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GA196 - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - CHANGEMENTS SPIRITUELS ET SOCIAUX DANS L'ÉVOLUTION HUMAINE




NEUVIÈME CONFÉRENCE,
1 février 1920
À propos de l'œuvre de personnalités particulières dans l'histoire. Historique des contextes d’Europe occidentale et centrale
NEUNTER VORTRAG,
1. Februar 1920
Über das Wirken einzelner Persönlichkeiten in der Geschichte. Historische Hintergründe westlicher und mitteleuropäischer Zusammenhänge

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 196 135-150  1992  01/02/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 08/04/2022 Editeur: SITE

Dans ce que je vais dire aujourd'hui, en tant qu'explications supplémentaires des dernières considérations, sera à tenir compte qu'aussi spirituellement scientifiquement doit valoir quelque chose sur l'action de la personnalité individuelle dans l'histoire. On a ordinairement la représentation qu'une personnalité, qu'elle soit artistique, politique, religieuse ou autre, qui agit dans l'histoire, agit par ce qui se propage par des impulsions conscientes, et qu'une telle personnalité n'agirait que par cette voie. Et l'on regarde alors les questions qui s'y rapportent de telle sorte que l'on regarde : qu'est-ce qu'une telle personnalité a fait, qu'est-ce qu'elle a dit, comment cela s'est-il répandu parmi les humains, et ainsi de suite ?

01

Bei dem, was ich heute sagen werde als weitere Ausführungen der letzt­gegebenen Betrachtungen, wird zu berücksichtigen sein, daß auch geistes­wissenschaftlich etwas ganz Bestimmtes gelten muß über das Wirken der einzelnen Persönlichkeit in der Geschichte. Man hat gewöhnlich die Vor­stellung, daß eine Persönlichkeit, sei sie eine künstlerische, sei sie eine staatsmännische, eine religiöse oder eine sonstige Persönlichkeit, die wirksam ist in der Geschichte, durch dasjenige wirkt, was sich auf dem Wege bewußt sich abspielender Impulse ausbreitet, und daß eine solche Persönlichkeit nur auf diesem Wege wirke. Und man betrachtet dann Fragen, die damit im Zusammenhange stehen, so, daß man darauf hin­schaut: Was hat eine solche Persönlichkeit getan, was hat sie ausgespro­chen, wie ist das unter die Menschen gekommen und dergleichen ?

Dans les cas les plus significatifs du devenir historique, les choses ne sont pas aussi simples, mais ce qui est actif dans l'évolution de l'humanité dépend des forces spirituelles motrices qui se trouvent derrière le devenir historique, et les personnalités ne sont en quelque sorte que les moyens et les voies par lesquels certaines forces et puissances spirituelles motrices agissent depuis le monde spirituel dans notre devenir historique sur terre. Cela ne contredit pas le fait que beaucoup de l'individualité, de la subjectivité de ces personnalités dirigeantes ne se répercute pas dans des cercles plus larges. Cela va de soi. Mais on reçoit en premier le concept correct de l'histoire quand on se rend compte que lorsqu'un ainsi nommé grand homme ici ou là exprime ceci ou cela, ce sont les puissances spirituelles dirigeantes de l'évolution de l'humanité qui parlent à travers lui, et qu'il n'est en quelque sorte que le symptôme de la présence de certaines forces motrices. Il est le porche par lequel ces forces parlent dans le devenir historique.

02

So einfach verhält sich gerade in den signifikantesten Fällen des ge­schichtlichen Werdens die Sache nicht, sondern es hängt dasjenige, was in der Menschheitsentwickelung wirksam ist, ab von den treibenden geistigen Kräften, die hinter dem geschichtlichen Werden stehen, und Persönlichkeiten sind gewissermaßen nur die Mittel und Wege, durch die gewisse treibende geistige Kräfte und Mächte aus der geistigen Welt heraus in unser geschichtliches Erdenwerden hereinwirken. Das wider­spricht nicht dem, daß nicht auch vieles von der Individualität, von der Subjektivität solcher führender Persönlichkeiten hinauswirkte in wei­tere Kreise. Das ist ja selbstverständlich. Aber man bekommt von der Geschichte erst den richtigen Begriff, wenn man sich klar darüber ist, daß, wenn da oder dort ein sogenannter großer Mann dies oder jenes ausspricht, durch ihn sprechen die führenden geistigen Mächte der Menschheitsentwickelung und daß er gewissermaßen nur das Symptom dafür ist, daß gewisse treibende Kräfte da sind. Er ist das Tor, durch das diese Kräfte hereinsprechen in das geschichtliche Werden.

Quand alors on cite par exemple une personnalité quelconque d'une certaine période historique et que l'on essaie de la caractériser dans son influence sur toute la configuration de l'époque, cela ne signifie pas que l'on veuille éveiller la croyance, si l'on parle scientifiquement spirituellement, que cet homme a seulement agi comme il l'a fait par la force de sa personnalité. Je vais vous donner un exemple. Supposons que l'on doive citer une personnalité philosophique comme étant particulièrement caractéristique d'une époque donnée - comme nous devrons le faire tout à l'heure. Quelqu'un pourrait alors venir et dire : oui, cette personnalité a écrit des œuvres philosophiques, mais elle n'a eu d'influence que sur un certain cercle ; un cercle supplémentaire d'humains n'a pas subi l'influence de cette personnalité.

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Wenn dann zum Beispiel irgendeine Persönlichkeit einer gewissen ge­schichtlichen Periode angeführt wird und man versucht, sie in ihrem Einflusse auf die ganze Konfiguration der Zeit zu charakterisieren, sobedeutet das nicht, daß man den Glauben erwecken wolle, wenn man geisteswissenschaftlich spricht, daß dieser Mann nur durch die Kraft seiner Persönlichkeit so gewirkt hat, wie es der Fall ist. Ich will ein Bei­spiel anführen. Nehmen wir an, es müsse für irgendeine Zeitepoche — wie wir es gleich nachher werden tun müssen — eine philosophische Persönlichkeit als besonders charakteristisch angeführt werden. Da könnte dann jemand kommen und könnte sagen: Ja, diese Persönlich­keit hat philosophische Werke geschrieben, sie hat aber doch nur auf einen gewissen Kreis gewirkt; ein weiterer Kreis von Menschen hat ja keinen Einfluß erfahren von dieser Persönlichkeit aus.

Il serait tout à fait faux de faire cette objection, car la personnalité en question, même si elle est une personnalité philosophique, n'est que l'expression de certaines forces qui se trouvent derrière elle, et ce sont ces forces qui ont ensuite influencé et impressionné les cercles supplémentaires. On voit seulement à cette personnalité ce qui agit dans le temps. Il pourrait par exemple être le cas qui suit. Il se peut qu'à une époque donnée, un courant spirituel quelconque, une direction d'esprit, agisse dans le subconscient de cercles plus larges d'âmes humaines. Chez une personnalité, cela pourrait s'exprimer de telle manière que ce que de larges cercles, peut-être des peuples entiers, ne font que pressentir, cette personnalité individuelle le formule clairement de manière particulièrement caractéristique, mais ne l'écrit pas du tout, ne le dit peut-être qu'à cinq ou six autres personnes ou ne le dit pas du tout. Il pourrait donc se produire ce cas extrême où l'on découvrirait, des siècles plus tard, les mémoires d'une personnalité quelconque, dans lesquelles se trouvent des choses qui n'ont pas été diffusées par la voie littéraire, et qui pourraient pourtant contenir les idées et les forces les plus caractéristiques de cette époque. C'est dans ce sens que j'ai toujours donné des caractéristiques, lorsque j'ai essayé de faire de telles caractéristiques. Je n'ai jamais voulu faire croire que des idées émanant de personnalités n'agissaient que par la voie de la propagande ordinaire, mais j'ai toujours voulu indiquer que l'on trouvait les idées efficaces formulées par les différentes personnalités. Il faut bien sûr tenir compte du fait que l'influence effective de telles personnalités peut s'interposer. Mais le cas inverse peut aussi être absolument. Une personnalité peut avoir un large impact ; mais il doit être expressément dit le contraire, afin que certaines choses ne soient pas prises de telle sorte que l'on dise quelque peu : si quelqu'un caractérise une personnalité comme significative pour une époque quelconque, il caractérise ainsi quelque chose qui se passe seulement dans un coin, alors que l'on a tout intérêt à entendre caractériser ce qui se passe dans les larges masses. - C'est sous ce point de vue que je vous demande de considérer ce que je vais dire aujourd'hui.

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Es wäre ganz falsch, diesen Einwand zu machen, weil die betreffende Persönlichkeit, wenn es auch eine philosophische Persönlichkeit ist, bloß der Ausdruck ist für gewisse Kräfte, die hinter ihr stehen, und von die­sen Kräften sind dann die weiteren Kreise beeinflußt und beeindruckt worden. An dieser Persönlichkeit sieht man nur, was in der Zeit wirkt. Es könnte zum Beispiel das Folgende der Fall sein. Es könnte in einer Zeit irgendeine Geistesströmung, eine Geistesrichtung, in dem Unter-bewußten weiter Kreise von Menschenseelen wirken. Bei einer Persön­lichkeit könnte das so zum Ausdruck kommen, daß das, was weite Kreise, vielleicht ganze Völker, nur ahnen, diese einzelne Persönlichkeit besonders charakteristisch klar formuliert, aber es überhaupt nicht niederschreibt, vielleicht nur fünf, sechs andern Menschen sagt oder auch gar nichts sagt. Es könnte also dieser extreme Fall eintreten, daß man nach Jahrhunderten die Memoiren irgendeiner Persönlichkeit ent­deckte, in denen Dinge stehen, die nicht auf literarischem Wege ver­breitet worden sind, und dennoch könnten in diesen Memoiren die charakteristischsten Ideen und Kräfte gerade dieser Zeit drinnenstehen. In diesem Sinne habe ich auch immer Charakteristiken gegeben, wenn ich solche Charakteristiken versucht habe. Niemals wollte ich den Glau­ben erwecken, daß nur auf dem Wege der gewöhnlichen Propaganda Ideen von Persönlichkeiten aus wirken, sondern immer wollte ich dar­auf hinweisen, daß man die wirksamen Ideen formuliert findet an den einzelnen Persönlichkeiten. Dabei kommt natürlich in Betracht, daß dazwischen gehen kann der wirksame Einfluß solcher Persönlichkeiten. Es kann aber auch einmal durchaus das Umgekehrte der Fall sein. Voneiner Persönlichkeit kann eine breite Wirkung ausgehen; aber es muß das andere ausdrücklich gesagt werden, damit gewisse Dinge nicht so genommen werden, daß man etwa sagt: Wenn jemand eine Persönlich­keit charakterisiert als bedeutsam für irgendeine Zeit, so charakterisiert er damit etwas, was nur in irgendeiner Ecke geschieht, während man doch ein Interesse daran hat, dasjenige charakterisiert zu hören, was in den breiten Massen vor sich geht. — Von diesen Gesichtspunkten aus bitte ich das zu betrachten, was ich heute sagen werde.

Il a souvent été expliqué par moi comment il y a eu un certain saut important dans le devenir historique de l'humanité au XVe siècle. Celui qui étudie la vie de l'âme de l'humanité civilisée trouve que cette vie de l'âme aux 16e et 17e siècles est radicalement différente de la vie de l'âme aux 10e, 11e et 12e siècles. J'ai souvent attiré l'attention sur cette affirmation, qui est l'une des plus fausses, mais qui est toujours répétée : la nature ou le monde, les événements mondiaux ne font pas de sauts. - De tels sauts sont justement présents aux endroits les plus importants de l'évolution. Et un tel saut dans l'évolution de l'humanité civilisée est précisément le passage de la quatrième période post-atlantique, qui s'achève au 15e siècle, à la cinquième, dans laquelle nous vivons encore actuellement, et au début de laquelle nous nous trouvons seulement. Dans un certain sens, toute la manière de penser de l'humanité civilisée européenne sera différente après le XVe siècle, mais les différentes nations et les différents peuples seront différents d'une autre manière. Certains phénomènes de transition se produisent d'une manière différente chez les différents peuples.

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Es ist öfters von mir auseinandergesetzt worden, wie ein gewisser starker Sprung in dem geschichtlichen Werden der Menschheit vorliegt im 15. Jahrhundert. Derjenige, der das Seelenleben der zivilisierten Menschheit studiert, der findet, daß dieses Seelenleben im 16., 17. Jahr­hundert radikal verschieden ist von dem Seelenleben im 10.,11.,12. Jahr­hundert. Ich habe ja öfters darauf hingewiesen, wie es einer der un­wahrsten Aussprüche ist, der aber immer wiederholt wird: die Natur oder die Welt, das Weltgeschehen mache keine Sprünge. — Solche Sprünge sind gerade an den bedeutsamsten Stellen der Entwickelung vorhanden. Und ein solcher Sprung in der Entwickelung der zivilisier­ten Menschheit ist eben der Übergang von der vierten nachatlantischen Zeit, die im 15. Jahrhundert zu Ende geht, zu der fünften, in der wir jetzt noch leben, an deren Anfang wir eigentlich erst stehen. Es wird in gewissem Sinne in der ganzen Gesinnungsweise, in den Ge­dankenformen der europäischen zivilisierten Menschheit anders nach dem 15. Jahrhundert; aber es wird bei den verschiedenen Nationen, bei den verschiedenen Völkern in einer andern Weise anders. Es tre­ten gewisse Übergangserscheinungen in einer verschiedenen Weise auf bei den verschiedenen Völkern.

Or, on ne peut pas comprendre la vie de l'esprit dans laquelle on se trouve aujourd'hui si l'on n'a pas une vision de ce qui, depuis le XVe siècle, s'élève peu à peu dans notre vie de l'esprit. On doit saisir cette nouvelle vie de l'esprit montante à des points caractéristiques. Mais on peut naturellement caractériser seulement certains courants et certains points de vue. Si l'on considère la période qui précède cette cinquième période post-atlantique, depuis le mystère du Golgotha jusqu'au XVe siècle, on doit dire qu'à cette époque, une grande partie de l'humanité civilisée européenne tente de gagner une compréhension, une compréhension religieuse du christianisme. Celui qui essaie d'étudier les différentes conceptions qui se sont développées en Europe à propos du christianisme depuis le troisième et le quatrième siècle jusqu'au quinzième siècle, trouvera que les humains de cette Europe civilisée ont utilisé toutes leurs facultés conceptuelles, leur sensibilité, tout ce qu'ils pouvaient tirer de leur âme, pour comprendre à leur manière le christianisme, pour gagner à leur manière une compréhension de ce qu'est devenu le monde à travers le mystère du Golgotha.

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Nun kann man das Geistesleben, in dem man heute drinnensteht, nicht verstehen, wenn man nicht eine Anschauung hat von dem, was seit dem 15. Jahrhundert in unserem Geistesleben nach und nach herauf­zieht. Man muß an charakteristischen Punkten dieses neu heraufziehende Geistesleben fassen. Man kann aber natürlich immer nur einzelne Strö­mungen und einzelne Gesichtspunkte charakterisieren. Wenn man die Zeit, die diesem fünften nachatlantischen Zeitraum vorangeht, von dem Mysterium von Golgatha bis ins 15. Jahrhundert, betrachtet, so mußman sagen: Es wird ja von einem großen Teil der europäischen zivi­lisierten Menschheit in dieser Zeit versucht, ein Verständnis, ein reli­giöses Verständnis des Christentums zu gewinnen. Wer den Versuch macht, die einzelnen Anschauungen zu studieren, wie sie sich mit Be­zug auf das Christentum in Europa vom 3., 4. Jahrhundert an bis ins 15. Jahrhundert ergeben haben, der wird finden, daß die Menschen dieses zivilisierten Europas all ihr Begriffsvermögen, ihr Empfindungs­vermögen, alles, was sie aus ihrer Seele herausholen konnten, dazu ver­wendet haben, um in ihrer Art das Christentum zu verstehen, in ihrer Art ein Verständnis von dem zu gewinnen, was aus der Welt geworden ist durch das Mysterium von Golgatha.

Or, après le XVe siècle, des conditions très particulières apparaissent. Ce n'est qu'à ce moment-là - et pour celui qui ne considère pas cette fable convenue que l'on appelle habituellement l'histoire, mais l'histoire réelle, c'est tout à fait clair - qu'apparaît ce que l'on appelle aujourd'hui, dans les cercles les plus larges, l'orientation de pensée scientifique. Avant, il y avait en fait tout autre chose. Ce que l'on considère aujourd'hui comme la vraie science ne commence qu'au cours de cette cinquième période post-atlantique. Et une configuration bien précise lui est imposée, et on peut dire qu'elle est imposée de différentes manières. C'est toujours la même empreinte, mais elle est imprimée différemment en Occident, dans les régions de la civilisation occidentale, et un peu différemment dans les régions de la civilisation d'Europe centrale. Et le moment est venu aujourd'hui où ces choses devraient être considérées de manière impartiale, sans que des idées de nationalisme n'influencent l'approche dans le sens défavorable comme je l'ai déjà caractérisé hier.

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Nun treten nach dem 15. Jahrhundert ganz besondere Verhältnisse ein. Es kommt eigentlich da erst — und für denjenigen, der nicht jene Fable convenue betrachtet, die man gewöhnlich Geschichte nennt, son­dern die wirkliche Geschichte, ist das ganz klar — dasjenige herauf, was man in weitesten Kreisen heute wissenschaftliche Denkrichtung nennt. Vorher war eigentlich etwas ganz anderes da. Was heute als das richtig Wissenschaftliche angesehen wird, das nimmt erst in dieser fünften nach­atlantischen Periode seinen Anfang. Und dem wird eine ganz bestimmte Konfiguration aufgedrückt, und zwar, kann man sagen, aufgedrückt in verschiedener Weise. Es ist zwar immer derselbe Aufdruck, aber in ver­schiedener Prägung aufgedrückt im Westen, in Gegenden der westlichen Zivilisation, und etwas anders aufgedrückt in Gegenden der mittel­europäischen Zivilisation. Und es ist heute der Zeitpunkt herangekom­men, wo durchaus diese Dinge unbefangen betrachtet werden sollten, betrachtet werden sollten, ohne daß Nationalismus-Ideen die Betrach­tungsweise in dem ungünstigen Sinne beeinflussen, wie ich das gestern schon charakterisiert habe.

Et c'est là que nous arrivons, si nous voulons voir comment cette époque récente a reçu sa signature spirituelle à partir d'une manifestation de personnalité caractéristique, à une personnalité comme celle qui est particulièrement caractéristique de la sortie du 16e au 17e siècle, le philosophe anglais Baco de Verulam. Parmi les humains qui se prétendent/pensaient scientifiques, Bacon est en effet considéré comme une sorte de rénovateur de la manière de penser humaine. Mais ce Bacon est un exposant, un symptôme de quelque chose qui s'est produit récemment dans l'histoire, dans le sens que je viens d'exprimer. Tout le monde occidental est en fait traversé par une certaine vague d'attitudes, et Bacon est seulement celui qui a formulé le plus clairement cette vague d'attitudes du monde occidental. Sans que les humains le sachent, cette vague d'attitude vit en chacun d'eux. La manière dont ils pensent, la manière dont ils s'expriment sur les questions les plus importantes de la vie, sont baconiennes dans certaines régions de la civilisation occidentale, aussi si les humains combattent Bacon lorsqu'ils disent quelque chose de contraire. Il ne s'agit pas tant du contenu que l'on donne à une quelconque idée de vision du monde, mais il s'agit de la façon et la manière dont une telle idée de vision du monde se place d'abord dans le cœur de l'humain, et alors la manière dont elle se place dans les impulsions du devenir historique mondial.

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Und da kommen wir eben, wenn wir an einer charakteristischen Per­sönlichkeitserscheinung betrachten wollen, wie diese neuere Zeit ihre geistige Signatur bekommen hat, auf eine solche Persönlichkeit wie die, die besonders charakteristisch ist für den Ausgang aus dem 16. in das 17. Jahrhundert, auf den englischen Philosophen Baco von Verulam. Unter denjenigen Menschen, die sich wissenschaftlich dünken, gilt ja Bacon als eine Art Erneuerer menschlicher Denkweise. Aber dieser Bacon ist ein Exponent, ein Symptom für etwas, was in der neueren Zeit herauftritt in der Geschichte in dem Sinne, wie ich das eben zum Ausdruck gebracht habe. Die ganze westliche Welt wird im Grunde ge­nommen von einer gewissen Gesinnungswelle durchsetzt, und Bacon ist nur derjenige, der am klarsten diese Gesinnungswelle der westlichen Welt formuliert hat. Ohne daß es die Menschen wissen, lebt diese Ge­sinnungswelle in einzelnen. Die Art und Weise, wie sie denken, die Art und Weise, wie sie sich über die wichtigsten Angelegenheiten des Lebens ausdrücken, ist in Gegenden der westlichen Zivilisation baconisch, auch wenn die Menschen Bacon bekämpfen, wenn sie ein Entgegengesetztes sagen. Es kommt ja nicht so sehr auf den Inhalt an, den man irgend­welcher Weltanschauungsidee gibt, sondern es kommt auf die Art und Weise an, wie sich eine solche Weltanschauungsidee erstens zum Herzen des Menschen stellt, und dann, wie sie sich hineinstellt in die Impulse des weltgeschichtlichen Werdens.

Pour rendre plus clair ce que je viens d'exprimer, j'aimerais dire, rendre plus clair par un paradoxe, dire qu'à notre époque, quelqu'un pourrait être un matérialiste flagrant et l'autre un spiritualiste flagrant, et les deux pourraient très bien exprimer leurs idées à partir de notre époque matérialiste - la différence ne serait pas grande. Ce qui compte aujourd'hui, ce n'est pas tant de savoir si l'on se réclame littéralement du spiritualisme ou du matérialisme, mais de savoir dans quel esprit l'on fait l'un ou l'autre. Car ce n'est pas le contenu littéral qui agit réellement, mais l'esprit à partir duquel quelque chose est. C'est lui qui agit ; ce n'est que si l'on est un abstrait que l'on donne quelque chose uniquement et exclusivement au contenu littéral.

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Man kann, um das, was ich eben ausgesprochen habe, ich möchte sagen, durch eine Paradoxie deutlicher zu machen, sagen: In unserer Zeit könnte jemand ein krasser Materialist sein und der andere ein krasser Spiritualist, und beide könnten ganz gut aus unserer materialistischen Zeit heraus ihre Ideen sagen — der Unterschied würde kein großer sein. Es kommt gar nicht so sehr darauf an, ob heute einer dem wortwört­lichen Inhalte nach sich zum Spiritualismus oder Materialismus bekennt, sondern es kommt darauf an, aus welchem Geiste heraus er das eine oder das andere tut. Denn der wortwörtliche Inhalt ist es nicht, der eigentlich wirkt, sondern der Geist, aus dem heraus irgend etwas ist. Der wirkt; nur wenn man ein Abstraktling ist, gibt man einzig und allein etwas auf wortwörtlichen Inhalt.

Il est maintenant à remarquer que Bacon, si l'on s'en tient vraiment à ce qu'est l'esprit de la manière de penser de Bacon, a tenté de fonder la connaissance de l'humanité, de fonder la science, avec les forces de l'esprit qui étaient apparues en particulier depuis le milieu du XVe siècle. Les forces de connaissance dont dispose l'humanité à l'époque moderne devaient devenir des sciences. Ce fut une époque importante, le début de la cinquième période post-atlantique, dans laquelle Bacon est apparu. C'était pour ainsi dire l'époque où tout était vraiment remis en question, car on ne pouvait pas continuer à filer des idées sur les énigmes du monde avec les moyens de l'ancienne alchimie, de l'ancienne astrologie, avec tous les autres moyens anciens ni avec l'ancien mode de pensée religieux. Il y avait un besoin/une pression au renouvellement. En quoi ce besoin s'exprimait-il de manière toute caractéristique ? - Ce besoin s'exprimait par le fait que c'est précisément à cette époque que toutes les véritables forces de saisie spirituelle de l'humanité étaient au plus bas.

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Nun ist zu bemerken, daß Bacon, wenn man wirklich auf das ein­geht, was der Geist der Denkweise Bacons ist, den Versuch gemacht hat, mit den Geisteskräften, die besonders aufgetaucht waren seit der Mitte des 15. Jahrhunderts, Erkenntnis der Menschheit zu begründen, Wissen­schaft zu begründen. Die Erkenntniskräfte, die der Menschheit in der neueren Zeit zur Verfügung stehen, die sollten Wissenschaften werden. Es war eine wichtige Zeit, der Anfang des fünften nachatlantischen Zeit­raumes, in dem Bacon aufgetreten ist. Es war sozusagen die Zeit, in derwirklich alles in Frage gestellt war; denn man konnte nicht in der alten Weise mit den Mitteln der alten Alchemie, der alten Astrologie, mit all den übrigen alten Mitteln, auch nicht mit der alten religiösen Denkweise weiter über die Weltenrätsel irgendwelche Ideen spinnen. Es war der Drang vorhanden nach Erneuerung. Worin drückte sich denn ganz charakteristisch dieser Drang aus ? — Dieser Drang drückte sich darin aus, daß gerade in dieser Zeit ein Tiefstand war für alle wirklichen geistigen Erfassungskräfte der Menschheit.

Jusqu'au XVe siècle, il aurait semblé impossible de vouloir comprendre quelque chose comme le mystère du Golgotha avec une simple raison analytique orienté vers le sensible. Il allait plutôt de soi qu'une chose telle que le mystère du Golgotha ne devait être comprise que comme une manifestation suprême parmi d'autres, comprise avec des forces de connaissance plus élevées que ce qui s'étend autour de nous comme nature. Ces forces de connaissance avaient encore une certaine hauteur lorsque le mystère du Golgotha s'est produit. Elles ont diminué de plus en plus au cours de l'évolution de l'humanité. Et lorsque l'époque la plus récente a commencé, après le XVe siècle, les humains n'avaient plus de forces de saisie spirituelles, ils n'avaient que la raison analytique orientée vers le sensible.

11

Bis in das 15. Jahrhundert hätte es eine Unmöglichkeit geschienen, so etwas wie das Mysterium von Golgatha mit bloßem auf das Sinnliche gerichteten Verstande begreifen zu wollen. Es war vielmehr eine Selbst­verständlichkeit, daß so etwas wie das Mysterium von Golgatha nur als höchste Erscheinung unter andern begriffen werden müsse, mit höheren Erkenntniskräften als dasjenige begriffen wird, was als Natur um uns herum sich ausbreitet. Diese Erkenntniskräfte hatten noch eine gewisse Höhe, als das Mysterium von Golgatha geschah. Sie nahmen immer mehr und mehr ab in der Menschheitsentwickelung. Und als die neueste Zeit begann nach dem 15. Jahrhundert, hatten die Menschen keine gei­stigen Fassungskräfte mehr, sie hatten nur den auf das Sinnliche gerich­teten Verstand.

Avec la raison analytique orientée vers le sensible, Bacon cherchait maintenant à fonder une mentalité scientifique. Et c'est ainsi qu'il rejeta toutes les méthodes de recherche qui étaient auparavant reconnues comme légitimes, et qu'il affirma d'abord l'expérimentation comme ce qui valait, sur quoi unique et seul devait être construite la science en chose principale. Une grande partie du monde se tient encore aujourd'hui à ce point de vue : on doit expérimenter, on doit créer les instruments et expérimenter, et c'est à partir des expériences que doivent se donner les façons de voir/visions sur la nature. - Vu du forum de l'esprit, cela signifie : j'ai ici un papillon ; c'est trop compliqué pour moi d'examiner ce papillon, je le reproduis de manière très trompeuse en papier mâché et j'examine ensuite la reproduction en papier mâché. - Au fond, cela revient quand même à observer la nature vivante par l'expérience morte, ce qui n'est rien d'autre que de remplacer la nature vivante par le cadavre pour l'observation de la nature. Aussi quand nous travaillons dans un laboratoire de physique, nous devons être conscients que nous expérimentons sur des cadavres de la nature. On doit évident expérimenter, on doit aussi faire des recherches sur le cadavre humain. Mais sur un cadavre humain, on ne peut pas se faire d'illusion sur le fait que l'on n'a que le cadavre devant soi. Dans l'expérimentation, on se donne cependant l'illusion que c'est elle qui nous transmet la vérité. Mais personne qui n'a pas déjà en lui l'intuition spirituelle pour injecter dans l'expérience ce dont il s'agit à partir de la nature vivante, ne peut gagner de l'expérience, de l'expérience morte, quelque chose qui est valable pour la nature vivante.

12

Mit dem auf das Sinnliche gerichteten Verstand suchte nun Bacon eine wissenschaftliche Gesinnung zu begründen. Und so wies er alle diejeni­gen Methoden des Forschens ab, die vorher als berechtigt anerkannt waren, und machte zuerst das Experiment als dasjenige geltend, auf das einzig und allein in der Hauptsache Wissenschaft gebaut werden sollte. Ein großer Teil der Welt steht heute noch auf diesem Standpunkt: Man muß experimentieren, man muß die Gerätschaften schaffen und experi­mentieren, und aus den Experimenten heraus müssen sich ergeben die Anschauungen über die Natur. — Vor dem Forum des Geistes angeschaut, heißt das: Ich habe hier einen Schmetterling; es ist mir zu kompliziert, diesen Schmetterling zu untersuchen, ich mache ihn aus Papiermaché sehr täuschend nach und untersuche dann die Nachbildung aus Papier­maché. — Das heißt im Grunde genommen doch dasselbe wie die Be­obachtung der lebendigen Natur durch das tote Experiment, was nichts anderes ist, als die lebendige Natur durch den Leichnam für die Naturbeobachtung zu ersetzen. Auch wenn wir im physikalischen Laborato­rium arbeiten, sollten wir uns bewußt sein, daß wir an Leichnamen der Natur experimentieren. Man muß selbstverständlich experimentieren, man muß auch am menschlichen Leichnam Untersuchungen machen. Aber man kann sich am menschlichen Leichnam keiner Illusion darüber hingeben, daß man eben nur den Leichnam vor sich hat. Beim Experi­ment aber gibt man sich der Illusion hin, daß es einem erst die Wahr­heit überliefert. Aber niemand, der nicht in sich schon die geistige In­tuition hat, um aus der lebendigen Natur in das Experiment dasjenige hereinzuergießen, um was es sich handelt, kann aus dem Experiment, dem toten Experiment irgend etwas, das für die lebendige Natur gilt, heraus gewinnen.

Mais avec cela est indiqué que la manière de penser de Bacon visait dès le départ à faire de la mort le principe d'explication de l'essence du monde. Or, ce qui est particulier, c'est que dans la reproduction du vivant que l'on obtient encore par l'expérimentation, on a des points de repère pour des explications de la nature extrahumaine, mais que l'on ne doit pas se faire d'illusion sur le fait que l'on puisse vraiment obtenir, par quelque expérimentation que ce soit, quelque chose qui éclaire l'humain lui-même. Tout expérimenter nous éloigne de l'entité humaine.

13

Damit aber ist angedeutet, daß die Baconsche Denkweise von vornherein darauf ausging, das Tote zum Erklärungsprinzip des Wel­tenwesens zu machen. Nun ist das Eigentümliche, daß man in jener Nachbildung des Lebendigen, die man im Experimente noch er­reicht, Anhaltspunkte hat für Erklärungen der außermenschlichen Natur, daß man sich aber keiner Illusion hingeben soll, daß man durch irgend etwas Experimentelles wirklich etwas gewinnen kann, was aufklärt über den Menschen selbst. Alles Experimentieren führt von der menschlichen Wesenheit hinweg.

C'est pourquoi, au cours des siècles qui se sont écoulés depuis lors et au cours desquels s'est répandue cette attitude de pensée qui a atteint une certaine hauteur avec Bacon, la compréhension de l'humain proprement dit et de son essence s'est perdue. Ce qui s'est perdu, c'est la compréhension de ce qui est réellement contenu au plus profond de la nature humaine en tant qu'essence motrice et agissante.

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Daher ist es gekommen, daß in den Jahrhunderten, die seither verflossen sind und in denen sich jene Denkergesinnung, die in Bacon eine bestimmte Höhe erreicht hat, ausgebreitet hat, das Verständnis für den eigentlichen Menschen und sein Wesen verlorengegangen ist. Verlorengegangen ist das Verständnis für das, was eigentlich als trei­bendes, wirkendes Wesen im Innersten der Menschennatur selber ent­halten ist.

Maintenant, personne ne peut trouver les grandes impulsions du vouloir moral, du vouloir social, sans entrer dans l'essence de la nature humaine. C'est pourquoi la compréhension des impulsions du vouloir moral et social a disparu au cours de ces siècles, disparaissant précisément de l'attitude de pensée de Bacon. C'est pourquoi, parallèlement à l'extinction de la compréhension du monde telle qu'elle émane de Bacon, on trouve la simple morale de l'utilité. Il s'agit précisément d'une définition baconienne : est bon ce qui est utile à l'humain, soit à l'individu humain individuel, soit à l'humanité tout entière.

15

Nun kann niemand die großen Impulse des moralischen, des sozialen Wollens finden, ohne auf das Wesen der Menschennatur einzugehen. Daher ist auch das Verständnis für die Impulse des moralischen und sozialen Wollens in diesen Jahrhunderten verschwunden, verschwunden gerade aus Baconscher Denkergesinnung heraus. Daher geht parallel zu der Ertötung des Verständnisses für die Welt, wie sie von Bacon aus­geht, die bloße Nützlichkeitsmoral. Es ist geradezu eine Baconsche Definition: Gut ist das, was dem Menschen, entweder dem einzelnen menschlichen Individuum oder der ganzen Menschheit, nützlich ist.

Ainsi, à partir de l'attitude de Bacon - et elle était beaucoup plus répandue que n'importe qui se fait une représentation aujourd'hui -, nous avons d'un côté une attitude de penseur scientifique qui peut seulement saisir que ce qui est extrahumain, et de l'autre côté une morale qui ne va que vers l'utile ahrimanien. Chez Thomas Hobbes, un contemporain de Bacon, cela s'est exprimé de manière encore plus forte que chez Bacon lui-même. Mais cette vague de morale utilitaire s'est ensuite déversée dans le pur sens de la compréhension du monde extrahumain, s'est déversée chez tous les philosophes Locke, Hume et ainsi de suite jusqu'à Spencer et chez les scientifiques de Newton à Darwin. Celui qui veut étudier de la manière la plus caractéristique ce qui est venu du monde occidental dominant pour constituer la dernière vague de la mentalité/attitude européenne, doit commencer là, doit partir de la manière de penser de Bacon.

16

So haben wir, ausgehend von der Baconschen Gesinnung — und sie war viel verbreiteter, als sich irgend jemand heute eine Vorstellung davon macht —, auf der einen Seite eine wissenschaftliche Denkergesinnung, die nur das Außermenschliche erfassen kann, auf der andern Seite eine Moral, die nur auf das ahrimanisch Nützliche geht. Bei Thomas Hobbes, einem Zeitgenossen Bacons, ist das in einem noch stärkeren Maße zum Ausdruck gekommen als bei Bacon selbst. Aber es hat sich dann diese Welle der Nützlichkeitsmoral ergossen in den bloßen Sinn für das Ver­ständnis der außermenschlichen Welt, ergossen in all die Philosophen Locke, Hume und so weiter bis herauf zu Spencer und bis in die Natur­wissenschafter von Newton bis Darwin. Wer am charakteristischsten studieren will, was aus der tonangebenden westlichen Welt heraus zur Konstituierung der neuesten Welle europäischer Gesinnung gekommen ist, der muß dort anfangen, muß ausgehen von der Baconschen Denk­weise.

Mais maintenant, quelque chose de très précis est lié à cette attitude de pensée et morale de Bacon. On peut seulement comprendre avec elle ce qui est extrahumain, on peut seulement trouver moralement ce qui est utile à l'humain et à l'humanité, c'est-à-dire qu'avec les moyens avec lesquels on aspire ici à la science et à la morale naturelle, on n'atteint pas du tout le domaine dans lequel la religion est !

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Nun ist aber mit dieser Baconschen Denker- und Moralgesinnung etwas ganz Bestimmtes verknüpft. Man kann nur das Außermenschliche mit ihr begreifen, man kann moralisch nur das finden, was dem Menschen und der Menschheit nützlich ist, das heißt, mit den Mitteln, mit denen man hier Wissenschaft und natürliche Moral anstrebt, gelangt man gar nicht in das Gebiet hinein, in welchem Religion west !

Quelle est la conséquence ? La conséquence est que parmi ceux qui sont porteurs de cette attitude, apparait un effort de laisser la religion telle qu'elle était auparavant, c'est-à-dire de la perpétuer historiquement, de ne pas lui apporter de nouveaux éléments issus d'une nouvelle science de l'esprit. Bacon a en effet défendu le point de vue le plus caractéristique selon lequel la science ne doit pas être associée à la religion, car cela rendrait la science fantastique ; et la religion ne doit pas être associée à la science, car cela rendrait la religion hétérodoxe. - La religion doit donc être tenue à l'écart des aspirations qui s'affirment chez l'humain en tant qu'aspirations scientifiques. Les nouvelles forces qui sont actuellement actives dans l'humanité civilisée depuis le XVe siècle sont amenées à l'aspiration scientifique. La religion n'est pas alimentée par de nouvelles forces. Elle doit être conservée avec les forces qui lui ont déjà été apportées auparavant, car on craint les nouvelles forces qui pourraient lui être apportées. On craint qu'elle ne devienne hétérodoxe, qu'elle ne perde son contenu propre.

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Was ist die Folge ? Die Folge ist, daß unter denen, die Träger dieser Gesinnung sind, ein Bestreben entsteht, die Religion so zu lassen, wie sie vorher war, das heißt, sie historisch fortzupflanzen, ihr nicht aus einer neuen Wissenschaft des Geistes neue Elemente zuzuführen. Bacon hat ja die charakteristischste Anschauung vertreten, Wissenschaft dürfe nicht mit Religion irgendwie zusammengebracht werden, denn dadurch werde Wissenschaft phantastisch; und Religion dürfe nicht mit Wissen­schaft irgendwie zusammengebracht werden, denn dadurch würde Reli­gion heterodox. — Es soll also Religion schön ferngehalten werden von demjenigen Streben, das sich beim Menschen als wissenschaftliches Stre­ben geltend macht. Die neuen Kräfte, die jetzt seit dem 15. Jahrhundert in der zivilisierten Menschheit tätig sind, führt man dem wissenschaftlichen Streben zu. Der Religion werden keine neuen Kräfte zugeführt. Sie soll fortkonserviert werden mit den Kräften, die ihr früher schon zugeführt wurden, denn man fürchtet sich vor den neuen Kräften, die ihr zugeführt werden könnten. Man fürchtet sich, daß sie heterodox würde, daß sie ihren eigentlichen Inhalt verlöre.

Que devait-il se passer sous l'influence d'une telle attitude de penser ? Que s'est-il passé ? Ce qui s'est passé, c'est qu'à partir d'une certaine véracité humaine, on a aspiré à la science pour le monde extrahumain, à partir d'une certaine véracité, on a aspiré à une morale de l'utilité, mais qu'on ne veut pas aspirer à la religion à partir de ce à quoi on aspire à la science. Celle-ci ne doit pas du tout être touchée par cela. Elle doit ne rien recevoir à faire à voir avec l'aspiration scientifique proprement dite, tout au plus dans la mesure où on la considère historiquement. C'est ainsi que l'on a pu établir la différence entre la science et la religion révélée. Cette différence peut aussi être exprimée un peu plus fortement, elle peut être exprimée de la manière suivante, elle est alors seulement plus fortement exprimée et donc plus désagréable pour les humains qui n'aiment pas entendre la vérité ; on peut en effet la caractériser ainsi : on aspire honnêtement à la science, notamment à cette science qui ne s'étend qu'aux choses extrahumaines. On aspire aussi honnêtement, véritablement, à une morale de l'utilité ; mais on n'applique pas cette aspiration honnête et vraie à la religion, qui doit en rester intacte, à laquelle la science n'a pas la permission de venir. Science extrahumaine honnête, morale utilitaire honnête - la religion comme hypocrisie, la religion à partir de la non-vérité : c'est seulement exprimé un peu plus acérée, et donc désagréable pour les humains qui ne veulent pas entendre la vérité sans fard, la différence entre la science et la religion révélée. Mais c'est parce que l'on exprime clairement et nettement une telle chose que l'on en découvre l'essence. Et c'est ainsi que le plus caractéristique de ce courant de pensée est que l'on a reculé devant l'application de la science à la religion, que l'on ne voulait pas que la force du savoir, que l'on applique dans la science de la nature et du genre, joue dans la religion.

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Was mußte unter dem Einfluß einer solchen Denkergesinnung gesche­hen ? Was ist geschehen ? Das ist geschehen, daß man aus einer gewissen menschlichen Wahrhaftigkeit heraus Wissenschaft für die außermensch­liche Welt anstrebte, aus einer gewissen Wahrhaftigkeit heraus Nütz­lichkeitsmoral anstrebte, daß man aber nicht aus dem, woraus man Wissenschaftlichkeit anstrebt, Religion anstreben will. Die soll davon gar nicht berührt werden. Die soll nichts zu tun bekommen mit dem eigentlichen wissenschaftlichen Streben, höchstens insofern man sie histo­risch betrachtet. Dadurch bekam man den Unterschied heraus zwischen Wissenschaft und geoffenbarter Religion. Dieser Unterschied kann auch etwas stärker ausgesprochen werden, er kann in der folgenden Weise ausgesprochen werden, dann ist er nur stärker ausgesprochen und des­halb unangenehmer für die Menschen, die die Wahrheit nicht gern hören; man kann ihn nämlich so charakterisieren: Nach der Wissenschaft strebt man ehrlich, nämlich nach jener Wissenschaft, die sich nur auf das Außer­menschliche erstreckt. Nach einer Nützlichkeitsmoral strebt man auch ehrlich, wahrhaftig; aber man wendet dieses ehrliche, wahrhaftige Stre­ben nicht auf die Religion an, die muß unangetastet davon bleiben, auf die darf die Wissenschaft nicht kommen. Ehrliche außermenschliche Wissenschaft, ehrliche Nützlichkeitsmoral — Religion als Heuchelei, Religion aus der Unwahrhaftigkeit heraus: das ist nur etwas schärfer ausgesprochen, daher unangenehm für diejenigen Menschen, die die Wahrheit nicht ungeschminkt hören wollen, der Unterschied zwischen Wissenschaft und geoffenbarter Religion. Aber dadurch, daß man solch eine Sache ja sehr weitgehend klar und scharf ausspricht, kommt man erst auf ihr Wesen. Und so ist das Charakteristischste dieser Denkrich­tung, daß man vor der Anwendung der Wissenschaft auf die Religion zurückschreckte, daß man da nicht wollte, daß die Wissenskraft, die man in der Naturwissenschaft und dergleichen anwendet, in die Religion hineinspielt.

Cette sorte de signature de pensée était dans une certaine mesure naturelle à la civilisation occidentale. Elle lui est si naturelle que de nombreux humains de cette civilisation occidentale ne comprennent absolument rien d'autre que le fait que l'on ne s'élève pas vers le religieux avec le même principe que celui avec lequel on veut comprendre la nature. C'est caractéristique du monde occidental, le tout à lui est entièrement approprié.

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Diese Art von Denksignatur war gewissermaßen der westlichen Zi­vilisation natürlich. Sie ist ihr so natürlich, daß zahlreiche Menschen dieser westlichen Zivilisation überhaupt gar nichts anderes begreifen, als daß man ja nicht mit demselben Prinzip, mit dem man die Natur begreifen will, sich hinaufwende zu dem Religiösen. Für die westliche Welt ist das charakteristisch, ihr ist das ganz angemessen.

Mais maintenant, nous nous pensons la même impulsion transportée en Europe centrale. Je peux le montrer par un exemple caractéristique. Il n'arrive pas toujours que l'on s'oppose à cette attitude de penser de manière aussi tranchée que fut opposé au newtonisme par Goethe, mais il arrive aussi que le darwinisme, qui n'était orienté que vers l'extrahumain et qui, en même temps, ne peut jamais fonder autre chose qu'une morale utilitaire, soit maintenant compris par un humain d'Europe centrale, voire d'Europe centrale prussienne, comme l'était Ernst Haeckel. La chose ne reste pas ce qu'elle est chez Darwin. Chez Darwin, nous voyons la pensée de Bacon se poursuivre. Il observe le monde naturel avec le darwinisme ; mais il reste un croyant, comme Newton est resté un croyant. Il conserve tranquillement l'ancienne manière de penser en se référant au simple religieux. Qu'en est-il chez Haeckel ? Haeckel intègre le darwinisme dans toute son âme. Pour lui, il n'y a pas de possibilité de division en deux, pour lui, il n'y a pas de possibilité de laisser la religion intacte. Il reçoit le darwinisme, avec lequel on ne peut en fait comprendre que des choses extrahumaines, mais il l'applique avec une furor religiosus précisément à l'humain, et il en fait une religion. Cela devient une unité, cela devient une religion.

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Aber jetzt denken wir uns denselben Impuls nach Mitteleuropa ver­frachtet. Ich kann das an einem charakteristischen Beispiel zeigen. Nicht immer geht es ja so, daß in einer so scharfen Opposition dieser Denk­gesinnung opponiert wird, wie von Goethe dem Newtonismus oppo­niert wurde, sondern es findet auch das statt, daß der Darwinismus, der ganz nur auf das Außermenschliche gerichtet war und der zu gleicher Zeit nie etwas anderes begründen kann als eine Nützlichkeitsmoral, nun aufgefaßt wurde von einem so urmitteleuropäischen, sogar preußisch-mitteleuropäischen Menschen, wie Ernst Haeckel es war. Da bleibt die Sache nicht das, was sie bei Darwin ist. Bei Darwin sehen wir die Den­kergesinnung des Bacon fortwirkend. Er betrachtet mit dem Darwinis­mus die natürliche Welt; aber er bleibt ein Gläubiger, wie Newton ein Gläubiger geblieben ist. Er bewahrt sich die alte Denkweise ruhig fort mit Bezug auf das bloße Religiöse. Wie ist das nun bei Haeckel ? Haeckel nimmt in die ganze Seele den Darwinismus auf. Für ihn gibt es nicht die Möglichkeit der Zweiteilung, für ihn gibt es nicht die Möglichkeit, die Religion unangetastet zu lassen. Er bekommt den Darwinismus, mit dem man eigentlich nur Außermenschliches begreifen kann, aber er wen­det mit einem Furor religiosus ihn an gerade auf das Menschliche, und er macht eine Religion daraus. Es wird eine Einheit, es wird eine Religion daraus.

Et c'est ainsi que les impulsions, une fois qu'elles sont là, œuvrent partout. Les impulsions sont les mêmes, mais elles agissent de manière différenciée, spécifiée selon les différents domaines. En Occident, le darwinisme et la religion, servis ensemble, s'accommodent très bien de l'évolution du monde. Ernst Haeckel, l'Européen central, doit les mélanger et en faire un plat unique, car pour lui, il n'est pas possible de juxtaposer les choses. Bacon et ses descendants, jusqu'à Spencer et Darwin, craignent que la religion, si on lui applique la science, devienne hétérodoxe. Haeckel n'en a pas peur. Il fait la religion aussi bien que possible, parce que, selon toute sa conception, la même véracité qu'il fait valoir dans la science doit également être appliquée à la religion. Il en est ainsi dans de nombreux domaines. Le goethéanisme de Goethe lui-même s'est déjà opposé intérieurement à la compréhension du simple extrahumain. Il suffit de prendre l'hymne en prose "La nature", que Goethe a au moins pensé vers les années quatre-vingt, même s'il ne l'a pas écrit lui-même à l'époque, et qui a été présenté ici en eurythmie, et vous verrez que pour Goethe, la nature n'existe absolument pas dans le même sens que pour Newton ou Darwin, mais qu'elle est animée/pourvue d'âme intérieurement, elle est même disponible pour lui en œuvrant avec humour : "... elle a pensé et elle pense continuellement". Et c'est ainsi que Goethe n'a fait, tout au long de sa vie, que développer de manière plus concrète et toujours plus concrète de telles maximes, telles qu'il les a consignées dans le "Fragment" sur la nature. L'autre jour, un journal a publié un article étrange qui, je crois, a même trouvé une suite dans ce journal dominical, où il est dit que lorsque, dans les années quatre-vingt-dix, j'ai publié le "Fragment" sur la nature avec une explication dans la nouvelle édition du "Tiefurter Journal", dans les écrits de la Société Goethe de Weimar, j'ai trop insisté sur le fait que les caractéristiques que Goethe avait traitées dans l'hymne en prose "Nature" jouaient ensuite un rôle dans ses œuvres scientifiques. Il est vraiment drôle de voir l'objection qui est faite dans cet essai. On y dit que ce "fragment" ne contient pas du tout des idées de philosophie de la nature, mais des idées religieuses, et qu'on ne devrait pas retrouver les idées religieuses de ce cantique en prose dans les idées scientifiques ultérieures de Goethe, comme je les ai trouvées. - Un pédant - on ne sait pas quoi dire d'autre - s'est donc fait une fois le plaisir de diviser ce qui est humainement en quête de compréhension, en voulant faire croire aux gens que chez Goethe, les idées scientifiques sont différentes des idées religieuses. Là, on en déduit d'emblée ainsi que l'on voit comment le baconisme repose dans tous les membres de ce monsieur qui a écrit cet essai !

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Und so wirken die Impulse, die einmal da sind, überall. Die Impulse sind dieselben, aber sie wirken differenziert, spezifiziert nach den ver­schiedenen Gebieten. Im Westen verträgt man Darwinismus und Re­ligion zusammen serviert ganz gut in der Weltentwickelung. Ernst Haeckel, der Mitteleuropäer, muß sie durcheinanderrühren und ein ein­heitliches Gericht daraus machen, weil es für ihn nicht geht, die Dinge nebeneinander zu haben. Bacon und seine Nachfahren bis Spencer und Darwin fürchten sich davor, daß die Religion, wenn man Wissenschaft auf sie anwendet, heterodox wird. Haeckel fürchtet sich nicht davor. Er macht die Religion so gut wie möglich, weil er dieselbe Wahrhaftigkeit, die er in der Wissenschaft geltend macht, seiner ganzen Auffassung nach auch in die Religion hineintragen muß. So ist es auf vielen Gebieten. Der Goetheanismus in Goethe selber schon hat ja innerlich opponiert gegen das Begreifen des bloß Außermenschlichen. Sie brauchen nur den Prosa­hymnus «Die Natur» zu nehmen, den Goethe um die achtziger Jahre mindestens gedacht hat, wenn er ihn auch nicht selber damals nieder­geschrieben hat, der hier ja auch eurythmisch vorgeführt worden ist, und Sie werden sehen, für Goethe ist die Natur überhaupt nicht in einem solchen Sinne wie für Newton oder Darwin vorhanden, sondern sie ist innerlich beseelt, sie ist sogar mit Humor wirkend für ihn vorhanden: «... gedacht hat sie und sinnt beständig.» Und so hat Goethe das ganze Leben hindurch nur ins Konkretere und immer Konkretere solche Maxi­men ausgebaut, wie er sie in dem «Fragment» über die Natur nieder­gelegt hat. Neulich ist hier in einem Blatte ein sonderbarer Aufsatz er­schienen, der sogar, ich glaube, in diesem Sonntagsblatt eine Fortsetzung erfahren hat, wo gesagt wird, daß ich, als ich in den neunziger Jahren in der Neuausgabe des «Tiefurter Journals» in den Schriften der Wei­marer Goethe-Gesellschaft das «Fragment» über die Natur mit einer Erklärung herausgegeben habe, zu stark betont hätte, daß die Eigen­schaften, die Goethe in dem Prosahymnus «Natur» verarbeitet habe, dann in seinen naturwissenschaftlichen Werken eine Rolle spielen. Es ist wirklich komisch, welcher Einwand da gemacht wird in jenem Aufsatz. Da wird gesagt, in diesem «Fragment» seien überhaupt nicht natur­philosophische Ideen, sondern religiöse Ideen darinnen, und man dürfe nicht die religiösen Ideen dieses Prosahymnus in den naturwissenschaft­lichen späteren Ideen Goethes so wiederfinden, wie ich sie gefunden habe. — Da hat sich also ein Pedant — man weiß nicht, was man anderes sagen soll — einmal das Vergnügen gemacht, zu zerspalten das mensch­lich nach Verständnis Suchende, indem er den Leuten den Glauben ein­reden will, bei Goethe seien die naturwissenschaftlichen Ideen etwas anderes als die religiösen Ideen. Da wird von vornherein so deduziert, daß man sieht, wie diesem Herrn, der diesen Aufsatz geschrieben hat, der Baconismus in allen Gliedern liegt !

Est-ce que l'on peut voir - j'aimerais maintenant poser la question - à quelque chose d'autre qu'il y a une différenciation entre la science et la religion dans la civilisation moderne ? - On peut le voir à autre chose. Certes, en Angleterre aussi, dans le pays de Bacon, il y avait un Wiclif et des choses de ce genre ; mais cela n'a pas eu d'influence sur la configuration réelle de la civilisation. En revanche, en Europe centrale, quelque chose qui n'a pas eu d'influence considérable à l'ouest, en France, par exemple, se fait sentir de manière très particulière, dans la mesure où, lorsque l'époque moderne, cette cinquième période post-atlantique, arrive, il n'y a pas en Europe centrale d'opposition du même type que dans les pays occidentaux, où l'on fonde vraiment la science de manière très appropriée, mais où l'on ne laisse pas cette science s'étendre au domaine religieux, qui doit continuer à vivre de cette manière et ne rester que la religion révélée dans l'ancien sens, mais c'est précisément dans le domaine religieux que naît en Europe centrale, de manière aiguë, l'opposition de la Réforme et, à partir de là, tout ce qui est malheureux dans l'évolution de l'Europe centrale, l'instigation de la guerre de Trente Ans par les jésuites, tout ce qui s'est encore produit comme conséquences de cette guerre malheureuse, et à nouveau tout ce qui s'est encore produit par la suite. Dans cette Europe centrale, nous voyons directement dans le domaine religieux que l'impulsion de l'époque postérieure au XVe siècle a été déterminante.

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Kann man nun — so möchte ich jetzt die Frage stellen — auch an etwas anderem sehen, daß da in der modernen Zivilisation eine Differenzie­rung ist zwischen Wissenschaft und Religion ? — Man kann es noch an etwas anderem sehen. Gewiß, auch in England, in dem Lande Bacons, gab es einen Wiclif und dergleichen; aber das hat nicht Einfluß gehabt auf die eigentliche Konfiguration der Zivilisation. In Mitteleuropa da­gegen macht sich eigentlich in ganz besonderem Maße etwas geltend, was zum Beispiel nach Westen, nach Frankreich hin gar nicht einen erheb­lichen Einfluß genommen hat, indem nämlich, als die neuere Zeit, dieser fünfte nachatlantische Zeitraum heraufkommt, in Mitteleuropa nicht eine Opposition solcher Art geschieht wie in den westlichen Ländern, wo man wirklich in sehr sachgemäßer Weise Wissenschaft begründet, aber diese Wissenschaft nicht hineinreichen läßt in das religiöse Gebiet, das so fortvegetieren, nur die im alten Sinne geoffenbarte Religion blei­ben soll, sondern es entsteht in Mitteleuropa in scharfer Weise gerade auf dem religiösen Gebiete die Opposition in der Reformation und dar­aus all das Unglückselige in der mitteleuropäischen Entwickelung, die Anzettelung des Dreißigjährigen Krieges durch die Jesuiten, alles das, was sonst noch geschehen ist als die Folgen dieses Unglückskrieges, und wiederum alles das, was weiter noch gekommen ist. Da sehen wir in diesem Mitteleuropa direkt auf dem religiösen Gebiete, daß der Impuls aus dem Zeitalter nach dem 15. Jahrhundert geltend war.

Dans les plus petits comme dans les plus grands phénomènes historiques, on voit que la même impulsion est présente, mais qu'elle est décalée, qu'elle jaillit d'une autre manière de l'âme humaine, du cœur humain. Mais peu à peu, le monde occidental prend les devants, et peu à peu, il se passe quelque chose de très important. Plus nous voyons la vie intellectuelle de l'Europe centrale se développer à l'époque post-goethéenne, plus elle s'éloigne de Goethe. Goethe est certes encore étudié par les historiens de la littérature et par d'autres personnes, et même une recherche sur Goethe est en train de naître. Mais Goethe ne vit pas dans tout cela. Ce que Goethe a voulu apporter comme impulsion à la civilisation d'Europe centrale, Goethe et les siens, s'est peu à peu dilué dans le XIXe siècle. Et dans ce monde d'Europe centrale s'infiltre lentement, tout comme le darwinisme est devenu le haeckelisme, ce que sont les impulsions du monde occidental. Le monde occidental supporte assez bien ces impulsions, mais le monde d'Europe centrale ne les supporte pas. Le monde d'Europe centrale est certes réceptif aux impulsions occidentales, il les accueille, mais il ne les supporte pas. Nous voyons d'un côté Darwin qui, dans son dernier ouvrage, a certes tiré une conséquence pour l'humain du principe qui ne s'applique en fait qu'à l'extrahumain, mais qui n'a pas du tout poussé cette conséquence jusqu'à la portée que lui a donnée Haeckel. Chez Darwin, le principe scientifique est en quelque sorte laissé à l'extrahumain. Mais en Europe centrale, on procède de la même manière que pour le haeckelisme par rapport au darwinisme : on essaie d'imprégner toute la vie d'une telle impulsion. On ne veut pas laisser de côté le domaine religieux, par exemple, qui n'a pas été pénétré, on veut aussi le pénétrer avec cette impulsion. Et ainsi pour les autres domaines qui suivent le même chemin. Ceux qui sont maintenant plus âgés ont encore vécu comment le parlementarisme de coloration anglaise s'est répandu dans toute l'Europe, à l'exception de l'Allemagne prussienne, et comment il a été absorbé en Europe comme le darwinisme par le haeckelisme. Le parlementarisme, tel qu'il vit en Angleterre, est tout à fait bon pour l'Angleterre. Pour les pays d'Europe centrale dans lesquels il a ensuite été transmis, il a été lié à une conséquence telle que celle de Haeckel avec le darwinisme. C'est sous une telle influence que les temps modernes ont vu le jour.

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In den kleinsten und in den größten historischen Erscheinungen sieht man, daß derselbe Impuls vorhanden ist, aber verschoben ist, in einer andern Weise aus der menschlichen Seele, aus dem menschlichen Herzen hervorquillt. Aber nach und nach wird die westliche Welt führend, und nach und nach geschieht etwas sehr Bedeutsames. Je weiter wir in der nachgoetheschen Zeit das Geistesleben Mitteleuropas sich entwickeln sehen, desto mehr entfernt es sich gerade von Goethe. Goethe wird zwar von den Literarhistorikern und von andern Leuten noch studiert, nun ja, es entsteht sogar eine Goethe-Forschung. Aber Goethe lebt nicht in alledem. Was Goethe eigentlich als Impuls in die mitteleuro­päische Zivilisation hat bringen wollen, Goethe und die Seinen, das versickert allmählich im 19. Jahrhundert. Und in diese mitteleuropäische Welt sickert langsam hinein, geradeso wie der Darwinismus zum Haeckelismus geworden ist, dasjenige, was die Impulse der westlichen Welt sind. Die westliche Welt verträgt diese Impulse ganz gut, aber die mitteleuropäische Welt verträgt sie nicht. Die mitteleuropäische Welt steht zwar empfänglich für die westlichen Impulse da, sie nimmt sie auf, aber sie verträgt sie nicht. Wir sehen auf der einen Seite Darwin, der zwar aus dem Prinzip, das eigentlich nur für das Außermenschliche gilt, in seinem letzten Werke auch eine Konsequenz für den Menschen gezogen hat, diese Konsequenz aber keineswegs bis zu jener Tragweite getrieben hat, wie das von Haeckel gemacht wurde. Bei Darwin wird gewissermaßen das Wissenschaftsprinzip gelassen bei dem Außer­menschlichen. In Mitteleuropa aber geht es so, wie es beim Haeckelismus gegenüber dem Darwinismus geht: Es wird versucht, das ganze Leben mit einem solchen Impuls zu durchdringen. Man will nicht nebenher stehen lassen das nicht durchdrungene, zum Beispiel religiöse Gebiet, man will das auch mit dem Impuls durchdringen. Und so bei den andern Gebieten, die denselben Weg machen. Das haben diejenigen, die jetzt älter sind, ja selbst noch erlebt, wie der Parlamentarismus englischer Fär­bung sich über ganz Europa ergossen hat, mit Ausnahme von Preußisch-Deutschland, und wie er in Europa aufgenommen worden ist so wie der Darwinismus durch den Haeckelismus. Der Parlamentarismus, wie er in England lebt, ist für England ganz gut. Für diejenigen Länder Mitteleuro­pas, in die er dann übertragen worden ist, ist mit ihm solch eine Konse­quenz verbunden worden wie durch Haeckel mit dem Darwinismus. Un­ter solchem Einflusse haben sich die neueren Zeiten ergeben.

Mais on peut aller plus loin et caractériser beaucoup plus profondément les phénomènes tels qu'ils se sont déroulés. Outre Bacon, nous avons en Occident une personnalité qui exerce une grande influence sur la civilisation moderne : Shakespeare. Pour celui qui est capable d'étudier la vie spirituelle, le baconisme et le shakespearisme indiquent la même source extraterrestre, mais représentée dans le monde terrestre. Les deux empruntent le même chemin dans l'évolution moderne, et l'on sait que l'inspiration de Bacon et de Shakespeare provient de la même source. Cela a même conduit, à l'époque moderne où tout est pris au premier degré, à l'élaboration de la fameuse théorie de Bacon, qui est bien sûr une absurdité totale telle qu'elle a été élaborée. Mais c'est tout à fait de la même source que l'inspiration Bacon-Shakespeare que proviennent pour l'Europe centrale, et même à partir de la même personnalité initiatrice, le courant spirituel de Jakob Böhme et de l'Allemand du Sud Jacobus Baldus. Et bien plus qu'on ne le croit, ce qui vient de Jakob Boehme vit dans la vie spirituelle de l'Europe centrale - à nouveau une telle personnalité, qui n'a fait que formuler ce qui agissait comme un fait dans les cercles les plus larges, même si ce n'était pas avec les mots de Jakob Boehme. Il faut seulement être conscient qu'une bonne partie de la doctrine des métamorphoses de Goethe provient de Jacob Boehme, qu'une bonne partie de ce qui est dans toute l'organicité de Goethe est parvenue à Goethe par certains détours que l'on peut facilement démontrer, par le biais de Jacob Boehme. Et même si Jacobus Baldus a vécu dans la solitude d'Ingolstadt, il est précisément une personnalité qui n'a pas eu d'influence sur beaucoup de ses contemporains, mais qui a exprimé de manière caractéristique ce qui était pensé et ressenti dans les cercles les plus larges de cette nouvelle ère naissante.

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Aber man kann tiefer gehen und die Erscheinungen, wie sie sich ab­gespielt haben, noch viel tiefer charakterisieren. Wir haben in der west­lichen Welt außer Bacon eine auf die neuere Zivilisation großen Einfluß nehmende Persönlichkeit in Shakespeare. Für denjenigen, der das gei­stige Leben zu studieren in der Lage ist, weist der Baconismus und der Shakespearismus auf dieselbe außerirdische, aber im Irdischen repräsen­tierte Quelle hin. Beide nehmen denselben Weg in die neuere Entwicke­lung herein, und man weiß, daß die Inspiration für Bacon und Shake­speare aus derselben Quelle kommt. Das hat in der neueren Zeit, wo alles grob genommen wird, sogar dazu geführt, daß man die bekannte Bacon-Theorie aufgestellt hat, die natürlich so, wie sie aufgestellt wor‑ den ist, ein völliger Unsinn ist. Aber ganz aus derselben Quelle, aus der die Inspiration Bacon-Shakespeare stammt, stammen für Mitteleuropa, sogar von derselben Initiiertenpersönlichkeit ausgehend, die Geistes­strömung von Jakob Böhme und von dem Süddeutschen Jacobus Baldus. Und viel mehr, als man glaubt, lebt in dem mitteleuropäischen Geistes­leben das drinnen, was von Jakob Böhme stammt — wiederum eine solche Persönlichkeit, die nur formulierte dasjenige, was in weitesten Kreisen als Tatsache wirkte, wenn das auch nicht mit Jakob Böhmeschen Worten geschehen ist. Man muß sich nur klar sein darüber, daß ein gutes Stück der Goetheschen Metamorphosenlehre von Jakob Böhme her­rührt, daß ein gutes Stück von dem, was in Goethes ganzer Organik ist, auf gewissen Umwegen, die man leicht nachweisen kann, auf dem Wege über Jakob Böhme an Goethe herangekommen ist. Und wenn auch Jacobus Baldus im einsamen Ingolstadt gelebt hat, so ist er eben gerade eine solche Persönlichkeit, die auf nicht viele Zeitgenossen gewirkt hat, die aber in charakteristischer Weise zum Ausdruck gebracht hat, was in weitesten Kreisen dieses neuaufgehenden neueren Zeitalters gedacht und gefühlt worden ist.

Mais considérons l'étrange profondeur qui réside dans ces choses : le baconisme et le shakespearisme, la bohème, le baldétisme, proviennent de la même source d'inspiration. Ce qui vient de Jakob Boehme est aujourd'hui encore perceptible au fond des aspirations de l'Europe centrale, mais cela s'infiltre. En revanche, le baconisme, que ce soit sous sa propre forme ou sous la forme du futur Darwin, a eu une influence importante en Europe centrale, et Shakespeare a également eu une influence importante. Pensez seulement que toute la deuxième moitié du XVIIIe siècle, du moins la partie postérieure, est fortement impressionnée par Shakespeare et qu'au XIXe siècle, la vie spirituelle de l'Europe centrale a été fortement impressionnée par Shakespeare, que Goethe a été profondément impressionné dans sa jeunesse et qu'il ne s'est émancipé du shakespearisme qu'à partir des années quatre-vingt.

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Aber bedenken wir die merkwürdige Tiefe, die in diesen Dingen liegt: Aus derselben Inspirationsquelle stammen der Baconismus und der Shakespearismus, Böhmetum, Baldetum. Was von Jakob Böhme kommt, ist heute noch immer auf dem Grunde des mitteleuropäischen Strebens bemerkbar, aber es versickert. Dafür hat der Baconismus, ob in seiner eigenen Gestalt oder in der Gestalt des späteren Darwin, in Mittel­europa einen bedeutenden Einfluß genommen, hat auch Shakespeare einen bedeutenden Einfluß genommen. Bedenken Sie doch nur, daß die ganze zweite Hälfte des 18. Jahrhunderts, wenigstens der spätere Teil, stark von Shakespeare beeindruckt ist und im 19. Jahrhundert das mitteleuropäische Geistesleben stark von Shakespeare beeindruckt wurde, daß Goethe in seiner Jugend tief beeindruckt war und erst von den Achtzigerjahren an sich wieder emanzipiert hat vom Shake­spearismus.

Partout, on peut démontrer le même chemin, partout les impulsions sont les mêmes. Mais elles agissent de manière différente. En Europe centrale, les impulsions agissent de telle sorte qu'elles se perdent ; les impulsions occidentales se déversent sur l'extrahumain. Elles font tout d'abord de la vie religieuse un être hypocrite à côté de l'aspiration scientifique. Et comme cet élément occidental se répand sur toute la civilisation moderne, nous voyons comment les humains ne sont pas parvenus jusqu'à présent à appliquer les forces spirituelles - la science spirituelle qui, à l'époque moderne, doit se présenter comme issue de la nature humaine, tout comme les forces scientifiques qui vont vers l'extrahumain - au religieux. Ce qu'il faut comprendre de nouveau, parce qu'on ne pourra jamais continuer à exploiter ce qui a été laissé intact, c'est le christianisme, avec de nouvelles forces spirituelles. Les anciennes forces spirituelles sont usées, et celui qui croit aujourd'hui pouvoir comprendre le christianisme d'une manière ou d'une autre avec les anciennes forces spirituelles, qui sont reconnues en Occident pour le religieux, vit dans les plus terribles illusions. Il faut dire aujourd'hui qu'une nouvelle époque de l'humanité doit venir, par laquelle le mystère du Golgotha lui-même doit être compris à nouveau avec de nouvelles forces spirituelles. Car tout ce qui a été dit à ce sujet est usé, est arrivé à sa propre absurdité, peut encore être recollé ici ou là, traité ici ou là de telle sorte qu'on le traite comme un "remue-ménage/ne me touche pas" scientifique, mais l'humanité ne peut pas continuer à vivre avec ces choses. L'humanité a besoin de la force de faire émerger de son propre intérieur les nouvelles forces spirituelles qui comprennent désormais le mystère du Golgotha d'une manière nouvelle.

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Überall kann man denselben Weg nachweisen, überall sind die Im­pulse die gleichen. Aber sie wirken in verschiedener Weise. In Mittel­europa wirken die Impulse so, daß sie versickern; die westlichen Impulse ergießen sich über das Außermenschliche. Sie machen das religiöse Leben zunächst überhaupt zu einem Heuchelwesen neben dem wissenschaft­lichen Streben. Und da dieses westliche Element sich über die ganze moderne Zivilisation ausgießt, sehen wir, wie die Menschen bis heute nicht dazu gekommen sind, die geistigen Kräfte — die geistige Wissen­schaft, die sich in der neueren Zeit hinstellen muß als aus der mensch­lichen Natur heraus stammend, ebenso wie die auf das Außermensch­liche gehenden wissenschaftlichen Kräfte — anzuwenden auf das Reli­giöse. Neu zu begreifen ist, weil mit dem, was unberührtes Gebiet gelassen worden ist, niemals weitergewirtschaftet werden kann, neu zu begreifen, mit neuen Geisteskräften, ist das Christentum. Die alten Geisteskräfte sind abgebraucht, und wer heute glaubt, mit den alten Geisteskräften, die im Westlichen für das Religiöse anerkannt werden, irgendwie das Christentum begreifen zu können, der lebt in den furcht­barsten Illusionen. Das muß heute gesagt werden, daß eine neue Epoche der Menschheit kommen muß, durch welche das Mysterium von Gol­gatha selber neu begriffen werden muß mit neuen Geisteskräften. Denn alles, was darüber gesagt worden ist, ist abgebraucht, ist an seiner eige­nen Absurdität angekommen, kann noch da oder dort geleimt werden, da oder dort so behandelt werden, daß man es als ein wissenschaftliches «Rührmichnichtan» behandelt, aber die Menschheit kann mit diesen Dingen nicht weiterleben. Die Menschheit braucht die Kraft, aus dem eigenen Innern die neuen Geisteskräfte hervorzuholen, die das Myste­rium von Golgatha nun in einer neuen Weise begreifen.

C'est ce que le monde occidental a compris, qu'il lui incombe de regarder autour de lui dans ces nouvelles forces spirituelles. Car dans ce monde occidental, on s'est limité à la pure compréhension de l'extrahumain. Cet extrahumain ne pourra jamais être amené jusqu'à l'humain. Une nouvelle science de l'esprit devra comprendre l'humain, mais elle ouvrira aussi de nouvelles perspectives sur le mystère du Golgotha. Ce qui va vers le simple monde extrahumain peut engendrer une simple morale utilitaire ; mais une telle morale utilitaire n'amènera jamais l'humain à sa propre dignité. Seule une morale dont il sait qu'elle lui est insufflée par des forces suprasensibles qui agissent dans son âme peut amener l'humain à cette dignité. Mais celles-ci ne peuvent plus jamais être comprises avec ce que l'on a laissé à la révélation religieuse dans les pays occidentaux. Un renouvellement est donc nécessaire.

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Das ist es, was die westliche Welt eingesehen hat, daß es ihr obliegt, sich umzusehen in diesen neuen Geisteskräften. Denn in dieser west­lichen Welt hat man sich beschränkt auf das bloße Begreifen des Außer­menschlichen. Dieses Außermenschliche wird niemals bis an den Men­schen herangebracht werden können. Eine neue Geisteswissenschaft wird den Menschen zu begreifen haben, damit aber auch erst wiederum neue Ausblicke auf das Mysterium von Golgatha eröffnen. Was auf die bloße außermenschliche Welt geht, kann eine bloße Nützlichkeitsmoral erzeugen; aber eine solche Nützlichkeitsmoral wird niemals den Men­schen zu seiner eigenen Würde bringen. Zu dieser Würde kann den Menschen nur eine Moral bringen, von der er weiß, sie wird ihm eingegossen durch übersinnliche Kräfte, die in seine Seele hereinwirken. Die können aber nimmermehr begriffen werden mit demjenigen, was man der religiösen Offenbarung in den westlichen Ländern gelassen hat. Da ist eine Erneuerung notwendig.

Les questions que j'ai évoquées semblent vivre dans des domaines très, très éloignés de la vie quotidienne, mais elles ne le sont pas. Ces questions sont celles qui sont aujourd'hui à la base des questions les plus importantes, celles qui façonnent le monde, et personne ne pourra répondre à la grande question : quelle est la position de l'Est et de l'Ouest, quelle est la position de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique ? - qui ne veut pas revenir sur ces questions. Car ce que nous vivons aujourd'hui est en fin de compte la conséquence de ce qui s'est passé dans les âmes humaines au cours des siècles.

29

Die Fragen, die ich hiermit gestreift habe, scheinen in sehr, sehr über dem Alltagsleben gelegenen Gebieten zu leben, aber sie sind es nicht. Diese Fragen sind diejenigen, die heute den allerwichtigsten, welt‑ gestaltenden Fragen zugrunde liegen, und niemand wird sich die große Frage: Wie stehen Ost und West, wie stehen Europa, Asien und Ame‑ rika ? — beantworten können, der nicht zurückgehen will auf diese Dinge. Denn was wir heute erleben, ist letzten Endes die Konsequenz desjenigen, was in den menschlichen Seelen durch die Jahrhunderte vor sich gegangen ist.

Ce n'est qu'une commodité de penser humain que de ne pas vouloir remonter jusqu'à ces choses. C'est pourquoi on peut éprouver ce que j'aimerais appeler ce terrible mal au cœur qui nous envahit quand on entend aujourd'hui les humains parler des grands malheurs de l'époque, d'autres configurations de la vie politique, économique ou autre actuelle, des affaires d'Asie, d'Europe et d'Amérique - mais on les entend parler comme des aveugles de la couleur, parce qu'ils ne veulent pas entrer dans ce qui, en fait, est à la base de ces grandes questions comme ce qui palpite intérieurement.

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Es ist nur menschliche Denkbequemlichkeit, nicht bis zu diesen Dingen zurückgehen zu wollen. Daher kann man erleben, was ich nennen möchte jenen furchtbaren Herzschmerz, der einen überkommt, wenn man heute die Menschen reden hört über das große Unglück der Zeit, über andere Konfigurationen des gegenwärtigen politischen oder ökonomischen oder sonstigen Lebens, über die Angelegenheiten Asiens, Europas und Amerikas — sie aber reden hört wie die Blinden von der Farbe, weil sie nicht eingehen wollen auf dasjenige, was eigentlich diesen großen Fragen als das innerlich Pulsierende zugrunde liegt.

 

Français seulement


NEUVIÈME CONFÉRENCE,Dornach, le 1er février 1920

À propos de l'œuvre de personnalités particulières dans l'histoire. Historique des contextes d’Europe occidentale et centrale

01
Dans ce que je vais dire aujourd'hui, en tant qu'explications supplémentaires des dernières considérations, sera à tenir compte qu'aussi spirituellement scientifiquement doit valoir quelque chose sur l'action de la personnalité individuelle dans l'histoire. On a ordinairement la représentation qu'une personnalité, qu'elle soit artistique, politique, religieuse ou autre, qui agit dans l'histoire, agit par ce qui se propage par des impulsions conscientes, et qu'une telle personnalité n'agirait que par cette voie. Et l'on regarde alors les questions qui s'y rapportent de telle sorte que l'on regarde : qu'est-ce qu'une telle personnalité a fait, qu'est-ce qu'elle a dit, comment cela s'est-il répandu parmi les humains, et ainsi de suite ?
02
Dans les cas les plus significatifs du devenir historique, les choses ne sont pas aussi simples, mais ce qui est actif dans l'évolution de l'humanité dépend des forces spirituelles motrices qui se trouvent derrière le devenir historique, et les personnalités ne sont en quelque sorte que les moyens et les voies par lesquels certaines forces et puissances spirituelles motrices agissent depuis le monde spirituel dans notre devenir historique sur terre. Cela ne contredit pas le fait que beaucoup de l'individualité, de la subjectivité de ces personnalités dirigeantes ne se répercute pas dans des cercles plus larges. Cela va de soi. Mais on reçoit en premier le concept correct de l'histoire quand on se rend compte que lorsqu'un ainsi nommé grand homme ici ou là exprime ceci ou cela, ce sont les puissances spirituelles dirigeantes de l'évolution de l'humanité qui parlent à travers lui, et qu'il n'est en quelque sorte que le symptôme de la présence de certaines forces motrices. Il est le porche par lequel ces forces parlent dans le devenir historique.
03
Quand alors on cite par exemple une personnalité quelconque d'une certaine période historique et que l'on essaie de la caractériser dans son influence sur toute la configuration de l'époque, cela ne signifie pas que l'on veuille éveiller la croyance, si l'on parle scientifiquement spirituellement, que cet homme a seulement agi comme il l'a fait par la force de sa personnalité. Je vais vous donner un exemple. Supposons que l'on doive citer une personnalité philosophique comme étant particulièrement caractéristique d'une époque donnée - comme nous devrons le faire tout à l'heure. Quelqu'un pourrait alors venir et dire : oui, cette personnalité a écrit des œuvres philosophiques, mais elle n'a eu d'influence que sur un certain cercle ; un cercle supplémentaire d'humains n'a pas subi l'influence de cette personnalité.
04
Il serait tout à fait faux de faire cette objection, car la personnalité en question, même si elle est une personnalité philosophique, n'est que l'expression de certaines forces qui se trouvent derrière elle, et ce sont ces forces qui ont ensuite influencé et impressionné les cercles supplémentaires. On voit seulement à cette personnalité ce qui agit dans le temps. Il pourrait par exemple être le cas qui suit. Il se peut qu'à une époque donnée, un courant spirituel quelconque, une direction d'esprit, agisse dans le subconscient de cercles plus larges d'âmes humaines. Chez une personnalité, cela pourrait s'exprimer de telle manière que ce que de larges cercles, peut-être des peuples entiers, ne font que pressentir, cette personnalité individuelle le formule clairement de manière particulièrement caractéristique, mais ne l'écrit pas du tout, ne le dit peut-être qu'à cinq ou six autres personnes ou ne le dit pas du tout. Il pourrait donc se produire ce cas extrême où l'on découvrirait, des siècles plus tard, les mémoires d'une personnalité quelconque, dans lesquelles se trouvent des choses qui n'ont pas été diffusées par la voie littéraire, et qui pourraient pourtant contenir les idées et les forces les plus caractéristiques de cette époque. C'est dans ce sens que j'ai toujours donné des caractéristiques, lorsque j'ai essayé de faire de telles caractéristiques. Je n'ai jamais voulu faire croire que des idées émanant de personnalités n'agissaient que par la voie de la propagande ordinaire, mais j'ai toujours voulu indiquer que l'on trouvait les idées efficaces formulées par les différentes personnalités. Il faut bien sûr tenir compte du fait que l'influence effective de telles personnalités peut s'interposer. Mais le cas inverse peut aussi être absolument. Une personnalité peut avoir un large impact ; mais il doit être expressément dit le contraire, afin que certaines choses ne soient pas prises de telle sorte que l'on dise quelque peu : si quelqu'un caractérise une personnalité comme significative pour une époque quelconque, il caractérise ainsi quelque chose qui se passe seulement dans un coin, alors que l'on a tout intérêt à entendre caractériser ce qui se passe dans les larges masses. - C'est sous ce point de vue que je vous demande de considérer ce que je vais dire aujourd'hui.
05
Il a souvent été expliqué par moi comment il y a eu un certain saut important dans le devenir historique de l'humanité au XVe siècle. Celui qui étudie la vie de l'âme de l'humanité civilisée trouve que cette vie de l'âme aux 16e et 17e siècles est radicalement différente de la vie de l'âme aux 10e, 11e et 12e siècles. J'ai souvent attiré l'attention sur cette affirmation, qui est l'une des plus fausses, mais qui est toujours répétée : la nature ou le monde, les événements mondiaux ne font pas de sauts. - De tels sauts sont justement présents aux endroits les plus importants de l'évolution. Et un tel saut dans l'évolution de l'humanité civilisée est précisément le passage de la quatrième période post-atlantique, qui s'achève au 15e siècle, à la cinquième, dans laquelle nous vivons encore actuellement, et au début de laquelle nous nous trouvons seulement. Dans un certain sens, toute la manière de penser de l'humanité civilisée européenne sera différente après le XVe siècle, mais les différentes nations et les différents peuples seront différents d'une autre manière. Certains phénomènes de transition se produisent d'une manière différente chez les différents peuples.
06
Or, on ne peut pas comprendre la vie de l'esprit dans laquelle on se trouve aujourd'hui si l'on n'a pas une vision de ce qui, depuis le XVe siècle, s'élève peu à peu dans notre vie de l'esprit. On doit saisir cette nouvelle vie de l'esprit montante à des points caractéristiques. Mais on peut naturellement caractériser seulement certains courants et certains points de vue. Si l'on considère la période qui précède cette cinquième période post-atlantique, depuis le mystère du Golgotha jusqu'au XVe siècle, on doit dire qu'à cette époque, une grande partie de l'humanité civilisée européenne tente de gagner une compréhension, une compréhension religieuse du christianisme. Celui qui essaie d'étudier les différentes conceptions qui se sont développées en Europe à propos du christianisme depuis le troisième et le quatrième siècle jusqu'au quinzième siècle, trouvera que les humains de cette Europe civilisée ont utilisé toutes leurs facultés conceptuelles, leur sensibilité, tout ce qu'ils pouvaient tirer de leur âme, pour comprendre à leur manière le christianisme, pour gagner à leur manière une compréhension de ce qu'est devenu le monde à travers le mystère du Golgotha.
07
Or, après le XVe siècle, des conditions très particulières apparaissent. Ce n'est qu'à ce moment-là - et pour celui qui ne considère pas cette fable convenue que l'on appelle habituellement l'histoire, mais l'histoire réelle, c'est tout à fait clair - qu'apparaît ce que l'on appelle aujourd'hui, dans les cercles les plus larges, l'orientation de pensée scientifique. Avant, il y avait en fait tout autre chose. Ce que l'on considère aujourd'hui comme la vraie science ne commence qu'au cours de cette cinquième période post-atlantique. Et une configuration bien précise lui est imposée, et on peut dire qu'elle est imposée de différentes manières. C'est toujours la même empreinte, mais elle est imprimée différemment en Occident, dans les régions de la civilisation occidentale, et un peu différemment dans les régions de la civilisation d'Europe centrale. Et le moment est venu aujourd'hui où ces choses devraient être considérées de manière impartiale, sans que des idées de nationalisme n'influencent l'approche dans le sens défavorable comme je l'ai déjà caractérisé hier.
08
Et c'est là que nous arrivons, si nous voulons voir comment cette époque récente a reçu sa signature spirituelle à partir d'une manifestation de personnalité caractéristique, à une personnalité comme celle qui est particulièrement caractéristique de la sortie du 16e au 17e siècle, le philosophe anglais Baco de Verulam. Parmi les humains qui se prétendent/pensaient scientifiques, Bacon est en effet considéré comme une sorte de rénovateur de la manière de penser humaine. Mais ce Bacon est un exposant, un symptôme de quelque chose qui s'est produit récemment dans l'histoire, dans le sens que je viens d'exprimer. Tout le monde occidental est en fait traversé par une certaine vague d'attitudes, et Bacon est seulement celui qui a formulé le plus clairement cette vague d'attitudes du monde occidental. Sans que les humains le sachent, cette vague d'attitude vit en chacun d'eux. La manière dont ils pensent, la manière dont ils s'expriment sur les questions les plus importantes de la vie, sont baconiennes dans certaines régions de la civilisation occidentale, aussi si les humains combattent Bacon lorsqu'ils disent quelque chose de contraire. Il ne s'agit pas tant du contenu que l'on donne à une quelconque idée de vision du monde, mais il s'agit de la façon et la manière dont une telle idée de vision du monde se place d'abord dans le cœur de l'humain, et alors la manière dont elle se place dans les impulsions du devenir historique mondial.
09
Pour rendre plus clair ce que je viens d'exprimer, j'aimerais dire, rendre plus clair par un paradoxe, dire qu'à notre époque, quelqu'un pourrait être un matérialiste flagrant et l'autre un spiritualiste flagrant, et les deux pourraient très bien exprimer leurs idées à partir de notre époque matérialiste - la différence ne serait pas grande. Ce qui compte aujourd'hui, ce n'est pas tant de savoir si l'on se réclame littéralement du spiritualisme ou du matérialisme, mais de savoir dans quel esprit l'on fait l'un ou l'autre. Car ce n'est pas le contenu littéral qui agit réellement, mais l'esprit à partir duquel quelque chose est. C'est lui qui agit ; ce n'est que si l'on est un abstrait que l'on donne quelque chose uniquement et exclusivement au contenu littéral.
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Il est maintenant à remarquer que Bacon, si l'on s'en tient vraiment à ce qu'est l'esprit de la manière de penser de Bacon, a tenté de fonder la connaissance de l'humanité, de fonder la science, avec les forces de l'esprit qui étaient apparues en particulier depuis le milieu du XVe siècle. Les forces de connaissance dont dispose l'humanité à l'époque moderne devaient devenir des sciences. Ce fut une époque importante, le début de la cinquième période post-atlantique, dans laquelle Bacon est apparu. C'était pour ainsi dire l'époque où tout était vraiment remis en question, car on ne pouvait pas continuer à filer des idées sur les énigmes du monde avec les moyens de l'ancienne alchimie, de l'ancienne astrologie, avec tous les autres moyens anciens ni avec l'ancien mode de pensée religieux. Il y avait un besoin/une pression au renouvellement. En quoi ce besoin s'exprimait-il de manière toute caractéristique ? - Ce besoin s'exprimait par le fait que c'est précisément à cette époque que toutes les véritables forces de saisie spirituelle de l'humanité étaient au plus bas.
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Jusqu'au XVe siècle, il aurait semblé impossible de vouloir comprendre quelque chose comme le mystère du Golgotha avec une simple raison analytique orienté vers le sensible. Il allait plutôt de soi qu'une chose telle que le mystère du Golgotha ne devait être comprise que comme une manifestation suprême parmi d'autres, comprise avec des forces de connaissance plus élevées que ce qui s'étend autour de nous comme nature. Ces forces de connaissance avaient encore une certaine hauteur lorsque le mystère du Golgotha s'est produit. Elles ont diminué de plus en plus au cours de l'évolution de l'humanité. Et lorsque l'époque la plus récente a commencé, après le XVe siècle, les humains n'avaient plus de forces de saisie spirituelles, ils n'avaient que la raison analytique orientée vers le sensible.
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Avec la raison analytique orientée vers le sensible, Bacon cherchait maintenant à fonder une mentalité scientifique. Et c'est ainsi qu'il rejeta toutes les méthodes de recherche qui étaient auparavant reconnues comme légitimes, et qu'il affirma d'abord l'expérimentation comme ce qui valait, sur quoi unique et seul devait être construite la science en chose principale. Une grande partie du monde se tient encore aujourd'hui à ce point de vue : on doit expérimenter, on doit créer les instruments et expérimenter, et c'est à partir des expériences que doivent se donner les façons de voir/visions sur la nature. - Vu du forum de l'esprit, cela signifie : j'ai ici un papillon ; c'est trop compliqué pour moi d'examiner ce papillon, je le reproduis de manière très trompeuse en papier mâché et j'examine ensuite la reproduction en papier mâché. - Au fond, cela revient quand même à observer la nature vivante par l'expérience morte, ce qui n'est rien d'autre que de remplacer la nature vivante par le cadavre pour l'observation de la nature. Aussi quand nous travaillons dans un laboratoire de physique, nous devons être conscients que nous expérimentons sur des cadavres de la nature. On doit évident expérimenter, on doit aussi faire des recherches sur le cadavre humain. Mais sur un cadavre humain, on ne peut pas se faire d'illusion sur le fait que l'on n'a que le cadavre devant soi. Dans l'expérimentation, on se donne cependant l'illusion que c'est elle qui nous transmet la vérité. Mais personne qui n'a pas déjà en lui l'intuition spirituelle pour injecter dans l'expérience ce dont il s'agit à partir de la nature vivante, ne peut gagner de l'expérience, de l'expérience morte, quelque chose qui est valable pour la nature vivante.
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Mais avec cela est indiqué que la manière de penser de Bacon visait dès le départ à faire de la mort le principe d'explication de l'essence du monde. Or, ce qui est particulier, c'est que dans la reproduction du vivant que l'on obtient encore par l'expérimentation, on a des points de repère pour des explications de la nature extrahumaine, mais que l'on ne doit pas se faire d'illusion sur le fait que l'on puisse vraiment obtenir, par quelque expérimentation que ce soit, quelque chose qui éclaire l'humain lui-même. Tout expérimenter nous éloigne de l'entité humaine.
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C'est pourquoi, au cours des siècles qui se sont écoulés depuis lors et au cours desquels s'est répandue cette attitude de pensée qui a atteint une certaine hauteur avec Bacon, la compréhension de l'humain proprement dit et de son essence s'est perdue. Ce qui s'est perdu, c'est la compréhension de ce qui est réellement contenu au plus profond de la nature humaine en tant qu'essence motrice et agissante.
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Maintenant, personne ne peut trouver les grandes impulsions du vouloir moral, du vouloir social, sans entrer dans l'essence de la nature humaine. C'est pourquoi la compréhension des impulsions du vouloir moral et social a disparu au cours de ces siècles, disparaissant précisément de l'attitude de pensée de Bacon. C'est pourquoi, parallèlement à l'extinction de la compréhension du monde telle qu'elle émane de Bacon, on trouve la simple morale de l'utilité. Il s'agit précisément d'une définition baconienne : est bon ce qui est utile à l'humain, soit à l'individu humain individuel, soit à l'humanité tout entière.
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Ainsi, à partir de l'attitude de Bacon - et elle était beaucoup plus répandue que n'importe qui se fait une représentation aujourd'hui -, nous avons d'un côté une attitude de penseur scientifique qui peut seulement saisir que ce qui est extrahumain, et de l'autre côté une morale qui ne va que vers l'utile ahrimanien. Chez Thomas Hobbes, un contemporain de Bacon, cela s'est exprimé de manière encore plus forte que chez Bacon lui-même. Mais cette vague de morale utilitaire s'est ensuite déversée dans le pur sens de la compréhension du monde extrahumain, s'est déversée chez tous les philosophes Locke, Hume et ainsi de suite jusqu'à Spencer et chez les scientifiques de Newton à Darwin. Celui qui veut étudier de la manière la plus caractéristique ce qui est venu du monde occidental dominant pour constituer la dernière vague de la mentalité/attitude européenne, doit commencer là, doit partir de la manière de penser de Bacon.
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Mais maintenant, quelque chose de très précis est lié à cette attitude de pensée et morale de Bacon. On peut seulement comprendre avec elle ce qui est extrahumain, on peut seulement trouver moralement ce qui est utile à l'humain et à l'humanité, c'est-à-dire qu'avec les moyens avec lesquels on aspire ici à la science et à la morale naturelle, on n'atteint pas du tout le domaine dans lequel la religion est !
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Quelle est la conséquence ? La conséquence est que parmi ceux qui sont porteurs de cette attitude, apparait un effort de laisser la religion telle qu'elle était auparavant, c'est-à-dire de la perpétuer historiquement, de ne pas lui apporter de nouveaux éléments issus d'une nouvelle science de l'esprit. Bacon a en effet défendu le point de vue le plus caractéristique selon lequel la science ne doit pas être associée à la religion, car cela rendrait la science fantastique ; et la religion ne doit pas être associée à la science, car cela rendrait la religion hétérodoxe. - La religion doit donc être tenue à l'écart des aspirations qui s'affirment chez l'humain en tant qu'aspirations scientifiques. Les nouvelles forces qui sont actuellement actives dans l'humanité civilisée depuis le XVe siècle sont amenées à l'aspiration scientifique. La religion n'est pas alimentée par de nouvelles forces. Elle doit être conservée avec les forces qui lui ont déjà été apportées auparavant, car on craint les nouvelles forces qui pourraient lui être apportées. On craint qu'elle ne devienne hétérodoxe, qu'elle ne perde son contenu propre.
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Que devait-il se passer sous l'influence d'une telle attitude de penser  ? Que s'est-il passé ? Ce qui s'est passé, c'est qu'à partir d'une certaine véracité humaine, on a aspiré à la science pour le monde extrahumain, à partir d'une certaine véracité, on a aspiré à une morale de l'utilité, mais qu'on ne veut pas aspirer à la religion à partir de ce à quoi on aspire à la science. Celle-ci ne doit pas du tout être touchée par cela. Elle doit ne rien recevoir à faire à voir avec l'aspiration scientifique proprement dite, tout au plus dans la mesure où on la considère historiquement. C'est ainsi que l'on a pu établir la différence entre la science et la religion révélée. Cette différence peut aussi être exprimée un peu plus fortement, elle peut être exprimée de la manière suivante, elle est alors seulement plus fortement exprimée et donc plus désagréable pour les humains qui n'aiment pas entendre la vérité ; on peut en effet la caractériser ainsi : on aspire honnêtement à la science, notamment à cette science qui ne s'étend qu'aux choses extrahumaines. On aspire aussi honnêtement, véritablement, à une morale de l'utilité ; mais on n'applique pas cette aspiration honnête et vraie à la religion, qui doit en rester intacte, à laquelle la science n'a pas la permission de venir. Science extrahumaine honnête, morale utilitaire honnête - la religion comme hypocrisie, la religion à partir de la non-vérité : c'est seulement exprimé un peu plus acérée, et donc désagréable pour les humains qui ne veulent pas entendre la vérité sans fard, la différence entre la science et la religion révélée. Mais c'est parce que l'on exprime clairement et nettement une telle chose que l'on en découvre l'essence. Et c'est ainsi que le plus caractéristique de ce courant de pensée est que l'on a reculé devant l'application de la science à la religion, que l'on ne voulait pas que la force du savoir, que l'on applique dans la science de la nature et du genre, joue dans la religion.
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Cette sorte de signature de pensée était dans une certaine mesure naturelle à la civilisation occidentale. Elle lui est si naturelle que de nombreux humains de cette civilisation occidentale ne comprennent absolument rien d'autre que le fait que l'on ne s'élève pas vers le religieux avec le même principe que celui avec lequel on veut comprendre la nature. C'est caractéristique du monde occidental, le tout à lui est entièrement approprié.
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Mais maintenant, nous nous pensons la même impulsion transportée en Europe centrale. Je peux le montrer par un exemple caractéristique. Il n'arrive pas toujours que l'on s'oppose à cette attitude de penser de manière aussi tranchée que fut opposé au newtonisme par Goethe, mais il arrive aussi que le darwinisme, qui n'était orienté que vers l'extrahumain et qui, en même temps, ne peut jamais fonder autre chose qu'une morale utilitaire, soit maintenant compris par un humain d'Europe centrale, voire d'Europe centrale prussienne, comme l'était Ernst Haeckel. La chose ne reste pas ce qu'elle est chez Darwin. Chez Darwin, nous voyons la pensée de Bacon se poursuivre. Il observe le monde naturel avec le darwinisme ; mais il reste un croyant, comme Newton est resté un croyant. Il conserve tranquillement l'ancienne manière de penser en se référant au simple religieux. Qu'en est-il chez Haeckel ? Haeckel intègre le darwinisme dans toute son âme. Pour lui, il n'y a pas de possibilité de division en deux, pour lui, il n'y a pas de possibilité de laisser la religion intacte. Il reçoit le darwinisme, avec lequel on ne peut en fait comprendre que des choses extrahumaines, mais il l'applique avec une furor religiosus précisément à l'humain, et il en fait une religion. Cela devient une unité, cela devient une religion.
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Et c'est ainsi que les impulsions, une fois qu'elles sont là, œuvrent partout. Les impulsions sont les mêmes, mais elles agissent de manière différenciée, spécifiée selon les différents domaines. En Occident, le darwinisme et la religion, servis ensemble, s'accommodent très bien de l'évolution du monde. Ernst Haeckel, l'Européen central, doit les mélanger et en faire un plat unique, car pour lui, il n'est pas possible de juxtaposer les choses. Bacon et ses descendants, jusqu'à Spencer et Darwin, craignent que la religion, si on lui applique la science, devienne hétérodoxe. Haeckel n'en a pas peur. Il fait la religion aussi bien que possible, parce que, selon toute sa conception, la même véracité qu'il fait valoir dans la science doit également être appliquée à la religion. Il en est ainsi dans de nombreux domaines. Le goethéanisme de Goethe lui-même s'est déjà opposé intérieurement à la compréhension du simple extrahumain. Il suffit de prendre l'hymne en prose "La nature", que Goethe a au moins pensé vers les années quatre-vingt, même s'il ne l'a pas écrit lui-même à l'époque, et qui a été présenté ici en eurythmie, et vous verrez que pour Goethe, la nature n'existe absolument pas dans le même sens que pour Newton ou Darwin, mais qu'elle est animée/pourvue d'âme intérieurement, elle est même disponible pour lui en œuvrant avec humour : "... elle a pensé et elle pense continuellement". Et c'est ainsi que Goethe n'a fait, tout au long de sa vie, que développer de manière plus concrète et toujours plus concrète de telles maximes, telles qu'il les a consignées dans le "Fragment" sur la nature. L'autre jour, un journal a publié un article étrange qui, je crois, a même trouvé une suite dans ce journal dominical, où il est dit que lorsque, dans les années quatre-vingt-dix, j'ai publié le "Fragment" sur la nature avec une explication dans la nouvelle édition du "Tiefurter Journal", dans les écrits de la Société Goethe de Weimar, j'ai trop insisté sur le fait que les caractéristiques que Goethe avait traitées dans l'hymne en prose "Nature" jouaient ensuite un rôle dans ses œuvres scientifiques. Il est vraiment drôle de voir l'objection qui est faite dans cet essai. On y dit que ce "fragment" ne contient pas du tout des idées de philosophie de la nature, mais des idées religieuses, et qu'on ne devrait pas retrouver les idées religieuses de ce cantique en prose dans les idées scientifiques ultérieures de Goethe, comme je les ai trouvées. - Un pédant - on ne sait pas quoi dire d'autre - s'est donc fait une fois le plaisir de diviser ce qui est humainement en quête de compréhension, en voulant faire croire aux gens que chez Goethe, les idées scientifiques sont différentes des idées religieuses. Là, on en déduit d'emblée ainsi que l'on voit comment le baconisme repose dans tous les membres de ce monsieur qui a écrit cet essai !
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Est-ce que l'on peut voir - j'aimerais maintenant poser la question - à quelque chose d'autre qu'il y a une différenciation entre la science et la religion dans la civilisation moderne ? - On peut le voir à autre chose. Certes, en Angleterre aussi, dans le pays de Bacon, il y avait un Wiclif et des choses de ce genre ; mais cela n'a pas eu d'influence sur la configuration réelle de la civilisation. En revanche, en Europe centrale, quelque chose qui n'a pas eu d'influence considérable à l'ouest, en France, par exemple, se fait sentir de manière très particulière, dans la mesure où, lorsque l'époque moderne, cette cinquième période post-atlantique, arrive, il n'y a pas en Europe centrale d'opposition du même type que dans les pays occidentaux, où l'on fonde vraiment la science de manière très appropriée, mais où l'on ne laisse pas cette science s'étendre au domaine religieux, qui doit continuer à vivre de cette manière et ne rester que la religion révélée dans l'ancien sens, mais c'est précisément dans le domaine religieux que naît en Europe centrale, de manière aiguë, l'opposition de la Réforme et, à partir de là, tout ce qui est malheureux dans l'évolution de l'Europe centrale, l'instigation de la guerre de Trente Ans par les jésuites, tout ce qui s'est encore produit comme conséquences de cette guerre malheureuse, et à nouveau tout ce qui s'est encore produit par la suite. Dans cette Europe centrale, nous voyons directement dans le domaine religieux que l'impulsion de l'époque postérieure au XVe siècle a été déterminante.
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Dans les plus petits comme dans les plus grands phénomènes historiques, on voit que la même impulsion est présente, mais qu'elle est décalée, qu'elle jaillit d'une autre manière de l'âme humaine, du cœur humain. Mais peu à peu, le monde occidental prend les devants, et peu à peu, il se passe quelque chose de très important. Plus nous voyons la vie intellectuelle de l'Europe centrale se développer à l'époque post-goethéenne, plus elle s'éloigne de Goethe. Goethe est certes encore étudié par les historiens de la littérature et par d'autres personnes, et même une recherche sur Goethe est en train de naître. Mais Goethe ne vit pas dans tout cela. Ce que Goethe a voulu apporter comme impulsion à la civilisation d'Europe centrale, Goethe et les siens, s'est peu à peu dilué dans le XIXe siècle. Et dans ce monde d'Europe centrale s'infiltre lentement, tout comme le darwinisme est devenu le haeckelisme, ce que sont les impulsions du monde occidental. Le monde occidental supporte assez bien ces impulsions, mais le monde d'Europe centrale ne les supporte pas. Le monde d'Europe centrale est certes réceptif aux impulsions occidentales, il les accueille, mais il ne les supporte pas. Nous voyons d'un côté Darwin qui, dans son dernier ouvrage, a certes tiré une conséquence pour l'humain du principe qui ne s'applique en fait qu'à l'extrahumain, mais qui n'a pas du tout poussé cette conséquence jusqu'à la portée que lui a donnée Haeckel. Chez Darwin, le principe scientifique est en quelque sorte laissé à l'extrahumain. Mais en Europe centrale, on procède de la même manière que pour le haeckelisme par rapport au darwinisme : on essaie d'imprégner toute la vie d'une telle impulsion. On ne veut pas laisser de côté le domaine religieux, par exemple, qui n'a pas été pénétré, on veut aussi le pénétrer avec cette impulsion. Et ainsi pour les autres domaines qui suivent le même chemin. Ceux qui sont maintenant plus âgés ont encore vécu comment le parlementarisme de coloration anglaise s'est répandu dans toute l'Europe, à l'exception de l'Allemagne prussienne, et comment il a été absorbé en Europe comme le darwinisme par le haeckelisme. Le parlementarisme, tel qu'il vit en Angleterre, est tout à fait bon pour l'Angleterre. Pour les pays d'Europe centrale dans lesquels il a ensuite été transmis, il a été lié à une conséquence telle que celle de Haeckel avec le darwinisme. C'est sous une telle influence que les temps modernes ont vu le jour.
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Mais on peut aller plus loin et caractériser beaucoup plus profondément les phénomènes tels qu'ils se sont déroulés. Outre Bacon, nous avons en Occident une personnalité qui exerce une grande influence sur la civilisation moderne : Shakespeare. Pour celui qui est capable d'étudier la vie spirituelle, le baconisme et le shakespearisme indiquent la même source extraterrestre, mais représentée dans le monde terrestre. Les deux empruntent le même chemin dans l'évolution moderne, et l'on sait que l'inspiration de Bacon et de Shakespeare provient de la même source. Cela a même conduit, à l'époque moderne où tout est pris au premier degré, à l'élaboration de la fameuse théorie de Bacon, qui est bien sûr une absurdité totale telle qu'elle a été élaborée. Mais c'est tout à fait de la même source que l'inspiration Bacon-Shakespeare que proviennent pour l'Europe centrale, et même à partir de la même personnalité initiatrice, le courant spirituel de Jakob Böhme et de l'Allemand du Sud Jacobus Baldus. Et bien plus qu'on ne le croit, ce qui vient de Jakob Boehme vit dans la vie spirituelle de l'Europe centrale - à nouveau une telle personnalité, qui n'a fait que formuler ce qui agissait comme un fait dans les cercles les plus larges, même si ce n'était pas avec les mots de Jakob Boehme. Il faut seulement être conscient qu'une bonne partie de la doctrine des métamorphoses de Goethe provient de Jacob Boehme, qu'une bonne partie de ce qui est dans toute l'organicité de Goethe est parvenue à Goethe par certains détours que l'on peut facilement démontrer, par le biais de Jacob Boehme. Et même si Jacobus Baldus a vécu dans la solitude d'Ingolstadt, il est précisément une personnalité qui n'a pas eu d'influence sur beaucoup de ses contemporains, mais qui a exprimé de manière caractéristique ce qui était pensé et ressenti dans les cercles les plus larges de cette nouvelle ère naissante.
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Mais considérons l'étrange profondeur qui réside dans ces choses : le baconisme et le shakespearisme, la bohème, le baldétisme, proviennent de la même source d'inspiration. Ce qui vient de Jakob Boehme est aujourd'hui encore perceptible au fond des aspirations de l'Europe centrale, mais cela s'infiltre. En revanche, le baconisme, que ce soit sous sa propre forme ou sous la forme du futur Darwin, a eu une influence importante en Europe centrale, et Shakespeare a également eu une influence importante. Pensez seulement que toute la deuxième moitié du XVIIIe siècle, du moins la partie postérieure, est fortement impressionnée par Shakespeare et qu'au XIXe siècle, la vie spirituelle de l'Europe centrale a été fortement impressionnée par Shakespeare, que Goethe a été profondément impressionné dans sa jeunesse et qu'il ne s'est émancipé du shakespearisme qu'à partir des années quatre-vingt.
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Partout, on peut démontrer le même chemin, partout les impulsions sont les mêmes. Mais elles agissent de manière différente. En Europe centrale, les impulsions agissent de telle sorte qu'elles se perdent ; les impulsions occidentales se déversent sur l'extrahumain. Elles font tout d'abord de la vie religieuse un être hypocrite à côté de l'aspiration scientifique. Et comme cet élément occidental se répand sur toute la civilisation moderne, nous voyons comment les humains ne sont pas parvenus jusqu'à présent à appliquer les forces spirituelles - la science spirituelle qui, à l'époque moderne, doit se présenter comme issue de la nature humaine, tout comme les forces scientifiques qui vont vers l'extrahumain - au religieux. Ce qu'il faut comprendre de nouveau, parce qu'on ne pourra jamais continuer à exploiter ce qui a été laissé intact, c'est le christianisme, avec de nouvelles forces spirituelles. Les anciennes forces spirituelles sont usées, et celui qui croit aujourd'hui pouvoir comprendre le christianisme d'une manière ou d'une autre avec les anciennes forces spirituelles, qui sont reconnues en Occident pour le religieux, vit dans les plus terribles illusions. Il faut dire aujourd'hui qu'une nouvelle époque de l'humanité doit venir, par laquelle le mystère du Golgotha lui-même doit être compris à nouveau avec de nouvelles forces spirituelles. Car tout ce qui a été dit à ce sujet est usé, est arrivé à sa propre absurdité, peut encore être recollé ici ou là, traité ici ou là de telle sorte qu'on le traite comme un "remue-ménage/ne me touche pas" scientifique, mais l'humanité ne peut pas continuer à vivre avec ces choses. L'humanité a besoin de la force de faire émerger de son propre intérieur les nouvelles forces spirituelles qui comprennent désormais le mystère du Golgotha d'une manière nouvelle.
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C'est ce que le monde occidental a compris, qu'il lui incombe de regarder autour de lui dans ces nouvelles forces spirituelles. Car dans ce monde occidental, on s'est limité à la pure compréhension de l'extrahumain. Cet extrahumain ne pourra jamais être amené jusqu'à l'humain. Une nouvelle science de l'esprit devra comprendre l'humain, mais elle ouvrira aussi de nouvelles perspectives sur le mystère du Golgotha. Ce qui va vers le simple monde extrahumain peut engendrer une simple morale utilitaire ; mais une telle morale utilitaire n'amènera jamais l'humain à sa propre dignité. Seule une morale dont il sait qu'elle lui est insufflée par des forces suprasensibles qui agissent dans son âme peut amener l'humain à cette dignité. Mais celles-ci ne peuvent plus jamais être comprises avec ce que l'on a laissé à la révélation religieuse dans les pays occidentaux. Un renouvellement est donc nécessaire.
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Les questions que j'ai évoquées semblent vivre dans des domaines très, très éloignés de la vie quotidienne, mais elles ne le sont pas. Ces questions sont celles qui sont aujourd'hui à la base des questions les plus importantes, celles qui façonnent le monde, et personne ne pourra répondre à la grande question : quelle est la position de l'Est et de l'Ouest, quelle est la position de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique ? - qui ne veut pas revenir sur ces questions. Car ce que nous vivons aujourd'hui est en fin de compte la conséquence de ce qui s'est passé dans les âmes humaines au cours des siècles.
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Ce n'est qu'une commodité de penser humain que de ne pas vouloir remonter jusqu'à ces choses. C'est pourquoi on peut éprouver ce que j'aimerais appeler ce terrible mal au cœur qui nous envahit quand on entend aujourd'hui les humains parler des grands malheurs de l'époque, d'autres configurations de la vie politique, économique ou autre actuelle, des affaires d'Asie, d'Europe et d'Amérique - mais on les entend parler comme des aveugles de la couleur, parce qu'ils ne veulent pas entrer dans ce qui, en fait, est à la base de ces grandes questions comme ce qui palpite intérieurement.