| 
                                   
                                     
                                  
                                    
                                      |  Mon exposé d'aujourd'hui sera
                                          épisodique, une parenthèse dans nos
                                          réflexions, car je voudrais que nos
                                          amis anglais, qui vont bientôt
                                          retourner dans leur pays, puissent en
                                          tirer le plus de choses possible.
                                          C'est pourquoi j'organise ces exposés
                                          de telle sorte que l'un ou l'autre
                                          puisse servir de support à
                                          l'efficacité nécessaire. Et c'est là
                                          que je voudrais développer
                                          aujourd'hui, et d'abord
                                          historiquement, pas tellement en ce
                                          qui concerne le présent - cela pourra
                                          peut-être alors se passer demain -,
                                          j'aimerais vous développer
                                          spirituellement scientifiquement
                                          historiquement, quelques choses sur
                                          l'impérialisme. L'impérialisme est un
                                          phénomène dont on a parlé plusieurs
                                          fois ces derniers temps, et on en
                                          parle de telle manière que ceux qui en
                                          parlent ont une conscience plus ou
                                          moins claire de son lien avec
                                          l'ensemble des phénomènes sociaux
                                          actuels. Mais lorsqu'on discute de
                                          telles choses aujourd'hui, on ne tient
                                          pas compte de ce que nous vivons dans
                                          le cours historique de l'humanité, que
                                          nous nous trouvons dans une époque de
                                          développement historique bien
                                          déterminée et que l'on ne peut
                                          comprendre cette époque de
                                          développement de l'humanité que si
                                          l'on sait d'où viennent les phénomènes
                                          qui nous entourent aujourd'hui, dans
                                          lesquels nous vivons aujourd'hui. Au
                                          fond, on voit d'abord apparaître ce
                                          qui est aujourd'hui un impérialisme
                                          efficace, qui sera efficace à
                                          l'avenir, dont le porteur sera la
                                          population anglo-américaine et qui
                                          est, au fond, très récent dans sa
                                          dénomination ; cet impérialisme se
                                          présente comme un impérialisme
                                          économique. Mais l'essentiel, c'est
                                          que dans tout ce qui est dit sur les
                                          choses liées à cet impérialisme
                                          économique, au fond, rien n'est vrai,
                                          tout est faux, tout plane, j'aimerais
                                          dire, en l'air et, planant en l'air,
                                          conduit plus ou moins consciemment à
                                          la fausseté/non-véracité. Mais pour
                                          envisager comment, en notre temps, les
                                          réalités sont tout autres que ce qui
                                          est dit de ces réalités, |  01 |  Mein Vortrag wird heute episodisch
                                          sein, eine Einschiebung in unsere
                                          Betrachtungen, denn ich möchte, daß
                                          unsere englischen Freunde, die ja nun
                                          bald wiederum in ihr Land zurückgehen,
                                          von hier aus möglichst viel
                                          hinübernehmen können. Deshalb richte
                                          ich diese Vorträge so ein, daß das
                                          eine oder das andere zur Stütze der
                                          Wirksamkeit, die notwendig ist,
                                          dienen kann. Und da möchte ich heute,
                                          und zwar zunächst geschichtlich, nicht
                                          so sehr auf die Gegenwart bezüglich —
                                          das kann vielleicht dann morgen
                                          geschehen —, ich möchte geschichtlich,
                                          geisteswissenschaftlich-geschichtlich
                                          einiges Ihnen entwickeln über
                                          Imperialismus. Der Imperialismus ist
                                          ja eine in der letzten Zeit mehrfach
                                          besprochene Erscheinung, und er wird
                                          so besprochen, daß bei denjenigen, die
                                          über ihn sprechen, ein mehr oder
                                          weniger deutliches Bewußtsein
                                          vorhanden ist von seinem Zusammenhange
                                          mit den gesamten sozialen
                                          Erscheinungen der Gegenwart. Aber
                                          wenn man solche Dinge heute bespricht,
                                          so berücksichtigt man nicht,dazu ist
                                          notwendig, einen tieferen Blick in den
                                          geschichtlichen Hergang dieser Dinge
                                          zu tun. wenigstens nicht genügend, daß
                                          wir ja im geschichtlichen Hergang der
                                          Menschheit leben, daß wir in einer
                                          ganz bestimmten geschichtlichen
                                          Entwickelungsepoche stehen und daß man
                                          diese Entwickelungsepoche der
                                          Menschheit nur verstehen kann, wenn
                                          man weiß, woher die Erscheinungen
                                          kommen, die uns heute umgeben, in
                                          denen wir heute drinnen leben. Im
                                          Grunde genommen zeigt sich zunächst
                                          dasjenige, was heute wirksamer, in die
                                          Zukunft hinein wirksamer Imperialismus
                                          ist, dessen Träger die
                                          anglo-amerikanische Bevölkerung sein
                                          wird und der im Grunde genommen der
                                          Benennung nach sehr neueren Datums
                                          ist; dieser Imperialismus zeigt sich
                                          als Wirtschaftsimperialismus. Aber
                                          das Wesentliche ist, daß in all dem,
                                          was über die Dinge gesprochen wird,
                                          die mit diesem wirtschaftlichen
                                          Imperialismus zusammenhängen, im
                                          Grunde genommen gar nichts wahr ist,
                                          sondern alles unwahr ist, alles, ich
                                          möchte sagen, in der Luft schwebt und,
                                          schwebend in der Luft, mehr oder
                                          weniger bewußt zur Unwahrhaftigkeit
                                          führt. Aber um das einzusehen, wie in
                                          unserer Zeit die Wirklichkeiten ganz
                                          andere sind als dasjenige, was von
                                          diesen Wirklichkeiten gesagt wird, |  
                                      |  Je n'ai besoin de mentionner qu'une
                                          seule chose vis-à-vis des faits
                                          actuels pour caractériser dans une
                                          certaine mesure la capacité de
                                          jugement de l'opinion publique
                                          contemporaine. Nous avons vu que
                                          Woodrow Wilson a été glorifié dans les
                                          régions les plus diverses d'Europe et
                                          finalement même en Allemagne. Nos amis
                                          suisses savent très bien que, pendant
                                          la glorification de Woodrow Wilson, je
                                          me suis toujours prononcé, ici en
                                          Suisse, de la manière la plus sévère
                                          contre Woodrow Wilson, car ce que
                                          Woodrow Wilson est aujourd'hui, il
                                          l'était bien entendu déjà à l'époque
                                          où il était glorifié par le monde
                                          entier. Aujourd'hui, on annonce déjà -
                                          je ne veux pas dire par là que c'est
                                          la vérité la plus profonde - qu'en
                                          Amérique, on pense à déclarer Woodrow
                                          Wilson inapte au gouvernement, qu'on
                                          doute de sa capacité de jugement. Le
                                          jugement public, tel qu'il circule
                                          aujourd'hui dans le monde, est donc
                                          tout de suite suffisamment caractérisé
                                          par de telles choses, notamment dans
                                          ses valeurs. |  02 |  Ich brauche ja gegenüber den
                                          heutigen Tatsachen nur das eine zu
                                          erwähnen, um einigermaßen die
                                          Urteilsfähigkeit der öffentlichen
                                          Gegenwart zu charakterisieren. Wir
                                          haben ja erlebt, daß zunächst in den
                                          verschiedensten Gegenden Europas und
                                          zuletzt sogar in Deutschland selber
                                          Woodrow Wilson glorifiziert worden
                                          ist. Unsere Schweizer Freunde wissen
                                          ganz gut, daß während der
                                          Glorifizierung von Woodrow Wilson ich
                                          auch hier in der Schweiz in schärfster
                                          Weise mich immer gegen Woodrow Wilson
                                          ausgesprochen habe, denn dasjenige,
                                          was Woodrow Wilson heute ist, war er
                                          selbstverständlich auch schon in
                                          derjenigen Zeit, in der er von der
                                          ganzen Welt glorifiziert worden ist.
                                          Heute meldet man bereits — womit ich
                                          nicht sagen will, daß das die
                                          allertiefste Wahrheit wiederum ist —,
                                          daß man in Amerika daran denke,
                                          Woodrow Wilson für unfähig für die
                                          Regierung zu erklären, daß man an
                                          seiner Urteilsfähigkeit zweifle. Das
                                          öffentliche Urteil, wie es heute durch
                                          die Welt schwirrt, ist ja gerade durch
                                          solche Dinge genügend charakterisiert,
                                          namentlich in seinen Werten
                                          charakterisiert. |  
                                      |  Et on a seulement besoin de se
                                          souvenir d'un deuxième fait. Au cours
                                          des quatre ou cinq dernières années,
                                          il a beaucoup été parlé de toutes
                                          sortes de belles choses :
                                          l'autodétermination des peuples, et
                                          ainsi de suite. - Toutes ces choses
                                          n'étaient pas vraies, car ce qui se
                                          cachait derrière était tout autre
                                          chose, il s'agissait évidemment de
                                          questions de pouvoir. Et pour celui
                                          qui veut comprendre, il s'agit de
                                          remonter aux réalités à partir de ce
                                          qui est dit, pensé et jugé. Et ainsi
                                          doit en particulier lorsqu'un mot tel
                                          qu'impérialisme - "Imperial
                                          Federation" est le mot officiel depuis
                                          le début du 20e siècle en Angleterre
                                          -, lorsqu'il est parle sur de telles
                                          choses, ainsi doit être tenu compte
                                          que nous avons en ces choses les
                                          dérivés les plus extérieurs, des
                                          produits tardifs de l'évolution, et
                                          que ceux-ci remontent à des temps
                                          lointains et ne trouvent leur
                                          explication que dans ce qu'une
                                          véritable considération historique
                                          peut offrir. |  03 |  Und man braucht sich nur an eine
                                          zweite Tatsache zu erinnern. In den
                                          letzten vier bis fünf Jahren ist
                                          außerordentlich viel über allerlei
                                          schöne Dinge gesprochen worden:
                                          Selbstbestimmung der Völker und so
                                          weiter. — Alle diese Dinge waren
                                          nicht wahr; denn dasjenige, was
                                          dahinter war, das war etwas ganz
                                          anderes, das waren selbstverständlich
                                          Machtfragen. Und wer verstehen will,
                                          bei dem handelt es sich darum, daß er
                                          von dem, was gesagt, gedacht und
                                          geurteilt wird, auf die Wirklichkeiten
                                          zurückgeht. Und so muß insbesondere,
                                          wenn ein solches Wort wie
                                          Imperialismus — «Imperial Federation»
                                          ist das offizielle Wort seit dem
                                          Beginn des 20. Jahrhunderts in England
                                          —, wenn über solche Dinge gesprochen
                                          wird, so muß berücksichtigt werden,
                                          daß wir in diesen Dingen die äußersten
                                          Ableitungen haben, Spätprodukte der
                                          Entwickelung, und daß diese
                                          zurückführen in weit vergangene Zeiten
                                          und ihre Erklärung erst finden durch
                                          dasjenige, was eine wirkliche
                                          Geschichtsbetrachtung bieten kann. |  
                                      |  Nous ne voulons pas remonter aussi
                                          loin que l'on pourrait remonter
                                          spirituellement historiquement de
                                          l'humanité, mais nous voulons au moins
                                          remonter jusqu'à quelques millénaires
                                          avant le compte du temps chrétien. Là,
                                          nous trouvons d'abord des empires
                                          impérialistes en Asie, et une variante
                                          de tels empires impérialistes en
                                          Égypte. L'Empire perse, bien connu
                                          dans l'histoire, mais surtout l'empire
                                          assyrien, est quelque peu
                                          caractéristique de l'impulsion
                                          orientale. Or, on ne s'en sort pas si
                                          l'on suit cette première phase de
                                          l'impérialisme uniquement dans les
                                          derniers stades historiques de
                                          l'empire assyrien, parce que l'on ne
                                          comprend tout simplement pas ce qui
                                          règne comme impulsion dans l'empire
                                          assyrien sans pouvoir remonter à des
                                          états orientaux antérieurs. Même en
                                          Chine, dont toute l'organisation
                                          remonte à des temps très anciens, très
                                          lointains, certaines choses ont
                                          tellement changé que l'on ne peut plus
                                          reconnaître dans cette organisation,
                                          qui existait encore il y a peu de
                                          temps, le véritable caractère d'un
                                          impérialisme oriental, tel qu'il a
                                          existé dans l'empire d'Orient. Mais on
                                          peut encore voir, à partir des
                                          conditions connues historiquement, ce
                                          qui repose réellement à la base. |  04 |  Wir wollen nicht so weit
                                          zurückgehen, als man
                                          geistesgeschichtlich in der
                                          Entwickelung der Menschheit
                                          zurückgehen könnte; aber wir wollen
                                          wenigstens zurückgehen bis einige
                                          Jahrtausende vor der christlichen
                                          Zeitrechnung. Da finden wir zunächst
                                          imperialistische Reiche in Asien, eine
                                          Abart solcher imperialistischer Reiche
                                          in Ägypten. Ganz charakteristisch für
                                          den orientalischen Impuls ist etwa das
                                          geschichtlich bekannte persische
                                          Reich, aber insbesondere das
                                          assyrische Reich. Nun kommt man nicht
                                          zurecht, wenn man diese erste Phase
                                          des Imperialismus nur in den letzten,
                                          geschichtlich geschilderten Stadien
                                          des assyrischen Reiches verfolgt, weil
                                          man einfach dasjenige, was als
                                          Antriebe im assyrischen Reich
                                          herrscht, nicht versteht, ohne daß man
                                          zurückgehen kann auf frühere
                                          orientalische Zustände. Selbst in
                                          China, dessen ganze Organisation in
                                          sehr vergangene, weit vergangene
                                          Zeiten zurückreicht, hat sich manches
                                          so geändert, daß man in dieser bis vor
                                          kurzer Zeit be‑ stehenden Organisation
                                          nicht mehr den eigentlichen Charakter
                                          eines orientalischen Imperialismus,
                                          wie er entsprechend dem orientalischen
                                          Reiche durchaus bestanden hat,
                                          erkennen kann. Man kann aber von den
                                          Verhältnissen, die geschichtlich
                                          bekannt sind, noch durchschauen auf
                                          dasjenige, was eigentlich zugrunde
                                          liegt. |  
                                      |  Or, on ne comprend pas tout
                                          l'impérialisme oriental,
                                          l'impérialisme ancien, si l'on ne sait
                                          pas quelle relation était supposée
                                          exister dans la conscience publique
                                          entre la population d'une région
                                          quelconque, disons d'un empire, et ce
                                          que nous appellerions aujourd'hui le
                                          souverain de cet empire ou les
                                          dirigeants de cet empire. Car
                                          évidemment nos mots comme souverain,
                                          roi ou autre n'expriment plus ce qui
                                          était ressenti autrefois par le
                                          souverain/régnant ou les
                                          dirigeants/les régnants. On peut
                                          difficilement aujourd'hui se faire une
                                          représentation de l'ensemble du monde
                                          de ressenti qui régnait dans les
                                          impérialismes orientaux trois ou
                                          quatre millénaires avant l'ère
                                          chrétienne, parce qu'il est difficile
                                          aujourd'hui de tenir compte de la
                                          manière dont l'humain de cette époque
                                          se représentait l'essence du monde
                                          spirituel par rapport au monde
                                          physique. |  05 |  Nun versteht man den ganzen
                                          orientalischen, den alten
                                          Imperialismus nicht, wenn man nicht
                                          weiß, welche Beziehung angenommen war
                                          im öffentlichen Bewußtsein von der
                                          Bevölkerung irgendeines Gebietes,
                                          sagen wir eines Reiches, zu dem, was
                                          wir heute den Herrscher dieses Reiches
                                          oder die Herrschenden dieses Reiches
                                          nennen würden. Denn selbstverständlich
                                          drücken unsere Worte wie Herrscher
                                          oder König oder dergleichen nicht mehr
                                          dasjenige aus, was dazumal von dem
                                          Herrscher oder den Herrschenden
                                          empfunden worden ist. Man kann sich
                                          von der ganzen Empfindungswelt, welche
                                          drei bis vier Jahrtausende vor der
                                          christlichen Zeitrechnung in den
                                          orientalischen Imperialismen
                                          geherrscht hat, heute nur mehr schwer
                                          eine Vorstellung machen, weil man
                                          heute schwer berücksichtigt, wie sich
                                          der Mensch dieser alten Zeit gedacht
                                          hat das Wesen der geistigen Welt im
                                          Verhältnis zur physischen Welt. |  
                                      |  Aujourd'hui, la plupart des humains,
                                          s'ils pensent absolument à un monde
                                          spirituel, pensent que ce monde
                                          spirituel se trouve quelque part,
                                          loin, dans un au-delà ou quelque chose
                                          de ce genre. Et quand est parlé du
                                          monde spirituel, comme toutefois il
                                          faudra d'ailleurs à nouveau en parler
                                          à l'avenir, comme d'un monde existant
                                          parmi nous au même titre que le monde
                                          des sens, alors tout ce qui a conduit
                                          par exemple à la conscience
                                          protestante se dresse à l'époque
                                          moderne. En effet, l'essentiel dans
                                          les temps anciens était que l'on n'a
                                          absolument pas fait une différence
                                          entre le monde physique et le monde
                                          spirituel. |  06 |  Heute denken die meisten Menschen,
                                          wenn sie überhaupt über eine geistige
                                          Welt denken, diese geistige Welt
                                          irgendwo fern in einem Jenseits oder
                                          dergleichen. Und wenn von der
                                          geistigen Welt gesprochen wird, wie
                                          allerdings in der Zukunft wieder wird
                                          gesprochen werden müssen als einer
                                          ebenso unter uns daseienden wie die
                                          Sinneswels, dann stemmt sich alles
                                          dasjenige in der neueren Zeit auf, was
                                          zum Beispiel zum protestantischen
                                          Bewußtsein geführt hat. Es war nämlich
                                          das Wesentliche in älteren Zeiten, daß
                                          man überhaupt einen Unterschied
                                          zwischen der physischen Welt und der
                                          geistigen Welt nicht gemacht hat. |  
                                      |  C'est si fortement vrai que si l'on
                                          dit les choses qui se rapportent à ces
                                          temps anciens, l'humain d'aujourd'hui
                                          peut à peine se représenter quelque
                                          chose de correct, tant le monde de
                                          représentation des anciens était
                                          différent du monde de représentation
                                          des humains plus récents. Ce qui était
                                          là physiquement, des humains
                                          dominants, une caste régnante, des
                                          humains asservis, des humains dominés,
                                          c'était la réalité, ce n'était pas
                                          quelque chose qu'on appelait une
                                          réalité physique, mais c'était la
                                          réalité, c'était à la fois la réalité
                                          physique et la réalité spirituelle. Et
                                          le souverain des empires orientaux,
                                          qu'était-il donc ? Le
                                          souverain/régnant des empires
                                          orientaux était le dieu. Et dans le
                                          vaste périmètre de la population, il
                                          n'y avait pas un dieu au-delà des
                                          nuages dans les temps anciens - je
                                          parle toujours des temps anciens -, il
                                          n'y avait pas pour les gens un chœur
                                          d'esprits qui entouraient à nouveau le
                                          dieu suprême, c'étaient déjà des
                                          conceptions plus tardives dans le
                                          cours de l'histoire terrestre, mais ce
                                          que nous appellerions aujourd'hui des
                                          ministres ou des courtisans, quelque
                                          peu méprisables ou même bientôt
                                          respectables, c'étaient des entités de
                                          nature divine. Car on se rendait
                                          compte que, grâce à l'entraînement aux
                                          mystères par lequel ces humains
                                          étaient passés, ils étaient devenus
                                          quelque chose de plus élevé que les
                                          humains ordinaires. On les regardait
                                          comme la conscience protestante
                                          regarde son Dieu ou comme certains
                                          cercles déjà plus libéraux regardent
                                          leurs anges invisibles et autres. Car
                                          pour ces populations de l'Orient
                                          ancien, il n'y avait pas d'anges
                                          extra-invisibles ou de Dieu
                                          extra-invisible dans le domaine
                                          suprasensible. Tout ce qui était
                                          spirituel vivait dans l'humain. Dans
                                          l'humain ordinaire vivait une âme
                                          humaine. Dans ce que nous appellerions
                                          aujourd'hui un souverain/régnant
                                          vivait une âme divine, un dieu. |  07 |  Das ist so stark wahr, daß, wenn man
                                          die Dinge sagt, die sich auf jene
                                          älteren Zeiten beziehen, sich der
                                          heutige Mensch kaum mehr etwas
                                          Ordentliches dabei vorstellen kann, so
                                          verschieden war die Vorstellungswelt
                                          der alten Menschen von der
                                          Vorstellungswelt der neueren Menschen.
                                          Dasjenige, was physisch da war,
                                          herrschende Menschen, eine herrschende
                                          Kaste, versklavte Menschen,
                                          beherrschte Menschen, das war die
                                          Wirklichkeit, das war nicht etwas, was
                                          man eine physische Wirklichkeit
                                          nannte, sondern das war die
                                          Wirklichkeit, das war zu gleicher Zeit
                                          die physische und die geistige
                                          Wirklichkeit. Und der Herrscher der
                                          orientalischen Reiche, was war denn
                                          der ? Der Herrscher der
                                          orientalischen Reiche war der Gott.
                                          Und in dem weiten Umkreis der
                                          Bevölkerung gab es nicht einen Gott
                                          jenseits der Wolken in älteren Zeiten
                                          — ich spreche immer von älteren Zeiten
                                          —, es gab nicht für die Leute einen
                                          Chor von Geistern, die nun wiederum
                                          den höchsten Gott umgaben, das waren
                                          schon im irdischen Verlauf spätere
                                          Anschauungen, sondern dasjenige, was
                                          wir heute Minister oder Hofschranzen
                                          nennen würden, etwas despektierlich
                                          oder bald sogar respektierlich, das
                                          waren Wesenheiten göttlicher Natur.
                                          Denn man war sich klar darüber, daß
                                          durch die Mysterienschulung, durch die
                                          diese Menschen durchgegangen waren,
                                          sie etwas Höheres als gewöhnliche
                                          Menschen geworden waren. Man sah zu
                                          ihnen auf, so wie das protestantische
                                          Bewußtsein zu seinem Gotte oder wie
                                          gewisse schon mehr liberale Kreise zu
                                          ihren unsichtbaren Engeln und
                                          dergleichen aufsehen. Denn extra
                                          unsichtbare Engel oder einen extra im
                                          Übersinnlichen unsichtbaren Gott hat
                                          es für diese Bevölkerungen des alten
                                          Orients nicht gegeben. Alles, was
                                          geistig war, lebte im Menschen. Im
                                          gewöhnlichen Menschen lebte eine
                                          menschliche Seele. In demjenigen, was
                                          wir heute einen Herrscher nennen
                                          würden, lebte eine göttliche Seele,
                                          ein Gott. |  
                                      |  Aujourd'hui, on ne se fait plus
                                          aucune idée de ces représentations
                                          d'un royaume de Dieu réel étant là et
                                          qui est en même temps un royaume
                                          physique. Que, disons, le roi ait eu
                                          un réel pouvoir divin et une dignité
                                          divine vaut évidemment aujourd'hui
                                          pour absurde, mais c'était autrefois
                                          une réalité dans les impérialismes
                                          orientaux. On ne parlait pas de
                                          quelque chose qui est purement
                                          saisissable dans l'esprit en tant que
                                          tel. |  08 |  Von diesen Vorstellungen eines
                                          daseienden wirklichen Gottesreiches,
                                          das zu gleicher Zeit physisches Reich
                                          ist, macht man sich heute keine
                                          Vorstellung mehr. Daß, sagen wir, der
                                          König wirkliche göttliche Gewalt und
                                          göttliche Würde hatte, das gilt
                                          selbstverständlich heute als absurd,
                                          war aber einmal in orientalischen
                                          Imperalismen Wirklichkeit. Von etwas,
                                          was bloß im Geiste als solchem zu
                                          fassen ist, davon sprach man da
                                          zunächst nicht. |  
                                      |  J'ai dit qu'il y avait une variante
                                          dans l'égyptianisme, car on y trouve
                                          vraiment une transition vers une
                                          époque ultérieure. Si nous remontons
                                          donc aux formes les plus anciennes de
                                          l'impérialisme, cet impérialisme
                                          s'écrit à partir de la cause que le
                                          roi, le souverain, qui est Dieu, le
                                          Dieu réellement apparu physiquement
                                          sur la terre, le fils du ciel
                                          réellement apparu physiquement sur la
                                          terre, est même le père du ciel. C'est
                                          tellement paradoxal pour l'humain
                                          contemporain que cela semble à peine
                                          croyable, mais c'est ainsi. Mais c'est
                                          de là que découle ce que l'on peut
                                          encore observer dans les documents
                                          assyriens, dans la manière dont les
                                          conquêtes impérialistes sont
                                          justifiées : Elles sont tout
                                          simplement faites. Le droit à de
                                          telles conquêtes découlait du fait que
                                          l'on devait étendre le royaume de Dieu
                                          de plus en plus loin. Si l'on avait
                                          conquis un territoire quelconque et
                                          que les conquis étaient donc devenus
                                          des sujets, ils devaient alors vénérer
                                          celui qui était le conquérant comme
                                          leur dieu. A l'époque, on ne pensait
                                          pas du tout à la propagation de
                                          conceptions religieuses du monde.
                                          Pourquoi en aurait-on eu besoin ? Si
                                          l'individu qui appartenait au
                                          territoire conquis reconnaissait
                                          extérieurement l'autre, qui était le
                                          conquérant, s'il le suivait, alors
                                          tout allait bien, car il pouvait
                                          croire ce qu'il voulait. La foi -
                                          c'était l'opinion personnelle -, on
                                          n'y touchait pas du tout, surtout dans
                                          les temps anciens. On ne s'en
                                          préoccupait pas du tout. |  09 |  Eine Abart, sagte ich, war im
                                          Ägyptertum vorhanden, denn da findet
                                          sich wirklich ein Übergang zu einer
                                          späteren Zeit. Wenn wir also
                                          zurückgehen zu den ältesten Formen
                                          des Imperialismus, so schreibt sich
                                          dieser Imperialismus von der Ursache
                                          her, daß der König, der Herrscher,
                                          der Gott ist, der wirklich physisch
                                          auf der Erde erschienene Gott, der
                                          wirklich physisch auf der Erde
                                          erschienene Sohn des Himmels, sogar
                                          Vater des Himmels ist. Es ist so
                                          paradox für den Menschen der
                                          Gegenwart, daß es kaum glaublich
                                          erscheint, aber es ist so. Davon aber
                                          leitete sich her, was man noch in
                                          assyrischen Urkunden beobachten kann
                                          in der Art und Weise, wie
                                          imperialistische Eroberungen
                                          gerechtfertigt werden: Sie werden
                                          einfach gemacht. Das Recht zu solchen
                                          Eroberungen leitete sich daraus her,
                                          daß man das Gottesreich immer weiter
                                          und weiter auszudehnen hatte. Hatte
                                          man irgendein Gebiet erobert und waren
                                          also die Eroberten Untertanen
                                          geworden, dann mußten sie denjenigen,
                                          der der Eroberer war, als ihren Gott
                                          verehren. An eine Ausbreitung von
                                          religiösen Weltanschauungen dachte man
                                          in jener alten Zeit durchaus nicht.
                                          Wozu hätte man denn das nötig gehabt ?
                                          Es war ja alles in der physischen Welt
                                          verwirklicht gedacht.Wenn der
                                          Betreffende, der zu dem eroberten
                                          Gebiete gehörte, den andern, der der
                                          Eroberer war, äußerlich anerkannte,
                                          wenn er ihm folgte, dann war ja alles
                                          in Ordnung, denn glauben konnte er,
                                          was er wollte. Den Glauben — das war
                                          die persönliche Meinung —, den tastete
                                          man gerade in alten Zeiten ganz und
                                          gar nicht an. Darum kümmerte man sich
                                          gar nicht. |  
                                      |  Ce fut la première forme sous
                                          laquelle l'impérialisme a émergé. La
                                          deuxième forme était celle où le
                                          dominant, celui qui devait assumer un
                                          rôle de dominant, de dirigeant,
                                          n'était pas Dieu lui-même, mais
                                          l'envoyé de Dieu ou l'inspiré de Dieu,
                                          celui qui est imprégné du divin. Dans
                                          les premiers impérialismes, on avait
                                          affaire à des réalités. C'est
                                          l'essentiel. Première phase des
                                          impérialismes : on avait affaire à des
                                          réalités. |  10 |  Das war die erste Form, in der der
                                          Imperialismus aufgetaucht ist. Die
                                          zweite Form war diejenige, wo der
                                          Herrschende, derjenige, der eine
                                          herrschende, eine führende Rolle
                                          einnehmen sollte, nun nicht der Gott
                                          selber war, wohl aber der von Gott
                                          Gesandte oder der von Gott
                                          Inspirierte, der von dem Göttlichen
                                          Durchdrungene. In den ersten
                                          Imperialismen hatte man es mit
                                          Wirklichkeiten zu tun. Das ist das
                                          Wesentliche. Erste Phase der
                                          Imperialismen: Man hatte es mit den
                                          Wirklichkeiten zu tun. |  
                                      |  Lorsqu'un dirigeant oriental des
                                          temps anciens apparaissait au milieu
                                          de son peuple, il était vêtu de ses
                                          ornements parce qu'en tant que dieu,
                                          il avait le droit de revêtir de tels
                                          vêtements. C'étaient les vêtements
                                          d'un dieu. C'est l'apparence d'un
                                          dieu. Cela ne signifiait rien d'autre
                                          que, parmi les dieux, c'était la mode
                                          de la façon dont le souverain
                                          apparaissait. Et ceux qui étaient ses
                                          paladins n'étaient pas des
                                          fonctionnaires ou quoi que ce soit
                                          d'autre, mais des êtres supérieurs qui
                                          l'entouraient et qui faisaient ce
                                          qu'ils faisaient en vertu de leur
                                          qualité d'êtres supérieurs. |  11 |  Wenn nun solch ein orientalischer
                                          Herrscher der Urzeiten unter seinem
                                          Volke erschien, erschien er in seinem
                                          Ornate, weil er als Gott berechtigt
                                          war, solche Kleider anzuziehen. Das
                                          waren die Kleider eines Gottes. So sah
                                          ein Gott aus. Das bedeutete weiter
                                          nichts, als daß unter Göttern dieses
                                          Mode war, wie der Herrscher erschien.
                                          Und diejenigen, die seine Paladine
                                          waren, die waren nicht etwa irgendwie
                                          Beamtete oder so etwas, sondern sie
                                          waren höhere Wesen, die ihn umgaben
                                          und die kraft ihrer Eigenschaft als
                                          höhere Wesen dasjenige taten, was sie
                                          taten. |  
                                      |  Puis vint le temps où, comme je l'ai
                                          dit, on présenta le souverain et ceux
                                          qui étaient ses paladins comme des
                                          envoyés de Dieu, des personnes
                                          imprégnées de divinité, des
                                          mandataires. Cela transparaît encore
                                          très fortement chez Denys
                                          l'Aréopagite. Lisez ses écrits,
                                          comment il décrit toute la hiérarchie
                                          des diacres, des archidiacres, des
                                          évêques, des archevêques, donc toute
                                          la hiérarchie de l'Église. Comment la
                                          représente-t-il ? Denys l'Aréopagite
                                          présente l'ensemble de la manière
                                          suivante : dans cette hiérarchie
                                          ecclésiastique terrestre, on a une
                                          image de ce qu'est le Dieu
                                          suprasensible avec ses forces
                                          primitives, ses archanges et ses
                                          anges. De sorte que l'on a déjà en
                                          haut la hiérarchie céleste et en bas
                                          son image, la hiérarchie séculière.
                                          C'est là que les gens de la hiérarchie
                                          séculière, les diacres, les
                                          archidiacres, revêtent leurs vêtements
                                          ou accomplissent leurs actes, parce
                                          que ce sont des signes, parce que ce
                                          sont des symboles. Dans la première
                                          phase, on a affaire à des réalités,
                                          dans la deuxième phase, on a affaire à
                                          des signes, à des symboles. Bien sûr,
                                          cela aussi a été plus ou moins oublié.
                                          Car dans la conscience générale de
                                          l'humanité, on ne retient plus guère
                                          aujourd'hui, même dans la population
                                          catholique, que les diacres, les
                                          curés, les doyens, les évêques, les
                                          archevêques sont les représentants,
                                          les suppléants des hiérarchies
                                          célestes. Mais c'est justement
                                          seulement tombé dans l'oubli. |  12 |  Dann kam die Zeit, wo man eben, wie
                                          gesagt, den Herrscher und auch
                                          diejenigen, die seine Paladine waren,
                                          als Gottgesandte vorstellte, als von
                                          dem Göttlichen Durchdrungene, als
                                          Beauftragte. Das leuchtet sehr stark
                                          noch durch bei Dionysios, dem
                                          Areopagiten. Lesen Sie seine
                                          Schriften, wie er beschreibt die ganze
                                          Hierarchie von den Diakonen,
                                          Archidiakonen, Bischöfen,
                                          Erzbischöfen, also hinauf die ganze
                                          Hierarchie der Kirche. Wie stellt er
                                          diese dar ? Dionysios der Areopagite
                                          stellt das Ganze so dar, daß in dieser
                                          irdischen kirchlichen Hierarchie man
                                          ein Abbild hat desjenigen, was
                                          übersinnlich der Gott mit seinen
                                          Urkräften, Erzengeln, Engeln ist. So
                                          daß man also da schon hat oben die
                                          himmlische Hierarchie und unten ihr
                                          Abbild, die weltliche Hierarchie. Da
                                          ziehen also die Leute der weltlichen
                                          Hierarchie, die Diakone, Archidiakone,
                                          ihre Gewänder an, oder sie verrichten
                                          ihre Handlungen, weil das Zeichen,
                                          weil das Symbole sind. In der ersten
                                          Phase hat man es mit Wirklichkeiten zu
                                          tun, in der zweiten Phase hat man es
                                          mit Zeichen, mit Symbolen zu tun. Auch
                                          das ist natürlich mehr oder weniger
                                          vergessen worden. Denn im allgemeinen
                                          Menschheitsbewußtsein wird das heute
                                          nur noch wenig festgehalten, auch in
                                          der katholischen Bevölkerung, daß die
                                          Diakone, die Pfarrer, die Dechanten,
                                          die Bischöfe, die Erzbischöfe die
                                          Repräsentanten, die Stellvertreter für
                                          die himmlischen Hierarchien sind. Aber
                                          es ist eben nur in Vergessenheit
                                          geraten. |  
                                      |  Or, avec cette progression de
                                          l'impérialisme, une division,
                                          j'aimerais dire un véritable clivage,
                                          est apparu. D'un côté, ce qui avait
                                          dedans le leadership, la domination,
                                          scintillait plus vers l'envoyé de
                                          Dieu, vers la prêtrise, où les prêtres
                                          sont des rois ; de l'autre côté, ça
                                          scintillait plus vers le temporel,
                                          mais toujours par la grâce de Dieu,
                                          toujours en tant que fonctionnaires de
                                          Dieu, destinés à cela. Au fond, ce ne
                                          sont que deux variétés. Et nous avons
                                          ensuite les deux variantes dans
                                          l'évolution historique : les
                                          communautés ecclésiales et les
                                          communautés impériales. |  13 |  Nun trat mit diesem Fortschreiten
                                          des Imperialismus ein eine Spaltung,
                                          möchte ich sagen, eine richtige
                                          Spaltung. Auf der einen Seite
                                          schimmerte dasjenige, was die
                                          Führerschaft, die Herrschaft
                                          innehatte, mehr nach dem Gottgesandten
                                          hin, nach der Priesterschaft, wo die
                                          Priester Könige sind; auf der andern
                                          Seite schimmerte es mehr nach dem
                                          Weltlichen hin, aber immer noch von
                                          Gottes Gnaden, immer als von Gott dazu
                                          Beamtete, dazu Bestimmte. Im Grunde
                                          genommen sind das nur zwei Abarten.
                                          Und wir haben dann die beiden Abarten
                                          in der geschichtlichen Entwickelung:
                                          die Kirchengemeinschaften und die
                                          Reichsgemeinschaften. |  
                                      |  Une telle chose n'aurait pas été
                                          concevable dans la première période
                                          des impérialismes, où tout ce qui
                                          était physique était réalité. Mais
                                          dans la deuxième phase des
                                          impérialismes, les choses se sont
                                          séparées. L'un était alors plus
                                          séculier, mais tout de même un envoyé
                                          de Dieu, l'autre était plus
                                          ecclésiastique, également un envoyé de
                                          Dieu. Cela remonte au Moyen-Âge ; et
                                          j'aimerais dire que, dans un phénomène
                                          historique caractéristique, cette vie
                                          dans le royaume extérieur, dans la
                                          réalité extérieure des rois envoyés
                                          par Dieu, des paladins envoyés par
                                          Dieu et ainsi de suite, a été
                                          maintenue jusqu'en 1806, mais déjà à
                                          l'époque avec une existence d'ombre.
                                          Extérieurement, il y avait l'Église
                                          romaine et son expansion ; c'était
                                          plus coloré par le sacerdoce. Mais ce
                                          qui a été retenu tout au long du
                                          Moyen-Âge, ce qui a strictement retenu
                                          le caractère de l'envoyé de Dieu ici
                                          sur la terre physique, c'est ce que
                                          l'on appelle le "Saint Empire romain
                                          de la nation allemande", qui n'a
                                          disparu qu'en 1806. C'est ainsi que
                                          s'appelait ce qui existait en Europe
                                          centrale comme une sorte d'empire :
                                          Saint Empire romain de la nation
                                          allemande. Dans le mot "saint", vous
                                          avez encore un soupçon de ce qui était
                                          divin sur la terre dans les temps
                                          anciens ; "romain" signifie l'origine,
                                          d'où il est venu ; "nation allemande"
                                          est ce sur quoi il a été plaqué, le
                                          déjà plus séculier, sur lequel c'était
                                          plaqué. |  14 |  So etwas wäre in der ersten Zeit der
                                          Imperialismen, wo alles Physische
                                          Wirklichkeit war, nicht denkbar
                                          gewesen. Aber in der zweiten Phase der
                                          Imperialismen trennte sich das. Da war
                                          der eine mehr weltlich, aber immerhin
                                          ein Gottgesandter, der andere war mehr
                                          kirchlich, auch ein Gottgesandter. Das
                                          geht bis ins Mittelalter; und, ich
                                          möchte sagen, in einer
                                          charakteristischen historischen
                                          Erscheinung ist eigentlich bis zum
                                          Jahre 1806, nur damals schon mit einem
                                          Schattendasein, festgehalten worden
                                          dieses Im-äußeren-Reiche-,
                                          In-der-äußeren-Wirklichkeit-Leben der
                                          gottgesandten Könige, gottgesandten
                                          Paladine und so weiter. Äußerlich war
                                          ja da die römische Kirche mit ihrer
                                          Ausbreitung; das war mehr nach dem
                                          Priesterlichen gefärbt. Aber was das
                                          ganze Mittelalter hindurch
                                          festgehalten worden ist, was das ganze
                                          Mittelalter hindurch streng den
                                          Charakter des Gottgesandten hier auf
                                          der physischen Erde festgehalten hat,
                                          das ist das, wie gesagt, erst im Jahre
                                          1806 verschwundene sogenannte «Heilige
                                          Römische Reich Deutscher Nation». So
                                          hat ja das geheißen, was da in
                                          Mitteleuropa als eine Art Reich
                                          existiert hat: Heiliges Römisches
                                          Reich Deutscher Nation. In dem
                                          «Heiligen» haben Sie noch einen Anflug
                                          von dem, was da Göttliches in alten
                                          Zeiten auf der Erde war; «Römisch»
                                          bedeutet den Ursprung, wo es
                                          hergekommen war; «Deutscher Nation»
                                          ist das, worauf es gestülpt war, das
                                          mehr schon Weltliche, worauf es
                                          gestülpt war. |  
                                      |  Et ainsi, dans la deuxième phase des
                                          impérialismes, nous n'avons plus
                                          seulement l'impérialisme oint par
                                          l'Église, mais nous avons la confusion
                                          entre l'oint divin et l'oint séculier
                                          dans l'Empire. Cela commence déjà avec
                                          l'ancien Empire romain à l'époque
                                          préchrétienne et se poursuit jusqu'à
                                          la fin du Moyen-Âge. Le Saint Empire
                                          romain germanique a toujours eu un
                                          double caractère, en tant
                                          qu'impérialisme. Pensez seulement
                                          qu'il remonte tout de même à
                                          Charlemagne. Mais Charlemagne est
                                          couronné à Rome par le pape. Ainsi,
                                          même extérieurement, la dignité royale
                                          est transformée en symbole, de sorte
                                          que ce qui existe ici sur la terre
                                          physique n'est plus une réalité. Les
                                          humains du Moyen-Âge n'ont pas vénéré
                                          Charlemagne, Otton Ier, comme des
                                          dieux, comme c'était le cas dans les
                                          temps anciens, mais ils ont vu en eux
                                          des humains envoyés par Dieu. Et cela
                                          devait encore être affirmé. Bien sûr,
                                          cela vivait de moins en moins dans les
                                          consciences. Mais même si c'est
                                          extériorisé, cela avait encore, dans
                                          le signe, dans le symbolum, au moins
                                          une réalité symbolique, une réalité de
                                          signe. Ces empereurs du Saint Empire
                                          romain germanique allaient à Rome pour
                                          se faire coiffer de la couronne par le
                                          pape. C'est ainsi que le Hongrois
                                          Istwan Ier est fait roi de Hongrie par
                                          le pape en l'an 1000. L'onction et
                                          donc le pouvoir sont conférés à ce qui
                                          règne dans le monde par ce qui est
                                          religieux ou spirituel. |  15 |  Und so haben wir in der zweiten
                                          Phase der Imperialismen nicht mehr
                                          bloß den gesalbten Imperialismus der
                                          Kirche, sondern wir haben das
                                          Durcheinanderziehen des göttlichen und
                                          weltlichen Gesalbten in dem Reiche.
                                          Das beginnt schon mit dem alten
                                          Römischen Reiche in der
                                          vorchristlichen Zeit, geht bis in die
                                          Spätzeiten des Mittelalters hinein.
                                          Das hat immer einen Doppelcharakter,
                                          was da als Imperialismen entstanden
                                          ist, das Heilige Römische Reich
                                          Deutscher Nation. Denken Sie nur
                                          einmal, daß es ja doch zum Schlusse
                                          zurückführt auf Karl den Großen. Aber
                                          Karl dem Großen wird in Rom die Krone
                                          aufgesetzt von dem Papste. Also auch
                                          äußerlich wird die Königswürde zum
                                          Symbolum ge‑ macht, so daß dasjenige,
                                          was hier auf der physischen Erde da
                                          ist, nicht mehr Wirklichkeit ist. Die
                                          Menschen des Mittelalters haben Karl
                                          den Großen, Otto I., nicht als Götter
                                          verehrt, wie das in uralten Zeiten der
                                          Fall war, aber sie haben in ihnen
                                          gesehen gottgesandte Menschen. Und das
                                          mußte noch immer bekräftigt werden.
                                          Natürlich immer weniger und weniger
                                          stark lebte das im Bewußtsein. Aber
                                          wenn es auch veräußerlicht ist, es
                                          hatte eben im Zeichen, im Symbolum
                                          noch wenigstens eine symbolische, eine
                                          Zeichenwirklichkeit. Diese Kaiser des
                                          Heiligen Römischen Reiches Deutscher
                                          Nation gingen nach Rom, um sich dort
                                          vom Papste die Krone aufsetzen zu
                                          lassen. So wird auch der ungarische
                                          Istwan I. im Jahre 1000 von dem Papste
                                          zum König von Ungarn gemacht. Es wird
                                          dem, was in der Welt herrscht, von
                                          dem, was geistlich oder geistig ist,
                                          die Salbung und damit die Gewalt
                                          verliehen. |  
                                      |  Mais ce qui entre par là dans la
                                          conscience des humains a pour effet
                                          que les humains ont cru qu'ils avaient
                                          le droit d'inclure les autres humains
                                          dans cet empire, qui a été oint par
                                          les dieux eux-mêmes à travers les
                                          humains, c'est pourquoi Dante lui-même
                                          est d'avis que celui qui est empereur
                                          du Saint Empire romain germanique est
                                          au fond autorisé à dominer le monde
                                          entier. C'est en cela que la formule
                                          de l'impérialisme est tout de suite
                                          chez Dante. |  16 |  Das aber, was dadurch ins Bewußtsein
                                          der Menschen hineinkommt, das bewirkt
                                          wiederum, daß die Menschen geglaubt
                                          haben, es liege eine Berechtigung vor,
                                          die andern Menschen in dieses Reich,
                                          das ja von den Göttern selbst durch
                                          Menschen gesalbt ist, einzubeziehen,
                                          daher selbst Dante der Ansicht ist,
                                          daß derjenige, der Kaiser des Heiligen
                                          Römischen Reiches Deutscher Nation
                                          ist, im Grunde genommen berechtigt
                                          ist, die ganze Welt zu beherrschen.
                                          Darinnen ist gerade bei Dante die
                                          Formel des Imperialismus. |  
                                      |  Dans les légendes et les traditions,
                                          dans lesquelles se cristallisent dans
                                          la conscience des humains des
                                          événements historiques, s'expriment en
                                          général des choses qui doivent être
                                          considérées sous les angles les plus
                                          divers, et pas seulement d'un seul
                                          point de vue. On peut dire qu'au XIe
                                          et au XIIe siècle, il y avait encore
                                          en Europe une conscience très forte,
                                          mais pas très claire, seulement une
                                          conscience sensible, mais très forte,
                                          du fait qu'à une époque très ancienne,
                                          en Orient, des humains avaient vécu
                                          sur la Terre, sur la Terre physique,
                                          et qu'ils étaient eux-mêmes des dieux.
                                          On ne pensait pas que c'était une
                                          superstition, oh non, mais on se
                                          disait : maintenant, seuls ces dieux
                                          ne peuvent plus vivre sur la Terre,
                                          parce que la Terre est devenue si
                                          mauvaise. Ce qui faisait des humains
                                          des dieux s'est perdu, le "Saint
                                          Graal" s'est perdu, et maintenant, au
                                          Moyen-Âge, on ne peut l'obtenir que de
                                          la manière dont Perceval l'obtient :
                                          on cherche le moyen de trouver le dieu
                                          à l'intérieur, alors qu'avant le dieu
                                          était une réalité dans le royaume.
                                          Maintenant, le royaume n'est qu'une
                                          somme de symboles, de signes, et il
                                          faut trouver le dieu à partir des
                                          symboles, à partir des signes. |  17 |  In den Sagen und Überlieferungen, in
                                          denen sich in dem Bewußtsein der
                                          Menschen historische Hergänge
                                          kristallisieren, drücken sich in der
                                          Regel Dinge aus, die von den
                                          verschiedensten Gesichtspunkten, nicht
                                          bloß von einem Gesichtspunkt aus
                                          betrachtet werden dürfen. Man kann
                                          sagen: Im 11., 12. Jahrhundert war
                                          durchaus in Europa noch ein starkes
                                          Bewußtsein, aber nicht mehr klar, nur
                                          ein Empfindungsbewußtsein, aber das
                                          stark vorhanden, daß einmal in recht
                                          alten Zeiten da im Oriente drüben
                                          Menschen auf der Erde, auf der
                                          physischen Erde gelebt haben, die
                                          selber Götter waren. Man dachte nicht
                                          etwa, daß das ein Aberglaube war, o
                                          nein, sondern man dachte sich: Jetzt
                                          können nur solche Götter nicht mehr
                                          auf der Erde leben, weil die Erde so
                                          schlecht geworden ist. Das ist
                                          verlorengegangen, was Menschen zu
                                          Göttern gemacht hat, der «Heilige
                                          Gral» ist verlorengegangen, und jetzt,
                                          im Mittelalter, kann er nur erlangt
                                          werden auf die Weise, wie ihn Parzival
                                          er‑ langt: Man sucht den Weg, im
                                          Innern den Gott zu finden, während
                                          früher der Gott eine Wirklichkeit im
                                          Reiche war. Jetzt ist das Reich nur
                                          eine Summe von Symbolen, von Zeichen,
                                          und man muß aus den Symbolen, aus den
                                          Zeichen heraus den Gott finden. |  
                                      |  De toutes les choses qui ont existé,
                                          il reste alors des vestiges. La
                                          réalité s'émousse. Des restes
                                          demeurent, des restes de toutes
                                          sortes. Alors qu'en règle générale,
                                          tant que les choses sont des réalités,
                                          elles sont univoques dans le monde,
                                          elles deviennent ensuite ambiguës. Et
                                          c'est ainsi que la diversité est née
                                          en Europe de l'ancienne univocité.
                                          Tant que le Saint Empire romain
                                          germanique avait une signification
                                          dans la conscience des humains, le
                                          représentant de ce Saint Empire romain
                                          germanique était en quelque sorte
                                          aussi puissant, capable de maîtriser
                                          les différents symboles angéliques qui
                                          étaient les princes territoriaux, car
                                          on avait encore conscience qu'il avait
                                          justement le droit de le faire. Mais
                                          son droit reposait plus ou moins sur
                                          quelque chose d'idéel. Cela perdait
                                          peu à peu de son importance. Il ne
                                          restait donc plus que les princes
                                          territoriaux. Et nous avons en quelque
                                          sorte, dans le Saint Empire romain
                                          germanique, quelque chose qui, peu à
                                          peu, expulse sa véritable substance
                                          intérieure, et il ne reste que
                                          l'extérieur. On perd la conscience que
                                          les humains terrestres sont envoyés
                                          par Dieu. Et l'expression du fait que
                                          l'on ne peut plus penser que des
                                          humains terrestres sont envoyés par
                                          Dieu, c'est justement le
                                          protestantisme. Le protestantisme est
                                          la protestation contre la
                                          signification réelle des humains
                                          terrestres envoyés par Dieu. |  18 |  Von all den Dingen, die einmal
                                          existiert haben, bleiben dann
                                          Überreste vorhanden. Die Wirklichkeit
                                          stumpft sich ab. Überreste bleiben
                                          vorhanden, Überreste der
                                          mannigfaltigsten Art. Während in der
                                          Regel, solange die Dinge
                                          Wirklichkeiten sind, sie in der Welt
                                          eindeutig sind, werden sie nachher
                                          vieldeutig. Und so ist Mannigfaltiges
                                          in Europa entstanden aus der alten
                                          Eindeutigkeit heraus. Solange im
                                          Bewußtsein der Menschen das Heilige
                                          Römische Reich Deutscher Nation eine
                                          Bedeutung hatte, so lange war
                                          gewissermaßen der Repräsentant dieses
                                          Heiligen Römischen Reiches Deutscher
                                          Nation auch mächtig, fähig, die
                                          einzelnen Engelsymbole, die die
                                          Territorialfürsten waren, zu bändigen;
                                          denn man hatte noch ein Bewußtsein,
                                          daß er eben ein Recht dazu hatte. Aber
                                          sein Recht beruhte mehr oder weniger
                                          auf etwas Ideellem. Das verlor nach
                                          und nach seine Bedeutung. Dadurch
                                          blieben dann die Territorialfürsten
                                          übrig. Und wir haben gewissermaßen in
                                          dem Heiligen Römischen Reiche
                                          Deutscher Nation etwas, was nach und
                                          nach seine eigentliche innere Substanz
                                          auspreßt, und es bleibt nur das Äußere
                                          übrig. Es geht das Bewußtsein
                                          verloren, daß irdische Menschen
                                          gottgesandt sind. Und der Ausdruck
                                          dafür, daß man nicht mehr denken kann,
                                          irdische Menschen seien gottgesandt,
                                          ist eben der Protestantismus. Der
                                          Protestantismus ist der Protest gegen
                                          die reale Bedeutung der gottgesandten
                                          irdischen Menschen. |  
                                      |  Si le principe du protestantisme
                                          s'était imposé de manière conséquente,
                                          aucune tête couronnée ou courtisée
                                          n'aurait jamais pu se nommer à nouveau
                                          "par la grâce de Dieu". Mais les
                                          choses sont toujours restées à l'état
                                          de restes. Jusqu'en 1918, les restes
                                          sont restés, puis ces restes ont
                                          disparu. Ces restes, qui avaient déjà
                                          perdu toute signification à
                                          l'intérieur, étaient encore là en tant
                                          que manifestations extérieures. Ces
                                          princes territoriaux allemands étaient
                                          encore là en tant qu'apparition
                                          extérieure ; ils n'avaient de
                                          signification que dans ces temps
                                          anciens, où ils étaient les symboles
                                          d'un royaume céleste inspirant. |  19 |  Wäre das Prinzip des Protestantismus
                                          konsequent ganz durchgedrungen, so
                                          hätte kein gekröntes oder gefürstetes
                                          Haupt sich jemals wiederum «von
                                          Gottes Gnaden» nennen können. Aber die
                                          Dinge blieben immer als Reste. Bis
                                          1918 sind ja die Reste geblieben, dann
                                          sind diese Reste verschwunden. Diese
                                          Reste, die schon innerlich alle
                                          Bedeutung verloren hatten, sie waren
                                          als äußerliche Erscheinungen noch da.
                                          Diese deutschen Territorialfürsten
                                          waren als äußere Erscheinung noch da;
                                          eine Bedeutung hatten sie nur in jenen
                                          alten Zeiten, wo sie Symbole waren für
                                          ein inspirierendes Himmelsreich. |  
                                      |  C'est ainsi que se conservent encore
                                          d'autres vestiges, dont on ne se rend
                                          même pas compte comment ils se
                                          conservent en tant que vestiges. Il
                                          n'y a pas si longtemps, un évêque
                                          d'Europe centrale - peut-être était-il
                                          aussi un archevêque - a publié une
                                          lettre pastorale. Dans cette lettre
                                          pastorale, il était dit que le prêtre
                                          catholique est plus puissant que
                                          Jésus-Christ, pour la simple raison
                                          que lorsque le prêtre catholique
                                          effectue la transsubstantiation à
                                          l'autel, le Christ Jésus doit être
                                          présent dans le sanctissime, dans
                                          l'hostie. Il faut que la
                                          transsubstantiation s'accomplisse
                                          réellement par le pouvoir du prêtre.
                                          C'est-à-dire que l'acte que le prêtre
                                          accomplit oblige le Christ Jésus à
                                          être présent sur l'autel. Ainsi, le
                                          plus puissant n'est pas le Christ
                                          Jésus, mais le plus puissant est celui
                                          qui accomplit la transsubstantiation
                                          sur l'autel ! |  20 |  So erhalten sich noch andere Reste,
                                          bei denen man sich gar nicht be‑ wußt
                                          wird, wie sie sich als Reste erhalten.
                                          Es ist gar nicht so weit zurück, da
                                          erschien von einem mitteleuropäischen
                                          Bischof — vielleicht war es auch ein
                                          Erzbischof — ein Hirtenbrief. In
                                          diesem Hirtenbrief wurde ungefähr
                                          ausgeführt, daß der katholische
                                          Priester mächtiger ist als Jesus
                                          Christus, aus dem einfachen Grunde,
                                          weil ja, wenn der katholische Priester
                                          am Altar die Transsubstantiation
                                          vollzieht, der Christus Jesus in dem
                                          Sanktissimum, in der Hostie anwesend
                                          werden muß. Es muß die
                                          Transsubstantiation durch die Gewalt
                                          des Priesters wirklich sich
                                          vollziehen. Das heißt, die Handlung,
                                          die der Priester vollzieht, zwingt den
                                          Christus Jesus, auf dem Altar
                                          gegenwärtig zu sein. Also ist der
                                          Mächtigere nicht der Christus Jesus,
                                          sondern der Mächtigere ist derjenige,
                                          der auf dem Altare die
                                          Transsubstantiation vollzieht ! |  
                                      |  Si nous voulons comprendre une telle
                                          chose, qui, comme je l'ai dit, est
                                          apparue il y a quelques années encore
                                          dans une lettre pastorale, nous devons
                                          remonter non pas au temps des seconds
                                          impérialismes, mais au temps des
                                          premiers impérialismes, comme
                                          d'ailleurs l'Église catholique et ses
                                          institutions ont conservé de nombreux
                                          éléments des premiers impérialismes.
                                          Il y a encore là un reste de cette
                                          conscience que ceux qui gouvernent sur
                                          la terre sont les dieux, tandis que le
                                          Christ Jésus n'est que le Fils de
                                          Dieu. Il va de soi que ce qui est
                                          écrit dans une telle lettre pastorale
                                          est une impossibilité pour une
                                          conscience protestante, tout comme il
                                          est impossible pour un humain
                                          d'aujourd'hui de croire qu'il y a des
                                          millénaires, les humains ont vu le
                                          dieu dans le souverain. Mais tout
                                          cela, ce sont de véritables facteurs
                                          historiques, ce sont des faits réels,
                                          des faits qui ont joué un rôle dans le
                                          devenir historique, dans la réalité
                                          historique, et dont les restes
                                          existent encore aujourd'hui. |  21 |  Wenn wir eine solche Sache verstehen
                                          wollen, die, wie gesagt, noch vor
                                          wenigen Jahren in einem Hirtenbrief
                                          erschienen ist, so müssen wir nicht in
                                          die Zeiten der zweiten Imperialismen,
                                          sondern in die Zeiten der ersten
                                          Imperialismen zurückgehen, wie
                                          überhaupt in der katholischen Kirche
                                          und ihren Einrichtungen sich
                                          Mannigfaltiges von den ersten
                                          Imperialismen erhalten hat. Darinnen
                                          liegt noch ein Rest jenes Bewußtseins,
                                          daß diejenigen, die regieren auf der
                                          Erde, die Götter sind, während der
                                          Christus Jesus der Gottessohn nur ist.
                                          Es ist dasjenige, was in einem solchen
                                          Hirtenbrief steht, selbstverständlich
                                          für ein protestantisches Bewußtsein
                                          eine solche Unmöglichkeit, wie es für
                                          einen heutigen Menschen schließlich ja
                                          auch eine Unmöglichkeit ist, zu
                                          glauben, daß vor Jahrtausenden die
                                          Menschen in dem Herrscher den Gott
                                          gesehen haben. Aber das alles sind
                                          eben wirkliche historische Faktoren,
                                          sind wirkliche Tatsachen, Tatsachen,
                                          die im geschichtlichen Werden, in der
                                          geschichtlichen Wirklichkeit eine
                                          Rolle gespielt haben und deren Reste
                                          bis heute eben vorhanden sind. |  
                                      |  Et c'est ainsi que des réalités
                                          antérieures interviennent fortement
                                          dans les phénomènes ultérieurs. Non
                                          pas que la vision reste toujours la
                                          même, mais les usages qui découlent de
                                          ces visions sont restés les mêmes.
                                          Regardez comment le mahométisme s'est
                                          répandu. Certes, Mahomet n'a pas dit
                                          lui-même : "Mahomet est votre dieu",
                                          comme cela devait être dit il y a des
                                          millénaires par un souverain
                                          sacerdotal oriental. Il s'est contenté
                                          de dire, ce qui était déjà plus à la
                                          mode à l'époque, qu'il y a un Dieu et
                                          que Mahomet est son prophète. - Donc
                                          pour la conscience des humains, il a
                                          déjà accepté la mission de Dieu, la
                                          deuxième phase de l'impérialisme. Mais
                                          pour la manière dont le mahométisme
                                          s'est répandu, la première phase est
                                          encore valable. Car les mahométans
                                          n'ont jamais été aussi intolérants
                                          envers les autres croyants que ceux
                                          qui accordent de l'importance à la
                                          confession. Les mahométans se sont
                                          contentés de conquérir les autres et
                                          d'en faire des sujets, exactement
                                          comme dans les temps anciens, où la
                                          confession n'avait pas d'importance
                                          non plus, parce qu'après tout, ce que
                                          l'on croyait n'avait aucune importance
                                          si l'on reconnaissait seulement le
                                          dieu. La manière dont le mahométisme
                                          s'est répandu est l'usage de la
                                          première phase de l'impérialisme. |  22 |  Und so spielen in spätere
                                          Erscheinungen frühere Wirklichkeiten
                                          in starkem Maße hinein. Nicht daß
                                          immer die Anschauung dieselbe bleibt;
                                          aber die Usancen, die aus diesen
                                          Anschauungen hervorgehen, die blieben
                                          dieselben. Schauen Sie sich an, wie
                                          der Mohammedanismus sich ausgebreitet
                                          hat. Gewiß, Mohammed hat nicht selber
                                          gesagt: Mohammed ist euer Gott —, wie
                                          es gesagt werden mußte vor
                                          Jahrtausenden von einem orientalischen
                                          Priesterherrscher. Er hat sich
                                          beschränkt darauf, was schon damals
                                          mehr zeitgemäß war, zu sagen: Da ist
                                          ein Gott, und Mohammed ist sein
                                          Prophet. — Also für das Bewußtsein der
                                          Menschen hat er schon angenommen die
                                          Gottgesandtschaft, die zweite Phase
                                          des Imperialismus. Für die Art und
                                          Weise, wie der Mohammedanismus
                                          ausgebreitet worden ist, gilt aber
                                          noch die erste Phase. Denn niemals
                                          sind Mohammedaner in derselben Weise
                                          unduldsam gegen Andersgläubige
                                          gewesen wie diejenigen, die auf das
                                          Bekenntnis etwas geben. Die
                                          Mohammedaner sind zufrieden gewesen,
                                          die andern zu erobern und zu
                                          Untertanen zu machen, geradeso wie in
                                          alten Zeiten, wo es auch nicht auf das
                                          Bekenntnis ankam, weil es ja
                                          schließlich gleichgültig war, was man
                                          glaubte, wenn man nur den Gott
                                          anerkannte. Die Art und Weise der
                                          Verbreitung des Mohammedanismus, die
                                          ist die Usance der ersten Phase des
                                          Imperialismus. |  
                                      |  Et quelque chose de la première
                                          phase de l'impérialisme - fortement
                                          teinté par la deuxième - a été
                                          conservé dans le despotisme russe,
                                          dans le tsarisme. Dans toute la
                                          manière dont le tsar a été pensé par
                                          ceux qui le reconnaissaient, il y a au
                                          moins dans l'état d'esprit quelque
                                          chose qui remonte à la première phase
                                          de l'impérialisme. C'est pourquoi, en
                                          Russie, il importait si peu que ce qui
                                          était dans la conscience de la
                                          population russe elle-même et ce qui
                                          émanait du tsarisme se rejoignent, car
                                          la domination du tsarisme reposait en
                                          fait sur l'élément germanique et
                                          mongol, et non sur l'élément de la
                                          paysannerie russe proprement dite.
                                          C'est ainsi que sont restés les
                                          vestiges des temps anciens. On peut
                                          également voir, sur des périodes plus
                                          courtes, comment les restes des
                                          époques précédentes sont restés. |  23 |  Und etwas hat sich noch erhalten von
                                          der ersten Phase des Imperialismus —
                                          stark gefärbt durch die zweite — in
                                          der russischen Despotie, in dem
                                          Zarismus. Da ist durchaus in der
                                          ganzen Art und Weise, wie über den
                                          Zaren gedacht worden ist von
                                          denjenigen, die ihn anerkannten, da
                                          ist wenigstens in der Stimmung des
                                          Gemütes etwas, was bis in die erste
                                          Phase des Imperialismus zurückgeht.
                                          Daher kam es in Rußland so wenig
                                          darauf an, daß zusammenwuchs
                                          dasjenige, was im Bewußtsein der
                                          russischen Bevölkerung selber war, mit
                                          demjenigen, was vom Zarismus ausging;
                                          denn eigentlich beruhte die Herrschaft
                                          des Zarismus auf dem germanischen und
                                          auf dem mongolischen Elemente, nicht
                                          auf dem Elemente des eigentlich
                                          russischen Bauerntums. So blieben die
                                          Reste aus früheren Zeiten. Auch in
                                          kürzeren Zeiträumen kann man sehen,
                                          wie die Reste aus früheren Zeiten
                                          blieben. |  
                                      |  Maintenant, la troisième forme
                                          d'impérialisme. Elle n'est formulée
                                          que depuis le 20e siècle, depuis que
                                          Chamberlain et ses collaborateurs ont
                                          créé le concept de "fédération
                                          impériale" ; mais les causes remontent
                                          plus loin, jusqu'à la deuxième moitié
                                          du 17e siècle. C'est à la fin du XVIIe
                                          siècle que s'est produit en Angleterre
                                          ce grand bouleversement par lequel la
                                          royauté, ce qui était autrefois Dieu,
                                          puis l'Oint, est devenu pour toutes
                                          les régions occidentales où se trouve
                                          une population anglo-américaine, une
                                          simple existence de l'ombre, une
                                          simple décoration, on ne peut pas
                                          dire, mais quelque chose de simplement
                                          toléré, alors qu'en fait, depuis le
                                          XVIIe siècle, ce qui est voulu
                                          publiquement se transmet à toute la
                                          population, certes d'abord par couches
                                          de classes, mais à toute la
                                          population. |  24 |  Nun die dritte Form des
                                          Imperialismus. Formuliert wird sie ja
                                          erst seit dem 20. Jahrhundert, seit
                                          etwa Chamberlain und seine Leute den
                                          Begriff «Imperial Federation» geprägt
                                          haben; aber es führen die Ursachen
                                          weiter zurück, bis in die zweite
                                          Hälfte des 17. Jahrhunderts, wo in
                                          England jene große Umwälzung vor sich
                                          gegangen ist, durch die eigentlich
                                          für alle westlichen Gebiete, in denen
                                          anglo-amerikanische Bevölkerung ist,
                                          das Königtum, dasjenige, was früher
                                          Gott, dann Gesalbter war, zum bloßen
                                          Schattendasein, zur bloßen, man kann
                                          nicht sagen, Dekoration, sondern zu
                                          etwas bloß Geduldetem wurde, während
                                          tat‑ sächlich seit dem 17.
                                          Jahrhunderte auf die ganze
                                          Bevölkerung, gewiß zunächst
                                          klassenweise geschichtet, aber auf die
                                          ganze Bevölkerung übergeht dasjenige,
                                          was öffentlich gewollt wird. |  
                                      |  Or, la population anglo-américaine
                                          pose d'autres conditions préalables à
                                          cette, disons, volonté populaire, au
                                          système électoral issu du peuple, que
                                          par exemple la population française,
                                          la population romane, et en général la
                                          population latine. La population
                                          latine, en particulier la population
                                          française, a certes connu la
                                          révolution au XVIIIe siècle ; mais
                                          sous l'influence de ce que je vous ai
                                          décrit il y a quelques heures, le
                                          peuple français est aujourd'hui, en
                                          tant que peuple, plus royal que tout
                                          autre. On n'est pas royal uniquement
                                          parce qu'il y a un roi à la tête.
                                          Certes, un humain ne peut pas bien se
                                          promener si on lui a coupé la tête ;
                                          mais le peuple français est royal,
                                          impérialiste, sans avoir de roi. Ce
                                          qui compte, c'est l'état d'âme. Ce
                                          sentiment compact d'être un, toute
                                          cette conscience populaire, c'est en
                                          fait un reste très réel de la
                                          conscience de Louis XIV. |  25 |  Nun bringt die anglo-amerikanische
                                          Bevölkerung andere Vorbedingungen
                                          diesem, sagen wir, Volkswillen, dem
                                          Wahlsystem aus dem Volke entgegen, als
                                          zum Beispiel die französische, die
                                          romanische Bevölkerung, überhaupt die
                                          lateinische Bevölkerung. Die
                                          lateinische Bevölkerung, insbesondere
                                          die französische, hat gewiß die
                                          Revolution durchgemacht im 18.
                                          Jahrhundert; aber unter dem Einfluß
                                          desjenigen, was ich Ihnen vor einigen
                                          Stunden hier charakterisiert habe, ist
                                          eigentlich das französische Volk heute
                                          als Volk königlicher als irgendein
                                          anderes. Königlich ist man ja nicht
                                          nur dadurch, daß ein König an der
                                          Spitze ist. Gewiß, ein Mensch kann
                                          nicht gut herumlaufen, wenn man ihm
                                          den Kopf abgeschlagen hat; aber das
                                          französische Volk ist königlich,
                                          imperialistisch, ohne daß es einen
                                          König hat. Es kommt auf die
                                          Seelenverfassung an. Dieses kompakte
                                          Sich-als-Eins-Fühlen, dieses ganze
                                          Volksbewußtsein, das ist eigentlich
                                          durchaus ein sehr realer Rest des
                                          Ludwig XIV.-Bewußtseins. |  
                                      |  Mais la population anglophone a posé
                                          d'autres conditions préalables à ce
                                          qu'on pourrait appeler la volonté du
                                          peuple. Et c'est là que s'est
                                          développée peu à peu la troisième
                                          forme d'impérialisme, qui n'a été
                                          formulée que par Chamberlain et
                                          d'autres, et qui est devenue
                                          l'émanation de ce qui est sorti des
                                          humains élus des parlements. Mais nous
                                          voulons aujourd'hui l'examiner du
                                          point de vue de l'âme, ce troisième
                                          impérialisme. |  26 |  Aber andere Vorbedingungen brachte
                                          die englisch sprechende Bevölkerung
                                          dem entgegen, was man Volkswillen
                                          nennen könnte. Und da wurde nach und
                                          nach wirklich dasjenige, was
                                          öffentlich als Urteil geltend gemacht
                                          wurde, wurde wirklich der Ausfluß
                                          desjenigen, was aus den gewählten
                                          Menschen der Parlamente hervorging, da
                                          entwickelte sich die dritte Form des
                                          Imperialismus, die dann erst
                                          formuliert wurde zum Beispiel durch
                                          Chamberlain und andere. Aber wir
                                          wollen ihn heute seelisch betrachten,
                                          diesen dritten Imperialismus. |  
                                      |  Le premier impérialisme avait des
                                          réalités : un humain était le dieu
                                          pour la conscience des autres humains.
                                          Ses paladins étaient des dieux qui
                                          l'entouraient, des sous-dieux.
                                          Deuxième forme d'impérialisme : ce qui
                                          était sur la Terre était un signe, un
                                          symbole. Le dieu n'agissait qu'à
                                          l'intérieur des humains. Troisième
                                          forme d'impérialisme : ce qui émane
                                          d'abord des âmes ici sur Terre se
                                          dépouille aussi de son caractère de
                                          symbole, de signe. De même qu'il est
                                          passé de la réalité au signe, au
                                          symbole, de même il passe du signe, du
                                          symbole à la phrase/au phrasé. Tableau
                                          16 |  27 |  Der erste Imperialismus hatte
                                          Wirklichkeiten: Ein Mensch war der
                                          Gott für das Bewußtsein der andern
                                          Menschen. Seine Paladine waren Götter,
                                          die um ihn herum waren, Untergötter.
                                          Zweite Form des Imperialismus: Das,
                                          was auf der Erde war, war Zeichen,
                                          Symbol. Der Gott wirkte nur herein in
                                          die Menschen. Dritte Form des
                                          Imperialismus: Dasjenige, was hier
                                          auf der Erde zunächst von den Seelen
                                          ausgeht, entkleidet sich auch des
                                          Charakters des Symboles, des Zeichens.
                                          Wie es von der Wirklichkeit zum
                                          Zeichen, zum Symbol gekommen ist, so
                                          kommt es vom Zeichen, vom Symbol zur
                                          Phrase. Tafel 16 |  
                                      |  Ceci est présenté sans aucune
                                          excitation de l'âme tranquille, donc
                                          sine ira, mais de manière purement
                                          objective le fait, à partir de la
                                          nécessité du devenir terrestre. Depuis
                                          le XVIIe siècle, ce qui se passe dans
                                          la vie publique de la population
                                          anglo-américaine, ce dont on parle, ce
                                          que l'on fabrique dans les livres de
                                          lois, c'est vraiment la volonté du
                                          peuple, certes, stratifiée par classes
                                          - nous en viendrons peut-être à la
                                          caractérisation demain ou après-demain
                                          - mais c'est de la phrase, il n'y a
                                          même pas entre ce qui est dit et la
                                          réalité un rapport tel qu'entre le
                                          symbolum et la réalité. C'est ainsi
                                          que cela se passe ; selon l'âme, cela
                                          se passe ainsi : des réalités aux
                                          symboles et ensuite à la phrase, à ce
                                          qui est une parole pressée, vidée de
                                          son contenu. Et ce qui se passe sous
                                          la parole pressée et vidée, ce sont
                                          d'abord les réalités. Personne ne
                                          s'imagine qu'elles sont divines, du
                                          moins pas là où elles ont leur
                                          origine. |  28 |  Das ist ohne irgendwelche
                                          Gemütserregung, also sine ira, sondern
                                          rein objektiv die Tatsache
                                          dargestellt, aus der Notwendigkeit des
                                          irdischen Werdens heraus. Seit dem
                                          17. Jahrhundert ist wirklich
                                          dasjenige, was im öffentlichen Leben
                                          der anglo-amerikanischen Bevölkerung
                                          vorgeht, wovon gesprochen wird, was
                                          man in den Gesetzbüchern fabriziert,
                                          Volkswille, gewiß, klassenweise
                                          geschichtet — zur Charakteristik
                                          dessen kommen wir vielleicht morgen
                                          oder übermorgen — aber es ist Phrase,
                                          es ist nicht einmal zwischen dem, was
                                          gesprochen wird, und der Wirklichkeit
                                          eine solche Beziehung wie zwischen dem
                                          Symbolum und der Wirklichkeit. So daß
                                          dies der Gang ist; seelisch geht das
                                          so vor sich: von Wirklichkeiten zu
                                          Symbolen und dann zur Phrase, zu dem,
                                          was ausgequetschtes, ausgeleertes Wort
                                          ist. Und dasjenige, was unter dem
                                          ausgequetschten, ausgeleerten Wort vor
                                          sich geht, das sind erst die
                                          Wirklichkeiten. Von denen stellt sich
                                          kein Mensch vor, daß sie göttlich
                                          sind, wenigstens nicht da, wo sie
                                          ihren Ursprung haben. |  
                                      |  Car imaginons un instant le
                                          fondement de cet impérialisme qui a
                                          pour élément dominant la phrase : dans
                                          les premiers impérialismes les rois,
                                          dans les seconds impérialismes les
                                          oints, maintenant la phrase. Il va de
                                          soi que les décisions majoritaires ne
                                          deviennent rien de réel, mais une
                                          phrase dominante. Et les réalités
                                          flottent en dessous et ne sont
                                          absolument pas considérées comme
                                          quelque chose de divin. Car prenons
                                          une base importante pour ce qui s'est
                                          déroulé comme réalités : la
                                          colonisation. La colonisation joue un
                                          rôle important dans la formation de ce
                                          troisième impérialisme. Pour le
                                          système de colonisation, l'extension
                                          de l'empire sur les colonies, la
                                          "Fédération impériale" est la forme,
                                          le type particulier de regroupement.
                                          Mais comment ces colonies se
                                          rattachent-elles initialement à
                                          l'empire ? Pensez aux cas réels : des
                                          aventuriers dont on ne peut pas
                                          vraiment se servir dans l'Empire, qui
                                          sont un peu en haillons, partent
                                          ensuite dans les colonies,
                                          s'enrichissent, utilisent ensuite leur
                                          richesse dans leur patrie, mais ne
                                          sont pas pour autant des gens
                                          respectés, ce sont toujours des
                                          aventuriers, des bohémiens. C'est
                                          ainsi que se constitue l'empire
                                          colonial. C'est la réalité qui existe
                                          sous le phrasé. Mais il reste des
                                          vestiges. De même qu'il reste des
                                          symboles et des phrases comme restes
                                          des réalités originelles, ou des
                                          couronnes princières symboliques ou
                                          des tsarismes, de même il reste des
                                          entreprises d'aventuriers des colons
                                          un peu mal famés considérés, les
                                          réalités qu'on a maintenant. N'est-ce
                                          pas, l'un s'est, disons, "approprié"
                                          cela ; le fils, oui, il n'est déjà
                                          plus si mal famé, il sent déjà
                                          meilleur. Le petit-fils, lui, sent
                                          encore meilleur, et puis, n'est-ce
                                          pas, vient un temps où tout sent déjà
                                          bon. C'est alors que la phrase peut
                                          s'emparer de ce qui commence déjà à
                                          sentir très bon. La phrase s'identifie
                                          alors à la vraie réalité. C'est là que
                                          l'État déploie ses ailes, c'est là que
                                          l'État devient le protecteur, et c'est
                                          là que tout se fait honnêtement. |  29 |  Denn denken wir uns einmal die
                                          Grundlage jenes Imperialismus, der zu
                                          seinem herrschenden Elemente die
                                          Phrase hat: in den ersten
                                          Imperialismen die Könige, in den
                                          zweiten Imperialismen die Gesalbten,
                                          jetzt die Phrase. Aus den
                                          Majoritätsbeschlüssen wird
                                          selbstverständlich nichts Wirkliches,
                                          sondern eine herrschende Phrase. Und
                                          die Wirklichkeiten schweben darunter
                                          und werden durchaus nicht als etwas
                                          Göttliches angesehen. Denn nehmen wir
                                          eine wichtige Grundlage für dasjenige,
                                          was da als Wirklichkeiten sich
                                          abspielte: die Kolonisation. Die
                                          Kolonisation spielt eine große Rolle
                                          bei der Bildung dieses dritten
                                          Imperialismus. Für das
                                          Kolonisationssystem, das Ausbreiten
                                          des Imperiums über die Kolonien, ist
                                          ja zuletzt die «Imperial Federation»
                                          die Form, die besondere Art der
                                          Zusammenfassung. Aber wie gliedern
                                          sich ursprünglich diese Kolonien an an
                                          das Imperium ? Denken Sie an die
                                          realen Fälle zurück: Abenteurer, die
                                          man im Imperium nicht recht brauchen
                                          kann, die ein bißchen zerlumpt sind,
                                          die ziehen dann in die Kolonien,
                                          werden reich, verwenden dann ihren
                                          Reichtum in der Heimat, sind aber
                                          dadurch zunächst durchaus nicht etwa
                                          angesehene Leute, sind Abenteurer
                                          weiterhin, Bohemiens. So wird das
                                          Kolonialreich zusammengebracht. Das
                                          ist die unter der Phrase bestehende
                                          Wirklichkeit. Aber es bleiben Reste.
                                          Wie von den ursprünglichen
                                          Wirklichkeiten Symbole und Phrasen als
                                          Reste bleiben, oder symbolische
                                          Fürstenkronen oder Zarismen, so
                                          bleiben von den
                                          Abenteurerunternehmungen der etwas
                                          übel berüchtigten Kolonisten die
                                          Wirklichkeiten übrig, die
                                          Wirklichkeiten, die man nun hat. Nicht
                                          wahr, der eine hat sich das, sagen
                                          wir, «angeeignet»; der Sohn, ja der
                                          ist schon nicht mehr so übel
                                          berüchtigt, der riecht schon besser.
                                          Der Enkel gar riecht noch besser, und
                                          dann, nicht wahr, dann kommt eine
                                          Zeit, wo alles schon gut riecht. Da
                                          kann sich die Phrase bemächtigen
                                          dessen, was jetzt schon anfängt, ganz
                                          gut zu riechen. Da identifiziert sich
                                          dann die Phrase mit der wahren
                                          Wirklichkeit. Da breitet der Staat
                                          seine Fittiche aus, da wird der Staat
                                          der Protektor, und da wird alles
                                          ehrlich gemacht. |  
                                      |  Il est nécessaire de prendre les
                                          choses par - on ne peut peut-être pas
                                          dire leur vrai nom, car les noms
                                          désignent très rarement les réalités -
                                          mais leur vrai bout. C'est nécessaire,
                                          car ce n'est qu'ainsi que l'on
                                          parvient à comprendre les tâches que
                                          l'époque actuelle impose aux humains
                                          et les responsabilités que l'époque
                                          actuelle impose aux humains. Ce n'est
                                          qu'ainsi que l'on pourra comprendre
                                          quelle est la fable convenue de ce que
                                          l'on appelle l'histoire, c'est-à-dire
                                          l'histoire transmise dans les écoles
                                          et les universités. Cette histoire
                                          n'appelle vraiment pas les choses par
                                          leur nom correct, au contraire, elle
                                          fait en sorte que de proche en proche
                                          les noms valent pour le non correct. |  30 |  Es ist nötig, die Dinge — beim
                                          wirklichen Namen kann man vielleicht
                                          nicht sagen, weil die Namen sehr
                                          selten die Wirklichkeiten bezeichnen
                                          —, aber beim wirklichen Zipfel
                                          anzupacken. Das ist schon nötig, denn
                                          nur dadurch kommt man dahin, zu
                                          begreifen, welche Aufgaben die heutige
                                          Zeit den Menschen stellt und welche
                                          Verantwortlichkeit die heutige Zeit
                                          den Menschen auferlegt. Nur dadurch
                                          kommt man auch dahin, einzusehen,
                                          welche Fable convenue die sogenannte
                                          Geschichte eigentlich ist, das heißt
                                          die Geschichte, die in den Schulen und
                                          Universitäten tradiert wird. Diese
                                          Geschichte nennt die Dinge wirklich
                                          nicht bei dem rechten Namen, im
                                          Gegenteil, sie bewirkt, daß nach und
                                          nach die Namen für das Unrechte
                                          gelten. |  
                                      |  C'est quelque chose de très grave,
                                          n'est-ce pas, ce que je viens de
                                          décrire. Mais vous voyez, il s'agit
                                          maintenant d'orienter justement un peu
                                          ses sentiments, ses émotions vers les
                                          responsabilités. Considérons
                                          maintenant l'autre côté. Considérons
                                          un ancien empire. Celui-ci était réel,
                                          terrestre et réel dans la
                                          représentation ; le prêtre-roi était
                                          issu des mystères. Le second n'était
                                          plus terrestrement réel, mais le
                                          second était symbolique. Il y a loin
                                          entre ce que, dans l'ancien empire
                                          oriental, les dirigeants et leurs
                                          paladins portaient comme ornements
                                          divins et ce que l'on mettait ensuite
                                          sur le dos des gens comme "aigle rouge
                                          ou noir" de troisième, deuxième ou
                                          première qualité. Mais c'est pourtant
                                          là l'évolution historique. On est
                                          passé de la réalité au néant pour ce
                                          qui n'était finalement même pas un
                                          signe, mais au fond seulement
                                          l'expression pour une phrase. N'est-ce
                                          pas, finalement, même dans les
                                          apparences, le système général du
                                          phrasé, qui s'est répandu de
                                          l'Occident au reste du monde, a
                                          pénétré dans les affaires publiques.
                                          J'ai même rencontré des conseillers de
                                          cour titulaires ! Les conseillers de
                                          la Cour n'avaient déjà pas grand-chose
                                          à conseiller - en tout cas, ils
                                          n'avaient pas grand-chose à conseiller
                                          -, mais les conseillers titulaires !
                                          Ce n'était qu'une phrase qui a été
                                          collée sur un humain. Et pourtant,
                                          tout remonte à ces anciens usages dont
                                          j'ai parlé. |  31 |  Es ist etwas sehr Schlimmes, nicht
                                          wahr, was ich jetzt geschildert habe.
                                          Aber sehen Sie, nun handelt es sich
                                          darum, eben gerade ein wenig seine
                                          Empfindungen, seine Gefühle auf die
                                          Verantwortlichkeiten zu lenken.
                                          Betrachten wir jetzt die andere Seite.
                                          Sehen wir uns einmal an so ein altes
                                          Imperium. Das war wirklich,
                                          irdisch-wirklich in der Vorstellung;
                                          der Priesterkönig ging aus den
                                          Mysterien hervor. Das zweite war nicht
                                          mehr irdisch-wirklich, sondern das
                                          zweite war Symbolum. Es ist ein weiter
                                          Weg von dem, was sich in dem alten
                                          orientalischen Reiche die Herrschenden
                                          und ihre Paladine als ein
                                          Göttergeschmeide umhängten, und
                                          demjenigen, was als «roter oder
                                          schwarzer Adler» dritter, zweiter,
                                          erster Güte den Leuten dann angehängt
                                          wird. Aber dennoch ist das die
                                          geschichtliche Entwickelung. Es ist
                                          von der Wirklichkeit zu dem Nichts
                                          geworden dasjenige, was zuletzt nicht
                                          einmal ein Zeichen war, sondern im
                                          Grunde genommen nur der Ausdruck für
                                          eine Phrase. Nicht wahr, schließlich
                                          ist sogar in Äußerlichkeiten das
                                          allgemeine Phrasensystem, das ja vom
                                          Westen sich über die übrige Welt
                                          ausgebreitet hat, eingedrungen in die
                                          öffentlichen Angelegenheiten. Ich habe
                                          sogar Titularhofräte kennengelernt !
                                          Nun haben schon die Hofräte
                                          außerordentlich wenig zu raten gehabt
                                          — jedenfalls wenig zu raten gewußt —,
                                          aber die Titularhofräte ! Das war eben
                                          nur Phrase, die einem Menschen
                                          angehängt worden ist Und dennoch,
                                          alles geht zurück auf jene alten
                                          Usancen, von denen ich gesprochen
                                          habe. |  
                                      |  Dans la première phase dont j'ai
                                          parlé, nous avons pensé ce qui était
                                          extérieurement le royaume physique, le
                                          terrestre-réel, comme étant
                                          entièrement spirituel ; dans la
                                          deuxième phase, nous l'avons seulement
                                          imprégné de substance spirituelle. Et
                                          la troisième phase doit sortir de ce
                                          que je viens de vous décrire, du
                                          royaume de la phrase et de la réalité
                                          dont nous venons de parler. La
                                          troisième, celle qui doit se réaliser
                                          ici sur Terre, c'est le royaume de
                                          l'esprit. |  32 |  In der ersten Phase, von der ich
                                          sprach, haben wir dasjenige, was
                                          äußerlich physisches Reich war, das
                                          Irdisch-Wirkliche, ganz als geistig
                                          gedacht, in der zweiten Phase nur
                                          durchdrungen von geistiger Substanz.
                                          Und die dritte Phase muß herauswachsen
                                          aus dem, was ich Ihnen jetzt
                                          geschildert habe, aus dem Reich der
                                          Phrase und derjenigen Wirklichkeit,
                                          von der wir eben gesprochen haben. Das
                                          dritte, das muß hier auf der Erde
                                          verwirklichen das Geistesreich. |  
                                      |  Alors que dans la première phase, la
                                          réalité physique était conçue comme
                                          spirituelle, dans l'avenir, la réalité
                                          physique ne doit pas être conçue comme
                                          spirituelle, mais le spirituel doit
                                          être présent ici dans le monde
                                          physique. Cela signifie qu'à côté de
                                          la réalité physique doit vivre la
                                          réalité spirituelle. L'humain doit se
                                          promener ici, au sein de la réalité
                                          physique, et reconnaître une réalité
                                          spirituelle, il doit parler de quelque
                                          chose de réel, de suprasensible,
                                          d'invisible, mais qui est là, qui doit
                                          être fondé parmi nous. |  33 |  Während in der ersten Phase die
                                          physische Wirklichkeit als geistig
                                          gedacht war, darf in der Zukunft die
                                          physische Wirklichkeit nicht als
                                          geistig gedacht sein, dafür aber muß
                                          das Geistige hier in der physischen
                                          Welt anwesend sein. Das heißt, es muß
                                          neben der physischen Wirklichkeit
                                          leben die geistige Wirklichkeit. Der
                                          Mensch muß hier herumgehen, innerhalb
                                          der physischen Wirklichkeit, und eine
                                          geistige Wirklichkeit anerkennen, muß
                                          sprechen als von etwas Wirklichem,
                                          Übersinnlichem, Unsichtbarem, was aber
                                          da ist, was begründet werden muß unter
                                          uns. |  
                                      |  J'ai parlé de quelque chose de très
                                          grave, de la phrase. Mais si le monde
                                          extérieur n'était pas devenu si
                                          phrasé, il n'y aurait pas de place
                                          pour l'intrusion d'un royaume
                                          spirituel. C'est précisément parce que
                                          tout ce qui est ancien n'est
                                          finalement plus qu'une phrase que se
                                          crée l'espace vide dans lequel doit
                                          pénétrer le royaume de l'esprit. C'est
                                          précisément en Occident, dans le monde
                                          anglo-américain, que l'humanité se
                                          dirige vers une situation où l'on
                                          continuera à parler, disons, dans les
                                          idiomes usuels, de toutes sortes de
                                          choses qui sont venues de temps
                                          immémoriaux. Comme je l'ai dit, cela
                                          va rouler comme une balle roule. Dans
                                          les mots, cela va rouler. Vous
                                          trouverez d'innombrables formules, en
                                          particulier en Occident, qui ont perdu
                                          toute signification, mais qui sont
                                          utilisées. Mais ce n'est pas seulement
                                          dans ces formules, mais dans tout ce
                                          que l'on désigne par des mots anciens,
                                          que vit ce qui est en fait une phrase,
                                          dans laquelle il n'y a pas de réalité,
                                          d'où la réalité est extirpée. Il y a
                                          alors de la place pour que le
                                          spirituel, quelque chose qui ne
                                          correspond à rien d'ancien, prenne
                                          place. L'ancien devait d'abord devenir
                                          une phrase ; il faut rejeter tout ce
                                          qui continue à se heurter au langage,
                                          et il faut y introduire quelque chose
                                          de complètement nouveau, qui ne peut
                                          se répandre que comme monde spirituel. |  34 |  Ich habe von etwas sehr Schlimmem
                                          gesprochen, von der Phrase. Aber wenn
                                          die äußere Welt nicht so phrasig
                                          geworden wäre, wäre ja kein Platz für
                                          das Eindringen eines Geistesreiches.
                                          Gerade dadurch, daß schließlich alles
                                          Alte nurmehr Phrase ist, dadurch
                                          entsteht der leere Raum, in den das
                                          Geistesreich eindringen soll. Gerade
                                          im Westen, in der anglo-amerikanischen
                                          Welt, da steuert die Menschheit dahin,
                                          daß man viel noch fortsprechen wird,
                                          sagen wir, in den gebräuchlichen
                                          Idiomen, von allerlei Dingen, die von
                                          altersher gekommen sind. Wie gesagt,
                                          das wird so fortrollen wie eine Kugel
                                          fortrollt. In den Worten wird das
                                          fortrollen. Unzählige Formeln finden
                                          Sie insbesondere im Westen, die jede
                                          Bedeutung verloren haben, die aber
                                          gebraucht werden. Aber nicht nur in
                                          diesen Formeln, sondern in all dem,
                                          was man mit alten Worten bezeichnet,
                                          lebt dasjenige, was eigentlich Phrase
                                          ist, worinnen keine Wirklichkeit ist,
                                          woraus die Wirklichkeit herausgepreßt
                                          ist. Da ist dann Platz, daß das
                                          Geistige, etwas, was mit nichts Altem
                                          übereinstimmt, Platz greife. Das Alte
                                          mußte zuerst zur Phrase werden;
                                          abgeworfen werden muß alles dasjenige,
                                          was so fortkollert mit der Sprache,
                                          und hinein muß etwas vollständig
                                          Neues, das nur als geistige Welt sich
                                          ausbreiten kann. |  
                                      |  Alors seulement, il pourra y avoir
                                          un royaume de Christ sur la Terre (ndt
                                          depuis un moment est question de
                                          royaume, selon l'usage français pour
                                          le contexte, mais le mot allemand
                                          "Reich" vaut aussi bien pour empire
                                          que pour royaume). Car dans ce
                                          royaume, il doit y avoir une réalité :
                                          "Mon royaume n'est pas de ce monde".
                                          Dans le royaume de ce monde, dans
                                          lequel s'est d'abord étendu le royaume
                                          du Christ, il y avait encore beaucoup
                                          de choses de ce monde qui n'étaient
                                          pas devenues des phrases. Mais dans le
                                          monde occidental, tout ce qui vient
                                          des temps anciens sera prédestiné à
                                          devenir une phrase. Oui, en Occident,
                                          dans le monde anglo-américain, tout ce
                                          qui est tradition humaine deviendra
                                          une phrase. C'est pour cela qu'il est
                                          de notre responsabilité de mettre dans
                                          le récipient vide un esprit dont on
                                          puisse dire qu'il n'existe pas : ce
                                          royaume n'est pas de ce monde ! -
                                          C'est la grande responsabilité. |  35 |  Dann erst kann es ein Christus-Reich
                                          geben auf der Erde. Denn in diesem
                                          Reiche muß eine Wirklichkeit sein:
                                          «Mein Reich ist nicht von dieser
                                          Welt.» In dem Reiche von dieser Welt,
                                          in dem zunächst sich ausbreitete das
                                          Christus-Reich, da war noch sehr viel
                                          von dieser Welt vorhanden, was nicht
                                          zur Phrase geworden war. Aber in der
                                          westlichen Welt wird alles dasjenige,
                                          was von alten Zeiten stammt, dazu
                                          vorherbestimmt sein, zur Phrase zu
                                          werden. Ja im Westen, in der
                                          anglo-amerikanischen Welt, wird alles,
                                          was menschliche Überlieferung ist,
                                          Phrase werden. Dafür ist die
                                          Verantwortlichkeit da, in das
                                          leergewordene Gefäß einen Geist
                                          hineinzusetzen, von dem gesagt werden
                                          kann: Dies Reich ist nicht von dieser
                                          Welt! — Das ist die große
                                          Verantwortlichkeit. |  
                                      |  Ce qui compte, ce n'est pas la
                                          manière dont une chose est née, mais
                                          ce que l'on fait ensuite avec ce qui
                                          est ainsi né. Et c'est ainsi que se
                                          présente le contexte. |  36 |  Es kommt nicht darauf an, wie etwas
                                          entstanden ist, sondern was man weiter
                                          mit dem so Entstandenen tut. Und so
                                          sind die Zusammenhänge. |  
                                      |  Nous aurons à parler demain de la
                                          manière dont ces liens peuvent se
                                          réaliser, car sous la surface, dans
                                          les pays occidentaux, les sociétés
                                          secrètes sont très efficaces, et elles
                                          poussent traditionnellement la
                                          deuxième phase de l'impérialisme dans
                                          la troisième. Car dans la population
                                          anglo-américaine, vous avez mélangé
                                          deux impérialismes, l'impérialisme
                                          économique d'un Chamberlain et
                                          l'impérialisme symbolique des sociétés
                                          secrètes, qui est très efficace, mais
                                          qui est absolument tenu secret devant
                                          la grande population. |  37 |  Nun werden wir morgen davon zu
                                          sprechen haben, wie diese Zu‑
                                          sammenhänge sich des weiteren
                                          realisieren können, da ja unter der
                                          Oberfläche gerade in westlichen
                                          Ländern sehr wirksam die Geheim‑
                                          gesellschaften sind, die nun
                                          traditionell die zweite Phase des
                                          Imperialismus in die dritte
                                          hineinschieben. Denn in der
                                          anglo-amerikanischen Bevölkerung haben
                                          Sie zwei Imperialismen
                                          durcheinandergeschoben, den
                                          wirtschaftlichen eines Chamberlain und
                                          den symbolischen Imperialismus der
                                          Geheimgesellschaften, der sehr wirksam
                                          hineingeschoben ist, der aber durchaus
                                          geheimgehalten wird vor der großen
                                          Bevölkerung. |    Français
                                  seulement SEIZIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le
                                  20 février 1920
 Le développement
                                    historique de l'impérialisme, première
                                    conférence 01Mon exposé d'aujourd'hui sera épisodique, une
                                  parenthèse dans nos réflexions, car je
                                  voudrais que nos amis anglais, qui vont
                                  bientôt retourner dans leur pays, puissent en
                                  tirer le plus de choses possible. C'est
                                  pourquoi j'organise ces exposés de telle sorte
                                  que l'un ou l'autre puisse servir de support à
                                  l'efficacité nécessaire. Et c'est là que je
                                  voudrais développer aujourd'hui, et d'abord
                                  historiquement, pas tellement en ce qui
                                  concerne le présent - cela pourra peut-être
                                  alors se passer demain -, j'aimerais vous
                                  développer spirituellement scientifiquement
                                  historiquement, quelques choses sur
                                  l'impérialisme. L'impérialisme est un
                                  phénomène dont on a parlé plusieurs fois ces
                                  derniers temps, et on en parle de telle
                                  manière que ceux qui en parlent ont une
                                  conscience plus ou moins claire de son lien
                                  avec l'ensemble des phénomènes sociaux
                                  actuels. Mais lorsqu'on discute de telles
                                  choses aujourd'hui, on ne tient pas compte de
                                  ce que nous vivons dans le cours historique de
                                  l'humanité, que nous nous trouvons dans une
                                  époque de développement historique bien
                                  déterminée et que l'on ne peut comprendre
                                  cette époque de développement de l'humanité
                                  que si l'on sait d'où viennent les phénomènes
                                  qui nous entourent aujourd'hui, dans lesquels
                                  nous vivons aujourd'hui. Au fond, on voit
                                  d'abord apparaître ce qui est aujourd'hui un
                                  impérialisme efficace, qui sera efficace à
                                  l'avenir, dont le porteur sera la population
                                  anglo-américaine et qui est, au fond, très
                                  récent dans sa dénomination ; cet impérialisme
                                  se présente comme un impérialisme économique.
                                  Mais l'essentiel, c'est que dans tout ce qui
                                  est dit sur les choses liées à cet
                                  impérialisme économique, au fond, rien n'est
                                  vrai, tout est faux, tout plane, j'aimerais
                                  dire, en l'air et, planant en l'air, conduit
                                  plus ou moins consciemment à la
                                  fausseté/non-véracité. Mais pour envisager
                                  comment, en notre temps, les réalités sont
                                  tout autres que ce qui est dit de ces
                                  réalités,
 02
 Je n'ai besoin de mentionner qu'une seule
                                  chose vis-à-vis des faits actuels pour
                                  caractériser dans une certaine mesure la
                                  capacité de jugement de l'opinion publique
                                  contemporaine. Nous avons vu que Woodrow
                                  Wilson a été glorifié dans les régions les
                                  plus diverses d'Europe et finalement même en
                                  Allemagne. Nos amis suisses savent très bien
                                  que, pendant la glorification de Woodrow
                                  Wilson, je me suis toujours prononcé, ici en
                                  Suisse, de la manière la plus sévère contre
                                  Woodrow Wilson, car ce que Woodrow Wilson est
                                  aujourd'hui, il l'était bien entendu déjà à
                                  l'époque où il était glorifié par le monde
                                  entier. Aujourd'hui, on annonce déjà - je ne
                                  veux pas dire par là que c'est la vérité la
                                  plus profonde - qu'en Amérique, on pense à
                                  déclarer Woodrow Wilson inapte au
                                  gouvernement, qu'on doute de sa capacité de
                                  jugement. Le jugement public, tel qu'il
                                  circule aujourd'hui dans le monde, est donc
                                  tout de suite suffisamment caractérisé par de
                                  telles choses, notamment dans ses valeurs.
 03
 Et on a seulement besoin de se souvenir d'un
                                  deuxième fait. Au cours des quatre ou cinq
                                  dernières années, il a beaucoup été parlé de
                                  toutes sortes de belles choses :
                                  l'autodétermination des peuples, et ainsi de
                                  suite. - Toutes ces choses n'étaient pas
                                  vraies, car ce qui se cachait derrière était
                                  tout autre chose, il s'agissait évidemment de
                                  questions de pouvoir. Et pour celui qui veut
                                  comprendre, il s'agit de remonter aux réalités
                                  à partir de ce qui est dit, pensé et jugé. Et
                                  ainsi doit en particulier lorsqu'un mot tel
                                  qu'impérialisme - "Imperial Federation" est le
                                  mot officiel depuis le début du 20e siècle en
                                  Angleterre -, lorsqu'il est parle sur de
                                  telles choses, ainsi doit être tenu compte que
                                  nous avons en ces choses les dérivés les plus
                                  extérieurs, des produits tardifs de
                                  l'évolution, et que ceux-ci remontent à des
                                  temps lointains et ne trouvent leur
                                  explication que dans ce qu'une véritable
                                  considération historique peut offrir.
 04
 Nous ne voulons pas remonter aussi loin que
                                  l'on pourrait remonter spirituellement
                                  historiquement de l'humanité, mais nous
                                  voulons au moins remonter jusqu'à quelques
                                  millénaires avant le compte du temps chrétien.
                                  Là, nous trouvons d'abord des empires
                                  impérialistes en Asie, et une variante de tels
                                  empires impérialistes en Égypte. L'Empire
                                  perse, bien connu dans l'histoire, mais
                                  surtout l'empire assyrien, est quelque peu
                                  caractéristique de l'impulsion orientale. Or,
                                  on ne s'en sort pas si l'on suit cette
                                  première phase de l'impérialisme uniquement
                                  dans les derniers stades historiques de
                                  l'empire assyrien, parce que l'on ne comprend
                                  tout simplement pas ce qui règne comme
                                  impulsion dans l'empire assyrien sans pouvoir
                                  remonter à des états orientaux antérieurs.
                                  Même en Chine, dont toute l'organisation
                                  remonte à des temps très anciens, très
                                  lointains, certaines choses ont tellement
                                  changé que l'on ne peut plus reconnaître dans
                                  cette organisation, qui existait encore il y a
                                  peu de temps, le véritable caractère d'un
                                  impérialisme oriental, tel qu'il a existé dans
                                  l'empire d'Orient. Mais on peut encore voir, à
                                  partir des conditions connues historiquement,
                                  ce qui repose réellement à la base.
 05
 Or, on ne comprend pas tout l'impérialisme
                                  oriental, l'impérialisme ancien, si l'on ne
                                  sait pas quelle relation était supposée
                                  exister dans la conscience publique entre la
                                  population d'une région quelconque, disons
                                  d'un empire, et ce que nous appellerions
                                  aujourd'hui le souverain de cet empire ou les
                                  dirigeants de cet empire. Car évidemment nos
                                  mots comme souverain, roi ou autre n'expriment
                                  plus ce qui était ressenti autrefois par le
                                  souverain/régnant ou les dirigeants/les
                                  régnants. On peut difficilement aujourd'hui se
                                  faire une représentation de l'ensemble du
                                  monde de ressenti qui régnait dans les
                                  impérialismes orientaux trois ou quatre
                                  millénaires avant l'ère chrétienne, parce
                                  qu'il est difficile aujourd'hui de tenir
                                  compte de la manière dont l'humain de cette
                                  époque se représentait l'essence du monde
                                  spirituel par rapport au monde physique.
 06
 Aujourd'hui, la plupart des humains, s'ils
                                  pensent absolument à un monde spirituel,
                                  pensent que ce monde spirituel se trouve
                                  quelque part, loin, dans un au-delà ou quelque
                                  chose de ce genre. Et quand est parlé du monde
                                  spirituel, comme toutefois il faudra
                                  d'ailleurs à nouveau en parler à l'avenir,
                                  comme d'un monde existant parmi nous au même
                                  titre que le monde des sens, alors tout ce qui
                                  a conduit par exemple à la conscience
                                  protestante se dresse à l'époque moderne. En
                                  effet, l'essentiel dans les temps anciens
                                  était que l'on n'a absolument pas fait une
                                  différence entre le monde physique et le monde
                                  spirituel.
 07
 C'est si fortement vrai que si l'on dit les
                                  choses qui se rapportent à ces temps anciens,
                                  l'humain d'aujourd'hui peut à peine se
                                  représenter quelque chose de correct, tant le
                                  monde de représentation des anciens était
                                  différent du monde de représentation des
                                  humains plus récents. Ce qui était là
                                  physiquement, des humains dominants, une caste
                                  régnante, des humains asservis, des humains
                                  dominés, c'était la réalité, ce n'était pas
                                  quelque chose qu'on appelait une réalité
                                  physique, mais c'était la réalité, c'était à
                                  la fois la réalité physique et la réalité
                                  spirituelle. Et le souverain des empires
                                  orientaux, qu'était-il donc ? Le
                                  souverain/régnant des empires orientaux était
                                  le dieu. Et dans le vaste périmètre de la
                                  population, il n'y avait pas un dieu au-delà
                                  des nuages dans les temps anciens - je parle
                                  toujours des temps anciens -, il n'y avait pas
                                  pour les gens un chœur d'esprits qui
                                  entouraient à nouveau le dieu suprême,
                                  c'étaient déjà des conceptions plus tardives
                                  dans le cours de l'histoire terrestre, mais ce
                                  que nous appellerions aujourd'hui des
                                  ministres ou des courtisans, quelque peu
                                  méprisables ou même bientôt respectables,
                                  c'étaient des entités de nature divine. Car on
                                  se rendait compte que, grâce à l'entraînement
                                  aux mystères par lequel ces humains étaient
                                  passés, ils étaient devenus quelque chose de
                                  plus élevé que les humains ordinaires. On les
                                  regardait comme la conscience protestante
                                  regarde son Dieu ou comme certains cercles
                                  déjà plus libéraux regardent leurs anges
                                  invisibles et autres. Car pour ces populations
                                  de l'Orient ancien, il n'y avait pas d'anges
                                  extra-invisibles ou de Dieu extra-invisible
                                  dans le domaine suprasensible. Tout ce qui
                                  était spirituel vivait dans l'humain. Dans
                                  l'humain ordinaire vivait une âme humaine.
                                  Dans ce que nous appellerions aujourd'hui un
                                  souverain/régnant vivait une âme divine, un
                                  dieu.
 08
 Aujourd'hui, on ne se fait plus aucune idée de
                                  ces représentations d'un royaume de Dieu réel
                                  étant là et qui est en même temps un royaume
                                  physique. Que, disons, le roi ait eu un réel
                                  pouvoir divin et une dignité divine vaut
                                  évidemment aujourd'hui pour absurde, mais
                                  c'était autrefois une réalité dans les
                                  impérialismes orientaux. On ne parlait pas de
                                  quelque chose qui est purement saisissable
                                  dans l'esprit en tant que tel.
 09
 J'ai dit qu'il y avait une variante dans
                                  l'égyptianisme, car on y trouve vraiment une
                                  transition vers une époque ultérieure. Si nous
                                  remontons donc aux formes les plus anciennes
                                  de l'impérialisme, cet impérialisme s'écrit à
                                  partir de la cause que le roi, le souverain,
                                  qui est Dieu, le Dieu réellement apparu
                                  physiquement sur la terre, le fils du ciel
                                  réellement apparu physiquement sur la terre,
                                  est même le père du ciel. C'est tellement
                                  paradoxal pour l'humain contemporain que cela
                                  semble à peine croyable, mais c'est ainsi.
                                  Mais c'est de là que découle ce que l'on peut
                                  encore observer dans les documents assyriens,
                                  dans la manière dont les conquêtes
                                  impérialistes sont justifiées : Elles sont
                                  tout simplement faites. Le droit à de telles
                                  conquêtes découlait du fait que l'on devait
                                  étendre le royaume de Dieu de plus en plus
                                  loin. Si l'on avait conquis un territoire
                                  quelconque et que les conquis étaient donc
                                  devenus des sujets, ils devaient alors vénérer
                                  celui qui était le conquérant comme leur dieu.
                                  A l'époque, on ne pensait pas du tout à la
                                  propagation de conceptions religieuses du
                                  monde. Pourquoi en aurait-on eu besoin ? Si
                                  l'individu qui appartenait au territoire
                                  conquis reconnaissait extérieurement l'autre,
                                  qui était le conquérant, s'il le suivait,
                                  alors tout allait bien, car il pouvait croire
                                  ce qu'il voulait. La foi - c'était l'opinion
                                  personnelle -, on n'y touchait pas du tout,
                                  surtout dans les temps anciens. On ne s'en
                                  préoccupait pas du tout.
 10
 Ce fut la première forme sous laquelle
                                  l'impérialisme a émergé. La deuxième forme
                                  était celle où le dominant, celui qui devait
                                  assumer un rôle de dominant, de dirigeant,
                                  n'était pas Dieu lui-même, mais l'envoyé de
                                  Dieu ou l'inspiré de Dieu, celui qui est
                                  imprégné du divin. Dans les premiers
                                  impérialismes, on avait affaire à des
                                  réalités. C'est l'essentiel. Première phase
                                  des impérialismes : on avait affaire à des
                                  réalités.
 11
 Lorsqu'un dirigeant oriental des temps anciens
                                  apparaissait au milieu de son peuple, il était
                                  vêtu de ses ornements parce qu'en tant que
                                  dieu, il avait le droit de revêtir de tels
                                  vêtements. C'étaient les vêtements d'un dieu.
                                  C'est l'apparence d'un dieu. Cela ne
                                  signifiait rien d'autre que, parmi les dieux,
                                  c'était la mode de la façon dont le souverain
                                  apparaissait. Et ceux qui étaient ses paladins
                                  n'étaient pas des fonctionnaires ou quoi que
                                  ce soit d'autre, mais des êtres supérieurs qui
                                  l'entouraient et qui faisaient ce qu'ils
                                  faisaient en vertu de leur qualité d'êtres
                                  supérieurs.
 12
 Puis vint le temps où, comme je l'ai dit, on
                                  présenta le souverain et ceux qui étaient ses
                                  paladins comme des envoyés de Dieu, des
                                  personnes imprégnées de divinité, des
                                  mandataires. Cela transparaît encore très
                                  fortement chez Denys l'Aréopagite. Lisez ses
                                  écrits, comment il décrit toute la hiérarchie
                                  des diacres, des archidiacres, des évêques,
                                  des archevêques, donc toute la hiérarchie de
                                  l'Église. Comment la représente-t-il ? Denys
                                  l'Aréopagite présente l'ensemble de la manière
                                  suivante : dans cette hiérarchie
                                  ecclésiastique terrestre, on a une image de ce
                                  qu'est le Dieu suprasensible avec ses forces
                                  primitives, ses archanges et ses anges. De
                                  sorte que l'on a déjà en haut la hiérarchie
                                  céleste et en bas son image, la hiérarchie
                                  séculière. C'est là que les gens de la
                                  hiérarchie séculière, les diacres, les
                                  archidiacres, revêtent leurs vêtements ou
                                  accomplissent leurs actes, parce que ce sont
                                  des signes, parce que ce sont des symboles.
                                  Dans la première phase, on a affaire à des
                                  réalités, dans la deuxième phase, on a affaire
                                  à des signes, à des symboles. Bien sûr, cela
                                  aussi a été plus ou moins oublié. Car dans la
                                  conscience générale de l'humanité, on ne
                                  retient plus guère aujourd'hui, même dans la
                                  population catholique, que les diacres, les
                                  curés, les doyens, les évêques, les
                                  archevêques sont les représentants, les
                                  suppléants des hiérarchies célestes. Mais
                                  c'est justement seulement tombé dans l'oubli.
 13
 Or, avec cette progression de l'impérialisme,
                                  une division, j'aimerais dire un véritable
                                  clivage, est apparu. D'un côté, ce qui avait
                                  dedans le leadership, la domination,
                                  scintillait plus vers l'envoyé de Dieu, vers
                                  la prêtrise, où les prêtres sont des rois ; de
                                  l'autre côté, ça scintillait plus vers le
                                  temporel, mais toujours par la grâce de Dieu,
                                  toujours en tant que fonctionnaires de Dieu,
                                  destinés à cela. Au fond, ce ne sont que deux
                                  variétés. Et nous avons ensuite les deux
                                  variantes dans l'évolution historique : les
                                  communautés ecclésiales et les communautés
                                  impériales.
 14
 Une telle chose n'aurait pas été concevable
                                  dans la première période des impérialismes, où
                                  tout ce qui était physique était réalité. Mais
                                  dans la deuxième phase des impérialismes, les
                                  choses se sont séparées. L'un était alors plus
                                  séculier, mais tout de même un envoyé de Dieu,
                                  l'autre était plus ecclésiastique, également
                                  un envoyé de Dieu. Cela remonte au Moyen-Âge ;
                                  et j'aimerais dire que, dans un phénomène
                                  historique caractéristique, cette vie dans le
                                  royaume extérieur, dans la réalité extérieure
                                  des rois envoyés par Dieu, des paladins
                                  envoyés par Dieu et ainsi de suite, a été
                                  maintenue jusqu'en 1806, mais déjà à l'époque
                                  avec une existence d'ombre. Extérieurement, il
                                  y avait l'Église romaine et son expansion ;
                                  c'était plus coloré par le sacerdoce. Mais ce
                                  qui a été retenu tout au long du Moyen-Âge, ce
                                  qui a strictement retenu le caractère de
                                  l'envoyé de Dieu ici sur la terre physique,
                                  c'est ce que l'on appelle le "Saint Empire
                                  romain de la nation allemande", qui n'a
                                  disparu qu'en 1806. C'est ainsi que s'appelait
                                  ce qui existait en Europe centrale comme une
                                  sorte d'empire : Saint Empire romain de la
                                  nation allemande. Dans le mot "saint", vous
                                  avez encore un soupçon de ce qui était divin
                                  sur la terre dans les temps anciens ; "romain"
                                  signifie l'origine, d'où il est venu ; "nation
                                  allemande" est ce sur quoi il a été plaqué, le
                                  déjà plus séculier, sur lequel c'était plaqué.
 15
 Et ainsi, dans la deuxième phase des
                                  impérialismes, nous n'avons plus seulement
                                  l'impérialisme oint par l'Église, mais nous
                                  avons la confusion entre l'oint divin et
                                  l'oint séculier dans l'Empire. Cela commence
                                  déjà avec l'ancien Empire romain à l'époque
                                  préchrétienne et se poursuit jusqu'à la fin du
                                  Moyen-Âge. Le Saint Empire romain germanique a
                                  toujours eu un double caractère, en tant
                                  qu'impérialisme. Pensez seulement qu'il
                                  remonte tout de même à Charlemagne. Mais
                                  Charlemagne est couronné à Rome par le pape.
                                  Ainsi, même extérieurement, la dignité royale
                                  est transformée en symbole, de sorte que ce
                                  qui existe ici sur la terre physique n'est
                                  plus une réalité. Les humains du Moyen-Âge
                                  n'ont pas vénéré Charlemagne, Otton Ier, comme
                                  des dieux, comme c'était le cas dans les temps
                                  anciens, mais ils ont vu en eux des humains
                                  envoyés par Dieu. Et cela devait encore être
                                  affirmé. Bien sûr, cela vivait de moins en
                                  moins dans les consciences. Mais même si c'est
                                  extériorisé, cela avait encore, dans le signe,
                                  dans le symbolum, au moins une réalité
                                  symbolique, une réalité de signe. Ces
                                  empereurs du Saint Empire romain germanique
                                  allaient à Rome pour se faire coiffer de la
                                  couronne par le pape. C'est ainsi que le
                                  Hongrois Istwan Ier est fait roi de Hongrie
                                  par le pape en l'an 1000. L'onction et donc le
                                  pouvoir sont conférés à ce qui règne dans le
                                  monde par ce qui est religieux ou spirituel.
 16
 Mais ce qui entre par là dans la conscience
                                  des humains a pour effet que les humains ont
                                  cru qu'ils avaient le droit d'inclure les
                                  autres humains dans cet empire, qui a été oint
                                  par les dieux eux-mêmes à travers les humains,
                                  c'est pourquoi Dante lui-même est d'avis que
                                  celui qui est empereur du Saint Empire romain
                                  germanique est au fond autorisé à dominer le
                                  monde entier. C'est en cela que la formule de
                                  l'impérialisme est tout de suite chez Dante.
 17
 Dans les légendes et les traditions, dans
                                  lesquelles se cristallisent dans la conscience
                                  des humains des événements historiques,
                                  s'expriment en général des choses qui doivent
                                  être considérées sous les angles les plus
                                  divers, et pas seulement d'un seul point de
                                  vue. On peut dire qu'au XIe et au XIIe siècle,
                                  il y avait encore en Europe une conscience
                                  très forte, mais pas très claire, seulement
                                  une conscience sensible, mais très forte, du
                                  fait qu'à une époque très ancienne, en Orient,
                                  des humains avaient vécu sur la Terre, sur la
                                  Terre physique, et qu'ils étaient eux-mêmes
                                  des dieux. On ne pensait pas que c'était une
                                  superstition, oh non, mais on se disait :
                                  maintenant, seuls ces dieux ne peuvent plus
                                  vivre sur la Terre, parce que la Terre est
                                  devenue si mauvaise. Ce qui faisait des
                                  humains des dieux s'est perdu, le "Saint
                                  Graal" s'est perdu, et maintenant, au
                                  Moyen-Âge, on ne peut l'obtenir que de la
                                  manière dont Perceval l'obtient : on cherche
                                  le moyen de trouver le dieu à l'intérieur,
                                  alors qu'avant le dieu était une réalité dans
                                  le royaume. Maintenant, le royaume n'est
                                  qu'une somme de symboles, de signes, et il
                                  faut trouver le dieu à partir des symboles, à
                                  partir des signes.
 18
 De toutes les choses qui ont existé, il reste
                                  alors des vestiges. La réalité s'émousse. Des
                                  restes demeurent, des restes de toutes sortes.
                                  Alors qu'en règle générale, tant que les
                                  choses sont des réalités, elles sont univoques
                                  dans le monde, elles deviennent ensuite
                                  ambiguës. Et c'est ainsi que la diversité est
                                  née en Europe de l'ancienne univocité. Tant
                                  que le Saint Empire romain germanique avait
                                  une signification dans la conscience des
                                  humains, le représentant de ce Saint Empire
                                  romain germanique était en quelque sorte aussi
                                  puissant, capable de maîtriser les différents
                                  symboles angéliques qui étaient les princes
                                  territoriaux, car on avait encore conscience
                                  qu'il avait justement le droit de le faire.
                                  Mais son droit reposait plus ou moins sur
                                  quelque chose d'idéel. Cela perdait peu à peu
                                  de son importance. Il ne restait donc plus que
                                  les princes territoriaux. Et nous avons en
                                  quelque sorte, dans le Saint Empire romain
                                  germanique, quelque chose qui, peu à peu,
                                  expulse sa véritable substance intérieure, et
                                  il ne reste que l'extérieur. On perd la
                                  conscience que les humains terrestres sont
                                  envoyés par Dieu. Et l'expression du fait que
                                  l'on ne peut plus penser que des humains
                                  terrestres sont envoyés par Dieu, c'est
                                  justement le protestantisme. Le protestantisme
                                  est la protestation contre la signification
                                  réelle des humains terrestres envoyés par
                                  Dieu.
 19
 Si le principe du protestantisme s'était
                                  imposé de manière conséquente, aucune tête
                                  couronnée ou courtisée n'aurait jamais pu se
                                  nommer à nouveau "par la grâce de Dieu". Mais
                                  les choses sont toujours restées à l'état de
                                  restes. Jusqu'en 1918, les restes sont restés,
                                  puis ces restes ont disparu. Ces restes, qui
                                  avaient déjà perdu toute signification à
                                  l'intérieur, étaient encore là en tant que
                                  manifestations extérieures. Ces princes
                                  territoriaux allemands étaient encore là en
                                  tant qu'apparition extérieure ; ils n'avaient
                                  de signification que dans ces temps anciens,
                                  où ils étaient les symboles d'un royaume
                                  céleste inspirant.
 20
 C'est ainsi que se conservent encore d'autres
                                  vestiges, dont on ne se rend même pas compte
                                  comment ils se conservent en tant que
                                  vestiges. Il n'y a pas si longtemps, un évêque
                                  d'Europe centrale - peut-être était-il aussi
                                  un archevêque - a publié une lettre pastorale.
                                  Dans cette lettre pastorale, il était dit que
                                  le prêtre catholique est plus puissant que
                                  Jésus-Christ, pour la simple raison que
                                  lorsque le prêtre catholique effectue la
                                  transsubstantiation à l'autel, le Christ Jésus
                                  doit être présent dans le sanctissime, dans
                                  l'hostie. Il faut que la transsubstantiation
                                  s'accomplisse réellement par le pouvoir du
                                  prêtre. C'est-à-dire que l'acte que le prêtre
                                  accomplit oblige le Christ Jésus à être
                                  présent sur l'autel. Ainsi, le plus puissant
                                  n'est pas le Christ Jésus, mais le plus
                                  puissant est celui qui accomplit la
                                  transsubstantiation sur l'autel !
 21
 Si nous voulons comprendre une telle chose,
                                  qui, comme je l'ai dit, est apparue il y a
                                  quelques années encore dans une lettre
                                  pastorale, nous devons remonter non pas au
                                  temps des seconds impérialismes, mais au temps
                                  des premiers impérialismes, comme d'ailleurs
                                  l'Église catholique et ses institutions ont
                                  conservé de nombreux éléments des premiers
                                  impérialismes. Il y a encore là un reste de
                                  cette conscience que ceux qui gouvernent sur
                                  la terre sont les dieux, tandis que le Christ
                                  Jésus n'est que le Fils de Dieu. Il va de soi
                                  que ce qui est écrit dans une telle lettre
                                  pastorale est une impossibilité pour une
                                  conscience protestante, tout comme il est
                                  impossible pour un humain d'aujourd'hui de
                                  croire qu'il y a des millénaires, les humains
                                  ont vu le dieu dans le souverain. Mais tout
                                  cela, ce sont de véritables facteurs
                                  historiques, ce sont des faits réels, des
                                  faits qui ont joué un rôle dans le devenir
                                  historique, dans la réalité historique, et
                                  dont les restes existent encore aujourd'hui.
 22
 Et c'est ainsi que des réalités antérieures
                                  interviennent fortement dans les phénomènes
                                  ultérieurs. Non pas que la vision reste
                                  toujours la même, mais les usages qui
                                  découlent de ces visions sont restés les
                                  mêmes. Regardez comment le mahométisme s'est
                                  répandu. Certes, Mahomet n'a pas dit lui-même
                                  : "Mahomet est votre dieu", comme cela devait
                                  être dit il y a des millénaires par un
                                  souverain sacerdotal oriental. Il s'est
                                  contenté de dire, ce qui était déjà plus à la
                                  mode à l'époque, qu'il y a un Dieu et que
                                  Mahomet est son prophète. - Donc pour la
                                  conscience des humains, il a déjà accepté la
                                  mission de Dieu, la deuxième phase de
                                  l'impérialisme. Mais pour la manière dont le
                                  mahométisme s'est répandu, la première phase
                                  est encore valable. Car les mahométans n'ont
                                  jamais été aussi intolérants envers les autres
                                  croyants que ceux qui accordent de
                                  l'importance à la confession. Les mahométans
                                  se sont contentés de conquérir les autres et
                                  d'en faire des sujets, exactement comme dans
                                  les temps anciens, où la confession n'avait
                                  pas d'importance non plus, parce qu'après
                                  tout, ce que l'on croyait n'avait aucune
                                  importance si l'on reconnaissait seulement le
                                  dieu. La manière dont le mahométisme s'est
                                  répandu est l'usage de la première phase de
                                  l'impérialisme.
 23
 Et quelque chose de la première phase de
                                  l'impérialisme - fortement teinté par la
                                  deuxième - a été conservé dans le despotisme
                                  russe, dans le tsarisme. Dans toute la manière
                                  dont le tsar a été pensé par ceux qui le
                                  reconnaissaient, il y a au moins dans l'état
                                  d'esprit quelque chose qui remonte à la
                                  première phase de l'impérialisme. C'est
                                  pourquoi, en Russie, il importait si peu que
                                  ce qui était dans la conscience de la
                                  population russe elle-même et ce qui émanait
                                  du tsarisme se rejoignent, car la domination
                                  du tsarisme reposait en fait sur l'élément
                                  germanique et mongol, et non sur l'élément de
                                  la paysannerie russe proprement dite. C'est
                                  ainsi que sont restés les vestiges des temps
                                  anciens. On peut également voir, sur des
                                  périodes plus courtes, comment les restes des
                                  époques précédentes sont restés.
 24
 Maintenant, la troisième forme d'impérialisme.
                                  Elle n'est formulée que depuis le 20e siècle,
                                  depuis que Chamberlain et ses collaborateurs
                                  ont créé le concept de "fédération impériale"
                                  ; mais les causes remontent plus loin, jusqu'à
                                  la deuxième moitié du 17e siècle. C'est à la
                                  fin du XVIIe siècle que s'est produit en
                                  Angleterre ce grand bouleversement par lequel
                                  la royauté, ce qui était autrefois Dieu, puis
                                  l'Oint, est devenu pour toutes les régions
                                  occidentales où se trouve une population
                                  anglo-américaine, une simple existence de
                                  l'ombre, une simple décoration, on ne peut pas
                                  dire, mais quelque chose de simplement toléré,
                                  alors qu'en fait, depuis le XVIIe siècle, ce
                                  qui est voulu publiquement se transmet à toute
                                  la population, certes d'abord par couches de
                                  classes, mais à toute la population.
 25
 Or, la population anglo-américaine pose
                                  d'autres conditions préalables à cette,
                                  disons, volonté populaire, au système
                                  électoral issu du peuple, que par exemple la
                                  population française, la population romane, et
                                  en général la population latine. La population
                                  latine, en particulier la population
                                  française, a certes connu la révolution au
                                  XVIIIe siècle ; mais sous l'influence de ce
                                  que je vous ai décrit il y a quelques heures,
                                  le peuple français est aujourd'hui, en tant
                                  que peuple, plus royal que tout autre. On
                                  n'est pas royal uniquement parce qu'il y a un
                                  roi à la tête. Certes, un humain ne peut pas
                                  bien se promener si on lui a coupé la tête ;
                                  mais le peuple français est royal,
                                  impérialiste, sans avoir de roi. Ce qui
                                  compte, c'est l'état d'âme. Ce sentiment
                                  compact d'être un, toute cette conscience
                                  populaire, c'est en fait un reste très réel de
                                  la conscience de Louis XIV.
 26
 Mais la population anglophone a posé d'autres
                                  conditions préalables à ce qu'on pourrait
                                  appeler la volonté du peuple. Et c'est là que
                                  s'est développée peu à peu la troisième forme
                                  d'impérialisme, qui n'a été formulée que par
                                  Chamberlain et d'autres, et qui est devenue
                                  l'émanation de ce qui est sorti des humains
                                  élus des parlements. Mais nous voulons
                                  aujourd'hui l'examiner du point de vue de
                                  l'âme, ce troisième impérialisme.
 27
 Le premier impérialisme avait des réalités :
                                  un humain était le dieu pour la conscience des
                                  autres humains. Ses paladins étaient des dieux
                                  qui l'entouraient, des sous-dieux. Deuxième
                                  forme d'impérialisme : ce qui était sur la
                                  Terre était un signe, un symbole. Le dieu
                                  n'agissait qu'à l'intérieur des humains.
                                  Troisième forme d'impérialisme : ce qui émane
                                  d'abord des âmes ici sur Terre se dépouille
                                  aussi de son caractère de symbole, de signe.
                                  De même qu'il est passé de la réalité au
                                  signe, au symbole, de même il passe du signe,
                                  du symbole à la phrase/au phrasé. Tableau 16
 28
 Ceci est présenté sans aucune excitation de
                                  l'âme tranquille, donc sine ira, mais de
                                  manière purement objective le fait, à partir
                                  de la nécessité du devenir terrestre. Depuis
                                  le XVIIe siècle, ce qui se passe dans la vie
                                  publique de la population anglo-américaine, ce
                                  dont on parle, ce que l'on fabrique dans les
                                  livres de lois, c'est vraiment la volonté du
                                  peuple, certes, stratifiée par classes - nous
                                  en viendrons peut-être à la caractérisation
                                  demain ou après-demain - mais c'est de la
                                  phrase, il n'y a même pas entre ce qui est dit
                                  et la réalité un rapport tel qu'entre le
                                  symbolum et la réalité. C'est ainsi que cela
                                  se passe ; selon l'âme, cela se passe ainsi :
                                  des réalités aux symboles et ensuite à la
                                  phrase, à ce qui est une parole pressée, vidée
                                  de son contenu. Et ce qui se passe sous la
                                  parole pressée et vidée, ce sont d'abord les
                                  réalités. Personne ne s'imagine qu'elles sont
                                  divines, du moins pas là où elles ont leur
                                  origine.
 29
 Car imaginons un instant le fondement de cet
                                  impérialisme qui a pour élément dominant la
                                  phrase : dans les premiers impérialismes les
                                  rois, dans les seconds impérialismes les
                                  oints, maintenant la phrase. Il va de soi que
                                  les décisions majoritaires ne deviennent rien
                                  de réel, mais une phrase dominante. Et les
                                  réalités flottent en dessous et ne sont
                                  absolument pas considérées comme quelque chose
                                  de divin. Car prenons une base importante pour
                                  ce qui s'est déroulé comme réalités : la
                                  colonisation. La colonisation joue un rôle
                                  important dans la formation de ce troisième
                                  impérialisme. Pour le système de colonisation,
                                  l'extension de l'empire sur les colonies, la
                                  "Fédération impériale" est la forme, le type
                                  particulier de regroupement. Mais comment ces
                                  colonies se rattachent-elles initialement à
                                  l'empire ? Pensez aux cas réels : des
                                  aventuriers dont on ne peut pas vraiment se
                                  servir dans l'Empire, qui sont un peu en
                                  haillons, partent ensuite dans les colonies,
                                  s'enrichissent, utilisent ensuite leur
                                  richesse dans leur patrie, mais ne sont pas
                                  pour autant des gens respectés, ce sont
                                  toujours des aventuriers, des bohémiens. C'est
                                  ainsi que se constitue l'empire colonial.
                                  C'est la réalité qui existe sous le phrasé.
                                  Mais il reste des vestiges. De même qu'il
                                  reste des symboles et des phrases comme restes
                                  des réalités originelles, ou des couronnes
                                  princières symboliques ou des tsarismes, de
                                  même il reste des entreprises d'aventuriers
                                  des colons un peu mal famés considérés, les
                                  réalités qu'on a maintenant. N'est-ce pas,
                                  l'un s'est, disons, "approprié" cela ; le
                                  fils, oui, il n'est déjà plus si mal famé, il
                                  sent déjà meilleur. Le petit-fils, lui, sent
                                  encore meilleur, et puis, n'est-ce pas, vient
                                  un temps où tout sent déjà bon. C'est alors
                                  que la phrase peut s'emparer de ce qui
                                  commence déjà à sentir très bon. La phrase
                                  s'identifie alors à la vraie réalité. C'est là
                                  que l'État déploie ses ailes, c'est là que
                                  l'État devient le protecteur, et c'est là que
                                  tout se fait honnêtement.
 30
 Il est nécessaire de prendre les choses par -
                                  on ne peut peut-être pas dire leur vrai nom,
                                  car les noms désignent très rarement les
                                  réalités - mais leur vrai bout. C'est
                                  nécessaire, car ce n'est qu'ainsi que l'on
                                  parvient à comprendre les tâches que l'époque
                                  actuelle impose aux humains et les
                                  responsabilités que l'époque actuelle impose
                                  aux humains. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra
                                  comprendre quelle est la fable convenue de ce
                                  que l'on appelle l'histoire, c'est-à-dire
                                  l'histoire transmise dans les écoles et les
                                  universités. Cette histoire n'appelle vraiment
                                  pas les choses par leur nom correct, au
                                  contraire, elle fait en sorte que de proche en
                                  proche les noms valent pour le non correct.
 31
 C'est quelque chose de très grave, n'est-ce
                                  pas, ce que je viens de décrire. Mais vous
                                  voyez, il s'agit maintenant d'orienter
                                  justement un peu ses sentiments, ses émotions
                                  vers les responsabilités. Considérons
                                  maintenant l'autre côté. Considérons un ancien
                                  empire. Celui-ci était réel, terrestre et réel
                                  dans la représentation ; le prêtre-roi était
                                  issu des mystères. Le second n'était plus
                                  terrestrement réel, mais le second était
                                  symbolique. Il y a loin entre ce que, dans
                                  l'ancien empire oriental, les dirigeants et
                                  leurs paladins portaient comme ornements
                                  divins et ce que l'on mettait ensuite sur le
                                  dos des gens comme "aigle rouge ou noir" de
                                  troisième, deuxième ou première qualité. Mais
                                  c'est pourtant là l'évolution historique. On
                                  est passé de la réalité au néant pour ce qui
                                  n'était finalement même pas un signe, mais au
                                  fond seulement l'expression pour une phrase.
                                  N'est-ce pas, finalement, même dans les
                                  apparences, le système général du phrasé, qui
                                  s'est répandu de l'Occident au reste du monde,
                                  a pénétré dans les affaires publiques. J'ai
                                  même rencontré des conseillers de cour
                                  titulaires ! Les conseillers de la Cour
                                  n'avaient déjà pas grand-chose à conseiller -
                                  en tout cas, ils n'avaient pas grand-chose à
                                  conseiller -, mais les conseillers titulaires
                                  ! Ce n'était qu'une phrase qui a été collée
                                  sur un humain. Et pourtant, tout remonte à ces
                                  anciens usages dont j'ai parlé.
 32
 Dans la première phase dont j'ai parlé, nous
                                  avons pensé ce qui était extérieurement le
                                  royaume physique, le terrestre-réel, comme
                                  étant entièrement spirituel ; dans la deuxième
                                  phase, nous l'avons seulement imprégné de
                                  substance spirituelle. Et la troisième phase
                                  doit sortir de ce que je viens de vous
                                  décrire, du royaume de la phrase et de la
                                  réalité dont nous venons de parler. La
                                  troisième, celle qui doit se réaliser ici sur
                                  Terre, c'est le royaume de l'esprit.
 33
 Alors que dans la première phase, la réalité
                                  physique était conçue comme spirituelle, dans
                                  l'avenir, la réalité physique ne doit pas être
                                  conçue comme spirituelle, mais le spirituel
                                  doit être présent ici dans le monde physique.
                                  Cela signifie qu'à côté de la réalité physique
                                  doit vivre la réalité spirituelle. L'humain
                                  doit se promener ici, au sein de la réalité
                                  physique, et reconnaître une réalité
                                  spirituelle, il doit parler de quelque chose
                                  de réel, de suprasensible, d'invisible, mais
                                  qui est là, qui doit être fondé parmi nous.
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 J'ai parlé de quelque chose de très grave, de
                                  la phrase. Mais si le monde extérieur n'était
                                  pas devenu si phrasé, il n'y aurait pas de
                                  place pour l'intrusion d'un royaume spirituel.
                                  C'est précisément parce que tout ce qui est
                                  ancien n'est finalement plus qu'une phrase que
                                  se crée l'espace vide dans lequel doit
                                  pénétrer le royaume de l'esprit. C'est
                                  précisément en Occident, dans le monde
                                  anglo-américain, que l'humanité se dirige vers
                                  une situation où l'on continuera à parler,
                                  disons, dans les idiomes usuels, de toutes
                                  sortes de choses qui sont venues de temps
                                  immémoriaux. Comme je l'ai dit, cela va rouler
                                  comme une balle roule. Dans les mots, cela va
                                  rouler. Vous trouverez d'innombrables
                                  formules, en particulier en Occident, qui ont
                                  perdu toute signification, mais qui sont
                                  utilisées. Mais ce n'est pas seulement dans
                                  ces formules, mais dans tout ce que l'on
                                  désigne par des mots anciens, que vit ce qui
                                  est en fait une phrase, dans laquelle il n'y a
                                  pas de réalité, d'où la réalité est extirpée.
                                  Il y a alors de la place pour que le
                                  spirituel, quelque chose qui ne correspond à
                                  rien d'ancien, prenne place. L'ancien devait
                                  d'abord devenir une phrase ; il faut rejeter
                                  tout ce qui continue à se heurter au langage,
                                  et il faut y introduire quelque chose de
                                  complètement nouveau, qui ne peut se répandre
                                  que comme monde spirituel.
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 Alors seulement, il pourra y avoir un royaume
                                  de Christ sur la Terre (ndt depuis un moment
                                  est question de royaume, selon l'usage
                                  français pour le contexte, mais le mot
                                  allemand "Reich" vaut aussi bien pour empire
                                  que pour royaume). Car dans ce royaume, il
                                  doit y avoir une réalité : "Mon royaume n'est
                                  pas de ce monde". Dans le royaume de ce monde,
                                  dans lequel s'est d'abord étendu le royaume du
                                  Christ, il y avait encore beaucoup de choses
                                  de ce monde qui n'étaient pas devenues des
                                  phrases. Mais dans le monde occidental, tout
                                  ce qui vient des temps anciens sera prédestiné
                                  à devenir une phrase. Oui, en Occident, dans
                                  le monde anglo-américain, tout ce qui est
                                  tradition humaine deviendra une phrase. C'est
                                  pour cela qu'il est de notre responsabilité de
                                  mettre dans le récipient vide un esprit dont
                                  on puisse dire qu'il n'existe pas : ce royaume
                                  n'est pas de ce monde ! - C'est la grande
                                  responsabilité.
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 Ce qui compte, ce n'est pas la manière dont
                                  une chose est née, mais ce que l'on fait
                                  ensuite avec ce qui est ainsi né. Et c'est
                                  ainsi que se présente le contexte.
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 Nous aurons à parler demain de la manière dont
                                  ces liens peuvent se réaliser, car sous la
                                  surface, dans les pays occidentaux, les
                                  sociétés secrètes sont très efficaces, et
                                  elles poussent traditionnellement la deuxième
                                  phase de l'impérialisme dans la troisième. Car
                                  dans la population anglo-américaine, vous avez
                                  mélangé deux impérialismes, l'impérialisme
                                  économique d'un Chamberlain et l'impérialisme
                                  symbolique des sociétés secrètes, qui est très
                                  efficace, mais qui est absolument tenu secret
                                  devant la grande population.
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