raisons qu'il n'est pas nécessaire d'aborder plus avant aujourd'hui. Et aujourd'hui, la question est soulevée à juste titre par certains : cette idée de la triarticulation peut-elle continuer à être cultivée de la même manière qu'autrefois ? Ne sommes-nous pas déjà trop avancés dans la dégradation de notre vie économique ? Celui qui observe la vie économique actuelle ne peut pas répondre sans autre - je dis intentionnellement "sans plus" - à cette question par la négative. Car, supposons qu'à l'époque où nous avons commencé notre travail en avril de l'année dernière, nous ayons eu le succès nécessaire grâce à la complaisance d'un nombre suffisamment important d'humains - qui auraient certainement pu faire changer les choses -, il va de soi que notre vie économique serait aujourd'hui sur un tout autre pied. Cela peut paraître présomptueux à certains de dire cela, mais c'est pourtant le cas. Et les différents articles qui ont été publiés dans notre journal de triarticulation peuvent servir de preuve, de justificatif de ce que je viens de dire.


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Wenn man es zu tun hat, meine lieben Freunde, mit der Propagierung irgendeiner Idee, so hört man sehr häufig das Wort, das seien weittragende Ideen. Es wird gesagt, man könne vielleicht hoffen, daß solche weittragende Ideen sich in ferner Zeit einmal verwirklichen lassen werden — und je nach dem größeren oder geringeren Optimismus werden dann größere oder kleinere Zeiträume angegeben —, man könne nur dahin arbeiten, daß die Menschheit sich solchen Idealen annähere und so weiter. Aber zu Gedanken, die sich in dieser Richtung bewegen, forderte die Zeitlage bei Beginn unserer Arbeit eigentlich nicht heraus. Gemeint war dazumal, daß die nächste Notwendigkeit darin besteht, in möglichst vielen Köpfen Verständnis hervorzurufen für den Impuls der Dreigliederung des sozialen Organismus: für ein selbständiges Geistesleben, für ein selbständiges Staats- oder Rechtsleben und für ein selbständiges Wirtschaftsleben. Man hat hoffen können, daß die bitteren Ereignisse dieses Verständnis bei den Menschen hätten hervorbringen können. Es hat sich aber gezeigt, daß in der Zeit, in der es notwendig gewesen wäre, dieses Verständnis in einer genügend großen Anzahl von Menschen tatsächlich nicht hat hervorgebracht werden können — aus Gründen, die heute nicht weiter berührt werden sollen. Und heute wird mit Recht von mancher Seite her die Frage aufgeworfen: Kann denn eigentlich diese Idee der Dreigliederung in derselben Weise weitergepflegt werden wie dazumal? Sind wir denn heute nicht schon im Abbau unseres Wirtschaftslebens zu stark vorgerückt? Wer allerdings dieses Wirtschaftsleben der Gegenwart durchschaut, der kann nicht so ohne weiteres — ich sage absichtlich «nicht ohne weiteres» -- diese Frage verneinen. Denn, setzen wir einmal die Hypothese, man hätte dazumal, als wir im April des vorigen Jahres mit unserer Arbeit begonnen haben, durch das Entgegenkommen einer genügend großen Anzahl von Menschen - die ganz gewiß hätten herbeiführen können eine Änderung der Verhältnisse -, wir hätten in der Tat den nötigen Erfolg gehabt: dann stünde selbstverständlich heute unser Wirtschaftsleben auf einem ganz anderen Boden. Es mag manchem anmaßend erscheinen, wenn ich das sage, aber es ist doch so. Und die verschiedenen Artikel, die in unserer Dreigliederungszeitung gekommen sind, können ja als Beweis, als Beleg des soeben Gesagten dienen.

Si nous, qui travaillons en cercle restreint à la poursuite des idées de la triarticulation, croyons néanmoins tout à fait que le travail doit être poursuivi, nous sommes d'autre part aussi profondément convaincus que la voie qui vient d'être empruntée - convaincre un nombre suffisamment grand d'âmes de la nécessité de la triarticulation - ne peut aujourd'hui conduire assez rapidement au succès. C'est pourquoi nous devons aujourd'hui penser à des entreprises immédiatement pratiques, dont la forme doit déjà se présenter dans un avenir proche devant notre proche contemporain. Nous devons penser à atteindre notre objectif par le biais de certaines institutions qui peuvent remplacer ce qui aurait été réalisé par la coopération d'un nombre suffisamment important de personnes convaincues. Nous devons au moins tenter de créer, par le biais d'institutions qui sont des institutions économiques, les premières institutions modèles qui permettront de voir que nos idées peuvent être concrètement réalisées dans de telles institutions économiques. Celles-ci pourront alors faire des émules, dans le sens où l'on croira alors aux faits ce que l'on ne voulait pas croire auparavant aux paroles qui nous semblaient convaincantes. D'autre part, ces institutions modèles pourront effectivement avoir des conséquences économiques telles qu'une partie de l'héliocentrisme économique qui s'est déjà produit pourra être réparé. En effet, un grand nombre de personnes en Europe centrale en sont arrivées au point de ne plus se soucier du lieu d'où elles tirent leurs bénéfices. Ils se laissent éventuellement donner les directives et les soubassements matériels par les vainqueurs, si cela leur permet d'avoir des bénéfices correspondants. La manière dont on pense aujourd'hui dans certains milieux à s'aider économiquement en Europe centrale est tout à fait honteuse. Il faut donc penser à créer, à partir de l'idée de triarticulation elle-même, des institutions pratiques qui pourront apporter la preuve - même dans des conditions déjà très difficiles - que cette idée de triarticulation n'est effectivement pas une idée utopiste, mais une idée pratique.

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Wenn wir, die wir in engerem Kreis an der Fortführung der Dreigliederungsideen arbeiten, dennoch durchaus glauben, daß die Arbeit fortgesetzt werden muß, so sind wir auf der anderen Seite auch gründlich davon überzeugt, daß der Weg, der eben zunächst eingeschlagen worden ist — eine genügend große Anzahl von Seelen zu überzeugen von der Notwendigkeit der Dreigliederung —, daß dieser Weg heute nicht rasch genug zum Erfolg führen kann. Deshalb müssen wir heute denken an unmittelbar praktische Unternehmungen, deren Gestalt ja schon in der nächsten Zeit vor unsere engere Zeitgenossenschaft hintreten soll. Wir müssen daran denken, unser Ziel zu erreichen durch gewisse Institutionen, die ersetzen können dasjenige, was bewirkt worden wäre durch das Zusammenwirken einer genügend großen Anzahl von überzeugten Menschen. Wir müssen wenigstens den Versuch machen, durch Institutionen, die wirtschaftliche Institutionen sind, erste Musterinstitutionen zu schaffen, an denen man sehen wird, daß in solchen wirtschaftlichen Institutionen unsere Ideen praktisch verwirklicht werden können. Diese können dann Nacheiferung finden in dem Sinne, daß man dann den Tatsachen dasjenige glaubt, was man vorher den uns überzeugend scheinenden Worten nicht glauben wollte. Auf der anderen Seite werden diese Musterinstitutionen auch tatsächlich solche wirtschaftlichen Folgen haben können, daß manches von dem, was schon eingetreten ist an wirtschaftlicher Helotisierung, wiederum gutgemacht werden kann. In der Tat ist ja eine große Anzahl von Menschen in diesem Mitteleuropa soweit gekommen, daß es ihnen ganz gleichgültig ist, woher sie ihre Profite beziehen. Sie lassen sich von den Siegern unter Umständen die Direktiven und auch die sachlichen materiellen Unterlagen geben, wenn das für sie nur möglich macht, entsprechende Profite zu haben. Die Art und Weise, wie man in manchen Kreisen heute daran denkt, sich wirtschaftlich aufzuhelfen in Mitteleuropa, ist ja geradezu beschämend. So muß gedacht werden, aus der Dreigliederungsidee selber heraus praktische Institutionen zu schaffen, welche den Beweis werden liefern können — selbst unter den schon recht schwierig gewordenen Verhältnissen —, daß diese Dreiglie­derungsidee tatsächlich nicht eine utopistische, sondern eine praktische ist.

Vous voyez, lorsque nous avons commencé notre travail, on nous a souvent demandé : "Oui, pouvez-vous nous donner des points de vue pratiques pour certaines institutions ? Comment faire ceci ou cela ? - Celui qui a soulevé une telle question a généralement ignoré le fait qu'il ne s'agissait pas de maintenir, par de bons conseils, l'une ou l'autre institution qui venait de prouver son inutilité, mais qu'il s'agissait de provoquer, par une transformation à grande échelle, une reconstruction sociale complète, grâce à laquelle les différentes institutions auraient ensuite été soutenues. Pour cela, il n'aurait pas été nécessaire de donner des conseils pour l'une ou l'autre chose, mais il aurait fallu que les idées soient comprises à grande échelle, c'est-à-dire par un nombre suffisamment important d'humains - car finalement, toutes les institutions sont faites par des humains.

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Sehen Sie, als wir mit unserer Arbeit begonnen haben, wurde vielfach gefragt: Ja, könnt ihr uns für einzelne Einrichtungen prak­tische Gesichtspunkte geben? Wie soll man das oder jenes machen? — Derjenige, der eine solche Frage aufgeworfen hat, der hat ge­wöhnlich ganz davon abgesehen, daß es sich nicht darum handeln konnte, die eine oder andere Institution, die gerade ihre Unbrauch­barkeit erwiesen hat, durch gute Ratschläge weiter zu erhalten, sondern daß es sich darum gehandelt hat, durch Umwandlung im großen einen völligen sozialen Neuaufbau zu bewirken, durch den dann die einzelnen Institutionen getragen worden wären. Dazu hätte es nicht der Ratschläge bedurft für das eine oder andere, sondern dazu hätte es bedurft, daß die Ideen im großen eingesehen worden wären, das heißt von einer genügend großen Anzahl von Menschen — denn zuletzt werden doch alle Institutionen von Menschen gemacht.

Ainsi, nous sommes aujourd'hui déjà confrontés à une sorte de changement de cap, qui n'a vraiment pas été provoqué par le fait que nous pensions nous être trompés dans nos idées. Les idées de cette sorte doivent toujours tenir compte des phénomènes du temps. Et si l'humanité ne tient pas compte de ces phénomènes, alors les idées doivent changer, elles doivent au moins prendre un autre cours. Nous avons ainsi attiré l'attention sur le fait que notre mouvement de triarticulation, qui n'est pas encore vieux, a déjà une histoire fondée sur les conditions actuelles du temps, une histoire qui pourrait peut-être être instructive pour certains, s'ils voulaient seulement la prendre en considération.

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So stehen wir heute schon einmal vor einer Art von Kursände­rung, die wahrhaftig nicht dadurch herbeigeführt worden ist, daß wir etwa glauben, daß wir uns in unseren Ideen geirrt hätten. Ideen dieser Art müssen immer rechnen mit den Zeiterscheinungen. Und wenn die Menschheit nicht auf diese Zeiterscheinungen eingeht, dann müssen eben die Ideen anders werden, müssen wenigstens einen anderen Kurs einschlagen. Damit haben wir darauf hingewie­sen, daß unsere noch gar nicht alte Dreigliederungsbewegung tat­sächlich schon eine in den heutigen Zeitverhältnissen begründete, arg sprechende Geschichte hat — eine Geschichte, die vielleicht doch für manchen lehrreich sein könnte, wenn er sie nur beachten möchte.

Ce que je viens de dire, je voudrais vous l'illustrer par un exemple : celui qui parcourt le livre "Les points essentiels de la question sociale", tel qu'il a été écrit il y a maintenant un an, en ce qui concerne les explications économiques, y trouvera certaines considérations sur l'organisation de la vie économique, qui doit acquérir une certaine indépendance nécessaire, qui ne doit pas dépendre à l'avenir des institutions de l'État, des administrations de l'État, qui doit absolument être placé sur ses propres bases, et qui doit être construit sur ses propres bases, sur le principe des associations. Je ne peux bien sûr donner aujourd'hui que quelques points de vue, peut-être que la discussion en fournira d'autres.

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Das, was ich jetzt gesagt habe, möchte ich Ihnen anschaulich machen an einem Beispiel: Derjenige, welcher das Buch «Die Kern­punkte der Sozialen Frage», wie es vor jetzt einem Jahr entstanden ist, auf die wirtschaftlichen Ausführungen hin durchnimmt, der wird da finden gewisse Betrachtungen über die Organisation des Wirtschaftslebens, das eine gewisse notwendige Selbständigkeit erlangen soll, das nicht abhängig sein darf in der Zukunft von staat­lichen Institutionen, staatlichen Verwaltungen, das durchaus ge­stellt sein muß auf seine eigenen Grundlagen, und das aufgebaut sein muß aus seinen eigenen Grundlagen auf dem Prinzip der As­soziationen. Ich kann natürlich heute nur einige Gesichtspunkte angeben, vielleicht wird die Diskussion das weitere liefern.

Quel doit être le sens de telles associations dans la vie de l'économie ? Le sens de ces associations doit être que, dans un premier temps, des cercles professionnels qui sont en quelque sorte apparentés, qui doivent collaborer sur le plan matériel, qui s'occupent de leur économie de manière totalement libre et indépendante, sans être soumis à une quelconque administration étatique, se réunissent. Et ensuite, ces associations de cercles professionnels doivent à leur tour s'associer avec les consommateurs correspondants, de sorte que ce qui se produit comme échanges, d'abord entre les cercles professionnels apparentés, mais ensuite aussi [en second lieu] entre les cercles de producteurs et de consommateurs, soit à son tour réuni en associations. L'administration économique actuelle doit être remplacée par ce qui résulte de la libre circulation des associations économiques.

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Was soll denn eigentlich der Sinn solcher Assoziationen sein im Wirtschaftsleben? Der Sinn dieser Assoziationen soll sein, daß sich zunächst verbinden Berufskreise, die irgendwie verwandt sind, die sachlich zusammenarbeiten müssen, die vollständig frei und selb­ständig, ohne irgendwelchen staatlichen Verwaltungen zu unterste­hen, ihre Wirtschaft besorgen, daß sich die zusammenfinden. Und dann sollen sich diese Assoziationen von Berufskreisen wiederum assoziieren mit den entsprechenden Konsumenten, so daß das, was als Wechselverkehr eintritt erstens zwischen den verwandten Be­rufskreisen, dann aber auch [zweitens] zwischen den Produzenten-und Konsumentenkreisen, wiederum in Assoziationen zusammengeschlossen ist. Es soll an die Stelle der heutigen Wirtschaftsverwaltung dasjenige treten, was sich durch den freien Verkehr der wirtschaftlichen Assoziationen ergibt.

Bien entendu, ce tissu d'institutions économiques - en rapport avec l'économie - comprend également tout ce qui travaille dans la vie de droit, dans la vie de l'État et dans la vie spirituelle. La vie spirituelle en tant que telle est indépendante, mais ceux qui agissent dans la vie spirituelle doivent manger, boire, se vêtir ; ils doivent donc aussi former d'eux-mêmes des corporations économiques qui doivent s'intégrer au corps économique, qui s'associent dans le corps économique avec les corporations qui peuvent justement servir leurs intérêts. Il doit en être de même pour la corporation des humains qui se trouvent dans la vie de l'État. Ainsi, la vie économique contiendra tout ce qu'il y a d'humains dans l'organisme social, tout comme les deux autres membres, la vie de l'État et la vie de l'esprit, contiennent tout ce qui appartient à l'organisme social. Seulement, les humains se trouvent dans les trois membres de l'organisme social sous des aspects différents. Ce qui importe, c'est que l'organisme social ne soit pas divisé selon les classes sociales/les états sociaux, mais selon les points de vue, et que chaque membre de l'organisme social, avec ses intérêts, contienne chaque humain.

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Selbstverständlich gehört zu diesem Gewebe von wirtschaft­lichen Institutionen — mit Bezug auf das Wirtschaften — auch alles dasjenige, was sonst arbeitet im Rechtsleben, im Staatsleben, was arbeitet im geistigen Leben. Das geistige Leben als solches ist un­abhängig auf seine eigenen Füße gestellt, aber diejenigen, die im geistigen Leben wirksam sind, die müssen essen, trinken, sich klei­den; sie müssen daher von sich aus auch wiederum Wirtschaftskor­porationen bilden, die sich als solche dem Wirtschaftskörper einzu­verleiben haben, die im Wirtschaftskörper sich assoziieren mit den­jenigen Korporationen, die nun wiederum gerade ihren Interessen dienen können. Dasselbe muß geschehen mit der Korporation der­jenigen Menschen, die im Staatsleben stehen. So wird im Wirtschaftsleben alles drinnen sein, was an Menschen überhaupt im sozialen Organismus drinnen ist -- geradeso, wie in den beiden andern Gliedern, im Staatsleben und Geistesleben, alles drinnen ist an Menschen, was dem sozialen Organismus angehört. Nur sind die Menschen unter verschiedenen Gesichtspunkten in den drei Gliedern des sozialen Organismus drinnen. Das, worauf es ankommt, das ist ja, daß der soziale Organismus nicht gegliedert ist nach Ständen, sondern nach Gesichtspunkten, und daß in jedem Gliede des sozialen Organismus mit seinen Interessen ein jeder Mensch drinnensteht.

Qu'est-ce qui peut être obtenu par une telle vie économique basée sur le principe d'association ? - ce qui peut être obtenu, c'est que soient éliminés de la vie économique, et donc de la vie humaine en général, les dommages qui ont été progressivement causés par le mode de production des derniers siècles, en particulier du XIXe siècle. Ces dommages - l'humain en fait aujourd'hui l'expérience dans sa propre chair, aimerais-je dire- sont survenus parce qu'au cours des siècles récents, d'autres conditions sont apparues par rapport à la production dans la vie de l'économie.

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Was kann erreicht werden durch ein solches auf dem Assoziationsprinzip beruhendes Wirtschaftsleben? — Das kann erreicht werden, daß die Schäden, die sich allmählich ergeben haben durch die Produktionsweise der letzten Jahrhunderte, besonders des 19. Jahrhunderts, aus dem Wirtschaftsleben und damit aus dem menschlichen Leben überhaupt beseitigt werden. Diese Schäden — der Mensch erlebt sie ja heute zunächst an seinem eigenen Leibe, möchte ich sagen —, sie haben sich ergeben, weil im Laufe der neueren Jahrhunderte aus den früheren Bedingungen heraus sich andere Bedingungen ergeben haben in bezug auf die Produktion im Wirtschaftsleben.

Si l'on se réfère à la période du XVIIe au XVIIIe siècle, on constate que la manière de produire est encore liée dans une certaine mesure à l'humain et à son organisation même. On voit qu'à l'époque, pour déterminer le prix, celui-ci ne dépendait pas des facteurs dont il dépend aujourd'hui uniquement, mais par exemple des capacités des humains, notamment de la mesure dans laquelle un humain est capable de travailler tant et tant d'heures par jour à telle ou telle production avec un certain dévouement et un certain plaisir. Le prix était donc déterminé par l'adéquation entre l'humain et sa production. Aujourd'hui, c'est tout au plus encore le cas dans certaines branches de la vie de l'esprit. Lorsque quelqu'un écrit un livre, on ne peut pas lui dire combien d'heures il doit travailler par jour et lui offrir un salaire pour un nombre d'heures égal à zéro. Si, par exemple, la journée de travail de huit heures était introduite pour l'écriture d'un livre, il en résulterait quelque chose de beau, car il pourrait très facilement arriver que vous travailliez huit heures et que vous receviez un salaire pour cela, mais que rien ne vous vienne à l'esprit pendant quatre heures réparties sur trois jours de la semaine. De même qu'il existe ici un lien intime entre les capacités humaines, entre l'organisation spirituelle humaine et les produits obtenus, il en a été de même pour des branches beaucoup plus matérielles - et même, plus nous remontons dans l'évolution humaine, pour toutes les branches matérielles en général. Ce n'est qu'à une époque récente que le lien entre le produit et le producteur s'est distendu. D'un point de vue global, c'est une absurdité totale de vouloir maintenir ce détachement entre le produit et le producteur. Cela peut se manifester de manière évidente dans certaines branches de production. Prenez par exemple, d'un point de vue purement économique, la fabrication de livres. Les livres doivent être écrits ; cela ne peut pas être soumis aux lois de la rémunération, telles que les défend par exemple la social-démocratie actuelle pour la production. Il n'en résulterait rien. Mais les livres doivent être imprimés, et celui qui les compose peut déjà s'appuyer sur les principes de la social-démocratie actuelle, sur le principe syndical. Car pour composer, on n'a pas besoin de penser à autre chose ; on n'a pas besoin d'un lien intime entre les producteurs et la production. Mais si l'on remonte aux sources, on trouvera partout que le travail pour lequel on n'a pas besoin d'un tel lien ne serait pas là s'il n'y avait pas d'abord les travaux dont dépend tout ce travail extérieur. Si le maître d'œuvre n'était pas là, tous les ouvriers salariés qui construisent les maisons ne pourraient pas travailler.

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Wenn man zurückblickt auf die Zeit vom 17. bis 18. Jahrhundert, so findet man durchaus, daß die Art und Weise, wie produziert wurde, noch in einem gewissen Zusammenhang steht mit dem Menschen und seiner Organisation selbst. Man sieht, daß damals bei der Preisbestimmung dieser Preis abhängig war nicht von denjenigen Faktoren, von denen er heute einzig und allein abhängig ist, sondern zum Beispiel von den Fähigkeiten der Menschen, namentlich zum Beispiel davon, inwiefern ein Mensch befähigt ist, soundsoviele Stunden des Tages an dieser oder jener Produktion mit ei­ner gewissen Hingebung und Freude zu arbeiten. Der Preis wurde also bestimmt durch das Zusammengewachsensein des Menschen mit seiner Produktion. Heute ist das allerdings höchstens noch in gewissen Zweigen des Geisteslebens der Fall. Wenn jemand ein Buch schreibt, kann man ihm nicht vorschreiben, wieviele Stunden des Tages er arbeiten soll und einen Lohn aussetzen für soundsoviele Stunden des Tages. Wenn zum Beispiel der achtstündige Arbeitstag eingeführt würde fürs Bücherschreiben, würde etwas Schönes dabei herauskommen, denn es könnte sehr leicht sein, daß Sie acht Stunden arbeiten und dafür einen Lohn bekommen sollen, daß Ihnen aber während vier Stunden durch drei Wochentage gar nichts einfällt. So wie hier ein inniges Band ist zwischen den menschlichen Befähigungen, zwischen der geistigen menschlichen Organisation und den hervorgebrachten Produkten, so war das auch so für viel materiellere Zweige — ja, je weiter wir zurückgehen in der menschlichen Entwickelung, überhaupt für alle materiellen Zweige. Erst in der neueren Zeit hat sich das Band gelöst zwischen dem Produkt und dem Produzierenden. Umfassend betrachtet ist es im Grunde genommen ein völliger Unsinn, daß man aufrechterhalten will diese Loslösung des Produktes von dem Produzierenden. In einzelnen Produktionszweigen kann sich das augenfällig zeigen. Nehmen Sie, jetzt bloß ökonomisch betrachtet, zum Beispiel das Buchfabrizieren. Bücher müssen geschrieben werden; das kann nicht unter die Gesetze der Entlohnung gestellt werden, wie sie zum Beispiel die heutige Sozialdemokratie für das Produzieren vertritt. Dabei würde nichts herauskommen. Aber Bücher müssen gedruckt werden, und derjenige, der sie setzt, der kann schon auf die Prinzipien der heutigen Sozialdemokratie sich stützen, auf das gewerkschaftliche Prinzip. Denn zum Setzen braucht einem nichts weiter einzufallen; da braucht man kein intimer geartetes Band zwischen Produzenten und Produktion. Aber wenn man auf die Quellen zurückgeht, wird man überall finden, daß gerade diejenige Arbeit, für die man ein solches Band nicht braucht, gar nicht da wäre, wenn nicht zuerst diejenigen Arbeiten da wären, von denen all diese äußere Arbeit abhängt. Wäre der Baumeister nicht da, so könnten alle Lohnarbeiter, die die Häuser bauen, nicht arbeiten.

Si l'écrivain n'était pas là, le typographe ne pourrait pas composer de livres. Ce sont des réflexions que l'on ne fait pas aujourd'hui, mais qui doivent être prises en compte dans les considérations d'économies de peuple au sens le plus éminent.

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Wäre der Bücherschreiber nicht da, so könnte der Setzer keine Bücher setzen. Das sind doch Gedankengänge, die heute nicht angestellt werden, aber im eminentesten Sinne bei volkswirtschaftlichen Betrachtungen durchaus zugrundegelegt werden müssen.

Je n'ai pas pu détailler toutes les expériences de vie qui ont été intégrées dans les "Points essentiels", car ils ont été conçus pour des lecteurs qui réfléchissent. Et je peux vous assurer qu'il est tout à fait utile aujourd'hui de penser un peu en lisant un livre et de ne pas toujours dire : c'est si difficile à comprendre, on doit penser que cela aurait dû être écrit de manière beaucoup plus populaire. — Mais grâce aux processus mis en lumière sous les angles les plus divers dans les articles de notre journal de triarticulation, ce lien entre producteurs et production s'est de plus en plus distendu. Et c'est seulement parce qu'à l'époque récente, sous l'influence surtout de la pensée matérialiste, on n'a plus considéré que le mode de production et non la constitution et la capacité du producteur, qu'est née l'idée des agitateurs et des penseurs abstraits socialistes selon laquelle la production en tant que telle est ce qui domine toute l'histoire, toute la vie humaine. Cette conception est née du fait que la technique moderne et d'autres conditions sociales ont entraîné une domination du produit sur les humains qui produisent. On peut donc dire que : alors qu'auparavant, jusqu'à il y a environ trois siècles, l'humain était dominé par bien d'autres choses, c'est [depuis] l'humain économique qui est devenu dans la vie sociale celui qui apparaît [aujourd'hui] comme déterminant - l'humain économique et le processus économique. Des humains comme Renner, par exemple, qui est même parvenu à devenir chancelier d'État autrichien, ont déclaré qu'il ne fallait plus parler de l'"homo sapiens" qui hantait la tête des humains au cours des derniers siècles, mais qu'on ne pouvait plus parler que de l'"homo oeconomicus" - c'était la seule réalité. Or, depuis le XIXe siècle, parce que les choses se transforment dans la réalité selon leurs propres lois, ce n'est même plus l'homo oeconomicus, l'humain économique, le processus économique qui est resté déterminant, mais nous pouvons dire qu'à partir de 1810 environ - pour fixer une date - l'humain dominant est devenu le banquier. Et plus qu'on ne le croit, c'est le banquier qui est devenu dominant dans la vie économique du monde civilisé au cours de ce 19e siècle, le changeur d'argent, celui qui ne fait que gérer l'argent. Tous les événements qui se sont produits depuis cette époque sont plus ou moins influencés par ce renversement historique : dans le contexte de l'économie nationale, l'humain économique et le processus économique sont peu à peu devenus le banquier, le changeur d'argent, le prêteur avant tout, et le processus social public est devenu l'administration financière, l'administration de l'argent.

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Ich konnte nicht alles, was an Lebenserfahrungen in die «Kern­punkte» eingeflossen ist, genau ausführen, denn sie sind ja auf den­kende Leser berechnet. Und ich kann Ihnen die Versicherung geben, es ist doch heute ganz nützlich, wenn man beim Lesen eines Buches auch ein bißchen denkt und nicht immer sagt: Das ist ja so schwer verständlich, dabei muß man ja denken, das hätte viel po­pulärer geschrieben sein müssen. -- Aber durch die ja gerade in den Artikeln unserer Dreigliederungszeitung von den verschiedensten Gesichtspunkten aus beleuchteten Vorgänge ist ja immer mehr und mehr dieses Band gelockert worden zwischen Produzenten und Produktion. Und nur dadurch, daß wirklich in der neueren Zeit, unter dem Einfluß vor allem auch der materialistischen Denkweise, nur mehr auf die Produktionsart und nicht auf die Verfassung und Fähigkeit des Produzierenden gesehen worden ist, ist ja sogar die Anschauung entstanden der abstrakten, sozialistischen Agitatoren und Denker, daß die Produktion als solche überhaupt dasjenige sei, was die ganze Geschichte, das ganze Menschenleben beherrsche. Diese Anschauung ist aus dem Grunde entstanden, weil in der Tat durch die moderne Technik und durch andere gewisse soziale Ver­hältnisse eine Herrschaft des Produktes über die produzierenden Menschen eingetreten ist. So daß man sagen kann: Während früher, bis vor drei Jahrhunderten ungefähr, noch viel anderes vom Men­schen herrschend war, ist [seitdem] im sozialen Leben der ökono­mische Mensch derjenige geworden, der [heute] maßgebend er­scheint — der ökonomische Mensch und der ökonomische Prozeß. Solche Menschen wie Renner zum Beispiel, der es sogar dahin gebracht hat, österreichischer Staatskanzler zu werden, haben es ja ausgesprochen, daß ferner nicht mehr geredet werden solle von dem «homo sapiens», der in den letzten Jahrhunderten spukte in den Köpfen der Menschen, sondern daß nur noch geredet werden könne von dem «homo oeconomicus» — das sei die einzige Wirk­lichkeit. Nun, seit dem 19. Jahrhundert aber, weil die Dinge in der Wirklichkeit Verwandlungen eingehen durch ihre eigenen Gesetze, ist nicht einmal mehr maßgebend geblieben der homo oeconomicus, der ökonomische Mensch, der ökonomische Prozeß, sondern wir können sagen: ungefähr vom Jahre 1810 ab — um einen Zeitpunkt anzusetzen — ist der herrschende Mensch geworden der Bankier. Und mehr als man glaubt, ist in diesem 19. Jahrhundert im wirtschaftlichen Leben der zivilisierten Welt der Bankier herr­schend geworden, der Geldwechsler, derjenige, der eigentlich bloß das Geld verwaltet. Alle Ereignisse, welche seit jener Zeit eingetre­ten sind, stehen mehr oder weniger unter dem Einfluß dieses ge­schichtlichen Umschwunges: daß im volkswirtschaftlichen Zusam­menhang aus dem ökonomischen Menschen und ökonomischen Prozeß allmählich geworden ist der Bankier, der Geldwechsler, der Verleiher vor allen Dingen, und aus dem öffentlichen sozialen Prozeß die Finanzverwaltung, die Geldverwaltung.

Maintenant, l'argent a des particularités bien précises. L'argent est un représentant de différentes choses, mais l'argent en tant que tel est identique. Je peux acquérir une somme d'argent en vendant un morceau de musique - une production spirituelle. Ou je peux acquérir une somme d'argent en vendant des bottes. La somme d'argent peut toujours être la même, mais ce que je vends peut être très différent. L'argent prend ainsi un certain caractère abstrait par rapport au processus de vie réel. Et c'est ainsi qu'a dû naître, sous l'influence de l'économie bancaire mondiale, l'effacement des interactions concrètes dans les rapports sociaux humains, l'effacement des interactions concrètes [entre le produit et celui qui le produit, et c'est ainsi qu'est né] le rapport du simple représentant, l'argent.

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Nun hat aber das Geld ganz gewisse Eigenschaften. Das Geld ist ein Repräsentant für Verschiedenes, aber das Geld als solches ist gleich. Ich kann eine Summe Geldes erwerben dadurch, daß ich ein Tonstück verkaufe — eine geistige Produktion. Oder ich kann eine Summe Geldes erwerben dadurch, daß ich Stiefel verkaufe. Die Summe Geldes kann immer gleich sein, dasjenige aber, was ich verkaufe, das kann sehr verschieden sein. Das Geld nimmt dadurch gegenüber dem wirklichen Lebensprozeß einen gewissen abstrak­ten Charakter an. Und so mußte entstehen unter dem Einfluß der Welt-Bankierwirtschaft die Auslöschung der konkreten Wechsel­wirkungen im menschlichen sozialen Verkehr, die Auslöschung der konkreten Wechselwirkungen [zwischen Produkt und Produzierendem, und es entstand] der Verkehr des bloßen Repräsentanten, des Geldes.

Mais cela a des conséquences bien précises. Cela a pour conséquence que les trois éléments les plus essentiels de notre processus économique - la terre, les moyens de production et les moyens de consommation - qui, de par leur nature, se situent de manière tout à fait différente dans le processus économique, sont placés, non pas simplement en pensée, mais en réalité, sous le même pouvoir, sont traités de la même manière. Car pour celui qui ne se soucie que d'acquérir ou de gérer une certaine somme d'argent, il peut être indifférent que cette somme d'argent représente des terres ou des moyens de production, c'est-à-dire des machines ou des choses semblables qui servent à d'autres productions, mais qui ont été fabriquées par des humains, ou qu'elle représente des articles de consommation, des articles d'usage immédiat. Ce qui compte pour lui, c'est qu'il reçoive une certaine somme d'argent en échange de quelque chose, ou que, lorsqu'il l'a, elle porte intérêt, peu importe par quoi. C'est ainsi que l'on devait de plus en plus considérer la suppression des intérêts que l'on a dans les différents produits et branches de production, et leur remplacement par l'intérêt abstrait dans le capital, c'est-à-dire le capital-argent, qui efface toutes ces différenciations. Mais il en résulte certaines choses.

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Das aber hat ganz bestimmte Folgen. Das hat die Folge, daß die drei wesentlichsten Bestandteile unseres wirtschaftlichen Pro­zesses — Grund und Boden, Produktionsmittel und Konsum­tionsmittel —, die ihrer Natur nach im volkswirtschaftlichen Pro­zeß in ganz verschiedener Weise drinnenstehen, nicht etwa bloß gedanklich, sondern real unter dieselbe Macht gestellt werden, in derselben Weise behandelt werden. Denn demjenigen, dem es nur darauf ankommt, eine gewisse Summe Geldes zu erwerben oder zu verwalten, dem kann es gleichgültig sein, ob diese Summe Geldes repräsentiert Grund und Boden oder Produktionsmittel, das heißt Maschinen oder dergleichen, die für andere Produktionen dienen, aber von Menschen hergestellt worden sind, oder ob sie repräsentiert Konsumtionsartikel, unmittelbare Gebrauchsartikel. Dem kommt es nur darauf an, daß er eine bestimmte Summe Geldes für etwas erhält respektive daß, wenn er sie hat, sie sich verzinst, gleichgültig durch was. Es mußte so der Gesichtspunkt immer mehr und mehr heraufkommen, auszulöschen die Interessen, die man an den einzelnen Produkten und Produktionszweigen hat, und zu ersetzen diese Interessen durch das abstrakte Interesse am alle diese Differenzierungen auslöschenden Kapital, das heißt am Geldkapital. Dadurch aber kommen ganz gewisse Dinge heraus.

Prenons par exemple la terre et le sol. La terre n'est pas seulement quelque chose d'arbitraire, mais elle est située à un endroit précis et se trouve en relation avec les humains de cet endroit, et les humains de cet endroit ont aussi des intérêts à cette terre, que l'on peut décrire des intérêts moraux, d'intérêts de la sorte de l'âme. Par exemple, le fait de planter un certain produit sur ce terrain peut être un point important pour les intérêts généraux de la culture et de l'humanité. Je veux dessiner les rapports de manière un peu radicale, ils ne sont pas aussi radicaux dans la vie ordinaire, mais l'essentiel, ce qui est important, peut ainsi être représenté. Celui qui, par l'ensemble de ses conditions de vie, a grandi avec le sol, aura une compréhension de la relation, disons, entre la production de telle ou telle chose à partir du sol et l'ensemble des conditions de vie. Il a acquis son expérience en côtoyant la terre. La question de savoir s'il est bon ou non de déboiser une région, par exemple, peut être importante et ne peut être jugée que si l'on a grandi avec les conditions locales d'une région. On ne peut obtenir de telles choses que par l'expérience.

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Nehmen wir einmal Grund und Boden. Der Grund und Boden ist ja nicht nur irgend etwas Beliebiges, sondern er ist an einem bestimmten Ort gelegen und steht in einem Verhältnis zu den Menschen dieses Ortes, und die Menschen dieses Ortes haben gerade an diesem Grund und Boden auch Interessen, die man als moralische Interessen bezeichnen kann, als Interessen seelischer Art. Es kann durchaus zum Beispiel ein wichtiger Punkt für die allgemeinen Kultur- und Menschheitsinteressen sein, daß auf diesem Grund und Boden ein gewisses Produkt gepflanzt wird. Ich will etwas radikal die Verhältnisse zeichnen, sie sind ja im gewöhnlichen Leben nicht so radikal, aber das Wesentliche, worauf es ankommt, kann damit dargestellt werden. Wer durch seine ganzen Lebensverhältnisse mit dem Grund und Boden zusammengewachsen ist, der wird eine Einsicht darin haben, wie zusammenhängt, sagen wir, die Hervorbringung von dem oder jenem aus dem Grund und Boden mit den ganzen Lebensverhältnissen. Er hat seine Erfahrungen gewonnen im Zusammensein mit Grund und Boden. Ob es zum Beispiel gut ist, eine Gegend abzuholzen oder nicht, dafür können Fragen bedeutsam sein, die durchaus nur zu beurteilen sind, wenn man zusammengewachsen ist mit den lokalen Verhältnissen einer Gegend. Man kann solche Dinge nur durch Erfahrungen gewinnen.

On peut tout à fait comprendre qu'il est salutaire pour les conditions générales de l'humanité qu'un terrain quelconque soit exploité d'une manière bien précise, mais que cette exploitation ne produise qu'un revenu déterminé. Ces points de vue disparaissent immédiatement lorsque le principe du capitalisme monétaire se substitue à l'humain lié à la terre. Il s'agit alors de faire passer la terre d'une main à l'autre comme une simple marchandise. Mais celui qui acquiert la terre en donnant de l'argent n'a qu'un seul intérêt : que l'argent soit rémunéré de la manière correspondante. Un principe abstrait se déverse sur tout ce qui était autrefois l'intérêt concret de l'humanité. Et celui qui n'a que l'intérêt de l'argent se demande si - dans les conditions que l'autre humain, qui a grandi avec la terre, reconnaît comme nécessaires - la chose lui rapporte suffisamment ; si ce n'est pas le cas, il faut utiliser la terre pour autre chose. On détruit ainsi les rapports humains nécessaires du seul point de vue du capitalisme monétaire.

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Man kann nun durchaus einsehen, daß es für die allgemeinen Menschheitsverhältnisse heilsam ist, wenn irgendein Grund und Boden in einer ganz bestimmten Weise verwertet wird, aber unter dieser Verwertung nur ein bestimmtes Erträgnis abwirft. Diese Gesichtspunkte verschwinden sofort, wenn an die Stelle des mit Grund und Boden zusammenhängenden Menschen das Prinzip des Geldkapitalismus tritt. Da handelt es sich darum, daß dann Grund und Boden einfach als eine Ware von einer Hand in die andere übergehen kann. Derjenige, der aber Grund und Boden einfach erwirbt dadurch, daß er das Geld hingibt, der hat nur das Interesse daran, daß sich das Geld in der entsprechenden Weise verzinst. Ein abstraktes Prinzip wird über alles das hinüber ergossen, was früher konkretes Menschheitsinteresse war. Und fragen tut sich der Betreffende, der bloß das Geldinteresse hat, ob denn — unter den Verhältnissen, die der andere Mensch, der mit dem Grund und Boden zusammengewachsen ist, als notwendig erkennt — die Sache für ihn genügend abwirft; wenn nicht, so müsse man den Boden zu etwas anderem verwenden. Damit zerstört man die notwendigen Menschenverhältnisse bloß unter dem Gesichtspunkte des Geldkapitalismus.

Et c'est ainsi que le point de vue du capitalisme monétaire a été appliqué à toutes les conditions humaines. Dans l'économie de peuple, ils ont détourné les humains de ce qui peut seulement se développer si l'humain est lié à la production, lié à la terre et lié aux produits de consommation qui circulent parmi les humains dans une région quelconque. Cela existait pourtant dans les siècles précédents. Cela a déjà disparu sous l'influence de l'humain économique, mais surtout sous l'influence du banquier au XIXe siècle. Alors que jusqu'en 1810 environ, l'économie de peuple dépendait des commerçants et des industriels, au XIXe siècle, les commerçants et les industriels, même s'ils ne se l'avouaient pas, sont devenus essentiellement dépendants de l'économie monétaire nationale et internationale, des banquiers.

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Und so sind über alle menschliche Verhältnisse die Gesichtspunkte des Geldkapitalismus gezogen worden. Sie haben in der Volkswirtschaft die Menschen abgelenkt von dem, was nur herauswachsen kann, wenn der Mensch verbunden ist mit der Produktion, verbunden ist mit Grund und Boden und verbunden ist mit den Konsumtionsprodukten, die in irgendeinem Gebiet unter den Menschen zirkulieren. Das war allerdings in früheren Jahrhunderten vorhanden. Das ist schon verschwunden unter dem Einfluß des ökonomischen Menschen, am meisten aber unter dem Einfluß des Bankiers im 19. Jahrhundert. Während ungefähr bis zum Jahre 1810 die Volkswirtschaft abhängig war von den Händlern und von den Industriellen, wurden im 19. Jahrhundert die Händler und die Industriellen, wenn sie sich das auch nicht gestanden, im wesentlichen abhängig von der nationalen und internationalen Geldwirtschaft, von den Bankiers.

On peut seulement être complètement entraîné dans l'égoïsme économique par ce type d'économie monétaire. Mais il ne faut pas confondre ce type d'économie monétaire, comme c'est souvent le cas aujourd'hui, avec le simple capitalisme. Le simple capitalisme - vous trouverez des explications plus détaillées dans mes "points essentiels" - doit permettre que seul celui qui est capable et qui, pour cette raison même, croît avec la production, puisse avoir en mains de grandes masses de capital, que ce soit en moyens de production ou en argent, le représentant des moyens de production. Et il ne doit rester lié à elle que tant qu'il peut utiliser ses capacités au service de la production. Ce simple capitalisme est tout à fait nécessaire à l'économie moderne, et s'insurger contre lui est un non-sens. L'abolir reviendrait à saper l'ensemble de l'économie moderne. C'est précisément ce qui importe, que l'on regarde la réalité en face, que l'on comprenne par exemple la différence entre l'administration d'un grand complexe de terres, dans lequel l'appartenance commune de la forêt et des terres peut être nécessaire, et le fait que quelqu'un sépare la forêt et les terres, puis morcelle les terres, les divise en petites propriétés et autres choses de ce genre. Cela peut être bon pour certaines régions, mais dans d'autres, cela devrait ruiner l'économie nationale. Tout dépend des conditions concrètes. Et nous devons enfin retrouver le chemin des conditions concrètes.

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Vollständig in den wirtschaftlichen Egoismus hineingetrieben kann man nur werden durch diese Art von Geldwirtschaft. Aber diese Art von Geldwirtschaft sollte man, was heute vielfach geschieht, nicht verwechseln mit dem bloßen Kapitalismus. Der bloße Kapitalismus -- Sie finden das näher ausgeführt in meinen «Kernpunkten» — der soll ermöglichen, daß nur derjenige große Kapitalmassen in den Händen haben kann, sei es an Produktionsmitteln, sei es an Geld, dem Repräsentanten von Produktionsmitteln, der befähigt ist und gerade deshalb mit der Produktion zusammenwächst. Und er soll auch nur solange mit ihr verbunden bleiben, als er seine Fähigkeiten im Dienste der Produktion verwenden kann. Dieser bloße Kapitalismus ist durchaus für die moderne Volkswirtschaft notwendig, und gegen ihn zu wettern ist Unsinn. Ihn abschaffen würde bedeuten: die gesamte moderne Volkswirtschaft untergraben. Darauf kommt es gerade an, daß man in die Wirklichkeit hineinsieht, daß man zum Beispiel den Unterschied einsieht, daß die Verwaltung eines großen Komplexes von Grund und Boden, bei der durchaus das Zusammengehören von Wald und Grund notwendig sein kann, in der Hand eines befähigten Menschen etwas anderes bedeuten wird, als wenn einer den Wald abtrennt und Grund und Boden absondert, dann den Grund und Boden parzelliert, in Kleinbesitz auflöst und dergleichen. Das kann für gewisse Gegenden gut sein, in anderen müßte es die Volkswirtschaft ruinieren. Überall kommt es auf die konkreten Verhältnisse an. Und wir müssen endlich den Weg zurückfinden zu den konkreten Verhältnissen.

Mais le [manque de concret] ne se manifeste pas seulement dans l'économie nationale, dans l'économie de peuple particulière, mais il se manifeste toujours de plus en plus dans le système économique international. Il s'avère - c'est tout à fait clair pour celui qui étudie les choses - que les humains, aussi s'ils sont capitalistes, quand ils sont placés sur soi et approvisionnent une quelque branche de production d'après leurs facultés, qu'ils ne se gênent pas les uns les autres, mais au contraire travaillent dans les mains les uns des autres. Le pire commence en premier lorsque les humains grandissent, d'une manière ou d'une autre, hors de leur lien/être-lié-ensemble avec les branches de production. Je ne citerai qu'un exemple où cela s'est particulièrement manifesté sous l'influence de l'économie monétaire des XIXe et XXe siècles : lors de la formation de trusts, lors de la formation de cartels. Supposons qu'une série de branches de production s'unissent en un trust, en un cartel. Quelle en est la conséquence ? Un trust, un cartel doit avoir un but quelconque, et ce but est bien entendu que les humains gagnent plus avec le trust que sans le trust. Mais ils ne peuvent le faire que s'ils créent des prix de monopole, c'est-à-dire s'ils vendent au-dessus des prix habituels de la concurrence qui se formeraient. Il faut donc créer la possibilité d'augmenter les prix, c'est-à-dire de convenir de prix supérieurs aux prix habituels de la concurrence. Oui, on peut créer de tels prix, on les a d'ailleurs souvent créés. Mais on n'est pas arrivé à produire [sainement].

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Aber das [Fehlen des Konkreten] äußert sich nicht nur in der nationalen Wirtschaft, in der einzelnen Volkswirtschaft, sondern das äußert sich immer mehr und mehr im internationalen wirtschaftlichen Wesen. Es zeigt sich — das ist für den, der die Dinge studiert, ganz klar —, daß die Menschen, auch wenn sie Kapitalisten sind, wenn sie auf sich gestellt und nach ihren Fähigkeiten irgendwelche Produktionszweige versorgen, daß sie einander nicht stören, sondern im Gegenteil einander in die Hände arbeiten. Das Schlimme beginnt erst, wenn die Menschen auf irgendeine Weise herauswachsen aus ihrem Zusammengebundensein mit den Produktionszweigen. Ich will nur ein Beispiel anführen, wo das unter dem Einfluß der Geldwirtschaft des 19. und 20. Jahrhunderts besonders hervorgetreten ist: bei Trustbildungen, bei Kartellbildungen. Nehmen wir an, eine Reihe von Produktionszweigen schließt sich zusammen zu einem Trust, zu einem Kartell. Was ist die Folge? Ein Trust, ein Kartell muß doch irgendeinen Zweck haben, und der ist selbstverständlich, daß die Menschen mehr gewinnen durch den Trust als ohne Trust. Das können sie aber nur, wenn sie Monopolpreise schaffen, das heißt über den gewöhnlichen Konkurrenzpreisen, die sich bilden würden, verkaufen. Man muß also die Möglichkeit schaffen, die Preise zu erhöhen, das heißt, Preise zu vereinbaren, die über den gewöhnlichen Konkurrenzpreisen liegen. Ja, solche Preise kann man schaffen, man hat sie auch vielfach geschaffen. Aber man kam nicht zum [gesunden] Produzieren.

On ne peut notamment pas produire de manière saine sous l'influence de cette sorte de profit. N'est-ce pas, si l'on ne veut pas créer une disproportion avec les coûts des installations qui coûteraient beaucoup trop cher, si l'on ne produit que ce que l'on produit au-dessus du prix de la concurrence, alors il faut produire autant [plus] que l'on couvre les coûts des machines et de toute l'installation/institution, et d'ailleurs autant que l'on produirait si l'on ne recevait que le prix de concurrence. Mais on ne peut vendre que ce qui est vendu au prix de monopole. Car donc, si on produisait au prix de concurrence, on vendrait beaucoup plus et on devrait donc produire beaucoup plus que ce que l'on vend au prix du monopole. C'est une expérience de l'économie de peuple : on vend moins quand on vend à des prix de monopole, mais on ne peut pas produire moins, parce que sinon la production ne se porter pas. Quelle est la conséquence ? On doit aller dans le pays voisin et s'y procurer son débouché ; on y vend en dessous du prix de production. Mais maintenant, on entre dans la concurrence internationale. Cette concurrence internationale a joué un rôle énorme. Si l'on tient simplement compte de la fixation du prix conditionnée par l'économie monétaire, on se crée une concurrence qui ne serait sinon pas là, en vendant différemment : dans la région de vente immédiate [au-dessus du prix de production] et dans le pays voisin en dessous du prix de production. On peut le faire ; si l'on calcule en conséquence, on gagne même toujours plus, mais on porte préjudice aux cercles de producteurs correspondants dans le pays voisin. Si l'on recherche un jour les causes des sentiments qui ont conduit aux causes de la guerre en Occident, on trouvera les causes dans ces choses. On découvrira alors quel énorme pas en avant dans les dommages [sociaux] se trouve sur le chemin du capitalisme vers la formation de trusts, vers la formation de cartels, vers la monopolisation par des cartels. Le capitaliste en tant que tel, qui produit à des prix concurrentiels, n'a jamais intérêt à des droits de douane protecteurs. Le droit de douane protecteur est également un élément qui a joué un rôle dans les causes de la guerre. Vous avez là les dommages causés à l'économie monétaire dans la vie internationale. Tout cela est si clair pour celui qui étudie la vie économique moderne qu'il n'y a pas vraiment d'objection. La question doit donc nécessairement se poser : comment pouvons-nous aller au-delà de ces dommages ? - Nous ne pouvons pas dépasser ces dommages autrement qu'en reliant à nouveau l'humain au produit, en créant directement le lien entre l'humain et la production.

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Man kann nämlich nicht unter dem Einfluß dieser Art des Profites auf eine gesunde Weise produzieren. Nicht wahr, wenn man nicht ein Mißverhältnis hervorrufen will zu den Kosten der Einrichtungen, die viel zu teuer kommen würden, wenn man nur dasjenige produziert, was man über dem Konkurrenzpreis produziert, dann muß man soviel [mehr] produzieren, daß die Kosten für die Maschinen und die ganze Einrichtung gedeckt werden, und zwar soviel, als man produzieren würde, wenn man nur den Konkurrenzpreis bekommen würde. Man kann aber nur soviel verkaufen, als verkauft wird zu Monopolpreisen. Denn man würde ja, wenn man zu Konkurrenzpreisen produzieren würde, viel mehr absetzen und dadurch auch viel mehr produzieren müssen, als man zu Monopolpreisen absetzt. Das ist eine Erfahrung der Volkswirtschaft: Man setzt weniger ab, wenn man zu Monopolpreisen verkauft, aber man kann nicht weniger produzieren, weil sonst die Produktion sich nicht trägt. Was ist die Folge? Man muß nach dem Nachbarland gehen und dort sich seinen Absatz verschaffen; da verkauft man unter dem Produktionspreis. Jetzt kommt man aber in internationale Konkurrenz hinein. Diese internationale Konkurrenz hat eine ungeheure Rolle gespielt. Wenn man bloß Rücksicht nimmt auf die durch die Geldwirtschaft bedingte Festsetzung des Preises, schafft man sich eine Konkurrenz, die sonst nicht da wäre, indem man verschieden verkauft: im unmittelbaren Absatzgebiet [über dem Produktionspreis] und im Nachbarland unter dem Produktionspreis. Das kann man; wenn man nur entsprechend kalkuliert, verdient man sogar noch immer mehr, aber man schädigt die entsprechenden Produzentenkreise im Nachbarland. Wenn man einmal aufsuchen wird die Ursachen jener Stimmungen, die zu den Kriegsursachen im Westen geführt haben, wird man in diesen Dingen die Ursachen finden. Dann wird man finden, welcher gewaltige Schritt in die [soziale] Schädigung hinein liegt auf dem Wege vom Kapitalismus zur Trustbildung, zur Kartellbildung, zu der Monopolisierung durch Kartelle. Der Kapitalist als solcher, der produziert zu Konkurrenzpreisen, der hat an Schutzzöllen nie ein Interesse. Der Schutzzoll ist auch wieder etwas, was in die Kriegsursachen hineingespielt hat. Da haben Sie die Schädigungen der Geldwirtschaft im internationalen Leben. Das alles ist so sonnenklar für den, der das moderne Wirtschaftsleben studiert, daß dagegen eigentlich nichts eingewendet werden kann. Die Frage muß daher notwendigerweise entstehen: Wie kommen wir über diese Schädigungen hinaus? — Über die Schädigungen kommen wir auf keine andere Weise hinaus, als daß wir wiederum verbinden den Menschen mit dem Produkt, daß wir wiederum unmittelbar das Band herstellen zwischen Mensch und Produktion.

C'est ambitionné dans l'idée économique de la triarticulation sociale : Le lien qui existait autrefois, dans des conditions tout à fait différentes, entre les humains individuels et la production en tant que lien, peut seulement être établi aujourd'hui par le fait que les producteurs/produisants de même sorte se relient entre eux et que les personnes regroupées en cercles professionnels se regroupent à leur tour en cercles, en associations, avec les autres branches de production et les consommateurs correspondants. Par cela, les associations, les humains réunis, sauront comment on peut amener la production en circulation - et pas purement l'argent, qui se déverse sur la production comme une chose semblable. Mais avec cela, d'une façon tout à fait essentielle, pourrait à nouveau être suscité ce qui rend de nouveau possible une économie de peuple prospère pour l'humanité.

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Das ist in der wirtschaftlichen Idee der sozialen Dreigliederung angestrebt: Dasjenige, was früher unter ganz anderen Verhältnissen zwischen den einzelnen Menschen und der Produktion als Band bestand, kann heute nur dadurch herbeigeführt werden, daß sich die gleichartig Produzierenden miteinander verbinden und die aus Berufskreisen heraus zusammengeschlossenen Menschen sich wie derum zu Kreisen, zu Assoziationen, zusammenschließen mit den übrigen Produktionszweigen und den entsprechenden Konsumen ten. Dadurch werden die Assoziationen, die zusammengeschlosse nen Menschen, wissen, wie man die Produktion in Zirkulation bringen kann — nicht bloß das Geld, das sich als ein Gleichartiges über die Produktion hin ergießt. Damit aber könnte in einer ganz wesentlichen Art dasjenige wiederum hervorgerufen werden, was erst eine gedeihliche Volkswirtschaft für die Menschheit wieder möglich macht.

Vous voyez, c'était nécessaire aujourd'hui d'examiner la réalité en profondeur, parce que tout le truc socio-économique que l'on a bavardé ces derniers temps a été dit en excluant tout regard sur la réalité. Certes, certains humains ont fait des remarques pertinentes sur l'une ou l'autre chose. Mais la plupart de ce qui a été exprimé, et en particulier tout ce sous l'influence de quoi se sont développés le capitalisme mondial moderne d'un côté et la lutterie pour les salaires de l'autre côté, ce dommage cancéreux de la vie moderne est né du fait que l'on n'a plus vraiment regardé dans le pendant légal de la vie de l'économie, et que l'on n'a plus du tout vu - en tant qu'humain vivant dans la vie de l'économie - comment les fils passaient et repassaient, parce que l'argent a tout éteint. Mais lorsque les associations seront là, la manière dont l'un ou l'autre doit être produit sera à nouveau claire et ouverte. Celui qui a à produire quelque chose - parce qu'il y a des associations - recevra de la clientèle par les humains qui sont dans les associations correspondantes, [et il sera conseillé et déterminé] si telle ou telle quantité peut être produite par tel ou tel. C'est là que quelque chose peut naître sans l'économie forcée du bavardage de Moellendorff ; c'est là que tout peut être réparti - dans la mesure où l'un est instruit par l'autre dans la libre circulation - de telle sorte que la consommation soit vraiment déterminante pour tous.

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Sehen Sie, das war notwendig, daß heute einmal gründlich hineingeschaut wurde in die Wirklichkeit, denn all das sozialökonomische Zeug, was in der neueren Zeit geschwätzt worden ist, ist ja im Grunde genommen mit Ausschluß jedes Blickens auf die Wirklichkeit gesagt. Gewiß, einzelne Menschen haben treffende Bemerkungen über das eine oder andere gemacht. Aber das meiste von dem, was geäußert worden ist, und besonders alles dasjenige, unter dessen Einfluß der moderne Weltkapitalismus auf der einen und die Lohnkämpferei auf der anderen Seite sich entwickelt haben, dieser Krebsschaden des modernen Lebens ist entstanden dadurch, daß man nicht mehr wirklich hineingeschaut hat in den gesetzmäßigen Zusammenhang des Wirtschaftslebens, und daß einem auch gar nicht mehr vor Augen stand — indem man als Mensch im Wirtschaftsleben lebte —, wie die Fäden herüber- und hinübergehen, weil das Geld alles ausgelöscht hat. Wenn aber die Assoziationen da sein werden, wird wiederum klar und offen daliegen, wie das eine oder andere produziert sein muß. Da wird derjenige, der etwas zu produzieren hat — weil Assoziationen da sind —, Kundschaft durch die Menschen erhalten, die in entsprechenden Assoziationen sind, [und es wird beraten und festgelegt werden,] ob soviel produziert werden kann von dem oder jenem. Da kann ohne Zwangswirtschaft Moellendorffscher Geschwätzigkeit etwas entstehen; da kann — in dem der eine durch den anderen in freiem Verkehr unterrichtet wird — alles so eingeteilt werden, daß wirklich der Konsum für alle das Maßgebende ist.

C'est ce dont il s'agissait à l'idée de la triarticulation : parler une fois à l'humanité à partir de la pleine réalité.

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Darauf kam es bei der Idee der Dreigliederung an: Einmal aus der vollen Wirklichkeit heraus zu der Menschheit zu sprechen.

C'est parce que les humains sont si peu habitués à l'heure actuelle à aborder la réalité que l'on comprend si difficilement la chose ; les humains ne sont pas habitués à aborder la réalité. Que comprennent donc les gens d'une vie de l'économie comme tout ? Le maître d'œuvre comprend quelque chose à la construction, le maître menuisier comprend quelque chose à la menuiserie, le cordonnier à la fabrication de chaussures, le coiffeur à la taille de la barbe, chacun comprend quelque chose à l'économie correspondante à laquelle il est lié. Mais tout ce que ces "praticiens de la vie" savent d'une manière ou d'une autre de la vie économique n'est en fait lié qu'à la leur et non à celle des autres ensemble. C'est ce qui la rend si abstraite. Il devait une fois être parlé à l'humanité à partir du contexte réel de la vie sociale dans son ensemble. Parce que c'est devenu inhabituel pour les humains d'utiliser l'expérience de la vie comme fil conducteur, ils voient tout de suite comme une utopie ce qui est né de la réalité.

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Weil die Menschen so ungewohnt sind in der Gegenwart, an die Wirklichkeit heranzugehen, deshalb versteht man die Sache auch so schwer; die Menschen sind ungewohnt, an die Wirklichkeit heranzugehen. Was verstehen denn die Leute von einem Wirtschaftsleben als ganzem? Der Baumeister versteht etwas vom Bauen, der Tischlermeister versteht etwas vom Tischlern, der Schuhmacher vom Schuhemachen, der Friseur vom Bartschneiden, jeder versteht etwas von dem entsprechenden Wirtschaftlichen, mit dem er zusammenhängt. Aber das alles, was diese «Lebenspraktiker» irgendwie wissen über das wirtschaftliche Leben, hängt ja doch nur mit dem ihrem und nicht mit dem der anderen zusammen. Dadurch ist es so abstrakt. Es mußte einmal aus dem wirklichen Zusammenhang des gesamten sozialen Lebens heraus zu der Menschheit gesprochen werden. Weil es für die Menschen ungewohnt geworden ist, die Lebenserfahrungen zur Richtschnur zu benützen, sehen sie gerade das, was aus der Wirklichkeit geboren ist, als Utopie an.

C'est pourquoi il s'agit que cette

idée de la triarticulation sociale soit reconnue comme l'antithèse de toute utopie, de la reconnaître comme ce qui est né à partir de la vie réelle et qui peut donc aussi se placer dans la vie réelle. Et il s'agit seulement que les humains envisagent ces choses. On trouvera alors que chacun - quel que soit le sol où il se tient - comprenne correctement l'idée de la triarticulation de l'organisme social, tout de suite s'il comprend quelque chose du pendant de sa production avec l'ensemble du processus économique du monde. Cette idée de la triarticulation de l'organisme social ne recule pas devant un examen minutieux de la part de ceux qui, de par leur rapport à la vie, comprennent quelque chose à la vie de l'économie. Mais aujourd'hui, peu d'humains comprennent absolument quelque chose de la vie économique ou de la vie sociale ; ils se laissent porter et s'en sortent le mieux quand ils n'ont pas besoin de participer eux-mêmes à une quelconque [décision sur l'ordre social], mais que le gouvernement s'en charge pour eux.

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Darum aber handelt es sich, daß diese Idee von der sozialen Dreigliederung erkannt wird als das Gegenbild aller Utopie, daß sie erkannt wird als dasjenige, was aus dem wirklichen Leben heraus geboren ist, und daher auch in das wirkliche Leben sich hineinstellen kann. Und nur darum handelt es sich: daß die Menschen diese Dinge einsehen werden. Dann wird man finden, daß jeder — auf welchem Boden er auch immer stehen mag —, die Idee von der Dreigliederung des sozialen Organismus richtig verstehen wird, gerade wenn er etwas versteht von dem Zusammenhang seiner Produktion mit dem ganzen Wirtschaftsprozeß der Welt. Diese Idee von der Dreigliederung des sozialen Organismus schreckt nicht zurück vor einer genauen Prüfung durch diejenigen, die durch ihr ganzes Verhältnis zum Leben etwas vom Wirtschaftsleben verstehen. Aber es verstehen heute nicht viele Menschen vom Wirtschaftsleben oder sozialen Leben überhaupt etwas; sie lassen sich treiben und haben es am besten, wenn sie selber nicht teilzunehmen brauchen an irgendwelcher [Entscheidung über die soziale] Ordnung, sondern wenn das die Regierung für sie besorgt.

C'est pourquoi les humains en arrivent à des idées si embrouillées qu'ils considèrent comme utopiste ce qui est réel dans la vie. Toutefois, la situation est aujourd'hui quelque peu obscurcie par ce que les puissances occidentales se sont conquis la possibilité, grâce à leur victoire, de ne pas s'élever à la hauteur de l'époque. Ce qui est exigé aujourd'hui dans l'idée de la triarticulation est exigé par l'époque. L'évolution de l'humanité en est aujourd'hui arrivée à ce point. La victoire des puissances occidentales ne signifie rien d'autre que la conquête d'un délai de grâce pour pouvoir rester dans les anciennes conditions sociales. Les puissances occidentales peuvent s'offrir ce luxe ; elles l'ont obtenu de haute lutte. Mais les puissances centrales ne peuvent pas s'offrir ce luxe ; elles sont obligées de satisfaire aux exigences de l'époque. Si elles les satisfont, cela aura un impact sur le monde entier. Si elles ne les satisfont pas, elles disparaîtront.

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Daher kommen die Menschen zu solch vertrackten Ideen, daß sie das, was lebenswirklich ist, als utopistisch ansehen. Allerdings, die Situation ist heute dadurch etwas verdunkelt, daß sich durch ihren Sieg die Westmächte die Möglichkeit erkämpft haben, nicht zur Höhe der Zeit heraufzukommen. Das, was heute in der Idee der Dreigliederung gefordert wird, das wird von der Zeit gefordert. An diesem Punkte ist heute die Menschheitsentwicklung angelangt. Der Sieg der Westmächte bedeutet nichts anderes als die Erkämp­fung einer Galgenfrist, um unter den alten sozialen Verhältnissen noch bleiben zu können. Diesen Luxus können sich die Westmäch­te gönnen; sie haben ihn erkämpft. Die Mittelmächte aber können sich diesen Luxus nicht gönnen; sie sind darauf angewiesen, die Forderungen der Zeit zu befriedigen. Befriedigen sie sie, dann wird das auf die ganze Welt wirken. Befriedigen sie sie nicht, dann gehen sie unter.

Cela doit être dit clairement aujourd'hui, car il s'agit aujourd'hui d'un "ou bien, ou bien". C'est pourquoi il est si frivole de voir des gens très intelligents dire, par exemple, qu'un désaccord va à nouveau survenir entre les Français et les Anglais. Car les Anglais, de par leurs anciennes traditions, ne veulent conclure aucune alliance militariste avec les Français ; ils ne veulent non plus accorder aucun crédits ; ils ne sont pas non plus tout à fait d'accord avec les intentions des Français concernant la frontière du Rhin, etc. - C'est la continuation de ce qui a déjà eu un effet si dévastateur pendant et avant la guerre. Là aussi, on a toujours spéculé : maintenant, les ennemis sont à nouveau en désaccord ; peut-être pouvons-nous conclure une paix séparée avec quelqu'un. - Grâce à cette diplomatie, on a finalement réussi à avoir presque le monde entier contre soi. Si des gens de ce calibre continuent aujourd'hui à corrompre les idées des humains et à spéculer sur le fait que les Français et les Anglais sont à nouveau en désaccord, c'est un vrai rêve ; ce n'est pas une prise de conscience de la réalité. C'est une continuation de la vieille pensée diplomatique que Czernin a si bien décrite dans son livre, dans lequel il exige que l'importance extraordinaire des diplomates soit reconnue. Mais cette importance extraordinaire des diplomates résidait dans le fait qu'ils pouvaient fréquenter les salons correspondants, y observer l'ambiance et écrire ensuite de longues lettres sur cette ambiance, et ainsi de suite. Pendant la guerre, cela s'est très bien poursuivi, dans la mesure du possible, sauf que l'on a alors davantage jugé l'ambiance par des voies détournées.

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Das muß heute einmal ganz klipp und klar gesagt werden, denn heute handelt es sich um ein Entweder-Oder. Deshalb ist es auch so frivol, wenn immer wieder ganz kluge Leute auftreten und zum Beispiel sagen: Jetzt wird wiederum einmal eine Uneinigkeit entste­hen zwischen Franzosen und Engländern. Denn die Engländer wollen aus ihren alten Traditionen keine militaristische Allianz mit den Franzosen schließen; sie wollen auch keine Kredite bewilligen; sie sind auch nicht ganz einverstanden mit den Absichten der Fran­zosen bezüglich der Rheingrenze und so weiter. — Das ist die Fort­setzung desjenigen, was schon im Krieg und vor dem Krieg so verheerend gewirkt hat. Da hat man auch immer spekuliert: Jetzt sind wieder einmal die Feinde uneins; vielleicht können wir mit jemandem einen Separatfrieden schließen. — Mit dieser Diplomatie hat man es endlich dahin gebracht, fast die ganze Welt gegen sich zu haben. Wenn heute Leute von diesem Kaliber die Ideen der Menschen weiter verderben und weiter darauf spekulieren, daß die Franzosen und Engländer wieder einmal uneins sind, dann ist das ein richtiger Traum; das ist nicht ein Erfassen der Wirklichkeit. Das ist eine Fortsetzung derjenigen alten diplomatischen Denkweise, die Czernin so schön geschildert hat in seinem Buche, in dem er verlangt, daß die außerordentliche Bedeutung der Diplomaten anerkannt werden muß. Diese außerordentliche Bedeutung der Di­plomaten hat aber darin bestanden, daß sie in den entsprechenden Salons verkehren konnten, die Stimmung da beobachteten und dann lange Briefe schrieben über diese Stimmung und so weiter. Im Krieg wurde das noch sehr schön fortgesetzt, soweit man konnte, nur hat man da die Stimmung mehr auf Schleichwegen beurteilt.

La catastrophe de la guerre est justement née de cette évaluation de l'humeur avant la guerre. Et maintenant, les gens commencent à nouveau à spéculer de la même manière. Mais quand les gens se réveilleront, ils verront qu'en réalité, ils n'ont fait que s'asseoir entre deux chaises. On parle d'un profond fossé qui se creuse entre les Français et les Anglais ; les plus intelligents en parlent aujourd'hui. Quand on se réveillera, on verra que ce fossé existe bel et bien, mais qu'au-delà de ce fossé, les gens [les Français et les Anglais] sont d'accord, et que l'on est soi-même assis dans ce profond fossé. Que cette manière de penser si fatale à l'humanité soit remplacée par une manière de penser conforme à la réalité, voilà le véritable fondement de l'impulsion de la triarticulation de l'organisme social. Et lorsque l'on comprendra cela, on se tournera vers cette triarticulation avec une nécessité intérieure.

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Aus diesem Stimmungbeurteilen vor dem Kriege ist eben die Kriegskatastrophe mitentstanden. Und jetzt fangen die Leute wiederum an, auf dieselbe Weise zu spekulieren. Aber wenn die Leute aufwachen werden, werden sie sehen, daß sie es in Wirklichkeit nur dahin gebracht haben, selbst zwischen zwei Stühlen zu sitzen. Man spricht von einer tiefen Kluft, die sich auftut zwischen Franzosen und Engländern; die ganz Gescheiten reden heute davon. Wenn man aufwachen wird, wird man sehen, daß diese Kluft zwar da ist, aber über diese Kluft hinüber sind sich die Leute, [die Franzosen und Engländer,] einig, und selber sitzt man in der tiefen Kluft drinnen. Daß an die Stelle dieser für die Menschheit so verhängnisvollen Denkweise eine wirklichkeitsgemäße dringe, das ist die eigentliche Grundlage des Impulses der Dreigliederung des sozialen Organismus. Und wenn man das einsehen wird, wird man sich mit einer inneren Notwendigkeit zu dieser Dreigliederung wenden.

Après les paroles d'introduction de Rudolf Steiner, la discussion est ouverte ; différentes personnalités prennent la parole : Georg Herberg pense qu'au vu de l'augmentation des prix au cours des dernières années - il cite l'exemple du prix d'une tonne de fer qui coûtait autrefois 13 marks et qui coûte aujourd'hui 1700 marks - il est nécessaire d'examiner de plus près le problème des prix. Il faut notamment s'intéresser au pôle opposé des consommateurs, c'est-à-dire au côté des producteurs.

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Nach den einleitenden Worten von Rudolf Steiner wird die Diskussion er­öffnet; es melden sich verschiedene Persönlichkeiten zu Wort: Georg Herberg glaubt, daß es angesichts der Preissteigerungen in den letzten Jahren — als Beispiel führt er den Preis für eine Tonne Eisen an, die früher 13 Mark gekostet habe, heute aber 1700 Mark koste — notwendig sei, das Preisproblem näher zu beleuchten. Es müsse dabei insbesondere der Gegenpol der Konsumenten, das heißt die Produzentenseite, ins Auge gefaßt werden.

Avant d'entamer la discussion proprement dite, Siegfried Dorfner aimerait attirer l'attention des personnes présentes sur trois faits fondamentaux que l'on peut considérer comme typiques de toute la situation dans le travail de triarticulation : premièrement, des dirigeants du parti auraient été invités pour cette soirée, mais ils ne seraient pas là. Deuxièmement, s'ils viennent déjà une fois, ils se taisent la plupart du temps lors des discussions ; il n'y aurait aucun demandeurs/ouvreur de portes. Troisièmement, on observe très souvent chez les adeptes de l'anthroposophie l'attitude suivante : "J'aime l'anthroposophie, mais pas la triarticulation". Le manque de succès des efforts de la triarticulation n'est donc pas surprenant.

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Siegfried Dorfner möchte, bevor die eigentliche Diskussion beginnt, die Anwesenden auf drei grundsätzliche Sachverhalte aufmerksam machen, die man als typisch für die ganze Situation in der Dreigliederungsarbeit be­trachten könne: Erstens seien für diesen Abend Parteiführer eingeladen worden; diese seien aber nicht da. Zweitens würden sie, wenn sie schon einmal kommen, in den Diskussionen meist schweigen; es gäbe keine ` Tortforderer. Drittens lasse sich bei den Anhängern der Anthroposophie sehr oft die Einstellung beobachten: «Anthroposophie mag ich, die Drei­gliederung aber nicht.» Und so sei der fehlende Erfolg der ganzen Drei­gliederungsbemiihungen nicht weiter verwunderlich.

Carl Unger souhaite revenir sur ce qui précède et souligne l'importance des trusts dans la vie économique actuelle. L'exemple du fer a été cité ; dans ce domaine, il faut partir du principe que l'on a affaire à un trust d'acier. Les sucreries allemandes occupent une position de monopole similaire ; il y a certes d'innombrables champs de betteraves en Allemagne, mais le prix est trop élevé par rapport à cette offre importante.

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Carl Unger möchte noch einmal auf das Vorangehende zurückkommen und weist auf die Bedeutung der Trusts im heutigen Wirtschaftsleben hin. Es sei das Beispiel des Eisens genannt worden; da müsse man eben davon ausgehen, daß man es auf diesem Gebiete mit einem Stahltrust zu tun habe. Eine ähnliche Monopolstellung nähmen auch die deutschen Zuckerfabriken ein; es gäbe zwar in Deutschland unendlich viele Rübenfelder, aber der Preis sei im Vergleich zu diesem großen Angebot überhöht.

Walter Johannes Stein est d'avis que la situation de l'économie sucrière allemande renvoie à un problème tout à fait central, celui du rapport entre les terres et les moyens de production en général. La question se pose en effet de savoir si la vache, par exemple, est un moyen de production ou si elle fait partie du patrimoine foncier. Mais la question se complique encore lorsque la vache est finalement abattue ; ne prend-elle pas alors le caractère d'une marchandise ? Il demande donc à Rudolf Steiner d'expliquer plus précisément le rapport entre la terre, les moyens de production et les marchandises.

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Walter Johannes Stein ist der Meinung, daß die Situation in der deutschen Zuckerwirtschaft auf ein ganz zentrales Problem hinweise, auf das Verhält­nis von Grund und Boden zu den Produktionsmitteln ganz allgemein. Es stelle sich nämlich die Frage, ob zum Beispiel die Kuh ein Produktionsmit­tel sei oder ob sie zu Grund und Boden gehöre. Komplizierter werde die Sache aber noch, wenn die Kuh schließlich geschlachtet werde; ob sie dann nicht den Charakter einer Ware annehme. So bitte er Rudolf Steiner, doch noch Genaueres über das Verhältnis zwischen Grund und Boden, Produk­tionsmittel und Ware auszuführen.

Rudolf Steiner : Mes chers amis ! En ce qui concerne la distinction entre le foncier et les moyens de production, l'essentiel est déjà que le foncier est quelque chose de limité, qu'il n'a rien d'élastique, qu'il ne peut pas être multiplié dans un certain sens, alors que les moyens de production, qui résultent eux-mêmes du travail humain, peuvent être multipliés, et que la multiplication des moyens de production permet justement d'augmenter la production.

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Rudolf Steiner: Meine lieben Freunde! Mit Bezug auf die Unterscheidung von Grund und Boden und Produktionsmitteln ist schon das Wesentliche, daß Grund und Boden etwas Begrenztes ist, nichts Elastisches ist, daß er in bestimmtem Sinne nicht vermehrt werden kann, während die Produktionsmittel, die selbst durch menschliche Arbeit entstehen, vermehrt werden können, und durch die Vermehrung der Produktionsmittel kann eben die Produktion wiederum erhöht werden.

Or, si l'on fait de telles distinctions, c'est parce que l'on doit souvent partir de différents points de vue. En distinguant le foncier des moyens de production, on désigne comme "foncier" ce qui est d'abord là et qui n'a pas été produit par la main de l'humain. Pour l'économiste, une vache que l'humain ne fabrique pas lui-même par son travail fait tout simplement partie du "foncier" tant qu'elle n'est pas abattue ; si elle est abattue, elle est bien entendu une marchandise. Mais elle apparaît alors d'une manière très particulière sur le marché des marchandises, et l'on est confronté à deux faits : premièrement, le fait qu'elle est soustraite à la force de production du sol, et deuxièmement, l'autre fait qu'elle apparaît comme une marchandise ; la vache est en un certain sens un produit limite/frontière. De tels produits frontières existent partout. Mais il s'agit en quelque sorte de fixer ce que l'on a en vue, en ce sens que l'on peut prendre les désignations du représentant caractéristique.

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Nun, wenn man solche Unterscheidungen angibt, handelt es sich ja darum, daß man oftmals natürlich von verschiedenen Gesichtspunkten ausgehen muß. Indem man Grund und Boden vom Produktionsmittel unterscheidet, bezeichnet man dasjenige, was zunächst da ist und nicht durch Menschenhände hergestellt worden ist, als «Grund und Boden». Für den volkswirtschaftlich Betrachtenden gehört eine Kuh, die der Mensch durch seine Arbeit nicht selbst fabriziert, eben einfach zu «Grund und Boden», solange sie nicht geschlachtet wird; wenn sie geschlachtet wird, ist sie selbstverständlich eine Ware. Dann tritt sie aber in einer ganz bestimmten Weise auf dem Warenmarkte auf, und man hat es mit zwei Tatsachen zu tun: erstens mit der Tatsache, daß sie entzogen wird der Produktionskraft des Grund und Bodens, und zweitens mit der anderen Tatsache, daß sie als Ware auftritt; die Kuh ist in einem gewissen Sinne ein Grenz­produkt. Solche Grenzprodukte gibt es überall. Aber es handelt sich darum, daß man gewissermaßen das festhält, was man im Auge hat, indem man die Benennungen ja hernehmen kann von dem jeweils charakteristischen Repräsentanten.

N'est-ce pas, dans le processus économique, on a tout d'abord affaire à ce qui est nécessaire à la production, mais qui ne peut pas être produit lui-même. Cela comprend le foncier lui-même et quelques autres choses ; on les regroupe simplement sous le terme de "foncier/fond et sol". Deuxièmement, le processus économique englobe tout ce qui sert à produire autre chose, mais qui doit d'abord être produit soi-même, par exemple comme les machines. Dans le contexte économique, le processus de travail, le travail qui doit être utilisé pour fabriquer les moyens de production, disparaît dans le cas du foncier. C'est là l'essentiel pour l'économie de peuple : les moyens de production sont seulement aussi longtemps à considérer du point de vue de l'équivalent-travail jusqu'à ce qu'ils soient prêts à être utilisés pour la production. Dès l'instant où les moyens de production sont là, ils s'inscrivent en fait dans le processus économique au même titre que le foncier. Tant que l'on travaille sur les moyens de production et que l'on doit faire appel à l'économie de peuple pour pouvoir travailler sur les moyens de production, il faut voir une différence dans la manière dont les moyens de production et les terres sont placés dans l'économie de peuple. Dès l'instant où les moyens de production sont prêts, ils sont soumis à la même catégorie économique que le foncier. Tant que je dois encore fabriquer la locomotive, je dois juger le processus économique dans lequel se déroule la fabrication de la locomotive autrement qu'au moment où elle est terminée. Lorsqu'elle est sur les rails [en tant que moyen de production fini] et qu'elle est déplacée par les humains pour une nouvelle production, elle se trouve dans le processus économique au même titre que le foncier. C'est la difficulté de la distinction, à savoir que le moyen de production fini est soumis à la même catégorie que le foncier. Ce qui est essentiel, c'est le travail nécessaire à la création d'un moyen de production, et cela s'ajoute aux moyens de production et fait défaut/manque au foncier. Cela est bien sûr lié à ce qui suit. Si le foncier était élastique, si on pouvait le multiplier, alors soit il devrait croître lui-même, soit les humains devraient pouvoir le produire. Mais je ne veux pas m'étendre sur cette question. Que justement le foncier existe dans une certaine mesure est ce qui la distingue des moyens de production. Il peut seulement être exploité plus ou moins, ce qui le rend à nouveau semblable aux moyens de production.

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Nicht wahr, im wirtschaftlichen Prozeß hat man es erstens zu tun mit dem, was notwendig ist zur Produktion, was aber nicht selbst produziert werden kann. Dazu gehört der Grund und Boden selbst und auch einiges andere; man faßt dies einfach zusammen unter «Grund und Boden». Zweitens gehört in den wirtschaft­lichen Prozeß hinein alles, was dazu dient, anderes zu produzieren, was aber vorher selbst produziert werden muß, wie zum Beispiel Maschinen. Im volkswirtschaftlichen Zusammenhange gesehen fällt der Prozeß des Arbeitens, die Arbeit, die verwendet werden muß zur Herstellung der Produktionsmittel, bei Grund und Boden weg. Das ist das volkswirtschaftlich Wesentliche: Produktionsmittel sind nur so lange unter dem Gesichtspunkte des Arbeits-Äquivalents zu betrachten, bis sie als Produktionsmittel für die Produktion fertig sind. In dem Augenblick, in dem Produktionsmittel da sind, stellen sie sich eigentlich in den Wirtschaftsprozeß genauso hinein wie Grund und Boden. Solange man an Produktionsmitteln arbeitet und die Volkswirtschaft in Anspruch nehmen muß, um an den Produktionsmitteln arbeiten zu können, solange muß ein Unter­schied gesehen werden, wie Produktionsmittel und Grund und Boden in die Volkswirtschaft hineingestellt sind. In dem Augen­blick, wo die Produktionsmittel fertig sind, unterliegen sie dersel­ben volkswirtschaftlichen Kategorie wie der Grund und Boden. Solange ich an der Lokomotive noch zu fabrizieren habe, muß ich den volkswirtschaftlichen Prozeß, in dem das Fabrizieren der Lo­komotive vor sich geht, anders beurteilen als in dem Augenblick, wo sie fertig ist. Wenn sie [als fertiges Produktionsmittel] auf den Schienen steht und bewegt wird durch die Menschen für weitere Produktion, steht sie im volkswirtschaftlichen Prozeß ebenso drinnen wie Grund und Boden. Das ist die Schwierigkeit in der Unterscheidung, daß tatsächlich das fertige Produktionsmittel derselben Kategorie untersteht wie Grund und Boden. Was an Arbeit aufgewendet werden muß, um ein Produktionsmittel zu schaffen, ist das Wesentliche, und das kommt bei Produktionsmitteln dazu und das fehlt bei Grund und Boden. Das hängt natürlich mit folgendem zusammen. Würde der Grund und Boden elastisch sein, würde man ihn vermehren können, dann müßte er entweder selber wachsen oder aber die Menschen müßten ihn hervorbringen können. Ich will diese Frage aber nicht weiter erörtern. Daß eben der Grund und Boden in bestimmtem Ausmaß da ist, dadurch unterscheidet er sich von den Produktionsmitteln. Er kann nur stärker oder schwächer ausgenützt werden, wodurch er wieder den Produktionsmitteln ähnlich wird.

Maintenant, il faut bien sûr aussi considérer le troisième membre, la marchandise proprement dite. Elle se caractérise par le fait qu'elle est consommée. De ce fait, elle est, dans le processus d'économie de peuple, quelque chose d'essentiellement différent du moyen de production qui, lui, n'est pas directement consommé, mais seulement usé. Ainsi, la marchandise est aussi de nouveau quelque chose d'autre que le foncier, qui sert justement aussi peu à la consommation, mais qui doit tout au plus être améliorée, et ainsi de suite.

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Nun muß man natürlich auch das dritte Glied etwas ins Auge fassen, die eigentliche Ware. Sie ist dadurch charakterisiert, daß sie verbraucht wird. Dadurch ist sie im volkswirtschaftlichen Prozeß etwas wesentlich anderes als das Produktionsmittel, das selbst nicht unmittelbar verbraucht, sondern nur abgenützt wird. Damit ist Ware aber auch wieder etwas anderes als Grund und Boden, der ebenso wenig dem Verbrauch dient, sondern höchstens verbessert werden muß und so weiter.

Il faut donc distinguer ces trois choses comme étant essentiellement différentes dans le processus économique : 1. le foncier, qui [existe] sans que le travail humain y ait été employé ; 2. le moyen de production, qui commence lorsque le travail humain a été utilisé ; les deux - le foncier et le moyen de production - ne sont pas là pour la consommation immédiate ; 3. la marchandise, qui est là pour la consommation immédiate.

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Damit sind diese drei Dinge als wesentlich verschieden im volkswirtschaftlichen Prozeß zu unterscheiden: 1. der Grund und Boden, der [vorhanden ist], ohne daß menschliche Arbeit darauf aufgewendet worden ist; 2. das Produktionsmittel, das beginnt, wenn menschliche Arbeit verwendet worden ist; beide — Grund und Boden und Produktionsmittel — sind nicht zum unmittelbaren Verbrauch da; 3. die Ware, die zum unmittelbaren Verbrauch da ist.

Mais vous voyez, l'affaire est telle que tout cela est aussi une question de temps. Car au moment où vous réfléchissez au fait que les moyens de production, par exemple de sorte machine, sont consommés en un certain temps, à ce moment-là, les moyens de production vous apparaissent comme des marchandises - seulement comme des marchandises qui ont besoin d'un temps plus long pour être consommées. Lorsque l'on fait des distinctions dans la vie, ces distinctions ont la particularité d'être extrêmement inconfortables ; elles ne sont jamais telles que l'on puisse faire une répartition stricte.

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Aber sehen Sie, die Sache liegt ja so, daß das Ganze wiederum auch eine Zeitfrage ist. Denn in dem Augenblick, wo Sie darüber nachdenken, daß ja Produktionsmittel, zum Beispiel maschineller Art, innerhalb einer gewissen Zeit aufgebraucht sind, in diesem Augenblick erscheinen Ihnen die Produktionsmittel als Ware — nur als Ware, die eben eine längere Zeit braucht, um verbraucht zu werden. Wenn man Unterscheidungen macht im Leben, so haben diese Unterscheidungen die Eigenschaft, daß sie höchst unbequem sind; sie sind überhaupt niemals so, daß man strikte einteilen kann.

Il faut rester souple/mobile sur ces questions. Car, en effet, les moyens de production ont aussi, d'une certaine manière, un caractère marchand. Ce caractère de marchandise que peuvent avoir les moyens de production, le foncier ne l'a pas de la même manière, c'est pourquoi il faut là encore faire une distinction plus stricte. Il est absolument absurde de conférer au foncier le caractère de marchandise d'un point de vue purement capitaliste. Vous voyez donc que si l'on applique quelque chose dans la réalité, on ne peut pas s'arrêter à des concepts abstraits. C'est en effet quelque chose que les gens font valoir comme objection lorsqu'ils lisent les "Points essentiels de la question sociale" : ils veulent avoir des concepts joliment emboîtés. Alors, ce qu'ils lisent est beau pour eux ; on sait alors, après avoir lu une demi-page, ce que l'on a lu. Mais dans la réalité, un moyen de production ne peut être saisi que si l'on sait qu'il n'est d'abord pas consommé, mais que si on l'utilise pendant une longue période, il est comme une marchandise. Il faut donc considérer que le moyen de production a la propriété d'être consommé et de ne pas être consommé, et que le concept doit correspondre à cela.

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Man muß in diesen Fragen beweglich bleiben. Denn in der Tat, die Produktionsmittel haben in einer gewissen Weise auch Warencharakter. Diesen Warencharakter, wie ihn die Produktionsmittel haben können, hat Grund und Boden nicht in derselben Weise, weshalb man da wiederum einen strengeren Unterschied machen muß. Es ist überhaupt bei Grund und Boden ein Unfug, ihn unter rein geldkapitalistischen Gesichtspunkten mit dem Warencharakter auszustatten. Also Sie sehen, wenn man irgend etwas anwendet in der Wirklichkeit, so darf man nicht bei abstrakten Begriffen stehenbleiben. Das ist nämlich etwas, was die Leute beim Lesen der «Kernpunkte der Sozialen Frage» als Einwand geltend machen: sie möchten hübsch eingeschachtelte Begriffe haben. Dann ist das für sie schön, was sie lesen; dann weiß man doch, wenn man eine halbe Seite gelesen hat, was man gelesen hat. In der Wirklichkeit ist ein Produktionsmittel aber nur zu erfassen, wenn man weiß: es wird zunächst nicht verbraucht, aber wenn man es über einen längeren Zeitraum in Anspruch nimmt, ist es gleich einer Ware. Also muß man bedenken, daß das Produktionsmittel sowohl die Eigenschaft des Verbrauchtwerdens wie des Nichtverbrauchtwerdens hat und der Begriff dem entsprechen muß.

Il faut avoir des concepts mobiles. Les gens ne veulent pas de cela aujourd'hui ; ils veulent des concepts emboîtés. Ils ne veulent absolument pas penser dehors dans la réalité. Sinon, de telles choses ne pourraient pas se produire, que les gens disent par exemple : l'anthroposophie me plaît bien, mais je ne veux rien savoir de la triarticulation. - Celui qui parle ainsi ressemble à peu près à celui qui dit : oui, je m'intéresse au spirituel, mais ce spirituel ne doit pas déborder sur le politique ; ce spirituel doit être indépendant du politique. Oui, mes chers amis, c'est précisément ce que veut atteindre la triarticulation. Mais comme le spirituel n'est aujourd'hui indépendant nulle part, c'est une illusion si vous croyez pouvoir vous intéresser uniquement au spirituel. Pour que votre idéal abstrait puisse devenir concret, pour que vous puissiez vous intéresser à quelque chose sans que cela soit influencé par la politique, la triarticulation doit d'abord conquérir un tel domaine, pour qu'il y ait un domaine où l'on n'ait pas besoin de s'intéresser à la politique. La triarticulation lutte précisément pour le domaine dans lequel les âmes assoupies veulent se sentir à l'aise, mais qui n'est qu'une illusion devant elles. Ces âmes assoupies - oh, on aimerait tellement les réveiller ! - se sentent si bien lorsqu'elles sont intérieurement mystiques, lorsqu'elles saisissent intérieurement le monde entier, lorsqu'elles découvrent le Dieu dans leur propre âme et deviennent ainsi des humains parfaits ! Mais cette intériorité n'a de valeur que si elle se manifeste dans la vie. Je voudrais savoir si elle a une valeur si maintenant, à l'époque où tout presse, où le monde est en feu, l'humain ne trouve pas le moyen de prendre la parole dans les affaires publiques. C'est un bel intérêt pour l'anthroposophie, qui ne veut s'intéresser qu'à l'anthroposophie et ne trouve même pas la possibilité de participer à ce à quoi l'anthroposophie veut inciter. Les anthroposophes qui ne veulent s'intéresser qu'à l'anthroposophie et non à ce que l'anthroposophie peut devenir dans la vie, ressemblent à un humain qui n'est charitable que de la bouche, mais qui ferme vite ses poches quand il devrait être vraiment charitable. C'est pourquoi ce que l'on trouve chez les gens qui ne veulent s'intéresser à l'anthroposophie qu'à leur manière, c'est du bavardage anthroposophique. Mais la réalité de l'anthroposophie, c'est ce qui passe dans la vie.

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Man muß bewegliche Begriffe haben. Das wollen die Leute heute nicht; sie wollen eingeschachtelte Begriffe haben. Sie wollen überhaupt nicht hinausdenken in die Wirklichkeit. Solche Dinge könnten sonst nicht entstehen, daß zum Beispiel die Leute sagen: Anthroposophie gefällt mir ganz gut, aber von der Dreigliederung will ich nichts wissen. — Wer so spricht, gleicht ungefähr demjeni­gen, der sagt: Ja, für das Geistige interessiere ich mich, aber dieses Geistige darf nicht in das Politische übergreifen; dieses Geistige muß unabhängig sein von dem Politischen. Ja, meine lieben Freun­de, das will ja gerade die Dreigliederung erreichen. Aber weil das Geistige heute nirgends unabhängig ist, so ist das eine Illusion, wenn Sie glauben, sich nur interessieren zu können für bloß Geistiges. Damit Ihr abstraktes Ideal konkret werden kann, damit Sie etwas haben, wofür Sie sich interessieren können, ohne daß es von Politik beeinflußt ist, muß die Dreigliederung erst ein solches Gebiet erkämpfen, damit ein Gebiet da ist, auf dem man sich nicht für Politik zu interessieren braucht. Die Dreigliederung kämpft gerade für dasjenige, in dem die schläfrigen Seelen sich wohlfühlen wollen, es aber nur als Illusion vor sich haben. Diese schläfrigen Seelen — oh, man möchte sie so gerne aufwecken! sie fühlen sich so ungeheuer wohl, wenn sie innerlich Mystiker sind, wenn sie die ganze Welt erfassen innerlich, wenn sie den Gott in ihrer eigenen Seele entdecken und dadurch so vollkommene Menschen werden! Aber diese Innerlichkeit hat nur einen Wert, wenn sie heraustritt ins Leben. Ich möchte wissen, ob sie einen Wert hat, wenn jetzt, in der Zeit, wo alles drängt, wo die Welt in Flammen steht, der Mensch nicht den Weg findet, mitzusprechen in den öffentlichen Angelegenheiten. Das ist ein schönes Interesse für Anthroposophie, das sich nur für Anthroposophie interessieren will und nicht einmal die Möglichkeit findet, mitzureden bei dem, wozu Anthroposophie anregen will. Diejenigen Anthroposophen, die sich nur für Anthroposophie interessieren wollen und nicht für das, was aus Anthroposophie werden kann dem Leben gegenüber, die gleichen einem Menschen, der wohltätig ist nur mit dem Munde, aber sonst schnell die Taschen zumacht, wenn er wirklich wohltätig sein sollte. Deshalb ist das, was bei den Leuten zu finden ist, die sich nur in ihrer Art für Anthroposophie interessieren wollen, anthroposophisches Geschwätz. Die Wirklichkeit der Anthroposophie ist aber dasjenige, was in das Leben übergeht.

En rattachement, un débat sur le futur travail de triarticulation a lieu avec les meneurs des groupes locaux. Trois questions principales sont à l'ordre du jour. Premièrement : peut-on faire des compromis ? Deuxièmement : faut-il participer aux élections ? Troisièmement : sous quelle forme faut-il faire de la propagande pour l'idée de la triarticulation ? Paul Kretschmar, de Cologne, préconise d'essayer d'exercer une influence sur le corps des conseils d'entreprise existants et sur le Parlement. Les journaux joueraient un rôle non négligeable à cet égard. Il faudrait donc créer une sorte de bureau journalistique afin de rédiger des articles pour les revues spécialisées. Il serait également important de former des orateurs compétents ; ceux-ci devraient pouvoir s'appuyer sur une sorte d'abécédaire de la triarticulation - à l'instar de l'abécédaire du sol publié par Damaschke. La création d'une propre maison d'édition serait également nécessaire pour soutenir efficacement la propagande dans les journaux. Au fond, il faudrait même envisager de participer aux élections.

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Anschließend findet eine Aussprache über die künftige Dreigliederungs­arbeit mit den Leitern der Ortgruppen statt. Es sind drei hauptsächliche Fragen, die zur Diskussion stehen. Erstens: Darf man Kompromisse ein­gehen? Zweitens: Soll man sich an den Wahlen beteiligen? Drittens: In welcher Form soll Propaganda für die Dreigliederungsidee betrieben werden? Paul Kretschmar, aus Köln, tritt dafür ein, daß man versuchen müßte, auf die bestehende Betriebsräteschaft und auf das Parlament Einfluß zu neh­men. Die Zeitungen würden in dieser Beziehung eine nicht unerhebliche Rolle spielen. Man müßte deshalb eine Art journalistisches Büro bilden, um Artikel für Fachzeitschriften zu verfassen. Wichtig sei auch die Ausbildung von kompetenten Rednern; diese müßten sich auf eine Art Dreigliede­rungsfibel abstützen können — ähnlich wie Damaschke eine Bodenfibel herausgegeben habe. Die Gründung eines eigenen Verlages sei ebenfalls nötig, um die Zeitungspropaganda wirksam abzustützen. Im Grunde wäre sogar eine Beteiligung an den Wahlen ins Auge zu fassen.

M. Klug, également de Cologne, met en garde contre une participation aux élections qui ne serait que purement individuelle. On peut tout au plus discuter de la possibilité de s'unir avec d'autres partis indépendants. De plus, il faudrait absolument discuter de la possibilité de créer des associations de consommateurs.

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Herr Klug, ebenfalls aus Köln, warnt dagegen vor einer ganz auf sich selbst gestellten Wahlbeteiligung. Diskutabel sei allenfalls, ob man mit anderen unabhängigen Parteien vereint vorgehen könne. Weiter müßte unbedingt diskutiert werden, ob nicht Konsumentenvereinigungen gebildet werden könnten.

Hermann Heisler pense qu'il faudrait vraiment disposer d'une sorte de "catéchisme de la triarticulation" ; celui-ci devrait servir de guide pour savoir comment la triarticulation s'intègre dans la vie pratique, en particulier dans la vie de l'économie. Dans la situation actuelle, trois questions se posent en particulier. Premièrement : comment la triarticulation, si elle était effectivement réalisée en Europe centrale, pourrait-elle contrer la famine européenne à laquelle il faut s'attendre ? Deuxièmement, quel objectif faut-il donner aux travailleurs à l'heure actuelle ? Troisièmement : jusqu'où peut-on aller dans les manifestations pratiques des partis politiques et se déclarer en faveur des objectifs de la triarticulation ? Siegfried Dorfner est convaincu que le meilleur moyen de propagande pour la triarticulation est de sortir du parti.

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Hermann Heisler meint, eigentlich müßte wirklich eine Art «Katechis­mus der Dreigliederung» vorliegen; dieser müßte den Leitfaden dafür ab­geben, wie die Dreigliederung sich in das praktische Leben, insbesondere in das Wirtschaftsleben, hineinstelle. In der gegenwärtigen Situation würden sich insbesondere drei Fragen stellen. Erstens: Wie könnte Dreigliederung, wenn sie tatsächlich in Mitteleuropa verwirklicht wäre, der zu erwartenden europäischen Hungersnot entgegenwirken?. Zweitens: Was für ein Ziel muß der Arbeiterschaft jetzt gegeben werden? Drittens: Wie weit darf man in den praktischen Veranstaltungen der politischen Parteien gehen und sich zu den Zielsetzungen der Dreigliederung bekennen? Siegfried Dorfner ist der Überzeugung, das beste Propagandamittel für Dreigliederung sei, aus der Partei herauszugehen.

Walter Conradt pense qu'en ce qui concerne le traitement de la presse, il faut partir du principe qu'il y a eu une décentralisation des opinions du côté opposé. En revanche, en ce qui concerne le traitement du parti prolétarien, les événements de l'année dernière - en particulier ceux liés à la "mission d'affichage" - ont montré que le prolétariat est pour ainsi dire "décalé" depuis un an, et qu'il ne faut donc plus compter avec lui dans un premier temps.

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Walter Conradt glaubt, was die Bearbeitung der Presse betreffe, so müsse davon ausgegangen werden, daß auf der Gegenseite eine Dezentralisation der Meinungen eingetreten sei. Was hingegen die Bearbeitung der proleta­rischen Partei betreffe, so hätten die Ereignisse des letzten Jahres — ins­besondere im Zusammenhang mit der «Plakatmission» — gezeigt, daß das Proletariat seit einem Jahre sozusagen «verschoben» sei, also zunächst nicht mehr mit ihm zu rechnen sei.

Richard Seebohm estime qu'il est déjà arrivé qu'un journal réponde à certaines questions, mais qu'il ne faut pas oublier que, même si la surveillance de l'État est désormais supprimée, les journaux restent sous la contrainte de l'industrie. Il ne faut pas non plus oublier qu'il y a finalement aussi des triarticuleurs qui aimeraient ne rien avoir à faire avec l'anthroposophie. Pour ces raisons, il est important de se ranger derrière le journal de triarticulation existant.

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Richard Seebohm meint, es sei durchaus schon vorgekommen, daß eine Zeitung auf einzelne Fragen eingegangen sei, aber man dürfe nicht verges­sen, daß, wenn auch die staatliche Aufsicht jetzt aufgehoben sei, die Zeitun­gen doch unter dem Zwang der Industrie stehen würden. Und es dürfe auch nicht übersehen werden, daß es schließlich auch Dreigliederer gebe, die nichts mit Anthroposophie zu tun haben möchten. Aus diesen Gründen sei es wichtig, sich hinter die bestehende Dreigliederungszeitung zu stellen.

Paul Kretschmar mentionne le "Generalanzeiger" de Cologne, dans lequel il serait certainement possible d'insérer des articles sur la triarticulation.

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Paul Kretschmar erwähnt den Kölner «Generalanzeiger», in dem sicher auch Artikel über die Dreigliederung untergebracht werden könnten.

Ernst Uehli mentionne un ami étranger qui lui a confirmé que la presse ne pouvait pas être gagnée aux grandes idées ; en général, on peut constater que l'idée de la triarticulation est beaucoup critiquée dans les journaux. L'aspiration à une véritable "humanité" et la presse ne sont pas compatibles, comme l'avait déjà constaté le philosophe allemand Karl Christian Planck.

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Ernst Uehli erwähnt einen ausländischen Freund, der ihm bestätigt habe, daß die Presse für große Ideen nicht gewonnen werden könne; allgemein lasse sich feststellen, daß die Dreigliederungsidee in den Zeitungen viel kritisiert würde. Das Streben nach wahrer «Menschheit» und das Presse­wesen ließen sich nicht vereinbaren, wie ja schon der deutsche Philosoph Karl Christian Planck festgestellt habe.

Emil Molt signale que le Bund für Dreigliederung a l'intention d'organiser un cours d'agitateurs - un cours pour orateurs - sous la direction de Rudolf Steiner.

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Emil Molt weist darauf hin, daß vom Bund für Dreigliederung beabsich­tigt sei, einen Agitatorenkurs — einen Kurs für Redner — unter der Leitung von Rudolf Steiner durchzuführen.

Une fois la discussion terminée, Rudolf Steiner est prié de prendre position sur les différentes questions qui y sont soulevées, malgré l'heure avancée.

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Nach Abschluß der Diskussion wird Rudolf Steiner gebeten, zu den ver­schiedenen darin aufgeworfenen Fragen — trotz der vorgeschrittenen Zeit — Stellung zu nehmen.

Rudolf Steiner : mes très chers présents ! Tout d'abord, je voudrais seulement dire que je serai obligé de parler par brèves allusions, et je vous prie d'en tenir compte. Il n'est donc plus possible de parler en détail des différentes questions posées. Peut-être pourrons-nous le faire une prochaine fois.


Rudolf Steiner: Meine sehr verehrten Anwesenden! Zunächst möchte ich nur sagen, daß ich genötigt sein werde, in kurzen Andeutungen zu sprechen, und ich bitte Sie, das durchaus zu berücksichtigen. Ausführlich läßt sich also über die einzelnen gestellten Fragen nicht mehr sprechen. Vielleicht können wir das ein nächstes Mal tun.

Commençons par la question relativement la plus importante, celle de l'impact de la triarticulation sur la prochaine famine européenne. J'aimerais dire, bien que cela puisse paraître étrange à certains, que cette question en cache une autre, tout à fait différente, qui rend la réponse difficile. Mais d'une manière générale, voici ce qu'il faut retenir de cette question. N'est-ce pas, il y a, disons, dix ans, le monde ne connaissait pas ce que l'on appelle une famine, en tout cas pas ce qui peut arriver prochainement comme famine et qui arrivera probablement, puisque les âmes sont endormies. Mais il faut tout de même faire les considérations suivantes, aussi simples et primitives qu'elles puissent paraître : il n'y a pas moins de matières premières dans la terre qu'il y a dix ans ; il n'y a pas moins de champs qu'il y a dix ans ; il n'y a pas non plus moins de force humaine de travail qu'il y a dix ans - des millions de personnes ont certes péri dans la guerre, mais pas seulement comme producteurs, mais aussi comme consommateurs. Donc, en général, les possibilités économiques, les conditions économiques sont exactement les mêmes qu'il y a dix ans.

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Zunächst wollen wir die relativ wichtigste Frage herausgreifen, die Frage: Wie würde die Dreigliederung wirken bei der kommenden europäischen Hungersnot? Wie würde die Dreigliederung wirken bei der kommenden europäischen Hungersnot?

Ich möchte, trotzdem das vielleicht manchem sonderbar erscheinen wird, sagen, daß hinter dieser Frage eine ganz andere steckt, die die Beantwortung schwierig macht. Aber so im allgemeinen muß gegenüber dieser Frage das folgende gelten. Nicht wahr, vor — sagen wir — zehn Jahren hatte die Welt nicht das, was man eine Hungers­not nennt, jedenfalls nicht das, was als Hungersnot in der nächsten Zeit kommen kann und wahrscheinlich, da ja die Seelen schlafen, auch kommen wird. Aber muß man doch die folgenden Erwägun­gen anstellen, so einfach und primitiv sie erscheinen: Rohstoffe sind nicht weniger da in der Erde als vor zehn Jahren; Felder sind nicht weniger da als vor zehn Jahren; menschliche Arbeitskräfte sind auch im wesentlichen nicht weniger vorhanden als vor zehn Jahren — es sind zwar Millionen im Kriege zugrunde gegangen, aber nicht nur als Produzenten, sondern auch als Konsumenten. Also im allgemeinen steht es mit den wirtschaftlichen Möglichkeiten, mit den wirtschaftlichen Bedingungen genau so wie vor zehn Jahren.

C'était il y a peut-être huit semaines, lorsque les journaux ont publié une lettre écrite par le célèbre politique, le prince russe Kropotkin, dans laquelle il fait deux communications étranges. La première est qu'il travaille maintenant à une éthique - il est intéressant qu'il commence à écrire une éthique. L'autre communication est qu'il n'y a plus qu'une chose à faire, que l'Occident livre des denrées alimentaires à la Russie, que le pain soit livré. C'est bien sûr le plus simple, quand il n'y a pas de pain, de le prendre du côté où il se trouve. Eh bien, d'autres personnes ont aussi parfois ce genre d'avis. Il y a quinze jours, j'ai reçu une lettre d'un avocat et notaire d'Allemagne centrale. La lettre avait un ton très avocat et notaire, car elle était grossière et stupide. Mais on y lisait aussi qu'on ne pouvait pas mettre un chien derrière le poêle avec un quelconque idéalisme, qu'il fallait se battre pour le pain nu.

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Es war vor vielleicht acht Wochen, als durch die Zeitungen ein Brief ging, den der bekannte Politiker, der russische Fürst Kropot­kin, geschrieben hatte, in dem er zwei merkwürdige Mitteilungen macht. Die eine ist diese, daß er jetzt arbeite an einer Ethik — in­teressant, daß er nun anfängt eine Ethik zu schreiben. Die andere Mitteilung ist die, daß es jetzt nur das eine gebe, daß vom Westen nach Rußland Lebensmittel geliefert würden, daß Brot geliefert würde. Es ist ja natürlich das einfachste, wenn kein Brot da ist, es von der Seite zu nehmen, wo es gerade vorhanden ist. Nun, es haben ja auch andere Leute manchmal solche Ansichten. Vor vier­zehn Tagen bekam ich einen Brief von einem mitteldeutschen Rechtsanwalt und Notar. Der Brief klang sehr rechtsanwaltlich und notarlich, denn er war grob und dumm. Aber da drinnen stand auch, man könne jetzt mit irgendwelchen Idealismen nicht einen Hund hinterm Ofen hervorlocken, es käme darauf an, um das nackte Brot zu kämpfen.

Eh bien, vous voyez, tout ce que je viens d'expliquer ne tient pas compte de ce qui est le plus simple et le plus primitif. Car celui qui y réfléchit, saura qu'il ne s'agit que d'amener les humains à une telle organisation, de sorte que les antécédents actuels, comme ceux d'il y a dix ans, puissent être exploités et le soient. Cela ne sera certainement pas possible si les gens sont traités avec ce que les anciens "Czernine" considèrent comme la sagesse de l'État et du peuple, ou les anciens "Bethmaners", écrits avec ou sans h, ni ce que les anciens sociaux-démocrates, cette sorte particulière de "Bethmaners négatifs", suggèrent ; mais ce qui compte, c'est qu'aux gens soient à nouveau donné des objectifs, qu'ils voient que c'est vers cela que nous travaillons. Et cela peut justement être donné par le mouvement de la triarticulation. Il est important de ne pas dire ce que beaucoup disent aujourd'hui, même si c'est relativement vrai : nous n'aurons pas de famine ou nous pourrons la surmonter si les gens travaillent à nouveau. Oui, si ! Mais si les gens ont devant eux cette absence de perspective de travail qui résulte pour eux des anciens programmes et des anciennes machinations, alors ils ne veulent pas travailler. Mais qu'on apporte à l'humanité quelque chose qui s'allume, de sorte que les gens voient devant eux quelque chose qui puisse les conduire à une existence digne, [alors ils voudront travailler], et alors on pourra aussi produire du pain. C'est une condition de base importante pour la production de pain : la confiance en l'humanité. Si nous ne gagnons pas cette confiance, la famine viendra certainement.

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Nun, sehen Sie, alles das, was ich eben ausgeführt habe, bedenkt eben nicht das Einfachste und Primitivste. Denn wer das bedenkt, der wird wissen, daß es nur darauf ankommt, die Menschen zu einer solchen Organisation zu bringen, so daß aus den jetzt wie vor zehn Jahren vorhandenen Antezedenzien gewirtschaftet werden kann und wird. Das wird ganz gewiß nicht erreicht werden, wenn die Leute abgefertigt werden entweder mit dem, was die alten «Czernine» als Staats-, und Volksweisheit ansehen, oder die alten «Bethmänner», mit h oder ohne h geschrieben, auch nicht was die alten Sozialdemokraten, diese besondere Art von «negativen Bethmännern», anregen; sondern darauf kommt es an, daß den Leuten wiederum Ziele gegeben werden, daß sie sehen, auf das arbeiten wir hinaus. Und das kann eben durch die Bewegung der Dreigliederung gegeben werden. Darauf kommt es an, daß man nicht das sagt, was heute viele sagen, auch wenn es ja relativ richtig ist: Wir werden keine Hungersnot haben oder wir können sie überwinden, wenn die Leute wiederum arbeiten. Ja, wenn! Wenn die Leute aber jene Aussichtslosigkeit der Arbeit vor sich haben, die sich ihnen aus den alten Programmen und alten Machinationen ergibt, dann wollen sie nicht arbeiten. Aber man bringe etwas in die Menschheit, das zündet, so daß die Leute etwas vor sich sehen, was sie zu einem menschenwürdigen Dasein führen kann, [dann wollen sie arbeiten], und dann wird auch Brot hergestellt werden können. Das ist eine wichtige Grundbedingung für das Herstellen von Brot: Vertrauen in die Menschheit. Wenn wir dieses Vertrauen nicht gewinnen, dann wird die Hungersnot mit Sicherheit kommen.

Mais pour que la confiance naisse, la triarticulation est nécessaire. Je ne peux que le suggérer dans ce contexte.

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Dazu aber, daß Vertrauen entstehe, dazu ist die Dreigliederung notwendig. Das kann ich in diesem Zusammenhang nur andeuten.

Mais si vous suivez cette idée, vous verrez que la famine peut être évitée seulement par la propagation de la triarticulation. Il y a toutefois une nécessité : cette idée de triarticulation doit avant tout prendre place dans le plus grand nombre possible d'esprits, afin que ces esprits ne tombent pas dans toutes sortes d'idées qui ne sont que la continuation de l'ancien système. Cette continuation de l'ancien système se répand très, très largement - seulement sous une forme apparemment nouvelle.

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Wenn Sie aber diesen Gedanken verfolgen, so werden Sie sehen, daß der Hungersnot sogar im wesentlichen vorgebeugt werden kann nur durch die Propagierung der Dreigliederung. Allerdings, eine Notwendigkeit liegt vor: daß diese Dreigliederungsidee vor allen Dingen in möglichst vielen Köpfen Platz greifen muß, damit diese Köpfe nicht hereinfallen auf alles mögliche, was nur die Fortsetzung des alten Systems ist. Diese Fortsetzung des alten Systems, sie macht sich sehr, sehr breit — nur in einer scheinbar neuen Form.

Car voyez-vous, de certains côtés, c'est comme si, parmi les personnalités dirigeantes, on se donnait justement pour mission de provoquer la famine. Aujourd'hui, le prix de toutes sortes de choses augmente de manière fantastique. Mais les prix n'ont de sens que s'ils sont relatifs les uns aux autres. Les prix des denrées alimentaires les plus importantes sont aujourd'hui artificiellement maintenus à un niveau bas. Je ne veux pas dire qu'ils doivent augmenter, mais ils ne doivent pas être disproportionnés par rapport aux prix des autres choses. Cette disproportion empêche que l'on veuille encore se consacrer d'une manière ou d'une autre à la production de produits bruts, de denrées alimentaires. La création d'une famine est donc devenue une règle de gouvernement. Il faut s'en rendre compte.

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Denn sehen Sie, auf gewissen Seiten ist es heute so, als ob man sich unter den führenden Persönlichkeiten gerade die Aufgabe setzen würde, die Hungersnot herbeizuführen. Heute steigt alles mögliche im Preis in phantastischer Weise. Preise haben aber nur einen Sinn, wenn sie relativ zueinander sind. Die Preise der wichtigsten Le­bensmittel werden heute künstlich niedergehalten. Ich will nicht sagen, daß sie hinaufgehen sollen, aber sie dürfen in keinem Miß­verhältnis zu den Preisen der anderen Dinge stehen. Dieses Miß­verhältnis verhindert, daß man nächstens noch in irgendeiner Weise sich wird widmen wollen der Erzeugung von Rohprodukten, von Lebensmitteln. Die Erzeugung einer Hungersnot ist somit gerade­zu Regierungsmaßregel geworden. Das muß durchschaut werden.

Deuxièmement, il faut souligner que cette affaire est une affaire internationale et que la question peut être soulevée : peut-on obtenir quelque chose en Europe centrale par la seule introduction de la triarticulation - ou quel que soit le nom qu'on lui donne ? Je dois alors me référer à ce que j'ai écrit dans le journal de la triarticulation, et ce à maintes reprises et à nouveau sous les angles les plus divers : si seulement on prenait vraiment le courage de propager la triarticulation, même dans les conditions les plus défavorables, même en cas de famine - cela aurait un effet, si quelque chose de positif pouvait être vu chez nous par les gens des régions occidentales ou orientales.

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Zweitens ist das zu betonen, daß ja allerdings die Sache eine internationale Angelegenheit ist und die Frage aufgeworfen werden kann: Kann man in Mitteleuropa allein mit der Einführung der Dreigliederung — oder wie man es sonst nennen will — etwas erreichen? Da muß ich hinweisen auf dasjenige, was ich in der Dreigliede­rungszeitung geschrieben habe, und zwar immer wieder und wie­derum von den verschiedensten Gesichtspunkten aus: Wenn man nur wirklich den Mut fassen würde, die Dreigliederung zu propa­gieren, selbst unter den ungünstigsten Verhältnissen, selbst bei einer Hungersnot — das würde wirken, wenn etwas Positives bei uns gesehen werden könnte von den Menschen in den westlichen oder östlichen Gebieten.

C'est ainsi que nous en sommes encore aujourd'hui au point où le monde se trouvait lorsque l'offre de paix a été envoyée au monde en 1916, où phrase sur phrase, mais rien de concret n'a été dit devant le monde. Essayez donc de voir l'effet que cela produirait dans la vie internationale si l'on se présentait avec quelque chose d'aussi concret, qui a de la substance et du contenu, comme l'idée de la triarticulation de l'organisme social. Actuellement, on voit comment les humains d'État anglais, par exemple, prennent peur de semaine en semaine face à ce qui se passe en Allemagne. C'est en fait quelque chose qu'ils ne connaissent pas du tout. Et comme ils ne peuvent rien en faire de correct, ils ont peur qu'un bolchevisme encore pire que celui de la Russie ne se développe ici.

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So stehen wir heute noch immer auf dem Standpunkt, auf dem die Welt gestanden hat, als das Friedensangebot 1916 in die Welt hinausgeschickt worden ist, wo Phrase über Phrase, aber nichts Konkretes gesagt worden ist vor der Welt. Man probiere doch ein­mal, wie es wirken würde im internationalen Leben, wenn man mit so etwas auftritt, was Hand und Fuß hat, was Substanz und Inhalt hat wie die Idee von der Dreigliederung des sozialen Organismus. Gegenwärtig sieht man, wie zum Beispiel gerade die englischen Staatsmänner von Woche zu Woche mehr Angst bekommen vor dem, was da in diesem Deutschland vorgeht. Es ist ihnen eigentlich etwas höchst Unbekanntes. Und weil sie nichts Richtiges daraus machen können, kriegen sie es mit der Angst zu tun, daß hier sogar schlimmerer Bolschewismus entstehen könnte als in Rußland.

Mais s'ils connaissaient mieux Bauer, Ebert et Noske, ce serait même un bon moyen de leur faire oublier leur peur. Car la vérité, c'est qu'il ne se passe rien ici, qu'en réalité, les mois passent sans que rien ne se passe. Essayons de voir à quoi ressemblerait la vie internationale si quelque chose de substantiel était mis au monde par l'Europe centrale. Ce n'est que lorsque l'on est au clair sur ces choses que l'on peut aborder une question telle que celle de l'action de la triarticulation en cas de famine ; pour le reste, ce n'est pas une question. Il est vrai que seule la triarticulation est en mesure de provoquer une telle organisation, que l'on pourra à nouveau travailler et que la confiance pourra à nouveau exister. La famine pourra alors être évitée.

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Wenn sie aber Bauer, Ebert und Noske genauer kennen würden, so wäre das sogar ein gutes Mittel, daß ihnen die Angst vergeht. Denn die Wahrheit ist diese, daß hier nichts geschieht, daß in Wirklichkeit Monat für Monat vergeht, ohne daß etwas geschieht. Man probiere es einmal, wie es aussehen würde im internationalen Leben, wenn gerade von Mitteleuropa etwas Substantielles in die Welt gesetzt würde. Erst wenn man sich über diese Dinge klar ist, kann man an eine solche Frage herantreten wie die, wie die Dreigliederung wirken wird bei einer hereinbrechenden Hungersnot; in bezug auf alles übrige ist das keine Frage. Es gilt, daß einzig und allein die Dreigliederung imstande ist, eine solche Organisation zu bewirken, daß wieder gearbeitet werden wird und daß wieder Vertrauen da sein kann. Dann wird die Hungersnot verhindert werden können.

Pour agir au niveau international, il faut toutefois que l'idée de la triarticulation prenne place dans les esprits de manière efficace. Je ne craindrais alors pas qu'elle n'agisse pas dans les relations internationales. Tant que l'on ne négociera qu'à partir du chauvinisme, on n'arrivera pas à une branche verte. Si l'on inventait quelque chose d'important ici, en Europe centrale, cela aurait déjà une portée internationale. Si des idées saines prennent place ici, les barrières internationales tomberont d'elles-mêmes, car les humains agissent selon leur intérêt et prennent le bien là où ils peuvent le trouver.

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Um im Internationalen zu wirken, muß allerdings die Dreigliederungsidee in wirksamer Weise in den Köpfen Platz greifen. Dann wäre ich nicht besorgt, daß sie im internationalen Verkehr nicht wirken wird. Solange nur aus dem Chauvinismus heraus verhandelt wird, kommt man auf keinen grünen Zweig. Wenn hier in Mitteleuropa irgend etwas von Bedeutung erfunden würde, würde es sich schon internationale Geltung verschaffen. Wenn hier gesunde Ideen Platz greifen, werden die internationalen Schranken von selbst hinwegfallen; denn die Menschen handeln doch nach ihrem Interesse und nehmen das Gute dort, wo sie es finden können.

Et je voulais encore vous donner quelques indications sur la question des journaux : je ne veux pas nier que certaines choses sont très importantes dans ce qui a été dit. Et il sera méritoire que l'un ou l'autre de nos amis fasse paraître un article ici ou là dans un journal quelconque. Mais l'essentiel reste que, de même que l'on ne peut rien obtenir en se cachant dans les partis, on ne peut rien obtenir en se cachant dans les autres journaux. On peut le faire, mais c'est en fait la même chose, mais avec une autre couleur. Je ne le blâme pas, je suis tout à fait d'accord si cela se fait. Mais je verrais le côté positif dans le fait que notre journal, notre journal de triarticulation soit propagé par les amis - autant que possible. Vous pouvez dire : bien, mais les journaux dans lesquels nous voulons faire paraître les articles, les gens les ont ; ils doivent s'abonner en plus au journal de la triarticulation. Ils doivent justement s'y abonner. Tous ne le feront pas, mais un certain nombre le feront déjà. Nous parviendrons alors à transformer le journal de la triarticulation en un quotidien. Ce n'est qu'alors que nous pourrons insérer les articles que nous voulons insérer ; cela sera alors efficace. Il s'agit donc de travailler autant pour le journal de la triarticulation, qui est encore un hebdomadaire, que ce journal puisse être transformé en quotidien grâce à ses propres revenus. Nous n'avons alors pas besoin de "ramper" chez les autres ; c'est cela qui compte. Pourquoi ne serait-il pas possible de mettre sur pied une chose d'une telle importance !

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Und noch einige Andeutungen wollte ich Ihnen geben zu der Zeitungsfrage: Ich möchte nicht in Abrede stellen, daß manches sehr wichtig ist von dem, was gesagt worden ist. Und verdienstvoll wird es sein, wenn der eine oder andere der Freunde da oder dort in irgendeiner Zeitung einen Artikel unterbringt. Aber das Wesentlichste bleibt dabei, daß ebensowenig, wie man irgend etwas erreichen kann durch das Unterkriechen in den Parteien, man etwas erreichen kann durch das Unterkriechen in den anderen Zeitungen. Man kann es tun, aber es ist eigentlich dieselbe Sache, nur in einer anderen Farbe. Ich tadle es nicht, ich bin durchaus einverstanden, wenn es geschieht. Das Positive aber würde ich darin sehen, daß unsere Zeitung, unsere Dreigliederungszeitung propagiert würde von den Freunden - soviel als nur möglich. Sie können sagen: Schön, aber die Zeitungen, in die wir die Artikel hineinbringen wollen, die haben die Leute; die Dreigliederungszeitung müssen sie hinzuabonnieren. Sie müssen sie eben hinzuabonnieren. Alle werden es nicht tun, eine Anzahl aber wird es schon tun. Dann werden wir es dazu bringen, die Dreigliederungszeitung in eine Tageszeitung zu verwandeln. Dann erst können wir dasjenige an Artikeln unterbringen, was wir unterbringen wollen; das wird dann wirksam sein. Also es handelt sich darum, so viel für die Dreigliederungszeitung zu arbeiten, die jetzt noch ein Wochenblatt ist, daß durch die eigenen Erträgnisse diese Zeitung in eine Tageszeitung umgewandelt werden kann. Dann brauchen wir nicht «unterzukriechen» bei den anderen; darauf kommt es an. Warum sollte es nicht möglich sein, eine Sache, die von so eminenter Wichtigkeit ist, auf eigene Beine zu stellen!

Ensuite, plusieurs autres points ont été évoqués. En ce qui concerne la participation aux élections, j'aimerais simplement dire ceci : bien sûr, on peut tout à fait dire in abstracto que participer aux élections, entrer au parlement et y travailler, c'est soutenir l'État actuel. - On ne peut pas dire cela sans autre. Je ne veux même pas parler aussi fortement pour ou contre ; cela dépend des différentes circonstances concrètes, si l'on participe ou non aux élections. Mais si l'on conçoit strictement la triarticulation, il n'est pas tout à fait juste, en principe, de ne pas participer au parlement. Ce qui est juste en principe, pensé de manière conséquente dans le sens de la triarticulation, serait de participer aux élections, de faire élire autant de personnes qu'il est possible d'en élire, d'entrer au parlement et de faire de l'obstruction pour toutes les questions qui se rapportent à la vie de l'esprit et à la vie de l'économie. Ce serait une pensée cohérente dans le sens de la triarticulation. Il s'agit de séparer/démembrer la partie centrale, la vie de l'État. Celle-ci ne peut être extraite que si l'autre partie est rejetée à gauche et à droite. On ne peut pas faire autrement que de se faire élire, de s'engager et de faire obstruction à tout ce qui est négocié et décidé dans le domaine de la vie de l'esprit et de l'économie. Ce serait une pensée cohérente dans le sens de la triarticulation de l'organisme social. Cette idée est quelque chose qui doit être pensé de manière conséquente et qui peut aussi être pensé de manière conséquente par rapport aux conditions concrètes, parce qu'elle est tirée de la réalité. - C'est ce que l'on pourrait dire en ce qui concerne les questions les plus importantes.

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Dann ist noch auf verschiedenes andere hingewiesen worden. Bezüglich der Beteiligung an den Wahlen möchte ich nur das fol­gende sagen: Natürlich kann man in abstracto durchaus sagen, an der Wahl sich beteiligen und ins Parlament eintreten und dort wirken, das stütze den gegenwärtigen Staat. — Das kann man nicht so ohne weiteres sagen. Ich will nicht einmal so stark pro oder contra sprechen; das hängt von den verschiedenen konkreten Ver­hältnissen ab, ob man sich an der Wahl beteiligt oder nicht. Aber wenn man streng die Dreigliederung auffaßt, ist es prinzipiell nicht ganz richtig, sich nicht zu beteiligen am Parlament. Das prinzipiell Richtige, im Sinne der Dreigliederung konsequent gedacht, wäre: an den Wahlen sich beteiligen, soviele wählen lassen als gewählt werden können, ins Parlament eintreten und Obstruktion treiben bei allen Fragen, die sich auf Geistesleben und Wirtschaftsleben beziehen. Das würde konsequent im Sinne der Dreigliederung ge­dacht sein. Es handelt sich darum, abzugliedern den mittleren Teil, das Staatsleben. Das kann nur herausgeholt werden, wenn das an­dere links und rechts abgeworfen wird. Das kann man dann nicht anders tun, als indem man sich wirklich wählen läßt, eintritt und Obstruktion treibt bei alle dem, was verhandelt und beschlossen wird auf dem Gebiete des Geistes- und Wirtschaftslebens. Das wäre konsequent gedacht im Sinne der Dreigliederung des sozialen Organismus. Diese Idee ist etwas, was konsequent gedacht werden muß und auch konsequent in bezug auf konkrete Verhältnisse gedacht werden kann, weil sie aus der Wirklichkeit heraus gewonnen ist. — Das wäre in bezug auf die wichtigsten Fragen zu sagen.

En ce qui concerne le nouvel objectif que l'on doit maintenant donner aux travailleurs, je dois dire qu'après les expériences faites avec les conseils d'entreprise, il s'agit pour moi d'une question plus académique. La question devra être traitée différemment ; [il faut se demander] si on devait vraiment donner un tel objectif. La question des conseils d'entreprise a été soulevée. On s'est donné toutes les peines possibles et on a essayé partout de donner un élan aux conseils d'entreprise. Les ouvriers ont promis tout le possible et n'ont rien tenu.

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In bezug auf das neue Ziel, das man jetzt den Arbeitern geben soll, muß ich sagen, daß es mir nach den Erfahrungen mit den Betriebsräten mehr eine akademische Frage ist. Die Frage wird anders behandelt werden müssen; [es muß gefragt werden], ob man überhaupt solch ein Ziel geben soll. Die Betriebsrätefrage ist aufgeworfen worden. Man hat sich alle mögliche Mühe gegeben und überall versucht, die Betriebsräte in Schwung zu bringen. Die Arbeiter haben alles Mögliche versprochen und nichts gehalten.

D'abord, ils se sont présentés aux assemblées, puis ils ont fait défaut. Il en irait de même pour les nouveaux objectifs à venir s'ils étaient portés dans les organisations ouvrières actuelles.

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Zuerst sind sie in den Versammlungen erschienen, dann sind sie ausgeblieben. So würde es mit den nächsten neuen Zielen auch wiederum sein, wenn sie in die gegenwärtigen Arbeiterorganisationen hineingetragen würden.




 

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DEUXIÈME SÉANCE D'ÉTUDES -
Stuttgart, 3 mars 1920 -
COMMENT LE TRAVAIL DE TRIARTICULATION DOIT-IL ÊTRE POURSUIVI ?

Regardant en arrière sur les efforts passés et leur échec. Comment cela devrait continuer : réalisation pratique de l'idée de tri-articulation par création d’institutions économiques modèles. Pourquoi un tel changement de cap est nécessaire ? La nécessité d'une organisation associative de la vie de l’économie. Ce que sont les associations. Les étapes du récent développement économique. Les conséquences du capitalisme d'argent : sol et moyens de production seront placés sur le même pied que les biens de consommation. Les effets nocifs de formations de trusts. La création d'un véritable réseau de relations économiques par les associations.  Idée de la tri-articulation comme la contre image de toutes les utopies sociales. Ce qui différencie le sol par des moyens industriels de production et des marchandises. Les concepts dans le social ont besoin d'être mobiles. Il ne peut pas y avoir d'anthroposophie sans tri-articulation. Comme une famine peut être évitée. Les conditions pour une nouvelle efficacité de la politique étrangère de l’Europe centrale. Sur le travail commun avec d'autres partis et la participation à des élections.

01
Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! Ce que j'aurai à dire dans ces paroles d'introduction sortira bien sûr un peu des habitudes de ces soirées, pour la simple raison que je suis arrivé en quelque sorte par surprise et qu'il n'est donc pas possible de reprendre immédiatement là où nous nous sommes arrêtés la dernière fois. Je pense donc qu'aujourd'hui, l'accent devra être mis sur la discussion elle-même, à laquelle je vous invite à participer en grand nombre.
02
Lorsque nous avons commencé, il y a dix mois, ici à Stuttgart, à populariser les idées qui sont à la base de la triarticulation sociale, cette entreprise était tout à fait pensée dans le sens des événements de l'époque. Nous nous trouvions alors, en tant que membres des régions étatiques, spirituelles et économiques d'Europe centrale - immédiatement après le coup terrible porté à l'Europe centrale par les événements terribles des quatre à cinq dernières années -, nous nous trouvions alors devant toutes les questions qui devaient être soulevées du point de vue : comment devons-nous nous comporter en tant qu'humains d'Europe centrale, qui - disons-le sèchement - étaient justement à l'époque "les vaincus" ? Et là, il fallait partir du principe que - compte tenu des terribles expériences, moins maintenant des événements de la guerre que de ceux de la fin de la guerre, qui, bien sûr, ne sont pas moins terribles que les événements de la guerre eux-mêmes - il fallait éveiller la compréhension d'un nombre suffisamment important de personnes pour les idées de réorganisation sociale qui auraient pu conduire à une reconstruction des affaires européennes précisément à partir du cercle des vaincus.
03
Quand on a affaire, mes chers amis, à la propagande d'une idée quelconque, on entend très souvent dire qu'il s'agit d'idées de longue portée. On dit que l'on peut peut-être espérer que de telles idées se réaliseront un jour dans un avenir lointain - et selon que l'on est plus ou moins optimiste, on indique alors des délais plus ou moins longs -, que l'on peut seulement travailler pour que l'humanité se rapproche de tels idéaux, et ainsi de suite. Mais au début de notre travail, l'époque ne nous incitait pas à penser dans cette direction. On voulait alors dire que la prochaine nécessité consistait à susciter dans le plus grand nombre possible d'esprits la compréhension de l'impulsion de la triarticulation de l'organisme social : pour une vie de l'esprit indépendante, pour une vie étatique ou de droit indépendante et pour une vie économique indépendante. On aurait pu espérer que les événements amers auraient pu faire naître cette compréhension chez les humains. Mais il s'est avéré qu'à l'époque où cela aurait été nécessaire, cette compréhension n'a effectivement pas pu être générée chez un nombre suffisamment important d'humains - pour des raisons qu'il n'est pas nécessaire d'aborder plus avant aujourd'hui. Et aujourd'hui, la question est soulevée à juste titre par certains : cette idée de la triarticulation peut-elle continuer à être cultivée de la même manière qu'autrefois ? Ne sommes-nous pas déjà trop avancés dans la dégradation de notre vie économique ? Celui qui observe la vie économique actuelle ne peut pas répondre sans autre - je dis intentionnellement "sans plus" - à cette question par la négative. Car, supposons qu'à l'époque où nous avons commencé notre travail en avril de l'année dernière, nous ayons eu le succès nécessaire grâce à la complaisance d'un nombre suffisamment important d'humains - qui auraient certainement pu faire changer les choses -, il va de soi que notre vie économique serait aujourd'hui sur un tout autre pied. Cela peut paraître présomptueux à certains de dire cela, mais c'est pourtant le cas. Et les différents articles qui ont été publiés dans notre journal de triarticulation peuvent servir de preuve, de justificatif de ce que je viens de dire.

04
Si nous, qui travaillons en cercle restreint à la poursuite des idées de la triarticulation, croyons néanmoins tout à fait que le travail doit être poursuivi, nous sommes d'autre part aussi profondément convaincus que la voie qui vient d'être empruntée - convaincre un nombre suffisamment grand d'âmes de la nécessité de la triarticulation - ne peut aujourd'hui conduire assez rapidement au succès. C'est pourquoi nous devons aujourd'hui penser à des entreprises immédiatement pratiques, dont la forme doit déjà se présenter dans un avenir proche devant notre proche contemporain. Nous devons penser à atteindre notre objectif par le biais de certaines institutions qui peuvent remplacer ce qui aurait été réalisé par la coopération d'un nombre suffisamment important de personnes convaincues. Nous devons au moins tenter de créer, par le biais d'institutions qui sont des institutions économiques, les premières institutions modèles qui permettront de voir que nos idées peuvent être concrètement réalisées dans de telles institutions économiques. Celles-ci pourront alors faire des émules, dans le sens où l'on croira alors aux faits ce que l'on ne voulait pas croire auparavant aux paroles qui nous semblaient convaincantes. D'autre part, ces institutions modèles pourront effectivement avoir des conséquences économiques telles qu'une partie de l'héliocentrisme économique qui s'est déjà produit pourra être réparé. En effet, un grand nombre de personnes en Europe centrale en sont arrivées au point de ne plus se soucier du lieu d'où elles tirent leurs bénéfices. Ils se laissent éventuellement donner les directives et les soubassements matériels par les vainqueurs, si cela leur permet d'avoir des bénéfices correspondants. La manière dont on pense aujourd'hui dans certains milieux à s'aider économiquement en Europe centrale est tout à fait honteuse. Il faut donc penser à créer, à partir de l'idée de triarticulation elle-même, des institutions pratiques qui pourront apporter la preuve - même dans des conditions déjà très difficiles - que cette idée de triarticulation n'est effectivement pas une idée utopiste, mais une idée pratique.
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Vous voyez, lorsque nous avons commencé notre travail, on nous a souvent demandé : "Oui, pouvez-vous nous donner des points de vue pratiques pour certaines institutions ? Comment faire ceci ou cela ? - Celui qui a soulevé une telle question a généralement ignoré le fait qu'il ne s'agissait pas de maintenir, par de bons conseils, l'une ou l'autre institution qui venait de prouver son inutilité, mais qu'il s'agissait de provoquer, par une transformation à grande échelle, une reconstruction sociale complète, grâce à laquelle les différentes institutions auraient ensuite été soutenues. Pour cela, il n'aurait pas été nécessaire de donner des conseils pour l'une ou l'autre chose, mais il aurait fallu que les idées soient comprises à grande échelle, c'est-à-dire par un nombre suffisamment important d'humains - car finalement, toutes les institutions sont faites par des humains.
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Ainsi, nous sommes aujourd'hui déjà confrontés à une sorte de changement de cap, qui n'a vraiment pas été provoqué par le fait que nous pensions nous être trompés dans nos idées. Les idées de cette sorte doivent toujours tenir compte des phénomènes du temps. Et si l'humanité ne tient pas compte de ces phénomènes, alors les idées doivent changer, elles doivent au moins prendre un autre cours. Nous avons ainsi attiré l'attention sur le fait que notre mouvement de triarticulation, qui n'est pas encore vieux, a déjà une histoire fondée sur les conditions actuelles du temps, une histoire qui pourrait peut-être être instructive pour certains, s'ils voulaient seulement la prendre en considération.
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Ce que je viens de dire, je voudrais vous l'illustrer par un exemple : celui qui parcourt le livre "Les points essentiels de la question sociale", tel qu'il a été écrit il y a maintenant un an, en ce qui concerne les explications économiques, y trouvera certaines considérations sur l'organisation de la vie économique, qui doit acquérir une certaine indépendance nécessaire, qui ne doit pas dépendre à l'avenir des institutions de l'État, des administrations de l'État, qui doit absolument être placé sur ses propres bases, et qui doit être construit sur ses propres bases, sur le principe des associations. Je ne peux bien sûr donner aujourd'hui que quelques points de vue, peut-être que la discussion en fournira d'autres.
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Quel doit être le sens de telles associations dans la vie de l'économie ? Le sens de ces associations doit être que, dans un premier temps, des cercles professionnels qui sont en quelque sorte apparentés, qui doivent collaborer sur le plan matériel, qui s'occupent de leur économie de manière totalement libre et indépendante, sans être soumis à une quelconque administration étatique, se réunissent. Et ensuite, ces associations de cercles professionnels doivent à leur tour s'associer avec les consommateurs correspondants, de sorte que ce qui se produit comme échanges, d'abord entre les cercles professionnels apparentés, mais ensuite aussi [en second lieu] entre les cercles de producteurs et de consommateurs, soit à son tour réuni en associations. L'administration économique actuelle doit être remplacée par ce qui résulte de la libre circulation des associations économiques.
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Bien entendu, ce tissu d'institutions économiques - en rapport avec l'économie - comprend également tout ce qui travaille dans la vie de droit, dans la vie de l'État et dans la vie spirituelle. La vie spirituelle en tant que telle est indépendante, mais ceux qui agissent dans la vie spirituelle doivent manger, boire, se vêtir ; ils doivent donc aussi former d'eux-mêmes des corporations économiques qui doivent s'intégrer au corps économique, qui s'associent dans le corps économique avec les corporations qui peuvent justement servir leurs intérêts. Il doit en être de même pour la corporation des humains qui se trouvent dans la vie de l'État. Ainsi, la vie économique contiendra tout ce qu'il y a d'humains dans l'organisme social, tout comme les deux autres membres, la vie de l'État et la vie de l'esprit, contiennent tout ce qui appartient à l'organisme social. Seulement, les humains se trouvent dans les trois membres de l'organisme social sous des aspects différents. Ce qui importe, c'est que l'organisme social ne soit pas divisé selon les classes sociales/les états sociaux, mais selon les points de vue, et que chaque membre de l'organisme social, avec ses intérêts, contienne chaque humain.
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Qu'est-ce qui peut être obtenu par une telle vie économique basée sur le principe d'association ? - ce qui peut être obtenu, c'est que soient éliminés de la vie économique, et donc de la vie humaine en général, les dommages qui ont été progressivement causés par le mode de production des derniers siècles, en particulier du XIXe siècle. Ces dommages - l'humain en fait aujourd'hui l'expérience dans sa propre chair, aimerais-je dire- sont survenus parce qu'au cours des siècles récents, d'autres conditions sont apparues par rapport à la production dans la vie de l'économie.
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Si l'on se réfère à la période du XVIIe au XVIIIe siècle, on constate que la manière de produire est encore liée dans une certaine mesure à l'humain et à son organisation même. On voit qu'à l'époque, pour déterminer le prix, celui-ci ne dépendait pas des facteurs dont il dépend aujourd'hui uniquement, mais par exemple des capacités des humains, notamment de la mesure dans laquelle un humain est capable de travailler tant et tant d'heures par jour à telle ou telle production avec un certain dévouement et un certain plaisir. Le prix était donc déterminé par l'adéquation entre l'humain et sa production. Aujourd'hui, c'est tout au plus encore le cas dans certaines branches de la vie de l'esprit. Lorsque quelqu'un écrit un livre, on ne peut pas lui dire combien d'heures il doit travailler par jour et lui offrir un salaire pour un nombre d'heures égal à zéro. Si, par exemple, la journée de travail de huit heures était introduite pour l'écriture d'un livre, il en résulterait quelque chose de beau, car il pourrait très facilement arriver que vous travailliez huit heures et que vous receviez un salaire pour cela, mais que rien ne vous vienne à l'esprit pendant quatre heures réparties sur trois jours de la semaine. De même qu'il existe ici un lien intime entre les capacités humaines, entre l'organisation spirituelle humaine et les produits obtenus, il en a été de même pour des branches beaucoup plus matérielles - et même, plus nous remontons dans l'évolution humaine, pour toutes les branches matérielles en général. Ce n'est qu'à une époque récente que le lien entre le produit et le producteur s'est distendu. D'un point de vue global, c'est une absurdité totale de vouloir maintenir ce détachement entre le produit et le producteur. Cela peut se manifester de manière évidente dans certaines branches de production. Prenez par exemple, d'un point de vue purement économique, la fabrication de livres. Les livres doivent être écrits ; cela ne peut pas être soumis aux lois de la rémunération, telles que les défend par exemple la social-démocratie actuelle pour la production. Il n'en résulterait rien. Mais les livres doivent être imprimés, et celui qui les compose peut déjà s'appuyer sur les principes de la social-démocratie actuelle, sur le principe syndical. Car pour composer, on n'a pas besoin de penser à autre chose ; on n'a pas besoin d'un lien intime entre les producteurs et la production. Mais si l'on remonte aux sources, on trouvera partout que le travail pour lequel on n'a pas besoin d'un tel lien ne serait pas là s'il n'y avait pas d'abord les travaux dont dépend tout ce travail extérieur. Si le maître d'œuvre n'était pas là, tous les ouvriers salariés qui construisent les maisons ne pourraient pas travailler.
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Si l'écrivain n'était pas là, le typographe ne pourrait pas composer de livres. Ce sont des réflexions que l'on ne fait pas aujourd'hui, mais qui doivent être prises en compte dans les considérations d'économies de peuple au sens le plus éminent.
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Je n'ai pas pu détailler toutes les expériences de vie qui ont été intégrées dans les "Points essentiels", car ils ont été conçus pour des lecteurs qui réfléchissent. Et je peux vous assurer qu'il est tout à fait utile aujourd'hui de penser un peu en lisant un livre et de ne pas toujours dire : c'est si difficile à comprendre, on doit penser que cela aurait dû être écrit de manière beaucoup plus populaire. — Mais grâce aux processus mis en lumière sous les angles les plus divers dans les articles de notre journal de triarticulation, ce lien entre producteurs et production s'est de plus en plus distendu. Et c'est seulement parce qu'à l'époque récente, sous l'influence surtout de la pensée matérialiste, on n'a plus considéré que le mode de production et non la constitution et la capacité du producteur, qu'est née l'idée des agitateurs et des penseurs abstraits socialistes selon laquelle la production en tant que telle est ce qui domine toute l'histoire, toute la vie humaine. Cette conception est née du fait que la technique moderne et d'autres conditions sociales ont entraîné une domination du produit sur les humains qui produisent. On peut donc dire que : alors qu'auparavant, jusqu'à il y a environ trois siècles, l'humain était dominé par bien d'autres choses, c'est [depuis] l'humain économique qui est devenu dans la vie sociale celui qui apparaît [aujourd'hui] comme déterminant - l'humain économique et le processus économique. Des humains comme Renner, par exemple, qui est même parvenu à devenir chancelier d'État autrichien, ont déclaré qu'il ne fallait plus parler de l'"homo sapiens" qui hantait la tête des humains au cours des derniers siècles, mais qu'on ne pouvait plus parler que de l'"homo oeconomicus" - c'était la seule réalité. Or, depuis le XIXe siècle, parce que les choses se transforment dans la réalité selon leurs propres lois, ce n'est même plus l'homo oeconomicus, l'humain économique, le processus économique qui est resté déterminant, mais nous pouvons dire qu'à partir de 1810 environ - pour fixer une date - l'humain dominant est devenu le banquier. Et plus qu'on ne le croit, c'est le banquier qui est devenu dominant dans la vie économique du monde civilisé au cours de ce 19e siècle, le changeur d'argent, celui qui ne fait que gérer l'argent. Tous les événements qui se sont produits depuis cette époque sont plus ou moins influencés par ce renversement historique : dans le contexte de l'économie nationale, l'humain économique et le processus économique sont peu à peu devenus le banquier, le changeur d'argent, le prêteur avant tout, et le processus social public est devenu l'administration financière, l'administration de l'argent.
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Maintenant, l'argent a des particularités bien précises. L'argent est un représentant de différentes choses, mais l'argent en tant que tel est identique. Je peux acquérir une somme d'argent en vendant un morceau de musique - une production spirituelle. Ou je peux acquérir une somme d'argent en vendant des bottes. La somme d'argent peut toujours être la même, mais ce que je vends peut être très différent. L'argent prend ainsi un certain caractère abstrait par rapport au processus de vie réel. Et c'est ainsi qu'a dû naître, sous l'influence de l'économie bancaire mondiale, l'effacement des interactions concrètes dans les rapports sociaux humains, l'effacement des interactions concrètes [entre le produit et celui qui le produit, et c'est ainsi qu'est né] le rapport du simple représentant, l'argent.
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Mais cela a des conséquences bien précises. Cela a pour conséquence que les trois éléments les plus essentiels de notre processus économique - la terre, les moyens de production et les moyens de consommation - qui, de par leur nature, se situent de manière tout à fait différente dans le processus économique, sont placés, non pas simplement en pensée, mais en réalité, sous le même pouvoir, sont traités de la même manière. Car pour celui qui ne se soucie que d'acquérir ou de gérer une certaine somme d'argent, il peut être indifférent que cette somme d'argent représente des terres ou des moyens de production, c'est-à-dire des machines ou des choses semblables qui servent à d'autres productions, mais qui ont été fabriquées par des humains, ou qu'elle représente des articles de consommation, des articles d'usage immédiat. Ce qui compte pour lui, c'est qu'il reçoive une certaine somme d'argent en échange de quelque chose, ou que, lorsqu'il l'a, elle porte intérêt, peu importe par quoi. C'est ainsi que l'on devait de plus en plus considérer la suppression des intérêts que l'on a dans les différents produits et branches de production, et leur remplacement par l'intérêt abstrait dans le capital, c'est-à-dire le capital-argent, qui efface toutes ces différenciations. Mais il en résulte certaines choses.
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Prenons par exemple la terre et le sol. La terre n'est pas seulement quelque chose d'arbitraire, mais elle est située à un endroit précis et se trouve en relation avec les humains de cet endroit, et les humains de cet endroit ont aussi des intérêts à cette terre, que l'on peut décrire des intérêts moraux, d'intérêts de la sorte de l'âme. Par exemple, le fait de planter un certain produit sur ce terrain peut être un point important pour les intérêts généraux de la culture et de l'humanité. Je veux dessiner les rapports de manière un peu radicale, ils ne sont pas aussi radicaux dans la vie ordinaire, mais l'essentiel, ce qui est important, peut ainsi être représenté. Celui qui, par l'ensemble de ses conditions de vie, a grandi avec le sol, aura une compréhension de la relation, disons, entre la production de telle ou telle chose à partir du sol et l'ensemble des conditions de vie. Il a acquis son expérience en côtoyant la terre. La question de savoir s'il est bon ou non de déboiser une région, par exemple, peut être importante et ne peut être jugée que si l'on a grandi avec les conditions locales d'une région. On ne peut obtenir de telles choses que par l'expérience.
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On peut tout à fait comprendre qu'il est salutaire pour les conditions générales de l'humanité qu'un terrain quelconque soit exploité d'une manière bien précise, mais que cette exploitation ne produise qu'un revenu déterminé. Ces points de vue disparaissent immédiatement lorsque le principe du capitalisme monétaire se substitue à l'humain lié à la terre. Il s'agit alors de faire passer la terre d'une main à l'autre comme une simple marchandise. Mais celui qui acquiert la terre en donnant de l'argent n'a qu'un seul intérêt : que l'argent soit rémunéré de la manière correspondante. Un principe abstrait se déverse sur tout ce qui était autrefois l'intérêt concret de l'humanité. Et celui qui n'a que l'intérêt de l'argent se demande si - dans les conditions que l'autre humain, qui a grandi avec la terre, reconnaît comme nécessaires - la chose lui rapporte suffisamment ; si ce n'est pas le cas, il faut utiliser la terre pour autre chose. On détruit ainsi les rapports humains nécessaires du seul point de vue du capitalisme monétaire.
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Et c'est ainsi que le point de vue du capitalisme monétaire a été appliqué à toutes les conditions humaines. Dans l'économie de peuple, ils ont détourné les humains de ce qui peut seulement se développer si l'humain est lié à la production, lié à la terre et lié aux produits de consommation qui circulent parmi les humains dans une région quelconque. Cela existait pourtant dans les siècles précédents. Cela a déjà disparu sous l'influence de l'humain économique, mais surtout sous l'influence du banquier au XIXe siècle. Alors que jusqu'en 1810 environ, l'économie de peuple dépendait des commerçants et des industriels, au XIXe siècle, les commerçants et les industriels, même s'ils ne se l'avouaient pas, sont devenus essentiellement dépendants de l'économie monétaire nationale et internationale, des banquiers.
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On peut seulement être complètement entraîné dans l'égoïsme économique par ce type d'économie monétaire. Mais il ne faut pas confondre ce type d'économie monétaire, comme c'est souvent le cas aujourd'hui, avec le simple capitalisme. Le simple capitalisme - vous trouverez des explications plus détaillées dans mes "points essentiels" - doit permettre que seul celui qui est capable et qui, pour cette raison même, croît avec la production, puisse avoir en mains de grandes masses de capital, que ce soit en moyens de production ou en argent, le représentant des moyens de production. Et il ne doit rester lié à elle que tant qu'il peut utiliser ses capacités au service de la production. Ce simple capitalisme est tout à fait nécessaire à l'économie moderne, et s'insurger contre lui est un non-sens. L'abolir reviendrait à saper l'ensemble de l'économie moderne. C'est précisément ce qui importe, que l'on regarde la réalité en face, que l'on comprenne par exemple la différence entre l'administration d'un grand complexe de terres, dans lequel l'appartenance commune de la forêt et des terres peut être nécessaire, et le fait que quelqu'un sépare la forêt et les terres, puis morcelle les terres, les divise en petites propriétés et autres choses de ce genre. Cela peut être bon pour certaines régions, mais dans d'autres, cela devrait ruiner l'économie nationale. Tout dépend des conditions concrètes. Et nous devons enfin retrouver le chemin des conditions concrètes.
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Mais le [manque de concret] ne se manifeste pas seulement dans l'économie nationale, dans l'économie de peuple particulière, mais il se manifeste toujours de plus en plus dans le système économique international. Il s'avère - c'est tout à fait clair pour celui qui étudie les choses - que les humains, aussi s'ils sont capitalistes, quand ils sont placés sur soi et approvisionnent une quelque branche de production d'après leurs facultés, qu'ils ne se gênent pas les uns les autres, mais au contraire travaillent dans les mains les uns des autres. Le pire commence en premier lorsque les humains grandissent, d'une manière ou d'une autre, hors de leur lien/être-lié-ensemble avec les branches de production. Je ne citerai qu'un exemple où cela s'est particulièrement manifesté sous l'influence de l'économie monétaire des XIXe et XXe siècles : lors de la formation de trusts, lors de la formation de cartels. Supposons qu'une série de branches de production s'unissent en un trust, en un cartel. Quelle en est la conséquence ? Un trust, un cartel doit avoir un but quelconque, et ce but est bien entendu que les humains gagnent plus avec le trust que sans le trust. Mais ils ne peuvent le faire que s'ils créent des prix de monopole, c'est-à-dire s'ils vendent au-dessus des prix habituels de la concurrence qui se formeraient. Il faut donc créer la possibilité d'augmenter les prix, c'est-à-dire de convenir de prix supérieurs aux prix habituels de la concurrence. Oui, on peut créer de tels prix, on les a d'ailleurs souvent créés. Mais on n'est pas arrivé à produire [sainement].
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On ne peut notamment pas produire de manière saine sous l'influence de cette sorte de profit. N'est-ce pas, si l'on ne veut pas créer une disproportion avec les coûts des installations qui coûteraient beaucoup trop cher, si l'on ne produit que ce que l'on produit au-dessus du prix de la concurrence, alors il faut produire autant [plus] que l'on couvre les coûts des machines et de toute l'installation/institution, et d'ailleurs autant que l'on produirait si l'on ne recevait que le prix de concurrence. Mais on ne peut vendre que ce qui est vendu au prix de monopole. Car donc, si on produisait au prix de concurrence, on vendrait beaucoup plus et on devrait donc produire beaucoup plus que ce que l'on vend au prix du monopole. C'est une expérience de l'économie de peuple : on vend moins quand on vend à des prix de monopole, mais on ne peut pas produire moins, parce que sinon la production ne se porter pas. Quelle est la conséquence ? On doit aller dans le pays voisin et s'y procurer son débouché ; on y vend en dessous du prix de production. Mais maintenant, on entre dans la concurrence internationale. Cette concurrence internationale a joué un rôle énorme. Si l'on tient simplement compte de la fixation du prix conditionnée par l'économie monétaire, on se crée une concurrence qui ne serait sinon pas là, en vendant différemment : dans la région de vente immédiate [au-dessus du prix de production] et dans le pays voisin en dessous du prix de production. On peut le faire ; si l'on calcule en conséquence, on gagne même toujours plus, mais on porte préjudice aux cercles de producteurs correspondants dans le pays voisin. Si l'on recherche un jour les causes des sentiments qui ont conduit aux causes de la guerre en Occident, on trouvera les causes dans ces choses. On découvrira alors quel énorme pas en avant dans les dommages [sociaux] se trouve sur le chemin du capitalisme vers la formation de trusts, vers la formation de cartels, vers la monopolisation par des cartels. Le capitaliste en tant que tel, qui produit à des prix concurrentiels, n'a jamais intérêt à des droits de douane protecteurs. Le droit de douane protecteur est également un élément qui a joué un rôle dans les causes de la guerre. Vous avez là les dommages causés à l'économie monétaire dans la vie internationale. Tout cela est si clair pour celui qui étudie la vie économique moderne qu'il n'y a pas vraiment d'objection. La question doit donc nécessairement se poser : comment pouvons-nous aller au-delà de ces dommages ? - Nous ne pouvons pas dépasser ces dommages autrement qu'en reliant à nouveau l'humain au produit, en créant directement le lien entre l'humain et la production.
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C'est ambitionné dans l'idée économique de la triarticulation sociale : Le lien qui existait autrefois, dans des conditions tout à fait différentes, entre les humains individuels et la production en tant que lien, peut seulement être établi aujourd'hui par le fait que les producteurs/produisants de même sorte se relient entre eux et que les personnes regroupées en cercles professionnels se regroupent à leur tour en cercles, en associations, avec les autres branches de production et les consommateurs correspondants. Par cela, les associations, les humains réunis, sauront comment on peut amener la production en circulation - et pas purement l'argent, qui se déverse sur la production comme une chose semblable. Mais avec cela, d'une façon tout à fait essentielle, pourrait à nouveau être suscité ce qui rend de nouveau possible une économie de peuple prospère pour l'humanité.
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Vous voyez, c'était nécessaire aujourd'hui d'examiner la réalité en profondeur, parce que tout le truc socio-économique que l'on a bavardé ces derniers temps a été dit en excluant tout regard sur la réalité. Certes, certains humains ont fait des remarques pertinentes sur l'une ou l'autre chose. Mais la plupart de ce qui a été exprimé, et en particulier tout ce sous l'influence de quoi se sont développés le capitalisme mondial moderne d'un côté et la lutterie pour les salaires de l'autre côté, ce dommage cancéreux de la vie moderne est né du fait que l'on n'a plus vraiment regardé dans le pendant légal de la vie de l'économie, et que l'on n'a plus du tout vu - en tant qu'humain vivant dans la vie de l'économie - comment les fils passaient et repassaient, parce que l'argent a tout éteint. Mais lorsque les associations seront là, la manière dont l'un ou l'autre doit être produit sera à nouveau claire et ouverte. Celui qui a à produire quelque chose - parce qu'il y a des associations - recevra de la clientèle par les humains qui sont dans les associations correspondantes, [et il sera conseillé et déterminé] si telle ou telle quantité peut être produite par tel ou tel. C'est là que quelque chose peut naître sans l'économie forcée du bavardage de Moellendorff ; c'est là que tout peut être réparti - dans la mesure où l'un est instruit par l'autre dans la libre circulation - de telle sorte que la consommation soit vraiment déterminante pour tous.
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C'est ce dont il s'agissait à l'idée de la triarticulation : parler une fois à l'humanité à partir de la pleine réalité.
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C'est parce que les humains sont si peu habitués à l'heure actuelle à aborder la réalité que l'on comprend si difficilement la chose ; les humains ne sont pas habitués à aborder la réalité. Que comprennent donc les gens d'une vie de l'économie comme tout ? Le maître d'œuvre comprend quelque chose à la construction, le maître menuisier comprend quelque chose à la menuiserie, le cordonnier à la fabrication de chaussures, le coiffeur à la taille de la barbe, chacun comprend quelque chose à l'économie correspondante à laquelle il est lié. Mais tout ce que ces "praticiens de la vie" savent d'une manière ou d'une autre de la vie économique n'est en fait lié qu'à la leur et non à celle des autres ensemble. C'est ce qui la rend si abstraite. Il devait une fois être parlé à l'humanité à partir du contexte réel de la vie sociale dans son ensemble. Parce que c'est devenu inhabituel pour les humains d'utiliser l'expérience de la vie comme fil conducteur, ils voient tout de suite comme une utopie ce qui est né de la réalité.
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C'est pourquoi il s'agit que cette
idée de la triarticulation sociale soit reconnue comme l'antithèse de toute utopie, de la reconnaître comme ce qui est né à partir de la vie réelle et qui peut donc aussi se placer dans la vie réelle. Et il s'agit seulement que les humains envisagent ces choses. On trouvera alors que chacun - quel que soit le sol où il se tient - comprenne correctement l'idée de la triarticulation de l'organisme social, tout de suite s'il comprend quelque chose du pendant de sa production avec l'ensemble du processus économique du monde. Cette idée de la triarticulation de l'organisme social ne recule pas devant un examen minutieux de la part de ceux qui, de par leur rapport à la vie, comprennent quelque chose à la vie de l'économie. Mais aujourd'hui, peu d'humains comprennent absolument quelque chose de la vie économique ou de la vie sociale ; ils se laissent porter et s'en sortent le mieux quand ils n'ont pas besoin de participer eux-mêmes à une quelconque [décision sur l'ordre social], mais que le gouvernement s'en charge pour eux.
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C'est pourquoi les humains en arrivent à des idées si embrouillées qu'ils considèrent comme utopiste ce qui est réel dans la vie. Toutefois, la situation est aujourd'hui quelque peu obscurcie par ce que les puissances occidentales se sont conquis la possibilité, grâce à leur victoire, de ne pas s'élever à la hauteur de l'époque. Ce qui est exigé aujourd'hui dans l'idée de la triarticulation est exigé par l'époque. L'évolution de l'humanité en est aujourd'hui arrivée à ce point. La victoire des puissances occidentales ne signifie rien d'autre que la conquête d'un délai de grâce pour pouvoir rester dans les anciennes conditions sociales. Les puissances occidentales peuvent s'offrir ce luxe ; elles l'ont obtenu de haute lutte. Mais les puissances centrales ne peuvent pas s'offrir ce luxe ; elles sont obligées de satisfaire aux exigences de l'époque. Si elles les satisfont, cela aura un impact sur le monde entier. Si elles ne les satisfont pas, elles disparaîtront.
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Cela doit être dit clairement aujourd'hui, car il s'agit aujourd'hui d'un "ou bien, ou bien". C'est pourquoi il est si frivole de voir des gens très intelligents dire, par exemple, qu'un désaccord va à nouveau survenir entre les Français et les Anglais. Car les Anglais, de par leurs anciennes traditions, ne veulent conclure aucune alliance militariste avec les Français ; ils ne veulent non plus accorder aucun crédits ; ils ne sont pas non plus tout à fait d'accord avec les intentions des Français concernant la frontière du Rhin, etc. - C'est la continuation de ce qui a déjà eu un effet si dévastateur pendant et avant la guerre. Là aussi, on a toujours spéculé : maintenant, les ennemis sont à nouveau en désaccord ; peut-être pouvons-nous conclure une paix séparée avec quelqu'un. - Grâce à cette diplomatie, on a finalement réussi à avoir presque le monde entier contre soi. Si des gens de ce calibre continuent aujourd'hui à corrompre les idées des humains et à spéculer sur le fait que les Français et les Anglais sont à nouveau en désaccord, c'est un vrai rêve ; ce n'est pas une prise de conscience de la réalité. C'est une continuation de la vieille pensée diplomatique que Czernin a si bien décrite dans son livre, dans lequel il exige que l'importance extraordinaire des diplomates soit reconnue. Mais cette importance extraordinaire des diplomates résidait dans le fait qu'ils pouvaient fréquenter les salons correspondants, y observer l'ambiance et écrire ensuite de longues lettres sur cette ambiance, et ainsi de suite. Pendant la guerre, cela s'est très bien poursuivi, dans la mesure du possible, sauf que l'on a alors davantage jugé l'ambiance par des voies détournées.
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La catastrophe de la guerre est justement née de cette évaluation de l'humeur avant la guerre. Et maintenant, les gens commencent à nouveau à spéculer de la même manière. Mais quand les gens se réveilleront, ils verront qu'en réalité, ils n'ont fait que s'asseoir entre deux chaises. On parle d'un profond fossé qui se creuse entre les Français et les Anglais ; les plus intelligents en parlent aujourd'hui. Quand on se réveillera, on verra que ce fossé existe bel et bien, mais qu'au-delà de ce fossé, les gens [les Français et les Anglais] sont d'accord, et que l'on est soi-même assis dans ce profond fossé. Que cette manière de penser si fatale à l'humanité soit remplacée par une manière de penser conforme à la réalité, voilà le véritable fondement de l'impulsion de la triarticulation de l'organisme social. Et lorsque l'on comprendra cela, on se tournera vers cette triarticulation avec une nécessité intérieure.
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Après les paroles d'introduction de Rudolf Steiner, la discussion est ouverte ; différentes personnalités prennent la parole : Georg Herberg pense qu'au vu de l'augmentation des prix au cours des dernières années - il cite l'exemple du prix d'une tonne de fer qui coûtait autrefois 13 marks et qui coûte aujourd'hui 1700 marks - il est nécessaire d'examiner de plus près le problème des prix. Il faut notamment s'intéresser au pôle opposé des consommateurs, c'est-à-dire au côté des producteurs.
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Avant d'entamer la discussion proprement dite, Siegfried Dorfner aimerait attirer l'attention des personnes présentes sur trois faits fondamentaux que l'on peut considérer comme typiques de toute la situation dans le travail de triarticulation : premièrement, des dirigeants du parti auraient été invités pour cette soirée, mais ils ne seraient pas là. Deuxièmement, s'ils viennent déjà une fois, ils se taisent la plupart du temps lors des discussions ; il n'y aurait aucun demandeurs/ouvreur de portes. Troisièmement, on observe très souvent chez les adeptes de l'anthroposophie l'attitude suivante : "J'aime l'anthroposophie, mais pas la triarticulation". Le manque de succès des efforts de la triarticulation n'est donc pas surprenant.
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Carl Unger souhaite revenir sur ce qui précède et souligne l'importance des trusts dans la vie économique actuelle. L'exemple du fer a été cité ; dans ce domaine, il faut partir du principe que l'on a affaire à un trust d'acier. Les sucreries allemandes occupent une position de monopole similaire ; il y a certes d'innombrables champs de betteraves en Allemagne, mais le prix est trop élevé par rapport à cette offre importante.
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Walter Johannes Stein est d'avis que la situation de l'économie sucrière allemande renvoie à un problème tout à fait central, celui du rapport entre les terres et les moyens de production en général. La question se pose en effet de savoir si la vache, par exemple, est un moyen de production ou si elle fait partie du patrimoine foncier. Mais la question se complique encore lorsque la vache est finalement abattue ; ne prend-elle pas alors le caractère d'une marchandise ? Il demande donc à Rudolf Steiner d'expliquer plus précisément le rapport entre la terre, les moyens de production et les marchandises.
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Rudolf Steiner : Mes chers amis ! En ce qui concerne la distinction entre le foncier et les moyens de production, l'essentiel est déjà que le foncier est quelque chose de limité, qu'il n'a rien d'élastique, qu'il ne peut pas être multiplié dans un certain sens, alors que les moyens de production, qui résultent eux-mêmes du travail humain, peuvent être multipliés, et que la multiplication des moyens de production permet justement d'augmenter la production.
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Or, si l'on fait de telles distinctions, c'est parce que l'on doit souvent partir de différents points de vue. En distinguant le foncier des moyens de production, on désigne comme "foncier" ce qui est d'abord là et qui n'a pas été produit par la main de l'humain. Pour l'économiste, une vache que l'humain ne fabrique pas lui-même par son travail fait tout simplement partie du "foncier" tant qu'elle n'est pas abattue ; si elle est abattue, elle est bien entendu une marchandise. Mais elle apparaît alors d'une manière très particulière sur le marché des marchandises, et l'on est confronté à deux faits : premièrement, le fait qu'elle est soustraite à la force de production du sol, et deuxièmement, l'autre fait qu'elle apparaît comme une marchandise ; la vache est en un certain sens un produit limite/frontière. De tels produits frontières existent partout. Mais il s'agit en quelque sorte de fixer ce que l'on a en vue, en ce sens que l'on peut prendre les désignations du représentant caractéristique.
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N'est-ce pas, dans le processus économique, on a tout d'abord affaire à ce qui est nécessaire à la production, mais qui ne peut pas être produit lui-même. Cela comprend le foncier lui-même et quelques autres choses ; on les regroupe simplement sous le terme de "foncier/fond et sol". Deuxièmement, le processus économique englobe tout ce qui sert à produire autre chose, mais qui doit d'abord être produit soi-même, par exemple comme les machines. Dans le contexte économique, le processus de travail, le travail qui doit être utilisé pour fabriquer les moyens de production, disparaît dans le cas du foncier. C'est là l'essentiel pour l'économie de peuple : les moyens de production sont seulement aussi longtemps à considérer du point de vue de l'équivalent-travail jusqu'à ce qu'ils soient prêts à être utilisés pour la production. Dès l'instant où les moyens de production sont là, ils s'inscrivent en fait dans le processus économique au même titre que le foncier. Tant que l'on travaille sur les moyens de production et que l'on doit faire appel à l'économie de peuple pour pouvoir travailler sur les moyens de production, il faut voir une différence dans la manière dont les moyens de production et les terres sont placés dans l'économie de peuple. Dès l'instant où les moyens de production sont prêts, ils sont soumis à la même catégorie économique que le foncier. Tant que je dois encore fabriquer la locomotive, je dois juger le processus économique dans lequel se déroule la fabrication de la locomotive autrement qu'au moment où elle est terminée. Lorsqu'elle est sur les rails [en tant que moyen de production fini] et qu'elle est déplacée par les humains pour une nouvelle production, elle se trouve dans le processus économique au même titre que le foncier. C'est la difficulté de la distinction, à savoir que le moyen de production fini est soumis à la même catégorie que le foncier. Ce qui est essentiel, c'est le travail nécessaire à la création d'un moyen de production, et cela s'ajoute aux moyens de production et fait défaut/manque au foncier. Cela est bien sûr lié à ce qui suit. Si le foncier était élastique, si on pouvait le multiplier, alors soit il devrait croître lui-même, soit les humains devraient pouvoir le produire. Mais je ne veux pas m'étendre sur cette question. Que justement le foncier existe dans une certaine mesure est ce qui la distingue des moyens de production. Il peut seulement être exploité plus ou moins, ce qui le rend à nouveau semblable aux moyens de production.
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Maintenant, il faut bien sûr aussi considérer le troisième membre, la marchandise proprement dite. Elle se caractérise par le fait qu'elle est consommée. De ce fait, elle est, dans le processus d'économie de peuple, quelque chose d'essentiellement différent du moyen de production qui, lui, n'est pas directement consommé, mais seulement usé. Ainsi, la marchandise est aussi de nouveau quelque chose d'autre que le foncier, qui sert justement aussi peu à la consommation, mais qui doit tout au plus être améliorée, et ainsi de suite.
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Il faut donc distinguer ces trois choses comme étant essentiellement différentes dans le processus économique : 1. le foncier, qui [existe] sans que le travail humain y ait été employé ; 2. le moyen de production, qui commence lorsque le travail humain a été utilisé ; les deux - le foncier et le moyen de production - ne sont pas là pour la consommation immédiate ; 3. la marchandise, qui est là pour la consommation immédiate.
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Mais vous voyez, l'affaire est telle que tout cela est aussi une question de temps. Car au moment où vous réfléchissez au fait que les moyens de production, par exemple de sorte machine, sont consommés en un certain temps, à ce moment-là, les moyens de production vous apparaissent comme des marchandises - seulement comme des marchandises qui ont besoin d'un temps plus long pour être consommées. Lorsque l'on fait des distinctions dans la vie, ces distinctions ont la particularité d'être extrêmement inconfortables ; elles ne sont jamais telles que l'on puisse faire une répartition stricte.
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Il faut rester souple/mobile sur ces questions. Car, en effet, les moyens de production ont aussi, d'une certaine manière, un caractère marchand. Ce caractère de marchandise que peuvent avoir les moyens de production, le foncier ne l'a pas de la même manière, c'est pourquoi il faut là encore faire une distinction plus stricte. Il est absolument absurde de conférer au foncier le caractère de marchandise d'un point de vue purement capitaliste. Vous voyez donc que si l'on applique quelque chose dans la réalité, on ne peut pas s'arrêter à des concepts abstraits. C'est en effet quelque chose que les gens font valoir comme objection lorsqu'ils lisent les "Points essentiels de la question sociale" : ils veulent avoir des concepts joliment emboîtés. Alors, ce qu'ils lisent est beau pour eux ; on sait alors, après avoir lu une demi-page, ce que l'on a lu. Mais dans la réalité, un moyen de production ne peut être saisi que si l'on sait qu'il n'est d'abord pas consommé, mais que si on l'utilise pendant une longue période, il est comme une marchandise. Il faut donc considérer que le moyen de production a la propriété d'être consommé et de ne pas être consommé, et que le concept doit correspondre à cela.
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Il faut avoir des concepts mobiles. Les gens ne veulent pas de cela aujourd'hui ; ils veulent des concepts emboîtés. Ils ne veulent absolument pas penser dehors dans la réalité. Sinon, de telles choses ne pourraient pas se produire, que les gens disent par exemple : l'anthroposophie me plaît bien, mais je ne veux rien savoir de la triarticulation. - Celui qui parle ainsi ressemble à peu près à celui qui dit : oui, je m'intéresse au spirituel, mais ce spirituel ne doit pas déborder sur le politique ; ce spirituel doit être indépendant du politique. Oui, mes chers amis, c'est précisément ce que veut atteindre la triarticulation. Mais comme le spirituel n'est aujourd'hui indépendant nulle part, c'est une illusion si vous croyez pouvoir vous intéresser uniquement au spirituel. Pour que votre idéal abstrait puisse devenir concret, pour que vous puissiez vous intéresser à quelque chose sans que cela soit influencé par la politique, la triarticulation doit d'abord conquérir un tel domaine, pour qu'il y ait un domaine où l'on n'ait pas besoin de s'intéresser à la politique. La triarticulation lutte précisément pour le domaine dans lequel les âmes assoupies veulent se sentir à l'aise, mais qui n'est qu'une illusion devant elles. Ces âmes assoupies - oh, on aimerait tellement les réveiller ! - se sentent si bien lorsqu'elles sont intérieurement mystiques, lorsqu'elles saisissent intérieurement le monde entier, lorsqu'elles découvrent le Dieu dans leur propre âme et deviennent ainsi des humains parfaits ! Mais cette intériorité n'a de valeur que si elle se manifeste dans la vie. Je voudrais savoir si elle a une valeur si maintenant, à l'époque où tout presse, où le monde est en feu, l'humain ne trouve pas le moyen de prendre la parole dans les affaires publiques. C'est un bel intérêt pour l'anthroposophie, qui ne veut s'intéresser qu'à l'anthroposophie et ne trouve même pas la possibilité de participer à ce à quoi l'anthroposophie veut inciter. Les anthroposophes qui ne veulent s'intéresser qu'à l'anthroposophie et non à ce que l'anthroposophie peut devenir dans la vie, ressemblent à un humain qui n'est charitable que de la bouche, mais qui ferme vite ses poches quand il devrait être vraiment charitable. C'est pourquoi ce que l'on trouve chez les gens qui ne veulent s'intéresser à l'anthroposophie qu'à leur manière, c'est du bavardage anthroposophique. Mais la réalité de l'anthroposophie, c'est ce qui passe dans la vie.
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En rattachement, un débat sur le futur travail de triarticulation a lieu avec les meneurs des groupes locaux. Trois questions principales sont à l'ordre du jour. Premièrement : peut-on faire des compromis ? Deuxièmement : faut-il participer aux élections ? Troisièmement : sous quelle forme faut-il faire de la propagande pour l'idée de la triarticulation ? Paul Kretschmar, de Cologne, préconise d'essayer d'exercer une influence sur le corps des conseils d'entreprise existants et sur le Parlement. Les journaux joueraient un rôle non négligeable à cet égard. Il faudrait donc créer une sorte de bureau journalistique afin de rédiger des articles pour les revues spécialisées. Il serait également important de former des orateurs compétents ; ceux-ci devraient pouvoir s'appuyer sur une sorte d'abécédaire de la triarticulation - à l'instar de l'abécédaire du sol publié par Damaschke. La création d'une propre maison d'édition serait également nécessaire pour soutenir efficacement la propagande dans les journaux. Au fond, il faudrait même envisager de participer aux élections.
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M. Klug, également de Cologne, met en garde contre une participation aux élections qui ne serait que purement individuelle. On peut tout au plus discuter de la possibilité de s'unir avec d'autres partis indépendants. De plus, il faudrait absolument discuter de la possibilité de créer des associations de consommateurs.
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Hermann Heisler pense qu'il faudrait vraiment disposer d'une sorte de "catéchisme de la triarticulation" ; celui-ci devrait servir de guide pour savoir comment la triarticulation s'intègre dans la vie pratique, en particulier dans la vie de l'économie. Dans la situation actuelle, trois questions se posent en particulier. Premièrement : comment la triarticulation, si elle était effectivement réalisée en Europe centrale, pourrait-elle contrer la famine européenne à laquelle il faut s'attendre ? Deuxièmement, quel objectif faut-il donner aux travailleurs à l'heure actuelle ? Troisièmement : jusqu'où peut-on aller dans les manifestations pratiques des partis politiques et se déclarer en faveur des objectifs de la triarticulation ? Siegfried Dorfner est convaincu que le meilleur moyen de propagande pour la triarticulation est de sortir du parti.
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Walter Conradt pense qu'en ce qui concerne le traitement de la presse, il faut partir du principe qu'il y a eu une décentralisation des opinions du côté opposé. En revanche, en ce qui concerne le traitement du parti prolétarien, les événements de l'année dernière - en particulier ceux liés à la "mission d'affichage" - ont montré que le prolétariat est pour ainsi dire "décalé" depuis un an, et qu'il ne faut donc plus compter avec lui dans un premier temps.
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Richard Seebohm estime qu'il est déjà arrivé qu'un journal réponde à certaines questions, mais qu'il ne faut pas oublier que, même si la surveillance de l'État est désormais supprimée, les journaux restent sous la contrainte de l'industrie. Il ne faut pas non plus oublier qu'il y a finalement aussi des triarticuleurs qui aimeraient ne rien avoir à faire avec l'anthroposophie. Pour ces raisons, il est important de se ranger derrière le journal de triarticulation existant.
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Paul Kretschmar mentionne le "Generalanzeiger" de Cologne, dans lequel il serait certainement possible d'insérer des articles sur la triarticulation.
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Ernst Uehli mentionne un ami étranger qui lui a confirmé que la presse ne pouvait pas être gagnée aux grandes idées ; en général, on peut constater que l'idée de la triarticulation est beaucoup critiquée dans les journaux. L'aspiration à une véritable "humanité" et la presse ne sont pas compatibles, comme l'avait déjà constaté le philosophe allemand Karl Christian Planck.
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Emil Molt signale que le Bund für Dreigliederung a l'intention d'organiser un cours d'agitateurs - un cours pour orateurs - sous la direction de Rudolf Steiner.
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Une fois la discussion terminée, Rudolf Steiner est prié de prendre position sur les différentes questions qui y sont soulevées, malgré l'heure avancée.

Rudolf Steiner : mes très chers présents ! Tout d'abord, je voudrais seulement dire que je serai obligé de parler par brèves allusions, et je vous prie d'en tenir compte. Il n'est donc plus possible de parler en détail des différentes questions posées. Peut-être pourrons-nous le faire une prochaine fois.
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Commençons par la question relativement la plus importante, celle de l'impact de la triarticulation sur la prochaine famine européenne. J'aimerais dire, bien que cela puisse paraître étrange à certains, que cette question en cache une autre, tout à fait différente, qui rend la réponse difficile. Mais d'une manière générale, voici ce qu'il faut retenir de cette question. N'est-ce pas, il y a, disons, dix ans, le monde ne connaissait pas ce que l'on appelle une famine, en tout cas pas ce qui peut arriver prochainement comme famine et qui arrivera probablement, puisque les âmes sont endormies. Mais il faut tout de même faire les considérations suivantes, aussi simples et primitives qu'elles puissent paraître : il n'y a pas moins de matières premières dans la terre qu'il y a dix ans ; il n'y a pas moins de champs qu'il y a dix ans ; il n'y a pas non plus moins de force humaine de travail qu'il y a dix ans - des millions de personnes ont certes péri dans la guerre, mais pas seulement comme producteurs, mais aussi comme consommateurs. Donc, en général, les possibilités économiques, les conditions économiques sont exactement les mêmes qu'il y a dix ans.
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C'était il y a peut-être huit semaines, lorsque les journaux ont publié une lettre écrite par le célèbre politique, le prince russe Kropotkin, dans laquelle il fait deux communications étranges. La première est qu'il travaille maintenant à une éthique - il est intéressant qu'il commence à écrire une éthique. L'autre communication est qu'il n'y a plus qu'une chose à faire, que l'Occident livre des denrées alimentaires à la Russie, que le pain soit livré. C'est bien sûr le plus simple, quand il n'y a pas de pain, de le prendre du côté où il se trouve. Eh bien, d'autres personnes ont aussi parfois ce genre d'avis. Il y a quinze jours, j'ai reçu une lettre d'un avocat et notaire d'Allemagne centrale. La lettre avait un ton très avocat et notaire, car elle était grossière et stupide. Mais on y lisait aussi qu'on ne pouvait pas mettre un chien derrière le poêle avec un quelconque idéalisme, qu'il fallait se battre pour le pain nu.
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Eh bien, vous voyez, tout ce que je viens d'expliquer ne tient pas compte de ce qui est le plus simple et le plus primitif. Car celui qui y réfléchit, saura qu'il ne s'agit que d'amener les humains à une telle organisation, de sorte que les antécédents actuels, comme ceux d'il y a dix ans, puissent être exploités et le soient. Cela ne sera certainement pas possible si les gens sont traités avec ce que les anciens "Czernine" considèrent comme la sagesse de l'État et du peuple, ou les anciens "Bethmaners", écrits avec ou sans h, ni ce que les anciens sociaux-démocrates, cette sorte particulière de "Bethmaners négatifs", suggèrent ; mais ce qui compte, c'est qu'aux gens soient à nouveau donné des objectifs, qu'ils voient que c'est vers cela que nous travaillons. Et cela peut justement être donné par le mouvement de la triarticulation. Il est important de ne pas dire ce que beaucoup disent aujourd'hui, même si c'est relativement vrai : nous n'aurons pas de famine ou nous pourrons la surmonter si les gens travaillent à nouveau. Oui, si ! Mais si les gens ont devant eux cette absence de perspective de travail qui résulte pour eux des anciens programmes et des anciennes machinations, alors ils ne veulent pas travailler. Mais qu'on apporte à l'humanité quelque chose qui s'allume, de sorte que les gens voient devant eux quelque chose qui puisse les conduire à une existence digne, [alors ils voudront travailler], et alors on pourra aussi produire du pain. C'est une condition de base importante pour la production de pain : la confiance en l'humanité. Si nous ne gagnons pas cette confiance, la famine viendra certainement.
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Mais pour que la confiance naisse, la triarticulation est nécessaire. Je ne peux que le suggérer dans ce contexte.
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Mais si vous suivez cette idée, vous verrez que la famine peut être évitée seulement par la propagation de la triarticulation. Il y a toutefois une nécessité : cette idée de triarticulation doit avant tout prendre place dans le plus grand nombre possible d'esprits, afin que ces esprits ne tombent pas dans toutes sortes d'idées qui ne sont que la continuation de l'ancien système. Cette continuation de l'ancien système se répand très, très largement - seulement sous une forme apparemment nouvelle.
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Car voyez-vous, de certains côtés, c'est comme si, parmi les personnalités dirigeantes, on se donnait justement pour mission de provoquer la famine. Aujourd'hui, le prix de toutes sortes de choses augmente de manière fantastique. Mais les prix n'ont de sens que s'ils sont relatifs les uns aux autres. Les prix des denrées alimentaires les plus importantes sont aujourd'hui artificiellement maintenus à un niveau bas. Je ne veux pas dire qu'ils doivent augmenter, mais ils ne doivent pas être disproportionnés par rapport aux prix des autres choses. Cette disproportion empêche que l'on veuille encore se consacrer d'une manière ou d'une autre à la production de produits bruts, de denrées alimentaires. La création d'une famine est donc devenue une règle de gouvernement. Il faut s'en rendre compte.
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Deuxièmement, il faut souligner que cette affaire est une affaire internationale et que la question peut être soulevée : peut-on obtenir quelque chose en Europe centrale par la seule introduction de la triarticulation - ou quel que soit le nom qu'on lui donne ? Je dois alors me référer à ce que j'ai écrit dans le journal de la triarticulation, et ce à maintes reprises et à nouveau sous les angles les plus divers : si seulement on prenait vraiment le courage de propager la triarticulation, même dans les conditions les plus défavorables, même en cas de famine - cela aurait un effet, si quelque chose de positif pouvait être vu chez nous par les gens des régions occidentales ou orientales.
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C'est ainsi que nous en sommes encore aujourd'hui au point où le monde se trouvait lorsque l'offre de paix a été envoyée au monde en 1916, où phrase sur phrase, mais rien de concret n'a été dit devant le monde. Essayez donc de voir l'effet que cela produirait dans la vie internationale si l'on se présentait avec quelque chose d'aussi concret, qui a de la substance et du contenu, comme l'idée de la triarticulation de l'organisme social. Actuellement, on voit comment les humains d'État anglais, par exemple, prennent peur de semaine en semaine face à ce qui se passe en Allemagne. C'est en fait quelque chose qu'ils ne connaissent pas du tout. Et comme ils ne peuvent rien en faire de correct, ils ont peur qu'un bolchevisme encore pire que celui de la Russie ne se développe ici.
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Mais s'ils connaissaient mieux Bauer, Ebert et Noske, ce serait même un bon moyen de leur faire oublier leur peur. Car la vérité, c'est qu'il ne se passe rien ici, qu'en réalité, les mois passent sans que rien ne se passe. Essayons de voir à quoi ressemblerait la vie internationale si quelque chose de substantiel était mis au monde par l'Europe centrale. Ce n'est que lorsque l'on est au clair sur ces choses que l'on peut aborder une question telle que celle de l'action de la triarticulation en cas de famine ; pour le reste, ce n'est pas une question. Il est vrai que seule la triarticulation est en mesure de provoquer une telle organisation, que l'on pourra à nouveau travailler et que la confiance pourra à nouveau exister. La famine pourra alors être évitée.
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Pour agir au niveau international, il faut toutefois que l'idée de la triarticulation prenne place dans les esprits de manière efficace. Je ne craindrais alors pas qu'elle n'agisse pas dans les relations internationales. Tant que l'on ne négociera qu'à partir du chauvinisme, on n'arrivera pas à une branche verte. Si l'on inventait quelque chose d'important ici, en Europe centrale, cela aurait déjà une portée internationale. Si des idées saines prennent place ici, les barrières internationales tomberont d'elles-mêmes, car les humains agissent selon leur intérêt et prennent le bien là où ils peuvent le trouver.
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Et je voulais encore vous donner quelques indications sur la question des journaux : je ne veux pas nier que certaines choses sont très importantes dans ce qui a été dit. Et il sera méritoire que l'un ou l'autre de nos amis fasse paraître un article ici ou là dans un journal quelconque. Mais l'essentiel reste que, de même que l'on ne peut rien obtenir en se cachant dans les partis, on ne peut rien obtenir en se cachant dans les autres journaux. On peut le faire, mais c'est en fait la même chose, mais avec une autre couleur. Je ne le blâme pas, je suis tout à fait d'accord si cela se fait. Mais je verrais le côté positif dans le fait que notre journal, notre journal de triarticulation soit propagé par les amis - autant que possible. Vous pouvez dire : bien, mais les journaux dans lesquels nous voulons faire paraître les articles, les gens les ont ; ils doivent s'abonner en plus au journal de la triarticulation. Ils doivent justement s'y abonner. Tous ne le feront pas, mais un certain nombre le feront déjà. Nous parviendrons alors à transformer le journal de la triarticulation en un quotidien. Ce n'est qu'alors que nous pourrons insérer les articles que nous voulons insérer ; cela sera alors efficace. Il s'agit donc de travailler autant pour le journal de la triarticulation, qui est encore un hebdomadaire, que ce journal puisse être transformé en quotidien grâce à ses propres revenus. Nous n'avons alors pas besoin de "ramper" chez les autres ; c'est cela qui compte. Pourquoi ne serait-il pas possible de mettre sur pied une chose d'une telle importance !
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Ensuite, plusieurs autres points ont été évoqués. En ce qui concerne la participation aux élections, j'aimerais simplement dire ceci : bien sûr, on peut tout à fait dire in abstracto que participer aux élections, entrer au parlement et y travailler, c'est soutenir l'État actuel. - On ne peut pas dire cela sans autre. Je ne veux même pas parler aussi fortement pour ou contre ; cela dépend des différentes circonstances concrètes, si l'on participe ou non aux élections. Mais si l'on conçoit strictement la triarticulation, il n'est pas tout à fait juste, en principe, de ne pas participer au parlement. Ce qui est juste en principe, pensé de manière conséquente dans le sens de la triarticulation, serait de participer aux élections, de faire élire autant de personnes qu'il est possible d'en élire, d'entrer au parlement et de faire de l'obstruction pour toutes les questions qui se rapportent à la vie de l'esprit et à la vie de l'économie. Ce serait une pensée cohérente dans le sens de la triarticulation. Il s'agit de séparer/démembrer la partie centrale, la vie de l'État. Celle-ci ne peut être extraite que si l'autre partie est rejetée à gauche et à droite. On ne peut pas faire autrement que de se faire élire, de s'engager et de faire obstruction à tout ce qui est négocié et décidé dans le domaine de la vie de l'esprit et de l'économie. Ce serait une pensée cohérente dans le sens de la triarticulation de l'organisme social. Cette idée est quelque chose qui doit être pensé de manière conséquente et qui peut aussi être pensé de manière conséquente par rapport aux conditions concrètes, parce qu'elle est tirée de la réalité. - C'est ce que l'on pourrait dire en ce qui concerne les questions les plus importantes.
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En ce qui concerne le nouvel objectif que l'on doit maintenant donner aux travailleurs, je dois dire qu'après les expériences faites avec les conseils d'entreprise, il s'agit pour moi d'une question plus académique. La question devra être traitée différemment ; [il faut se demander] si on devait vraiment donner un tel objectif. La question des conseils d'entreprise a été soulevée. On s'est donné toutes les peines possibles et on a essayé partout de donner un élan aux conseils d'entreprise. Les ouvriers ont promis tout le possible et n'ont rien tenu.
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D'abord, ils se sont présentés aux assemblées, puis ils ont fait défaut. Il en irait de même pour les nouveaux objectifs à venir s'ils étaient portés dans les organisations ouvrières actuelles.