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Collection: 08 - L'IMPULSION SOCIALE ANTHROPOSOPHIQUE
Sujet : Instincts sociaux et antisociaux dans l'humain
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA186 158-187 (1990) 12/12/1918
Traducteur : revu par FG v. 01/20170912
Ancienne traduction : Marie-France Rouelle et Gudula Gombert
Editeur: SITE
Dervy

 

Le temps lui-même parle bien assez clairement pour que nous appliquions tout de suite les sentiments et observations que nous gagnons grâce à notre travail d'approfondissement selon la science de l'esprit, aussi sur les rapports de ce temps, sur la vie dans ce temps. Et pas seulement les rapports extérieurs du temps parlent un langage clair, mais nos façons de voir selon la science de l'esprit elles-mêmes justifient donc d'une certaine manière ce langage. Nous sommes donc partis dans tant de nos considérations d'un fait fondamental de l'évolution humaine : du fait que cette évolution s'accomplit par des étapes se succédant, dont tout d'abord les importantes, celles qui nous concernent actuellement en priorité, ont commencées, comme nous le savons, avec la grande catastrophe atlantéenne. De ces époques postatlantéennes, quatre se sont déjà écoulées, tandis que nous vivons actuellement dans la cinquième étape. Cette étape de l'évolution dont le début se situe au XVe siècle de notre ère chrétienne est celle que nous pouvons appeler celle de l'âme de conscience.

D'autres forces de l'âme humaine ont été particulièrement développées dans les autres périodes de culture. Dans notre période de culture, qui a succédé à l'époque gréco-latine, dans la première moitié du XVe siècle, l'humanité devrait développer l'âme de conscience de proche en proche. Dans la précédente, qui commence au VIII` siècle avant J.-C. pour s'achever au XVe siècle de notre ère, l'humanité a surtout développé l'âme de raison ou âme d'entendement (NDT : aah, la « Gemütseele », cette âme en tranquille équilibre intérieur par une raison synthétique non dépourvue de sensibilité. Difficile au pays de Descartes !) conformément aux exigences de culture.

Maintenant, nous n'avons pas besoin de nous embarquer dans la caractérisation de ces étapes, mais nous voulons voir surtout ce qu'est la particularité de notre époque, cette époque ne compte encore que relativement peu de siècles. Car une telle époque dure donc en moyenne un peu plus de deux mille ans. Il reste donc encore beaucoup à accomplir dans cette ère de l'âme de conscience. En cette époque de l'âme de conscience la tâche de l'humanité civilisée sera de saisir l'être humain entier/dans sa totalité, de le placer sur lui-même, d'élever dans la pleine lumière de la conscience beaucoup, extraordinairement beaucoup de ce que l'humain, dans des époques anciennes a senti instinctivement, jugé instinctivement.

N'est-ce pas, beaucoup de difficultés et beaucoup de chaotique qui se déroulent autour de nous dans notre époque sera en fait aussitôt explicable quand on sait que la tâche de notre époque est d'élever l'instinctif dans la conscience. Car l'instinctif se passe dans une certaine mesure de soi-même, mais ce qui devrait se passer consciemment, cela exige que l'humain s'efforce intérieurement, qu'il commence avant toutes choses à penser véritablement à partir de son être tout entier. Et l'humain redoute cela. C'est quelque chose que l'humain ne fait pas volontiers : prendre consciemment part à l'organisation des rapports du monde. En outre, repose ici un point sur lequel les humains s'abusent encore beaucoup de nos jours. Les humains pensent aujourd'hui : maintenant oui, nous vivons donc tout de suite à l'époque du développement des pensées, - les humains sont fiers de penser davantage aujourd'hui qu'autrefois. Mais d'emblée, c'est une tromperie, une illusion, une des nombreuses illusions dont vit l'humanité aujourd'hui. Ce qui rend si fiers les humains, cette saisie de pensées, c'est très souvent instinctif. Et ce qui cherche à s'exprimer dans cette cinquième époque postatlantéenne de l'âme de conscience ne pourra faire progressivement surface que lorsque l'instinctif, qui est apparu au cours de l'évolution humaine et s'exprime aujourd'hui dans cette fierté au sujet de la pensée, deviendra actif, quand les facultés intellectuelles ne jailliront plus uniquement du cerveau, mais de l'humain tout entier, quand l'intellectuel lui-même deviendra seulement une part de la vie spirituelle entière, quand ce sera élevé à distance du rationaliste et élevé dans l'imaginatif, l'inspiratif et l'intuitif. Ce qui vient au-devant de l'être humain d'aujourd'hui, qui peut d'ores et déjà lui indiquer que même les pensées les plus quotidiennes (2) lui indiquent sur ses singularités particulières dans cette époque, c'est ce que l'on doit évoquer toujours de nouveau : l’émergence de la question sociale ainsi nommée.

Mais celui qui s'est approfondi avec sérieux dans notre science de l'esprit orientée selon l'anthroposophie pourra très facilement arriver au sentiment que ce qui constitue l'essentiel dans l'édification d'un ordre social, qu'on l'appelle étatique ou autrement, doit provenir de ce que l'être humain développe à partir de lui-même, de ce qu'il peut développer à partir de lui-même avec la tâche de régler l'échange d'être humain à être humain. Tout ce que l'humain développe à partir de lui correspond naturellement à certaines impulsions qui finalement reposent quand même dans notre vie psycho-spirituelle. Quand on considère la chose ainsi, on pourra demander : oui, ne doit-on pas surtout diriger l'attention sur les impulsions sociales, sur ce qui veut sortir de la nature humaine en tant qu'impulsions sociales ?

Appelons, mais ce en quoi nous ne pensons pas à quelque chose de purement animal, ces impulsions sociales, ma foi des instincts sociaux, [147], mais ce en quoi nous sommes déjà soucieux que l'instinct ne devrait pas être pensé uniquement inconscient et instinctif, mais que, quand nous parlons d'instincts sociaux, nous pensons : nous nous tenons à l’époque de la conscience et l'instinct veut justement monter dans la conscience.
Quand maintenant sera fait valoir une telle chose : il y a des instincts sociaux , ils veulent se réaliser – là commence aussitôt, tout de suite à notre époque, à nouveau la terrible unilatéralité qui devrait être calmement contemplée, parce qu'elle devra être surmontée. L'être humain dans notre temps est tant enclin à regarder toutes les choses unilatéralement ! C'est toujours ainsi comme quand on voulait laisser valoir seulement le mouvement du pendule après un côté, sans jamais considérer qu'il peut donc osciller du point central vers un des côtés sans osciller ensuite également vers l'autre côté. Justement aussi peut qu'un pendule peut osciller seulement vers un côté, justement aussi peu les instincts sociaux peuvent s'exprimer en l'humain vers un seul côté. Aux instincts sociaux s'opposent simplement dans la nature humaine évidemment, à cause de cette nature humaine, les instincts antisociaux. Et exactement ainsi que dans la nature humaine il y a des instincts sociaux, il y a des instincts antisociaux. Cela doit être considéré avant toutes choses. Car les dirigeants et agitateurs sociaux s'adonnent à la grande illusion qu'ils ont seulement besoin de répandre une quelque façon de voir ou semblable, ou besoin d'en appeler à une quelque classe d'humains, laquelle est la volontaire ou encline à cultiver les instincts sociaux quand il s'agit de façon de voir. Oui, cela est justement une illusion, de procéder ainsi, car là on ne compte pas avec ce que justement ainsi que les instincts sociaux sont là, les instincts antisociaux se font toujours valoir. Ce dont il s'agit aujourd'hui, c'est de pouvoir regarder ces choses en face. On peut seulement les regarder en face sans illusion du point de vue d'une observation selon la science de l'esprit. On aimerait dire : les humains passent en dormant à côté de ce qui est le plus important dans leur vie s'ils refusent d'envisager cette vie du point de vue de la contemplation selon la science de l'esprit.

Nous devons nous demander : Qu'en est-il en fait des relations d'être humain à être humain en ce qui concerne les instincts sociaux et antisociaux ? Voyez-vous, un se-tenir-en-vis-à-vis d'humain à humain d'après sa réalité, au fond quelque chose de bien compliqué ! Nous devons, j'aimerais dire, saisir le cas des yeux de manière radicale. Bien sûr, le se-tenir-en-vis-à-vis est un différent, se différencie d'après les différents rapports, mais nous devons envisager le signe caractéristique commun à tous ces se-tenir-en-vis-à-vis. Nous devons nous demander : Que se passe-t-il en fait là dans la réalité, - pas purement dans ce qui s'offre aux perceptions extérieures -, qu'est-ce qui se passe dans cette réalité, quand un humain fait face à un autre ? Là se passe rien de moins qu'une certaine force agit d'humain à humain. L'être face à face signifie simplement qu'une certaine force passe d'un humain à un humain.

Nous pouvons en ce que nous faisons d'humain à humain nous tenir face à face indifférents dans la vie, pas une fois en pures pensées et sentiments, même quand nous sommes éloignés l'un de l'autre d'après l'espace. Quand nous avons n'importe comment à veiller pour l'autre humain, lorsque nous avons à créer une quelque possibilité d'échange, ainsi agit une force qui passe d'un humain à l'autre. C'est donc ce qui repose à la base de la vie sociale. C'est cela, qui, quand cela se ramifie, s'entremêle, fonde en fait la structure sociale des humains. On obtient naturellement le phénomène le plus purement quand on pense à l'échange immédiat d'être humain à être humain : là, existe l'effort/le soucis, par l'impression que l'un fait sur l'autre, que l'être humain sera endormi. C'est donc quelque chose de permanent dans la vie sociale : qu'un humain sera endormi par l'autre, avec lequel il se tient dans l'échange. Perpétuellement - le physicien dirait – la tendance latente, est là, que dans l'échange social un humain endort l'autre.

Pourquoi est-ce alors ainsi ? Oui, voyez-vous, cela repose sur une disposition très importante de l'ensemble de l'entité de l'humain. Cela repose sur le fait qu'au fond, avec la conscience ordinaire actuelle, ce que nous nommons instincts sociaux ne se développe en réalité de manière juste à partir de l'âme de l'homme que lorsque celui-ci dort. Vous êtes, aussi loin que vous ne montez pas à la clairvoyance, en fait seulement imprégnés d'instincts sociaux quand vous dormez. Et seul ce qui venant du sommeil continue d'agir lorsque vous êtes éveillé, agit en tant qu'instinct social. Mais quand vous savez cela, vous n'avez pas besoin de vous étonner sur ce que l'être social veut vous endormir par le rapport d'humain à humain. Dans le rapport d'humain à humain devrait se développer l'instinct social. Il peut seulement se développer dans le sommeil. Par cela se développe dans l'échange d'humain à humain la tendance d'endormir l'autre afin justement d'établir un rapport social.

Cela est un fait qui est frappant, mais qui s'offre justement aussitôt à l'observateur de la réalité de la vie. Notre échange d'humain à humain consiste en ce qu'avant toutes choses notre patrimoine de représentation sera endormi dans cet échange, en vue de l'installation d'instincts sociaux d'humain à humain.

Mais vous ne pouvez naturellement pas perpétuellement circuler dans la vie en dormant. La tendance, à établir des instincts sociaux, consiste déjà en que vous devriez perpétuellement avoir une tendance à dormir. Les choses dont je parle se produisent naturellement subconsciemment, mais ne se produisent pas moins réellement et n'en pénètrent pas moins perpétuellement notre vie. Il y a donc tout de suite pour l'établissement d'une structure sociale de l'humanité une inclination perpétuelle à endormir.

Quelque chose d'autre œuvre encore contre cela. Il œuvre le perpétuel s'opposer contre [149] cette tendance, quand justement vous dormez. Ainsi que, quand vous faites face à un humain, vous vous tenez toujours dans le conflit suivant : parce que vous lui faites face se développe en vous toujours la tendance à dormir, la tendance à vivre dans le sommeil, parce que vous n'avez pas la permission de vous perdre, de sombrer dans le sommeil, la force contraire se met en mouvement en vous afin de vous maintenir éveillé. Cela se joue toujours dans la relation d'humain à humain : tendance à endormir, tendance à se tenir éveillé. Mais, dans ce cas, la tendance à rester éveillé est antisociale ; c'est l'affirmation de l'individualité propre, de la personnalité individuelle face à la structure sociale dans la société. Simplement en ce que nous sommes être humain parmi les humains, notre vie intérieure de l'âme oscille entre le social et l'antisocial. Et ce qui vit ainsi en nous comme ces deux instincts, ce qui est à observer entre humain et humain, quand on voit se faire face humain et humain l'un à l'autre et les observe de manière occulte, cela domine notre vie. Lorsque nous prenons des dispositions – et pour la conscience actuelle très avisée, ces dispositions s'éloignent encore tant de la réalité - elles sont quand même une expression de ce rapport de pendule entre les instincts sociaux et antisociaux. Les économistes aimeraient réfléchir sur ce qu'est le crédit, le capital, la rente, etc.; ces choses qui font la légité dans l'échange social, sont seulement les coup du pendule de ces deux instincts, des instincts sociaux et des instincts anti sociaux.

Voyez-vous, à ces choses devrait s'attacher raisonnablement, réellement scientifique, celui qui pense à trouver les remèdes dans ce temps. Car d'où vient alors que l'exigence sociale se soulève à notre époque ? Maintenant, nous vivons à l'époque de l'âme de conscience, où l'humain doit apprendre à se placer sur lui-même. De quoi est-il avisé là ? Il est avisé, pour atteindre sa tâche, sa mission dans notre cinquième époque postatlantéenne, à s'affirmer, à ne pas se laisser endormir. Il est tout de suite avisé pour sa position dans le temps, de développer les instincts antisociaux. Et la tâche de notre époque ne pourrait pas être atteinte si tout de suite, les instincts antisociaux, par lesquels l'humain se place au sommet de sa propre personnalité, ne deviennaient pas toujours plus puissants et plus puissants. Aujourd'hui, l'humanité n'a encore aucune idée de la puissance avec laquelle ces instincts devront se développer sans relâche jusque dans le troisième millénaire. Tout de suite afin que l'humain se grandisse correctement, les instincts antisociaux doivent se développer.

À des époques antérieures, le développement des instincts antisociaux n'était pas le pain spirituel de vie de l'évolution de l'humanité. C'est pourquoi on n'avait pas besoin de leur placer aucun contrepoids et ne leur en plaçait aucun. En notre temps, où l'humain pour l'amour de lui-même, pour l'amour de son soi individuel, doit développer les instincts antisociaux parce que justement l'humain est soumis à l'évolution contre laquelle ne se laisse rien faire -, là doit venir ce que l'humain oppose maintenant à ces instincts antisociaux : une structure sociale grâce à laquelle l'équilibre de cette tendance de l'évolution sera maintenu. À l'intérieur les instincts antisociaux doivent agir afin que l'humain atteigne le sommet de son développement; à l'extérieur dans la vie sociétale, la structure sociale doit œuvrer afin que l'humain ne perde pas l'humain dans le contexte de la vie. C'est pourquoi l'exigence sociale de notre époque n'est pour ainsi dire rien d'autre que le contrepoids nécessaire à la tendance d'évolution intérieure de humanité.

Vous en voyez bien aussitôt qu'avec une observation partiale absolument rien n'est fait. Pensez une fois, que, ainsi que les humains vivent maintenant une fois, certains mots - je ne veux pas du tout parler d'idées ou de sentiments -, certains mots reçoivent une «valence», des valeurs déterminées. Maintenant donc, «antisocial», cela reçoit ainsi quelque chose qui fait l'effet d'un antipathique, on regarde cela comme quelque chose de mauvais. Bien, seulement on ne peut pas beaucoup se faire du souci si cela sera regardé ou non comme quelque chose de mauvais, parce que c'est quelque chose de nécessaire, -que ce soi mauvais, que ce soi bon – c'est justement tout de suite dans notre époque en pendant avec les tendances nécessaires de l'évolution de l'humain. Et quand quelqu'un se présente en affirmant que les instincts antisociaux devraient être combattus, ainsi c'est un non-sens entièrement ordinaire, car ils ne peuvent pas être combattus. Ils doivent, conformément à la tendance tout à fait normale de l'évolution de l'humanité, se saisir de l'être intérieur de l'humain dans notre époque. Il ne s'agit pas de trouver des recettes pour combattre les instincts antisociaux, mais ce qui compte, c'est d'élaborer, d'organiser les institutions sociales, la structure, l'organisation de ce qui repose à l'extérieur de l'individu humain, ce que n'englobe pas l'individu humain, de manière à créer un contrepoids à l'instinct antisocial qui œuvre au-dedans de l'être humain. C'est pourquoi il est si nécessaire que l'être humain, dans cette époque, avec tout son être sera détaché de l'ordre social. Sinon ni l'un ni l'autre peuvent être purs.

Voyez-vous, jadis on avait des états, on avait des classes. Notre époque aspire par-dessus les états, aspire par-dessus les classes, Notre époque ne peut plus répartir les humains en classes, mais elle doit laisser valoir l'être humain dans sa totalité et le placer dans une structure sociale où seul ce qui est séparé de lui est articulé socialement. C'est pourquoi j'ai dit hier, au cours de la conférence publique : à l'époque gréco-latine, l'esclavage pouvait encore régner, là l'un était le maître, l'autre l'esclave; les hommes étaient répartis. Ce qui nous reste de cette époque, c'est ce qui place le prolétaire [151] dans un tel état d'énervement : que sa force de travail est une marchandise, que donc quelque chose qui est en lui est encore organisé de manière extérieure. Cela doit disparaître. Et pourra seulement être articulé socialement ce qui n'est pas pendant à l'humain : sa position, l'endroit où il est placé, mais pas quelque chose qui est en lui.

Tout ce qu'on reconnaît de cette manière concernant l'évolution nécessaire de la vie sociale doit aujourd'hui être véritablement saisit dans le sens où, de même qu'on ne peut, par exemple, prétendre savoir compter sans avoir appris la table de multiplication, on peut tout aussi peu avoir la prétention de participer au débat sur les réformes sociales ou autres choses analogues, sans avoir appris ce que nous sommes en train de caractériser concrètement aujourd'hui, à savoir qu'il existe un socialisme et un anti-socialisme. Les humains qui, occupant les postes les plus importants de notre organisation étatique ou sociale, se mettent aujourd'hui à parler d'exigences sociales, sont, pour celui qui sait, par exemple comme quelqu'un qui voudrait commencer la construction d'un pont au-dessus d'un fleuve impétueux sans jamais avoir seulement appris le principe du parallélogramme des forces ! Ils aimeraient bien construire un pont, celui-ci s'écroulera à la première occasion. Et ainsi apparaissent les dirigeants sociaux ou encore ceux qui soignent aujourd'hui d'autres institutions sociales : leurs institutions s'avéreront impossibles à la première occasion, car ces choses exigent que nous travaillions avec la réalité et non pas contre elle. Cela est ainsi infiniment important qu'une fois sera enfin fait sérieusement avec j'aimerais dire, le nerf vital de notre genre d'esprit (NDT : Geistesartung) orientée selon l'anthroposophie.

Une des impulsions qui nous anime sur le domaine de notre mouvement anthroposophique est quand même celle que nous portons dans une certaine mesure dans la vie humaine entière ce que la plupart des humains laissent seulement valoir durant pour leur prime jeunesse : quand nos cheveux sont peut-être devenus gris depuis longtemps, nous nous asseyons encore sur les bancs de l'école, l'école de la vie, toutefois. Cela est aussi une des différences car nous faisons vis-à-vis de ces humains dehors, qui croient être quittes pour le reste de leur existence, du moment que jusqu'à l'âge de 25, 26 ans, ils ont musardé et vadrouillé, non, je veux dire suivi des cours, étudié ! Alors il y a donc tout au plus encore quelque bon divertissement personnel, n'est-ce pas, ou du genre, par quoi on s'approprie encore l'un ou l'autre. Mais c'est ce qui se présente fondamentalement à nous comme sentiment devant l' âme en ce que nous nous approchons du nerf de notre mouvement de science de l'esprit : que l'humain a vraiment à apprendre tout au long de sa vie s'il veut avoir grandi aux tâches de cette vie. C'est très important que nous nous pénétrions aussi de ce sentiment. Quand n'est pas rompu avec cette croyance qu'on peut tout dominer grâce aux dispositions acquises jusqu'à la vingtième ou vingt-cinquième année, qu'il suffit alors seulement de se rassembler au parlement ou ailleurs pour pouvoir décider de tout, aussi longtemps que ne sera pas rompu avec cette façon de voir, avec ce sentiment, aussi longtemps rien de quelque peu salutaire pourra advenir dans la structure sociale des humains.

Étudier les rapports changeants du social et de l'antisocial, c'est tout de suite extraordinairement significatif pour nos jours. Mais l'antisocial, nous pouvons l'étudier purement, car il repose, comme je l'ai expliqué, dans l'évolution de notre époque que cet antisocial appartient tout de suite au plus important qui doit se créer une validité et a à se développer en nous-mêmes. Cet antisocial peut seulement être maintenue dans un certain équilibre par le social, mais le social doit être cultivé, doit être cultivé consciemment. Et cela sera, dans les faits, de plus en plus difficile dans notre époque parce que l'autre, l'antisocial, est en fait le naturel. Le social est le nécessaire, cela devra être cultivé. Et on verra que, dans cette cinquième époque postatlantéenne, est disponible une tendance de laisser tout de suite le social hors d'attention quand on s'abandonne purement à soi-même, quand on n'intervient pas activement, quand on ne fait pas avec dans l'activité de l'âme. Ce qui est nécessaire et doit être acquis très consciemment, tandis qu'autrefois cela se faisait valoir instinctivement dans l'être humain, c'est tout de suite l'intérêt d'être humain à être humain. le nerf fondamental de toute vie sociale est l'intérêt d'humain à humain.

Il semble aujourd'hui encore presque paradoxal quand on dit : les humains n'arriveront à gagner aucun éclaircissement sur ce qu'on appelle les difficiles concepts d'économie nationale quand l'intérêt de l'humain pour l'humain ne grandi pas, quand les humains ne commenceront pas à relier aux réalités les images trompeuses qui règnent dans la vie sociale. Voyez-vous, qui pense ainsi sans plus que simplement par le fait la qualité de membre (NDT Gliedlichkeit) de l'ordre social dans lequel il se tient dans l'ordre social, il est en fait toujours dans un rapport complexe d'être humain à être humain ? Supposez que vous ayez un billet de cent francs dans la poche et que vous utilisez ce billet de cent francs au cours d'une matinée où vous vous promenez et achetez, achetez tant que vous dépensez. Oui, que signifie que vous sortiez avec un billet de cent francs en poche? Le billet de cent francs est en fait une chose d'apparence, est d'aucune valeur dans la réalité et le serait aussi pas même si c'était de l'argent-métal (NDT ou une pièce de monnaie en métal). Je ne veux pas parler aujourd'hui des métallistes et des nominalistes dans le domaine de la théorie de l'argent ; mais même lorsque c'est un argent-métal, c'est en fait une chose d'apparence, en fait d'aucune valeur. L'argent s'insère en effet entre deux autres choses, et c'est uniquement parce qu'il existe un certain [153] ordre social, aujourd'hui justement un ordre social purement étatique, que le billet de cent francs que vous dépensez dans la matinée, pour les plus diverses choses, n'est rien d'autre que l'équivalent pour tant et tant de jours de travail de tant et tant d'humains.

Tant et tant d'humains doivent effectuer tant et tant de jours de travail, tant et tant de travail humain doit affluer dans l'ordre social humain, se cristalliser en marchandise afin qu'absolument la valeur apparente d'un billet de banque devienne une valeur réelle - mais seulement sur commandement de l'ordre social. Le billet de banque vous donne seulement le pouvoir de mettre à votre service tant et tant de travail, respectivement de disposer de tant et tant de travail. Quand vous avez en esprit l'image devant vous : là j'ai le billet, il me transfère la force de la position sociale, dans laquelle je me tiens, le pouvoir sur tant et tant d'ouvriers, et quand vous voyez maintenant : heure pour heure du jour, d'autres vendent le travail de ces ouvriers comme valeur équivalente, comme valeur équivalente réelle de ce que vous avez dans votre porte-monnaie comme billet de cent francs : alors pour la première fois, vous avez l'image de la réalité.
Nos rapports sont devenus si compliquées que nous ne prêtons plus aucune attention à ces choses, en particulier quand elles ne se conçoivent pas ainsi aisément. J'ai pris un exemple aisé où la chose est facile. Avec la difficile économie nationale (4) du capital, de la rente et du crédit, où la chose repose entièrement compliquée, là les professeurs d'université eux-mêmes ne s'y connaissent pas, je pense les économistes nationaux, dont la fonction serait justement de s'y connaître. De là vous pouvez déjà déduire comment dans ces choses est bien nécessaire que les choses seront maintenant correctement regardées. Naturellement, nous ne pouvons pas aussitôt aujourd'hui nous occuper de réformer l'économie nationale qui est tombée dans un état de détresse par ce qu'on apprend aujourd'hui comme étudiant en économie nationale. Mais nous pouvons au moins nous demander, en rapport à la pédagogie du peuple et du genre : qu'est-ce qui est de nécessité afin que la vie sociale soit mise consciemment en vis-à-vis à la vie antisociale intérieure ?. Qu'est ce qui est de nécessaire là ? Je disais qu'il serait difficile à notre époque de trouver l'intérêt véritable d'être humain à être humain. Vous n'avez pas l'intérêt correct quand vous pensez pouvoir vous acheter quelque chose pour un billet de cent francs et ne pensez pas que cela conditionne un rapport social à tant et tant d'êtres humains et à leurs forces de travail. Vous avez alors en premier l'intérêt correct, quand, pour chaque action d'apparence telle que l'échange de marchandises pour un billet de cent francs, vous pouvez la remplacer dans votre image par l'acte réel qui est lié avec elle.

Voyez-vous, les purs bavardages, j'aimerais dire, égoïstes, qui réchauffent le cœur en affirmant que nous aimons notre semblable et que nous manifestons cet amour dès la toute prochaine occasion, ces bavardages ne font pas la vie sociale. Cet amour est la plupart du temps un amour effroyablement égoïste. Bien des gens prêtent assistance à leurs semblables de manière patriarcale/paternaliste, grâce au butin, pourrait-on dire, dont ils se sont d'abord emparés, pour se procurer ainsi un objet pour leur égoïsme qui leur permettra vraiment de se réchauffer intérieurement en pensant : Tu fais ceci, tu fais cela. On n'imagine pas à quel point une grande part du prétendu amour de bienfaisance est en réalité de l'égoïsme masqué.

Il ne s'agit pas d'envisager seulement ce qui nous est le plus proche et qui, en réalité, est soumis à notre amour-propre; non, ce qui compte, c'est de nous sentir le devoir de diriger notre regard sur la structure sociale aux multiples ramifications dans laquelle nous vivons. Pour cela, nous devons au moins créer les bases nécessaires, mais aujourd'hui les humains qui sont enclins à le faire sont très rares.

J'aimerais au moins discuter un principe du point de vue de la pédagogie populaire et c'est celui-ci : Comment pouvons-nous absolument placer consciemment les instincts sociaux vis-à-vis des antisociaux qui se développent naturellement ? Comment pouvons-nous les cultiver ainsi que l'intérêt d'être humain à être humain, qui dans cette époque de l'âme de conscience s'est terriblement atrophié, naisse véritablement en nous, qu'il se développe toujours et encore, et que nous ne connaissions pas le repos lorsque par hasard il cesse ? Des abîmes séparent déjà les humains d'aujourd'hui ! Les humains ne soupçonnent pas à quel point ils passent les uns devant les autres sans se comprendre le moins du monde. Le désir de se mettre vraiment à la portée d'autrui, de sa spécificité personnelle, est aujourd'hui complètement insignifiant. Nous avons d'un côté ce cri de la socialité, et de l'autre côté l'irruption toujours plus importante du pur instinct antisocial. On voit bien à quel point les humains passent en aveugles les uns près des autres, lorsqu'ils se réunissent au sein de divers cercles ou sociétés. Ces réunions ne sont même pas l'occasion de mieux se connaître. Les gens peuvent se côtoyer pendant des années sans se connaître davantage qu'au premier jour de leur rencontre. Or c'est cela tout de suite ce qui est important, qu'à l'avenir, je dirais, on développe le social de façon systématique pour faire face à l'antisocial. Il existe pour cela divers moyens sur le plan intérieur, le plan de l'âme. Nous pouvons par exemple essayer de jeter plus souvent un regard rétrospectif sur notre vie personnelle présente, sur notre incarnation actuelle, tenter d'avoir une vue d'ensemble de ce qui s'est passé dans notre vie, entre nous et tous ceux qui sont entrés dans cette vie. Si nous sommes sincères, nous nous dirons, du [155] moins la plupart des humains : cette entrée de beaucoup d'humains dans notre vie nous regardons cela encore aujourd'hui quand même le plus souvent ainsi que nous plaçons notre propre personne aussi au point central de notre rétrospective. Qu'avons nous eu de telle ou telle personne, qui est entrée dans notre vie ? Voilà ce que nous nous demandons conformément à notre ressenti, et voilà justement ce que nous devrions combattre. Nous devrions essayer de placer devant notre âme l'image des personnes que nous avons connues, professeurs, amis ou autres personnes nous ayant soutenus, ou de celles qui nous ont fait du tort et envers lesquelles nous sommes parfois plus redevables qu'envers celles qui nous ont servis. Nous devrions faire défiler ces images devant notre âme, nous représenter de façon bien vivante ce que chacun a fait pour nous à nos côtés. En procédant ainsi, nous apprendrons peu à peu à nous oublier nous-mêmes et nous découvrirons qu'en réalité presque tout ce qui nous touche ne pourrait pas exister si telle ou telle personne, nous encourageant, nous enseignant, ou de quelque autre façon, n'était pas intervenue dans notre vie.

Alors en premier, nommément quand nous regardons en arrière sur des années écoulées depuis longtemps et sur des personnes avec lesquelles nous ne sommes peut-être plus en relation et envers lesquelles nous arrivons donc plus facilement à l'objectivité, se montrera à nous comment la substance psychique/d'âme de notre vie sera aspirée par ce qui a pris influence sur nous. Notre coup d'oeil s'étend sur une foule de gens qui au fil du temps ont défilé face à nous. Quand nous essayons de développer un sens pour tout ce que nous devons à l'une ou l'autre de ces personnes, de nous voir nous-même de cette manière dans le miroir de ceux qui au cours du temps ont ouvrés sur nous et étaient ensemble avec nous, alors se détache progressivement -, nous pourrons en faire l'expérience - un sens de nous, qui consiste dans ce qui suit : parce que nous nous serons exercés à trouver des images des personnes auxquelles nous étions pendantes par le passé, un sens se dégagera de notre âme qui nous permettra d'arriver maintenant aussi à une image vis-à-vis de l'être humain que nous rencontrons dans le présent, à qui nous nous tenons alors face à face dans le présent. Et c'est le considérablement important que s'éveille en nous l'instinct/la motivation de ne pas ressentir face à l'autre, quand nous lui faisons face, pas purement d'après les sympathies et les antipathies, de ne pas purement laisser s'éveiller en nous l'instinct d'aimer ou détester toujours quelque chose à l'humain; mais d'éveiller en nous une image dépourvue d'amour et de haine, de comment l'autre est. Vous ne ressentirez peut être pas que ce que je dis maintenant, est quelque chose d'énormément important. C'est quelque chose d'important. Car cette faculté de rendre présent en soi, sans haine ni amour, une image de l'autre humain, de laisser ressusciter l'autre humain psychiquement en soi, c'est une qualité qui, avec chaque semaine dans l'évolution de l'humain j'aimerais dire, disparaît plus ou moins chaque jour, c'est quelque chose que les hommes perdent peu à peu entièrement. Ils passent les uns à côté des autres sans que s'éveille en eux l'instinct/la motivation de laisser l'autre s'éveiller en eux-mêmes. Mais c'est quelque chose qui devra être soigné consciemment. C'est quelque chose qui doit aussi rentrer dans la pédagogie des enfants et d'école : cette faculté de développer le patrimoine imaginatif à l'être humain. Car à l'humain nous pouvons tout d'abord vraiment développer le patrimoine imaginatif, quand nous ne craignons pas, au lieu de ce qui aujourd'hui sera rechercher dans les sensations de la vie, faire silencieusement en nous-mêmes cette rétrospective qui place nos relations passées aux humains devant l'âme. Alors nous arriverons aussi dans la situation de nous comporter d'une manière imaginative envers les humains qui viennent à notre rencontre dans le présent. Alors nous opposerons l'instinct/la motivation social/e à ce qui se développe nécessairement toujours davantage de manière inconsciente : l'instinct antisocial. Ceci est une chose.

L'autre est quelque chose qui pourra être rattachée à cette rétrospective des relations aux personnes : c'est que nous tentions de devenir toujours plus objectif vis-à-vis de nous-mêmes. Là nous devons à nouveau retourner en des temps antérieurs. Mais là, nous pouvons, j'aimerais dire, partir directement sur les faits eux-mêmes, réfléchir par exemple, quand vous avez — disons — trente, quarante ans, à la chose suivante : oui, comment était-ce alors que j'avais dix ans ? Je veux tout d'abord me représenter une fois entièrement dans la situation, je veux me représenter ainsi que je me représenterais un autre garçon de dis ans ou une autre fille de dix ans, je veux vraiment m'efforcer de m'objectiver. Cet acte de s'objectiver, ce se-détacher dans le présent de son passé, ce dépouillement du je de ses expériences, à cela nous devons particulièrement aspirer dans le présent ; car le présent a la tendance que je rattache toujours de plus en plus aux vécus. Aujourd'hui l'être humain veut être là entièrement instinctif à ce que lui donnent ses vécus. C'est pourquoi c'est si difficile d'atteindre l'activité que donne la science de l'esprit. Elle demande à l'esprit un effort toujours renouvelé, et il n'est pas question de se reposer sur ses acquis. Vous remarquerez d'ailleurs qu'avec le seul acquis si commode de la mémoire, on n'arrive à rien dans la véritable science de l'esprit. On oublie les choses, il faut toujours les cultiver de nouveau ; mais c'est justement ce qui est bon et juste. En effet, celui qui a bien progressé dans le domaine de la science de l'esprit essaie chaque jour de placer devant son regard les choses les plus élémentaires; les autres ont honte de le faire. Dans la science de l'esprit, rien ne doit dépendre du fait qu'on retient les [157] choses au moyen de la mémoire, car tout dépend de ce qu'on les saisit dans l'expérience immédiate du présent. Il nous faut donc acquérir cette faculté de nous objectiver, d'imaginer ce gamin ou cette gamine comme s'il s'agissait d'une personne inconnue, de nous efforcer toujours davantage de nous libérer de notre vécu, d'être à l'âge de trente ans de moins en moins dépendant des impulsions de l'enfant de dix ans qui continuent à mener leur vie fantomatique en nous. Se libérer de son passé ne signifie pas le renier, mais le retrouver d'une autre façon, et cela est quelque chose d'infiniment d'important. Donc, d'une part, nous cultivons consciemment l'instinct social, l'impulsion sociale, lorsque nous nous créons les imaginations relatives à l'être humain actuel en jetant un regard rétrospectif sur les êtres appartenant à notre passé, et en nous considérant nous-mêmes psychiquement comme le produit de ces humains. D'autre part, grâce à notre objectivation, nous acquérons la possibilité de développer directement l'imagination de nous-mêmes. Cette objectivation des périodes passées nous est alors utile si elle n'agit pas inconsciemment en nous. Réfléchissez à cela : si inconsciemment, le jeune garçon ou la jeune fille de dix ans continue à vivre en vous, vous êtes donc l'humain de trente ou quarante ans, flanqué de surcroît de l'enfant de dix ans, mais celui de onze ans, de douze ans, etc., vous accompagnent aussi. L'égoïsme atteint alors une puissance incroyable. Il diminuera toujours davantage si vous vous dégagez de votre passé, si vous l'objectivez, si de plus en plus il devient objet. Voilà ce qu'il est significatif que nous devons saisir des yeux.

Et ainsi sera la condition préalable fondamentale – cela devrait aujourd'hui être rendu toujours plus clair au peuple qui, ignorant et de manière illusoire, dresse des exigences sociales - : il devrait régner de la raison comment l'humain se transforme en premier lui-même en un être agissant socialement, en ce que tout de suite les instincts antisociaux doivent justement sortir pour l'élévation de la nature humaine.

Qu'est-ce qui sera alors fait ?
Vous trouverez l'entière signification de ce que j'ai maintenant exposé en réfléchissant à ce qui suit. Voyez-vous, en 1848 parut le premier écrit dans une certaine mesure efficace qui aujourd'hui continue d'agir même dans le socialisme le plus radical, dans le bolchevisme : « Le manifeste communiste » de Karl Marx (5), dans lequel a été résumé ce qui de multiples manières règne diversement dans les esprits et aussi dans les cœurs des prolétaires. Karl Marx put conquérir le monde prolétarien pour la simple raison qu'il a exprimé ce que le prolétaire comprend, ce qu'il pense parce qu'il est prolétaire. Ce « Manifeste communiste », dont je n'ai pas besoin de vous expliquer le contenu, est parut donc en 1848. Ce fut le premier document, le premier semis de ce que nous voyons monté comme fruit maintenant, après que d'autres choses opposées ont été détruites. On y trouve une phrase, un mot d'ordre que presque toute la littérature socialiste reprend aujourd'hui : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Voilà une phrase qui a fait le tour de toutes les réunions socialistes possibles, «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ». Qu'est-ce qu'elle exprime alors ? Elle exprime la chose la plus non-naturelle qu'on puisse se penser pour notre époque. Elle exprime une impulsion pour la socialisation, pour l'association/la fusion d'une certaine masse d'humains. Sur quoi cette union, cette socialisation devra être construite ? Sur le contraire, sur la haine de ceux qui ne sont pas prolétaires. La socialisation, le rapprochement des humains devrait être bâtis sur la séparation ! Vous devez seulement bien réfléchir à cela et observer la réalité de ce principe dans ce qui, comme illusion réelle – quand j'ai la permission d'utiliser l'expression, vous le comprendrez - est apparu tout d'abord en Russie, à présent aussi en Allemagne, dans les pays autrichiens et progressera toujours plus loin – et plus loin. Il s'agit de la chose la plus contre-nature qui puisse exister, parce qu'elle exprime d'une part la nécessité de la socialisation, et que d'autre part elle édifie justement celle-ci sur l'instinct le plus antisocial qui soit, c'est-à-dire sur la haine de classes, l'opposition entre les classes.

Mais il est nécessaire de regarder ces choses seulement dans une lumière plus haute, sans quoi on ne va pas bien loin et on ne peut, depuis la place que l'on occupe dans le monde, agir de manière salutaire dans le cours de l'évolution de l'humanité. Et il n'y a aujourd'hui aucun autre moyen en dehors de la science de l'esprit pour vraiment voir ces choses un sens global, cela signifie pour comprendre son temps. Tout de suite ainsi qu'on a peur de s'intéresser à l'esprit et à l'âme qui sont à la base de l'homme physique, on ne veut pas non plus, parce qu'on a peur et qu'on est sans courage, s'intéresser à ce qu'on ne peut saisir qu'avec l'esprit dans la vie sociale. Les gens ont peur, ils se bandent les yeux; comme l'autruche, ils mettent la tête dans le sable pour ne pas voir ces choses qui sont pourtant très réelles, très significatives, à savoir que lorsqu'un humain fait face à l'humain, l'un est toujours s'efforçant à endormir l'autre qui, de son côté, lutte constamment pour se tenir éveillé. C'est pourtant, pour parler comme Goethe, le phénomène primordial de la science sociale. Mais il dépasse les connaissances que peut posséder une pensée purement matérialiste, cela intervient dans ce qu'on peut seulement saisir quand on sait que, dans la vie humaine, on ne dort pas seulement lorsqu'on paresse ou qu'on dort lourdement pendant des heures, mais que la tendance au sommeil agit aussi perpétuellement dans ce qu'on appelle la vie de veille, qu'en fait les mêmes forces, qui nous réveillent le matin et nous endorment le soir, agissent perpétuellement [159] dans la vie la plus quotidienne, et que ce sont elles qui par leur jeu réalisent le social et l'antisocial. Aucune réflexion sur l'ordre social humain, aucune disposition des plus particulières ne pourront aboutir à quoi que ce soit si l'on ne s'efforce pas de vraiment regarder ces choses en face.

Partant de ce point de vue, il est nécessaire de ne pas non plus se voiler la face devant les réalités qui se répandent sur la terre, mais de les observer. Que pense le socialiste d'aujourd'hui? Il pense qu'il lui suffit d'imaginer des slogans sociaux, des maximes socialistes ou bien encore d'appeler les hommes de toutes les nations : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! », pour qu'il soit possible ensuite d'établir une sorte de paradis sur toute la terre, sur un plan international comme on dit aujourd'hui.

Or c'est là une des plus grandes illusions, une des plus pernicieuses qu'il peut y avoir ! Les humains ne sont pas seulement l'humain abstrait, mais ils sont des humains concrets. Ce qui repose à la base, est que chaque être humain est une individualité. C'est ce que j'ai essayé de mettre en valeur dans ma « Philosophie de la liberté » (6), vis-à-vis du nivellement du kantisme (7) et du socialisme. Mais les humains sont aussi différenciés par groupes sur toute la terre. Et nous voulons discuter une de ces différences afin que nous puissions voir qu'on ne peut pas simplement dire : Tu commences par établir un certain ordre social à l'ouest, tu continues ton œuvre en traversant l'est et ensuite en parcourant toute la Terre; lorsque tu as terminé, tu reviens. De même qu'on faisait jadis un voyage autour du monde, on veut aujourd'hui étendre le socialisme à la Terre entière et on considère celle-ci comme une boule dont on ferait le tour en partant de l'ouest pour arriver à l'est. Mais les hommes sont différenciés, et dans cette différenciation vit tout de suite à nouveau une impulsion, si je peux me permettre l'expression, un moteur du progrès.

De cette manière vous le voyez établit que tout de suite tout particulièrement l'âme de conscience doit venir à l'expression à notre époque. J'aimerai dire qu'aujourd'hui, par exemple, seuls les hommes de la population anglophone sont en réalité parés, grâce à leur sang, leurs qualités de naissance, leurs dispositions héréditaires, pour que l'âme de conscience s'imprime dans l'humanité. L'humanité est donc bien différenciée, et les hommes des peuples anglophones sont ceux qui possèdent aujourd'hui tout spécialement les dispositions nécessaires pour développer l'âme de conscience; d'une certaine manière, ils sont les représentants de cette cinquième époque postatlantéenne, ils sont formés pour cela.

C'est d'une autre façon que les hommes de l'est doivent représenter, accomplir l'évolution correcte de l'humanité. Sur ces territoires de l'est qui s'étendent de la Russie jusqu'à l'arrière-pays asiatique, qui ne constituera qu'une sorte de renfort, c'est ainsi, que maintenant tout de suite a lieu un assaut, un s'opposer à cette évidence instinctive du développement de l'âme de conscience. Les humains de l'est ne veulent pas mélanger, ce qu'est le patrimoine principal de l'âme de notre temps, l'intellect; avec des vécus ; ils veulent détacher cela et le sauvegarder pour l'époque suivante, la sixième époque postatlantéenne où devrait se produire une fusion, maintenant pas avec l'être humain tel qu'il est aujourd'hui, mais avec le soi-esprit qui aura été développé alors. Donc, tandis qu'en raison de l'évolution la force caractéristique de notre époque est donnée par l'ouest et qu'elle peut être particulièrement cultivée par la population anglophone, les humains de l'est, comme peuple (l'individu n'est pas concerné ici, puisqu'il s'élève toujours au-dessus de l'élément de son peuple) s'efforcent de ne pas laisser toucher leurs forces d'âme par ce qui est la caractéristique de cette époque, afin que puisse se développer en eux le germe de ce qui ne mûrira qu'au cours de la prochaine ère qui commencera au quatrième millénaire. Ainsi c'est une fois, que dans la vie humaine et l'être de l'humain est une légité.

En ce qui concerne la nature, les humains ne s'étonnent pas, par exemple, de ne pas pouvoir allumer de la glace, ils savent que tout cela est soumis à des lois. Mais pour ce qui est de la structure sociale de l'humanité, ils croient qu'on peut l'obtenir en Russie par exemple selon les mêmes principes sociaux qu'en Angleterre, en Écosse ou même en Amérique. On ne le peut pas, car le monde est organisé conformément à des lois, et on ne peut pas faire arbitrairement n'importe quoi n'importe où. C'est ce qu'il faut bien comprendre.

Et dans les pays du centre est maintenant tout de suite l'état intermédiaire. Là c'est ainsi, comme on pourrait dire, qu'on est dans un équilibre instable entre les deux tendances. Si bien que vous avez sur terre une population tri-articulée. Vous ne pouvez pas dire : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », puisque ces prolétaires, eux aussi, sont différenciés selon trois membres. La population est tri-articulée. Considérons une fois encore la population de l'ouest, ainsi nous trouvons pour tous ceux qui parlent anglais — compte tenu de la nature de leur peuple, mais l'individu peut s'en détacher — ont un don particulier, une disposition particulière, une mission particulière, de développer l'âme de conscience, c'est-à-dire à ne pas mettre à l'écart, à notre époque, les qualités spécifiques de cette âme de conscience, mais à relier la singularité propre à l'intelligence aux expériences la formation de l'intelligence. Évidemment, se placer instinctif, j'aimerais dire, selon les pulsions, dans le monde comme humain de l'âme de conscience, là-dessus repose toute la grandeur de l'extension de l'Empire britannique ![161]
Le phénomène primordial dans cette extension réside dans le fait que les dispositions naturelles des sujets de cet empire coïncident justement avec l'impulsion profonde de notre époque. Vous savez que le cycle de conférences que j'ai tenu bien longtemps avant la guerre sur les âmes des peuples européens (8), que ce cycle développe déjà l'essentiel à ce sujet et propose à vrai dire le matériau principal pour juger objectivement de cette catastrophe que fut la guerre.

Maintenant cette disposition qui est pendante au développement de l'âme de conscience conditionne tout de suite une certaine aptitude à la vie politique dans la population anglophone. On peut étudier comment l'art politique de subdiviser en sociétés, en structures, s'est répandu partout depuis l'Angleterre où subsistent encore des reliquats de l'ancienne quatrième époque postatlantéenne (celles-ci sont comme elles sont là, restés en arrière), jusque dans la division de la Hongrie en comités, avec un haut fonctionnaire (NDT : Obergespan) au sommet ; donc jusque dans ces membres du peuple touranien d'Europe s'est répandu cette pensée politique de l'Angleterre, parce que justement cette pensée politique de la cinquième époque postatlantéenne peut provenir seulement de ce sang. Ces gens sont particulièrement doués pour la politique. Rien ne sert aujourd'hui de porter aujourd'hui un jugement sur ces choses, là seules les nécessités décident. Cela peut nous être soit sympathique ou antipathique, c'est une affaire privée. Pour les affaires du monde, ce sont des nécessités objectives qui décident. Et il est important de se conduire ces nécessités objectives devant les yeux tout de suite aujourd'hui à l'époque de l'âme de conscience.

Dans son conte «Le serpent vert et le beau lys (9)», Goethe a réparti les forces présentes dans l'âme humaine en trois membres : puissance, apparence ou manifestation, connaissance et sagesse — le roi d'airain, le roi d'argent, le roi d'or. Dans ce conte, lorsqu'il est question de rapports de puissance, bien des choses qui se préparent aujourd'hui et ne cesseront de se développer par la suite sont exprimées d'une manière singulière. Il faut souligner que ce que Goethe symbolise par le roi d'airain, l'impulsion de puissance, se répand sur la terre à partir de la population anglophone. C'est une nécessité en raison de la concordance entre la culture de l'âme de conscience et les dispositions particulières de l'élément britannique et américain.

Voyez-vous, dans les pays du centre, qui sont d'ores et déjà entraînés dans le chaos, là est un équilibre instable/labile entre la tendance de l'intellect à l'âme de conscience et la volonté de s'en détacher; et par cela prédomine tantôt l'une, tantôt l'autre. Cela est une toute autre tendance. Les pays du centre sont tous non disposés à la politique. Quand ils veulent être politiques, ils sont très disposés à tomber hors de la réalité, qui est toujours là, quand le penser politique se tient là fortement à la terre dans la population anglo-américaine, ancré dans l'âme. Dans les pays du centre, c'est la seconde des force de l'âme qui règne : l'apparence, la manifestation. Ces pays du centre apportent aussi l'intellectualité à la manifestation avec un éclat particulier. Comparez avec cela une chose quelconque qui provient des peuples anglophones en rapport aux pensées : ces pensées sont fermement pendantes à la réalité fortement terrestre. Prenez les brillantes prestations de l'esprit allemand, vous trouverez qu'il s'agit plutôt d'une élaboration esthétique des pensées, même si celle-ci prend une forme logique. Là, c'est la manière dont on passe d'une pensée à l'autre qui est particulièrement remarquable, parce que les dispositions naturelles propres à ce peuple se manifestent dans la dialectique, dans l'élaboration esthétique des pensées. Or, si l'on veut appliquer cela dans la réalité concrète, si l'on veut même devenir politicien avec cela, on risque de tomber facilement dans la fausseté, dans ce qu'on appelle un idéalisme rêveur qui veut fonder un empire unifié, s'exaltant pour cette cause pendant des décennies pour finalement arriver à instaurer un empire de puissance, passant ainsi d'un extrême à l'autre. Jamais nulle part, la vie politique n'a connu un choc comparable à celui produit par l'effet de contraste entre les rêves allemands d'unité de 1848 et ce qui fut instauré ensuite en 1871. Vous avez là l'oscillation, le mouvement pendulaire de ce qui aspire en réalité à une forme esthétique et risque de devenir mensonge, illusion, fantasme, dès qu'on veut se placer sur le terrain de la politique. Car là, il n'y a aucune disposition pour la politique. Si on touche à ce domaine, on rêve ou on ment. Ce sont des choses qu'il n'est absolument pas permis d'exprimer avec sympathie ou antipathie, ou de dire pour accuser ou absoudre qui que ce soit; non, ces choses sont dites précisément parce qu'elles correspondent d'une part à la nécessité et de l'autre à une situation tragique. Elles exigent qu'on les regarde en face.

Tournons à présent notre regard vers l'est, vers ce qui s'y prépare. Là-bas, les choses vont si loin que, pour parler de manière un peu radicale, on peut s'exprimer ainsi : L'Allemand, s'il veut faire de la politique, tombe dans le rêve, dans l'idéalisme; si tout va bien, dans le bel idéalisme, si les choses s'aggravent, dans le mensonge. Le Russe, quant à lui, tombera malade ou en mourra. Il est si peu doué pour la politique que celle-ci le rend malade, le fait mourir. Je m'exprime peut-être de manière un peu tranchante, radicale, mais le phénomène est bel et bien celui-là. Ce qui est intimement lié aux profondeurs du caractère politique de l'âme des peuples anglais ou américains n'existe pas du tout dans l'âme du peuple [163] russe. En revanche, l'est possède les dispositions nécessaires pour transporter l'intellect, qu'il libère du lien avec le vécu, jusque dans la future époque du soi-esprit.

C'est ainsi qu'il faut connaître la manière dont les dispositions humaines sont différenciées sur la Terre. Ces différences s'expriment jusque dans les expériences les plus significatives. Vous connaissez tous, de par les plus différents échanges ayant eu lieu, ce qu'on appelle dans l'expérience suprasensible supérieure la rencontre avec le gardien du seuil (11). Aussi cette rencontre n'est pas non plus la même pour tous, à moins naturellement que l'initiation ait lieu indépendamment de la nature du peuple, auquel cas la rencontre avec le gardien du seuil est aussi universelle. Mais si l'initiation est soignée par des humains ou des sociétés à caractère unilatéral et se passe selon le peuple, ainsi se différencie aussi le vécu avec le gardien. C'est l'humain qui appartient à la population anglophone qui, s'il n'est pas initié par des esprits supérieurs qui le guident, mais par l'esprit du peuple, est le plus prédisposé à emmener avec lui devant le seuil ces entités spirituelles qui nous entourent ici-bas continuellement en tant qu'esprits ahrimaniens, qui nous accompagnent lorsque, parvenus au seuil, nous nous dirigeons vers le monde suprasensible, et que nous pouvons emmener avec nous si elles développent en quelque sorte une inclination pour nous. Elles nous conduisent surtout à la vision des forces de la maladie et de la mort. De sorte que, dans les pays anglo-américains, vous entendrez dire de la plupart des initiés aux mystères suprasensibles, qui ont passé le seuil, que leur expérience la plus importante dans la connaissance du monde suprasensible est celle de leur rencontre avec les puissances de la maladie et de la mort. Ils apprennent à connaître cela en tant que réalité se tenant extérieure à eux-mêmes.

Allez dans les pays du centre, et là l'esprit du peuple œuvre lors de l'initiation, si on n'aide pas le disciple à se libérer de la nature de son peuple pour atteindre une dimension universelle, alors l'événement le plus important est pour lui la vision du combat qui se déroule entre certaines entités n'appartenant qu'au monde spirituel, évoluant donc sur l'autre rive, et d'autres entités qui, elles, vivent dans le monde physique, sur cette rive-ci, mais demeurent invisibles à la conscience ordinaire. C'est vers ce combat, qui est continu, qu'est tout d'abord dirigée l'attention des disciples des pays du centre. Car chez eux, quiconque cherche sérieusement la vérité se voit littéralement imprégné des puissances du doute lorsqu'il arrive au seuil. Il fait connaissance avec tout ce que représentent les puissances du doute, les puissances des aspects multiples. Dans les territoires occidentaux, on est beaucoup plus enclin à se satisfaire d'une vérité immédiate; dans les pays du centre, on perçoit aussitôt l'autre côté de la chose, ce qui fait que la quête de la vérité est constamment dominée par un sentiment d'instabilité : toute chose a deux aspects. S'attacher à une affirmation immédiate, unilatérale, signifie dans les pays du centre être philistin. On en souffre cependant tragiquement lorsqu'on arrive au seuil, car on assiste nécessairement à cette lutte opposant les esprits qui appartiennent exclusivement au monde spirituel et ceux qui n'évoluent que dans le monde sensible, et l'on comprend combien ce combat conditionne tout ce qui dans l'être humain provoque le doute, l'hésitation en rapport à la vérité, et implique donc la nécessité de se laisser éduquer d'abord à la vérité, ne pas aller aux impulsions reconnues de la vérité (NDT : dans le piège des vérités convenues avait traduit mes prédécesseurs).

Allez vers les pays de l'est et demandez, et se tient là le parrain de l'esprit du peuple près de l'initiant/initiateur quand là l'humain sera donc conduit au seuil sous le parrainage de l'esprit de peuple, alors voit celui, qui appartient à ces compagnies de peuples, avant toute chose tous les esprits qui œuvrent sur l'égoïsme humain. Il verra tout ce qui peut donner matière à l'égoïsme. Ce n'est pas ce que voit l'Occidental en premier lieu lorsqu'il arrive au seuil. Il voit, lui, les esprits qui envahissent le monde et l'humanité sous la forme de la maladie et de la mort au sens le plus large, c'est-à-dire en tant que forces paralysantes, destructrices, qui tirent l'homme vers le bas. Celui qui est initié à l'est voit au seuil tout d'abord ce qui s'approche de l'homme pour l'inciter à l'égoïsme.

C'est pourquoi l'idéal principal qui ressort d'une initiation à l'ouest consiste à guérir, à maintenir les hommes en bonne santé, afin d'obtenir que tous bénéficient d'une possibilité d'évolution extérieure saine. À l'est va avant toutes choses que l'être familier instinctif, l'être familier seulement religieux de la réalité de l'initiation, suffit à provoquer le désir de se sentir tout petit devant le caractère sublime du monde spirituel. Car ce sont les puissances qui vous viennent tout d'abord en vis-à-vis du monde spirituel. L'humain de l'est indiquera tout d'abord sur le sublime vis-à-vis du monde spirituel, pour là-dessus soigner l'égoïsme, chasser l'égoïsme, parce qu'il est exposé à ses dangers. Cela s'exprime même jusque dans le caractère extérieur des peuples de l'est, et bien des choses qui chez eux sont antipathiques à l'Occidental proviennent de ce qui se montre précisément au seuil.

Ainsi se différencient alors tout de suite les aptitudes humaines lorsqu'on considère l'évolution intérieure, l'organisation intérieure du psycho-spirituel chez l'humain. Il est important de ne pas détourner le regard de ces réalités. Tout au long de la seconde moitié du XIXe siècle, certains cercles occultes de la population anglophone — là où on a connaissance de ces choses, même si c'est aussi tout de suite sous le parrainage de l'esprit du peuple — dans toute la deuxième moitié du dix neuvième siècle trouver indiqué prophétiquement (12) des choses qui s'accomplissent [165] aujourd'hui. Songez à ce que cela aurait signifié quand les humains du reste de l'Europe, en dehors de la population parlant anglais, ne s'étaient bouché les deux oreilles, et bandé les dux yeux devant faire attention à ces choses ! Je veux vous dire une formule qui fut toujours à nouveau répétée là au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, c'est celle-là : en Russie, afin que le peuple russe puisse se développer, l'État russe doit disparaître, car en Russie des expériences socialistes devront être pleinement conduites qui ne pourraient jamais être conduites dans des pays occidentaux. Pour qui n'est pas Anglais, ceci est sans doute peu sympathique; il s'agit pourtant là d'une grande et puissante sagesse, pertinente au plus haut point. Et quiconque porte en lui ces choses, quiconque peut y croire comme à une impulsion à la concrétisation de laquelle il participe, celui-ci se tient véritablement au cœur de son époque, tandis que l'autre s'en exclut.

Ces choses devront être saisies des yeux. Ce fut naturellement le sort justifié de l'Europe du centre et de l'est de se boucher les deux oreilles et se rendre les deux yeux aveugles devant les faits occultes, de ne pas les écouter, de pratiquer une mystique abstraite, de pratiquer un intellectualisme abstrait, de pratiquer une dialectique abstraite. Mais maintenant commence l'époque, où cela ne va pas plus loin ! De telles considérations n'est pas à chercher du pessimisme, n'est pas à chercher
du désespoir. Non, force, courage, sens pour devenir familier avec ce qui fait nécessité, voilà ce que nous devons en apprendre. Et dans ce sens, nous devons nous souvenir que nous avons véritablement à agir non pas contre la tâche de cette époque, mais au contraire avec elle, au sein de ce mouvement de science de l'esprit d'orienté selon l'anthroposophie. Soyons clair à nous même sur ce que sinon nous manquons nous réveillant trop tard. Aussi pour l'élaboration des instincts sociaux nous conduit, éveillés et conscient, cette science de l'esprit qui montre à la conscience ce qui se cache sinon à la conscience, qui nous montre quelles forces l'homme développe quand il est libéré de son corps, comme il l'est entre l'endormissement et le réveil. Voyons cela clairement : nous soignons les forces les plus nécessaires à notre époque, quand veillant nous pensons sur ce que notre âme peut quand même pénétrer seulement pleine de force, quand veillant nous pensons là-dessus. Sinon nous deviendrons impuissants quand nous devons le développer seulement dormant.

Deux puissances œuvrent dans le présent. L'une est la puissance qui, depuis le Mystère du Golgotha, traverse toute l'évolution terrestre au travers des diverses métamorphoses de l'impulsion du Christ. Nous avons souvent parlé du fait que c'est tout de suite dans nos siècles une sorte de réapparition, maintenant du Christ éthérique, qui devrait avoir lieu. Ce n'est pas loin du tout jusqu'à cette réapparition du Christ. Qu'il apparaisse est à nouveau quelque chose, qui véritablement ne peut pas donner une raison à un quelconque pessimisme, mais qui ne devrait aussi pas donner une raison à une nostalgie de vivre nébuleux jusque-là et se renseigner pour ainsi dire par des théories théosophiques réchauffant l'âme égoïstement. Cette impulsion-Christ dans ses plus différentes formes, elle aidera aussi dans la forme qu'elle a aujourd'hui, où elle veut annoncer à l'humanité ce qui veut se manifester à partir du monde spirituel comme sagesse spirituelle pour notre époque, que cela puisse se réaliser. Cette sagesse voudra se réaliser, et l'impulsion du Christ sera une aide pour cette réalisation. Cette réalisation, elle sera ce dont il s'agit. Et l'humanité se trouve, en cet instant critique, devant une décision importante. D'un côté, se tient l'impulsion-Christ qui nous exhorte à nous tourner, à partir d'une libre décision de l'âme, vers ce dont a été parlé aujourd'hui : accueillir consciemment les impulsions sociales, accueillir librement à partir de l'âme tout ce qui peut aider l'humanité et lui être bénéfique. C'est pourquoi nous ne nous unissons pas sous de tels points de vue pour nous consacrer à l'amour fondé sur la haine qui résonne dans l'appel : «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »; mais nous nous unissons en ce que nous aspirons à réaliser l'impulsion-Christ et faire ce que le Christ veut pour notre époque.

Face à cela, se tient l'adversaire, ce que la Bible appelle le prince inique de ce monde. Il se fait valoir sous les aspects les plus divers. L'un de ces aspects est celui-ci : placer au service de la corporéité les forces qui, en notre qualité d'êtres humains, sont mises à notre disposition afin que par une libre décision nous nous tournions vers ce dont nous avons parlé aujourd'hui, ces forces qui devraient être placées dans la libre décision. [...]