triarticulation

Institut pour une triarticulation sociale
(contenu spécifique au site français)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch English Dutch Skandinavisk Français Italiano Español Português (Brasileiro) Russisch
Recherche
 contact   BLOG  impressum 
Collection:

GA196 - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - CHANGEMENTS SPIRITUELS ET SOCIAUX DANS L'ÉVOLUTION HUMAINE




ONZIÈME CONFÉRENCE
Dornach, le 7 février 1920
La saisie de réalités spirituelles pour la vie pratique grâce à la science de l’esprit
ELFTER VORTRAG
Dornach, 7. Februar 1920
Das Ergreifen geistiger Wirklichkeiten für das praktische Leben durch die Geisteswissenschaft

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 196 167-179  1992 07/02/1920



Original





Traducteur: FG v.01 31/07/2022 Editeur: SITE

Aujourd'hui, je vais à nouveau insérer une sorte d'épisode dans nos réflexions, qui nous servira à poursuivre le thème proprement dit demain. Pour pouvoir vous parler de certaines choses, je vais être obligé d'utiliser aujourd'hui une forme de présentation un peu plus aphoristique. Nous avons en effet extrait les symptômes et les phénomènes les plus divers de l'actualité, afin de reconnaître comment cette actualité guide l'humanité vers une saisie des réalités spirituelles. Et ce fut non-effort de rendre clair que cette saisie des réalités spirituelles ne pouvait pas se limiter à ce que l'humain, dans une certaine mesure, ne saisisse le monde spirituel à l'avenir que pour en tirer quelque chose, j'aimerais dire pour ses heures du dimanche. Ce fut tout de suite ce qui a été pernicieux dans la civilisation qui s'est développée au cours des derniers siècles, que la vie de l'esprit soit devenue peu à peu quelque chose de si détaché/retiré, de si abstrait. À la question que j'ai posée lors d'une conférence publique à Bâle il y a quelque temps : Quel est le lien entre la vision du monde, la vision sur le spirituel ou aussi sur le non-spirituel qu'a un fonctionnaire, un avocat, un fabricant, un commerçant, et ce qu'il fait/propulse au quotidien ? — On peut dire qu'il ne coule des pensées qu'il a comme vision du monde, rien qui entre dans ses affaires professionnelles et de tous les jours, je pense, dans la conduite de celles-ci. On est d'un côté un humain de la vie pratique extérieure, et à côté on a une vision du monde purement abstraite, qu'elle soit plus ou moins religieuse, plus ou moins teintée de science. C'est donc devenu un usus courant au cours des derniers siècles et a atteint son apogée à notre époque si enceinte de malheur. Et ce qui repose à la base de tout cela s'exprime dans une autre circonstance, à vrai dire encore plus fatale, à savoir que des humains qui ont la bonne volonté d'acquérir une vision spirituelle du monde, intègrent dans le contenu de cette vision spirituelle du monde le fait que cette vision spirituelle du monde n'a rien à voir avec leur vie pratique. Car la vie pratique, c'est le réel, c'est ce à quoi on se consacre extérieurement, la spiritualité, on l'a pour le dimanche, on l'a retirée de la vie, et la vie n'est pas digne d'accueillir cette spiritualité. - Je me suis toujours efforcé de faire comprendre que la science de l'esprit d'orientation anthroposophique dont il est question ici veut certes s'élever dans les hauteurs les plus élevées de la vie spirituelle, mais qu'elle doit ensuite, par cette ascension dans les mondes spirituels, éduquer chez l'humain un type de pensée, un type de représentation qui le rend apte à s'engager habilement et pratiquement dans chaque branche de la vie quotidienne. On doit avoir pour ses affaires, pour la vie pratique quotidienne, quelque chose de ce que l'on s'élabore spirituellement aussi pour les mondes supérieurs.

01

Ich werde heute wiederum eine Art Episode einfügen in unsere Betrach­tungen, die uns dazu dienen wird, das eigentliche Thema morgen weiter­zuführen. Ich werde genötigt sein, um Ihnen gewisse Dinge erörtern zu können, heute eine etwas aphoristischere Art der Darstellung zu ver­wenden. Wir haben ja die mannigfaltigsten Symptome und Erschei­nungen aus dem Zeitgeschehen herausgeholt, um zu erkennen, wie dieses Zeitgeschehen die Menschheit hinleitet zu einem Ergreifen geistiger Wirklichkeiten. Und es war mein Bestreben, klarzumachen, daß es bei dieser Ergreifung geistiger Wirklichkeiten sich nicht bloß darum han­deln kann, daß der Mensch gewissermaßen auch in der Zukunft die gei­stige Welt nur ergreife, um an ihr etwas zu haben, ich möchte sagen, für seine Sonntagsstunden. Das war ja gerade das Verderbliche in der Zivilisation, die sich in den letzten Jahrhunderten herausgebildet hat, daß das Geistesleben allmählich etwas so Abgezogenes, Abstraktes ge­worden ist. Auf die Frage, die ich in einem öffentlichen Vortrage in Basel vor einiger Zeit gestellt habe: Was verbindet die Weltanschauung, die Anschauung über das Geistige oder auch über das Ungeistige, die jemand hat, der Beamter, Rechtsanwalt, Fabrikant, Kaufmann ist, mit dem, was einer alltäglich treibt ? -- kann man sagen: Es fließt von den Gedan­ken, die er als Weltanschauung hat, nichts in seine beruflichen und all­täglichen Angelegenheiten, ich meine in die Führung derselben hinein. Man ist auf der einen Seite ein Mensch des äußeren praktischen Lebens, und daneben hat man eine rein abstrakte Weltanschauung, sei sie mehr oder weniger religiös, sei sie mehr oder weniger wissenschaftlich gefärbt. Das ist ja Usus geworden im Laufe der letzten Jahrhunderte und zu einem Höhepunkt gelangt in unserer so unheilschwangeren Zeit. Und was da zugrunde liegt, drückt sich aus in einem andern, eigentlich noch fataleren Umstande, daß Menschen, die den guten Willen haben, sich eine geistige Weltanschauung anzueignen, geradezu in den Inhalt dieser geistigen Weltanschauung aufnehmen, daß diese geistige Welt­anschauung nichts zu tun habe mit ihrem praktischen Leben. Denn das praktische Leben, das ist das Reale, das ist dasjenige, dem man sich äußerlich widmet, die Geistigkeit hat man für den Sonntag, man hat sie abgezogen vom Leben, und das Leben ist nicht würdig, diese Geistigkeit aufzunehmen. — Ich habe mich immer bemüht, klarzumachen, daß ge­rade die hier gemeinte anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft zwar in die höchsten Höhen des geistigen Lebens hinaufsteigen will, aber dann in dem Menschen durch dieses Hinaufsteigen in die geistigen Welten eine Art des Denkens, eine Art des Vorstellens heranerziehen soll, welche ihn geeignet macht, geschickt, praktisch in jeden Zweig des alltäglichen Lebens sich hineinzustellen. Man soll für sein Geschäft, für das tägliche praktische Leben etwas haben von dem, was man sich geistig auch für die höheren Welten erarbeitet.

Ce travail pour les mondes spirituels doit être tel qu'il ne nous amène pas à dire : ce monde spirituel, c'est l'au-delà, il ne doit pas du tout être touché par le grossier quotidien ; le grossier quotidien est là à part, on le méprise, le monde spirituel est le haut, le sublime. - Au cours des années passées, j'ai souvent attiré l'attention sur ces choses et j'ai dit qu'au fil des années, plus d'un humain est venu me voir et m'a dit : "Ah, j'ai une profession si prosaïque, je voudrais quitter cette profession prosaïque et me consacrer à quelque chose de plus idéal. - C'est la pire des maximes que l'on puisse avoir dans la vie. Celui qui, par son destin, par son karma, est fonctionnaire de la poste et un fonctionnaire ordinaire, sert certainement plus le monde - je l'ai souvent dit - s'il remplit sa profession correctement, que s'il est un mauvais poète ou même un mauvais journaliste ou quelque chose de ce genre, dont on a parfois envie. Il s'agit seulement, lorsque l'on s'approche du spirituel, d'accueillir ce spirituel dans son esprit de telle sorte qu'il ne rende pas maladroit, mais habile pour la vie extérieure.

02

Dieses Arbeiten für die geistigen Welten soll so sein, daß es einen nicht dazu verführt, zu sagen: Diese geistige Welt, das ist das Jenseitige, das darf gar nicht berührt werden von dem groben Alltäglichen; das grobe Alltägliche ist gesondert da, das verachtet man, die geistige Welt ist das Hohe, das Erhabene. — Ich habe in früheren Jahren oftmals und sehr scharf auf diese Dinge hingedeutet und habe ausgesprochen, daß ja wirklich im Laufe der Jahre mancher Mensch zu mir gekommen ist und mir sagte: Ach, ich habe einen so prosaischen Beruf, ich möchte diesen prosaischen Beruf verlassen und mich Idealerem widmen. — Das ist die schlechteste Maxime, die man im Leben haben kann. Wer durch sein Schicksal, durch sein Karma Postbeamter ist und ein ordentlicher Postbeamter ist, der dient — so sagte ich oftmals — gewiß, wenn er seinen Beruf ordentlich ausfüllt, der Welt mehr, als wenn er ein schlechter Dichter ist oder gar ein schlechter Journalist oder dergleichen, wonach es einen manchmal gelüstet. Es handelt sich nur darum, wenn man dem Geistigen sich nähert, dieses Geistige so in sein Gemüt aufzunehmen, daß es einen nicht ungeschickt, sondern geschickt macht für das äußere Leben.

C'est parce que cette maxime a disparu de la vie depuis le XVe siècle et que la vie s'est en quelque sorte divisée en deux courants, la vie pratique extérieure, méprisée par les idéalistes et les mystiques, et la vie mystique, religieuse, idéaliste, considérée par les praticiens comme quelque peu exaltée et rêveuse, que nous nous trouvons aujourd'hui dans l'impasse de la vie qui vous a été décrite hier. C'est la raison profonde pour laquelle nous nous trouvons dans cette impasse. C'est ainsi que, d'un côté, dans la vie pratique, chaque individu se trouve dans un petit cercle, comme je l'ai dit hier, travaillant sans vue d'ensemble et sans participation chaleureuse à l'ensemble, et que, de l'autre côté, si l'on est suffisamment idéaliste pour se consacrer à une vision spirituelle du monde, on veut alors avoir cette vision spirituelle du monde de telle sorte que l'on ne soit pas éduqué dans cette vision spirituelle du monde, par exemple pour la tenue pratique, disons d'un grand livre comptable ou d'un journal comptable. Il y a des gens qui considèrent comme un avantage le fait que quelqu'un ne comprenne pas et ne puisse pas du tout comprendre comment on tient un journal ou un livre de caisse. C'est le grand dommage qui s'est progressivement implanté/naturalisé au cours des derniers siècles.

03

Weil diese Maxime verschwunden ist aus dem Leben seit dem 15. Jahr­hundert und gewissermaßen das Leben sich in diese zwei Strömungen gespalten hat, in das von Idealisten und Mystikern verachtete äußere praktische Leben und in das von Praktikern als etwas schwärmerisch-träumerisch angesehene mystische, religiöse, idealistische Leben, stehen wir heute in der Ihnen gestern geschilderten Sackgasse des Lebens dar­innen. Das ist der tiefere Grund, warum wir in dieser Sackgasse dar­innenstecken. Dadurch ist es gekommen, daß auf der einen Seite im praktischen Leben jeder einzelne dasteht in einem kleinen Kreise, wie ich gestern gesagt habe, arbeitend ohne Übersicht und auch ohne herzliche Anteilnahme an dem Ganzen, und wiederum, wenn man idealistisch genug dazu ist, sich einer geistigen Weltanschauung zu widmen, man dann diese geistige Weltanschauung so haben will, daß man in dieser geistigen Weltanschauung ja nicht erzogen wird zum Beispiel zur prak­tischen Führung, sagen wir eines ordentlichen Hauptbuches oder eines ordentlichen Journals. Es gibt Leute, die sehen es geradezu als einen Vorzug an, wenn jemand nicht versteht und gar nicht begreifen kann, wie man ein Journal oder ein Kassabuch führt. Das ist der große Scha­den, welcher sich durch die letzten Jahrhunderte allmählich immer mehr und mehr eingebürgert hat.

Ce n'est pas un avantage de ne pas savoir comment on conduit un grand livre ou un livre de caisse, et il n'est aucune bénédiction pour l'humanité s'il y a autant de personnes que possible qui veulent être des idéalistes, en ne comprenant rien de toute la pratique et veulent seulement s'adonner à des considérations spirituelles. La seule chose saine dans la vie, c'est quand ces deux maximes se confondent dans la vie de telle sorte que l'une porte l'autre. Mais ce qui, dans les plus petits cercles, est progressivement apparu de plus en plus comme une atteinte à la vie au cours des derniers siècles, s'exprime aussi dans les grandes affaires de la vie, dans la mesure où personne, vraiment, on peut dire personne, à part quelques humains qui ont rendu les choses très peu pratiques, ne s'en est préoccupé : Comment peut-on faire quelque chose de vraiment sain à partir de ces entités qui sont dépassées - je vous les ai caractérisées hier, à quoi elles ressemblent sur la carte - qu'on appelait avant la guerre, jusqu'en 1914, les États de la terre ? - Oui, aujourd'hui, même avec les épreuves des quatre ou cinq dernières années, on n'est malheureusement pas encore assez avancé pour réfléchir à ces choses de manière saine. Prenez seulement ceci. Lorsque l'on aura la tête froide pour examiner les causes lointaines de la terrible catastrophe de ces quatre ans et demi ou cinq dernières années, on découvrira que ces causes résident entre l'Europe centrale et les régions occidentales, y compris l'Amérique, dans des rapports industriels et commerciaux, dans ces rapports industriels et commerciaux qui sont depuis longtemps entrés en contradiction avec les frontières nationales. Les structures étatiques qui se sont formées à partir de conditions tout à fait différentes et qui sont une dépendance des conditions médiévales, ces conditions étatiques ont été utilisées artificiellement comme cadre pour ce qui n'est qu'intérêts commerciaux et industriels. Ils n'étaient pas du tout adaptés à cela, mais ils ont pu être utilisés à cet effet. Et aujourd'hui, on le remarque si peu qu'un mouvement social-démocrate, certes sans espoir à long terme, mais extraordinairement dérangeant à court terme, ne fait pas autrement. Nous voyons aujourd'hui apparaître partout des théories socialistes, même jusque dans les mondes asiatiques, qui deviennent particulièrement radicales. Ces théories socialistes veulent former quelque chose de pratique. Avant la guerre, elles voulaient utiliser les cadres des anciens États, maintenant elles veulent utiliser les cadres de ce qui s'est formé à partir de la catastrophe de la guerre, donc disons que la Russie telle qu'elle s'est formée à partir de la guerre, doit être utilisée comme cadre pour les théories bolcheviques. Si l'on peut penser conformément à la réalité, on ne peut rien imaginer de plus absurde que ce qui est tenté. Il n'y a pas de plus grande absurdité que cette structure qui est d'abord née de forces purement médiévales, combinées ensuite avec les résultats contre nature qui sont apparus de plus en plus dans la guerre qui a abouti à la paix de Versailles, c'est-à-dire à la discorde. Le fait que cette entité à l'est de l'Europe doive maintenant accueillir les fantaisies de Lénine et de Trotsky est un non-sens à long terme, un tumulte à court terme, qui doit retarder énormément le développement sain de l'humanité en Europe. C'est ce qui se donne quand on a un sens pour la réalité.

04

Es ist kein Vorzug, keinen Dunst zu haben von der Art und Weise, wie man Hauptbücher, Kassenbücher führt, und es ist kein Segen für die Menschheit, wenn es möglichst viele Personen gibt, die Idealisten sein wollen, indem sie von allem Praktischen nichts verstehen und nur sich geistigen Betrachtungen hingeben wollen. Das einzig Gesunde im Leben ist, wenn diese beiden Maximen im Leben so durcheinandergehen, daß das eine das andere trägt. Aber dasjenige, was im kleinsten Kreise all­mählich immer mehr und mehr als ein Lebensschaden in den letzten Jahrhunderten zum Vorschein gekommen ist, es spricht sich auch aus in den großen Angelegenheiten des Lebens insofern, als niemand eigent­lich, wirklich, man kann sagen, niemand außer einigen Menschen, die es recht unpraktisch gemacht haben, sich darum bekümmert hat: Wie kann eigentlich aus den Gebilden, die veraltet sind — ich habe es Ihnen gestern charakterisiert, wie sie auf der Landkarte ausschauen —, die man vor dem Kriege, bis 1914, als die Staaten der Erde bezeichnet hat, etwas wirklich Gesundes entstehen ? — Ja, man ist heute selbst durch die Prü­fungen der letzten vier bis fünf Jahre leider noch nicht weit genug, über diese Dinge in gesunder Art nachzudenken. Nehmen Sie nur das eine. Wenn man einmal kühlen Kopf dafür haben wird, die ferneren Ur­sachen der furchtbaren Katastrophe der letzten viereinhalb oder fünf Jahre zu betrachten, so wird man finden, wie diese Ursachen zwischen Mitteleuropa und den westlichen Gegenden, auch Amerikas, in indu­striell-kommerziellen Verhältnissen liegen, in jenen industriell-kom­merziellen Verhältnissen, die längst in Widerspruch gekommen sind mit den Staatsgrenzen. Die Staatsgebilde, die aus ganz andern Verhält­nissen heraus sich gebildet haben und die eine Dependenz mittelalter­licher Verhältnisse sind, diese Staatsverhältnisse haben sich künstlich als Rahmen gebrauchen lassen für das, was nur kommerzielle und in­dustrielle Interessen sind. Sie taugten gar nicht dazu, aber sie ließen sich dazu gebrauchen. Und heute bemerkt man das so wenig, daß eine, aller­dings für längere Zeiten aussichtslose, aber für kürzere Zeiten außer­ordentlich störende sozialdemokratische Bewegung es auch nicht anders macht. Wir erleben es heute, daß überall sozialistische Theorien auf­tauchen, sogar bis in die Welten Asiens hinüber, die ganz besonders radikal werden. Diese sozialistischen Theorien wollen etwas Praktisches formen. Vor dem Kriege haben sie die Rahmen der alten Staaten be­nützen wollen, jetzt wollen sie die Rahmen desjenigen benützen, was sich aus der Kriegskatastrophe herausgebildet hat, also sagen wir Ruß­land, wie es sich aus dem Kriege herausgebildet hat, soll als ein Rahmen benutzt werden für bolschewistische Theorien. Man kann sich, wenn man der Wirklichkeit gemäß denken kann, nichts Unsinnigeres denken, als daß dies versucht wird. Es gibt keinen größeren Nonsens als dieses Gebilde, das zunächst entstanden ist aus rein mittelalterlichen Kräften heraus, kombiniert dann mit den unnatürlichen Ergebnissen, die immer mehr in dem bis zum Versailler Frieden, das heißt, Unfrieden gekom­menen Krieg entstanden sind. Daß dieses Gebilde im Osten von Europa nun die Phantasien von Lenin und Trotzkij aufnehmen soll, ist für die Dauer ein Unsinn, für eine kurze Zeit ein Tumult, der ungeheuer die gesunde Entwickelung der Menschheit Europas aufhalten muß. Das ergibt sich, wenn man Sinn für Wirklichkeit hat.

Mais ce sens des réalités, on aimerait dire qu'il manque aujourd'hui à tout le jugement public de l'humanité. Tout le jugement public de l'humanité n'est pas formé à partir d'un sens des réalités, mais en fait à partir d'abstractions, de théories abstraites. Et si une fois survient quelque chose qui n'est pas une théorie abstraite, comme la triarticulation, quelque chose qui est tiré/saisi de la vie et que l'on doit résumer brièvement, parce que l'on ne peut pas écrire tout de suite trente volumes que les gens ne liraient pas non plus, on ne reconnaît pas l'esprit de réalité, mais on considère, parce que l'on est aujourd'hui complètement rempli de théories, que c'est encore plus une théorie. On n'a plus du tout le sens de ce qui est tiré de la réalité, parce qu'on s'est complètement aliéné la réalité.

05

Aber dieser Sinn für Wirklichkeiten, der fehlt eben heute, man möchte sagen, dem ganzen öffentlichen Urteil der Menschheit. Das ganze öffent­liche Urteil der Menschheit wird nicht aus einem Sinn für Wirklichkei­ten heraus gebildet, sondern eigentlich aus Abstraktionen, aus abstrak­ten Theorien. Und wenn einmal etwas auftritt, was nicht aus abstrakten Theorien ist, wie die Dreigliederung, etwas, was aus dem Leben heraus­gegriffen ist und was man, weil man nicht gleich dreißig Bände schreiben kann, welche die Leute auch nicht lesen würden, kurz zusammenfassen muß, so erkennt man daran den Wirklichkeitsgeist nicht, sondern hält, weil man heute ganz angefüllt ist von Theorien, das erst recht für eine Theorie. Man hat gar nicht mehr Sinn für das, was der Wirklichkeit entnommen ist, weil man ganz und gar sich der Wirklichkeit entfrem­det hat.

Il doit intervenir que les gens puissent aujourd'hui devenir pratiques au sens le plus éminent, et cependant pouvoir regarder vers le haut, vers le monde spirituel. Car ce n'est qu'ainsi que l'âme tranquille humaine se développera sainement dans l'avenir, que ces deux éléments pourront coexister dans l'âme tranquille humaine. Lorsque viendra le temps où ne vaudra plus pour un fou celui qui dira : En Orient, de l'autre côté, vivent des âmes qui, en raison des conditions historiques particulières de l'Asie, se sont développées de telle sorte qu'elles n'ont aujourd'hui que peu de sens pour le monde extérieur et qu'elles ont donc naturellement pu facilement devenir la proie des Européens attachés au seul monde matériel, mais qu'elles ont pu conserver leur vision vers en haut dans le monde spirituel, alors on verra que nous avons de telles âmes en Orient. Je vous ai souvent cité un représentant particulièrement important en la personne de Rabindranath Tagore. Mais ce Rabindranath Tagore, qui n'est même pas un initié, mais simplement un intellectuel de l'Asie, a en lui, je dirais, tout l'esprit de l'Asie, et vous pouvez tirer de son recueil de conférences "Nationalisme" beaucoup de choses sur cet actif esprit de l'Asie.

06

Das muß eintreten, daß die Leute im eminentesten Sinne heute prak­tisch werden können und dennoch hinaufschauen können zur geistigen Welt. Denn nur dadurch wird sich das Menschengemüt gesund in die Zukunft hineinentwickeln, daß diese beiden Elemente im Menschen­gemüt nebeneinandergehen können. Wenn die Zeit kommen wird, wo derjenige nicht mehr als ein Narr gelten wird, der sagt: Im Osten drüben leben Seelen, welche sich durch besondere historische Verhältnisse Asiens so entwickelt haben, daß sie heute wenig Sinn haben für die äußere Welt und dadurch selbstverständlich auch leicht die Beute der an der bloßen materiellen Welt hängenden Europäer werden konnten, daß sie aber sich bewahren konnten die Aufschau in die geistige Welt —, dann wird man sehen, im Orient haben wir solche Seelen. Ein besonders wich­tiger Repräsentant ist Ihnen ja von mir oft in der Person des Rabin­dranath Tagore genannt worden. Aber dieser Rabindranath Tagore, der nicht einmal ein Eingeweihter, sondern bloß ein Intellektueller Asiens ist, hat in sich, ich möchte sagen, den ganzen Geist Asiens, und Sie können aus seiner Vortragssammlung «Nationalismus» vieles über die­sen strebenden Geist Asiens entnehmen.

À ces âmes qui sont là-bas manque cependant chacune relation intérieure avec ce qui a été fait/mut en Europe et en Amérique en ce qui concerne la vie extérieure. Je rappelle encore une fois quelque chose que j'ai déjà exprimé devant vous. Ce sont d'abord les derniers siècles qui nous ont apporté ce que l'on peut appeler une culture purement mécaniste. Aujourd'hui encore, vous trouvez dans les livres de géographie que la Terre entière est peuplée d'environ quinze cents millions d'êtres humains. Mais ce n'est pas vrai si l'on tient compte du travail effectué sur la Terre. Si, disons, un habitant de Mars descendait un jour sur la Terre et qu'il évaluait la population terrestre en termes de nombre, il demanderait d'abord : combien travaille un humain sur la Terre, compte tenu de la force de travail qu'il peut utiliser ? - et ensuite il demanderait : Combien travaille-t-on au total ? - Si nous prenons les chiffres qui existaient avant la guerre, on peut difficilement utiliser les chiffres actuels, ils ne sont d'ailleurs pas encore disponibles, alors si l'on notait combien d'humains travaillent sur la Terre, on n'obtiendrait pas quinze cents millions, mais deux mille millions ou même deux mille deux cents millions d'humains comme population terrestre. Pourquoi ? Parce qu'en réalité, les machines fournissent sur Terre une quantité de travail telle qu'elle équivaut à environ sept cents millions de prestations humaines. Si les machines ne travaillaient pas et si ce que les machines fournissent devait être fourni par la main-d'œuvre humaine, il devrait y avoir sept cents millions d'habitants de plus sur la Terre. J'ai calculé cela à partir de la quantité de charbon utilisée sur la terre, en me basant sur un temps de travail quotidien de huit heures. Ce que j'ai dit est valable pour la consommation de charbon au début du XXe siècle et pour un temps de travail de huit heures, de sorte que l'on peut dire : d'après ce que l'on fait sur la Terre, il y a en fait deux mille deux cents millions de personnes sur la terre. - Mais ce qui est réalisé par des instruments de travail purement mécaniques est réalisé plus ou moins entièrement en Europe et en Amérique, et pas beaucoup en Asie aujourd'hui. Cela a commencé là-bas aussi, mais c'est encore assez embryonnaire, car l'Asiatique n'a pas encore le sens de cette mécanisation du monde, il lui manque totalement le sens de ce qui s'est développé en Occident depuis le siècle dernier ou même depuis le milieu du XVe siècle. Mais nous ne devons pas seulement penser au travail mécanique, nous devons aussi penser au fait que tout l'imaginaire des humains se tourne vers cette mécanisation du monde. Quelqu'un peut dire aujourd'hui : pour construire le tunnel du Gothard, il a fallu tant d'ouvriers. Mais aujourd'hui, on ne peut pas construire un tunnel au Gothard sans connaître le calcul différentiel et intégral, et cela vient de Leibniz, les Anglais disent de Newton ; nous ne voulons pas nous disputer à ce sujet. Le tunnel du Gothard ou le tunnel du Hauenstein n'auraient donc pas pu être construits dans les environs si Leibniz n'avait pas trouvé le calcul différentiel et intégral dans sa salle d'étude. Toute la pensée européenne depuis Copernic-Galilée va dans le sens de cette mécanisation du monde. Lisez Rabindranath Tagore et vous verrez à quel point il déteste cette mécanisation du monde.

07

Diese Seelen, die da drüben sind, denen fehlt aber jede innere Be­ziehung zu dem, was in Europa und in Amerika in bezug auf das äußere Leben getrieben worden ist. Ich erinnere noch einmal an etwas, das ich ja vor Ihnen schon ausgesprochen habe. Erst die letzten Jahrhunderte haben uns das gebracht, was man nennen kann die rein mechanistische Kultur. Sie finden heute noch in Geographiebüchern, daß die gesamte Erde bevölkert ist von etwa fünfzehnhundert Millionen Menschen. Das stimmt aber nicht, wenn man die Arbeit, die auf der Erde verrichtet wird, in Betracht zieht. Wenn, sagen wir, einmal ein Marsbewohner herunterkommen würde auf die Erde und er würde die Erdenbevölke­rung zahlenmäßig in der folgenden Weise beurteilen, daß er zuerst fra­gen würde: Wieviel arbeitet auf der Erde ein Mensch, wenn man Rück­sicht nimmt auf die Arbeitskraft, die er anwenden kann ? — und weiter fragen würde: Wieviel wird insgesamt gearbeitet ? — nehmen wir die Zahlen, die vor dem Kriege bestanden haben, die derzeitigen Zahlen kann man schlecht dazu gebrauchen, sie sind auch noch nicht da, dann würden, wenn man notieren würde, wieviel von Menschen auf der Erde geleistet wird, nicht fünfzehnhundert Millionen herauskommen, son­dern zweitausend Millionen oder sogar zweitausendzweihundert Mil­lionen Menschen als Erdenbevölkerung. Warum ? Weil tatsächlich auf der Erde von Maschinen so viel Arbeitsleistung geliefert wird, daß das etwa siebenhundert Millionen Menschenleistungen gleichkommt. Würden die Maschinen nicht arbeiten und würde das, was die Maschinen leisten, durch menschliche Arbeitskräfte geleistet werden sollen, so müßten siebenhundert Millionen Menschen mehr auf der Erde sein. Ich habe das ausgerechnet aus der Menge der auf der Erde verwendeten Kohlen und dabei zugrunde gelegt eine tägliche Arbeitszeit von acht Stunden. Was ich gesagt habe, gilt für den Kohlenverbrauch ungefähr im Beginne des 20. Jahrhunderts und für eine Arbeitszeit von acht Stunden, so daß man sagen kann: Nach dem, was auf der Erde geleistet wird, sind eigentlich zweitausendzweihundert Millionen Menschen auf der Erde. — Aber, was da von rein mechanischen Arbeitsinstrumenten geleistet wird, das wird mehr oder weniger ganz in Europa und Amerika geleistet, in Asien heute nicht viel davon. Es hat ja auch dort begonnen, aber es ist noch ziemlich im Anfang geblieben, denn der Asiate hat noch keinen Sinn für diese Mechanisierung der Welt, es fehlt ihm ganz und gar der Sinn für das, was im Abendlande aufgegangen ist seit dem letzten Jahrhundert oder auch seit der Mitte des 15. Jahrhunderts. Aber da dürfen wir nicht bloß daran denken, daß mechanische Arbeit geleistet wird, sondern wir müssen auch daran denken, daß das ganze Vorstellungswesen der Men­schen sich hinwendet nach dieser Mechanisierung der Welt. Es kann heute einer sagen: Um den Gotthardtunnel zu bauen, waren soundso viel Arbeiter nötig. Aber heute kann man nicht einen Gotthardtunnel bauen, ohne Differential- und Integralrechnung zu kennen, und die rührt von Leibniz her, die Engländer sagen von Newton; wir wollen uns darüber nicht streiten. Also würde der Gotthardtunnel oder der Hauensteintunnel hier in der Nähe nicht haben gebaut werden können, wenn nicht Leibniz einmal in seiner Studierstube die Differential- und Integralrechnung gefunden hätte. Das ganze Denken Europas seit Ko­pernikus-Galilei geht auf diese Mechanisierung der Welt hin. Lesen Sie einmal bei Rabindranath Tagore nach, wie sehr er diese Mechanisierung der Welt haßt.

Mais à quoi cela doit-il mener ? On peut le dire dans le miroir de la vision spirituelle du monde : toutes les âmes qui sont aujourd'hui incarnées en Orient, dans ce que nous appelons l'Orient, chercheront leur prochaine incarnation en Occident. Les Occidentaux chercheront davantage leur prochaine incarnation en Orient. Le centre devra former une médiation. - Mais dites quelque chose comme une exigence historico-culturelle, que tout le système éducatif et d'autres choses de ce genre doivent être conçu pour que cette vague d'âme qui se croise traverse la terre, dites quelque chose comme ça aux gens très intelligents de notre époque, prenons les plus intelligents, ceux qui sont choisis par les peuples pour entrer dans les parlements, et vous entendrez dire que vous êtes un imbécile, que c'est tout à fait fou ! Mais la reconnaissance de ces vérités doit saisir les humains de la même manière que, dans le passé, ce que l'on appelle aujourd'hui les vérités anthropologiques a saisi les humains ; le mélange des races, la répartition mutuelle des races, etc. Il faut commencer à considérer spirituellement tout ce qui, auparavant, n'était considéré que physiologiquement et extérieurement. Il y a de bons théosophes qui, dans les moments de fête de leur vie, pensent que l'humain vit des vies terrestres répétées ; c'est pour eux une profession de foi. Mais ce n'est pas tout. Si l'on croit simplement à la réincarnation et au karma en tant qu'article de foi, cela n'a pas plus de valeur que si l'on faisait une liste de linge. Ces choses n'acquièrent de la valeur que si on les intègre dans l'ensemble de la pensée sur le monde et aussi dans l'action, dans l'ensemble des comportements et des attitudes dans le monde. Ces choses n'ont de valeur que si l'on en tient compte dans l'histoire de la culture. Et lorsque l'on ne considérera plus ces choses comme des choses auxquelles on se consacre uniquement dans les moments de fête de la vie, mais avec lesquelles on pénètre la vie, et lorsque l'on aura vraiment de telles pensées - on peut bien sûr beaucoup jouer avec ces pensées sur le plan théosophique - alors on aura aussi le sens de la bonne tenue d'un livre de caisse ou d'un grand livre, de l'aménagement d'un banc de rabotage convenable ; on ne dédaignera pas non plus d'être mis dans la nécessité d'effectuer soi-même un travail de cordonnier. Car ce n'est que chez celui qui peut se tenir à l'intérieur de la vie pratique, qui peut être habile dans certaines circonstances lorsqu'il s'agit d'intervenir partout, que l'organisme humain entier est tellement imprégné d'habileté intérieure que cette habileté intérieure s'exprime aussi par des pensées vraiment solides.

08

Aber wozu wird das führen müssen ? Im Spiegel der geistigen Welt­anschauung kann es gesagt werden: Alle diejenigen Seelen, die heute im Osten, in dem, was wir Osten nennen, verkörpert sind, die werden ih­re nächste Verkörperung im Westen suchen. Die westlichen Menschen werden ihre nächste Verkörperung mehr im Osten suchen. Die Mitte wird eine Vermittlung bilden müssen. — Sagen Sie aber so etwas wie eine kulturhistorische Forderung, daß das ganze Erziehungswesen und dergleichen darauf angelegt werden soll, daß diese sich überkreuzende Seelenwelle über die Erde geht, sagen Sie so etwas den ganz gescheiten Menschen der Gegenwart, nehmen wir die Gescheitesten, die, welche von den Völkern auserwählt werden, um in die Parlamente zu kommen, dann werden Sie hören, daß Sie ein Narr sind, daß das ja ganz verrückt ist! Aber die Anerkennung dieser Wahrheiten muß ebenso die Menschen ergreifen, wie für frühere Zeiten dasjenige die Menschen ergriffen hat, was heute anthropologische Wahrheiten genannt wird; die Mischung der Rassen, die gegenseitige Verteilung der Rassen und so weiter. Es muß begonnen werden, alles, was früher bloß äußerlich physiologisch be­trachtet worden ist, geistig zu betrachten. Es gibt ja gute Theosophen, die denken in Feieraugenblicken ihres Lebens daran, daß der Mensch in wiederholten Erdenleben lebt; es ist für sie ein Glaubensbekenntnis. Aber damit ist es nicht getan. Das ist, wenn man bloß an Reinkarnation und Karma als an einen Glaubensartikel glaubt, nicht mehr wert, als wenn man einen Wäschezettel macht. Wert bekommen diese Dinge erst, wenn man sie einfügt in das ganze Denken über die Welt und auch in das Handeln, in das ganze Gebaren und Gehaben in der Welt. Wert haben diese Dinge erst, wenn man kulturgeschichtlich damit rechnet. Und wenn man einmal diese Dinge nicht als etwas ansehen wird, dem man sich nur widmet in den Feieraugenblicken des Lebens, sondern mit dem man das Leben durchdringt, und wenn man wirklich im Ernste solche Gedanken hat — theosophisch spielen kann man selbstverständlich mit diesen Gedanken sehr viel —, dann wird man auch Sinn haben für die ordentliche Führung eines Kassen- oder Hauptbuches, für das Aus­gestalten einer ordentlichen Hobelbank; man wird es auch nicht ver­schmähen, wenn man in die Notwendigkeit versetzt wird, selbst Schu­sterarbeit zu verrichten. Denn nur bei demjenigen, der drinnenstehen kann im praktischen Leben, der unter Umständen geschickt sein kann, wenn es darauf ankommt, überall zuzugreifen, bei dem ist der ganze menschliche Organismus so durchdrungen von innerer Geschicklich­keit, daß diese innere Geschicklichkeit sich auch auslebt in wirklich tragfähigen Gedanken.

C'est cela qui devrait imprégner les esprits. Cela imprégnera la culture si l'on se familiarise avec ce dont les humains ont la plus grande crainte à l'heure actuelle.

09

Das ist es, was durchdringen müßte die Gemüter. Es wird die Kultur durchdringen, wenn man sich bekanntmacht mit demjenigen, wovor die Menschen in der Gegenwart die allergrößte Furcht haben.

On peut dire qu'il y a aujourd'hui deux choses qui indiquent deux états de peur de l'humanité actuelle - je ne crois pas que vous puissiez me donner tort si vous regardez la situation avec un sentiment de vérité intérieure. La première, c'est qu'il existe dans le monde civilisé une peur panique de découvrir les véritables causes de la guerre. On ne veut pas y regarder de plus près ni y mettre son nez, tout au plus chez l'adversaire, mais surtout pas chez soi ! À quelques exceptions près, les humains évitent de se pencher sur les véritables causes de la terrible catastrophe humaine de ces dernières années, ils en ont une peur bleue. Pendant la guerre, cela s'est même manifesté de manière idéaliste. Il y avait des humains qui se plaçaient sur le point de vue : de cette guerre va naître une nouvelle vie humaine, une nouvelle fécondation des idéaux de l'humanité, etc. - On pourra étudier beaucoup de choses sur les événements de l'époque moderne, afin de découvrir la véritable cause de cette catastrophe terrible. Mais il n'en résultera rien de positif comme contenu de cette guerre, mais il en résultera que les anciennes formes de culture et de civilisation sont devenues pourries, qu'elles se sont elles-mêmes menées à l'absurde dans cette catastrophe guerrière, que cette guerre ne signifie rien d'autre que le fait de mener à l'absurde la civilisation telle qu'elle était jusqu'à cette guerre. C'est de cela que les humains ont une peur bleue, la peur d'un événement extérieur. Ils ont tellement peur qu'ils ont aujourd'hui absolument renoncé à vraiment encore penser d'aujourd'hui à demain. Car aucun humain synthétiquement raisonnable ne pouvait croire, ni d'un côté ni de l'autre, que ce que l'on appelle par exemple le traité de Versailles puisse un jour donner naissance à une réalité. Et pourtant, c'est parce qu'on ne pense que pour aujourd'hui, pas pour demain, que cet étrange instrument a vu le jour. C'est un événement extérieur. <<<<

10

Man kann sagen: Es bestehen heute zwei Dinge, welche auf zwei Angstzustände der gegenwärtigen Menschheit hinweisen — ich glaube nicht, daß Sie mir, wenn Sie mit innerem Wahrhaftigkeitsgefühl die Sache überschauen, Unrecht geben können. Das eine ist, daß über den weitesten Umkreis der zivilisierten Welt eine heillose Angst davor besteht, auf die wirklichen Kriegsursachen zu kommen. Man möchte da nicht hineinschauen, ja nicht seine Nase da hineinstecken, höchstens beim Gegner, aber ja nicht in der Heimat! Mit einzelnen wenigen Aus­nahmen vermeiden es die Menschen, sich mit den eigentlichen Ursachen der furchtbaren Menschheitskatastrophe der letzten Jahre zu befassen, davor haben sie eine heillose Angst. Während des Krieges hat sich das sogar idealistisch ausgelebt. Da hat es Menschen gegeben, die stellten sich auf den Standpunkt: Von diesem Kriege wird ausgehen ein neues Menschenleben, eine neue Befruchtung der Ideale der Menschheit und so weiter. — Man wird viel studieren können über die Vorgänge der neueren Zeit, um hinter die eigentliche Ursache dieser Schreckens­katastrophe zu kommen. Dann wird sich aber nichts Positives ergeben als Inhalt dieses Krieges, sondern es wird sich das ergeben, daß die alten Kultur- und Zivilisationsformen morsch geworden sind, daß sie sich in dieser Kriegskatastrophe selber ad absurdum geführt haben, daß dieser Krieg gar nichts anderes bedeutet als das Sich-ad-absurdum­Führen der Zivilisation, wie sie bis zu diesem Kriege eben war. Das ist das eine, wovor die Menschen eine heillose Angst haben, Angst vor einem äußeren Ereignis. So starke Angst haben sie, daß sie es heute überhaupt aufgegeben haben, wirklich noch von heute auf morgen zu denken. Denn daß zum Beispiel das, was man Versailler Frieden nennt, jemals eine Wirklichkeit gebären könnte, das konnte kein ver­nünftiger Mensch glauben, weder von der einen noch von der andern Seite. Und dennoch, weil man nur für heute, nicht für morgen denkt, ist dieses sonderbare Instrument zustande gekommen. Das ist ein äußeres Ereignis.

Mais il y a encore autre chose, c'est la peur qu'ont les humains de progresser vers une conscience de plus en plus grande de la vie de l'âme. Si les humains trouvent justifié de s'échapper de la conscience dans l'inconscient, alors ils sont heureux. Lorsqu'une vision du monde se présente à eux, comme cette science de l'esprit d'orientation anthroposophique, qui aspire justement à une formation complète de la conscience et veut parvenir à ses vérités à partir de cette élaboration complète de la conscience, les humains ne veulent pas s'en approcher. C'est trop difficile pour eux. Cela exige de l'activité, cela exige que l'on s'amène réellement dans la mouvante vie de l'esprit. C'est trop difficile.

11

Aber es gibt noch etwas anderes, das ist die Furcht, die die Menschen haben vor dem Vorrücken in immer größere und größere Bewußtheit des seelischen Lebens. Wenn es den Menschen nur irgendwie gerecht­fertigt erscheint, aus dem Bewußtsein sich herauszuflüchten ins Un­bewußte, dann sind sie froh. Wenn ihnen eine Weltanschauung auftritt wie diese anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft, die gerade eine vollständige Ausbildung des Bewußtseins anstrebt und aus diesem vollständigen Ausarbeiten des Bewußtseins heraus zu ihren Wahrhei­ten kommen will, dann wollen die Menschen da nicht heran. Es ist ihnen zu schwer. Das erfordert Aktivität, das erfordert, daß man sich wirklich in bewegliches Geistesleben bringt. Das ist zu schwer.

Mais les humains aspirent à ce que leur soit révélé, dans des états de conscience dégradés, premièrement ce qu'est la vie de l'esprit, et deuxièmement ce qui vit dans l'humain lui-même. Combien de nombreux humains, bien plus que vous ne le pensez, ne veulent pas aujourd'hui s'engager dans des vérités spirituelles saisies avec le sens sain de l'âme. Mais si quelque part, par le biais d'une force médiumnique, un médium leur annonce telle ou telle chose des mondes spirituels, alors ils tombent dans le panneau. Il n'est pas nécessaire de faire un effort pour comprendre. Cela se produit de manière inconsciente, et on veut croire à l'inconscient. L'autre chose qui s'ensuit immédiatement, c'est la psychanalyse qui se répand de manière si flagrante. On n'en revient pas de la rapidité avec laquelle cette psychanalyse s'installe dans l'âme des humains. En quoi consiste-t-elle ? Elle consiste en ce que toutes sortes de personnes médicales s'ouvrent aujourd'hui et - il est difficile de le dire brièvement, j'ai déjà souvent analysé la psychanalyse ici - mettent en place quelque chose qui fait remonter à la conscience ce qui est subconscient dans la vie de l'âme humaine. On se laisse raconter leurs rêves par les gens, on explore ce qu'ils ont vécu auparavant en termes de déceptions, de désirs déçus, etc., ce qui a été oublié et a formé des îlots d'âme, et ainsi de suite, et on cherche ainsi à se rendre compte de ce qui vit réellement dans l'être humain. Les personnes particulièrement intelligentes ont découvert qu'une grande partie de ce qui s'est incrusté dans l'âme humaine au cours de la première enfance, en termes de sensations et de sentiments non naturels, vit dans l'âme humaine et est ensuite repoussée dans le subconscient ; mais ces sentiments continuent à vivre dans l'humain, l'humain est leur esclave. Le mythe d'Œdipe est reconduit à ces gens aux sentiments contre nature que chaque enfant devrait avoir envers sa mère, etc. Selon eux, il est clair que toute petite fille, dans ses plus tendres années, est jalouse de sa mère parce qu'elle aime son père, et que tout petit garçon est jaloux de son père parce qu'il aime sa mère. Il en résulte un complexe de sentiments qui, transformé en mythe, apparaît dans le mythe d'Œdipe, et ainsi de suite. Que des choses spirituelles interviennent toutefois, mais des choses spirituelles qui doivent être pénétrées par la lumière de la conscience, on ne veut pas le croire, on en a peur. Faire entrer ces choses dans la lumière de la conscience, on en a peur. On voudrait tout faire descendre dans une obscurité nébuleuse. J'ai attiré votre attention sur l'exemple magnifique qui revient sans cesse lorsqu'il est question de psychanalyse : une dame est invitée à une soirée dans une maison où la maîtresse de maison est malade et où l'on fête son départ parce qu'elle doit se rendre à un bain/une cure. Le maître de maison reste à la maison, la maîtresse de maison doit se rendre aux bains. La soirée de divertissement est terminée. La maîtresse de maison est déjà expédiée à la gare, la soirée s'en va et rentre chez elle. Un fiacre, et non une voiture, tourne au coin de la rue, la soirée s'écarte à gauche et à droite. Mais justement, la dame que j'ai en vue ne se déporte ni à gauche ni à droite, mais reste au milieu de la route et marche devant les chevaux. Le cocher fait bien sûr un vacarme épouvantable, mais la dame court et court, et le cocher a le plus grand mal à maîtriser les chevaux, car il pourrait écraser la dame. On arrive à un pont. La dame, objet de toutes les attentions des psychanalystes, se jette dans le fleuve, la société de la soirée fait naturellement de même et la sauve. Que fait-on d'elle ? Eh bien, la ramener dans la maison de l'hôte, c'est le moyen d'information suivant.

12

Aber die Menschen streben darnach, daß ihnen in heruntergestimm­ten Bewußtseinszuständen geoffenbart werde erstens, was Geistesleben ist, und zweitens, was im Menschen selber lebt. Wie viele Menschen, viel mehr als Sie denken, wollen sich heute nicht einlassen auf mit gesundem Seelensinn erfaßte geistige Wahrheiten. Aber wenn ihnen irgendwo durch eine mediale Gewalt, durch ein Medium dies oder jenes aus den geistigen Welten verkündet wird, dann fallen sie darauf herein. Da braucht man sich nicht anzustrengen, es zu begreifen. Das kommt auf unbewußte Art doch zustande, und das Unbewußte möchte man glauben. Das andere, was sich unmittelbar daranschließt, das ist die so kraß sich ausbreitende Psychoanalyse. Man glaubt gar nicht, wie sich diese Psychoanalyse in rasender Schnelligkeit in die Seelen der Menschen einnistet. Worin besteht sie ? Sie besteht darin, daß allerlei medizinische Menschen sich heute auftun und — in Kürze ist es schwer zu sagen, ich habe ja öfter hier schon die Psychoanalyse analysiert — so etwas ein­richten, wodurch das, was im menschlichen Seelenleben unterbewußt ist, heraufkommt ins Bewußtsein. Man läßt sich von den Menschen ihre Träume erzählen, erforscht, was sie früher erlebt haben an Enttäuschun­gen, an enttäuschten Wünschen und so weiter, was dann vergessen wor­den ist und Seeleninseln gebildet hat und so weiter, und man sucht auf diese Weise sich klar darüber zu werden, was im Menschenwesen eigent­lich lebt. Besonders Gescheite haben herausgefunden, daß besonders viel in der Menschenseele lebt von dem, was in der ersten Kindheit sich in diese Seele einnistet an unnatürlichen Empfindungen und unnatürlichen Gefühlen, die dann hinuntergedrückt werden in das Unterbewußtsein; aber sie leben dann weiter im Menschen, der Mensch ist ihr Sklave. Der Ödipus-Mythos wird von diesen Leuten zurückgeführt auf die unnatür­lichen Gefühle, welche jedes Kind haben soll zu seiner Mutter und so weiter. Klar sind sich diese Menschen nach ihrer Ansicht darüber, daß eigentlich jedes kleine Mädchen in den zartesten Kindesjahren eifersüch­tig ist auf die Mutter, weil es den Vater liebt, und jeder kleine Knabe eifersüchtig ist auf seinen Vater, weil er die Mutter liebt. Daraus ergibt sich dann ein Empfindungskomplex, der zum Mythos umgebildet im Ödipus-Mythos auftritt und dergleichen mehr. Daß allerdings geistige Dinge hineinspielen, aber geistige Dinge, die mit dem Lichte des Be­wußtseins durchdrungen werden müssen, das will man nicht glauben, davor fürchtet man sich. Diese Dinge in das Licht des Bewußtseins zu holen, davor fürchtet man sich. Man möchte alles in ein nebuloses Dun­kel hinunterrücken. Ich habe Sie ja aufmerksam gemacht auf das Pracht­beispiel, welches immer wieder und wiederum auftaucht, wenn von Psychoanalyse die Rede ist: Eine Dame ist eingeladen zu einer Abend­unterhaltung in einem Hause, in dem die Dame des Hauses kränklich ist und das Abschiedsfest gefeiert wird, weil sie in ein Bad reisen muß. Der Herr des Hauses bleibt zu Hause, die Dame des Hauses muß ins Bad. Die Abendunterhaltung ist zu Ende. Die Dame des Hauses ist schon zum Bahnhof spediert, die Abendgesellschaft geht fort und ist auf dem Heimweg. Eine Droschke, nicht ein Auto !, fährt um die Ecke herum, die Abendgesellschaft weicht links und rechts aus. Aber just die eine Dame, die ich eigentlich im Auge habe, weicht nicht nach links und nicht nach rechts aus, sondern bleibt mitten auf der Straße und läuft vor den Pfer­den her. Der Kutscher macht selbstverständlich einen furchtbaren Ra­dau, aber die Dame läuft und läuft, und der Kutscher hat die größte Mühe, die Pferde zu zügeln, weil er die Dame überfahren könnte. Man kommt an eine Brücke. Die Dame, so recht ein Objekt für die Psycho­analytiker, wirft sich in den Strom hinein, die Abendgesellschaft selbst­verständlich gleich nach, rettet sie. Was tut man mit ihr ? Nun, selbst­verständlich in das Haus des Gastgebers sie zurückbringen, das ist das nächste Auskunftsmittel.

Le psychanalyste a maintenant cette dame devant lui. Il se fait raconter tout ce qu'elle a vécu dans sa jeunesse, et il se rend compte avec bonheur que, lorsqu'elle était encore une toute petite fille, elle a traversé une fois la rue et qu'un cheval est arrivé au coin de la rue ; elle a été très effrayée. C'est descendu dans le subconscient. C'est là que ça se trouve. Depuis, elle a tellement peur des chevaux que même maintenant, dans la rue, elle les fuit, elle ne les évite pas, ni à droite ni à gauche. C'est la province isolée de l'âme qu'elle a, la peur du cheval, qui habite le subconscient.

13

Der Psychoanalytiker hat nun diese Dame vor sich. Er läßt sich alles erzählen, was sie in der Jugend durchgemacht hat, und er kommt nun auch glücklich darauf, daß sie, als sie noch ein ganz kleines Mädchen war, einmal über die Straße gegangen ist und ein Pferd um die Ecke gekommen ist; da ist sie sehr erschrocken. Das ist in das Unterbewußte hinuntergesaust. Da unten ist es. Seither hat sie einen solchen Schrecken vor Pferden, daß sie auch jetzt auf der Straße vor den Pferden davon­lief, nicht ausweicht, nicht rechts und nicht links. Das ist die isolierte Seelenprovinz, die sie hat, die Furcht vor dem Pferde, die im Unterbewußten haust.

Il y a bien quelque chose dans ce subconscient, mais il faut pénétrer ce subconscient avec la lumière de la conscience de la recherche spirituelle. On s'aperçoit alors que, dans certaines conditions pathologiques, ce subconscient est très rusé, que, sous la conscience individuelle ordinaire de l'humanité, il n'y a pas exactement les bases du mythe d'Œdipe, pas exactement la peur du cheval qui a croisé sa route, mais un certain raffinement. Car la dame invitée à cette soirée ne désirait naturellement rien de plus que de passer la nuit dans cette maison, après que la maîtresse de maison ait été renvoyée aux bains, et le meilleur moyen pour l'inconscient d'arranger les choses était de saisir la prochaine occasion - si cela n'avait pas été le cheval, cela aurait été autre chose - pour que la soirée la ramène dans la maison. Ainsi, elle avait atteint son but. Bien sûr, d'après les bases de son éducation, d'après ce qu'elle a reçu, elle n'aurait jamais violé sa moralité au point de faire une telle chose. Dans le subconscient, elle n'est pas si intelligente ; mais dans le subconscient, il y a beaucoup de pulsions raffinées qui peuvent être très intelligentes.

14

Es ist ja etwas in diesem Unterbewußtsein, aber man muß dieses Un­terbewußte mit dem Lichte gerade des geistesforscherischen Bewußtseins durchdringen. Dann kommt man darauf, daß dieses Unterbewußtsein bei gewissen pathologischen Voraussetzungen sehr schlau ist, daß unter dem gewöhnlichen individuellen Menschheitsbewußtsein allerdings nicht gerade die Grundlagen des Ödipus-Mythos sind, nicht gerade die Furcht vor dem Roß, das einem einmal über den Weg gelaufen ist, son­dern ein gewisses Raffinement. Denn die Dame, die in jene Abendgesell­schaft eingeladen war, wünschte natürlich nichts sehnlicher, als die Nacht in diesem Hause zuzubringen, nachdem erst die Dame des Hauses ins Bad entlassen worden war, und das beste Mittel für das Unterbewußte, die Sache einzurichten, war, die nächstbeste Gelegenheit zu ergreifen — wäre es nicht das Roß gewesen, wäre es etwas anderes gewesen —, daß die Abendgesellschaft sie zurückbringen muß in das Haus. So hatte sie ihr Ziel ja erreicht. Sie würde selbstverständlich nach ihren Erziehungsgrundlagen, nach dem, was sie aufgenommen hat, niemals ihre Moralität so weit verletzt haben, so etwas zu tun. Im Oberbewußtsein ist sie nicht so schlau; aber im Unterbewußtsein sitzen viele raffinierte Antriebe, die sehr schlau sein können.

Toute cette psychanalyse qui se répand, qui prend aujourd'hui des formes si flagrantes, à laquelle croient aujourd'hui, plus que vous ne le pensez, en particulier les intellectuels pleins d'espoir - je ne dis pas cela dans un sens péjoratif, mais même avec le ton de la vérité -, sur laquelle même les théologiens d'aujourd'hui voudraient déjà bâtir la religion, cette psychanalyse est l'autre produit de la peur de l'époque actuelle. On a peur de la conscience. On ne veut pas que les choses soient saisies à la lumière claire de la conscience, mais on veut que le plus important se cache là, dans l'inconscient, que l'humain soit dominé par rapport à ses choses les plus importantes, notamment par rapport à ses sentiments religieux. Lisez cela chez William James, l'Américain. Car que cela s'appelle psychanalyse dans certaines régions d'Europe ou que cela s'appelle ainsi, comme William James, l'Américain, exprime ces choses, cela n'a aucune importance. Ce qui domine, c'est la peur du conscient.

15

Diese ganze sich ausbreitende Psychoanalyse, die so krasse Formen heute annimmt, an die, mehr als Sie denken, heute insbesondere die hoffnungsvolleren Intellektuellen glauben — ich sage das nicht im abträgli‑ chen Sinne, sondern sogar mit dem Tone der Wahrheit —, auf die sogar heute die Theologen schon die Religion aufbauen möchten, diese Psychoanalyse ist das andere Angstprodukt der Gegenwart. Man fürchtet sich vor dem Bewußtsein. Man möchte nicht, daß die Dinge im klaren Lichte des Bewußtseins erfaßt werden, sondern man möchte, daß das Wichtigste da unten im Unterbewußten haust, daß der Mensch beherrscht werde mit Bezug auf seine wichtigsten Dinge, namentlich in bezug auf seine religiösen Empfindungen. Lesen Sie das bei William James nach, dem Amerikaner. Denn ob es nun in einigen Gegenden Europas Psychoanalyse genannt wird oder ob es so genannt wird, wie William James, der Amerikaner, diese Dinge ausdrückt, das ist schon ganz gleichgültig. Es herrscht die Furcht vor dem Bewußten.

On ne veut pas que la chose la plus importante qui vit en l'humain soit dans sa conscience. En effet, l'humain devrait penser davantage s'il devait se diriger lui-même avec sa volonté consciente. Il est important que l'humain ait justifié le fait qu'il pense moins.

16

Man will das Wichtigste, das im Menschen lebt, nicht in seinem Bewußt‑ sein haben. Da müßte der Mensch ja mehr denken, wenn er sich selber mit dem bewußten Willen dirigieren sollte. Es ist wichtig, daß der Mensch gerechtfertigt hat, daß er weniger denkt.

Notre eurythmie est entièrement élaborée à partir de la conscience. Elle est le contraire de tout ce qui est rêveur. Les gens craignent cependant qu'elle soit moins artistique, parce qu'ils associent l'artistique à l'onirique. Mais c'est une absurdité. Ce qui compte dans l'artistique, ce n'est pas qu'il soit sorti de telle ou telle région, mais qu'il soit artistique dans ses formes, dans sa conception. Cette eurythmie, qui est entièrement fondée sur la supraconscience, sur le contraire de la subconscience, a été récemment taxée, m'a-t-on dit, par un monsieur qui est aussi médecin : Il y aurait remarqué beaucoup d'inconscient. - C'est bien sûr la preuve que ce monsieur n'a rien compris à l'eurythmie. C'est précisément ce qui constitue le nerf vital de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique qui est très peu remarqué. Et on ne l'aura complètement remarqué que lorsque l'on pourra vraiment, grâce à cette science de l'esprit, suivre une telle éducation intérieure de la pensée, de la sensibilité et de la volonté, que cela ne nous rendra pas plus maladroits pour la vie, mais plus habiles. Je ne veux pas prétendre qu'aujourd'hui tous ceux qui ont fait de l'anthroposophie leur profession de foi sont des gens habiles dans la vie. Une profession de foi ne signifie pas grand-chose à cet égard. Je n'ose vraiment pas affirmer que tous les anthroposophes sont des gens qui savent vivre. Mais vous voyez, ce qui s'exprime dans le mouvement réel de la société anthroposophique, c'est souvent ce qui est apporté de l'extérieur. Aujourd'hui, il y a encore très peu de choses qui viennent de l'intérieur. Et ce n'est qu'alors que la science de l'esprit d'orientation anthroposophique pourra être ce qu'elle doit être pour le monde, si ce ne sont pas seulement des penchants mystiques, de l'aliénation à la vie, un faux idéalisme, du tantrisme - je pourrais aussi dire de l'onclisme, non, je pense ainsi de choses semblables - qui y sont apportés, mais si ce qui peut être apporté dans la science de l'esprit d'orientation anthroposophique est apporté : une stimulation de la vie de l'âme qui se transmet aux membres, qui s'empare de l'humain tout entier - pas seulement de la confession de foi - et qui permet aux humains d'intervenir dans les affaires du monde. C'est de cela qu'il s'agit principalement. C'est là qu'il faut chercher tout le sérieux de la vie.

17

Unsere Eurythmie, sie ist ganz und gar aus dem Bewußtsein heraus gearbeitet. Sie ist das Gegenteil alles Träumerischen. Die Leute haben allerdings Angst, sie sei dadurch weniger künstlerisch, weil sie das Künstlerische mit dem Traumhaften in Verbindung bringen. Das ist aber ein Unsinn. Beim Künstlerischen kommt es nicht darauf an, ob es aus dieser oder jener Region hervorgeholt ist, sondern daß es in seinen Formen, in seiner Ausgestaltung künstlerisch ist. Diese Eurythmie, die ganz und gar auf Überbewußtsein, auf das Gegenteil des Unterbewußtseins gegründet ist, wurde neulich von einem Herrn, wie mir gesagt worden ist, der nun auch ein Arzt ist, taxiert: Er habe viel Unbewußtes darin bemerkt. — Das ist natürlich ein Beweis dafür, daß der Herr von der Eurythmie nicht das Geringste verstanden hat. Gerade dasjenige, was der Lebensnerv anthroposophisch orientierter Geisteswissenschaft ist, das wird sehr wenig bemerkt. Und man wird es erst dann ganz bemerkt haben, wenn man wirklich durch diese Geisteswissenschaft eine solche innere Denk- und Empfindungs- und Willenserziehung durchmachen kann, daß einen das für das Leben nicht ungeschickter, sondern geschickter macht. Ich will ja nicht behaupten, daß heute alle, die Anthroposophie zu ihrem Glaubensbekenntnis gemacht haben, lebensgeschickte Menschen seien. Ein Glaubensbekenntnis bedeutet in dieser Beziehung nicht viel. Ich wage wirklich nicht zu behaupten, daß alle Anthroposophen lebensgeschickte Menschen seien. Aber sehen Sie, was in der realen Bewegung der anthroposophischen Gesellschaft sich äu‑ ßert, das ist ja vielfach das, was von außen hineingetragen wird. Von innen hinausgetragen wird heute noch wirklich recht Weniges. Und erst dann wird die anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft das für die Welt sein können, was sie sein soll, wenn nicht nur mystische Neigungen, Lebensfremdheit, falscher Idealismus, Tantentum — ich könnte auch sagen Onkeltum; nein, so ähnliche Dinge meine ich — hineingetragen werden, sondern wenn das hinausgetragen wird, was in der anthroposophisch orientierten Geisteswissenschaft zu holen ist: eine Anregung des Seelenlebens, die in die Glieder übergeht, die den ganzen Menschen ergreift — nicht bloß das Glaubensbekenntnis — und dadurch die Menschen in die Angelegenheiten der Welt eingreifen können. Das ist es, um das es sich hauptsächlich handelt. Darin sollte man den ganzen Lebensernst suchen.

 

Français seulement


ONZIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le 7 février 1920
La saisie de réalités spirituelles pour la vie pratique grâce à la science de l’esprit


01
Aujourd'hui, je vais à nouveau insérer une sorte d'épisode dans nos réflexions, qui nous servira à poursuivre le thème proprement dit demain. Pour pouvoir vous parler de certaines choses, je vais être obligé d'utiliser aujourd'hui une forme de présentation un peu plus aphoristique. Nous avons en effet extrait les symptômes et les phénomènes les plus divers de l'actualité, afin de reconnaître comment cette actualité guide l'humanité vers une saisie des réalités spirituelles. Et ce fut non-effort de rendre clair que cette saisie des réalités spirituelles ne pouvait pas se limiter à ce que l'humain, dans une certaine mesure, ne saisisse le monde spirituel à l'avenir que pour en tirer quelque chose, j'aimerais dire pour ses heures du dimanche. Ce fut tout de suite ce qui a été pernicieux dans la civilisation qui s'est développée au cours des derniers siècles, que la vie de l'esprit soit devenue peu à peu quelque chose de si détaché/retiré, de si abstrait. À la question que j'ai posée lors d'une conférence publique à Bâle il y a quelque temps : Quel est le lien entre la vision du monde, la vision sur le spirituel ou aussi sur le non-spirituel qu'a un fonctionnaire, un avocat, un fabricant, un commerçant, et ce qu'il fait/propulse au quotidien ? — On peut dire qu'il ne coule des pensées qu'il a comme vision du monde, rien qui entre dans ses affaires professionnelles et de tous les jours, je pense, dans la conduite de celles-ci. On est d'un côté un humain de la vie pratique extérieure, et à côté on a une vision du monde purement abstraite, qu'elle soit plus ou moins religieuse, plus ou moins teintée de science. C'est donc devenu un usus courant au cours des derniers siècles et a atteint son apogée à notre époque si enceinte de malheur. Et ce qui repose à la base de tout cela s'exprime dans une autre circonstance, à vrai dire encore plus fatale, à savoir que des humains qui ont la bonne volonté d'acquérir une vision spirituelle du monde, intègrent dans le contenu de cette vision spirituelle du monde le fait que cette vision spirituelle du monde n'a rien à voir avec leur vie pratique. Car la vie pratique, c'est le réel, c'est ce à quoi on se consacre extérieurement, la spiritualité, on l'a pour le dimanche, on l'a retirée de la vie, et la vie n'est pas digne d'accueillir cette spiritualité. - Je me suis toujours efforcé de faire comprendre que la science de l'esprit d'orientation anthroposophique dont il est question ici veut certes s'élever dans les hauteurs les plus élevées de la vie spirituelle, mais qu'elle doit ensuite, par cette ascension dans les mondes spirituels, éduquer chez l'humain un type de pensée, un type de représentation qui le rend apte à s'engager habilement et pratiquement dans chaque branche de la vie quotidienne. On doit avoir pour ses affaires, pour la vie pratique quotidienne, quelque chose de ce que l'on s'élabore spirituellement aussi pour les mondes supérieurs.
02
Ce travail pour les mondes spirituels doit être tel qu'il ne nous amène pas à dire : ce monde spirituel, c'est l'au-delà, il ne doit pas du tout être touché par le grossier quotidien ; le grossier quotidien est là à part, on le méprise, le monde spirituel est le haut, le sublime. - Au cours des années passées, j'ai souvent attiré l'attention sur ces choses et j'ai dit qu'au fil des années, plus d'un humain est venu me voir et m'a dit : "Ah, j'ai une profession si prosaïque, je voudrais quitter cette profession prosaïque et me consacrer à quelque chose de plus idéal. - C'est la pire des maximes que l'on puisse avoir dans la vie. Celui qui, par son destin, par son karma, est fonctionnaire de la poste et un fonctionnaire ordinaire, sert certainement plus le monde - je l'ai souvent dit - s'il remplit sa profession correctement, que s'il est un mauvais poète ou même un mauvais journaliste ou quelque chose de ce genre, dont on a parfois envie. Il s'agit seulement, lorsque l'on s'approche du spirituel, d'accueillir ce spirituel dans son esprit de telle sorte qu'il ne rende pas maladroit, mais habile pour la vie extérieure.
03
C'est parce que cette maxime a disparu de la vie depuis le XVe siècle et que la vie s'est en quelque sorte divisée en deux courants, la vie pratique extérieure, méprisée par les idéalistes et les mystiques, et la vie mystique, religieuse, idéaliste, considérée par les praticiens comme quelque peu exaltée et rêveuse, que nous nous trouvons aujourd'hui dans l'impasse de la vie qui vous a été décrite hier. C'est la raison profonde pour laquelle nous nous trouvons dans cette impasse. C'est ainsi que, d'un côté, dans la vie pratique, chaque individu se trouve dans un petit cercle, comme je l'ai dit hier, travaillant sans vue d'ensemble et sans participation chaleureuse à l'ensemble, et que, de l'autre côté, si l'on est suffisamment idéaliste pour se consacrer à une vision spirituelle du monde, on veut alors avoir cette vision spirituelle du monde de telle sorte que l'on ne soit pas éduqué dans cette vision spirituelle du monde, par exemple pour la tenue pratique, disons d'un grand livre comptable ou d'un journal comptable. Il y a des gens qui considèrent comme un avantage le fait que quelqu'un ne comprenne pas et ne puisse pas du tout comprendre comment on tient un journal ou un livre de caisse. C'est le grand dommage qui s'est progressivement implanté/naturalisé au cours des derniers siècles.
04
Ce n'est pas un avantage de ne pas savoir comment on conduit un grand livre ou un livre de caisse, et il n'est aucune bénédiction pour l'humanité s'il y a autant de personnes que possible qui veulent être des idéalistes, en ne comprenant rien de toute la pratique et veulent seulement s'adonner à des considérations spirituelles. La seule chose saine dans la vie, c'est quand ces deux maximes se confondent dans la vie de telle sorte que l'une porte l'autre. Mais ce qui, dans les plus petits cercles, est progressivement apparu de plus en plus comme une atteinte à la vie au cours des derniers siècles, s'exprime aussi dans les grandes affaires de la vie, dans la mesure où personne, vraiment, on peut dire personne, à part quelques humains qui ont rendu les choses très peu pratiques, ne s'en est préoccupé : Comment peut-on faire quelque chose de vraiment sain à partir de ces entités qui sont dépassées - je vous les ai caractérisées hier, à quoi elles ressemblent sur la carte - qu'on appelait avant la guerre, jusqu'en 1914, les États de la terre ? - Oui, aujourd'hui, même avec les épreuves des quatre ou cinq dernières années, on n'est malheureusement pas encore assez avancé pour réfléchir à ces choses de manière saine. Prenez seulement ceci. Lorsque l'on aura la tête froide pour examiner les causes lointaines de la terrible catastrophe de ces quatre ans et demi ou cinq dernières années, on découvrira que ces causes résident entre l'Europe centrale et les régions occidentales, y compris l'Amérique, dans des rapports industriels et commerciaux, dans ces rapports industriels et commerciaux qui sont depuis longtemps entrés en contradiction avec les frontières nationales. Les structures étatiques qui se sont formées à partir de conditions tout à fait différentes et qui sont une dépendance des conditions médiévales, ces conditions étatiques ont été utilisées artificiellement comme cadre pour ce qui n'est qu'intérêts commerciaux et industriels. Ils n'étaient pas du tout adaptés à cela, mais ils ont pu être utilisés à cet effet. Et aujourd'hui, on le remarque si peu qu'un mouvement social-démocrate, certes sans espoir à long terme, mais extraordinairement dérangeant à court terme, ne fait pas autrement. Nous voyons aujourd'hui apparaître partout des théories socialistes, même jusque dans les mondes asiatiques, qui deviennent particulièrement radicales. Ces théories socialistes veulent former quelque chose de pratique. Avant la guerre, elles voulaient utiliser les cadres des anciens États, maintenant elles veulent utiliser les cadres de ce qui s'est formé à partir de la catastrophe de la guerre, donc disons que la Russie telle qu'elle s'est formée à partir de la guerre, doit être utilisée comme cadre pour les théories bolcheviques. Si l'on peut penser conformément à la réalité, on ne peut rien imaginer de plus absurde que ce qui est tenté. Il n'y a pas de plus grande absurdité que cette structure qui est d'abord née de forces purement médiévales, combinées ensuite avec les résultats contre nature qui sont apparus de plus en plus dans la guerre qui a abouti à la paix de Versailles, c'est-à-dire à la discorde. Le fait que cette entité à l'est de l'Europe doive maintenant accueillir les fantaisies de Lénine et de Trotsky est un non-sens à long terme, un tumulte à court terme, qui doit retarder énormément le développement sain de l'humanité en Europe. C'est ce qui se donne quand on a un sens pour la réalité.
05
Mais ce sens des réalités, on aimerait dire qu'il manque aujourd'hui à tout le jugement public de l'humanité. Tout le jugement public de l'humanité n'est pas formé à partir d'un sens des réalités, mais en fait à partir d'abstractions, de théories abstraites. Et si une fois survient quelque chose qui n'est pas une théorie abstraite, comme la triarticulation, quelque chose qui est tiré/saisi de la vie et que l'on doit résumer brièvement, parce que l'on ne peut pas écrire tout de suite trente volumes que les gens ne liraient pas non plus, on ne reconnaît pas l'esprit de réalité, mais on considère, parce que l'on est aujourd'hui complètement rempli de théories, que c'est encore plus une théorie. On n'a plus du tout le sens de ce qui est tiré de la réalité, parce qu'on s'est complètement aliéné la réalité.
06
Il doit intervenir que les gens puissent aujourd'hui devenir pratiques au sens le plus éminent, et cependant pouvoir regarder vers le haut, vers le monde spirituel. Car ce n'est qu'ainsi que l'âme tranquille humaine se développera sainement dans l'avenir, que ces deux éléments pourront coexister dans l'âme tranquille humaine. Lorsque viendra le temps où ne vaudra plus pour un fou celui qui dira : En Orient, de l'autre côté, vivent des âmes qui, en raison des conditions historiques particulières de l'Asie, se sont développées de telle sorte qu'elles n'ont aujourd'hui que peu de sens pour le monde extérieur et qu'elles ont donc naturellement pu facilement devenir la proie des Européens attachés au seul monde matériel, mais qu'elles ont pu conserver leur vision vers en haut dans le monde spirituel, alors on verra que nous avons de telles âmes en Orient. Je vous ai souvent cité un représentant particulièrement important en la personne de Rabindranath Tagore. Mais ce Rabindranath Tagore, qui n'est même pas un initié, mais simplement un intellectuel de l'Asie, a en lui, je dirais, tout l'esprit de l'Asie, et vous pouvez tirer de son recueil de conférences "Nationalisme" beaucoup de choses sur cet actif esprit de l'Asie.
07
À ces âmes qui sont là-bas manque cependant chacune relation intérieure avec ce qui a été fait/mut en Europe et en Amérique en ce qui concerne la vie extérieure. Je rappelle encore une fois quelque chose que j'ai déjà exprimé devant vous. Ce sont d'abord les derniers siècles qui nous ont apporté ce que l'on peut appeler une culture purement mécaniste. Aujourd'hui encore, vous trouvez dans les livres de géographie que la Terre entière est peuplée d'environ quinze cents millions d'êtres humains. Mais ce n'est pas vrai si l'on tient compte du travail effectué sur la Terre. Si, disons, un habitant de Mars descendait un jour sur la Terre et qu'il évaluait la population terrestre en termes de nombre, il demanderait d'abord : combien travaille un humain sur la Terre, compte tenu de la force de travail qu'il peut utiliser ? - et ensuite il demanderait : Combien travaille-t-on au total ? - Si nous prenons les chiffres qui existaient avant la guerre, on peut difficilement utiliser les chiffres actuels, ils ne sont d'ailleurs pas encore disponibles, alors si l'on notait combien d'humains travaillent sur la Terre, on n'obtiendrait pas quinze cents millions, mais deux mille millions ou même deux mille deux cents millions d'humains comme population terrestre. Pourquoi ? Parce qu'en réalité, les machines fournissent sur Terre une quantité de travail telle qu'elle équivaut à environ sept cents millions de prestations humaines. Si les machines ne travaillaient pas et si ce que les machines fournissent devait être fourni par la main-d'œuvre humaine, il devrait y avoir sept cents millions d'habitants de plus sur la Terre. J'ai calculé cela à partir de la quantité de charbon utilisée sur la terre, en me basant sur un temps de travail quotidien de huit heures. Ce que j'ai dit est valable pour la consommation de charbon au début du XXe siècle et pour un temps de travail de huit heures, de sorte que l'on peut dire : d'après ce que l'on fait sur la Terre, il y a en fait deux mille deux cents millions de personnes sur la terre. - Mais ce qui est réalisé par des instruments de travail purement mécaniques est réalisé plus ou moins entièrement en Europe et en Amérique, et pas beaucoup en Asie aujourd'hui. Cela a commencé là-bas aussi, mais c'est encore assez embryonnaire, car l'Asiatique n'a pas encore le sens de cette mécanisation du monde, il lui manque totalement le sens de ce qui s'est développé en Occident depuis le siècle dernier ou même depuis le milieu du XVe siècle. Mais nous ne devons pas seulement penser au travail mécanique, nous devons aussi penser au fait que tout l'imaginaire des humains se tourne vers cette mécanisation du monde. Quelqu'un peut dire aujourd'hui : pour construire le tunnel du Gothard, il a fallu tant d'ouvriers. Mais aujourd'hui, on ne peut pas construire un tunnel au Gothard sans connaître le calcul différentiel et intégral, et cela vient de Leibniz, les Anglais disent de Newton ; nous ne voulons pas nous disputer à ce sujet. Le tunnel du Gothard ou le tunnel du Hauenstein n'auraient donc pas pu être construits dans les environs si Leibniz n'avait pas trouvé le calcul différentiel et intégral dans sa salle d'étude. Toute la pensée européenne depuis Copernic-Galilée va dans le sens de cette mécanisation du monde. Lisez Rabindranath Tagore et vous verrez à quel point il déteste cette mécanisation du monde.
08
Mais à quoi cela doit-il mener ? On peut le dire dans le miroir de la vision spirituelle du monde : toutes les âmes qui sont aujourd'hui incarnées en Orient, dans ce que nous appelons l'Orient, chercheront leur prochaine incarnation en Occident. Les Occidentaux chercheront davantage leur prochaine incarnation en Orient. Le centre devra former une médiation. - Mais dites quelque chose comme une exigence historico-culturelle, que tout le système éducatif et d'autres choses de ce genre doivent être conçu pour que cette vague d'âme qui se croise traverse la terre, dites quelque chose comme ça aux gens très intelligents de notre époque, prenons les plus intelligents, ceux qui sont choisis par les peuples pour entrer dans les parlements, et vous entendrez dire que vous êtes un imbécile, que c'est tout à fait fou ! Mais la reconnaissance de ces vérités doit saisir les humains de la même manière que, dans le passé, ce que l'on appelle aujourd'hui les vérités anthropologiques a saisi les humains ; le mélange des races, la répartition mutuelle des races, etc. Il faut commencer à considérer spirituellement tout ce qui, auparavant, n'était considéré que physiologiquement et extérieurement. Il y a de bons théosophes qui, dans les moments de fête de leur vie, pensent que l'humain vit des vies terrestres répétées ; c'est pour eux une profession de foi. Mais ce n'est pas tout. Si l'on croit simplement à la réincarnation et au karma en tant qu'article de foi, cela n'a pas plus de valeur que si l'on faisait une liste de linge. Ces choses n'acquièrent de la valeur que si on les intègre dans l'ensemble de la pensée sur le monde et aussi dans l'action, dans l'ensemble des comportements et des attitudes dans le monde. Ces choses n'ont de valeur que si l'on en tient compte dans l'histoire de la culture. Et lorsque l'on ne considérera plus ces choses comme des choses auxquelles on se consacre uniquement dans les moments de fête de la vie, mais avec lesquelles on pénètre la vie, et lorsque l'on aura vraiment de telles pensées - on peut bien sûr beaucoup jouer avec ces pensées sur le plan théosophique - alors on aura aussi le sens de la bonne tenue d'un livre de caisse ou d'un grand livre, de l'aménagement d'un banc de rabotage convenable ; on ne dédaignera pas non plus d'être mis dans la nécessité d'effectuer soi-même un travail de cordonnier. Car ce n'est que chez celui qui peut se tenir à l'intérieur de la vie pratique, qui peut être habile dans certaines circonstances lorsqu'il s'agit d'intervenir partout, que l'organisme humain entier est tellement imprégné d'habileté intérieure que cette habileté intérieure s'exprime aussi par des pensées vraiment solides.
09
C'est cela qui devrait imprégner les esprits. Cela imprégnera la culture si l'on se familiarise avec ce dont les humains ont la plus grande crainte à l'heure actuelle.
10
On peut dire qu'il y a aujourd'hui deux choses qui indiquent deux états de peur de l'humanité actuelle - je ne crois pas que vous puissiez me donner tort si vous regardez la situation avec un sentiment de vérité intérieure. La première, c'est qu'il existe dans le monde civilisé une peur panique de découvrir les véritables causes de la guerre. On ne veut pas y regarder de plus près ni y mettre son nez, tout au plus chez l'adversaire, mais surtout pas chez soi ! À quelques exceptions près, les humains évitent de se pencher sur les véritables causes de la terrible catastrophe humaine de ces dernières années, ils en ont une peur bleue. Pendant la guerre, cela s'est même manifesté de manière idéaliste. Il y avait des humains qui se plaçaient sur le point de vue : de cette guerre va naître une nouvelle vie humaine, une nouvelle fécondation des idéaux de l'humanité, etc. - On pourra étudier beaucoup de choses sur les événements de l'époque moderne, afin de découvrir la véritable cause de cette catastrophe terrible. Mais il n'en résultera rien de positif comme contenu de cette guerre, mais il en résultera que les anciennes formes de culture et de civilisation sont devenues pourries, qu'elles se sont elles-mêmes menées à l'absurde dans cette catastrophe guerrière, que cette guerre ne signifie rien d'autre que le fait de mener à l'absurde la civilisation telle qu'elle était jusqu'à cette guerre. C'est de cela que les humains ont une peur bleue, la peur d'un événement extérieur. Ils ont tellement peur qu'ils ont aujourd'hui absolument renoncé à vraiment encore penser d'aujourd'hui à demain. Car aucun humain synthétiquement raisonnable ne pouvait croire, ni d'un côté ni de l'autre, que ce que l'on appelle par exemple le traité de Versailles puisse un jour donner naissance à une réalité. Et pourtant, c'est parce qu'on ne pense que pour aujourd'hui, pas pour demain, que cet étrange instrument a vu le jour. C'est un événement extérieur. <<<<
11
Mais il y a encore autre chose, c'est la peur qu'ont les humains de progresser vers une conscience de plus en plus grande de la vie de l'âme. Si les humains trouvent justifié de s'échapper de la conscience dans l'inconscient, alors ils sont heureux. Lorsqu'une vision du monde se présente à eux, comme cette science de l'esprit d'orientation anthroposophique, qui aspire justement à une formation complète de la conscience et veut parvenir à ses vérités à partir de cette élaboration complète de la conscience, les humains ne veulent pas s'en approcher. C'est trop difficile pour eux. Cela exige de l'activité, cela exige que l'on s'amène réellement dans la mouvante vie de l'esprit. C'est trop difficile.
12
Mais les humains aspirent à ce que leur soit révélé, dans des états de conscience dégradés, premièrement ce qu'est la vie de l'esprit, et deuxièmement ce qui vit dans l'humain lui-même. Combien de nombreux humains, bien plus que vous ne le pensez, ne veulent pas aujourd'hui s'engager dans des vérités spirituelles saisies avec le sens sain de l'âme. Mais si quelque part, par le biais d'une force médiumnique, un médium leur annonce telle ou telle chose des mondes spirituels, alors ils tombent dans le panneau. Il n'est pas nécessaire de faire un effort pour comprendre. Cela se produit de manière inconsciente, et on veut croire à l'inconscient. L'autre chose qui s'ensuit immédiatement, c'est la psychanalyse qui se répand de manière si flagrante. On n'en revient pas de la rapidité avec laquelle cette psychanalyse s'installe dans l'âme des humains. En quoi consiste-t-elle ? Elle consiste en ce que toutes sortes de personnes médicales s'ouvrent aujourd'hui et - il est difficile de le dire brièvement, j'ai déjà souvent analysé la psychanalyse ici - mettent en place quelque chose qui fait remonter à la conscience ce qui est subconscient dans la vie de l'âme humaine. On se laisse raconter leurs rêves par les gens, on explore ce qu'ils ont vécu auparavant en termes de déceptions, de désirs déçus, etc., ce qui a été oublié et a formé des îlots d'âme, et ainsi de suite, et on cherche ainsi à se rendre compte de ce qui vit réellement dans l'être humain. Les personnes particulièrement intelligentes ont découvert qu'une grande partie de ce qui s'est incrusté dans l'âme humaine au cours de la première enfance, en termes de sensations et de sentiments non naturels, vit dans l'âme humaine et est ensuite repoussée dans le subconscient ; mais ces sentiments continuent à vivre dans l'humain, l'humain est leur esclave. Le mythe d'Œdipe est reconduit à ces gens aux sentiments contre nature que chaque enfant devrait avoir envers sa mère, etc. Selon eux, il est clair que toute petite fille, dans ses plus tendres années, est jalouse de sa mère parce qu'elle aime son père, et que tout petit garçon est jaloux de son père parce qu'il aime sa mère. Il en résulte un complexe de sentiments qui, transformé en mythe, apparaît dans le mythe d'Œdipe, et ainsi de suite. Que des choses spirituelles interviennent toutefois, mais des choses spirituelles qui doivent être pénétrées par la lumière de la conscience, on ne veut pas le croire, on en a peur. Faire entrer ces choses dans la lumière de la conscience, on en a peur. On voudrait tout faire descendre dans une obscurité nébuleuse. J'ai attiré votre attention sur l'exemple magnifique qui revient sans cesse lorsqu'il est question de psychanalyse : une dame est invitée à une soirée dans une maison où la maîtresse de maison est malade et où l'on fête son départ parce qu'elle doit se rendre à un bain/une cure. Le maître de maison reste à la maison, la maîtresse de maison doit se rendre aux bains. La soirée de divertissement est terminée. La maîtresse de maison est déjà expédiée à la gare, la soirée s'en va et rentre chez elle. Un fiacre, et non une voiture, tourne au coin de la rue, la soirée s'écarte à gauche et à droite. Mais justement, la dame que j'ai en vue ne se déporte ni à gauche ni à droite, mais reste au milieu de la route et marche devant les chevaux. Le cocher fait bien sûr un vacarme épouvantable, mais la dame court et court, et le cocher a le plus grand mal à maîtriser les chevaux, car il pourrait écraser la dame. On arrive à un pont. La dame, objet de toutes les attentions des psychanalystes, se jette dans le fleuve, la société de la soirée fait naturellement de même et la sauve. Que fait-on d'elle ? Eh bien, la ramener dans la maison de l'hôte, c'est le moyen d'information suivant.
13
Le psychanalyste a maintenant cette dame devant lui. Il se fait raconter tout ce qu'elle a vécu dans sa jeunesse, et il se rend compte avec bonheur que, lorsqu'elle était encore une toute petite fille, elle a traversé une fois la rue et qu'un cheval est arrivé au coin de la rue ; elle a été très effrayée. C'est descendu dans le subconscient. C'est là que ça se trouve. Depuis, elle a tellement peur des chevaux que même maintenant, dans la rue, elle les fuit, elle ne les évite pas, ni à droite ni à gauche. C'est la province isolée de l'âme qu'elle a, la peur du cheval, qui habite le subconscient.
14
Il y a bien quelque chose dans ce subconscient, mais il faut pénétrer ce subconscient avec la lumière de la conscience de la recherche spirituelle. On s'aperçoit alors que, dans certaines conditions pathologiques, ce subconscient est très rusé, que, sous la conscience individuelle ordinaire de l'humanité, il n'y a pas exactement les bases du mythe d'Œdipe, pas exactement la peur du cheval qui a croisé sa route, mais un certain raffinement. Car la dame invitée à cette soirée ne désirait naturellement rien de plus que de passer la nuit dans cette maison, après que la maîtresse de maison ait été renvoyée aux bains, et le meilleur moyen pour l'inconscient d'arranger les choses était de saisir la prochaine occasion - si cela n'avait pas été le cheval, cela aurait été autre chose - pour que la soirée la ramène dans la maison. Ainsi, elle avait atteint son but. Bien sûr, d'après les bases de son éducation, d'après ce qu'elle a reçu, elle n'aurait jamais violé sa moralité au point de faire une telle chose. Dans le subconscient, elle n'est pas si intelligente ; mais dans le subconscient, il y a beaucoup de pulsions raffinées qui peuvent être très intelligentes.
15
Toute cette psychanalyse qui se répand, qui prend aujourd'hui des formes si flagrantes, à laquelle croient aujourd'hui, plus que vous ne le pensez, en particulier les intellectuels pleins d'espoir - je ne dis pas cela dans un sens péjoratif, mais même avec le ton de la vérité -, sur laquelle même les théologiens d'aujourd'hui voudraient déjà bâtir la religion, cette psychanalyse est l'autre produit de la peur de l'époque actuelle. On a peur de la conscience. On ne veut pas que les choses soient saisies à la lumière claire de la conscience, mais on veut que le plus important se cache là, dans l'inconscient, que l'humain soit dominé par rapport à ses choses les plus importantes, notamment par rapport à ses sentiments religieux. Lisez cela chez William James, l'Américain. Car que cela s'appelle psychanalyse dans certaines régions d'Europe ou que cela s'appelle ainsi, comme William James, l'Américain, exprime ces choses, cela n'a aucune importance. Ce qui domine, c'est la peur du conscient.
16
On ne veut pas que la chose la plus importante qui vit en l'humain soit dans sa conscience. En effet, l'humain devrait penser davantage s'il devait se diriger lui-même avec sa volonté consciente. Il est important que l'humain ait justifié le fait qu'il pense moins.
17
Notre eurythmie est entièrement élaborée à partir de la conscience. Elle est le contraire de tout ce qui est rêveur. Les gens craignent cependant qu'elle soit moins artistique, parce qu'ils associent l'artistique à l'onirique. Mais c'est une absurdité. Ce qui compte dans l'artistique, ce n'est pas qu'il soit sorti de telle ou telle région, mais qu'il soit artistique dans ses formes, dans sa conception. Cette eurythmie, qui est entièrement fondée sur la supraconscience, sur le contraire de la subconscience, a été récemment taxée, m'a-t-on dit, par un monsieur qui est aussi médecin : Il y aurait remarqué beaucoup d'inconscient. - C'est bien sûr la preuve que ce monsieur n'a rien compris à l'eurythmie. C'est précisément ce qui constitue le nerf vital de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique qui est très peu remarqué. Et on ne l'aura complètement remarqué que lorsque l'on pourra vraiment, grâce à cette science de l'esprit, suivre une telle éducation intérieure de la pensée, de la sensibilité et de la volonté, que cela ne nous rendra pas plus maladroits pour la vie, mais plus habiles. Je ne veux pas prétendre qu'aujourd'hui tous ceux qui ont fait de l'anthroposophie leur profession de foi sont des gens habiles dans la vie. Une profession de foi ne signifie pas grand-chose à cet égard. Je n'ose vraiment pas affirmer que tous les anthroposophes sont des gens qui savent vivre. Mais vous voyez, ce qui s'exprime dans le mouvement réel de la société anthroposophique, c'est souvent ce qui est apporté de l'extérieur. Aujourd'hui, il y a encore très peu de choses qui viennent de l'intérieur. Et ce n'est qu'alors que la science de l'esprit d'orientation anthroposophique pourra être ce qu'elle doit être pour le monde, si ce ne sont pas seulement des penchants mystiques, de l'aliénation à la vie, un faux idéalisme, du tantrisme - je pourrais aussi dire de l'onclisme, non, je pense ainsi de choses semblables - qui y sont apportés, mais si ce qui peut être apporté dans la science de l'esprit d'orientation anthroposophique est apporté : une stimulation de la vie de l'âme qui se transmet aux membres, qui s'empare de l'humain tout entier - pas seulement de la confession de foi - et qui permet aux humains d'intervenir dans les affaires du monde. C'est de cela qu'il s'agit principalement. C'est là qu'il faut chercher tout le sérieux de la vie.