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GA196 - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - CHANGEMENTS SPIRITUELS ET SOCIAUX DANS L'ÉVOLUTION HUMAINE




SEPTIÈME CONFÉRENCE,
le 30 janvier 1920
Le Goetheanum en tant que représentant d'un idéal-réalisme. Une observation du temps
SIEBENTER VORTRAG,
30. Januar 1920
Das Goetheanum als Repräsentant eines Ideal-Realismus. Eine Zeitbetrachtung

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 196  106-119 1992  30/01/1920



Original





Traducteur: FG v. 01 - 06/04/2022 Editeur: SITE

Au cours des trois dernières heures, nous avons inséré dans nos considérations, en guise d'épisode, la description de notre édifice ici, de ses installations et de ce qui lui est lié comme but. Aujourd'hui, nous aurons à rattacher à ces considérations sur la construction un certain nombre de choses que j'aimerais considérer comme des considérations sur le temps au sens le plus large. Nous avons en effet dû souligner que ce bâtiment, en tant que représentant de notre science de l'esprit anthroposophique, doit en même temps être une manifestation du temps, exprimer en quelque sorte dans ses formes, dans toute sa conception, ce qui veut se placer et doit se placer dans l'évolution de notre temps, du présent au futur le plus proche. Lorsque nous parlons dans le présent des grandes tâches de l'époque et que nous devons en particulier indiquer qu'une certaine propension à recevoir des choses spirituelles doit se manifester chez une plus grande partie de l'humanité et que c'est une exigence particulière de l'époque, une telle indication est tout d'abord directement issue de tout ce que la science initiatique et la sagesse initiatique peuvent actuellement gagner du monde spirituel. Mais on n'a pas besoin de se référer directement aux exigences du monde spirituel lui-même si l'on veut se convaincre de la nécessité d'un impact spirituel à notre époque. Dans l'une des dernières conférences, j'ai parlé du fait que nous nous trouvons devant une forte transformation du monde, y compris dans ses manifestations extérieures. Aujourd'hui, il est déjà plus ou moins évident pour tout le monde que, suite aux événements actuels, la domination extérieure du monde revient à la population anglophone. Nous ne voulons pas parler de cette attribution de la domination mondiale, mais nous voulons parler, et nous en avons déjà parlé, du fait qu'elle est liée à un sentiment profond de responsabilité, un sentiment de responsabilité qui est tout à fait clair : là où il y a la possibilité d'exercer une certaine domination sur le monde, là doit prendre place l'impulsion d'imprégner ce que l'on peut faire de l'impulsion spirituelle exigée actuellement par l'évolution de l'humanité. Car ne pas pénétrer ce que l'on peut faire, ou ne pas vouloir le pénétrer, c'est conduire l'évolution humaine vers son déclin.

01

Wir haben in unsere Betrachtungen in den letzten drei Stunden als Episode eingeschoben die Beschreibung unseres Baues hier, seiner Ein­richtungen und dessen, was als Ziel mit ihm verbunden ist. Wir werden nunmehr heute gerade an diese Baubetrachtungen einiges anzuknüpfen haben, das ich im weitesten Sinne als Zeitbetrachtung ansehen möchte. Wir haben ja betonen müssen, daß dieser Bau als Repräsentant unserer anthroposophischen Geisteswissenschaft zugleich eine Zeiterscheinung sein soll, gewissermaßen in seinen Formen, in seiner ganzen Gestaltung ausdrücken soll dasjenige, was sich hineinstellen will und hineinstellen muß in unsere Zeitentwickelung von der Gegenwart an in die nächste Zukunft hinein. Wenn wir in der Gegenwart sprechen von den großen Aufgaben der Zeit und insbesondere hinweisen müssen darauf, daß eine gewisse Geneigtheit, Geistiges entgegenzunehmen, bei einem größeren Teile der Menschheit auftreten müsse und daß dies eine besondere For­derung der Zeit sei, so ist zunächst eine solche Angabe unmittelbar her­vorgehend aus alledem, was Initiationswissenschaft und Initiations­weisheit gegenwärtig aus der geistigen Welt heraus gewinnen kann. Allein man hat nicht nötig, unmittelbar gleich an die Aufforderungen der geistigen Welt selbst heranzutreten, wenn man sich überzeugen will von der Notwendigkeit eines geistigen Einschlages in unsere Zeit herein. Ich habe in einem der letzten Vorträge hier davon gesprochen, daß wir ja vor einer starken Umgestaltung der Welt stehen auch in ihren äußeren Erscheinungen. Es kann heute schon für jeden mehr oder weniger er­sichtlich sein, daß durch die Zeitereignisse die äußere Weltherrschaft zufällt der englischsprechenden Bevölkerung. Wir wollen nicht über dieses Zufallen der Weltherrschaft sprechen, aber wir wollen sprechen und haben auch schon davon gesprochen, daß damit verknüpft ist ein gründliches Verantwortlichkeitsgefühl, ein Verantwortlichkeitsgefühl, das sich ganz klar darüber ist: Da, wo die Möglichkeit vorhanden ist, eine gewisse Herrschaft über die Welt auszuüben, da muß Platz greifen der Antrieb, zu durchdringen dasjenige, was man tun kann, mit dem gegenwärtig von der Menschheitsentwickelung geforderten spirituel­len Impuls. Denn nicht durchdringen dasjenige, was man tun kann, oder es nicht durchdringen wollen heißt die Menschheitsentwickelung ihrem Niedergange entgegenführen.

En ce moment, il n'est vraiment pas sans signification de démarrer des considérations rétrospectives, et parmi l'abondance de ce qui pourrait être déroulé ici devant vous à partir de telles considérations rétrospectives, j'aimerais en placer une. Une étrange conjonction de phénomènes a fait qu'en 1870, un homme subtil a tenu une conférence dans une ville allemande, juste au moment de la bataille de Sedan - ce que l'on ne savait pas encore dans la ville -, où cet homme, que j'appelle un homme subtil, a tenu sa conférence et a déjà pu faire allusion à certains succès que l'Allemagne avait à cette époque. Mais cette référence à ces succès s'accompagnait en même temps chez cet homme de l'exigence qu'un approfondissement spirituel devait prendre place chez ceux qui ont le succès. Et peu de temps après, après avoir obtenu de plus grands succès, ce même homme écrivit un essai sur les nécessités de l'évolution du temps. Dans cet essai, qui est donc maintenant presque cinquante ans derrière nous, il y a des choses étranges, des choses qui témoignent d'une double chose. Premièrement, il y est dit expressément qu'il y a une nécessité urgente d'éviter deux unilatéralités. L'une consiste à ne se tourner que vers le spirituel abstrait, l'autre à ne se tourner que vers la contemplation et l'adoration du matériel. Et ce que l'homme en question exigeait alors de ses contemporains et de leurs descendants, c'était ce qu'il appelait un "réalisme idéal".

02

Es ist jetzt gerade in dieser Zeit wirklich nicht ohne Bedeutung, rück­blickende Betrachtungen anzustellen, und aus der Fülle desjenigen, was aus solchen rückblickenden Betrachtungen hier vor Ihnen aufgerollt werden könnte, möchte ich eines vor Sie hinstellen. Ein merkwürdiger Zusammenklang der Erscheinungen brachte es mit sich, daß ein fein­sinniger Mann 1870 in einer deutschen Stadt einen Vortrag hielt, gerade als die Schlacht bei Sedan geschlagen worden ist — was man aber noch nicht in der Stadt wußte —, wo dieser Mann, den ich einen feinsinnigen Mann nenne, seinen Vortrag hielt und darin schon hinweisen konnte auf gewisse Erfolge, welche Deutschland dazumal hatte. Dieser Hin­weis auf diese Erfolge war aber zu gleicher Zeit bei diesem Manne be­gleitet von der Anforderung, daß Platz greifen müsse bei denjenigen, die den Erfolg haben, eine geistige Vertiefung. Und bald darauf, nach­dem vollere Erfolge da waren, schrieb derselbe Mann einen Aufsatz über die Notwendigkeiten der Zeitentwickelung. In diesem Aufsatze, der also jetzt fast fünfzig Jahre hinter uns liegt, stehen merkwür­dige Dinge, Dinge, die von einem Zweifachen zeugen. Erstens wird dar­in ausdrücklich gesagt, daß die dringende Notwendigkeit vorliege, zwei Einseitigkeiten zu vermeiden. Die eine Einseitigkeit bestehe dar­in, daß man sich nur nach dem abstrakt Geistigen wende, die andere darin, daß man sich nur nach der Betrachtung und Anbetung des Ma­teriellen wende. Und was der betreffende Mann dazumal von seinen Zeitgenossen und deren Nachfahren weiter forderte, war etwas, was er «Ideal-Realismus» nannte.

On voit donc qu'une telle exigence a été formulée à l'époque, et qu'il y avait une certaine aspiration à un renouvellement de la vie spirituelle. Mais si l'on suit tout ce qui a été avancé à l'époque à partir de cette aspiration à un renouvellement de la vie spirituelle, on voit l'impuissance totale à trouver quoi que ce soit qui puisse représenter une liaison entre l'aspiration spirituelle et l'aspiration matérielle, qui puisse se présenter comme une réalité pour le concept de réalisme idéal. Ainsi, une exigence importante, qui était pourtant formulée à partir d'une simple aspiration pressentie, surgit d'une profonde impuissance, de l'impossibilité de trouver un contenu réel. C'était un sentiment indéfini, rien de plus. Mais l'expression de ce sentiment était liée à autre chose. L'homme en question, en accord avec de nombreux autres qui ressentaient à l'époque une certaine nostalgie d'un renouveau de la vie spirituelle, attirait l'attention sur le fait que, si un nouvel esprit n'arrivait pas, les grandes masses d'Europe se précipiteraient et détruiraient tout ce que l'humanité avait acquis jusqu'à présent en matière de culture. - À l'époque, un homme qui a beaucoup parlé ici en Suisse, Johannes Scherr - je vous prie de tenir compte du fait que ce qui a été dit là l'a été il y a cinquante ans ! -, a souligné le grand danger qu'il y eût à ce que les larges masses de l'humanité prennent conscience d'elles-mêmes, dans un certain sens, mais à une époque où les porteurs de l'éducation se sont détournés d'une vision spirituelle du monde et se sont tournés vers des concepts et des idées matérialistes. On parlait alors de ces choses en termes sévères et sérieux.

03

Man sieht daraus, daß eine solche Forderung dazumal aufgestellt worden ist, wie eine gewisse Sehnsucht vorhanden war nach einer Er­neuerung des geistigen Lebens. Aber wenn man alles dasjenige verfolgt, was dazumal vorgebracht worden ist aus dieser Sehnsucht nach einer Erneuerung des geistigen Lebens heraus, dann sieht man die volle Ohn­macht, irgend etwas zu finden, was eine Verbindung des geistigen Stre­bens mit dem materiellen Streben darstellen konnte, was sich als eine Wirklichkeit für den Begriff des Ideal-Realismus ergeben konnte. Also eine wichtige Forderung, die aber aus einer bloß geahnten Sehnsucht heraus gesprochen war, trat auf aus einer tiefen Ohnmacht heraus, aus der Unmöglichkeit, einen realen Inhalt zu finden. Es war ein unbe­stimmtes Gefühl, weiter nichts. Aber verbunden war die Darlegung dieses Gefühles mit etwas anderem. Der betreffende Mann machte, und zwar im Einklange mit manchen andern, die dazumal etwas empfanden von einer Sehnsucht nach einer Erneuerung des geistigen Lebens, darauf aufmerksam, daß, wenn nicht ein neuer Geist käme, die breiten Massen Europas anstürmen und alles, was an Kultur bisher der Menschheit sich ergeben habe, zerstören würden. — Es hat damals auch ein Mann, der hier in der Schweiz viel gesprochen hat, Johannes Scherr — ich bitte Sie, zu berücksichtigen, daß das, was da gesprochen worden ist, vor fünfzig Jahren gesprochen worden ist ! —, auf die große Gefahr hin­gewiesen, die darin bestehe, daß ihrer selbst bewußt werden in einem gewissen Sinne die breiten Massen der Menschheit, aber dies in einer Zeit, in der sich die Träger der Bildung von einer geistigen Weltanschau­ung abgewandt und sich materialistischen Begriffen und Ideen zuge­wendet haben. In scharfen, in ernsten Worten wurde dazumal von solchen Dingen gesprochen.

Que vint comme temps ? Vint le temps où la vague matérialiste alla sur toute l'Europe, le temps où l'on s'entendait bien à se voiler la face sur les grands dangers qu'il y avait à ne rien vouloir savoir d'un impact spirituel. De temps en temps seulement, l'un ou l'autre s'élevait pour attirer l'attention sur le fait que, malgré la persistance consciente dans la vie quotidienne confortable, la nostalgie de la vie spirituelle était plus présente dans les sous-sols subconscients des âmes humaines qu'à n'importe quel temps de l'évolution historique mondiale.

04

Was kam für eine Zeit ? Es kam die Zeit, in der über ganz Europa die materialistische Welle hinwegging, die Zeit, in der man sich darin gut befand, sich hinwegzutäuschen über die großen Gefahren, die darin liegen, nichts wissen zu wollen von einem geistigen Einschlag. Nur ab und zu erhob sich der eine und der andere, der darauf aufmerksam machte, daß trotz des bewußten Verharrens im bequemen Alltagsleben in den unterbewußten Untergründen der Menschenseelen doch die Sehnsucht nach dem geistigen Leben mehr da sei als zu irgendeiner Zeit der weltgeschichtlichen Entwickelung.

Mais de telles voix ont toutes été considérées comme des voix feuilletonistes. De telles voix n'ont pas été appréciées dans toute leur gravité. Et au fond, nous vivons encore aujourd'hui en ce temps. Au fond, la vague de malheur la plus épouvantable des cinq dernières années a traversé la plupart des âmes européennes, tout au plus de telle sorte qu'elles réfléchissent et ressentent les conséquences extérieures, mais ne veulent pas entrer en matière sur ce qui doit être abordé, si l'on devait encore parler d'une évolution future de l'humanité dans un sens favorable quelconque.

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Doch solche Stimmen wurden alle als feuilletonistische Stimmen ge­nommen. Solche Stimmen wurden nicht in ihrem ganzen Ernste gewür­digt. Und im Grunde genommen leben wir heute noch immer in dieser Zeit. Im Grunde genommen ist auch die Welle entsetzlichsten Unglückes der letzten fünf Jahre durch die meisten europäischen Seelen höchstens so durchgegangen, daß sie über die äußeren Folgen nachdenken und sie nachempfinden, nicht aber auf das eingehen wollen, auf das eingegangen werden muß, wenn überhaupt noch von einer Weiterentwickelung der Menschheit in der Zukunft in irgendeinem günstigen Sinne die Rede sein soll.

Ce que nous avons devant nous aujourd'hui en Europe s'est préparé pendant des décennies. Mais les âmes des humains ne se sont pas préparées. Les âmes des humains sont aujourd'hui, dans leur majorité, aussi insensibles que possible pour l'impact d'une vague spirituelle en provenance du monde spirituel, qui bat aux portes de la vie, qui veut entrer et que l'on ne veut pas accueillir dans les âmes et dans les cœurs des humains. Ce qui est nécessaire, c'est que les humains se tournent vers une contemplation spirituelle du monde, avant tout vers une véritable connaissance de l'humain lui-même. L'être humain ne peut pas être connu sans reconnaître le monde spirituel, car l'humain vit avec deux tiers de son être dans le monde spirituel, et seulement avec un tiers dans le monde physique et matériel. Et sans que soit recherchée une connaissance de la vie spirituelle, l'humain reste sans connaissance de son propre être. Dans un sens beaucoup plus large qu'il n'est pressenti par la plupart des gens aujourd'hui, doit être demandé : De quelle essence est donc réellement le domaine de la vie de l'âme humaine que nous englobons avec le mot penser ? Quelle est l'essence du domaine de la vie de l’âme humaine que nous englobons par le mot vouloir ou agir/traiter ? - Entre les deux repose l'âme tranquille/la Gemüt, la vie affective/de sentiment. La connaissance de la vie des sentiments ou de l'âme tranquille se donnerait déjà, si l'on voulait seulement tourner son attention vers la vie de la pensée et vers la vie en actes, vers la vie de la volonté.

06

Was wir heute in Europa vor uns haben, hat sich durch Jahrzehnte vorbereitet. Aber die Seelen der Menschen haben sich nicht vorbereitet. Die Seelen der Menschen sind in ihrer Mehrzahl heute so unempfänglich wie möglich für das Hereinschlagen einer spirituellen Welle aus der geistigen Welt, die an die Tore des Lebens schlägt, die herein will und die man nicht aufnehmen will in die Seelen und in die Herzen der Men­schen. Was notwendig ist, das ist, daß die Menschen sich hinwenden zu einer geistigen Weltbetrachtung, vor allen Dingen zu einer wirklichen Erkenntnis des Menschen selber. Das Menschenwesen kann nicht er­kannt werden, ohne daß man die geistige Welt erkennt, denn der Mensch lebt mit zwei Dritteln seines Wesens in der geistig-seelischen Welt, nur mit einem Drittel in der physisch-materiellen Welt. Und ohne daß ge­sucht wird eine Erkenntnis des geistigen Lebens, bleibt der Mensch ohne Erkenntnis seines eigenen Wesens. In einem viel umfänglicheren Sinne, als heute von den meisten auch nur geahnt wird, muß gefragt werden: Welchen Wesens ist denn eigentlich dasjenige Gebiet des menschlichen Seelenlebens, das wir umfassen mit dem Worte Denken ? Was für einer Wesenheit ist dasjenige Gebiet des menschlichen Seelenwesens, das wir umfassen mit dem Worte Wollen oder Handeln ? — Zwischen beiden liegt das Gemüt, das Gefühlsleben. Erkenntnis des Gefühls- oder Ge­mütslebens würde sich schon ergeben, wenn man nur die Aufmerksam­keit wenden wollte auf das Gedankenleben und auf das Leben in Hand­lungen, auf das Willensleben.

Suivez-moi un coût temps dans une considération tout de suite de ce qu'est notre penser. L'humain est donc conscient à soi qu'il accompagne intérieurement la vie qui l'impressionne ici ou là par sa pensée. Cette pensée - on vit en elle. Mais on devrait aussi être conscient que la plus grande partie de la vie est remplie par le fait que cette pensée est imprégnée de tout le possible de la sorte des rêves. La plupart des humains ne sont pas conscients de comment ce qui est un élément involontaire joue dans leur pensée. Tout élément involontaire dans la pensée est au fond de nature onirique. Essayez seulement une fois, dans une connaissance superficielle de vous-même, de vous rendre clair à quel point vous dirigez vos pensées depuis le centre de votre volonté dans la vie quotidienne. Essayez de vous rendre compte jusqu'à quel point vous vous efforcez de diriger vos pensées intérieurement, de façonner vous-même vos pensées. Essayez de vous rendre compte dans quelle haute mesure c'est le cas que l'âme laisse venir les pensées, les laisses déferler. Elles s'épanouissent, les pensées, l'une se tisse avec l'autre, et l'être humain s'abandonne agréablement à ce jeu involontaire de la pensée. Il n'y a aucune grande différence entre ce jeu de pensées quotidien et celui des rêves qui surgissent du sommeil.

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Folgen Sie mir einmal für kurze Zeit in eine Betrachtung gerade des­jenigen, was unser Denken ist. Der Mensch ist sich ja bewußt, daß er das Leben, das auf ihn von da- oder dorther Eindruck macht, mit seinem Denken innerlich begleitet. Dieses Denken — man lebt in ihm. Aber man sollte sich doch auch bewußt werden, daß der größte Teil des Lebens damit ausgefüllt ist, daß dieses Denken durchsetzt ist von allem mög­lichen Traumartigen. Die meisten Menschen werden sich dessen nicht bewußt, wie in ihr Denken dasjenige hereinspielt, was ein unwillkürliches Element ist. Alles unwillkürliche Element im Denken ist im Grunde genommen traumhafter Natur. Versuchen Sie nur einmal, in einer oberflächlichen Selbsterkenntnis sich klarzumachen, wie weit Sie Ihre Gedanken aus dem Zentrum Ihres Willens heraus im Alltagsleben dirigieren. Versuchen Sie, sich klarzumachen, wie weit Sie das Bestreben haben, die Gedanken innerlich zu lenken, die Gedanken selbst zu ge­stalten. Versuchen Sie, sich klarzumachen, in wie hohem Maße es der Fall ist, daß die Seele die Gedanken kommen läßt, sie hereinbrechen läßt. Sie leben sich aus, die Gedanken, einer spinnt sich mit dem andern zusammen, und der Mensch gibt sich diesem unwillkürlichen Gedanken­spiel wohlbehaglich hin. Es ist kein großer Unterschied zwischen diesem alltäglichen Gedankenspiel und zwischen dem aus dem Schlafe heraus aufdämmernden Träumen.

Cet aspect onirique s'immisce dans la pensée humaine par d'autres côtés encore. On participe aujourd'hui à la vie extérieure. Comment participe-t-on à cette vie extérieure ? On s'informe sur ce qui se passe dans le monde ; on s'informe de telle sorte que l'on se laisse en quelque sorte porter dans son vécu par ce qui arrive dans la vie sous telle ou telle poussée. On s'adonne à une quelconque agitation populaire. Il suffit d'examiner combien, dans cet abandon à une agitation populaire, provient de la volonté propre et combien est simplement dû au fait que l'on est emporté par ce qui déferle des vagues de la vie ! Et je pourrais vous citer beaucoup, beaucoup de choses qui font irruption dans la pensée, qui dominent la pensée, sans que la volonté de l'humain lui-même n'agisse directement sur cette pensée.

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Noch von andern Seiten her mischt sich dieses Traumartige in das menschliche Denken ein. Man nimmt heute teil an dem äußeren Leben. Wie nimmt man teil an diesem äußeren Leben ? Man informiert sich über das, was in der Welt vorgeht; man informiert sich so, daß man sich gewissermaßen in sein Erleben hineintragen läßt, was durch diesen oder jenen Anstoß in das Leben hereinkommt. Man gibt sich irgendeiner populären Agitation hin. Man untersuche nur einmal, wieviel in diesem Hingeben an eine populäre Agitation dem eigenen Willen entsprießt und wieviel einfach darauf zurückzuführen ist, daß man mitgenommen wird von dem, was da anstürmt aus den Wogen des Lebens ! Und vieles, vieles könnte ich Ihnen anführen von dem, was in das Denken hereinstürmt, das Denken beherrscht, ohne daß der Wille des Men­schen selbst in dieses Denken unmittelbar hineinwirkt.

C'était précisément la tâche historique de la rédaction de mon livre "La philosophie de la liberté" que d'indiquer comment la liberté de l'humain n'est possible que si cette pensée involontaire et rêveuse n'est pas là, mais que des impulsions issues de la volonté pleinement consciente s'affirment/se font valoir. Cette pensée - de quelle nature est elle donc ? Quand est-elle une vraie pensée ? - Lorsqu'elle provient réellement de la volonté pleinement consciente, lorsque nous saisissons la pensée de telle sorte que c'est nous-mêmes qui saisissons la pensée. Dès l'instant où la pensée nous saisit, nous ne sommes plus libres. Nous ne sommes libres que lorsque nous pouvons saisir la pensée à partir de notre force, de notre essence. Mais alors, la pensée ne peut être rien d'autre qu'une image. Si la pensée était autre chose qu'une image, si elle était une réalité, alors elle ne pourrait pas nous laisser libres. Tout ce qui est une réalité nous enfile dans le courant du réel. Seul ce qui est image nous laisse libres. Pensez vous comment tout ce que vous voyez dans une pièce œuvre au fond réel sur vous. Vous êtes uniquement et seulement libre vis-à-vis des images qui vous font face à partir du miroir. Elles ne peuvent rien vous faire par elles-mêmes, à ces images vous ne pouvez pas vous heurter. Si ces images devaient vous inciter n'importe comment à faire quelque chose, ainsi c'est vous qui devez être, qui entreprenez. Si une mouche se pose sur votre nez - c'est un animal insignifiant -, vous n'êtes pas libre, vous effectuez un mouvement réflexe. Et il en va de même pour tout ce qui est là. Vous n'êtes libre qu'à l'égard de ce que vous pouvez ressentir comme une image, qui n'est pas une réalité, qui est une image. Pourquoi les contenus de notre pensée sont-ils des images ? Eh bien, il nous suffit de nous souvenir de certaines choses que nous pouvons lire dans ma "Science secrète dans ses grandes lignes", comment l'humain était lié à une incarnation précédente de notre planète Terre, à l'évolution lunaire. Si vous lisez tout ce qui y est dit sur l'évolution lunaire, vous vous direz : pendant cette évolution lunaire, l'humain était en lien avec des entités et des forces naturelles tout à fait différentes de celles qu'il a connues dans son existence terrestre. Il a vécu/traversé cette existence lunaire. La répercussion de cela est en lui. Il a évolué de cet être-là lunaire à l'être-là terrestre. Et si vous lisez plus attentivement ce que j'ai expliqué là, vous vous direz que pendant l'existence lunaire, l'humain ne pensait pas encore dans le sens où il pense en tant qu'humain terrestre. Il a jadis vécu dans des imaginations inconscientes, et ces imaginations inconscientes n'étaient pas dans son arbitraire, aussi peu qu'aujourd'hui les images des rêves ne sont en son arbitraire. - C'est dans l'arbitraire que sont en premier les pensées vers lesquelles nous, en tant qu'êtres humains, nous nous développons en fait d'abord de proche en proche maintenant, dans la cinquième période post-atlantique. Ce que nous avons aujourd'hui comme pensée est une évolution de ce que nous avions comme expérience/vécu-image de l'âme pendant notre être-là lunaire.

09

Das war gerade die geschichtliche Aufgabe bei Abfassung meines Buches «Die Philosophie der Freiheit», darauf hinzuweisen, wie Freiheit des Menschen überhaupt nur möglich ist, wenn dieses unwillkürliche, träumerische Denken nicht da ist, sondern Impulse aus dem vollbewuß­ten Willen heraus sich geltend machen. Dieses Denken — welcher Natur ist es denn ? Wann ist es wirkliches Denken ? — Wenn es wirklich aus dem vollbewußten Willen kommt, wenn wir den Gedanken so fassen, daß wir selbst es sind, die den Gedanken fassen. In dem Augenblicke, wo der Gedanke uns faßt, sind wir nicht mehr frei. Nur wenn wir aus unserer Kraft, aus unserem Wesen heraus den Gedanken fassen können, sind wir frei. Dann kann aber der Gedanke nichts anderes sein als ein Bild. Wäre der Gedanke etwas anderes als ein Bild, wäre er eine Realität, dann könnte er uns nicht frei lassen. Alles, was eine Realität ist, spinnt uns in den Strom des Realen ein. Nur das, was Bild ist, läßt uns frei. Denken Sie sich, wie alles, was Sie in einem Zimmer sehen, im Grunde genommen real auf Sie wirkt. Einzig und allein ganz frei sind Sie nur den Bildern gegenüber, die Ihnen aus dem Spiegel heraus entgegensehen. Die können Ihnen von sich aus nichts tun, an diesen Bildern können Sie sich nicht stoßen. Wenn diese Bilder Sie irgendwie zu etwas veranlassen sollen, so müssen Sie es sein, der etwas unternimmt. Wenn sich eine Fliege auf Ihre Nase setzt — sie ist ja ein unbedeutendes Tier —, so sind Sie nicht frei, Sie führen eine Reflexbewegung aus. Und so ist es mit allem, was da ist. Frei sind Sie nur demgegenüber, was Sie als Bild empfinden können, das keine Realität ist, das ein Bild ist. Warum sind die Inhalte unseres Denkens Bilder ? Nun, wir brauchen nur uns zu erinnern an mancherlei, was wir lesen können in meiner «Geheimwissenschaft im Umriß», wie der Mensch verbunden war mit einer vorhergehenden Verkörperung unseres Erdenplaneten, mit der Mondenentwickelung. Lesen Sie alles durch, was dort über die Mondenentwickelung auseinandergesetzt ist, so werden Sie sich sagen: Der Mensch war während dieser Mondenentwickelung mit ganz andern Wesenheiten und auch mit ganz andern Naturkräften in Verbindung, als er im Erden‑ dasein ist. Dieses Mondendasein hat er durchgemacht. Die Nachwirkung davon ist in ihm. Er hat sich aus diesem Mondendasein zum Erdendasein fortentwickelt. Und wenn Sie genauer lesen, was ich dort auseinandergesetzt habe, so werden Sie sich sagen: Gedacht hat der Mensch während des Mondendaseins noch nicht in dem Sinne, wie er als Erdenmensch denkt. Er hat damals in unbewußten Imaginationen gelebt, und diese unbewußten Imaginationen waren nicht in seiner Willkür, so wenig als heute die Traumbilder in seiner Willkür sind. — In der Willkür sind erst die Gedanken, zu denen wir uns als Menschen eigentlich erst nach und nach jetzt im fünften nachatlantischen Zeitraum entwickeln. Was wir heute als Denken haben, ist eine Fortentwickelung desjenigen, was wir als Bild-Erleben der Seele während unseres Mondendaseins hatten.

Si vous saisissez cela très ordonné, alors vous envisagez aussi que tout ce qui se glisse/ramifie dans la pensée, comme j'ai justement caractérisé l'aspect onirique de la pensée dans la vie quotidienne, un vestige de ce que l'humain avait comme vie de l'âme pendant l'être-là lunaire. Si l'humain s'abandonne aujourd'hui à ses pensées jaillissantes/poussant vite, il déconnecte sa volonté de ses pensées, s'il laisse jouer dans sa pensée ce qui est de nature onirique, ainsi les états de l'être-là lunaire jouent n'importe comment dans sa pensée.

10

Wenn Sie das ganz ordentlich fassen, dann werden Sie aber auch ein­sehen, daß alles, was sich in das Denken so hineinstiehlt, wie ich eben das Traumhafte des Denkens im alltäglichen Leben charakterisiert habe, ein Überbleibsel ist desjenigen, was der Mensch als Seelenleben hatte während des Mondendaseins. Überläßt sich heute der Mensch seinen aufschießenden Gedanken, schaltet er seinen Willen aus aus seinen Gedanken, läßt er hereinspielen in sein Denken, was traumartiger Natur ist, so spielen die Zustände des Mondendaseins irgendwie in sein Denken hinein.

Vous verrez donc que cette intrusion de l'existence lunaire dans notre pensée quotidienne a une large, une très, très large portée. Partout, on peut sentir comment se mêle dans le penser, dans le representer, l'élément involontaire du pur ascensionnel/montant et poussant. C'est un vestige de l'existence lunaire. Vous avez donc là deux puissances qui s'opposent dans l'être humain lui-même. L'une sorte/façon de ces choses nous tire à laisser dominer notre pensée par notre volonté, à devenir libres dans notre élément de pensée. L'autre puissance veut sans cesse mêler à cette pensée libre ce qui est un vestige de l'ancienne culture lunaire : un élément luciférien. L'élément luciférien se mélange continuellement dans notre pensée quotidienne. Nous ne pouvons pas le rejeter. Nous devrions rejeter tout ce que nous ne pouvons pas encore atteindre par la pensée libre consciente, mais nous devons aspirer à la connaissance. Nous devons nous être clairs sur ce qu'il en est ainsi. Ce n'est qu'une phrase lorsque quelqu'un dit qu'il voudrait échapper à Lucifer. C'est un non-sens, car le luciférien joue continuellement dans l'existence quotidienne. Mais aujourd'hui, si l'on veut vraiment se placer dans les exigences de l'évolution humaine actuelle, il faut avoir la bonne volonté de savoir en soi que ces deux puissances, les puissances terrestres proprement dites et les puissances lucifériennes, jouent l'une dans l'autre dans l'existence de notre âme. Ce n'est qu'ainsi que l'on obtient une connaissance réelle de ce qui se trouve dans l'âme humaine.

11

Sie werden daraus ersehen, daß dieses Hereinspielen des Monden­daseins in unser alltägliches Denken einen weiten, einen sehr, sehr weiten Umfang hat. Überall kann man verspüren, wie sich in das Den­ken, in das Vorstellen hereinmischt das unwillkürliche Element des rein Aufsteigenden und Aufschießenden. Das ist ein Überbleibsel des Mon­dendaseins. Da haben Sie also zwei im Menschenwesen selbst einander entgegenwirkende Mächte. Die eine Art dieser Dinge zieht uns dahin, von unserem Willen unser Denken beherrschen zu lassen, frei zu werden in unserem Gedankenelement. Die andere Macht will immerfort in dieses freie Denken dasjenige hineinmischen, was Überbleibsel der alten Mondenkultur ist: ein luziferisches Element. Luziferisches Element mischt sich fortwährend in unser alltägliches Denken hinein. Wir kön­nen es nicht abweisen. Wir würden alles dasjenige abweisen müssen, was wir noch nicht mit dem bewußten freien Denken erreichen können, aber wir müssen Erkenntnis anstreben. Wir müssen uns darüber klar sein in unserem Bewußtsein, daß es so ist. Es ist lediglich eine Phrase, wenn jemand sagt, er wolle dem Luzifer entfliehen. Das ist ja Unsinn, denn das Luziferische spielt fortwährend in das alltägliche Dasein her­ein. Aber man muß heute, wenn man wirklich sich hineinstellen will in die Anforderungen der Menschheitsentwickelung der Gegenwart, den guten Willen haben, in sich zu wissen, daß diese beiden Mächte, die eigentlichen Erdenmächte und die luziferischen Mächte, in unserem Seelendasein ineinanderspielen. Nur dadurch erlangt man eine reale Erkenntnis desjenigen, was in der Menschenseele drinnen ist.

Avec cela je vous ai, j'aimerais dire, caractérisé sommairement un pôle de l'entité de l'âme humaine. Prenez l'autre pôle, qui repose davantage du côté de la volonté. La volonté joue donc aussi un rôle dans la pensée ; mais nous avons maintenant regardé la pensée imprégnée de volonté. Nous voulons maintenant considérer le vouloir imprégné de pensée. Comment le vouloir, qui se transforme en action, intervient-il dans la vie quotidienne ordinaire de l'humain ? - Nous pouvons nous rendre cela clair <<<<< si nous considérons le rapport entre notre action réelle quotidienne et l'ensemble de l'être cosmique. Pensez seulement une fois : si vous faites un seul pas, si vous vous déplacez de ce lieu ici vers ce lieu [en avant], vous provoquez, même si ce n'est que dans une très faible mesure, un autre état d'équilibre de l'ensemble de l'être terrestre. Lorsque vous vous déplacez ici [pas en arrière], vous vous déplacez à un autre endroit que lorsque vous vous déplacez ici [pas en avant]. Vous influencez l'équilibre de la Terre d'une manière différente lorsque vous marchez ici [vers l'arrière] que lorsque vous marchez ici [vers l'avant]. Mais si vous considérez une fois correctement que vous influencez continuellement l'équilibre de la Terre par vos mouvements, vous viendrez encore une autre façon d'influencer. Pensez que vous une fois, vous prenez n'importe quoi qui vient purement de la nature. Par exemple, s'il y a une branche d'arbre sur un tronc d'arbre, cette branche, telle qu'elle se trouve sur ce tronc d'arbre, a un rapport logique avec la Terre entière. Elle a un certain rapport d'équilibre avec la Terre entière. La Terre entière forme avec elle un tout. À l'instant où vous cassez la branche d'arbre à droite en haut et que vous la posez peut-être à côté, vous avez modifié, même si ce n'est que dans une faible mesure, tout le rapport d'équilibre de la Terre. L'arbre pèse moins, et à un autre endroit, la branche cassée pèse. Vous modifiez l'équilibre dans une autre mesure si vous posez la branche ici ou si vous la posez là.

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Damit habe ich Ihnen, ich möchte sagen, einen Pol menschlicher Seelenwesenheit skizzenhaft charakterisiert. Nehmen Sie den andern Pol, der mehr nach der Willensseite hin liegt. In das Denken spielt ja auch der Wille hinein; aber wir haben jetzt das vom Willen durch­drungene Denken betrachtet. Jetzt wollen wir das vom Denken durch­drungene Wollen betrachten. Wie spielt das Wollen, das ins Handeln übergeht, in das gewöhnliche alltägliche Leben des Menschen hinein ? — Das können wir uns klarmachen, wenn wir den Zusammenhang unseres alltäglichen realen Handelns mit dem ganzen kosmischen Sein ins Auge fassen. Denken Sie doch nur einmal: Wenn Sie einen einzigen Schritt machen, wenn Sie von diesem Orte hier fortschreiten zu diesem Orte [nach vorne], so rufen Sie, wenn auch nur in sehr geringem Maße, einen andern Gleichgewichtszustand des ganzen Erdenwesens hervor. Wenn Sie hierher treten [Schritt nach rückwärts], treten Sie an einen andern Ort, als wenn Sie hierher treten [Schritt nach vorne]. Sie beeinflussen das Gleichgewicht der Erde in einer andern Weise, wenn Sie hierher treten [nach hinten], als wenn Sie hierher treten [nach vorne]. Aber wenn Sie das einmal richtig betrachten, daß Sie selbst durch Ihre Be­wegungen fortwährend das Gleichgewicht der Erde beeinflussen, so werden Sie noch auf eine andere Art des Beeinflussen kommen. Denken Sie einmal, Sie nehmen irgend etwas, das rein von der Natur kommt. Wenn zum Beispiel an einem Baumstamm ein Baumast ist, so hat dieser Tafel 6 Baumast, so wie er an diesem Baumstamm zunächst daran ist, ein gelinkswisses Verhältnis zu der ganzen Erde. Er hat ein gewisses Gleich­gewichtsverhältnis zu der ganzen Erde. Die ganze Erde bildet mit ihm zusammen ein Ganzes. In dem Augenblicke, wo Sie den Baumast abrechts oben brechen und ihn vielleicht daneben legen, haben Sie das ganze Gleich­gewichtsverhältnis der Erde, wenn auch nur in geringem Maße, aber doch verändert. Der Baum wiegt weniger, und an einer andern Stelle wiegt der abgebrochene Ast. Sie verändern das Gleichgewicht in einem andern Maße, wenn Sie den Ast dahin legen oder wenn Sie ihn dorthin legen.

C'est déjà quelque chose que vous placez de vous-même dans l'ensemble de l'être-là terrestre. Mais là, au moins dans un premier temps, vous ne faites que mettre en valeur le rapport de votre humain avec le monde environnant. Mais vous pouvez faire encore plus. Vous pouvez par exemple façonner quelque chose à partir de cette branche d'arbre. Je veux dire que vous en faites artificiellement quelque chose qui est un objet pour un usage quelconque. Là, vous avez imaginé la forme en bas, vous avez découpe par petits coups le reste qui n'appartient pas à cette forme. Maintenant, vous exercez une tout autre influence avec votre objet, non seulement en le cassant, non seulement en le posant ailleurs, mais en donnant une certaine forme à ce que vous avez pris dans la nature. Pensez à tout ce que les humains font dans le domaine technique et artistique dans cette direction, comment ils façonnent ce qu'ils arrachent à la nature et comment ils influencent ainsi le terrestre !

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Das ist schon etwas, was Sie von sich aus hineinstellen in das ganze Erdendasein. Aber da bringen Sie wenigstens zunächst nur das Verhält­nis Ihres Menschen zu der umliegenden Welt zur Geltung. Aber Sie können noch mehr tun. Sie können zum Beispiel aus diesem Baumast irgend etwas formen. Ich will sagen, Sie formen künstlich daraus so etwas, was ein Gegenstand zu irgendeinem Gebrauch ist. Da haben Sieh unten die Form ausgedacht, da haben Sie das andere, was nicht zu dieser Form gehört, weggeschnitzelt. Jetzt üben Sie einen ganz andern Einfluß mit Ihrem Gegenstand aus, nicht nur durch Abbrechen, nicht nur durch Weglegen, sondern dadurch, daß Sie dem, was Sie der Natur entnom­men haben, eine gewisse Form geben. Denken Sie einmal, wieviel die Menschen auf technischem, auf künstlerischem Gebiete nach dieser Richtung hin tun, wie sie dasjenige, was sie der Natur entreißen, for­men und wie sie dadurch das Irdische beeinflussen !

Et maintenant je vous demande : si l'humain fait cela, s'il modifie la nature, s'il façonne ce qu'il prend à la nature pour en faire ses machines, ses œuvres d'art, le fait-il à partir de sa pensée ? - Considérons-le dans la mesure où il le fait à partir de sa pensée : il le fait à partir de la nature imagée de la pensée. Il est tout à fait indifférent pour le terrestre de savoir ce qui se passe, tout comme les objets de la chambre ne sont pas particulièrement impressionnés par les images qui se forment dans le miroir. Mais l'humain donne une réalité à ces choses. C'est l'autre côté, lorsque l'humain, après s'être développé hors de l'existence lunaire, s'abandonne/s'adonne à la pensée : Lorsque l'humain façonne quelque chose et le place dans le monde, de même que l'onirisme intervient dans notre pensée et que dans l'onirisme se trouve l'ancien état lunaire, le luciférien, de même, dans toute notre mécanisation, dans toute notre transformation, dans tout notre remodelage des choses du monde, intervient ce qui n'est pas encore lié à l'existence terrestre, ce que nous plaçons de nous-mêmes dans cette existence terrestre. Qu'est-ce donc que cela ?

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Und jetzt frage ich Sie: Wenn der Mensch das tut, wenn er die Natur verändert, wenn er das, was er der Natur wegnimmt, formt zu seinen Maschinen, zu seinen Kunstwerken, tut er das aus seinem Denken her­aus ? — Betrachten wir es, insofern er es aus seinem Denken heraus tut: Er tut es aus der Bildnatur des Denkens heraus. Es ist dem Irdischen schlechterdings gleichgültig, was da geschieht, geradeso, wie es auf die Gegenstände des Zimmers keinen sonderlichen Eindruck macht, was da für Bilder im Spiegel entstehen. Aber der Mensch gibt diesen Dingen Realität. Das ist die andere Seite, wenn sich der Mensch, nachdem er sich herausentwickelt hat aus dem Mondendasein, dem Denken ergibt: Wenn der Mensch irgend etwas formt und es hineinstellt in die Welt, so wie das Traumhafte hineinspielt in unser Denken und in dem Traumhaften der alte Mondenzustand, das Luziferische, so spielt in all unser Mecha­nisieren, in all unser die Weltdinge Umgestalten, Umformen, dasjenige hinein, was mit dem irdischen Dasein noch gar nicht zusammenhängt, was wir von uns aus in dieses irdische Dasein hineinstellen. Was ist denn das eigentlich ?

Ce que nous plaçons dans l'existence terrestre à partir de notre vie de l'âme libre ne découle pas de l'ancienne existence lunaire, c'est ajouté à l'existence terrestre actuelle. Cela aura en premier une pleine signification lorsque quelque chose d'autre que l'est l'existence terrestre sera intervenu. De même que l'enfant qui est porté dans le ventre de sa mère, ou qui n'est peut-être pas encore porté, mais qui attend son incarnation dans le monde spirituel, est encore un être à venir, de même tout ce que l'humain forme est en fait destiné à l'avenir, est encore embryonnaire dans le présent. Et nous ne le considérons véritablement que si nous le considérons dans son embryonnalité, dans sa signification future. Si nous formons quelque chose aujourd'hui dans la vie, si nous ne prenons pas la nature telle qu'elle est, mais si nous la modifions à partir de nos pensées, nous créons pour l'avenir. Mais si nous considérons ce que nous créons pour l'avenir comme appartenant au présent, si ça se nidifie dans notre vie ainsi que nous le considérons uniquement en fonction de son utilité pour le présent, alors le futur se niche dans notre action, comme dans la pensée onirique le passé se niche dans notre pensée ; alors l'ahrimanien saisit de notre action.

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Was wir da aus unserem freien Seelenleben heraus in das irdische Dasein hineinstellen, das folgt nicht aus dem alten Mondendasein, das wird zu dem gegenwärtigen Erdendasein hinzugetan. Das wird erst eine volle Bedeutung haben, wenn etwas anderes eingetreten ist, als das Erdendasein ist. So wie das Kind, das im Leibe der Mutter getragen wird, oder vielleicht noch nicht getragen wird, sondern erst in der geistigen Welt auf seine Verleiblichung wartet, noch ein Zu­künftiges ist, so ist all das, was der Mensch also formt, eigentlich für die Zukunft bestimmt, ist in der Gegenwart noch embryonal. Und wir betrachten es nur wahrheitsgemäß, wenn wir es in seiner Embryonalität, in seiner Zukunftsbedeutung betrachten. Formen wir irgend etwas heute im Leben, nehmen wir nicht die Natur, wie sie ist, sondern ändern sie aus unseren Gedanken heraus, so schaffen wir für die Zu­kunft. Schauen wir aber das, was wir für die Zukunft schaffen, als in die Gegenwart hereingehörig an, nistet es sich in unser Leben so ein, daß wir es bloß nach seiner Nützlichkeit für die Gegenwart betrach­ten, dann nistet sich das Zukünftige in unser Handeln ein, wie sich im traumhaften Denken das Vergangene in unser Denken einnistet; dann ergreift das Ahrimanische unser Handeln.

Dans la vie humaine, seul l'enfant qui, en jouant, façonne aussi les objets, mais les façonne sans but, ne cherche pas à être utile, est préservé dans son inconscience de prendre ce qu'il fait dans la vie pour le présent et non en préparation de l'avenir. Ce que nous produisons en machines, ce que nous produisons en œuvres d'art, nous devons porter en nous la conscience que nous les façonnons pour la prochaine existence, pour l'existence de Jupiter, que l'existence terrestre doit d'abord être rayée et qu'un être-là futur donnera d'abord un sens à notre action.

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Im menschlichen Leben wird allein das Kind, das ja auch, indem es spielt, die Gegenstände formt, aber sie zwecklos formt, nicht Nütz­lichkeit anstrebt, in seiner Unbewußtheit davor bewahrt, das, was es im Leben macht, für die Gegenwart zu nehmen und nicht in Vorberei­tung für die Zukunft. Was wir an Maschinen hervorbringen, was wir an Kunstwerken hervorbringen, von dem allem sollen wir das Bewußt­sein in uns tragen, daß wir es für das nächste Dasein, für das Jupiter­dasein formen, daß das Erdendasein erst abgestreift sein muß und ein künftiges Dasein erst Sinn geben wird unserem Handeln.

C'est la grande erreur des temps modernes/récents que les humains placent ce qu'ils produisent de mécanique et d'art directement dans leur utilité terrestre actuelle et ne veulent pas être conscients que nous devons travailler pour l'existence terrestre future. L'ahrimanien peut donc se glisser dans le vouloir, parce que nous adoptons un point de vue purement utilitaire dans ce que nous réalisons mécaniquement, artistiquement ou sinon dans la vie.

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Das ist der große Irrtum der neueren Zeit, daß die Menschen das, was sie an Mechanischem, an Künstlerischem hervorbringen, unmittelbar in ihren gegenwärtigen Erdennutzen stellen und sich nicht bewußt sein wollen, daß wir für das künftige Erdendasein zu arbeiten haben. In das Wollen kann sich also das Ahrimanische dadurch hereinschleichen, daß wir den bloßen Nützlichkeitsstandpunkt anlegen an das, was wir mechanisch oder künstlerisch oder sonst im Leben ausführen.

Mais nous devons alors nous poser la question : ce point de vue utilitaire a-t-il toujours été là ? -- Ce point de vue utilitaire n'était pas présent en tant que tel à l'époque de la culture grecque, et encore moins dans les cultures plus anciennes. Il y avait là, même si c'était par clairvoyance atavique, une conscience du fait que l'humain crée au-delà de l'existence terrestre. Depuis le XVe siècle en particulier, l'aspiration à la simple utilité de ce que l'humain produit est devenue forte. Et aujourd'hui, des programmes mondiaux sont déjà élaborés sur la base de simples considérations d'utilité.

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Da müssen wir uns aber die Frage vorlegen: War dieser Nützlich­keitsstandpunkt immer da ? -- Dieser Nützlichkeitsstandpunkt war zum Beispiel in der älteren Zeit der griechischen Kultur nicht als solcher da, noch weniger in den älteren Kulturen. Da war, wenn auch aus atavisti­schem Hellsehen heraus, ein Bewußtsein davon vorhanden, daß der Mensch über das irdische Dasein hinaus schafft. Insbesondere seit dem 15. Jahrhundert ist das Streben stark geworden nach der bloßen Nütz­lichkeit für dasjenige, was der Mensch hervorbringt. Und heute wer­den bereits Weltprogramme gemacht aus den bloßen Nützlichkeitsgesichtspunkten heraus.

De même qu'il est impossible d'e débrancher/déconnecter la pensée onirique de notre pensée, il est tout aussi impossible d'éliminer le point de vue de l'utilité. C'est pourquoi personne ne devrait prononcer la parole irréfléchie qu'il veut échapper à Ahriman. C'est un non-sens. Il ne le peut pas. Ahriman intervient dans toutes nos actions, à l'exception de nos jeux d'enfants, dans lesquels nous ne recherchons aucun but, aucune utilité, qui sont faits pour l'action elle-même. Dans toutes les autres actions, nous ne pouvons viser qu'une sorte d'idéal. Mais comment ? Nous devons être conscients du fait que deux forces interviennent à nouveau dans notre existence humaine. Quelles forces ? L'une est la force qui nous fait agir pour des raisons d'utilité, mais l'autre est celle-ci : Si nous faisons quelque chose dans la vie, si nous ne nous laissons pas simplement porter par la vie comme des poupées, si nous faisons quelque chose dans la vie sans mener une telle existence de poupée, alors il se passe toujours quelque chose en nous : nous devenons plus habiles, nous devenons plus sages, nous pouvons ensuite mieux faire les choses. C'est l'autre force. La plupart des humains aujourd'hui ne font même pas attention, surtout lorsqu'ils ont dépassé l'âge de dix-huit ans, où ils sont déjà "tout à fait sages" et "tout à fait intelligents" pour leur conception actuelle de la vie, au fait que l'on peut devenir toute sa vie de plus en plus habile dans ce que l'on fait. L'un est le sens de l'utilité, l'autre est une discipline personnelle continue, faire attention à ce que l'on fait de telle sorte que l'on observe comment on augmente son existence humaine en faisant telle ou telle chose, en expérimentant telle ou telle chose. Ce qui intervient ainsi dans notre existence humaine a une tout autre signification que le simple point de vue extérieur de l'utilité et de l'instant. Prenons-le dans un cas, je dirais, plus sublime, prenons les portraits de Raphaël. Raphaël a travaillé à ses tableaux, même si sa vie a été courte. Il est certain qu'un temps viendra où il ne restera plus rien de ces tableaux de Raphaël - peut-être des images rémanentes, mais qui n'ont rien à voir directement avec Raphaël. Il viendra certainement un temps sur terre où il n'y aura plus rien de ces tableaux de Raphaël, où aucun humain incarné sur terre ne pourra regarder les tableaux de Raphaël. Mais Raphaël sera là, et ce que Raphaël est devenu en faisant ces tableaux sera là aussi. En réalisant ces tableaux, Raphaël a progressé dans une incarnation correspondante. Il l'a porté à travers la vie entre la mort et une nouvelle naissance, il est apparu dans une nouvelle incarnation terrestre, il a à nouveau fait quelque chose, il le porte à travers la vie, qui reste même si la terre périt dans le cosmos. Ce que Raphaël est devenu à travers ses tableaux, c'est ce qui reste. On peut même définir le point de vue utilitaire de manière si fine que l'on ajoute à ce point de vue utilitaire le fait que les images sont là. Si vous y réfléchissez, vous ne trouverez pas beaucoup de différence entre une utilité grossière et l'utilité apportée par le fait que des tableaux de Raphaël sont là. Mais il y a autre chose, c'est ce que l'individualité et l'âme de Raphaël sont devenues du fait qu'il a fait ses tableaux. Cela est transféré de l'existence terrestre à l'existence jupitérienne. C'est ce qui se développe.

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Ebenso wie es zunächst unmöglich ist, das traumhafte Denken aus unserem Denken auszuschalten, ebenso unmöglich ist es, den Nütz­lichkeitsstandpunkt auszuschalten. Deshalb sollte niemand das gedankenlose Wort sprechen, er wolle Ahriman entfliehen. Das ist Unsinn. Er kann es nicht. Es spielt Ahriman in unser ganzes Handeln herein, mit Ausnahme unseres Kinderspieles, bei dem wir keinen Zweck, keinen Nutzen anstreben, das um des Handelns selber willen getan wird. Bei allem andern Handeln können wir nur eine Art Ideal anstreben. Wie aber ? Wir müssen uns klar darüber sein, wie hier wiederum zwei Kräfte hineinspielen in unser menschliches Dasein. Welche Kräfte ? Die eine Kraft ist die, die uns handeln läßt aus Nützlichkeitsgründen, die andere aber ist diese: Wenn wir irgend etwas im Leben betreiben, wo wir uns nicht bloß wie Puppen von dem Leben tragen lassen, wenn wir irgend etwas treiben im Leben, ohne ein solches Puppendasein zu führen, dann geht immer mit uns selbst etwas vor sich: Wir werden geschickter, wir werden weiser, wir können danach die Sachen besser. Das ist die andere Kraft. Die meisten Menschen geben heute gar nicht darauf acht, beson­ders wenn sie über das achtzehnte Lebensjahr hinausgekommen sind, wo sie schon «ganz weise» und «ganz gescheit» sind für ihre heutige Lebensauffassung, daß man sein ganzes Leben immer geschickter und geschickter werden kann in dem, was man tut. Das eine ist Nützlich­keitssinn, das andere ist eine fortwährende Selbstzucht, auf das, was man tut, so achtzugeben, daß man beobachtet, wie man sein menschliches Dasein dadurch erhöht, daß man dies oder jenes tut, dies oder jenes erfährt. Was so in unser menschliches Dasein hereinspielt, hat eine ganz andere Bedeutung als der bloße äußere Nützlichkeits- und Augenblicks­standpunkt. Nehmen Sie es einmal in einem, ich möchte sagen, erhabe­neren Fall, nehmen wir die Bildnisse Raffaels. Raffael hat, wenn auch ein kurzes Leben hindurch, gearbeitet an seinen Bildern. Ganz gewiß wird eine Zeit kommen, in der von diesen Bildern Raffaels nichts mehr da sein wird — vielleicht Nachbilder, die aber mit Raffael nichts un­mittelbar zu tun haben. Ganz gewiß wird eine Zeit der Erde kommen, in der von diesen Bildern Raffaels nichts mehr da sein wird, in der keines dann verkörperten irdischen Menschen Blick auf die Bilder Raf­faels fallen kann. Aber Raffael wird doch da sein, und dasjenige wird auch da sein, was Raffael dadurch geworden ist, daß er diese Bilder gemacht hat. Dadurch, daß Raffael diese Bilder gemacht hat, ist er in einer entsprechenden Inkarnation weitergebracht worden. Das hat er durch das Leben zwischen dem Tod und einer neuen Geburt durch-getragen, erschien in einer neuen Erdeninkarnation, hat da wiederum etwas gemacht, das trägt er durch das Leben, das bleibt, auch wenn die Erde im Kosmos zugrunde geht. Das, was Raffael geworden ist durch seine Bilder, das ist das Bleibende. Man kann sogar den Nützlichkeits­standpunkt so fein fassen, daß man die Tatsache, daß Bilder da sind, zu diesem Nützlichkeitsstandpunkt dazurechnet. Sie werden, wenn Sie dies nachdenken, nicht viel Unterschied finden zwischen grobem Nut­zen und jenem Nutzen, der dadurch gestiftet ist, daß Bilder von Raffael da sind. Aber etwas anderes ist es, was Raffaels Individualität und Seele geworden ist dadurch, daß er seine Bilder gemacht hat. Das wird von dem Erdendasein in das Jupiterdasein hinübergetragen. Das ist dasje­nige, was sich entwickelt.

Nous avons là, je dirais, un exemple sublime de ce que devient l'âme humaine, que l'on peut distinguer de l'action extérieure. Il faut se conduire cette distinction devant l'âme dans un sens global. On doit être clair à soi sur ce que la Terre se fracassera un jour dans le cosmos et qu'il ne restera rien d'autre que les âmes humaines. Quand il ne restera plus que les âmes humaines, la récolte de l'évolution des âmes humaines sera ce qui distinguera cette existence terrestre à sa fin de l'existence terrestre à son début. De ce point de vue, commence ce que l'on peut appeler l'obligation de se faire progresser soi-même dans l'évolution terrestre. C'est là que commence l'obligation de faire quelque chose de soi-même, afin de pouvoir être quelque chose pour le cosmos. Et c'est là que commence la pensée : la terre va se briser, la terre va se morceler, les âmes humaines seront là seules !

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Da haben wir, ich möchte sagen, an einem erhabeneren Beispiel, das­jenige, was aus den Menschenseelen wird, was man unterscheiden kann von der äußeren Handlung. Diese Unterscheidung muß man sich in einem umfänglichen Sinn vor die Seele führen. Man muß sich klar dar­über sein, daß ja die Erde einmal im Kosmos zerschellen wird, daß nichts bleiben wird als die Menschenseelen. Wenn dann nichts geblieben ist als die Menschenseelen, wird die Ernte der Entwickelung der Men­schenseelen dasjenige sein, was dieses Erdendasein an seinem Ende unter­scheidet von dem Erdendasein an seinem Anfange. Bei diesem Gesichts­punkt beginnt dasjenige, was man nennen kann eine Verpflichtung, sich selber weiterzubringen in der Erdenentwickelung. Da beginnt die Ver­pflichtung, aus sich etwas zu machen, damit man dem Kosmos etwas sein könne. Und da beginnt der Gedanke: Die Erde wird zerschellen, die Erde wird zersplittern, die Menschenseelen werden allein da sein !

La force nécessaire pour supporter cette pensée, je dirais même pour la saisir dans toute son acuité, cette force se perdra totalement pour les humains. Et c'est ainsi que l'évolution terrestre cessera d'avoir un sens, si les humains ne s'accommodent à saisir spirituellement le mystère du Golgotha. Car au fond, c'est dans le mystère du Golgotha, bien compris, que repose le germe de telles pensées, à saisir à partir d'une vision spirituelle du monde juste et actuelle. Pensez seulement à une expression populaire très précise que les évangiles attribuent au Christ Jésus : "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas". Ce qu'il donne aux âmes humaines restera, sera là, même lorsque la terre sera fragmentée, fracassée dans le cosmos.

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Die Kraft, die nötig ist, um diesen Gedanken, ich möchte selbst sagen, zu ertragen, ihn in aller Schärfe zu fassen, diese Kraft wird den Men­schen ganz verlorengehen. Und damit wird überhaupt die Erden­entwickelung aufhören, ihren Sinn zu haben, wenn die Menschen nicht sich dazu bequemen, das Mysterium von Golgatha geistig zu fassen. Denn im Grunde genommen liegt in dem Mysterium von Golgatha, richtig verstanden, der Keim zu solchen, aus einer richtigen, heute zeit­gemäßen spirituellen Weltanschauung zu erfassenden Gedanken. Be­denken Sie nur einen ganz bestimmten populären Ausspruch, den die Evangelien dem Christus Jesus zuschreiben: «Himmel und Erde wer­den vergehen, aber meine Worte werden nicht vergehen.» Dasjenige, was er den Menschenseelen gibt, das wird bleiben, das wird da sein, auch wenn die Erde zersplittert, zerschellt ist in dem Kosmos.

Je vous demande maintenant - et j'en reviens à ma considération sur le temps - : ce que les confessions religieuses et la théologie ont peu à peu fait du mystère du Golgotha peut-il encore donner cette perspective à l'humain ? - Non, c'est impossible ! La théologie et les confessions religieuses se sont matérialisées elles aussi. Mais la signification d'un mystère du Golgotha matérialisé ne va pas au-delà de l'existence terrestre. Celui qui, aujourd'hui, prend le christianisme au sérieux - je vous l'ai expliqué sous un autre angle, vous l'avez à nouveau entendu aujourd'hui sous un autre angle - ne peut pas faire autrement que de chercher une compréhension spirituelle pour ce mystère du Golgotha.

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Nun frage ich Sie — und jetzt komme ich auf meine Zeitbetrachtung zurück —: Kann dasjenige, was Religionsbekenntnisse und Theologie aus dem Mysterium von Golgatha nach und nach gemacht haben, dem Men­schen diesen Hinblick noch geben ? — Nein, das ist unmöglich ! Auch Theologie und Religionsbekenntnisse sind vermaterialisiert. Aber ein materialisiertes Mysterium von Golgatha reicht in seiner Bedeutung über das Erdendasein nicht hinaus. Wer es heute ernst meint mit dem Christentum — ich habe das von andern Gesichtspunkten aus Ihnen dargelegt, Sie haben es heute von einem erneuten Gesichtspunkte aus wiederum gehört —, der kann gar nicht anders, als ein spirituelles Verständnis zu suchen für dieses Mysterium von Golgatha.

En d'autres termes, la science de l'esprit, la véritable connaissance de l'esprit est aujourd'hui nécessaire à l'humanité. Il y a cinquante ans, les gens étaient impuissants, comme je l'ai dit au début de ma réflexion d'aujourd'hui, à remplir leur réalisme idéal avec quelque chose qui aurait eu une réalité. D'où la navigation toutes voiles dehors dans le malheur européen. Mais aujourd'hui, la question apparaît : ceux qui peuvent éviter un nouveau malheur, là où la science de l'esprit parle aujourd'hui, veulent-ils continuer à vivre comme ceux à qui la science de l'esprit n'a pas encore parlé, ont dû vivre il y a cinquante ans ? - Alors toutefois, il y aura des catastrophes terrestres, en comparaison desquelles ce qui s'est passé maintenant n'est qu'une petite chose. Il ne s'agit pas aujourd'hui de se dire autre chose que cela. Si les humains ont réclamé une nouvelle vie spirituelle il y a cinquante ans, ils n'ont pas pu la créer parce que le temps n'était pas encore venu. Aujourd'hui, le temps est venu. Aujourd'hui, ne pas vouloir se tourner vers cette vie de l'esprit signifie ne pas être honnête avec l'évolution de l'humanité ! - C'est la responsabilité dont je dois parler, dont doit être parlé aujourd'hui, notamment vers ces côtés qui peuvent assumer cette responsabilité aujourd'hui pour les raisons déjà mentionnées. L'humain doit aujourd'hui regarder vers l'horizon de l'histoire mondiale. Il ne peut pas réduire son existence. Imaginez que vous avez une armoire. L'armoire se désagrège. Vous avez ses pièces devant vous, vous regardez cela. L'armoire s'est brisée sous l'effet d'un phénomène naturel, vous avez ses pièces devant vous. Que faites-vous ? Vous prenez les morceaux, vous prenez des clous, vous assemblez les morceaux pour qu'ils redeviennent l'ancienne armoire. Mais celle-ci ne tardera pas à se désagréger à nouveau, si les pièces sont pourries, si les clous ne peuvent plus tenir ou si les pièces sont déchirées à d'autres endroits. L'Europe est tombée en morceaux comme une vieille armoire : la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Serbie, l'Autriche allemande, l'ancienne Allemagne, l'ancienne Russie, l'Ukraine - ce sont les pièces, les débris de l'armoire. Et les puissances occidentales s'efforcent d'assembler à nouveau ces débris pourris de l'armoire avec des clous qui ne tiendront pas. Les gens ne comprennent pas qu'ils ont affaire à des pièces pourries. Il faut coller l'ancien, alors qu'il s'agit d'apporter une substance toute nouvelle dans l'évolution de l'humanité. C'est la pensée dont il s'agit. Seule la science de l'esprit peut aujourd'hui nous rendre attentifs de manière pénétrante sur cette pensée. Et la question est : le monde, après ce qui a saisi l'Europe aujourd'hui, ce qui saisira très bientôt l'Asie et, au-delà de l'Europe, l'Amérique, doit-il être simplement collé et cloué ensemble à partir de ses vieux morceaux pourris, pour le confort de l'humanité, ou doit-on chercher le lien avec un renouvellement de l'ensemble de l'être humain à partir du spirituel ? - Nous en parlerons plus avant demain.

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Das heißt aber mit andern Worten: Geisteswissenschaft, wirkliche Erkenntnis des Geistes ist heute der Menschheit notwendig. Ohnmächtig waren die Leute vor fünfzig Jahren, so habe ich am Anfang meiner heutigen Betrachtung gesagt, ihren Ideal-Realismus mit irgend etwas auszufüllen, das Wirklichkeit gehabt hätte. Daher das Hineinsegeln in das europäische Unglück. Aber heute entsteht die Frage: Wollen die­jenigen, die ein neues Unglück abwenden können, da wo Geisteswissen­schaft heute spricht, wiederum so weiterleben, wie diejenigen, zu denen Geisteswissenschaft noch nicht gesprochen hat, vor fünfzig Jahren leben mußten ? — Dann allerdings werden Erdenkatastrophen kommen, gegen die das, was jetzt geschehen ist, eine Kleinigkeit ist. Es geht heute nicht an, anderes als dieses sich zu sagen. Wenn die Menschen vor fünfzig Jahren ein neues Geistesleben gefordert haben, so haben sie es nicht schaffen können, weil dazumal noch nicht die Zeit dazu gekommen war. Heute ist die Zeit dazu gekommen. Heute heißt, sich nicht hinwenden zu wollen zu diesem Geistesleben: es nicht ehrlich meinen mit der Menschheitsentwickelung ! — Das ist die Verantwortlichkeit, von der ich sprechen muß, von der heute gesprochen werden muß, namentlich nach denjenigen Seiten hin, die heute diese Verantwortung übernehmen können aus den schon angeführten Gründen. Der Mensch muß heute auf den Horizont der weltgeschichtlichen Betrachtung hinschauen. Er kann nicht sein Dasein zurückschrauben. Denken Sie sich, Sie haben einen Schrank. Der Schrank bricht auseinander. Sie haben seine Stücke vor sich, Sie schauen sich das an. Durch irgendein Elementarereignis ist der Schrank auseinandergebrochen, Sie haben seine Stücke vor sich. Was machen Sie ? Sie nehmen die Stücke, nehmen Nägel, fügen die Stücke zusammen, damit daraus wieder der alte Schrank entstehe. Der wird aber sehr bald wiederum auseinanderfallen, wenn die Stücke morsch sind, wenn die Nägel nicht mehr halten können oder wenn die Stücke an andern Stellen zerrissen sind. Europa ist auseinandergefallen wie ein alter Schrank: Tschechoslowakei, Ungarn, Rumänien, Serbien, Deutsch‑ Österreich, das ehemalige Deutschland, das ehemalige Rußland, die Ukraine — das sind die Stücke, die Trümmer des Schrankes. Und die Westmächte bemühen sich, diese morsch gewordenen Trümmer des Schrankes wiederum zusammenzuschlagen mit Nägeln, die nicht halten werden. Die Menschen sehen nicht ein, daß sie es mit morsch gewordenen Stücken zu tun haben. Da soll das Alte geleimt werden, während es sich darum handelt, ganz neue Substanz in die Menschheitsentwickelung hineinzubringen. Das ist der Gedanke, um den es sich handelt. Auf diesen Gedanken kann uns heute nur Geisteswissenschaft in durchdringender Weise aufmerksam machen. Und die Frage ist: Soll denn die Welt, nachdem das, was heute Europa ergriffen hat, was sehr bald Asien und über Europa hinaus Amerika ergreifen wird, bloß aus ihren alten morschen Stücken zusammengeleimt und zusammengenagelt werden um der Bequemlichkeit der Menschheit willen, oder soll der Zusammenhang gesucht werden zu einer Erneuerung des ganzen Menschenwesens aus dem Geistigen heraus ? — Davon wollen wir dann morgen weiter sprechen.

 

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SEPTIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le 30 janvier 1920

Le Goetheanum en tant que représentant d'un idéal-réalisme. Une observation du temps

01
Au cours des trois dernières heures, nous avons inséré dans nos considérations, en guise d'épisode, la description de notre édifice ici, de ses installations et de ce qui lui est lié comme but. Aujourd'hui, nous aurons à rattacher à ces considérations sur la construction un certain nombre de choses que j'aimerais considérer comme des considérations sur le temps au sens le plus large. Nous avons en effet dû souligner que ce bâtiment, en tant que représentant de notre science de l'esprit anthroposophique, doit en même temps être une manifestation du temps, exprimer en quelque sorte dans ses formes, dans toute sa conception, ce qui veut se placer et doit se placer dans l'évolution de notre temps, du présent au futur le plus proche. Lorsque nous parlons dans le présent des grandes tâches de l'époque et que nous devons en particulier indiquer qu'une certaine propension à recevoir des choses spirituelles doit se manifester chez une plus grande partie de l'humanité et que c'est une exigence particulière de l'époque, une telle indication est tout d'abord directement issue de tout ce que la science initiatique et la sagesse initiatique peuvent actuellement gagner du monde spirituel. Mais on n'a pas besoin de se référer directement aux exigences du monde spirituel lui-même si l'on veut se convaincre de la nécessité d'un impact spirituel à notre époque. Dans l'une des dernières conférences, j'ai parlé du fait que nous nous trouvons devant une forte transformation du monde, y compris dans ses manifestations extérieures. Aujourd'hui, il est déjà plus ou moins évident pour tout le monde que, suite aux événements actuels, la domination extérieure du monde revient à la population anglophone. Nous ne voulons pas parler de cette attribution de la domination mondiale, mais nous voulons parler, et nous en avons déjà parlé, du fait qu'elle est liée à un sentiment profond de responsabilité, un sentiment de responsabilité qui est tout à fait clair : là où il y a la possibilité d'exercer une certaine domination sur le monde, là doit prendre place l'impulsion d'imprégner ce que l'on peut faire de l'impulsion spirituelle exigée actuellement par l'évolution de l'humanité. Car ne pas pénétrer ce que l'on peut faire, ou ne pas vouloir le pénétrer, c'est conduire l'évolution humaine vers son déclin.
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En ce moment, il n'est vraiment pas sans signification de démarrer des considérations rétrospectives, et parmi l'abondance de ce qui pourrait être déroulé ici devant vous à partir de telles considérations rétrospectives, j'aimerais en placer une. Une étrange conjonction de phénomènes a fait qu'en 1870, un homme subtil a tenu une conférence dans une ville allemande, juste au moment de la bataille de Sedan - ce que l'on ne savait pas encore dans la ville -, où cet homme, que j'appelle un homme subtil, a tenu sa conférence et a déjà pu faire allusion à certains succès que l'Allemagne avait à cette époque. Mais cette référence à ces succès s'accompagnait en même temps chez cet homme de l'exigence qu'un approfondissement spirituel devait prendre place chez ceux qui ont le succès. Et peu de temps après, après avoir obtenu de plus grands succès, ce même homme écrivit un essai sur les nécessités de l'évolution du temps. Dans cet essai, qui est donc maintenant presque cinquante ans derrière nous, il y a des choses étranges, des choses qui témoignent d'une double chose. Premièrement, il y est dit expressément qu'il y a une nécessité urgente d'éviter deux unilatéralités. L'une consiste à ne se tourner que vers le spirituel abstrait, l'autre à ne se tourner que vers la contemplation et l'adoration du matériel. Et ce que l'homme en question exigeait alors de ses contemporains et de leurs descendants, c'était ce qu'il appelait un "réalisme idéal".
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On voit donc qu'une telle exigence a été formulée à l'époque, et qu'il y avait une certaine aspiration à un renouvellement de la vie spirituelle. Mais si l'on suit tout ce qui a été avancé à l'époque à partir de cette aspiration à un renouvellement de la vie spirituelle, on voit l'impuissance totale à trouver quoi que ce soit qui puisse représenter une liaison entre l'aspiration spirituelle et l'aspiration matérielle, qui puisse se présenter comme une réalité pour le concept de réalisme idéal. Ainsi, une exigence importante, qui était pourtant formulée à partir d'une simple aspiration pressentie, surgit d'une profonde impuissance, de l'impossibilité de trouver un contenu réel. C'était un sentiment indéfini, rien de plus. Mais l'expression de ce sentiment était liée à autre chose. L'homme en question, en accord avec de nombreux autres qui ressentaient à l'époque une certaine nostalgie d'un renouveau de la vie spirituelle, attirait l'attention sur le fait que, si un nouvel esprit n'arrivait pas, les grandes masses d'Europe se précipiteraient et détruiraient tout ce que l'humanité avait acquis jusqu'à présent en matière de culture. - À l'époque, un homme qui a beaucoup parlé ici en Suisse, Johannes Scherr - je vous prie de tenir compte du fait que ce qui a été dit là l'a été il y a cinquante ans ! -, a souligné le grand danger qu'il y eût à ce que les larges masses de l'humanité prennent conscience d'elles-mêmes, dans un certain sens, mais à une époque où les porteurs de l'éducation se sont détournés d'une vision spirituelle du monde et se sont tournés vers des concepts et des idées matérialistes. On parlait alors de ces choses en termes sévères et sérieux.
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Que vint comme temps ? Vint le temps où la vague matérialiste alla sur toute l'Europe, le temps où l'on s'entendait bien à se voiler la face sur les grands dangers qu'il y avait à ne rien vouloir savoir d'un impact spirituel. De temps en temps seulement, l'un ou l'autre s'élevait pour attirer l'attention sur le fait que, malgré la persistance consciente dans la vie quotidienne confortable, la nostalgie de la vie spirituelle était plus présente dans les sous-sols subconscients des âmes humaines qu'à n'importe quel temps de l'évolution historique mondiale.
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Mais de telles voix ont toutes été considérées comme des voix feuilletonistes. De telles voix n'ont pas été appréciées dans toute leur gravité. Et au fond, nous vivons encore aujourd'hui en ce temps. Au fond, la vague de malheur la plus épouvantable des cinq dernières années a traversé la plupart des âmes européennes, tout au plus de telle sorte qu'elles réfléchissent et ressentent les conséquences extérieures, mais ne veulent pas entrer en matière sur ce qui doit être abordé, si l'on devait encore parler d'une évolution future de l'humanité dans un sens favorable quelconque.
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Ce que nous avons devant nous aujourd'hui en Europe s'est préparé pendant des décennies. Mais les âmes des humains ne se sont pas préparées. Les âmes des humains sont aujourd'hui, dans leur majorité, aussi insensibles que possible pour l'impact d'une vague spirituelle en provenance du monde spirituel, qui bat aux portes de la vie, qui veut entrer et que l'on ne veut pas accueillir dans les âmes et dans les cœurs des humains. Ce qui est nécessaire, c'est que les humains se tournent vers une contemplation spirituelle du monde, avant tout vers une véritable connaissance de l'humain lui-même. L'être humain ne peut pas être connu sans reconnaître le monde spirituel, car l'humain vit avec deux tiers de son être dans le monde spirituel, et seulement avec un tiers dans le monde physique et matériel. Et sans que soit recherchée une connaissance de la vie spirituelle, l'humain reste sans connaissance de son propre être. Dans un sens beaucoup plus large qu'il n'est pressenti par la plupart des gens aujourd'hui, doit être demandé : De quelle essence est donc réellement le domaine de la vie de l'âme humaine que nous englobons avec le mot penser ? Quelle est l'essence du domaine de la vie de l’âme humaine que nous englobons par le mot vouloir ou agir/traiter ? - Entre les deux repose l'âme tranquille/la Gemüt, la vie affective/de sentiment. La connaissance de la vie des sentiments ou de l'âme tranquille se donnerait déjà, si l'on voulait seulement tourner son attention vers la vie de la pensée et vers la vie en actes, vers la vie de la volonté.
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Suivez-moi un coût temps dans une considération tout de suite de ce qu'est notre penser. L'humain est donc conscient à soi qu'il accompagne intérieurement la vie qui l'impressionne ici ou là par sa pensée. Cette pensée - on vit en elle. Mais on devrait aussi être conscient que la plus grande partie de la vie est remplie par le fait que cette pensée est imprégnée de tout le possible de la sorte des rêves. La plupart des humains ne sont pas conscients de comment ce qui est un élément involontaire joue dans leur pensée. Tout élément involontaire dans la pensée est au fond de nature onirique. Essayez seulement une fois, dans une connaissance superficielle de vous-même, de vous rendre clair à quel point vous dirigez vos pensées depuis le centre de votre volonté dans la vie quotidienne. Essayez de vous rendre compte jusqu'à quel point vous vous efforcez de diriger vos pensées intérieurement, de façonner vous-même vos pensées. Essayez de vous rendre compte dans quelle haute mesure c'est le cas que l'âme laisse venir les pensées, les laisses déferler. Elles s'épanouissent, les pensées, l'une se tisse avec l'autre, et l'être humain s'abandonne agréablement à ce jeu involontaire de la pensée. Il n'y a aucune grande différence entre ce jeu de pensées quotidien et celui des rêves qui surgissent du sommeil.
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Cet aspect onirique s'immisce dans la pensée humaine par d'autres côtés encore. On participe aujourd'hui à la vie extérieure. Comment participe-t-on à cette vie extérieure ? On s'informe sur ce qui se passe dans le monde ; on s'informe de telle sorte que l'on se laisse en quelque sorte porter dans son vécu par ce qui arrive dans la vie sous telle ou telle poussée. On s'adonne à une quelconque agitation populaire. Il suffit d'examiner combien, dans cet abandon à une agitation populaire, provient de la volonté propre et combien est simplement dû au fait que l'on est emporté par ce qui déferle des vagues de la vie ! Et je pourrais vous citer beaucoup, beaucoup de choses qui font irruption dans la pensée, qui dominent la pensée, sans que la volonté de l'humain lui-même n'agisse directement sur cette pensée.
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C'était précisément la tâche historique de la rédaction de mon livre "La philosophie de la liberté" que d'indiquer comment la liberté de l'humain n'est possible que si cette pensée involontaire et rêveuse n'est pas là, mais que des impulsions issues de la volonté pleinement consciente s'affirment/se font valoir. Cette pensée - de quelle nature est elle donc ? Quand est-elle une vraie pensée ? - Lorsqu'elle provient réellement de la volonté pleinement consciente, lorsque nous saisissons la pensée de telle sorte que c'est nous-mêmes qui saisissons la pensée. Dès l'instant où la pensée nous saisit, nous ne sommes plus libres. Nous ne sommes libres que lorsque nous pouvons saisir la pensée à partir de notre force, de notre essence. Mais alors, la pensée ne peut être rien d'autre qu'une image. Si la pensée était autre chose qu'une image, si elle était une réalité, alors elle ne pourrait pas nous laisser libres. Tout ce qui est une réalité nous enfile dans le courant du réel. Seul ce qui est image nous laisse libres. Pensez vous comment tout ce que vous voyez dans une pièce œuvre au fond réel sur vous. Vous êtes uniquement et seulement libre vis-à-vis des images qui vous font face à partir du miroir. Elles ne peuvent rien vous faire par elles-mêmes, à ces images vous ne pouvez pas vous heurter. Si ces images devaient vous inciter n'importe comment à faire quelque chose, ainsi c'est vous qui devez être, qui entreprenez. Si une mouche se pose sur votre nez - c'est un animal insignifiant -, vous n'êtes pas libre, vous effectuez un mouvement réflexe. Et il en va de même pour tout ce qui est là. Vous n'êtes libre qu'à l'égard de ce que vous pouvez ressentir comme une image, qui n'est pas une réalité, qui est une image. Pourquoi les contenus de notre pensée sont-ils des images ? Eh bien, il nous suffit de nous souvenir de certaines choses que nous pouvons lire dans ma "Science secrète dans ses grandes lignes", comment l'humain était lié à une incarnation précédente de notre planète Terre, à l'évolution lunaire. Si vous lisez tout ce qui y est dit sur l'évolution lunaire, vous vous direz : pendant cette évolution lunaire, l'humain était en lien avec des entités et des forces naturelles tout à fait différentes de celles qu'il a connues dans son existence terrestre. Il a vécu/traversé cette existence lunaire. La répercussion de cela est en lui. Il a évolué de cet être-là lunaire à l'être-là terrestre. Et si vous lisez plus attentivement ce que j'ai expliqué là, vous vous direz que pendant l'existence lunaire, l'humain ne pensait pas encore dans le sens où il pense en tant qu'humain terrestre. Il a jadis vécu dans des imaginations inconscientes, et ces imaginations inconscientes n'étaient pas dans son arbitraire, aussi peu qu'aujourd'hui les images des rêves ne sont en son arbitraire. - C'est dans l'arbitraire que sont en premier les pensées vers lesquelles nous, en tant qu'êtres humains, nous nous développons en fait d'abord de proche en proche maintenant, dans la cinquième période post-atlantique. Ce que nous avons aujourd'hui comme pensée est une évolution de ce que nous avions comme expérience/vécu-image de l'âme pendant notre être-là lunaire.
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Si vous saisissez cela très ordonné, alors vous envisagez aussi que tout ce qui se glisse/ramifie dans la pensée, comme j'ai justement caractérisé l'aspect onirique de la pensée dans la vie quotidienne, un vestige de ce que l'humain avait comme vie de l'âme pendant l'être-là lunaire. Si l'humain s'abandonne aujourd'hui à ses pensées jaillissantes/poussant vite, il déconnecte sa volonté de ses pensées, s'il laisse jouer dans sa pensée ce qui est de nature onirique, ainsi les états de l'être-là lunaire jouent n'importe comment dans sa pensée.
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Vous verrez donc que cette intrusion de l'existence lunaire dans notre pensée quotidienne a une large, une très, très large portée. Partout, on peut sentir comment se mêle dans le penser, dans le representer, l'élément involontaire du pur ascensionnel/montant et poussant. C'est un vestige de l'existence lunaire. Vous avez donc là deux puissances qui s'opposent dans l'être humain lui-même. L'une sorte/façon de ces choses nous tire à laisser dominer notre pensée par notre volonté, à devenir libres dans notre élément de pensée. L'autre puissance veut sans cesse mêler à cette pensée libre ce qui est un vestige de l'ancienne culture lunaire : un élément luciférien. L'élément luciférien se mélange continuellement dans notre pensée quotidienne. Nous ne pouvons pas le rejeter. Nous devrions rejeter tout ce que nous ne pouvons pas encore atteindre par la pensée libre consciente, mais nous devons aspirer à la connaissance. Nous devons nous être clairs sur ce qu'il en est ainsi. Ce n'est qu'une phrase lorsque quelqu'un dit qu'il voudrait échapper à Lucifer. C'est un non-sens, car le luciférien joue continuellement dans l'existence quotidienne. Mais aujourd'hui, si l'on veut vraiment se placer dans les exigences de l'évolution humaine actuelle, il faut avoir la bonne volonté de savoir en soi que ces deux puissances, les puissances terrestres proprement dites et les puissances lucifériennes, jouent l'une dans l'autre dans l'existence de notre âme. Ce n'est qu'ainsi que l'on obtient une connaissance réelle de ce qui se trouve dans l'âme humaine.
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Avec cela je vous ai, j'aimerais dire, caractérisé sommairement un pôle de l'entité de l'âme humaine. Prenez l'autre pôle, qui repose davantage du côté de la volonté. La volonté joue donc aussi un rôle dans la pensée ; mais nous avons maintenant regardé la pensée imprégnée de volonté. Nous voulons maintenant considérer le vouloir imprégné de pensée. Comment le vouloir, qui se transforme en action, intervient-il dans la vie quotidienne ordinaire de l'humain ? - Nous pouvons nous rendre cela clair <<<<< si nous considérons le rapport entre notre action réelle quotidienne et l'ensemble de l'être cosmique. Pensez seulement une fois : si vous faites un seul pas, si vous vous déplacez de ce lieu ici vers ce lieu [en avant], vous provoquez, même si ce n'est que dans une très faible mesure, un autre état d'équilibre de l'ensemble de l'être terrestre. Lorsque vous vous déplacez ici [pas en arrière], vous vous déplacez à un autre endroit que lorsque vous vous déplacez ici [pas en avant]. Vous influencez l'équilibre de la Terre d'une manière différente lorsque vous marchez ici [vers l'arrière] que lorsque vous marchez ici [vers l'avant]. Mais si vous considérez une fois correctement que vous influencez continuellement l'équilibre de la Terre par vos mouvements, vous viendrez encore une autre façon d'influencer. Pensez que vous une fois, vous prenez n'importe quoi qui vient purement de la nature. Par exemple, s'il y a une branche d'arbre sur un tronc d'arbre, cette branche, telle qu'elle se trouve sur ce tronc d'arbre, a un rapport logique avec la Terre entière. Elle a un certain rapport d'équilibre avec la Terre entière. La Terre entière forme avec elle un tout. À l'instant où vous cassez la branche d'arbre à droite en haut et que vous la posez peut-être à côté, vous avez modifié, même si ce n'est que dans une faible mesure, tout le rapport d'équilibre de la Terre. L'arbre pèse moins, et à un autre endroit, la branche cassée pèse. Vous modifiez l'équilibre dans une autre mesure si vous posez la branche ici ou si vous la posez là.
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C'est déjà quelque chose que vous placez de vous-même dans l'ensemble de l'être-là terrestre. Mais là, au moins dans un premier temps, vous ne faites que mettre en valeur le rapport de votre humain avec le monde environnant. Mais vous pouvez faire encore plus. Vous pouvez par exemple façonner quelque chose à partir de cette branche d'arbre. Je veux dire que vous en faites artificiellement quelque chose qui est un objet pour un usage quelconque. Là, vous avez imaginé la forme en bas, vous avez découpe par petits coups le reste qui n'appartient pas à cette forme. Maintenant, vous exercez une tout autre influence avec votre objet, non seulement en le cassant, non seulement en le posant ailleurs, mais en donnant une certaine forme à ce que vous avez pris dans la nature. Pensez à tout ce que les humains font dans le domaine technique et artistique dans cette direction, comment ils façonnent ce qu'ils arrachent à la nature et comment ils influencent ainsi le terrestre !
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Et maintenant je vous demande : si l'humain fait cela, s'il modifie la nature, s'il façonne ce qu'il prend à la nature pour en faire ses machines, ses œuvres d'art, le fait-il à partir de sa pensée ? - Considérons-le dans la mesure où il le fait à partir de sa pensée : il le fait à partir de la nature imagée de la pensée. Il est tout à fait indifférent pour le terrestre de savoir ce qui se passe, tout comme les objets de la chambre ne sont pas particulièrement impressionnés par les images qui se forment dans le miroir. Mais l'humain donne une réalité à ces choses. C'est l'autre côté, lorsque l'humain, après s'être développé hors de l'existence lunaire, s'abandonne/s'adonne à la pensée : Lorsque l'humain façonne quelque chose et le place dans le monde, de même que l'onirisme intervient dans notre pensée et que dans l'onirisme se trouve l'ancien état lunaire, le luciférien, de même, dans toute notre mécanisation, dans toute notre transformation, dans tout notre remodelage des choses du monde, intervient ce qui n'est pas encore lié à l'existence terrestre, ce que nous plaçons de nous-mêmes dans cette existence terrestre. Qu'est-ce donc que cela ?
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Ce que nous plaçons dans l'existence terrestre à partir de notre vie de l'âme libre ne découle pas de l'ancienne existence lunaire, c'est ajouté à l'existence terrestre actuelle. Cela aura en premier une pleine signification lorsque quelque chose d'autre que l'est l'existence terrestre sera intervenu. De même que l'enfant qui est porté dans le ventre de sa mère, ou qui n'est peut-être pas encore porté, mais qui attend son incarnation dans le monde spirituel, est encore un être à venir, de même tout ce que l'humain forme est en fait destiné à l'avenir, est encore embryonnaire dans le présent. Et nous ne le considérons véritablement que si nous le considérons dans son embryonnalité, dans sa signification future. Si nous formons quelque chose aujourd'hui dans la vie, si nous ne prenons pas la nature telle qu'elle est, mais si nous la modifions à partir de nos pensées, nous créons pour l'avenir. Mais si nous considérons ce que nous créons pour l'avenir comme appartenant au présent, si ça se nidifie dans notre vie ainsi que nous le considérons uniquement en fonction de son utilité pour le présent, alors le futur se niche dans notre action, comme dans la pensée onirique le passé se niche dans notre pensée ; alors l'ahrimanien saisit de notre action.
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Dans la vie humaine, seul l'enfant qui, en jouant, façonne aussi les objets, mais les façonne sans but, ne cherche pas à être utile, est préservé dans son inconscience de prendre ce qu'il fait dans la vie pour le présent et non en préparation de l'avenir. Ce que nous produisons en machines, ce que nous produisons en œuvres d'art, nous devons porter en nous la conscience que nous les façonnons pour la prochaine existence, pour l'existence de Jupiter, que l'existence terrestre doit d'abord être rayée et qu'un être-là futur donnera d'abord un sens à notre action.
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C'est la grande erreur des temps modernes/récents que les humains placent ce qu'ils produisent de mécanique et d'art directement dans leur utilité terrestre actuelle et ne veulent pas être conscients que nous devons travailler pour l'existence terrestre future. L'ahrimanien peut donc se glisser dans le vouloir, parce que nous adoptons un point de vue purement utilitaire dans ce que nous réalisons mécaniquement, artistiquement ou sinon dans la vie.
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Mais nous devons alors nous poser la question : ce point de vue utilitaire a-t-il toujours été là ? -- Ce point de vue utilitaire n'était pas présent en tant que tel à l'époque de la culture grecque, et encore moins dans les cultures plus anciennes. Il y avait là, même si c'était par clairvoyance atavique, une conscience du fait que l'humain crée au-delà de l'existence terrestre. Depuis le XVe siècle en particulier, l'aspiration à la simple utilité de ce que l'humain produit est devenue forte. Et aujourd'hui, des programmes mondiaux sont déjà élaborés sur la base de simples considérations d'utilité.
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De même qu'il est impossible d'e débrancher/déconnecter la pensée onirique de notre pensée, il est tout aussi impossible d'éliminer le point de vue de l'utilité. C'est pourquoi personne ne devrait prononcer la parole irréfléchie qu'il veut échapper à Ahriman. C'est un non-sens. Il ne le peut pas. Ahriman intervient dans toutes nos actions, à l'exception de nos jeux d'enfants, dans lesquels nous ne recherchons aucun but, aucune utilité, qui sont faits pour l'action elle-même. Dans toutes les autres actions, nous ne pouvons viser qu'une sorte d'idéal. Mais comment ? Nous devons être conscients du fait que deux forces interviennent à nouveau dans notre existence humaine. Quelles forces ? L'une est la force qui nous fait agir pour des raisons d'utilité, mais l'autre est celle-ci : Si nous faisons quelque chose dans la vie, si nous ne nous laissons pas simplement porter par la vie comme des poupées, si nous faisons quelque chose dans la vie sans mener une telle existence de poupée, alors il se passe toujours quelque chose en nous : nous devenons plus habiles, nous devenons plus sages, nous pouvons ensuite mieux faire les choses. C'est l'autre force. La plupart des humains aujourd'hui ne font même pas attention, surtout lorsqu'ils ont dépassé l'âge de dix-huit ans, où ils sont déjà "tout à fait sages" et "tout à fait intelligents" pour leur conception actuelle de la vie, au fait que l'on peut devenir toute sa vie de plus en plus habile dans ce que l'on fait. L'un est le sens de l'utilité, l'autre est une discipline personnelle continue, faire attention à ce que l'on fait de telle sorte que l'on observe comment on augmente son existence humaine en faisant telle ou telle chose, en expérimentant telle ou telle chose. Ce qui intervient ainsi dans notre existence humaine a une tout autre signification que le simple point de vue extérieur de l'utilité et de l'instant. Prenons-le dans un cas, je dirais, plus sublime, prenons les portraits de Raphaël. Raphaël a travaillé à ses tableaux, même si sa vie a été courte. Il est certain qu'un temps viendra où il ne restera plus rien de ces tableaux de Raphaël - peut-être des images rémanentes, mais qui n'ont rien à voir directement avec Raphaël. Il viendra certainement un temps sur terre où il n'y aura plus rien de ces tableaux de Raphaël, où aucun humain incarné sur terre ne pourra regarder les tableaux de Raphaël. Mais Raphaël sera là, et ce que Raphaël est devenu en faisant ces tableaux sera là aussi. En réalisant ces tableaux, Raphaël a progressé dans une incarnation correspondante. Il l'a porté à travers la vie entre la mort et une nouvelle naissance, il est apparu dans une nouvelle incarnation terrestre, il a à nouveau fait quelque chose, il le porte à travers la vie, qui reste même si la terre périt dans le cosmos. Ce que Raphaël est devenu à travers ses tableaux, c'est ce qui reste. On peut même définir le point de vue utilitaire de manière si fine que l'on ajoute à ce point de vue utilitaire le fait que les images sont là. Si vous y réfléchissez, vous ne trouverez pas beaucoup de différence entre une utilité grossière et l'utilité apportée par le fait que des tableaux de Raphaël sont là. Mais il y a autre chose, c'est ce que l'individualité et l'âme de Raphaël sont devenues du fait qu'il a fait ses tableaux. Cela est transféré de l'existence terrestre à l'existence jupitérienne. C'est ce qui se développe.
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Nous avons là, je dirais, un exemple sublime de ce que devient l'âme humaine, que l'on peut distinguer de l'action extérieure. Il faut se conduire cette distinction devant l'âme dans un sens global. On doit être clair à soi sur ce que la Terre se fracassera un jour dans le cosmos et qu'il ne restera rien d'autre que les âmes humaines. Quand il ne restera plus que les âmes humaines, la récolte de l'évolution des âmes humaines sera ce qui distinguera cette existence terrestre à sa fin de l'existence terrestre à son début. De ce point de vue, commence ce que l'on peut appeler l'obligation de se faire progresser soi-même dans l'évolution terrestre. C'est là que commence l'obligation de faire quelque chose de soi-même, afin de pouvoir être quelque chose pour le cosmos. Et c'est là que commence la pensée : la terre va se briser, la terre va se morceler, les âmes humaines seront là seules !
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La force nécessaire pour supporter cette pensée, je dirais même pour la saisir dans toute son acuité, cette force se perdra totalement pour les humains. Et c'est ainsi que l'évolution terrestre cessera d'avoir un sens, si les humains ne s'accommodent à saisir spirituellement le mystère du Golgotha. Car au fond, c'est dans le mystère du Golgotha, bien compris, que repose le germe de telles pensées, à saisir à partir d'une vision spirituelle du monde juste et actuelle. Pensez seulement à une expression populaire très précise que les évangiles attribuent au Christ Jésus : "Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas". Ce qu'il donne aux âmes humaines restera, sera là, même lorsque la terre sera fragmentée, fracassée dans le cosmos.
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Je vous demande maintenant - et j'en reviens à ma considération sur le temps - : ce que les confessions religieuses et la théologie ont peu à peu fait du mystère du Golgotha peut-il encore donner cette perspective à l'humain ? - Non, c'est impossible ! La théologie et les confessions religieuses se sont matérialisées elles aussi. Mais la signification d'un mystère du Golgotha matérialisé ne va pas au-delà de l'existence terrestre. Celui qui, aujourd'hui, prend le christianisme au sérieux - je vous l'ai expliqué sous un autre angle, vous l'avez à nouveau entendu aujourd'hui sous un autre angle - ne peut pas faire autrement que de chercher une compréhension spirituelle pour ce mystère du Golgotha.
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En d'autres termes, la science de l'esprit, la véritable connaissance de l'esprit est aujourd'hui nécessaire à l'humanité. Il y a cinquante ans, les gens étaient impuissants, comme je l'ai dit au début de ma réflexion d'aujourd'hui, à remplir leur réalisme idéal avec quelque chose qui aurait eu une réalité. D'où la navigation toutes voiles dehors dans le malheur européen. Mais aujourd'hui, la question apparaît : ceux qui peuvent éviter un nouveau malheur, là où la science de l'esprit parle aujourd'hui, veulent-ils continuer à vivre comme ceux à qui la science de l'esprit n'a pas encore parlé, ont dû vivre il y a cinquante ans ? - Alors toutefois, il y aura des catastrophes terrestres, en comparaison desquelles ce qui s'est passé maintenant n'est qu'une petite chose. Il ne s'agit pas aujourd'hui de se dire autre chose que cela. Si les humains ont réclamé une nouvelle vie spirituelle il y a cinquante ans, ils n'ont pas pu la créer parce que le temps n'était pas encore venu. Aujourd'hui, le temps est venu. Aujourd'hui, ne pas vouloir se tourner vers cette vie de l'esprit signifie ne pas être honnête avec l'évolution de l'humanité ! - C'est la responsabilité dont je dois parler, dont doit être parlé aujourd'hui, notamment vers ces côtés qui peuvent assumer cette responsabilité aujourd'hui pour les raisons déjà mentionnées. L'humain doit aujourd'hui regarder vers l'horizon de l'histoire mondiale. Il ne peut pas réduire son existence. Imaginez que vous avez une armoire. L'armoire se désagrège. Vous avez ses pièces devant vous, vous regardez cela. L'armoire s'est brisée sous l'effet d'un phénomène naturel, vous avez ses pièces devant vous. Que faites-vous ? Vous prenez les morceaux, vous prenez des clous, vous assemblez les morceaux pour qu'ils redeviennent l'ancienne armoire. Mais celle-ci ne tardera pas à se désagréger à nouveau, si les pièces sont pourries, si les clous ne peuvent plus tenir ou si les pièces sont déchirées à d'autres endroits. L'Europe est tombée en morceaux comme une vieille armoire : la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Serbie, l'Autriche allemande, l'ancienne Allemagne, l'ancienne Russie, l'Ukraine - ce sont les pièces, les débris de l'armoire. Et les puissances occidentales s'efforcent d'assembler à nouveau ces débris pourris de l'armoire avec des clous qui ne tiendront pas. Les gens ne comprennent pas qu'ils ont affaire à des pièces pourries. Il faut coller l'ancien, alors qu'il s'agit d'apporter une substance toute nouvelle dans l'évolution de l'humanité. C'est la pensée dont il s'agit. Seule la science de l'esprit peut aujourd'hui nous rendre attentifs de manière pénétrante sur cette pensée. Et la question est : le monde, après ce qui a saisi l'Europe aujourd'hui, ce qui saisira très bientôt l'Asie et, au-delà de l'Europe, l'Amérique, doit-il être simplement collé et cloué ensemble à partir de ses vieux morceaux pourris, pour le confort de l'humanité, ou doit-on chercher le lien avec un renouvellement de l'ensemble de l'être humain à partir du spirituel ? - Nous en parlerons plus avant demain.