Institut pour une triarticulation sociale
(contenu spécifique au site français)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch English Dutch Skandinavisk Français Italiano Español Português (Brasileiro) Russisch
Recherche
 contact   BLOG  impressum 
Collection:

Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA188

LE GOETHÉANISME, UNE IMPULSION DE TRANSFORMATION
ET UNE PENSÉE DE RÉSURRECTION.
SCIENCE HUMAINE ET SOCIALE.




SIXIÈME CONFÉRENCE, 12 janvier 1919             
Le Goethéanisme comme ambiance d'attente
 SECHSTER VORTRAG, Dornach, 12. Januar 1919
Goetheanismus als Erwartungsstimmung

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 188  123-143 1999  12/01/1919



Original





Traducteur: FG v.02 - 28/04/2024 Editeur: SITE

Crise de l'humanité à l'époque du Mystère du Golgotha ; affaiblissement des forces corporelles ataviques ; - renforcement de la force psycho/âmique-spirituelle par l'impulsion du Christ. Résurrection intérieure des anciens mystères comme fait historique, insaisissable pour la raison analytique ordinaire. Position de Goethe en rapport à la saisie de l'impulsion du Christ. Rayonnement des cultures du centre de l'Europe. La volonté à la destruction du centre européen. Le goethéanisme comme ambiance d'attente. La triarticulation du façonnement social de l'humanité. Le sentiment païen d'Isis. Le conte du serpent vert et du beau lys/de la belle Lilia. L'évolution de la personnalité de Goethe. L'influence de Shakespeare, Spinoza et Linné. Les œuvres inachevées de Goethe ("Secrets", "Pandora"). Le goethéanisme repose encore dans la tombe pour la culture extérieure, mais doit ressusciter et amener une nouvelle compréhension du Christ.


Krisis der Menschheit zur Zeit des Mysteriums von Golgatha; Abschwä­chung der atavistischen Leibeskräfte; — Verstärkung der seelisch-geistigen Kraft durch den Christus-Impuls. Innere Auferstehung der alten Myste­rien als historische Tatsache, unbegreiflich für den gewöhnlichen Ver­stand. Goethes Stellung mit Bezug auf die Auffassung des Christus-Impul­ses. Ausstrahlung der Kulturen aus der Mitte Europas. Der Wille zur Ver­nichtung der europäischen Mitte. Goetheanismus als Erwartungsstim­mung. Die Dreigliederung der sozialen Gestaltung der Menschheit. Die heidnische Isis-Stimmung. Das Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie. Die Entwicklung von Goethes Persönlichkeit. Shakespea­res, Spinozas und Linnés Einfluß. Goethes unvollendete Werke («Geheim­nisse», «Pandora»). Der Goetheanismus ruht noch im Grabe für die äußere Kultur, muß aber auferstehen und ein neues Christusverständnis herbei­führen.

(Goethe, le païen qui exerce au/le Christ. La science de l'esprit orientée anthroposophiquement qui aiderait à cela ? Pour un renouveau du rapport à la nature et à la vie sociale (remembrement/tri articulation via la nouvelle tripartition - division en trois domaines)



Ce que j'ai voulu faire remarquer hier, c'est que, d'un côté, le contenu réel, le contenu profond de l'impulsion du Christ, qui est venu dans le monde par le mystère du Golgotha, ne s'est pas entièrement communiqué à l'humanité en une seule fois, même au cours de la période relativement longue pendant laquelle il existe déjà un christianisme, mais que, dans tout l'avenir, de plus en plus du contenu de l'impulsion du Christ veut se communiquer à l'humanité ; qu'en d'autres termes, la parole du Christ Jésus est profondément vraie : " Je suis avec vous tous les jours, de par les tournants des temps." Et le Christ ne voulait pas être inactif parmi les humains, mais se manifester activement, pénétrer leurs âmes, les encourager, les fortifier ; de sorte que, si ces âmes savent ce qui se passe en elles, elles peuvent trouver le chemin, trouver le lien avec le Christ, se sentir fortes dans leur cercle terrestre.

01

Was ich gestern bemerklich machen wollte, das ist, von der einen Seite angesehen, daß der eigentliche Inhalt, der tiefere Inhalt des Christus-Impulses, der durch das Mysterium von Golgatha in die Welt ge­kommen ist, sich nicht mit einem Male, auch nicht in der relativ langen Zeit, in der es nunmehr schon ein Christentum gibt, der Menschheit ganz mitgeteilt hat, sondern daß in alle Zukunft hin immer mehr und mehr von dem Inhalt des Christus-Impulses der Menschheit sich mit­teilen will; daß mit anderen Worten tief wahr ist das Wort des Christus Jesus : «Ich bin bei euch alle Tage durch die Zeitenwende hindurch.» Und nicht untätig meinte der Christus unter den Menschen zu sein, sondern tätig sich offenbarend, eingehend in ihre Seelen, aufmunternd die Seelen, stärkend die Seelen; so daß, wenn diese Seelen dasjenige wissen, was in ihnen vorgeht, sie den Weg finden, die Verbindung finden können mit dem Christus, sich stark innerhalb ihres Erden­ringens fühlen können.

Mais pour tout cela, il est nécessaire, tout de suite pour notre époque de l'âge de la conscience, dans la mesure où cela peut déjà être le cas aujourd'hui - et comme je l'ai dit, le contenu sera toujours plus clair et plus riche pour l'humanité -, de se rendre compte dès aujourd'hui de ce qui fait réellement partie de la révélation de l'impulsion du Christ. Pour bien comprendre ce point, il faut d'abord être imprégné de la connaissance que le genre humain a réellement évolué et changé au cours des temps terrestres. La meilleure façon de caractériser ce changement est de dire que si l'on regarde en arrière, dans des temps terrestres très, très anciens, bien avant le mystère du Golgotha, on trouve, en y regardant de plus près, que la corporéité de l'humain est encore plus spirituelle qu'elle ne l'est aujourd'hui. Et c'est cette corporéité de l'humain qui a fait surgir ces visions qui, d'une certaine manière, ont révélé le monde suprasensible à la clairvoyance atavique. Mais cette capacité, cette force de se familiariser avec le monde spirituel dans la clairvoyance atavique, s'est peu à peu perdue pour l'humanité. Et justement, au moment où le mystère du Golgotha a éclaté, il y avait une crise. C'est alors qu'a éclaté la crise qui a montré que la force de la corporéité de l'humain avait le plus diminué par rapport à la révélation du spirituel.

02

Zu alldem aber ist es notwendig, gerade für diese unsere Zeit des Bewußtseinszeitalters, soweit es heute schon der Fall sein kann -- und wie gesagt, der Inhalt wird immer klarer und reicher erfließen für die Menschheit —, sich heute schon klarzumachen, was denn eigentlich zu der Offenbarung des Christus-Impulses gehört. Um in diesem Punkte richtig zu verstehen, muß man erst durchdrungen sein von der Er­kenntnis, daß das Menschengeschlecht wirklich sich im Laufe der Erdenzeiten entwickelt hat, verändert hat. Diese Veränderung, man kann sie am besten so charakterisieren, daß man sagt : Wenn man zu­rückblickt in sehr, sehr alte Erdenzeiten, weit zurückliegend vor dem Mysterium von Golgatha, da findet man, genauer zugesehen, die Leiblichkeit des Menschen noch geistiger, als sie heute ist. Und diese Leiblichkeit des Menschen war es, die aufsteigen ließ jene Visionen, welche atavistischem Hellsehen die übersinnliche Welt in einer gewis­sen Weise offenbarten. Aber diese Fähigkeit, diese Kraft, in atavisti­schem Hellsehen sich bekanntzumachen mit der geistigen Welt, ging nach und nach der Menschheit verloren. Und gerade zur Zeit, als das Mysterium von Golgatha hereinbrach, war eben eine Krisis. Da war die Krisis hereingebrochen, die da zeigte, daß die Leiblichkeit des Menschen am stärksten in ihrer Kraft abgenommen hatte mit Bezug auf die Offenbarung des Geistigen.

Or, à partir de ce moment-là, de cette crise, il devait se produire un renforcement du psycho-spirituel, de la force d'âme et spirituelle, correspondant à l'affaiblissement de la force du corps. Mais ici, dans le corps terrestre, nous devons compter avec l'instrument de notre corps. L'humain n'aurait tout simplement pas été capable d'acquérir le renforcement de son âme-esprit, qui est devenu nécessaire avec le déclin de la force corporelle, s'il n'avait pas été aidé par une région qui n'est pas la région terrestre, mais qui est extraterrestre, si quelque chose n'était pas arrivé sur la Terre depuis l'extérieur de la Terre : tout de suite l'impulsion du Christ. L'humain aurait été trop faible pour avancer lui-même.

03

Nun mußte von jenem Zeitpunkte, von jener Krisis an, eine der Ab­schwächung der Leibeskraft entsprechende Verstärkung des Seelisch-Geistigen, der seelisch-geistigen Kraft eintreten. Aber hier im Erden­körper müssen wir mit dem Werkzeuge unseres Leibes rechnen. Der Mensch wäre einfach nicht fähig gewesen, die Verstärkung seines Seelisch-Geistigen, die notwendig wurde mit dem Herabdämmern der Leibeskraft, zu erwerben, wenn ihm nicht Hilfe geworden wäre aus einer Region, die nicht die Erdenregion ist, sondern die außerirdisch ist, wenn nicht etwas von außerhalb der Erde auf die Erde herein­gekommen wäre : eben der Christus-Impuls. Der Mensch wäre zu schwach gewesen, selbst vorzurücken.

Mais cela se voit tout particulièrement si l'on considère l'ancien système des mystères. À quoi servait donc cet être des mystères ? Dans l'ensemble, on peut dire que la grande et large masse de nos ancêtres - c'est-à-dire de nous-mêmes, car nous étions nous-mêmes, dans notre vie passée, les humains que nous appelons nos ancêtres - était, dans les temps très, très anciens, dotée d'une conscience beaucoup plus sourde qu'aujourd'hui. C'étaient des êtres plus instinctifs. Et ces humains n'auraient pas pu, dans cette nature instinctive, accéder à une connaissance qui est pourtant nécessaire au salut de l'humain, à son maintien, à sa conscience de force en devenir. C'est alors que certaines personnalités appelées par leur karma, qui ont justement été initiées aux mystères, ont pu annoncer aux autres, qui menaient une vie plus instinctive, les vérités que l'on peut appeler les vérités du salut. Mais cette proclamation n'était possible dans les temps anciens qu'à partir d'une certaine constitution de l'organisme humain, de l'être humain, qui n'existe plus aujourd'hui. Les cérémonies des mystères, les pratiques des mystères à travers les différents degrés consistaient à ce que l'humain devienne réellement un autre dans les mystères. On ne peut plus bien se l'imaginer aujourd'hui, parce que ce n'est pas possible à ce degré par de tels actes extérieurs -- je les ai décrits récemment pour les mystères égyptiens. La nature humaine a vraiment été transformée par la production de certaines émotions, de certaines expériences intérieures de l'âme, de telle sorte que le spirituel s'est détaché dans la conscience totale. Mais on prépara d'abord l'élève des mystères de telle sorte que ce spirituel ne se détache pas dans un état chaotique comme aujourd'hui dans le sommeil, mais que l'humain puisse réellement percevoir dans le spirituel. C'est la grande expérience qu'ont vécue les élèves des mystères : après leur initiation, ils connaissaient le monde spirituel comme l'humain connaît le monde physique et sensoriel par ses yeux et ses oreilles. Ils pouvaient alors annoncer ce qu'ils savaient de ce monde spirituel.

04

Das aber zeigt sich ganz besonders, wenn man ins Auge faßt das alte Mysterienwesen. Wozu war denn dieses Mysterienwesen eigent­lich? Im Ganzen kann man sagen: Die große und breite Masse unserer Vorfahren — das heißt von uns selbst, denn wir selbst waren in unserem vorigen Leben eben die Menschen, die wir unsere Vorfahren nennen —, war in sehr, sehr alten Zeiten mit einem viel dumpferen Bewußtsein behaftet als heute. Sie waren mehr instinktive Wesen. Und jene Men­schen hätten sich in diesem instinktiven Wesen nicht hineinfinden kön­nen in eine Erkenntnis, die doch aber zum Heil des Menschen, zu seinem Aufrechterhalten, zu seinem werdenden Kraftbewußtsein nötig ist. Da konnten dann gewisse, durch ihr Karma dazu berufene Persönlichkeiten, die eben in die Mysterien eingeweiht wurden, den andern, die mehr ein Instinktleben führten, die Wahrheiten verkün­digen, die man die Heilswahrheiten nennen kann. Aber diese Ver­kündigung war in den alten Zeiten nur möglich aus einer gewissen Konstitution des menschlichen Organismus, des menschlichen Wesens heraus, die heute nicht mehr vorhanden ist. Die Mysterienzeremonien, die Mysterienverrichtungen durch die verschiedenen Grade hindurch bestanden darinnen, daß der Mensch wirklich in den Mysterien ein anderer wurde. Das kann man sich heute nicht mehr gut vorstellen, weil es durch solche äußeren Verrichtungen -- ich habe sie neulich für die ägyptischen Mysterien geschildert — heute in solchem Grade nicht möglich ist. Die Menschennatur wurde durch Erzeugung von ge­wissen Emotionen, von gewissen inneren Seelenerlebnissen, wirklich so umgestaltet, daß sich in völligem Bewußtsein das Geistige loslöste. Aber man bereitete zuerst den Zögling der Mysterien so vor, daß dieses Geistige sich nicht in solch chaotischem Zustande loslöste wie heute im Schlafe, sondern daß der Mensch im Geistigen wirklich wahr­nehmen konnte. Das war das große Erlebnis, welches die Mysterien­schüler durchmachten, daß sie nach ihrer Einweihung so wußten von der geistigen Welt, wie der Mensch durch seine Augen und Ohren von der physisch-sinnlichen Welt weiß. Dann konnten sie verkündi­gen, was sie von dieser geistigen Welt wußten.

Mais le temps approchait où la nature humaine ne pouvait plus être transformée aussi facilement par ces activités qui étaient celles des anciens mystères. L'humain a changé au cours de l'histoire. Il fallait que quelque chose d'autre vienne, et cette autre chose, c'est que ce que l'humain a vécu à un certain niveau dans le mystère, la résurrection intérieure, s'est déroulé comme un fait historique sur le Golgotha. C'était donc devenu un événement historique. Un humain, Jésus - car en tant qu'humain se promenant à l'extérieur, il était justement l'humain Jésus -, avait traversé le mystère du Golgotha. Mais ceux qui étaient ses disciples intimes savaient qu'il était apparu vivant parmi eux après un certain temps - nous ne voulons pas en vérifier la façon aujourd'hui -, que donc la résurrection est une vérité.

05

Aber die Zeit rückte heran, in der die Menschennatur nicht mehr durch jene Verrichtungen, welche die der alten Mysterien waren, in dieser Weise so ohne weiteres umgestaltet werden konnte. Der Mensch änderte sich eben im Verlaufe der Geschichte. Es mußte etwas anderes kommen, und das andere, was da kam, war eben, daß eigentlich das­jenige, was auf einer gewissen Stufe der Mensch im Mysterium er­lebte, die innere Auferstehung, als historische Tatsache auf Golgatha sich abspielte. Nun war also das ein geschichtliches Ereignis geworden. Ein Mensch, Jesus — denn als äußerlich herumgehender Mensch war er eben der Mensch Jesus —, war durch das Mysterium von Golgatha gegangen. Diejenigen, die seine intimen Schüler waren, wußten aber, daß er nach einer gewissen Zeit unter ihnen lebendig erschienen ist — die Art wollen wir heute nicht prüfen —, daß also die Auferstehung eine Wahrheit ist.

Ainsi on peut dire qu'il y a eu un jour, au cours de l'évolution de l'humanité, le fait qu'en un endroit de la terre, un humain a surmonté la mort grâce à la force d'un extraterrestre, l'impulsion du Christ, de sorte que le dépassement de la mort a pu faire partie des expériences, des expériences de l'existence terrestre elle-même. Mais il s'était ainsi passé quelque chose dans l'évolution historique de l'humanité qui est tout de suite incompréhensible pour l'intellect/la raison analytique qui devait se développer particulièrement maintenant, qui se trouvait dans le progrès des humains. Car pour la raison analytique humaine, il n'est pas compréhensible qu'un être humain meure, soit enterré et ressuscite. Pour le salut de l'évolution terrestre, quelque chose était donc nécessaire, quelque chose devait se produire dans le processus physique de cette évolution terrestre, ce qui est incompréhensible pour la saine raison analytique, qui est justement bien utilisé en ce qui concerne l'être-là de nature. Et en fait, il est honnête de reconnaître que plus les humains avancent dans l'évolution de cette raison analytique - et l'évolution à l'âge de la conscience est de préférence l'évolution de l'intellectuel - d'autant plus l'événement du Golgotha doit devenir incompréhensible pour la raison analytique d'abord orientée vers la nature extérieure. De sorte que l'on peut dire : celui qui n'est conscient que du maniement de la raison analytique ordinaire, tel qu'elle est orientée vers l'être-là de nature, doit honnêtement s'avouer peu à peu qu'il ne comprend pas le mystère du Golgotha. Mais il doit se donner une secousse, parce qu'il doit quand même le comprendre. C'est l'essentiel, de pouvoir se donner un coup de pouce, de penser simplement au-delà du bon sens/de la saine raison analytique humaine. C'est l'essentiel, c'est quelque chose qui doit se produire comme une nécessité, se donner cette secousse pour pouvoir comprendre quelque chose d'apparemment incompréhensible pour la plus haute force humaine.

06

So kann man sagen : Es war einmal innerhalb des Laufes dieser Menschheitsentwickelung da die Tatsache, daß an einem Orte der Erde sich das zugetragen hat, daß durch die Kraft eines Außerirdi­schen, des Christus-Impulses, ein Mensch den Tod überwunden hatte, so daß die Überwindung des Todes unter den Erfahrungen, unter den Erlebnissen des Erdendaseins selber sein konnte. Damit aber war etwas geschehen in der geschichtlichen Menschheitsentwickelung, was gerade für den Verstand unbegreiflich ist, der sich jetzt besonders entwickeln sollte, der im Fortschritt der Menschen lag. Denn für den menschlichen Verstand ist das nicht begreiflich, daß ein Mensch stirbt, begraben wird und aufersteht. Zum Heile der Erdenentwickelung war daher etwas notwendig, mußte etwas im physischen Gange dieser Erdenentwickelung geschehen, was für den Verstand, der gerade gut anzuwenden ist in bezug auf das Naturdasein, unbegreiflich ist. Und eigentlich ist es ehrlich, zuzugeben, daß je weiter die Menschen in der Entwickelung dieses Verstandes vorrücken — und die Entwickelung im Bewußtseinszeitalter ist ja vorzugsweise die Entwickelung des Intellektuellen —, desto unbegreiflicher das Ereignis von Golgatha für den zunächst auf die äußere Natur gerichteten Verstand werden muß. So daß man sagen kann: Derjenige, der nur sich bewußt ist der Hand­habung des gewöhnlichen Verstandes, wie er auf das Naturdasein gerichtet ist, der muß sich ehrlicherweise nach und nach gestehen: er begreift das Mysterium von Golgatha nicht. Aber er muß sich einen Ruck geben, weil er es dennoch begreifen muß. Das ist das Wesent­liche, sich einen Ruck geben zu können, über den gesunden Menschen­verstand einfach hinauszudenken. Das ist das Wesentliche, das ist etwas, was als Notwendiges eintreten muß, sich diesen Ruck zu geben, um etwas scheinbar gerade für die höchste menschliche Kraft Unver­ständliches dennoch verstehen zu lernen.

Plus le développement intellectuel, dont dépend l'épanouissement de la science, progresse, plus la compréhension du mystère du Golgotha doit s'effacer devant ce développement intellectuel. C'est aussi pour cette raison que ce ne sont pas les Hébreux cultivés, ni les Grecs cultivés, ni les Romains cultivés, qui ont d'abord été en quelque sorte historiquement choisis pour comprendre le mystère du Golgotha, de la sorte dont je vous l'ai expliqué ; ils l'ont transposé dans d'autres représentations, comme je l'ai expliqué hier, mais ce sont les barbares primitifs du Nord qui ont accueilli dans leurs âmes primitives le Christ qui est venu à eux, comme il est venu à Jésus de Nazareth. On peut déjà dire, dans le sens où je l'ai exposé hier, que le Christ est d'abord venu à l'humain Jésus de Nazareth dans l'événement du Golgotha. C'est là que l'humanité – l'humanité des Hébreux, l'humanité des Grecs, l'humanité des Romains - a été informée de ce qui s'est passé de plus important dans l'existence terrestre. Mais ensuite, le Christ est venu une nouvelle fois, il s'est uni aux humains qui peuplaient le nord, l'est de l'Europe, qui n'avaient pas la même éducation que les Hébreux, que les Grecs, que les Romains. Il ne s'est pas uni à un seul humain, il s'est uni aux âmes de peuple de ces tribus. Mais nous avons aussi dû le souligner hier : ces tribus se sont développées peu à peu. Elles devaient en quelque sorte rattraper/répéter à un cinquième niveau ce que les peuples hébreux, grecs et latins avaient vécu à un quatrième niveau. Et nous avons souligné hier que ce n'est qu'à l'époque de Goethe que l'ère de Platon a été atteinte par rapport à une étape ultérieure. Avec le goethéanisme lui-même, le platonisme de la Grèce, qui était pour la quatrième période post-atlantique, était revenu pour la cinquième période post-atlantique. On n'en était quand même pas encore aussi loin dans le goethéanisme qu'on se trouvait déjà face à la toute nouvelle conception/saisie du mystère du Golgotha, mais, comme je le disais hier, dans l'attente de cela.

07

Je mehr die intellektuelle Entwickelung vorschreitet, von der die Blüte der Wissenschaft abhängt, desto mehr mußte für diese intellek­tuelle Entwickelung zurücktreten das Verständnis für das Mysterium von Golgatha. Aus diesem Grunde war es auch, daß es nicht die ge­bildeten Hebräer, nicht die gebildeten Griechen, nicht die gebildeten Römer waren, die zunächst gewissermaßen wie historisch auserlesen waren zu dem Verständnis des Mysteriums von Golgatha, in der Art, wie ich Ihnen das Mysterium von Golgatha auseinandergesetzt habe; die haben es umgesetzt in andere Vorstellungen, wie ich gestern aus­geführt habe, sondern es waren die primitiv gebildeten Barbaren des Nordens, welche in ihre primitv gebildeten Seelen hereinnahmen den Christus, der zu ihnen kam, so wie er zu dem Jesus von Nazareth ge­kommen ist. Man kann schon in dem Sinne, wie ich das gestern aus‑einandergesetzt habe, sagen : Der Christus kam zunächst im Ereignis von Golgatha zu dem Menschen Jesus von Nazareth. Da wurde zu­nächst die Menschheit hingewiesen — die Menschheit der Hebräer, die Menschheit der Griechen, die Menschheit der Römer — auf das Wich­tigste, was im Erdendasein geschah. Dann aber kam der Christus noch einmal, vereinte sich mit den Menschen, die den Norden, den Osten Europas bevölkerten, die keine solche Bildung hatten wie die Hebräer, wie die Griechen, wie die Römer. Da vereinigte er sich nicht mit einem einzelnen Menschen, da vereinigte er sich mit den Volksseelen dieser Volksstämme. Aber wir haben gestern auch betonen müssen: Diese Volksstämme entwickelten sich nach und nach. Sie mußten gewisser­maßen auf einer fünften Stufe nachholen dasjenige, was auf einer vierten Stufe durchgemacht hatten die hebräisch-griechisch-latei­nischen Völker. Und wir haben ja gestern betont, daß erst im Zeit­alter Goethes das Zeitalter Platos mit Bezug auf eine spätere Stufe erreicht worden war. Mit Goetheanismus selber war für die fünfte nachatlantische Zeit der Platonismus des Griechentums, der für die vierte nachatlantische Zeit da war, wiedergekommen. Doch noch war man nicht so weit im Goetheanismus, daß man etwa schon der ganzen neuen Gestaltung der Auffassung des Mysteriums von Golgatha gegenüberstand, sondern, wie ich gestern sagte, in der Erwartung davon.

Cet état d'esprit de l'humanité moderne face au mystère du Golgotha, on peut l'étudier correctement si l'on comprend vraiment la personnalité, mais maintenant la personnalité d'âme et d'esprit de Goethe. La question est une question spirituelle-scientifique à part entière : où se situe Goethe et ceux qui lui appartiennent/se rangent à lui, différents esprits qui ont été en contact avec lui, où se situe le goethéanisme au tournant du 18e et du 19e siècle par rapport à l'évolution de l'humanité, par rapport à la conception de l'impulsion du Christ ? - On pourrait d'abord se demander comment il se situe extérieurement dans l'évolution européenne, ce goethéanisme ?

08

Diese Stimmung der neueren Menschheit gegenüber dem Myste­rium von Golgatha, sie kann man insbesondere richtig studieren, wenn man die Persönlichkeit, aber jetzt die Geist-Seelenpersönlich­keit Goethes wirklich richtig versteht. Die Frage ist eine durch und durch geisteswissenschaftliche: Wo stehen Goethe und diejenigen, die zu ihm gehören, verschiedene Geister, die mit ihm in Verbindung waren, wo steht der Goetheanismus an der Wende des 18. zum 19. Jahr­hundert mit Bezug auf die Menschheitsentwickelung, mit Bezug auf die Auffassung des Christus-Impulses? — Man könnte zunächst da­rauf hinblicken : Wie steht er eigentlich äußerlich drinnen in der euro­päischen Entwickelung, dieser Goetheanismus?

Il sera bon de rappeler ce que je vous ai souvent dit au cours des années de notre temps catastrophique, il sera bon de rappeler la réponse à la question : d'où viennent les cultures périphériques européennes et leur progéniture américaine ? - Nous ne devons pas oublier : celui qui pose un regard impartial sur ces cultures périphériques européennes sait que la culture de l'Angleterre, de la France, de l'Italie, des Balkans, aussi loin qu'il est avancé, mais aussi, derrière elles, la culture de l'Europe de l'Est, est rayonnée par le centre de l'Europe ; elles sont toutes rayonnées. Ce serait bien sûr un terrible préjugé de croire que ce qui est aujourd'hui la culture italienne est autre chose que ce qui a rayonné du centre de l'Europe vers l'Italie, simplement recouvert de l'essence latine qui est restée dans la langue et dans la forme extérieure. Ce serait un terrible préjugé de croire que la culture anglaise est autre chose que ce qui a rayonné depuis le centre de l'Europe et qui, à vrai dire, a d'abord été entonné, aussi par la langue et d'autres choses de ce genre, en une autre essence, même beaucoup moins que l'essence italienne ou française. Mais tout ce qu'est la France, l'Angleterre, l'Italie, et même, à bien des égards, l'Orient européen, a rayonné à partir du centre de l'Europe. Et dans ce centre est resté ce qui s'est produit maintenant que les cultures ont rayonné, ce qui est resté comme le giron à partir duquel le goethéanisme s'est développé. Nous sommes aujourd'hui confrontés au fait, que l'on peut accepter sans émotion, que ce qui a rayonné à la périphérie travaille de toutes ses forces à détruire, à détruire aussi spirituellement âmiquement ce dont il a rayonné au centre de l'Europe. Un jour, le monde regardera ce phénomène le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité d'une toute autre manière que dans notre présent, où ce monde s'apprête à adorer quatorze cadavres de pensées de l'Occident comme des idoles. Un jour, l'humanité comprendra qu'il s'est produit ce que l'on peut appeler la volonté absolue d'anéantir ce qui a rayonné de tous côtés. Le tragique de ce fait s'accomplira évidemment.

09

Da wird es gut sein, sich etwas zurückzurufen, was ich jetzt, die Jahre unserer katastrophalen Zeit hindurch, öfter zu Ihnen gesprochen habe, da wird es gut sein, sich zurückzurufen die Antwort auf die Frage : Woher kommen eigentlich die europäischen Peripheriekul­turen mit ihrem amerikanischen Nachwuchs? — Wir dürfen nicht ver­gessen: Wer unbefangen den Blick auf diese europäischen Peripherie­kulturen hinrichtet, der weiß, daß die Kultur Englands, Frankreichs, Italiens, des Balkans, so weit er vorwärtsgeschritten ist, dahinter aber sogar die Kultur des europäischen Ostens, ausgestrahlt ist von Euro­pas Mitte; sie sind alle ausgestrahlt. Es wäre natürlich ein furchtbares Vorurteil, zu glauben, daß dasjenige, was heute italienische Kultur ist, etwas anderes ist als das, was von der Mitte Europas nach Italien aus­gestrahlt ist, nur überzogen von dem lateinischen Wesen, das in der Sprache und in der äußeren Form geblieben ist. Es wäre ein furcht­bares Vorurteil, zu glauben, daß die englische Kultur etwas anderes ist als dasjenige, was von Europas Mitte ausgestrahlt ist und eigentlich erst eingefaßt ist, auch wiederum durch Sprache und dergleichen, in anderes Wesen, sogar viel weniger als das italienische oder das fran­zösische Wesen. Aber alles dasjenige, was Frankreich, England, Italien, ja auch in vieler Beziehung was der europäische Osten ist, das ist ausgestrahlt aus Europas Mitte.

[ Le mystère du centre européen ét du monde anglo-saxon ? Comme le centre de population?]

Und in dieser Mitte ist dann zurückgeblieben dasjenige, was eben sich jetzt ergeben hat, nachdem die Kulturen ausgestrahlt sind, was geblieben ist als der Schoß, aus dem sich herausentwickelt hat der Goetheanismus. Wir stehen heute in der ohne Emotion hinzunehmenden Tatsache, daß dasjenige, was ausgestrahlt ist in die Peripherie, mit aller Macht daran arbeitet, zu vernichten, auch geistig-seelisch zu vernichten dasjenige, wovon es, als in Europas Mitte befindlich, ausgestrahlt ist. Es wird einmal die Welt dieses ungeheuerste Phänomen des Menschheitsgeschehens in einer ganz andern Weise ansehen als in unserer Gegenwart, wo sich diese Welt anschickt, vierzehn Gedankenleichen des Westens als Götzenbilder anzubeten. Es wird einstmals die Menschheit verstehen, daß dasjenige geschah, was man nennen kann das absolute Vernichten-wollen desjenigen, was ausgestrahlt ist nach allen Seiten. Die Tragik dieser Tatsache wird sich selbstverständlich erfüllen.

Car c'est dans la direction de ce fait qu'apparaît, dans une nouvelle étape de l'évolution de l'Europe, ce qui - à l'exception des dernières décennies, où l'on peut dire que d'autres forces ont agi - s'est amorcé et s'est développé au cours des siècles par le fait que du centre de l'Europe rayonnaient partout les traits personnels de ceux qui forment les cultures des côtés les plus divers. Oh, l'humanité est aujourd'hui si peu encline à se former un jugement impartial sur ce point ! Je peux dire que j'étais moi-même en relation étroite avec le travail de mon vieil ami Karl Julius Schröer, lorsqu'il étudiait les dernières traces qu'il fallait trouver pour donner à cette affaire une base scientifique entièrement sûre, les différents dialectes, les différentes langues, les différents caractères des parties du peuple qu'il faut considérer comme les parties allemandes de la Hongrie du Nord, de la Transylvanie et des différentes régions de l'Autriche. Celui qui considère tout ce qui se rattache aux dictionnaires et grammaires peu exigeants des Allemands de Spiš, des Saxons de Transylvanie, dans les études de Schröer, que j'ai menées en commun avec lui, en tant qu'explorateur de l'expansion de la culture d'Europe centrale, qu'il était, peut dire que Schröer est encore lié à un savoir qui n'est malheureusement plus du tout pris en compte aujourd'hui dans le tumulte et la tempête des événements. Mais que l'on regarde cette Hongrie, où une culture purement magyare devait être établie au cours des dernières décennies, depuis l'année 1867, que l'on regarde, non pas avec une fausseté politique et un aveuglement politique, une haine politique, que l'on regarde conformément à la vérité : on découvrira alors que dans les régions qui allaient être magyarisées par la suite en tant que pays de la Magyarentum, des gens sont venus du Rhin en tant que Saxons de Transylvanie, des gens de plus à l'ouest en tant qu'Allemands de Spiš, des gens de l'actuelle Souabe en tant qu'Allemands du Banat. Tout cela constitue le ferment qui forme la base de la culture magyare, sur laquelle s'est seulement déversé ce qui s'est ensuite formé très tard en tant que culture magyare. Mais à la base de cette culture magyare, il y a toujours eu - même si ce n'est pas dans ce qui est exprimable par la langue, mais dans les sentiments, dans les sensations, dans l'ensemble du folklore - ce qui est venu du centre de l'Europe à travers les siècles.

10

Denn in der Richtung dieser Tatsache liegt es, daß in einem weiteren Entwickelungsschritte für Europa dasjenige erscheint, was — mit Aus‑nahme der letzten Jahrzehnte, wo man sagen kann, daß eben andere Kräfte gewaltet haben — sich angebahnt und durch die Jahrhunderte entwickelt hat dadurch, daß von Europas Mitte überallhin ausstrahlten auch die persönlichen Züge derjenigen, welche die Kulturen nach den verschiedensten Seiten ausbilden. Oh, über diesen Punkt ist heute die Menschheit so wenig geneigt, ein unbefangenes Urteil sich zu bilden! Ich darf sagen, ich selbst stand ja in innigem Zusammenhange mit der Arbeit meines alten Freundes Karl Julius Schröer, als er damals die letzten Spuren, die zu finden waren, um der Sache eine vollständig gesicherte wissenschaftliche Basis zu geben, der verschiedenen Dia­lekte, der verschiedenen Sprachen, der verschiedenen Wesen der Volksteile studierte, die als die deutschen Volksteile Nordungarns, Siebenbürgens und sonst der verschiedenen Gegenden Österreichs zu betrachten sind. Wer da betrachtet alles das, was sich an die anspruchs­losen Wörterbücher und Grammatiken der Zipser Deutschen, der Siebenbürgener Sachsen in den Schröerschen Studien anknüpfte, die ich in persönlichem Anteil mit ihm, als einem damaligen Erforscher der Ausbreitung der mitteleuropäischen Kultur, der er war, bespre­chen durfte, der darf sagen, daß Schröer noch zusammenhängt mit einem Wissen, das leider heute im Trubel, im Sturm der Ereignisse gar nicht mehr berücksichtigt wird. Aber man sehe hin auf dieses Ungarn, wo nämlich eine rein magyarische Kultur eingerichtet werden sollte im Laufe der letzten Jahrzehnte, seit dem Jahre 1867, man sehe hin, nicht mit politischer Unwahrheit und politischer Verblendung, politischem Haß, man sehe hin der Wahrheit gemäß : Dann wird man entdecken, daß in die Gegenden, die nachher als die Länder des Ma­gyarentums magyarisiert werden sollten, eingezogen sind Menschen vom Rhein her als die Siebenbürgener Sachsen, Menschen von weiter westlich als die Zipser Deutschen, Menschen aus dem heutigen Schwaben als die Banater Deutschen. Das alles ist das Ferment, welches die Grundlage bildet für die magyarische Kultur, über die nur hinübergegossen ist dasjenige, was dann im Grunde genommen sehr spät erst sich gebildet hat als magyarische Kultur. Aber auf dem Grunde dieser magyarischen Kultur ist — wenn auch nicht in das, was durch die Sprache ausdrückbar ist, aber in die Gefühle, in die Emp‑ findungen, in das ganze Volkstum — immer eingeflossen dasjenige, was durch Jahrhunderte aus Europas Mitte dahin gekommen ist.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, vous pourriez étudier la même chose pour toutes les régions périphériques de l'Europe, si vous preniez seulement l'histoire globale de l'Europe. A l'est, la vague slave est venue à l'encontre de ce qui est émis par le centre, elle a recouvert de la vague slave ce qui est émis par le centre ; la vague romane est venue de l'ouest. Et par un enchaînement tragique, qui a cependant une nécessité historique interne, la périphérie s'est alors retournée contre ce qui était resté dans le giron du centre ; elle s'est retournée de telle sorte qu'un fait est tout à fait clair à partir de ce retournement - on peut le croire ou non, on peut facilement s'en moquer ou le railler ou non : ce qui est resté au centre de l'Europe, ce qui est sorti du goethéanisme, compris spirituellement-âmiquement dans sa réalité et dans sa vérité, ne trouve aujourd'hui aucune compréhension dans la meilleure connaissance moyenne de la périphérie. Et on pourrait dire que partout, jusque dans les régions américaines, on parle de la véritable substance de l'être centre-européen comme si on n'en avait aucune idée. On ne peut pas en avoir la moindre idée. Mais l'histoire mondiale le révélera. C'est ce qui peut, dans un certain sens, nous donner la force de pouvoir nous y accrocher/tenir fermement.

11

So staunenswert dieses ist: für alle Peripheriegegenden Europas könnten Sie, wenn Sie nur die Gesamtgeschichte Europas nehmen, dasselbe studieren. Im Osten kam die slawische Welle entgegen dem, was von der Mitte ausgestrahlt ist, überzog das, was von der Mitte ausgestrahlt ist, mit der slawischen Welle; vom Westen kam die ro­manische Welle. Und durch eine tragische Verkettung, die aber eine innere geschichtliche Notwendigkeit hat, wandte sich dann die Peri­pherie gegen dasjenige, was in der Mitte im Schoß übriggeblieben ist; wandte sich so, daß aus diesem Wenden eine Tatsache ganz klar ist — das mag geglaubt werden oder nicht, darüber mag leicht gespottet oder gehöhnt werden oder nicht: Dasjenige, was zurückgeblieben ist in Europas Mitte, dasjenige, was aus dem Goetheanismus herausge­wachsen ist, geistig-seelisch aufgefaßt in seiner Wirklichkeit und in seiner Wahrheit, das findet heute in der besten Durchschnittserkennt­nis der Peripherie eben kein Verständnis noch. Und von dem könnte man sagen: Überall wird, bis in die amerikanischen Gegenden hinüber, von der eigentlichen Substanz des mitteleuropäischen Wesens so ge­sprochen, als ob man eben keine Ahnung davon hätte. Man kann keine Ahnung davon haben. Aber die Weltgeschichte wird das zutage fördern. Das ist dasjenige, was einem in gewissem Sinne eine Kraft geben kann, an dem festhalten zu können.

Certes, je vous ai présenté ici, le soir de la Saint-Sylvestre, un tableau calculé par un humain qui sait bien compter, sur les conditions futures de l'Europe centrale. Elles ne seront pas différentes si tout cela se réalise, si une partie seulement de ce que veulent les pays périphériques se réalise. Mais cette Europe centrale, dont l'anéantissement est décidé en ce qui concerne l'existence extérieure, dont l'anéantissement s'accomplira probablement aussi dans un premier temps pour les prochaines années et décennies - car c'est ainsi qu'il en a été décidé par le conseil des puissances périphériques -, avait en son sein la dernière configuration de ce que nous avons caractérisé hier ; elle avait en son sein la dernière configuration de ce qui est pourtant important comme ferment pour l'évolution de l'humanité. Il faut que cela s'infiltre, il faut simplement que se poursuive cette évolution que je vous ai décrite pour le magyarisme. Ce rayonnement se poursuivra déjà.

12

Gewiß, ich habe Ihnen am Silvesterabend hier ein Bild vorgeführt, das errechnet ist von einem Menschen, der gut rechnen kann, über die zukünftigen Verhältnisse Mitteleuropas. Nicht anders als so wer­den sie sein, wenn sich alles dasjenige erfüllt, wenn sich auch nur ein Teil von dem erfüllt, was die Peripherieländer wollen. Aber dieses Mitteleuropa, dessen Vernichtung beschlossen ist in bezug auf das äußere Dasein, dessen Vernichtung sich ja wahrscheinlich auch zu­nächst für die nächsten Jahre und Jahrzehnte erfüllen wird — denn so ist es beschlossen im Rate der Peripheriemächte —, das hatte in seinem Schoße die letzte Ausgestaltung dessen, was wir gestern charakteri­siert haben; das hatte in seinem Schoße die letzte Ausgestaltung des­jenigen, was dennoch wichtig ist als ein Ferment für die Menschheits‑entwickelung. Es muß einfließen, es muß einfach diese Entwickelung sich fortsetzen, die ich Ihnen für das Magyarentum charakterisiert habe. Dieses Ausstrahlen wird sich schon fortsetzen.

Seulement, devra être compris, en particulier en Europe centrale, ce qui n'y a guère été compris au cours des dernières décennies : il devra être compris quelque chose de l'ordre de l'intention de la triarticulation de l'être/du système social, telle que je vous l'ai indiquée. C'est tout de suite l'Europe centrale qui sera appelée à comprendre cette triarticulation. Et peut-être que si cette Europe centrale n'a pas d'État extérieur, si cette Europe centrale est tragiquement obligée de vivre dans le chaos, alors seulement on commencera à comprendre qu'il faut surmonter les anciennes conceptions pour lesquelles la périphérie de l'Europe se bat actuellement, parce que ces anciennes conceptions ne pourront pas non plus être maintenues par la périphérie de l'Europe. L'ancien concept d'État disparaîtra ; il fera place à la division en trois parties/la tripartition. Et aussi dans cette vie extérieure, il devra entrer ce qu'est le goethéanisme. Qu'on l'appelle ainsi ou non, cela n'a aucune importance. L'essentiel, c'est que la vision du monde de Goethe préfigure ce qui doit devenir clair, tout simplement, en ce qui concerne l'organisation sociale extérieure de l'humanité. Mais on ne peut voir à travers tout cela que si l'on s'efforce de comprendre ce représentant, ce représentant le plus complet de l'être allemand, Goethe, qui est donc un représentant si complet de l'être allemand, parce qu'il est dépourvu de tout chauvinisme national ou de tout ce qui n'est que chauvinisme national. On doit essayer de saisir ce représentant des temps modernes, cet humain des plus modernes, en même temps que l'humain le plus fécond dans son essence pour la culture de l'esprit. Dans la compréhension de Goethe, on ne peut pas dire que l'humanité soit particulièrement avancée. Goethe se sentait lui-même comme un solitaire au sein de son environnement. Et même si Goethe était l'une de ces personnalités capables de développer de telles formes d'entregent - de développer aussi, si je puis dire, une telle habileté et une telle grâce dans les relations - qu'une relation possible s'établissait avec cet environnement : le véritable Goethe, celui qui vivait à l'intérieur de cet humain vivant à Weimar, qui apparut plus tard extérieurement comme un gros conseiller secret au double menton, l'humain intérieur qui vivait dans ce gros conseiller secret au double menton, se sentait seul. Et dans une certaine mesure, il est encore seul aujourd'hui. Il est seul pour une raison bien précise, et il devait se sentir seul. C'est peut-être ce sentiment de solitude culturelle, d'incompréhension, qui l'a poussé à prononcer plus tard cette étrange parole : "Les Allemands seront peut-être dans un siècle autres que ce qu'ils sont maintenant, ils seront peut-être alors devenus d'érudits, des humains.

13

Nur wird begriffen werden müssen, gerade in Mitteleuropa, das­jenige, was allerdings in den letzten Jahrzehnten wenig in Mitteleuropa begriffen worden ist : begriffen wird werden müssen etwas von der Art, wie es in den Intentionen liegt der Dreigliederung des sozialen Wesens, so wie ich sie Ihnen angeführt habe. Gerade Mitteleuropa wird dazu berufen sein, diese Dreigliedrigkeit zu begreifen. Und viel­leicht, wenn dieses Mitteleuropa keinen äußeren Staat hat, wenn dieses Mitteleuropa im Chaos zu leben tragisch genötigt ist, dann erst wird man anfangen zu begreifen, daß überwunden werden müssen alte Anschauungen, für die jetzt die Peripherie Europas kämpft, weil diese alten Anschauungen auch von der Peripherie Europas nicht werden auf­rechterhalten werden können. Der alte Staatsbegriff wird schwinden; er wird der Dreiteilung Platz machen. Und auch in dieses äußere Leben wird einziehen müssen dasjenige, was der Goetheanismus ist. Ob man es so nennt oder nicht, das ist ganz gleichgültig. Das Wesentliche ist, daß in Goethes Weltanschauung der Vorblick liegt auf dasjenige, was einfach auch in bezug auf die äußere soziale Gestaltung der Mensch­heit klarwerden muß. Aber dies alles kann man nur durchschauen, wenn man sich Mühe gibt, diesen Repräsentanten, diesen völligsten Repräsentanten des deutschen Wesens, Goethe, zu verstehen, der daher ein so völliger Repräsentant des deutschen Wesens ist, weil er so ohne allen nationalen Chauvinismus oder etwas ist, was nur an nationalen Chauvinismus oder an Nationalismus, wie man das heute auffaßt, erinnert. Man muß diesen Repräsentanten der neueren Zeit, diesen modernsten Menschen, zu gleicher Zeit diesen in seinem Wesen für die Geisteskultur fruchtbarsten Menschen, ihn muß man zu erfassen versuchen. In der Erfassung Goethes kann man nicht sagen, daß die Menschheit eigentlich besonders weit ist. Goethe fühlte sich selber innerhalb seiner Umgebung als ein Einsamer. Und wenn auch Goethe eine von denjenigen Persönlichkeiten war, solche Umgangsformen zu entwickeln — auch solche, wenn ich so sagen darf, Umgangs­geschicklichkeit und Umgangsgrazie zu entwickeln —, daß ein mög‑liches Verhältnis zu dieser Umgebung sich einstellte: der eigentliche Goethe, der in dem Inneren dieses in Weimar lebenden, später äußer­lich als dicker Geheimrat mit dem Doppelkinn auftretenden Menschen, der innere Mensch, der in diesem dicken Geheimrat mit dem Doppel­kinn lebte, der fühlte sich einsam. Und einsam in einer gewissen Be­ziehung ist er heute noch immer. Einsam ist er aus einem ganz be­stimmten Grunde, und einsam mußte er sich fühlen. Solch ein Gefühl seiner Kultureinsamkeit, seines Nichtverstandenseins lag vielleicht zugrunde, als er in späteren Jahren das merkwürdige Wort aussprach: Die Deutschen werden vielleicht in einem Jahrhundert anders sein, als sie jetzt sind, sie werden vielleicht dann aus Gelehrten Menschen geworden sein.

Cette déclaration doit vraiment vous toucher au plus profond de votre âme. Car, voyez-vous, lorsque les Archives Goethe et Schiller et la Société Goethe ont été créées à Weimar après la mort du dernier petit-fils de Goethe, elles ont été fondées par une assemblée d'humains - en vérité, je veux le dire dans le meilleur sens du terme -, par une assemblée d'érudits. Le service Goethe/service de Goethe a été créé à l'époque par des humains, par des personnalités, qui n'étaient vraiment pas encore devenues des humains érudits. Oui, on peut aller encore plus loin. Vous savez à quel point j'admire Herman Grimm, l'historien de l'art, l'essayiste raffiné, et je n'ai jamais caché cette admiration et je vous ai parlé de différentes manières de l'admiration que j'ai pour Herman Grimm. Je vous ai aussi absolument avoué que je voyais dans le livre d'Herman Grimm sur Goethe le meilleur de ce qui a été écrit sur Goethe d'un point de vue biographique et monographique. Mais prenez maintenant ce livre de Herman Grimm : il est écrit avec un certain amour humain et une vision du monde ; mais cherchez à vous faire une idée de la figure de Goethe qui se présente alors devant vous, lorsque vous avez laissé ce livre agir sur vous ! Comment est cette figure de Goethe ? C'est quand même un fantôme, un spectre, pas le Goethe vivant ! On ne peut pas se débarrasser de ce sentiment si l'on prend ces choses au sérieux et avec dignité. Herman Grimm, s'il rencontrait Goethe aujourd'hui, ou s'il avait rencontré Goethe de son vivant, il aurait été prêt à dire à tout moment, parce qu'il a intégré la plus fervente vénération de Goethe dans la tradition qui s'est construite sur Goethe : Goethe est prédestiné à devenir le roi spirituel non seulement de l'Europe centrale, mais de l'humanité entière. - Oui, Herman Grimm aurait aussi tout fait, si cela avait dépendu de lui, pour servir comme héraut, s'il s'était agi de faire de Goethe le roi de la formation/culture/éducation terrestre. Mais on ne peut pas se débarrasser de l'autre sentiment : si Herman Grimm avait commencé à vouloir parler à Goethe, ou Goethe à Herman Grimm, Herman Grimm n'aurait guère trouvé de compréhension pour le fond de l'être de Goethe. Car ce qu'il décrit dans son livre est certainement le meilleur de ce qu'il a connu de Goethe, mais rien d'autre que l'ombre que Goethe a projetée sur tout son entourage, l'impression qu'il a faite sur son époque. Il n'y a rien, mais pas la moindre chose de ce qui vivait dans l'âme de Goethe ; un fantôme de l'époque des XVIIIe et XIXe siècles, pas celui qui vivait dans les profondeurs de Goethe.

14

Der Ausspruch muß einen wirklich in tiefster Seele berühren. Denn, sehen Sie, als nach dem Tode des letzten Goethe-Enkels in Weimar das Goethe- und Schiller-Archiv und die Goethe-Gesellschaft be­gründet wurden, da wurde dieses begründet durch eine Versammlung von Menschen — wahrhaftig, ich will es im besten Sinne des Wortes sagen —, durch eine Versammlung von Gelehrten. Der Goethe-Dienst wurde dazumal eingerichtet von Menschen, von Persönlichkeiten, die wahrhaftig noch nicht aus Gelehrten Menschen geworden waren. Ja, man kann noch weiter gehen. Sie wissen, wie sehr ich Herman Grimm, den Kunsthistoriker, den feinen Essayisten verehre, und ich habe aus dieser Verehrung nie einen Hehl gemacht und Ihnen in verschiedener Weise über die Verehrung, die ich Herman Grimm entgegenbringe, gesprochen. Ich habe Ihnen auch unbedingt gestanden, daß ich in dem Buche, das von Herman Grimm über Goethe herrührt, das Beste sehe, was in biographischer, monographischer Weise über Goethe ge­schrieben worden ist. Aber nun nehmen Sie dieses Buch von Herman Grimm : Aus einer gewissen menschlichen Liebe und aus einem Welt­blicke heraus ist es geschrieben; aber suchen Sie sich ein Bild von der Goethe-Gestalt zu machen, die dann vor Ihnen steht, wenn Sie dieses Buch auf sich haben wirken lassen!* Wie ist diese Goethe-Gestalt ? Ein Gespenst ist sie doch, ein Gespenst, nicht der lebende Goethe! Man kann das Gefühl nicht losbekommen, wenn man diese Dinge ernst und würdig nimmt. Herman Grimm, würde er heute Goethe begeg‑nen, oder wäre er zu seinen Lebzeiten Goethe begegnet, er würde, weil er in der Tradition, die sich auf Goethe aufgebaut hat, innigste Goethe-Verehrung aufgenommen hat, jederzeit bereit gewesen sein, zu sagen : Goethe ist prädestiniert dazu, der geistige König nicht nur Mitteleuropas, sondern der ganzen Menschheit zu werden. — Ja, Herman Grimm würde auch, wenn es auf ihn angekommen wäre, alles getan haben, um als Herold zu dienen, wenn es sich darum gehandelt hätte, Goethe zum König der Erdenbildung zu machen. Aber das andere Gefühl bekommt man nicht los : Wenn Herman Grimm nun angefangen hätte, mit Goethe etwa reden zu wollen oder Goethe mit Herman Grimm : Herman Grimm würde kaum Verständnis ge­funden haben für das Innerste des Goetheschen Wesens. Denn was er in seinem Buche schildert, ist ganz gewiß das Beste, was er von Goethe gewußt hat, aber nichts anderes als der Schatten, den Goethe auf seine ganze Umgebung warf, der Eindruck, den er auf seine Zeit warf. Da ist nichts, aber auch gar nicht das geringste von dem, was in der Goethe-Seele lebte; ein Gespenst aus der Zeit des 18. und 19. Jahr­hunderts, nicht dasjenige, was in Goethes Tiefen lebte.

C'est un phénomène étrange, qu'il faut se représenter en tout sérieux et en toute dignité. Et si l'on regarde maintenant à partir de celui-ci - non pas le goethéanisme, mais cette communauté d'adeptes de Goethe, qui est vraiment, même cent ans après Goethe, beaucoup plus savante qu'humaine -, si l'on regarde en arrière vers Goethe lui-même, alors on aperçoit avant tout une chose parmi les diverses grandeurs, parmi les diverses grandeurs qui se présentent à nous chez Goethe. Prenez "Les secrets", qui a été récemment lu ici par Madame le Dr. Steiner, prenez le fragment de Pandore, le fragment de Prométhée, prenez d'autres choses, prenez le fait que "La fille naturelle" ne contient que la première partie d'une trilogie qui n'a pas été achevée, prenez le fait que dans ce fragment s'exprimait une grande chose qui vivait en Goethe : vous avez alors le fait étrange, tout à fait étrange, que lorsque Goethe s'est mis à exprimer une grande chose, il n'est pas arrivé au bout, parce qu'il a été assez honnête pour ne pas arrondir, pour ne pas achever la chose extérieurement, comme le font aussi les poètes et les artistes, mais pour s'arrêter lorsque la force intérieure de la source s'est tarie. D'où tant de choses inachevées. Mais la chose va encore plus loin. La chose va si loin que l'on peut dire : Le "Faust" est certes achevé du point de vue extérieur, mais combien de choses sont pourries à l'intérieur du "Faust", combien de choses sont dans le "Faust" qui sont comme la figure de Méphistophélès soi-même ! - Lisez ce que j'ai présenté sur Faust, sur la figure de Méphistophélès, dans le petit livre Goethe qui est paru récemment, où je parle de la façon dont Goethe a placé dans Méphistophélès une figure qui n'existe pas vraiment, dans la mesure où les deux figures, Lucifer et Ahriman, se sont mélangées et tourbillonnent de façon chaotique. Et au cours de cette semaine, vous trouverez représentées ici les dernières scènes avant l'apparition d'Hélène, avant le début du troisième acte de la deuxième partie de "Faust" : quelque chose que Goethe a achevé dans ses grandes années, quelque chose qui, d'un côté, est grandiose, profond, puissant, mais qui, d'un autre côté, bien qu'achevé à l'extérieur, est tout à fait inachevé à l'intérieur, contient partout les prémices de ce qui se trouvait dans les aspirations de Goethe, mais ne voulait pas entrer dans son âme. Si l'on regarde "Faust" sous l'angle de sa taille humaine, on a devant soi une œuvre gigantesque ; si on le regarde sous l'angle de la grandeur qui vivrait en lui si Goethe avait pu faire sortir de son temps tout ce qui se trouvait dans son âme même, on a devant soi une œuvre pourrie, fragile, qui est partout inachevée en soi.

15

Das ist eine merkwürdige Erscheinung, die muß man sich nur in allem Ernste und in aller Würde vor die Seele halten. Und blickt man jetzt von diesem — nicht Goetheanismus, sondern von dieser Goethe-Anhängerschaft, die wahrhaftig auch hundert Jahre nach Goethe sehr viel mehr gelehrt als menschlich ist —, blickt man davon zurück auf Goethe selbst, dann erblickt man unter dem mancherlei Großen, unter dem mancherlei Grandiosen, das bei Goethe einem entgegen­tritt, vor allen Dingen eines. Nehmen Sie «Die Geheimnisse», die vor kurzem hier durch Frau Dr. Steiner rezitiert worden sind, nehmen Sie das Pandora-, das Prometheus-Fragment, nehmen Sie anderes, nehmen Sie den Umstand, daß «Die Natürliche Tochter» nur den ersten Teil einer Trilogie enthält, die nicht volléndet worden ist, nehmen Sie den Umstand, daß in diesem Fragment ein Größtes, das in Goethe lebte, sich ausdrückte: so haben Sie die merkwürdige, die ganz merkwürdige Tatsache, daß dann, wenn Goethe den Anlauf nahm, ein Größtes auszudrücken, er nicht zu Ende kam, weil er ehr­lich genug war, nicht äußerlich, wie es ja auch Dichter, Künstler so machen, die Sache abzurunden, zu vollenden, sondern aufzuhören, wenn die innere Quellkraft versiegte. Daher so viel Unvollendetes. Aber die Sache geht doch noch weiter. Die Sache geht so weit, daß man sagen kann: Der «Faust» ist zwar in äußerlicher Beziehung ab­geschlossen, aber wieviel ist im «Faust» innerlich morsch, wieviel ist im «Faust», was so ist, wie die Gestalt des Mephistopheles selber! — Lesen Sie, was ich über den Faust, über die Gestalt des Mephistopheles in dem kleinen Goethe-Büchelchen dargestellt habe, das vor kurzem erschienen ist, wo ich davon spreche, wie Goethe in Mephistopheles eine Gestalt hingestellt hat, die es eigentlich gar nicht gibt, indem die zwei Gestalten, Luzifer und Ahriman, durcheinandergeflossen sind und chaotisch durcheinanderwirbeln. Und im Laufe dieser Woche werden Sie hier dargestellt finden die letzten Szenen vor dem Auf­treten der Helena, vor dem Beginn des dritten Aktes im zweiten Teile des «Faust»: etwas, was Goethe in hohen Jahren vollendet hat, etwas, was auf der einen Seite grandios, tief, gewaltig ist, auf der andern Seite aber, trotzdem es äußerlich fertig ist, innerlich ganz unfertig ist, überall Ansätze enthält von demjenigen, was in Goethes Sehnsuchten lag, in seine Seele aber nicht herein wollte. Sieht man «Faust» an auf seine menschgemäße Größe, so hat man ein gigantisches Werk vor sich, sieht man ihn an im Hinblick auf die Größe, die in ihm leben würde, wenn Goethe das alles hätte in seiner Zeit schon herausbringen können, was in seiner Seele selbst lag, so hat man ein morsches, brüchiges Werk vor sich, das überall in sich unvollendet ist.

C'est peut-être le testament le plus puissant que Goethe ait laissé à ses descendants, qu'ils ne se contentent pas de se réclamer de lui comme un savant aujourd'hui, ou même comme un humain qui est instruit d'une certaine manière. C'est facile, mais Goethe n'a pas rendu notre position à son égard aussi facile. Goethe doit vivre parmi nous comme un être vivant et continuer à être ressenti et pensé. Le plus important dans le goethéanisme ne se trouve pas chez Goethe, parce que Goethe n'était pas en mesure, à son époque, de le faire passer du spirituel dans son âme, parce que partout il n'y a que des prémices pour cela. Goethe exige de nous que nous travaillions avec lui, que nous pensions avec lui, que nous ressentions avec lui, que nous poursuivions sa tâche, comme s'il était partout derrière nous, nous tapant sur l'épaule et nous donnant des conseils. En ce sens, tout le XIXe siècle et jusqu'à notre époque a, on peut le dire, abandonné Goethe. Et la tâche de notre époque est de retrouver le chemin de Goethe. Au fond, rien n'est plus étranger au véritable goethéanisme que l'ensemble de la culture terrestre extérieure de la fin du XIXe siècle ou même du XXe siècle, à l'exception de certaines activités spirituelles qui ont été menées. Il faut retrouver le chemin de Goethe par la science de l'esprit orientée anthroposophiquement.

16

Das ist vielleicht das kraftvollste Testament, das Goethe seinen Nachfahren hinterlassen hat, daß sie nicht nur sich zu ihm bekennen sollen wie ein Gelehrter heute, oder selbst wie ein Mensch, der gebildet ist in einer gewissen Weise. Das ist leicht, aber so leicht hat uns Goethe unsere Stellung zu ihm nicht gemacht. Goethe muß als ein Leben­diger unter uns leben und weiter gefühlt und weiter gedacht werden. Das wichtigste im Goetheanïsmus steht nicht bei Goethe, weil Goethe innerhalb seiner Zeit nicht in der Lage war, es aus dem Geistigen in seine Seele hereinzubringen, weil überall nur die Ansätze dazu da sind. Goethe fordert von uns, daß wir mit ihm arbeiten, mit ihm denken, mit ihm fühlen, daß wir seine Aufgabe, so wie wenn er überall hinter uns stünde und uns auf die Schulter klopfte und Rat erteilte, weiter­führen. In diesem Sinne ist das ganze 19. Jahrhundert und bis in unsere Zeit herein, man kann sagen, von Goethe abgefallen. Und die Auf­gabe unserer Zeit ist, den Weg zu Goethe wieder zurückzufinden. Im Grunde genommen ist dem wirklichen Goetheanismus nichts fremder als die gesamte äußere Erdenkultur vom Ende des 19. Jahrhunderts oder gar vom 20. Jahrhundert, mit Ausnahme von einigem Geistigen, was getrieben worden ist. Der Weg muß durch anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft zu Goethe zurückgefunden werden.

Seul peut le comprendre celui qui est en mesure de répondre correctement à la question : où se tenait en réalité Goethe ? Vous avez de Goethe l'aveu le plus honnête de l'humanité - je l'ai caractérisé hier -, à savoir qu'il partait en fait du paganisme, comme cela correspondait aussi au platonisme de son époque. Le garçon se dresse un autel païen de la nature. L'homme Goethe ne reçoit alors pas les influences les plus fortes de l'ecclésiologie chrétienne traditionnellement héritée, qui lui est au fond toujours resté étrangère, car sa vision du monde est la vision du monde de l'attente face à la nouvelle conception du mystère du Golgotha. Ceux qui, dans l'ancien sens traditionnel, professaient confortablement la foi chrétienne de l'Église, ou qui, même au sein de cette foi chrétienne de l'Église, voulaient réaliser toutes sortes de réformes simplement extérieures, ceux-là ne lui étaient vraiment pas intérieurement apparentés spirituellement-psychiquement/âmiquement. En fait, il ressentait toujours la même chose qu'à l'époque où il l'exprimait, lorsqu'il faisait un voyage avec deux chrétiens apparemment bons, Lavater et Basedow, avec deux personnes qui se tenaient sur un christianisme d'église certes avancé, mais néanmoins ancien : "Prophète à droite, prophète à gauche, l'enfant du monde au milieu". C'est en fait ce qu'il ressentait lorsqu'il se trouvait entre deux humains de son époque. Car il le disait aussi : face aux chrétiens qui l'entouraient, il était toujours le non-chrétien décidé, tout de suite parce qu'il devait préparer l'humanité à l'ambiance/l'humeur-Christ pleine d'attente.

17

Das kann nur der verstehen, der recht auf die Frage einzugehen in der Lage ist: Wo stand eigentlich in Wirklichkeit Goethe? — Sie haben von Goethe das ehrlichste Menschheitsgeständnis — ich habe es gestern charakterisiert —, daß er eigentlich vom Heidentum ausging, wie es auch dem Platonismus seines Zeitalters entsprach. Der Knabe errich­tet sich einen heidnischen Naturaltar. Der Mann Goethe empfängt dann die stärksten Einflüsse nicht von dem traditionell überkommenen christlichen Kirchentum, das ihm im Grunde immer fremd geblieben ist, denn seine Weltanschauung ist die Weltanschauung der Erwartung gegenüber der neuen Auffassung des Mysteriums von Golgatha. Diejenigen, die sich im alten traditionellen Sinne in bequemer Weise zu dem christlichen Kirchenglauben bekannten, oder selbst innerhalb dieses christlichen Kirchenglaubens allerlei bloß äußerliche Reformen durchführen wollten, sie waren ihm wahrhaftig nicht innerlich geistig-seelisch verwandt. Er fühlte eigentlich immer so wie damals, da er es aussprach, als er mit zwei scheinbar guten Christen, mit Lavater und Basedow eine Reise machte, mit zwei Menschen, die auf einem zwar fortgeschrittenen, aber doch alten Kirchenchristentum standen: «Pro­phete rechts, Prophete links, das Weltkind in der Mitten.» So fühlte er sich eigentlich, wenn er zwischen zwei Menschen in seinem Zeit­alter war. Denn er sprach es ja auch aus : er war gegenüber den Chri­sten, die in seiner Umgebung waren, stets der dezidierte Nichtchrist, gerade weil er die Menschheit vorbereiten sollte zu der erwartungs­vollen Christus-Stimmung.

Et c'est ainsi que nous voyons que trois humains ont, d'une manière étrange, la plus grande influence sur sa culture de l'esprit. Ces trois humains sont en fait absolument des personnes qui, d'une certaine manière, sont des enfants du monde. Des prédicateurs chrétiens ordinaires n'auraient pas été appropriés pour Goethe. Les trois personnalités qui ont eu la plus grande influence sur lui sont : premièrement, Shakespeare ; pourquoi Shakespeare a-t-il eu une telle influence sur Goethe ? Tout simplement parce que Goethe voulait construire un pont entre l'humain et le surhumain, non pas à partir d'une abstraite puissance de la règle, non pas à partir d'une intellectualité perméable, mais à partir de l'humain soi-même. Goethe avait besoin de s'accrocher à l'humain pour trouver, au sein de l'humain, le passage de l'humain au surhumain. C'est ainsi que nous voyons Goethe lutter pour façonner, former l'humain, comme Shakespeare l'a fait jusqu'à un certain point, pour élaborer à partir de l'humain. Observez donc comment Goethe prend en main "L'histoire de Gottfrieden von Berlichingen avec la main de fer", son auto-biographie ; comment, en changeant le moins possible, il dramatise cette histoire, forme le premier personnage de son "Götz von Berlichingen" ; comment il en forme ensuite un deuxième personnage, déjà plus transformé, déjà plus façonné, puis un troisième personnage. Goethe cherche d'une certaine manière à se frayer un chemin honnêtement personnel, en ce qu'il rattache a l'humanité de Shakespeare, mais veut, à partir de cette humanité, en façonner la sur-humanité.

18

Und so sehen wir, daß auf seine Geisteskultur drei Menschen in einer merkwürdigen Weise den allergrößten Einfluß haben. Diese drei Menschen sind eigentlich durchaus Menschen, die in gewisser Weise Weltkinder sind. Gewöhnliche christliche Prediger würden für Goethe nicht gelegen gekommen sein. Die drei Persönlichkeiten, die auf ihn den größten Einfluß genommen haben, sind ja: Erstens Shakespeare; warum hat Shakespeare einen so maßgebenden Einfluß auf Goethe genommen? Einfach aus dem Grunde, weil Goethe darauf ausging, eine Brücke zu bauen von dem Menschlichen zu dem Übermensch­lichen, nicht aus einer abstrakten Regelhaftigkeit, nicht aus einer durchlässigen Intellektualität heraus, sondern aus dem Menschlichen selbst heraus. Goethe brauchte das Festhalten an dem Menschlichen, um innerhalb des Menschlichen den Übergang zu finden vom Mensch­lichen zum Übermenschlichen. So sehen wir Goethe ringen, auszu­gestalten, zu formen das Menschliche, wie es Shakespeare bis zu einem gewissen Grade getan hat, aus dem Menschlichen herauszuarbeiten. Beobachten Sie doch, wie Goethe in die Hand nimmt «Die Geschichte Gottfriedens von Berlichingen mit der eisernen Hand», dessen Selbst­biographie; wie er, möglichst wenig verändernd, diese Geschichte dramatisiert, die erste Gestalt seines «Götz von Berlichingen» bildet; wie er dann eine zweite Gestalt, schon mehr umgestaltet, schon mehr geformt, daraus bildet, dann eine dritte Gestalt. Goethe sucht in einer Weise seine ehrlichen eigenen Wege, indem er anknüpft an Shake­speares Menschlichkeit, aber aus dieser Menschlichkeit die Über­menschlichkeit herausgestalten will.

Il le peut en premier lorsque, lors de son voyage en Italie - il suffit de lire ses lettres - il croit pouvoir reconnaître, à partir de ce qui lui est proche, à partir des œuvres d'art grecques, comment les Grecs agissaient selon les mêmes intentions, les intentions divines, que celles de la nature elle-même. Il avait besoin de sa vraie voie, de sa vraie voie individuelle, vécue personnellement. Il ne pouvait pas croire à ce que son entourage lui disait ; il devait trouver sa propre voie.

19

Das kann er erst, als er auf seiner Italienreise — man lese seine Briefe — aus dem ihm Verwandten, aus den griechischen Kunstwerken glaubt erkennen zu können, wie die Griechen nach denselben Intentionen, göttlichen Intentionen verfuhren, nach welchen die Natur selbst ver­fährt. Er brauchte seinen wahren Weg, seinen individuellen, persön­lich durchgemachten wahren Weg. Er konnte nicht an dasjenige glauben, was ihm seine Umgebung sagte; er mußte seinen Weg finden.

Le deuxième esprit qui a eu une influence énorme sur lui était certainement un non-chrétien déterminé, à savoir Spinoza. En Spinoza, il avait la possibilité de trouver le divin comme l'humain trouve le divin lorsqu'il veut se frayer un chemin de l'humain au surhumain. Les pensées de Spinoza sont en fait la dernière expression pour l'ère de l'intellectualité, de l'ancienne approche hébraïque de Dieu. En tant que telles, les pensées de Spinoza sont très éloignées de l'impulsion-Christ. Mais les pensées de Spinoza sont telles que l'âme humaine y trouve en quelque sorte les fils auxquels se raccrocher lorsqu'elle cherche ce chemin : là, à l'intérieur de l'humain, là est mon essence ; de cette essence humaine, je cherche à pénétrer plus avant dans le surhumain. - Cette voie qu'il pouvait suivre, qu'il ne devait pas seulement se faire prêcher, qu'il pouvait suivre en suivant Spinoza, cette voie, Goethe la considérait en un certain sens, à un certain âge de sa vie, comme la sienne.

20

Der zweite Geist, der auf ihn einen ungeheueren Einfluß genommen hat, war ganz gewiß ein dezidierter Nichtchrist, nämlich Spinoza. In Spinoza hatte er die Möglichkeit, das Göttliche so zu finden, wie der Mensch dieses Göttliche findet, wenn er den Weg sich bahnen will aus dem Menschlichen ins Übermenschliche. Spinozas Gedanken sind im Grunde genommen die letzte Ausprägung, für das Zeitalter der Intellektualität, des alten hebräischen Sich-Gott-Näherns. Spinozas Gedanken stehen als solche dem Christus-Impuls ganz ferne. Aber Spinozas Gedanken sind so, daß die menschliche Seele in ihnen ge­wissermaßen die Fäden findet, um sich an ihnen zu halten, wenn sie jenen Weg sucht : Da drinnen im menschlichen Inneren, da ist mein Wesen; von diesem menschlichen Wesen suche ich zum Übermensch­lichen weiterzudringen. — Diesen Weg, den er verfolgen konnte, den er nicht bloß sich vorpredigen lassen mußte, den er verfolgen konnte, indem er Spinoza verfolgte, diesen Weg betrachtete Goethe in ge­wissem Sinne in einem gewissen Lebensalter als den seinigen.

Et le troisième esprit qui a eu la plus grande influence sur lui, c'est Linné, le botaniste. Pourquoi Linné ? Linné parce que Goethe ne voulait pas d'une quelque autre science botanique, d'une autre science des êtres vivants que celle qui place simplement les êtres vivants les uns à côté des autres dans l'ordre, comme l'a fait Linné. Toutes les pensées abstraites, qui élaborent toutes sortes d'idées sur les classes de plantes, les genres de plantes et ainsi de suite, n'étaient pas proches de Goethe. Ce qui lui importait, c'était de laisser agir sur lui, en Linné, un humain qui mettait les choses les unes à côté des autres. Car Goethe voulait, d'un point de vue plus élevé que ceux qui observent les plantes de manière abstraite, suivre dans sa façon ce que Linné a consciencieusement juxtaposé comme formes végétales, comme l'esprit agit/règne par cette juxtaposition.

21

Und der dritte Geist, der auf ihn den größten Einfluß nahm, war Linné, der Botaniker. Warum Linné? Linné aus dem Grunde, weil Goethe nicht wollte irgendeine andere botanische Wissenschaft haben, eine andere Wissenschaft von den Lebewesen als eine solche, welche die Lebewesen einfach so, wie es Linné getan hat, nebeneinander hin­stellt in der Reihe. Alles abstrakte Denken, das allerlei Gedanken herausfindet über Pflanzenklassen, Pflanzengattungen und so weiter, das war Goethe nicht verwandt. Ihm war es darum zu tun, in Linné einen Menschen auf sich wirken zu lassen, der die Dinge neben­einander stellte. Denn Goethe wollte von einem höheren Standpunkte aus als diejenigen, die in abstrakter Weise die Pflanzen betrachten, das, was Linné gewissenhaft nebeneinander gestellt hat als Pflanzen­formen, in seiner Art verfolgen, so wie der Geist waltet durch dieses Nebeneinanderstellen.

Ce sont tout de suite ces trois esprits qui, au fond, ont pu donner à Goethe ce qui n'était pas dans le centre de sa vie intime, mais qu'il devait recevoir de l'extérieur, ce sont tout de suite ces esprits qui ont eu l'influence la plus forte sur lui. Goethe lui-même n'avait rien de shakespearien, car lorsqu'il est arrivé au sommet de son art, il a créé sa "Fille naturelle", qui n'a vraiment rien de l'art de Shakespeare, mais qui tend vers un tout autre côté ; mais il n'a pu développer son être le plus intime qu'en se formant à partir de Shakespeare. La vision du monde de Goethe n'a rien d'un spinozisme abstrait, mais ce que Goethe avait au plus profond de lui-même comme chemin vers Dieu, il ne pouvait l'acquérir que chez Spinoza. La morphologie de Goethe n'a rien de la juxtaposition des êtres organiques comme chez Linné, mais Goethe avait besoin de pouvoir prendre chez Linné ce qu'il n'avait pas lui-même. Et ce qu'il devait y ajouter était nouveau.

22

Gerade diese drei Geister, die im Grunde genommen Goethe das­jenige geben konnten, was nun nicht in seinem innersten Lebens­zentrum war, sondern was er von außen bekommen mußte, gerade diese Geister sind es, die den stärksten Einfluß auf ihn gehabt haben. Goethe selber hatte nichts Shakespearisches, denn als er auf die Höhe seiner Kunst kam, schuf er seine «Natürliche Tochter», die wahr­haftig nichts von Shakespeares Kunst hat, sondern nach einer ganz andern Seite hin strebt; aber er konnte dieses sein innerstes Wesen nur dadurch entwickeln, daß er an Shakespeare sich heranbildete. Goethes Weltanschauung hat nichts von einem abstrakten Spinozismus, aber das, was Goethe in seinem Innersten hatte als seinen Weg zu Gott, konnte er nur an Spinoza gewinnen. Goethes Morphologie hat nichts von dem Nebeneinanderstellen der organischen Wesen wie bei Linné, aber Goethe brauchte es, bei Linné nehmen zu können, was er selbst nicht hatte. Und dasjenige, was er dazu zu geben hatte, war neu.

Et c'est ainsi que Goethe grandit, grandit dans ses années quarante, formé par Shakespeare, Linné et Spinoza, passé par les conceptions de l'art qui s'offraient à lui en Italie, où il disait face aux œuvres d'art : "Là est la nécessité, là est Dieu". Et comme il était de son temps, il se passait en lui, d'une manière fortement inconsciente, mais aussi, jusqu'à un certain point, consciente, ce que l'on peut appeler son passage devant le gardien du seuil. Et maintenant, si vous considérez son passage devant le Gardien au début des années quatre-vingt-dix du XVIIIe siècle, comparez les mots qui résonnent comme les paroles d'adoration adressées à Isis dans l'Égypte ancienne, dans ce livre qui vient de vous être présenté par Madame le Dr. Steiner, où Goethe se sent encore tout à fait païen, avec ce qui se présente à vous dans un imaginaire puissant dans le "Conte du serpent vert et de la belle Lilia" : vous avez alors le chemin de Goethe hors du paganisme vers le christianisme. Mais là, se tient en images ce qu'alors Goethe était après son passage par le lieu du seuil, après son passage au gardien du seuil ; là se tient en images ce qu'il ne pouvait pas lui-même décomposer/désarticuler à mesure de pensées pour les gens, mais qui sont pourtant/quand même des images puissantes. Qu'est-ce que l'on est obligé de faire si l'on veut comprendre le Goethe qui a écrit le "Conte du serpent vert et de la belle Lilia " ? Comparez ce qui est écrit dans le livret de Goethe déjà présenté sur le "Conte du serpent vert et de la belle Lilia" : C'est un fait auquel on se heurte lorsque l'on considère que Goethe a créé ce «Conte du serpent vert et de la belle Lilia» comme une immense imagination après son passage chez le gardien du seuil.

23

Und so wuchs denn Goethe heran, wuchs hinein in seine Vierziger­jahre, herangebildet an Shakespeare, Linné und Spinoza, durch­gegangen durch die Anschauungen der Kunst, die sich ihm in Italien geboten hat, wo er gegenüber den Kunstwerken sprach: «Da ist die Notwendigkeit, da ist Gott.» Und wie es seiner Zeit gemäß war, ging in ihm in einer stark unbewußten Weise, aber auch bis zu einem ge­wissen Grade bewußten Weise, das vor sich, was man nennen kann seinen Vorübergang an dem Hüter der Schwelle. Und nun vergleichen Sie, wenn Sie sein Vorübergehen an dem Hüter im Beginne der neun­ziger Jahre des 18. Jahrhunderts ins Auge fassen, Worte, die wie, die Anbetungsworte an die Isis im alten Ägypten klingen, in diesem Ihnen eben durch Frau Dr. Steiner vorgetragenen Prosahymnus «Die Natur», wo Goethe noch ganz heidnisch fühlt, mit demjenigen, was Ihnen entgegentritt in einer gewaltigen Imagination im «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie»: dann haben Sie den Goethe­schen Weg aus dem Heidentum heraus in das Christentum. Aber da steht in Bildern dasjenige, was dann Goethe nach seinem Durchgang durch den Schwellenort war, nach seinem Vorbeigang an dem Hüter der Schwelle; das steht in Bildern da, die er selber intellektuell ge­dankenmäßig den Leuten nicht zergliedern konnte, die aber doch gewaltige Bilder sind. Wozu ist man genötigt, wenn man den Goethe verstehen will, der das «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie» geschrieben hat? Vergleichen Sie das, was in dem schon angeführten Goethe-Büchlein steht über das «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie»: Solcher Tatsache steht man gegenüber, wenn man eben darauf hinblickt, daß Goethe dieses «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie» als eine gewaltige Imagination geschaffen hat nach seinem Vorübergang bei dem Hüter der Schwelle.

Ce "Conte du serpent vert et de la belle Lilia" est né de l'âme transformée, après que cette âme a surmonté le sentiment païen tel qu'il s'exprime encore dans l'hymne en prose : "Nature, nous sommes entourés et enlacés par elle. Sans être invité ni averti, elle nous prend dans le cercle de sa danse et nous entraîne avec elle jusqu'à ce que nous soyons fatigués et échappions à son bras ... Même ce qui n'est pas naturel est nature ... . Tout est sa vie, et la mort n'est que son artifice pour avoir beaucoup de vie - et ainsi de suite, cette humeur/ambiance païenne d'Isis, elle se transforme en vérités profondes, impossibles à saisir maintenant par la raison analytique, qui résident dans les puissantes imaginations du "Conte du serpent vert et de la belle Lilia", où Goethe montre justement comment tout ce que l'humain peut trouver par la science empirique extérieure ne peut conduire qu'à l'illumination/la feufolâtrerie des feux follets ; mais comment ce que l'humain doit développer au plus profond de lui-même le conduit à développer les forces de son âme de telle sorte qu'il puisse prendre pour modèle le serpent qui se sacrifie, qui sacrifie son propre être au cours de l'évolution de l'humanité, afin que le pont puisse être construit entre les deux royaumes du sensible et du suprasensible, entre lesquels s'élève le temple, le nouveau temple, par lequel on peut avoir le sentiment du royaume/de l'empire suprasensible.

23

Dieses «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie», das ist entsprungen aus der verwandelten Seele, nachdem diese Seele überwunden hat das heidnische Empfinden, wie es sich noch aus­spricht in dem Prosahymnus : Natur, wir sind von ihr umgeben und umschlungen. Ungebeten und ungewarnt nimmt sie uns in den Kreis­lauf ihres Tanzes auf und treibt sich mit uns fort, bis wir ermüdet sind und ihrem Arm entfallen ... Auch das Unnatürliche ist Natur .. . Alles ist ihr Leben, und der Tod nur ihr Kunstgriff, viel Leben zu haben — und so weiter, diese heidnische Isis-Stimmung, sie verwandelt sich in die tiefen, jetzt nicht mit dem Verstande zu fassenden Wahr­heiten, die in den gewaltigen Imaginationen des «Märchens von der grünen Schlange und der schönen Lilie» liegen, wo Goethe geradezu hinstellt, wie alles dasjenige, was der Mensch durch äußere empirische Wissenschaft finden kann, nur zu dem Irrlichtelieren der Irrlichter führen kann; wie aber dasjenige, was der Mensch in seinem Innersten entwickeln muß, ihn dazu führt, seine Seelenkräfte so auszubilden, daß ihm Vorbild sein kann die sich hinopfernde Schlange, die ihr eigenes Wesen hinopfert dem Entwickelungsgange der Menschheit, damit die Brücke gebaut werden kann zwischen den zwei Reichen des Sinn­lichen und des Übersinnlichen, zwischen denen sich erhebt der Tem­pel, der neue Tempel, durch den man die Empfindung haben kann von dem übersinnlichen Reiche.

Certes, dans ce "Conte du serpent vert et de la belle Lillia", il n'est pas question du Christ. Mais de même que le Christ n'exigeait pas d'un bon disciple qu'il dise toujours : "Seigneur, Seigneur !", de même n'est pas un bon chrétien celui qui dit toujours : "Christ, Christ ! - La manière dont les images sont conçues/saisies, la manière dont l'âme humaine est pensée dans sa transformation dans le "Conte du serpent vert et de la belle Lillia", la suite des pensées, la force des pensées, tout cela est chrétien, c'est le nouveau chemin vers le Christ. Car pourquoi ? Il y avait déjà de nombreuses interprétations de ce conte à l'époque de Goethe ; depuis, il y en a eu beaucoup d'autres. Nous avons essayé d'éclairer ce conte du point de vue de la science de l'esprit. Je peux parler ici de ce conte, car il est permis de le dire dans ce cercle. C'est à la fin des années quatre-vingt du XIXe siècle que le bouton de ce conte s'est ouvert pour moi, si je peux m'exprimer trivialement. Je n'ai jamais quitté le chemin qui doit mener de plus en plus loin à la compréhension de Goethe à l'aide de ces puissantes imaginations qui sont mises en œuvre dans le "Conte du serpent vert et de la belle Lillia". On a la permission de dire que la raison analytique, qui nous guide très bien pour trouver des vérités de science de la nature, la raison analytique qui nous guide très bien à gagner la vision extérieure de la nature tout de suite dans sa fleur/floraison dans la mesure du temps actuel et ses rapports, cette raison analytique échoue complètement si on veut comprendre ce conte. Là est nécessaire que l'on se laisse féconder sa raison analytique par les representations de la science de l'esprit. Là, vous avez transposé dans notre temps et dans ses conditions ce qui est nécessaire à toute l'humanité pour la compréhension du mystère du Golgotha.

24

Gewiß, in diesem «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie» ist nicht von dem Christus die Rede. Aber ebenso­wenig wie der Christus verlangte von einem guten Anhänger, daß er immer nur sagte: Herr, Herr! —, ebensowenig ist derjenige nur ein guter Christ, der immer sagt: Christus, Christus! — Die Art, wie die Bilder gefaßt sind, die Art, wie die Menschenseele in ihrer Verwand­lung gedacht ist in dem «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie», die Folge der Gedanken, die Kraft der Gedanken, die ist christlich, die ist der neue Weg zu Christus. Denn warum? Es gab schon zu Goethes Zeiten viele Interpretationen dieses Märchens; seither sind auch noch viele dazugekommen. Wir hatten versucht, in dieses Märchen hineinzuleuchten vom Standpunkte der Geistes­wissenschaft. Ich darf hier, in diesem Kreise darf es ja ausgesprochen werden, über dieses Märchen sprechen. Es war am Ende der achtziger Jahre des 19. Jahrhunderts, als mir — wenn ich mich trivial ausdrücken darf — zuerst der Knopf über dieses Märchen aufgegangen ist. Niemals habe ich wiederum den Weg verlassen, der immer weiter und weiter führen soll zum Verständnis Goethes an der Hand dieser gewaltigen Imaginationen, die in dem «Märchen von der grünen Schlange und der schönen Lilie» ausgeführt sind. Man darf sagen: Der Verstand, der uns ganz gut leitet, um naturwissenschaftliche Wahrheiten zu finden, der Verstand, der uns ganz gut leitet, um die äußere Naturanschauung gerade in ihrer Blüte in Gemäßheit der heutigen Zeit und ihrer Ver­hältnisse zu gewinnen, dieser Verstand versagt vollständig, wenn man dieses Märchen begreifen will. Da ist notwendig, daß man sich seinen Verstand befruchten läßt von den Vorstellungen der Geisteswissen­schaft. Da haben Sie umgesetzt in unsere Zeit und ihre Verhältnisse dasselbe, was der ganzen Menschheit notwendig ist für das Verständ­nis des Mysteriums von Golgatha.

Pour comprendre le mystère du Golgotha, la raison analytique doit d'abord être formée. Elle doit se donner une épine dorsale. Pour la compréhension de la nature extérieure, elle n'a pas besoin de cette épine dorsale. Il est devenu de plus en plus impossible à la culture latine comme à la culture germanique - à la culture latine parce qu'elle est trop forte dans la décadence, à la culture germanique parce qu'elle ne s'est pas encore élevée jusqu'à ce développement - de former l'âme à partir de la simple intellectualité jusqu'à ce qu'elle puisse trouver le nouveau chemin pour comprendre le mystère du Golgotha. Mais si vous développez en vous la possibilité de transformer les forces de l'âme de telle sorte que vous commenciez à trouver, en tant que langage intérieur conforme à la nature, le passage à l'imagerie à laquelle Goethe aspirait, alors vous entraînez vos forces de l'âme de telle sorte que vous trouviez le chemin vers la nouvelle compréhension du mystère du Golgotha. C'est de cela qu'il s'agit.

25

Für das Verständnis des Mysteriums von Golgatha muß der Ver­stand erst ausgebildet werden. Er muß sich einen Ruck geben. Für das Verständnis der äußeren Natur braucht er diesen Ruck nicht. Immer unmöglicher ist es geworden sowohl der lateinischen wie der germanischen Kultur — der lateinischen Kultur, weil sie zu stark in der Dekadenz, der germanischen Kultur, weil sie nicht bis zu dieser Ent­wickelung noch aufgestiegen ist —, aus der bloßen Intellektualität heraus die Seele so weit zu schulen, daß sie den neuen Weg zum Ver­ständnis des Mysteriums von Golgatha finden kann. Wenn Sie aber die Möglichkeit in sich entwickeln, die Seelenkräfte so umzugestalten, daß Sie anfangen, als eine naturgemäße innere Sprache den Übergang zu der Bildhaftigkeit, nach der Goethe gestrebt hat, zu finden, dann schulen Sie Ihre Seelenkräfte so, daß Sie den Weg zu der neuen Er­fassung des Mysteriums von Golgatha finden. Das ist dasjenige, worauf es ankommt.

Goethe n'est pas seulement important par ce qu'il a produit, Goethe est surtout important par ce qu'il fait de notre âme, si nous nous plongeons avec dévotion dans son essence la plus intime. Alors l'humanité pourra peu à peu trouver consciemment le chemin qui mène au gardien du seuil, un chemin que Goethe a heureusement/pour le bon bonheur encore emprunté inconsciemment, c'est pourquoi il n'a pas pu achever les œuvres dans lesquelles il voulait s'exprimer le plus profondément. Un scintillement et une lueur de conscient et d'inconscient, d'atteignable et d'inaccessible, vivaient justement dans l'âme de Goethe. Lorsque nous laissons agir sur nous des choses comme les "secrets", lorsque nous laissons agir sur nous des choses comme la "pandore", comme toutes les choses que Goethe n'a pas achevées, nous avons le sentiment que dans cet inachèvement se trouve quelque chose qui doit se détacher dans l'âme des descendants de Goethe, et qui doit être achevé comme une grande construction/structure de l'esprit.

26

Goethe ist nicht nur wichtig durch das, was er hervorgebracht hat, Goethe ist wichtig vor allen Dingen durch dasjenige, was er aus unserer Seele macht, wenn wir uns ganz hingebungsvoll in sein innerstes Wesen vertiefen. Dann kann die Menschheit nach und nach auch be­wußt jenen Weg finden vorbei an dem Hüter der Schwelle, den Goethe noch zum guten Glück unbewußt gegangen ist, daher er gerade die­jenigen Werke nicht vollenden konnte, in denen er sich am tiefsten aussprechen wollte. Ein Flimmern und Schimmern von Bewußtem und Unbewußtem, von Erreichbarem und Unerreichbarem lebte ge­rade in Goethes Seele. Wenn wir so etwas wie die «Geheimnisse» auf uns wirken lassen, wenn wir so etwas auf uns wirken lassen wie die «Pandora», wie alle diejenigen Dinge, die Goethe nicht vollendet hat, dann haben wir das Gefühl: In dieser Nichtvollendung liegt etwas, was sich loslösen muß in der Seele der Nachfahren Goethes, und was als großes Geistgebilde vollendet werden muß.

Goethe était solitaire. Par rapport à ce que Goethe était vraiment, Goethe était seul, seul dans son développement/évolution. Le goethéanisme a beaucoup de choses cachées. Mais même si le XIXe siècle n'a pas encore accompli le fait que les savants sont devenus des humains, tandis que Goethe s'est imposé une conception humaine du monde à partir de l'érudition, c'est tout de suite l'évolution qui doit progresser à l'aide de l'impulsion de Goethe. J'ai dit hier et je répète aujourd'hui que la force liée au mystère du Golgotha s'est unie une fois, dans une province peu connue de l'Empire romain, à l'humain unique qu'était Jésus de Nazareth, puis aux âmes de peuple d'Europe centrale. Mais elle est ensuite allée en l'intérieur. Et de ce qui se tissait en l'intérieur en Europe centrale sont nées des réalisations comme celles de Goethe et de tout le goethéanisme. Mais c'est justement le XIXe siècle qui a beaucoup fait pour laisser le goethéanisme reposer dans sa tombe. Dans tous les domaines, le XIXe siècle a tout fait pour laisser le goethéanisme reposer dans la tombe.

27

Goethe war einsam. In bezug auf das, was Goethe wirklich war, war Goethe einsam, einsam in seiner Entwickelung. Der Goetheanis­mus hat viel Verborgenes. Aber wenn auch das 19. Jahrhundert noch nicht erfüllt hat, daß aus Gelehrten Menschen geworden sind, wäh­rend Goethe aus der Gelehrsamkeit zu einer menschlichen Weltauf­fassung sich durchgerungen hat, so muß gerade die Entwickelung mit Hilfe des Goethe-Impulses vorwärtsschreiten. Ich habe gestern gesagt und heute wiederholt: Die Kraft, die mit dem Mysterium von Gol­gatha verbunden ist, sie hat sich einmal in einer wenig bekannten Provinz des Römischen Reiches mit dem einen Menschen Jesus von Nazareth verbunden, dann mit den Volksseelen Mitteleuropas. Aber sie ist dann ins Innere gegangen. Und aus dem, was da in Mitteleuropa im Inneren webte, sind hervorgegangen solche Leistungen wie die Goethes und des ganzen Goetheanismus. Aber gerade das 19. Jahr­hundert hat viel dazu getan, um den Goetheanismus im Grabe ruhen zu lassen. Auf allen Gebieten hat das 19. Jahrhundert alles getan, um den Goetheanismus im Grabe ruhen zu lassen.

Ces érudits qui ont fondé la Société Goethe à Weimar à la fin des années 1880 se sont montrés bien plus aptes à être les fossoyeurs du goethéanisme qu'à réveiller quoi que ce soit de ce goethéanisme. Le temps n'est certainement pas venu pour la vie extérieure dans laquelle le goethéanisme peut déjà vivre. Cela est lié à ce dont nous avons beaucoup parlé maintenant : le renouvellement spirituel-scientifique des âmes humaines. Quoi qu'il arrive à cette Europe qui veut maintenant se suicider dans un certain sens, la tombe que creuse en premier lieu l'inconscience de la culture moderne, cette tombe sera aussi une tombe d'où quelque chose renaîtra. J'ai déjà indiqué que l'esprit du Christ s'est lié aux âmes de peuples centre-européennes et que le goethéanisme est né dans le sein de ces âmes de peuple. Il y aura une résurrection, une résurrection que l'on ne doit pas se représenter politiquement, une résurrection qui aura un tout autre aspect, mais ce sera une résurrection. Le goethéanisme ne vit pas, le goethéanisme repose encore dans la tombe pour la culture extérieure. Mais le goethéanisme doit ressusciter.

28

Diejenigen Gelehrten, die am Ende der achtziger Jahre in Weimar die Goethe-Gesellschaft gegründet haben, sie haben sich viel eher zu Totengräbern des Goetheanismus geeignet als dazu, irgend etwas von diesem Goetheanismus aufzuerwecken. Die Zeit ist ganz gewiß für das äußere Leben nicht da, in welcher der Goetheanismus schon leben kann. Das hängt zusammen mit dem, was wir jetzt vielfach be­sprochen haben: mit der geisteswissenschaftlichen Erneuerung der Menschenseelen. Mag über dieses Europa, welches jetzt in einem ge‑wissen Sinn seinen Selbstmord verüben will, was immer kommen: das Grab, welches vor allen Dingen in erster Linie die Gedankenlosigkeit der modernen Kultur gräbt, dieses Grab wird doch auch ein Grab sein, aus dem etwas aufersteht. Ich habe schon darauf hingedeutet: Mit den mitteleuropäischen Volksseelen hat sich verbunden der Christus-Geist; im Schoße dieser Volksseelen ist der Goetheanismus entstanden. Es wird eine Auferstehung kommen, eine Auferstehung, die man sich nicht politisch vorstellen soll, eine Auferstehung, die ganz anders aussehen wird, aber eine Auferstehung wird es sein. Der Goetheanis­mus lebt nicht, der Goetheanismus ruht noch im Grabe für die äußere Kultur. Der Goetheanismus muß aber auferstehen.

Que la construction que nous avons tenté d'ériger ici sur cette colline en soit aussi le signe : nous nous proposons honnêtement, avec autant de courage qu'il est nécessaire dans le présent, d'amener le goethéanisme à la résurrection. Pour cela, nous devons toutefois avoir le courage de comprendre et de percer à jour ce goethéanisme qui s'est appelé ainsi jusqu'à présent, dans sa manière non-goethéenne, et d'aborder à l'essence même de Goethe. Nous devons justement ainsi apprendre à affirmer l'esprit de Goethe, comme la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle l'ont renié, l'ont renié dans tous les domaines possibles. Alors, le chemin de la connaissance spirituelle-scientifique, à gagner dans le sens absolu, sera lié au chemin historique du nouvel éveil du goethéanisme, mais aussi à l'impulsion qui peut venir de ce réveil de l'appel du goethéanisme, vers la nouvelle compréhension du mystère du Golgotha, vers la juste compréhension du Christ, telle qu'elle est nécessaire pour notre temps. Notre époque trouvera peut-être le guide vers le christianisme de l'avenir nécessaire à l'humanité tout de suite dans le non-chrétien decidé qu'est Goethe, qui a exigé, comme le Christ lui-même, que l'on ne dise pas toujours : Seigneur, Seigneur - mais qu'il porte son esprit dans son cœur et dans son esprit ; qui ne parle pas toujours comme goethéanisme : Christ, Christ, mais qui garde d'autant plus dans son cœur ce qui s'est écoulé comme réalité dans l'humanité à partir du mystère du Golgotha, afin que ce cœur transforme peu à peu le savoir abstrait et intellectualiste, le savoir de la nature de notre époque, en celui par lequel on peut voir dans les mondes suprasensibles, afin de donner à l'humain la force d'une connaissance plus profonde du monde et d'un façonnement digne de l'humain de la structure sociale. De cela nous reparlerons une prochaine fois plus avant.

29

Es sei auch dafür ein Zeichen der Bau, den wir versucht haben, hier auf diesem Hügel zu errichten, daß wir uns ehrlich vornehmen, so mutig, als es in der Gegenwart notwendig ist, uns vornehmen, den Goetheanismus zur Auferstehung zu bringen. Dazu müssen wir aller­dings den Mut haben, jenen Goetheanismus, der sich bisher so ge­nannt hat, in seiner ungoethischen Weise zu verstehen und zu durch­schauen und an Goethes Wesen selbst heranzutreten. Wir müssen ebenso lernen, Goethes Geist zu bejahen, wie ihn das Ende des 19. und der Anfang des 20. Jahrhunderts verleugnet haben, verleugnet haben auf allen möglichen Gebieten. Dann wird zusammenhängen der Weg der geisteswissenschaftlichen Erkenntnis, der im absoluten Sinne zu gewinnen ist, mit dem historischen Weg der Wiederauferweckung des Goetheanismus, aber auch mit dem Impuls, der aus dieser Ruf­erweckung des Goetheanismus kommen kann, zu dem neuen Ver­ständnis des Mysteriums von Golgatha, zu dem richtigen Christus-Verständnis, wie es für unsere Zeit notwendig ist. Den Wegweiser zu dem der Menschheit notwendigen Christentum der Zukunft wird unsere Zeit vielleicht gerade in dem dezidierten Nichtchristen Goethe finden, der so wie der Christus selber verlangt hat, daß man nicht immer sage : Herr, Herr — sondern seinen Geist in seinem Herzen und in seinem Gemüte trage ; der als Goetheanismus nicht immer spricht: Christ, Christus, der aber um so mehr von dem, was als Realität in die Menschheit vom Mysterium von Golgatha ausgeflossen ist, im Herzen bewahrt, damit dieses Herz das abstrakte und intellektualistische Wissen, das Naturwissen der Gegenwart allmählich umwandele in dasjenige, durch welches man hineinschaut in die übersinnlichen Welten, um dem Menschen Kraft zu geben für eine tiefere Erkenntnis der Welt und für eine menschenwürdige Gestaltung der sozialen Struk­tur. Davon wollen wir dann ein nächstes Mal weiter sprechen.

 

Français seulement


GA 188 - SIXIÈME CONFÉRENCE, 12 janvier 1919 - Le Goethéanisme comme ambiance d'attente

Crise de l'humanité à l'époque du Mystère du Golgotha ; affaiblissement des forces corporelles ataviques ; - renforcement de la force psycho/âmique-spirituelle par l'impulsion du Christ. Résurrection intérieure des anciens mystères comme fait historique, insaisissable pour la raison analytique ordinaire. Position de Goethe en rapport à la saisie de l'impulsion du Christ. Rayonnement des cultures du centre de l'Europe. La volonté à la destruction du centre européen. Le goethéanisme comme ambiance d'attente. La triarticulation du façonnement social de l'humanité. Le sentiment païen d'Isis. Le conte du serpent vert et du beau lys/de la belle Lilia. L'évolution de la personnalité de Goethe. L'influence de Shakespeare, Spinoza et Linné. Les œuvres inachevées de Goethe ("Secrets", "Pandora"). Le goethéanisme repose encore dans la tombe pour la culture extérieure, mais doit ressusciter et amener une nouvelle compréhension du Christ.

(Goethe, le païen qui exerce au/le Christ. La science de l'esprit orientée anthroposophiquement qui aiderait à cela ? Pour un renouveau du rapport à la nature et à la vie sociale (membrement/tri articulation via la nouvelle tripartition - division en trois domaines)

01
Ce que j'ai voulu faire remarquer hier, c'est que, d'un côté, le contenu réel, le contenu profond de l'impulsion du Christ, qui est venu dans le monde par le mystère du Golgotha, ne s'est pas entièrement communiqué à l'humanité en une seule fois, même au cours de la période relativement longue pendant laquelle il existe déjà un christianisme, mais que, dans tout l'avenir, de plus en plus du contenu de l'impulsion du Christ veut se communiquer à l'humanité ; qu'en d'autres termes, la parole du Christ Jésus est profondément vraie : " Je suis avec vous tous les jours, de par les tournants des temps." Et le Christ ne voulait pas être inactif parmi les humains, mais se manifester activement, pénétrer leurs âmes, les encourager, les fortifier ; de sorte que, si ces âmes savent ce qui se passe en elles, elles peuvent trouver le chemin, trouver le lien avec le Christ, se sentir fortes dans leur cercle terrestre.
02
Mais pour tout cela, il est nécessaire, tout de suite pour notre époque de l'âge de la conscience, dans la mesure où cela peut déjà être le cas aujourd'hui - et comme je l'ai dit, le contenu sera toujours plus clair et plus riche pour l'humanité -, de se rendre compte dès aujourd'hui de ce qui fait réellement partie de la révélation de l'impulsion du Christ. Pour bien comprendre ce point, il faut d'abord être imprégné de la connaissance que le genre humain a réellement évolué et changé au cours des temps terrestres. La meilleure façon de caractériser ce changement est de dire que si l'on regarde en arrière, dans des temps terrestres très, très anciens, bien avant le mystère du Golgotha, on trouve, en y regardant de plus près, que la corporéité de l'humain est encore plus spirituelle qu'elle ne l'est aujourd'hui. Et c'est cette corporéité de l'humain qui a fait surgir ces visions qui, d'une certaine manière, ont révélé le monde suprasensible à la clairvoyance atavique. Mais cette capacité, cette force de se familiariser avec le monde spirituel dans la clairvoyance atavique, s'est peu à peu perdue pour l'humanité. Et justement, au moment où le mystère du Golgotha a éclaté, il y avait une crise. C'est alors qu'a éclaté la crise qui a montré que la force de la corporéité de l'humain avait le plus diminué par rapport à la révélation du spirituel.
03
Or, à partir de ce moment-là, de cette crise, il devait se produire un renforcement du psycho-spirituel, de la force d'âme et spirituelle, correspondant à l'affaiblissement de la force du corps. Mais ici, dans le corps terrestre, nous devons compter avec l'instrument de notre corps. L'humain n'aurait tout simplement pas été capable d'acquérir le renforcement de son âme-esprit, qui est devenu nécessaire avec le déclin de la force corporelle, s'il n'avait pas été aidé par une région qui n'est pas la région terrestre, mais qui est extraterrestre, si quelque chose n'était pas arrivé sur la Terre depuis l'extérieur de la Terre : tout de suite l'impulsion du Christ. L'humain aurait été trop faible pour avancer lui-même.
04
Mais cela se voit tout particulièrement si l'on considère l'ancien système des mystères. À quoi servait donc cet être des mystères ? Dans l'ensemble, on peut dire que la grande et large masse de nos ancêtres - c'est-à-dire de nous-mêmes, car nous étions nous-mêmes, dans notre vie passée, les humains que nous appelons nos ancêtres - était, dans les temps très, très anciens, dotée d'une conscience beaucoup plus sourde qu'aujourd'hui. C'étaient des êtres plus instinctifs. Et ces humains n'auraient pas pu, dans cette nature instinctive, accéder à une connaissance qui est pourtant nécessaire au salut de l'humain, à son maintien, à sa conscience de force en devenir. C'est alors que certaines personnalités appelées par leur karma, qui ont justement été initiées aux mystères, ont pu annoncer aux autres, qui menaient une vie plus instinctive, les vérités que l'on peut appeler les vérités du salut. Mais cette proclamation n'était possible dans les temps anciens qu'à partir d'une certaine constitution de l'organisme humain, de l'être humain, qui n'existe plus aujourd'hui. Les cérémonies des mystères, les pratiques des mystères à travers les différents degrés consistaient à ce que l'humain devienne réellement un autre dans les mystères. On ne peut plus bien se l'imaginer aujourd'hui, parce que ce n'est pas possible à ce degré par de tels actes extérieurs -- je les ai décrits récemment pour les mystères égyptiens. La nature humaine a vraiment été transformée par la production de certaines émotions, de certaines expériences intérieures de l'âme, de telle sorte que le spirituel s'est détaché dans la conscience totale. Mais on prépara d'abord l'élève des mystères de telle sorte que ce spirituel ne se détache pas dans un état chaotique comme aujourd'hui dans le sommeil, mais que l'humain puisse réellement percevoir dans le spirituel. C'est la grande expérience qu'ont vécue les élèves des mystères : après leur initiation, ils connaissaient le monde spirituel comme l'humain connaît le monde physique et sensoriel par ses yeux et ses oreilles. Ils pouvaient alors annoncer ce qu'ils savaient de ce monde spirituel.
05
Mais le temps approchait où la nature humaine ne pouvait plus être transformée aussi facilement par ces activités qui étaient celles des anciens mystères. L'humain a changé au cours de l'histoire. Il fallait que quelque chose d'autre vienne, et cette autre chose, c'est que ce que l'humain a vécu à un certain niveau dans le mystère, la résurrection intérieure, s'est déroulé comme un fait historique sur le Golgotha. C'était donc devenu un événement historique. Un humain, Jésus - car en tant qu'humain se promenant à l'extérieur, il était justement l'humain Jésus -, avait traversé le mystère du Golgotha. Mais ceux qui étaient ses disciples intimes savaient qu'il était apparu vivant parmi eux après un certain temps - nous ne voulons pas en vérifier la façon aujourd'hui -, que donc la résurrection est une vérité.
06
Ainsi on peut dire qu'il y a eu un jour, au cours de l'évolution de l'humanité, le fait qu'en un endroit de la terre, un humain a surmonté la mort grâce à la force d'un extraterrestre, l'impulsion du Christ, de sorte que le dépassement de la mort a pu faire partie des expériences, des expériences de l'existence terrestre elle-même. Mais il s'était ainsi passé quelque chose dans l'évolution historique de l'humanité qui est tout de suite incompréhensible pour l'intellect/la raison analytique qui devait se développer particulièrement maintenant, qui se trouvait dans le progrès des humains. Car pour la raison analytique humaine, il n'est pas compréhensible qu'un être humain meure, soit enterré et ressuscite. Pour le salut de l'évolution terrestre, quelque chose était donc nécessaire, quelque chose devait se produire dans le processus physique de cette évolution terrestre, ce qui est incompréhensible pour la saine raison analytique, qui est justement bien utilisé en ce qui concerne l'être-là de nature. Et en fait, il est honnête de reconnaître que plus les humains avancent dans l'évolution de cette raison analytique - et l'évolution à l'âge de la conscience est de préférence l'évolution de l'intellectuel - d'autant plus l'événement du Golgotha doit devenir incompréhensible pour la raison analytique d'abord orientée vers la nature extérieure. De sorte que l'on peut dire : celui qui n'est conscient que du maniement de la raison analytique ordinaire, tel qu'elle est orientée vers l'être-là de nature, doit honnêtement s'avouer peu à peu qu'il ne comprend pas le mystère du Golgotha. Mais il doit se donner une secousse, parce qu'il doit quand même le comprendre. C'est l'essentiel, de pouvoir se donner un coup de pouce, de penser simplement au-delà du bon sens/de la saine raison analytique humaine. C'est l'essentiel, c'est quelque chose qui doit se produire comme une nécessité, se donner cette secousse pour pouvoir comprendre quelque chose d'apparemment incompréhensible pour la plus haute force humaine.
07
Plus le développement intellectuel, dont dépend l'épanouissement de la science, progresse, plus la compréhension du mystère du Golgotha doit s'effacer devant ce développement intellectuel. C'est aussi pour cette raison que ce ne sont pas les Hébreux cultivés, ni les Grecs cultivés, ni les Romains cultivés, qui ont d'abord été en quelque sorte historiquement choisis pour comprendre le mystère du Golgotha, de la sorte dont je vous l'ai expliqué ; ils l'ont transposé dans d'autres représentations, comme je l'ai expliqué hier, mais ce sont les barbares primitifs du Nord qui ont accueilli dans leurs âmes primitives le Christ qui est venu à eux, comme il est venu à Jésus de Nazareth. On peut déjà dire, dans le sens où je l'ai exposé hier, que le Christ est d'abord venu à l'humain Jésus de Nazareth dans l'événement du Golgotha. C'est là que l'humanité – l'humanité des Hébreux, l'humanité des Grecs, l'humanité des Romains - a été informée de ce qui s'est passé de plus important dans l'existence terrestre. Mais ensuite, le Christ est venu une nouvelle fois, il s'est uni aux humains qui peuplaient le nord, l'est de l'Europe, qui n'avaient pas la même éducation que les Hébreux, que les Grecs, que les Romains. Il ne s'est pas uni à un seul humain, il s'est uni aux âmes de peuple de ces tribus. Mais nous avons aussi dû le souligner hier : ces tribus se sont développées peu à peu. Elles devaient en quelque sorte rattraper/répéter à un cinquième niveau ce que les peuples hébreux, grecs et latins avaient vécu à un quatrième niveau. Et nous avons souligné hier que ce n'est qu'à l'époque de Goethe que l'ère de Platon a été atteinte par rapport à une étape ultérieure. Avec le goethéanisme lui-même, le platonisme de la Grèce, qui était pour la quatrième période post-atlantique, était revenu pour la cinquième période post-atlantique. On n'en était quand même pas encore aussi loin dans le goethéanisme qu'on se trouvait déjà face à la toute nouvelle conception/saisie du mystère du Golgotha, mais, comme je le disais hier, dans l'attente de cela.
08
Cet état d'esprit de l'humanité moderne face au mystère du Golgotha, on peut l'étudier correctement si l'on comprend vraiment la personnalité, mais maintenant la personnalité d'âme et d'esprit de Goethe. La question est une question spirituelle-scientifique à part entière : où se situe Goethe et ceux qui lui appartiennent/se rangent à lui, différents esprits qui ont été en contact avec lui, où se situe le goethéanisme au tournant du 18e et du 19e siècle par rapport à l'évolution de l'humanité, par rapport à la conception de l'impulsion du Christ ? - On pourrait d'abord se demander comment il se situe extérieurement dans l'évolution européenne, ce goethéanisme ?
09
Il sera bon de rappeler ce que je vous ai souvent dit au cours des années de notre temps catastrophique, il sera bon de rappeler la réponse à la question : d'où viennent les cultures périphériques européennes et leur progéniture américaine ? - Nous ne devons pas oublier : celui qui pose un regard impartial sur ces cultures périphériques européennes sait que la culture de l'Angleterre, de la France, de l'Italie, des Balkans, aussi loin qu'il est avancé, mais aussi, derrière elles, la culture de l'Europe de l'Est, est rayonnée par le centre de l'Europe ; elles sont toutes rayonnées. Ce serait bien sûr un terrible préjugé de croire que ce qui est aujourd'hui la culture italienne est autre chose que ce qui a rayonné du centre de l'Europe vers l'Italie, simplement recouvert de l'essence latine qui est restée dans la langue et dans la forme extérieure. Ce serait un terrible préjugé de croire que la culture anglaise est autre chose que ce qui a rayonné depuis le centre de l'Europe et qui, à vrai dire, a d'abord été entonné, aussi par la langue et d'autres choses de ce genre, en une autre essence, même beaucoup moins que l'essence italienne ou française. Mais tout ce qu'est la France, l'Angleterre, l'Italie, et même, à bien des égards, l'Orient européen, a rayonné à partir du centre de l'Europe. Et dans ce centre est resté ce qui s'est produit maintenant que les cultures ont rayonné, ce qui est resté comme le giron à partir duquel le goethéanisme s'est développé. Nous sommes aujourd'hui confrontés au fait, que l'on peut accepter sans émotion, que ce qui a rayonné à la périphérie travaille de toutes ses forces à détruire, à détruire aussi spirituellement âmiquement ce dont il a rayonné au centre de l'Europe. Un jour, le monde regardera ce phénomène le plus monstrueux de l'histoire de l'humanité d'une toute autre manière que dans notre présent, où ce monde s'apprête à adorer quatorze cadavres de pensées de l'Occident comme des idoles. Un jour, l'humanité comprendra qu'il s'est produit ce que l'on peut appeler la volonté absolue d'anéantir ce qui a rayonné de tous côtés. Le tragique de ce fait s'accomplira évidemment.
10
Car c'est dans la direction de ce fait qu'apparaît, dans une nouvelle étape de l'évolution de l'Europe, ce qui - à l'exception des dernières décennies, où l'on peut dire que d'autres forces ont agi - s'est amorcé et s'est développé au cours des siècles par le fait que du centre de l'Europe rayonnaient partout les traits personnels de ceux qui forment les cultures des côtés les plus divers. Oh, l'humanité est aujourd'hui si peu encline à se former un jugement impartial sur ce point ! Je peux dire que j'étais moi-même en relation étroite avec le travail de mon vieil ami Karl Julius Schröer, lorsqu'il étudiait les dernières traces qu'il fallait trouver pour donner à cette affaire une base scientifique entièrement sûre, les différents dialectes, les différentes langues, les différents caractères des parties du peuple qu'il faut considérer comme les parties allemandes de la Hongrie du Nord, de la Transylvanie et des différentes régions de l'Autriche. Celui qui considère tout ce qui se rattache aux dictionnaires et grammaires peu exigeants des Allemands de Spiš, des Saxons de Transylvanie, dans les études de Schröer, que j'ai menées en commun avec lui, en tant qu'explorateur de l'expansion de la culture d'Europe centrale, qu'il était, peut dire que Schröer est encore lié à un savoir qui n'est malheureusement plus du tout pris en compte aujourd'hui dans le tumulte et la tempête des événements. Mais que l'on regarde cette Hongrie, où une culture purement magyare devait être établie au cours des dernières décennies, depuis l'année 1867, que l'on regarde, non pas avec une fausseté politique et un aveuglement politique, une haine politique, que l'on regarde conformément à la vérité : on découvrira alors que dans les régions qui allaient être magyarisées par la suite en tant que pays de la Magyarentum, des gens sont venus du Rhin en tant que Saxons de Transylvanie, des gens de plus à l'ouest en tant qu'Allemands de Spiš, des gens de l'actuelle Souabe en tant qu'Allemands du Banat. Tout cela constitue le ferment qui forme la base de la culture magyare, sur laquelle s'est seulement déversé ce qui s'est ensuite formé très tard en tant que culture magyare. Mais à la base de cette culture magyare, il y a toujours eu - même si ce n'est pas dans ce qui est exprimable par la langue, mais dans les sentiments, dans les sensations, dans l'ensemble du folklore - ce qui est venu du centre de l'Europe à travers les siècles.
11
Aussi étonnant que cela puisse paraître, vous pourriez étudier la même chose pour toutes les régions périphériques de l'Europe, si vous preniez seulement l'histoire globale de l'Europe. A l'est, la vague slave est venue à l'encontre de ce qui est émis par le centre, elle a recouvert de la vague slave ce qui est émis par le centre ; la vague romane est venue de l'ouest. Et par un enchaînement tragique, qui a cependant une nécessité historique interne, la périphérie s'est alors retournée contre ce qui était resté dans le giron du centre ; elle s'est retournée de telle sorte qu'un fait est tout à fait clair à partir de ce retournement - on peut le croire ou non, on peut facilement s'en moquer ou le railler ou non : ce qui est resté au centre de l'Europe, ce qui est sorti du goethéanisme, compris spirituellement-âmiquement dans sa réalité et dans sa vérité, ne trouve aujourd'hui aucune compréhension dans la meilleure connaissance moyenne de la périphérie. Et on pourrait dire que partout, jusque dans les régions américaines, on parle de la véritable substance de l'être centre-européen comme si on n'en avait aucune idée. On ne peut pas en avoir la moindre idée. Mais l'histoire mondiale le révélera. C'est ce qui peut, dans un certain sens, nous donner la force de pouvoir nous y accrocher/tenir fermement.
12
Certes, je vous ai présenté ici, le soir de la Saint-Sylvestre, un tableau calculé par un humain qui sait bien compter, sur les conditions futures de l'Europe centrale. Elles ne seront pas différentes si tout cela se réalise, si une partie seulement de ce que veulent les pays périphériques se réalise. Mais cette Europe centrale, dont l'anéantissement est décidé en ce qui concerne l'existence extérieure, dont l'anéantissement s'accomplira probablement aussi dans un premier temps pour les prochaines années et décennies - car c'est ainsi qu'il en a été décidé par le conseil des puissances périphériques -, avait en son sein la dernière configuration de ce que nous avons caractérisé hier ; elle avait en son sein la dernière configuration de ce qui est pourtant important comme ferment pour l'évolution de l'humanité. Il faut que cela s'infiltre, il faut simplement que se poursuive cette évolution que je vous ai décrite pour le magyarisme. Ce rayonnement se poursuivra déjà.
13
Seulement, devra être compris, en particulier en Europe centrale, ce qui n'y a guère été compris au cours des dernières décennies : il devra être compris quelque chose de l'ordre de l'intention de la triarticulation de l'être/du système social, telle que je vous l'ai indiquée. C'est tout de suite l'Europe centrale qui sera appelée à comprendre cette triarticulation. Et peut-être que si cette Europe centrale n'a pas d'État extérieur, si cette Europe centrale est tragiquement obligée de vivre dans le chaos, alors seulement on commencera à comprendre qu'il faut surmonter les anciennes conceptions pour lesquelles la périphérie de l'Europe se bat actuellement, parce que ces anciennes conceptions ne pourront pas non plus être maintenues par la périphérie de l'Europe. L'ancien concept d'État disparaîtra ; il fera place à la division en trois parties/la tripartition. Et aussi dans cette vie extérieure, il devra entrer ce qu'est le goethéanisme. Qu'on l'appelle ainsi ou non, cela n'a aucune importance. L'essentiel, c'est que la vision du monde de Goethe préfigure ce qui doit devenir clair, tout simplement, en ce qui concerne l'organisation sociale extérieure de l'humanité. Mais on ne peut voir à travers tout cela que si l'on s'efforce de comprendre ce représentant, ce représentant le plus complet de l'être allemand, Goethe, qui est donc un représentant si complet de l'être allemand, parce qu'il est dépourvu de tout chauvinisme national ou de tout ce qui n'est que chauvinisme national. On doit essayer de saisir ce représentant des temps modernes, cet humain des plus modernes, en même temps que l'humain le plus fécond dans son essence pour la culture de l'esprit. Dans la compréhension de Goethe, on ne peut pas dire que l'humanité soit particulièrement avancée. Goethe se sentait lui-même comme un solitaire au sein de son environnement. Et même si Goethe était l'une de ces personnalités capables de développer de telles formes d'entregent - de développer aussi, si je puis dire, une telle habileté et une telle grâce dans les relations - qu'une relation possible s'établissait avec cet environnement : le véritable Goethe, celui qui vivait à l'intérieur de cet humain vivant à Weimar, qui apparut plus tard extérieurement comme un gros conseiller secret au double menton, l'humain intérieur qui vivait dans ce gros conseiller secret au double menton, se sentait seul. Et dans une certaine mesure, il est encore seul aujourd'hui. Il est seul pour une raison bien précise, et il devait se sentir seul. C'est peut-être ce sentiment de solitude culturelle, d'incompréhension, qui l'a poussé à prononcer plus tard cette étrange parole : "Les Allemands seront peut-être dans un siècle autres que ce qu'ils sont maintenant, ils seront peut-être alors devenus d'érudits, des humains.
14
Cette déclaration doit vraiment vous toucher au plus profond de votre âme. Car, voyez-vous, lorsque les Archives Goethe et Schiller et la Société Goethe ont été créées à Weimar après la mort du dernier petit-fils de Goethe, elles ont été fondées par une assemblée d'humains - en vérité, je veux le dire dans le meilleur sens du terme -, par une assemblée d'érudits. Le service Goethe/service de Goethe a été créé à l'époque par des humains, par des personnalités, qui n'étaient vraiment pas encore devenues des humains érudits. Oui, on peut aller encore plus loin. Vous savez à quel point j'admire Herman Grimm, l'historien de l'art, l'essayiste raffiné, et je n'ai jamais caché cette admiration et je vous ai parlé de différentes manières de l'admiration que j'ai pour Herman Grimm. Je vous ai aussi absolument avoué que je voyais dans le livre d'Herman Grimm sur Goethe le meilleur de ce qui a été écrit sur Goethe d'un point de vue biographique et monographique. Mais prenez maintenant ce livre de Herman Grimm : il est écrit avec un certain amour humain et une vision du monde ; mais cherchez à vous faire une idée de la figure de Goethe qui se présente alors devant vous, lorsque vous avez laissé ce livre agir sur vous ! Comment est cette figure de Goethe ? C'est quand même un fantôme, un spectre, pas le Goethe vivant ! On ne peut pas se débarrasser de ce sentiment si l'on prend ces choses au sérieux et avec dignité. Herman Grimm, s'il rencontrait Goethe aujourd'hui, ou s'il avait rencontré Goethe de son vivant, il aurait été prêt à dire à tout moment, parce qu'il a intégré la plus fervente vénération de Goethe dans la tradition qui s'est construite sur Goethe : Goethe est prédestiné à devenir le roi spirituel non seulement de l'Europe centrale, mais de l'humanité entière. - Oui, Herman Grimm aurait aussi tout fait, si cela avait dépendu de lui, pour servir comme héraut, s'il s'était agi de faire de Goethe le roi de la formation/culture/éducation terrestre. Mais on ne peut pas se débarrasser de l'autre sentiment : si Herman Grimm avait commencé à vouloir parler à Goethe, ou Goethe à Herman Grimm, Herman Grimm n'aurait guère trouvé de compréhension pour le fond de l'être de Goethe. Car ce qu'il décrit dans son livre est certainement le meilleur de ce qu'il a connu de Goethe, mais rien d'autre que l'ombre que Goethe a projetée sur tout son entourage, l'impression qu'il a faite sur son époque. Il n'y a rien, mais pas la moindre chose de ce qui vivait dans l'âme de Goethe ; un fantôme de l'époque des XVIIIe et XIXe siècles, pas celui qui vivait dans les profondeurs de Goethe.
15
C'est un phénomène étrange, qu'il faut se représenter en tout sérieux et en toute dignité. Et si l'on regarde maintenant à partir de celui-ci - non pas le goethéanisme, mais cette communauté d'adeptes de Goethe, qui est vraiment, même cent ans après Goethe, beaucoup plus savante qu'humaine -, si l'on regarde en arrière vers Goethe lui-même, alors on aperçoit avant tout une chose parmi les diverses grandeurs, parmi les diverses grandeurs qui se présentent à nous chez Goethe. Prenez "Les secrets", qui a été récemment lu ici par Madame le Dr. Steiner, prenez le fragment de Pandore, le fragment de Prométhée, prenez d'autres choses, prenez le fait que "La fille naturelle" ne contient que la première partie d'une trilogie qui n'a pas été achevée, prenez le fait que dans ce fragment s'exprimait une grande chose qui vivait en Goethe : vous avez alors le fait étrange, tout à fait étrange, que lorsque Goethe s'est mis à exprimer une grande chose, il n'est pas arrivé au bout, parce qu'il a été assez honnête pour ne pas arrondir, pour ne pas achever la chose extérieurement, comme le font aussi les poètes et les artistes, mais pour s'arrêter lorsque la force intérieure de la source s'est tarie. D'où tant de choses inachevées. Mais la chose va encore plus loin. La chose va si loin que l'on peut dire : Le "Faust" est certes achevé du point de vue extérieur, mais combien de choses sont pourries à l'intérieur du "Faust", combien de choses sont dans le "Faust" qui sont comme la figure de Méphistophélès soi-même ! - Lisez ce que j'ai présenté sur Faust, sur la figure de Méphistophélès, dans le petit livre Goethe qui est paru récemment, où je parle de la façon dont Goethe a placé dans Méphistophélès une figure qui n'existe pas vraiment, dans la mesure où les deux figures, Lucifer et Ahriman, se sont mélangées et tourbillonnent de façon chaotique. Et au cours de cette semaine, vous trouverez représentées ici les dernières scènes avant l'apparition d'Hélène, avant le début du troisième acte de la deuxième partie de "Faust" : quelque chose que Goethe a achevé dans ses grandes années, quelque chose qui, d'un côté, est grandiose, profond, puissant, mais qui, d'un autre côté, bien qu'achevé à l'extérieur, est tout à fait inachevé à l'intérieur, contient partout les prémices de ce qui se trouvait dans les aspirations de Goethe, mais ne voulait pas entrer dans son âme. Si l'on regarde "Faust" sous l'angle de sa taille humaine, on a devant soi une œuvre gigantesque ; si on le regarde sous l'angle de la grandeur qui vivrait en lui si Goethe avait pu faire sortir de son temps tout ce qui se trouvait dans son âme même, on a devant soi une œuvre pourrie, fragile, qui est partout inachevée en soi.
16
C'est peut-être le testament le plus puissant que Goethe ait laissé à ses descendants, qu'ils ne se contentent pas de se réclamer de lui comme un savant aujourd'hui, ou même comme un humain qui est instruit d'une certaine manière. C'est facile, mais Goethe n'a pas rendu notre position à son égard aussi facile. Goethe doit vivre parmi nous comme un être vivant et continuer à être ressenti et pensé. Le plus important dans le goethéanisme ne se trouve pas chez Goethe, parce que Goethe n'était pas en mesure, à son époque, de le faire passer du spirituel dans son âme, parce que partout il n'y a que des prémices pour cela. Goethe exige de nous que nous travaillions avec lui, que nous pensions avec lui, que nous ressentions avec lui, que nous poursuivions sa tâche, comme s'il était partout derrière nous, nous tapant sur l'épaule et nous donnant des conseils. En ce sens, tout le XIXe siècle et jusqu'à notre époque a, on peut le dire, abandonné Goethe. Et la tâche de notre époque est de retrouver le chemin de Goethe. Au fond, rien n'est plus étranger au véritable goethéanisme que l'ensemble de la culture terrestre extérieure de la fin du XIXe siècle ou même du XXe siècle, à l'exception de certaines activités spirituelles qui ont été menées. Il faut retrouver le chemin de Goethe par la science de l'esprit orientée anthroposophiquement.
17
Seul peut le comprendre celui qui est en mesure de répondre correctement à la question : où se tenait en réalité Goethe ? Vous avez de Goethe l'aveu le plus honnête de l'humanité - je l'ai caractérisé hier -, à savoir qu'il partait en fait du paganisme, comme cela correspondait aussi au platonisme de son époque. Le garçon se dresse un autel païen de la nature. L'homme Goethe ne reçoit alors pas les influences les plus fortes de l'ecclésiologie chrétienne traditionnellement héritée, qui lui est au fond toujours resté étrangère, car sa vision du monde est la vision du monde de l'attente face à la nouvelle conception du mystère du Golgotha. Ceux qui, dans l'ancien sens traditionnel, professaient confortablement la foi chrétienne de l'Église, ou qui, même au sein de cette foi chrétienne de l'Église, voulaient réaliser toutes sortes de réformes simplement extérieures, ceux-là ne lui étaient vraiment pas intérieurement apparentés spirituellement-psychiquement/âmiquement. En fait, il ressentait toujours la même chose qu'à l'époque où il l'exprimait, lorsqu'il faisait un voyage avec deux chrétiens apparemment bons, Lavater et Basedow, avec deux personnes qui se tenaient sur un christianisme d'église certes avancé, mais néanmoins ancien : "Prophète à droite, prophète à gauche, l'enfant du monde au milieu". C'est en fait ce qu'il ressentait lorsqu'il se trouvait entre deux humains de son époque. Car il le disait aussi : face aux chrétiens qui l'entouraient, il était toujours le non-chrétien décidé, tout de suite parce qu'il devait préparer l'humanité à l'ambiance/l'humeur-Christ pleine d'attente.
18
Et c'est ainsi que nous voyons que trois humains ont, d'une manière étrange, la plus grande influence sur sa culture de l'esprit. Ces trois humains sont en fait absolument des personnes qui, d'une certaine manière, sont des enfants du monde. Des prédicateurs chrétiens ordinaires n'auraient pas été appropriés pour Goethe. Les trois personnalités qui ont eu la plus grande influence sur lui sont : premièrement, Shakespeare ; pourquoi Shakespeare a-t-il eu une telle influence sur Goethe ? Tout simplement parce que Goethe voulait construire un pont entre l'humain et le surhumain, non pas à partir d'une abstraite puissance de la règle, non pas à partir d'une intellectualité perméable, mais à partir de l'humain soi-même. Goethe avait besoin de s'accrocher à l'humain pour trouver, au sein de l'humain, le passage de l'humain au surhumain. C'est ainsi que nous voyons Goethe lutter pour façonner, former l'humain, comme Shakespeare l'a fait jusqu'à un certain point, pour élaborer à partir de l'humain. Observez donc comment Goethe prend en main "L'histoire de Gottfrieden von Berlichingen avec la main de fer", son auto-biographie ; comment, en changeant le moins possible, il dramatise cette histoire, forme le premier personnage de son "Götz von Berlichingen" ; comment il en forme ensuite un deuxième personnage, déjà plus transformé, déjà plus façonné, puis un troisième personnage. Goethe cherche d'une certaine manière à se frayer un chemin honnêtement personnel, en ce qu'il rattache a l'humanité de Shakespeare, mais veut, à partir de cette humanité, en façonner la sur-humanité.
19
Il le peut en premier lorsque, lors de son voyage en Italie - il suffit de lire ses lettres - il croit pouvoir reconnaître, à partir de ce qui lui est proche, à partir des œuvres d'art grecques, comment les Grecs agissaient selon les mêmes intentions, les intentions divines, que celles de la nature elle-même. Il avait besoin de sa vraie voie, de sa vraie voie individuelle, vécue personnellement. Il ne pouvait pas croire à ce que son entourage lui disait ; il devait trouver sa propre voie.
20
Le deuxième esprit qui a eu une influence énorme sur lui était certainement un non-chrétien déterminé, à savoir Spinoza. En Spinoza, il avait la possibilité de trouver le divin comme l'humain trouve le divin lorsqu'il veut se frayer un chemin de l'humain au surhumain. Les pensées de Spinoza sont en fait la dernière expression pour l'ère de l'intellectualité, de l'ancienne approche hébraïque de Dieu. En tant que telles, les pensées de Spinoza sont très éloignées de l'impulsion-Christ. Mais les pensées de Spinoza sont telles que l'âme humaine y trouve en quelque sorte les fils auxquels se raccrocher lorsqu'elle cherche ce chemin : là, à l'intérieur de l'humain, là est mon essence ; de cette essence humaine, je cherche à pénétrer plus avant dans le surhumain. - Cette voie qu'il pouvait suivre, qu'il ne devait pas seulement se faire prêcher, qu'il pouvait suivre en suivant Spinoza, cette voie, Goethe la considérait en un certain sens, à un certain âge de sa vie, comme la sienne.
21
Et le troisième esprit qui a eu la plus grande influence sur lui, c'est Linné, le botaniste. Pourquoi Linné ? Linné parce que Goethe ne voulait pas d'une quelque autre science botanique, d'une autre science des êtres vivants que celle qui place simplement les êtres vivants les uns à côté des autres dans l'ordre, comme l'a fait Linné. Toutes les pensées abstraites, qui élaborent toutes sortes d'idées sur les classes de plantes, les genres de plantes et ainsi de suite, n'étaient pas proches de Goethe. Ce qui lui importait, c'était de laisser agir sur lui, en Linné, un humain qui mettait les choses les unes à côté des autres. Car Goethe voulait, d'un point de vue plus élevé que ceux qui observent les plantes de manière abstraite, suivre dans sa façon ce que Linné a consciencieusement juxtaposé comme formes végétales, comme l'esprit agit/règne par cette juxtaposition.
22
Ce sont tout de suite ces trois esprits qui, au fond, ont pu donner à Goethe ce qui n'était pas dans le centre de sa vie intime, mais qu'il devait recevoir de l'extérieur, ce sont tout de suite ces esprits qui ont eu l'influence la plus forte sur lui. Goethe lui-même n'avait rien de shakespearien, car lorsqu'il est arrivé au sommet de son art, il a créé sa "Fille naturelle", qui n'a vraiment rien de l'art de Shakespeare, mais qui tend vers un tout autre côté ; mais il n'a pu développer son être le plus intime qu'en se formant à partir de Shakespeare. La vision du monde de Goethe n'a rien d'un spinozisme abstrait, mais ce que Goethe avait au plus profond de lui-même comme chemin vers Dieu, il ne pouvait l'acquérir que chez Spinoza. La morphologie de Goethe n'a rien de la juxtaposition des êtres organiques comme chez Linné, mais Goethe avait besoin de pouvoir prendre chez Linné ce qu'il n'avait pas lui-même. Et ce qu'il devait y ajouter était nouveau.
23
Et c'est ainsi que Goethe grandit, grandit dans ses années quarante, formé par Shakespeare, Linné et Spinoza, passé par les conceptions de l'art qui s'offraient à lui en Italie, où il disait face aux œuvres d'art : "Là est la nécessité, là est Dieu". Et comme il était de son temps, il se passait en lui, d'une manière fortement inconsciente, mais aussi, jusqu'à un certain point, consciente, ce que l'on peut appeler son passage devant le gardien du seuil. Et maintenant, si vous considérez son passage devant le Gardien au début des années quatre-vingt-dix du XVIIIe siècle, comparez les mots qui résonnent comme les paroles d'adoration adressées à Isis dans l'Égypte ancienne, dans ce livre qui vient de vous être présenté par Madame le Dr. Steiner, où Goethe se sent encore tout à fait païen, avec ce qui se présente à vous dans un imaginaire puissant dans le "Conte du serpent vert et de la belle Lilia" : vous avez alors le chemin de Goethe hors du paganisme vers le christianisme. Mais là, se tient en images ce qu'alors Goethe était après son passage par le lieu du seuil, après son passage au gardien du seuil ; là se tient en images ce qu'il ne pouvait pas lui-même décomposer/désarticuler à mesure de pensées pour les gens, mais qui sont pourtant/quand même des images puissantes. Qu'est-ce que l'on est obligé de faire si l'on veut comprendre le Goethe qui a écrit le "Conte du serpent vert et de la belle Lilia " ? Comparez ce qui est écrit dans le livret de Goethe déjà présenté sur le "Conte du serpent vert et de la belle Lilia" : C'est un fait auquel on se heurte lorsque l'on considère que Goethe a créé ce «Conte du serpent vert et de la belle Lilia» comme une immense imagination après son passage chez le gardien du seuil.
23
Ce "Conte du serpent vert et de la belle Lilia" est né de l'âme transformée, après que cette âme a surmonté le sentiment païen tel qu'il s'exprime encore dans l'hymne en prose : "Nature, nous sommes entourés et enlacés par elle. Sans être invité ni averti, elle nous prend dans le cercle de sa danse et nous entraîne avec elle jusqu'à ce que nous soyons fatigués et échappions à son bras ... Même ce qui n'est pas naturel est nature ... . Tout est sa vie, et la mort n'est que son artifice pour avoir beaucoup de vie - et ainsi de suite, cette humeur/ambiance païenne d'Isis, elle se transforme en vérités profondes, impossibles à saisir maintenant par la raison analytique, qui résident dans les puissantes imaginations du "Conte du serpent vert et de la belle Lilia", où Goethe montre justement comment tout ce que l'humain peut trouver par la science empirique extérieure ne peut conduire qu'à l'illumination/la feufolâtrerie des feux follets ; mais comment ce que l'humain doit développer au plus profond de lui-même le conduit à développer les forces de son âme de telle sorte qu'il puisse prendre pour modèle le serpent qui se sacrifie, qui sacrifie son propre être au cours de l'évolution de l'humanité, afin que le pont puisse être construit entre les deux royaumes du sensible et du suprasensible, entre lesquels s'élève le temple, le nouveau temple, par lequel on peut avoir le sentiment du royaume/de l'empire suprasensible.
24
Certes, dans ce "Conte du serpent vert et de la belle Lillia", il n'est pas question du Christ. Mais de même que le Christ n'exigeait pas d'un bon disciple qu'il dise toujours : "Seigneur, Seigneur !", de même n'est pas un bon chrétien celui qui dit toujours : "Christ, Christ ! - La manière dont les images sont conçues/saisies, la manière dont l'âme humaine est pensée dans sa transformation dans le "Conte du serpent vert et de la belle Lillia", la suite des pensées, la force des pensées, tout cela est chrétien, c'est le nouveau chemin vers le Christ. Car pourquoi ? Il y avait déjà de nombreuses interprétations de ce conte à l'époque de Goethe ; depuis, il y en a eu beaucoup d'autres. Nous avons essayé d'éclairer ce conte du point de vue de la science de l'esprit. Je peux parler ici de ce conte, car il est permis de le dire dans ce cercle. C'est à la fin des années quatre-vingt du XIXe siècle que le bouton de ce conte s'est ouvert pour moi, si je peux m'exprimer trivialement. Je n'ai jamais quitté le chemin qui doit mener de plus en plus loin à la compréhension de Goethe à l'aide de ces puissantes imaginations qui sont mises en œuvre dans le "Conte du serpent vert et de la belle Lillia". On a la permission de dire que la raison analytique, qui nous guide très bien pour trouver des vérités de science de la nature, la raison analytique qui nous guide très bien à gagner la vision extérieure de la nature tout de suite dans sa fleur/floraison dans la mesure du temps actuel et ses rapports, cette raison analytique échoue complètement si on veut comprendre ce conte. Là est nécessaire que l'on se laisse féconder sa raison analytique par les representations de la science de l'esprit. Là, vous avez transposé dans notre temps et dans ses conditions ce qui est nécessaire à toute l'humanité pour la compréhension du mystère du Golgotha.
25
Pour comprendre le mystère du Golgotha, la raison analytique doit d'abord être formée. Elle doit se donner une épine dorsale. Pour la compréhension de la nature extérieure, elle n'a pas besoin de cette épine dorsale. Il est devenu de plus en plus impossible à la culture latine comme à la culture germanique - à la culture latine parce qu'elle est trop forte dans la décadence, à la culture germanique parce qu'elle ne s'est pas encore élevée jusqu'à ce développement - de former l'âme à partir de la simple intellectualité jusqu'à ce qu'elle puisse trouver le nouveau chemin pour comprendre le mystère du Golgotha. Mais si vous développez en vous la possibilité de transformer les forces de l'âme de telle sorte que vous commenciez à trouver, en tant que langage intérieur conforme à la nature, le passage à l'imagerie à laquelle Goethe aspirait, alors vous entraînez vos forces de l'âme de telle sorte que vous trouviez le chemin vers la nouvelle compréhension du mystère du Golgotha. C'est de cela qu'il s'agit.
26
Goethe n'est pas seulement important par ce qu'il a produit, Goethe est surtout important par ce qu'il fait de notre âme, si nous nous plongeons avec dévotion dans son essence la plus intime. Alors l'humanité pourra peu à peu trouver consciemment le chemin qui mène au gardien du seuil, un chemin que Goethe a heureusement/pour le bon bonheur encore emprunté inconsciemment, c'est pourquoi il n'a pas pu achever les œuvres dans lesquelles il voulait s'exprimer le plus profondément. Un scintillement et une lueur de conscient et d'inconscient, d'atteignable et d'inaccessible, vivaient justement dans l'âme de Goethe. Lorsque nous laissons agir sur nous des choses comme les "secrets", lorsque nous laissons agir sur nous des choses comme la "pandore", comme toutes les choses que Goethe n'a pas achevées, nous avons le sentiment que dans cet inachèvement se trouve quelque chose qui doit se détacher dans l'âme des descendants de Goethe, et qui doit être achevé comme une grande construction/structure de l'esprit.
27
Goethe était solitaire. Par rapport à ce que Goethe était vraiment, Goethe était seul, seul dans son développement/évolution. Le goethéanisme a beaucoup de choses cachées. Mais même si le XIXe siècle n'a pas encore accompli le fait que les savants sont devenus des humains, tandis que Goethe s'est imposé une conception humaine du monde à partir de l'érudition, c'est tout de suite l'évolution qui doit progresser à l'aide de l'impulsion de Goethe. J'ai dit hier et je répète aujourd'hui que la force liée au mystère du Golgotha s'est unie une fois, dans une province peu connue de l'Empire romain, à l'humain unique qu'était Jésus de Nazareth, puis aux âmes de peuple d'Europe centrale. Mais elle est ensuite allée en l'intérieur. Et de ce qui se tissait en l'intérieur en Europe centrale sont nées des réalisations comme celles de Goethe et de tout le goethéanisme. Mais c'est justement le XIXe siècle qui a beaucoup fait pour laisser le goethéanisme reposer dans sa tombe. Dans tous les domaines, le XIXe siècle a tout fait pour laisser le goethéanisme reposer dans la tombe.
28
Ces érudits qui ont fondé la Société Goethe à Weimar à la fin des années 1880 se sont montrés bien plus aptes à être les fossoyeurs du goethéanisme qu'à réveiller quoi que ce soit de ce goethéanisme. Le temps n'est certainement pas venu pour la vie extérieure dans laquelle le goethéanisme peut déjà vivre. Cela est lié à ce dont nous avons beaucoup parlé maintenant : le renouvellement spirituel-scientifique des âmes humaines. Quoi qu'il arrive à cette Europe qui veut maintenant se suicider dans un certain sens, la tombe que creuse en premier lieu l'inconscience de la culture moderne, cette tombe sera aussi une tombe d'où quelque chose renaîtra. J'ai déjà indiqué que l'esprit du Christ s'est lié aux âmes de peuples centre-européennes et que le goethéanisme est né dans le sein de ces âmes de peuple. Il y aura une résurrection, une résurrection que l'on ne doit pas se représenter politiquement, une résurrection qui aura un tout autre aspect, mais ce sera une résurrection. Le goethéanisme ne vit pas, le goethéanisme repose encore dans la tombe pour la culture extérieure. Mais le goethéanisme doit ressusciter.
29
Que la construction que nous avons tenté d'ériger ici sur cette colline en soit aussi le signe : nous nous proposons honnêtement, avec autant de courage qu'il est nécessaire dans le présent, d'amener le goethéanisme à la résurrection. Pour cela, nous devons toutefois avoir le courage de comprendre et de percer à jour ce goethéanisme qui s'est appelé ainsi jusqu'à présent, dans sa manière non-goethéenne, et d'aborder à l'essence même de Goethe. Nous devons justement ainsi apprendre à affirmer l'esprit de Goethe, comme la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle l'ont renié, l'ont renié dans tous les domaines possibles. Alors, le chemin de la connaissance spirituelle-scientifique, à gagner dans le sens absolu, sera lié au chemin historique du nouvel éveil du goethéanisme, mais aussi à l'impulsion qui peut venir de ce réveil de l'appel du goethéanisme, vers la nouvelle compréhension du mystère du Golgotha, vers la juste compréhension du Christ, telle qu'elle est nécessaire pour notre temps. Notre époque trouvera peut-être le guide vers le christianisme de l'avenir nécessaire à l'humanité tout de suite dans le non-chrétien decidé qu'est Goethe, qui a exigé, comme le Christ lui-même, que l'on ne dise pas toujours : Seigneur, Seigneur - mais qu'il porte son esprit dans son cœur et dans son esprit ; qui ne parle pas toujours comme goethéanisme : Christ, Christ, mais qui garde d'autant plus dans son cœur ce qui s'est écoulé comme réalité dans l'humanité à partir du mystère du Golgotha, afin que ce cœur transforme peu à peu le savoir abstrait et intellectualiste, le savoir de la nature de notre époque, en celui par lequel on peut voir dans les mondes suprasensibles, afin de donner à l'humain la force d'une connaissance plus profonde du monde et d'un façonnement digne de l'humain de la structure sociale. De cela nous reparlerons une prochaine fois plus avant.