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Au sujet de la composition du « Cours d’économie nationale » ( 1 ) .........> retour au menu de la série
Stephan Eisenhut

La cycle de l’argent en paiement, prêt et don
et la question de l’équité sociale

trad. Daniel Kmiècik, revue F.G. au 24/06/2016 - ( 0 )

La nostalgie après « l’équité  sociale » croît chez de nombreux êtres humains dans la même mesure qu’augmentent les inégales répartitions des moyens financiers et matériels dans la société humaine. Cependant, quelle est véritablement l’instance appropriée devant laquelle peut être décidée la question de cette forme d’équité ? Pour la plupart des gens, c’est l’État. En correspondance à cela, lorsque les circonstances économiques sont éprouvées comme injustes, on entend toujours un appel bruyant à un État fort. Celui-ci n’est plus aujourd'hui en situation de veiller à des conditions de répartitions correctes. Mais l’équité, comment est-elle censée apparaître sinon ? Des économistes, partisans radicaux du marché, ne prétendent même plus une fois que des conditions équitables puissent se former « spontanément »de la vie économique actuelle

Courants d’organisation radicaux axé sur le marché et courants d’organisation radicaux axés sur l’État
Lors des dernières considérations sur la composition du Cours d’économie nationale de Rudolf Steiner ( 2 ) deux courants d’organisation se trouvaient au centre, auxquels revient une importance dominante pour la configuration politique et économique actuelle de l’Europe : l’ordolibéralisme, d’une part, — dont les racines ont été montrées comme relevant de la direction déterminée par l’éthique sociale protestante et une manière de penser nominaliste —, et, d’autre part, la doctrine sociale catholique, enracinée quant à elle dans un penser conceptuellement réaliste non transformé. Les deux courants luttent, à leur façon, avec la question du comment peuvent se laisser réaliser des circonstances sociales équitables sous les conditions d’une économie moderne d’échanges économiques et de partage du travail.
Le penseur ordolibéral, nominaliste, observe de manière aigue les rapports de forces économiques et estime, sans s’emballer, quelles interventions de l’État seraient possible dans ces rapports de forces. À la fin, il en vient à la conclusion, que de telles interventions mènent souvent à l’opposé de ce qu’elles s’étaient proposées de réaliser originellement. Il ne refuse pas les interventions directes de l’État, pour la raison qu’il ne voit aucun besoin d’agir, mais au contraire, parce qu’elles ne mènent pas aux améliorations réelles, car elles nuisent fréquemment par des dégradations trop importantes en d’autres endroits, de sorte que de telles mesures « au coup par coup » nuisent, plutôt qu’elles aident la société. Son idéal, c’est d’inventer des règles conformes au marché, par lesquelles les forces économiques réelles sont dirigées de manière à ce que leurs résultats soient pour ainsi dire, supportables. Le fait que des processus du marché mènent aussi toujours à des résultats que beaucoup d'êtres humains éprouvent comme injustes, il le voit comme inévitable.
Le penseur catholique, resté prisonnier de son réalisme conceptuel non transformé, observe par contre l'aspiration divergente des impulsions de volonté des sujets économiques particuliers et recherche, après une instance sur-ordonnée, par laquelle les âmes humaines pourraient de nouveau être orientée sur un but communautaire. Car ce n’est qu’en suivant un tel but qu’il voit la possibilité qu'apparaissent des comportements justes. En lui repose l’immémoriale sagesse que, par  un juste/correct qui conduit les êtres humains, la communauté obtient un point d’orientation, sur lequel tous peuvent s’orienter de sorte que la vie en commun réussi. ( 3 ) Là où les choses ne vont plus d’aplomb, le souverain veille à l’ordre en cas de nécessité— autrefois « avec l’épée » et aujourd’hui par la régulation politique. Ce courant nourrit la représentation qu’il serait encore possible de réaliser de rapports sociaux sains au moyen de mesures politiques adéquates, quand réussi en  même temps de veiller au correct « niveau de la nappe phréatique morale » (Reinhard Marx). La question est de savoir si l’Église catholique romaine, avec ses valeurs dérivées de la « bonne nouvelle/évangile », peut être l’instance capable de donné l’orientation espérée. Elle est une institution spirituelle, quant à son contenu, et une institution politique, quant à sa forme, au sommet de laquelle trône un monarque. Celui-ci devrait prendre le rôle du juste qui oriente la communauté sur le bien commun. Un idéal de cette organisation spirituelle-politique hybride c’est que le Pape en tant que « juste », ou selon le cas, « guide moral », exerce son influence sur les gouvernements politiques des pays marqués de christianisme, — avant tout l’Europe — de sorte que leurs mesures politiques tombent au sens des représentations d’équité de l’Église.( 4 )
Pendant que l’ordolibéralisme, par son orientation du penser, a une forte affinité à l’égard des conceptions du monde de l’Occident, principalement dans le domaine anglo-américain, la doctrine sociale catholique, elle, se trouve plutôt au centre, entre la façon occidentale et orientale de former des pensées.

Les représentations nominalistes de la société adoptent vers l’Ouest une position de plus en plus radicale pour le marché. Dans les représentations marquées par le réalisme conceptuel, on peut observer, au contraire de cela, une « radicalité d’État» croissante des représentations de la société, plus on regardera vers l’Est. La doctrine sociale catholique a reconnu tôt ce danger d'un bien de pensées socialiste, qui a d'ailleurs apparu en Europe du centre (NdtDK Mitteleuropa), mais porté vers l’Est, et l’a très vivement combattu. Pourtant, elle se trouve elle-même dans un courant d’organisation spirituel qui fait valoir la primauté de l’État sur l’économie. A ce courant d’organisation caractérisé ici comme « politique », peuvent aussi être compté d’un côté les représentations socialistes en tant que variante d’État la plus radicale et, de l’autre, le « keynésianisme »( 5 ) qui est né à l’Ouest. À l’opposé se trouve un courant d’organisation « économique », dont la variante la plus conforme est l’ordolibéralisme. Dans le « monétarisme »( 6 ) occidental et « l’école autrichienne »( 7 ), celui-ci a deux frère et sœur, radicalement en faveur du marché.

La séparation entre domination et direction
Les deux courants principaux caractérisés ici partent d’un dualisme entre attitude étatique et attitude économique. Le courant radicalement en faveur du marché construit sur l'attitude individuelle de l’être humain et veut laisser celle-ci se développer librement au sein de la vie économique. Mais de ce fait, elle devient arbitraire. Le courant radicalement en faveur de l’État voit les actions arbitraires des individus et leurs conséquences et croit que celles-ci pourront être harmonisés seulement par de fortes personnalités dirigeantes politiques. Mais cela conduit à des structures tyranniques. Rudolf Steiner montre un chemin qui pourra surmonter ce dualisme, en démontrant la fonction d'une vie spirituelle réellement libre, à côté des domaines politique et économique, pour l’organisme social considéré en tant que tout.
Jusque dans le haut Moyen-âge, l’affaire du gouvernement était idéalement un tâche de direction humaine. Steiner transfère conséquemment cette tâche au domaine de la vie de l’esprit. Il va si loin, qu’il lui adjoint même quelque chose qui est considéré comme une tâche primordiale de l’État — la juridiction —.( 8 )  Mais cela requiert un tout nouveau concept de direction. Le meneur [Führer], dans le sens ancien, était aussi toujours en même temps un souverain, et on pouvait seulement espérer qu’il fût aussi un juste. Dans la libre vie de l’esprit, la fonction de souverain se disjoint de celle de direction. Meneurs peuvent devenir seulement ceux qui, à partir de leur force intérieure, sont à même de donner aux autres êtres humains une direction sur les forces spirituelles les faisant avancer. Étant donné aussi que la direction d’entreprise chez Steiner se voit ordonnée, non pas à la vie économique, mais à la vie de l’esprit, cet aspect recevra dans l’avenir toujours plus d’importance.( 9 )
La vie de l’esprit peut seulement percevoir cette nouvelle fonction, si elle se libère elle-même, à partir d'elles. Il ne s’agit donc pas purement que de libres institutions de formation puissent se développer indépendamment du dirigisme étatique ou de la coercition (NDT force de contrainte) économique, mais la vie de l'esprit a une fonction édificatrice globale à l'intérieur de l’organisme social qui doit être saisie activement.
Que sans justice, l’État devienne une « troupe de brigands», Saint Augustin l’avait déjà pertinemment remarqué. Dans l’État médiéval, le pouvoir étatique n’émanait pas du peuple, mais d’un monarque déterminé « par la grâce de Dieu ». On attendait de celui-ci qu’il se comportât comme un guide spirituel, même si la réalité montrait en général le contraire. ( 10 ) Vie de l'esprit et vie de droit n'étaient avec cela pas complètement séparées en ce point. Ceci fut en premier accompli par le développement vers l’État démocratique moderne. Si, à côté de la vie démocratique de droit, ne se développe pas aussi une vie libre de l’esprit aussi intérieurement, alors le danger menace qu'au système d'état se perdre la justice. Mais que pourrait-on attendre d’une direction politique dans un État moderne et quoi pas ? La nostalgie à plus de justice, conduit aujourd’hui rapidement à attendre plus d’une direction politique que ce qu’elle est en situation de fournir réellement.

 

Actuellement, on peut effectivement observer comment, en absence d’une libre vie de l’esprit, l’État devient bande de voleurs. La vie spirituelle non-libre naît d’un penser qui, ou bien affirme simplement des contenus spirituels, sans indiquer de cheminement d’accès à ces contenus (dogme de la révélation), ou bien s’en tient seulement à l’expérience extérieure (dogme de l’expérience).( 11 ) Les deux directions ont le problème qu’elles pensent beaucoup trop englobante la fonction de l’État.( 12 ) La cause de cela se trouve dans un penser comme il a nécessairement été développé dans les temps modernes, mais que l’être humain peut surmonter à partir de sa propre force.
Le libéralisme radical de marché, construit sur le dogme de l’expérience ; la doctrine sociale catholique sur le dogme de la révélation. Cela ne la rend pas attractive dans un monde sécularisé. Elle peut nonobstant faire valoir son influence par des voies détournées, car l’expérience montre que beaucoup d'êtres humains se méfient plutôt des promesses des politiciens socialistes et aiment mieux voter pour des partis qui représentent le centre bourgeois. Mais ici des idées et des représentations pourront être lancées, sans devoir elles-mêmes apparaître grandes au premier plan.( 13 ) La tentative de contrebalancer besoin bourgeois de liberté et intérêt du bien commun, mène toujours, dans la pratique, à étendre plus encore l’activité de l’État.
Steiner renvoie à une forme de vie de l'esprit, qui désormais devra être plus fortement développée et se déployer à côté de la vie politique, sans vouloir prendre de l’influence sur celle-ci par des comportements stratégique-politiques, ni voire même par la fondation de parti. ( 14 ) L’efficacité de cette vie de l'esprit dépend seulement de la mesure avec laquelle ses représentants développent à partir d’eux-mêmes une force qui peut être éprouvée par d’autres êtres humains comme fondatrice d’orientation. Si cette vie spirituelle reste sans force, l’organisme social se configure alors nécessairement de manière dualiste. Mais si elle parvient à se développer fortement uniquement à partir d’elle-même, malgré les adversités, alors les trois membres de l’organisme social peuvent en retirer une autonomie relative. Et ce n’est ensuite que devient également possible ce à quoi s’efforce en fait le libéralisme, à savoir, la réduction de l’État à une tâche qui garantisse la découverte du droit, la sécurité et l’égalité des citoyens.
Le point de départ de Steiner n’est donc ni la radicalité de l’État ni celle du marché. On pourrait en tout cas parler, pour lui, d’une radicalité de l’esprit, dans la mesure où il pénètre jusqu’aux racines de la vie de l’esprit. Mais ce genre de radicalité n’engendre aucun rapport tyrannique. Le sentiment d’équité dans la société en est même carrément renforcé, de sorte que le regard est toujours dirigé sur l’être humain individuel et pas sur la fonction qu’il revêt sous circonstances. Soit il rayonne quelque chose d’un être humain qui peut donner une orientation aux autres — et alors sera crée par cela une base de vivre ensemble harmonieuse — soit il ne rayonne rien et, alors, la cohésion sociale en est érodée avec le temps. Sur ce point, Rudolf Steiner attire sans cesse l’attention sur le fait qu’il ne tient pas pour possible une solution de la question sociale quant au moins une partie suffisemment grande d’êtres humains ne trouvent pas un accès à une science de l’esprit. ( 15 ) L’anthroposophie peut agir de manière féconde dans tous les domaines de vie. Cela contredit au plus profond l’essence de cette impulsion que de faire adopter ses objectifs par la voie de mesures politiques à l’encontre d’autres courants spirituels. La seule et unique activité justifiée sur le champ politique est, à partir de cette perspective, de prendre fait et cause pour la préservation des droits de l’être humain et de récuser les abus d’autres courants spirituels.( 16 ) Les confrontations spirituelles devront être menées dans le domaine de la vie de l’esprit et non pas dans celui de la vie de droit.

 

La source de l’équité
Pour la compréhension du Cours d’économie nationale, il est d’une importance particulière de reconnaître la position d’une pensée dans la composition d’ensemble. En commençant sa sixième conférence par la « formulation du prix juste », Rudolf Steiner a implicitement amorcé le thème de l’équité de distribution.( 17 ) Car si cela réussit à quelqu'un dans un domaine économique, d'élaborer des prix justes, en résultera une répartition des revenus que la large majorité qui prévaut peut ressentir comme juste. Mais l’équité de distribution/répartition/partage [Verteilung], est le grand thème des directions qui se meuvent avec leurs formes du penser à l'intérieur des courants politiques d’organisation esquissé ci-dessus. Seulement ceux-ci échouent régulièrement dans leurs affaires.
Aussi les orientations du penser du courant de configuration économique ne pouvaient pas offrir non plus jusqu’à présent de solutions satisfaisantes. N'a réussi ni à garantir des conditions équilibrées par des « des réglementations conformes au marché », ni à fabriquer/produire  une équité qui pourrait être engendrée par des mesures dirigistes. La raison intérieure pour cet échec, Rudolf Steiner la reconnaît — comme déjà mentionnée — dans la forme du penser qui s’est élaborée jusqu’aux temps modernes. Les formes des pensées sont rigidifiées, ou bien arrivées au repos. Cela les rend de fait excellemment appropriées aux analyses et aux applications techniques, mais parfaitement impropres à configurer les rapports sociaux, de sorte que la vie ensemble puisse réussir de manière harmonieuse. La pensée parvenue au repos dans l’organisation de la tête est parfaitement inaccessible à l’activité de l’esprit. Considéré à partir de là, le nominalisme, vis-à-vis de l’ancien réalisme conceptuel, est l’attitude de vie et de penser la plus conséquente. Car ce dernier peut seulement prétendre la réalité de l’esprit, mais il ne peut la vivre/en faire l'expérience. Et ses tentatives de créer des processus sociaux au sens de la totalité, s’achèvent nécessairement dans un système centralisé.
Dans les dernières considérations sur le Cours d’économie nationale, nous avons montré que le « calme » est un motif fondamental des première et septième conférences, alors que le motif du « mouvement » détermine la configuration des deuxième et sixième conférences. La considération extérieure qui n’était possible d’abord que par les concepts amenés au repos, doit être complétée par une considération intérieure, dans laquelle les concepts réacquièrent une mobilité à partir de leur propre vertu. Cela rend d’abord possible que le penser redevienne réceptif à l’activité des énergies spirituelles dans le monde. Alors que la considération extérieure se construit sur les force de la raison analytique, la considération intérieure s’édifie, elle, sur la faculté de la raison synthétique : elle devient percevante. Le penser de tête se métamorphose en penser du cœur. Et celui-ci seulement peut s’ouvrir à la source de l’équité : c’est cette vertu/force spirituelle, qui a la capacité de restaurer l’équilibre entre intérêts extérieurs et processus intérieurs.

Le concept d’économie politique du donner
Si le penseur en science de la nature veut comprendre un mouvement dans l’espace, il le désarticule alors en éléments particuliers pour alors combiner tous ces « points de calme » en un déroulement de mouvement mathématiquement reproductible. ( 18 ) Ce penser ne se laisse pas appliquer au processus d’économie politique, d’autant plus que les mouvements de celui-ci ne sont pas déterminés par des changements dans l’espace, mais au contraire, par des changements dans le temps. Le mouvement dans le temps est un processus de vie non visible, qui échappe au pur penser à la mesure de la raison analytique. Steiner caractérise ce penser comme « étranger à la vie »( 19 ), ce qui veut textuellement dire : que c’est un penser qui est devenu « étranger » à la vie et qui se meut donc en dehors de la réalité de la vie. Mais un penser qui aimerait se placer dans la réalité de vie, doit apprendre à s’immerger dans le mouvement de cette même réalité. C’est tout d’abord inhabituel.
La sixième conférence développe comment les facteurs de mouvement de l’économie de peuple  « payer », « prêter » et « donner » se trouvent en rapport mutuel. Ici le danger existe de confondre ses propres représentations habituelles avec les concepts formées par Rudolf Steiner. Il s'en suit une mise en garde par avance :  les concepts payer, prêter et donner, seront chez Steiner dérivés de l’observation des actions d’économie de peuple et d'actions économiques particulières. Ainsi, par don on comprend de manière habituelle, une prestation qui n’est qu’unilatéralement engageante — et d'ailleurs pour le donneur — Du donataire ne sera attendu aucune contre-prestation. À partir de la perspective du processus d'économie du peuple, cette forme du don représente purement et simplement un cas particulier. Si on suit les explications de Rudolf Steiner, on remarque alors que, par exemple, il considère le paiement d’honoraires à un médecin ou bien l’achat d’une œuvre d’art, comme une forme du don, bien qu’en vérité ici nonobstant des prestations seront échangées. Et il applique conséquemment aussi, à cette forme d’échange de prestations, la « formule du prix équitable/correct ».( 20 ) Des dons, dans un sens d’économie du peuple ont donc aussi lieu partout là où certes, des prestations seront échangées, mais le « donneur » n’en attend aucune contre-prestation matérielle produite par le travail sur la nature. Cette forme du don doit carrément être considérée comme la règle générale, car à partir de la perspective d’économie du peuple, tout un chacun est un travailleur de l’esprit vivant de don, qui ne produit aucune prestation matérielle pour l’échange économique, et donc aucune marchandise au sens propre. Il vit de don, c’est égal qu’il soit payé par l’État ou bien qu’il soit en situation d'établir une facture/passer en compte pour ses prestations spirituelles. Le fonctionnaire de l’État, le médecin, le prêtre, l’enseignant, l’avocat, l’infirmière, toutes ces professions ne sont possibles que pour la raison que le travail leur sera épargné dans des activités productives matérielles. Elles produisent des prestations qui sont plus ou moins valables pour la société, mais qui ni modifient donc la nature par le travail, de sorte qu'un bien échangeable (valeur 1) apparaisse, ni ne modifient le travail au moyen de leur esprit, de sorte que puisse être mieux et plus efficacement produit à la nature (valeur 2).  Elles n’engendrent donc aucune valeur d’économie politique positive.( 21 )
Dans la treizième conférence, Rudolf Steiner caractérise la valeur qu’engendrent ces travailleurs spirituels, comme quelque chose qui devra être « adapté à l’intérieur du processus d’économie du peuple dans un sens négatif. »( 22 ) Pour la santé de l’organisme social, il est requis, de mettre en face de l’édification positive de valeur, une authentique « édification de valeur négative ». Ainsi sont crées des valeurs sociétales qualitativement nouvelles — nommons celles-ci « valeur 3 » — , en ce que les valeurs positives seront consommées. L’édification de valeur positive se laisse de ce fait appréhender de sorte que l’on pose la question de la quantité de temps de travail qui doit être utilisée, de sorte qu’apparaisse un bien de consommation souhaité. Rudolf Steiner amène cela sur la formule : « Valeur = Nature fois Travail (v = n x t) ». Lors d'une édification négative de valeur, il demande par contre, combien de travail doit être épargné à la nature afin que soit possible une prestation spirituelle. Cette question il la pose dans la formule : « Valeur = Esprit  moins Travail (v = e — t) ». Celui qui croit pouvoir créer une valeur spirituelle, doit donc mouvoir d’autres pour cela, afin de fournir pour lui un travail corporel. Pour cela, il y a deux possibilités : soit les autres y sont forcés par des moyens coercitifs — alors il n’existe, dans ces circonstances, aucune intention réelle de créer une valeur —, soit ils fournissent le travail pour lui, parce cela leur est un besoin que cette valeur prenne naissance. Le concept de don englobe avec cela un spectre qui s’étend des « dons contraints », aux prestations spirituelles, qui seront produites contre facture, jusqu’aux dons libres. Dans un État industriel développé, une partie prédominante des êtres humains vit donc effectivement d’argent de don !
La fonction économico-populaire du don est que du capital sera consommer, car tout capital qui n’est pas correctement consommé mène à des phénomènes de maladie dans l’organisme social. Cela dirige de nouveau la considération sur la formule de santé, qui a été développée à la fin de la quatrième conférence :

...............Valeur, qui naît , quand le Travail sera appliqué sur la Nature (valeur 1) ......Marchandise
Santé
  = -------------------------------------------------------------------------------------- = ... ---------------        
   .........           Valeur, qui naît, quand l’Esprit organise le Travail (valeur 2)   ........................Argent
                                                         
Ceci renvoie à un rapport, dans lequel les deux valeurs positives d’économie du peuple doivent être amenées l’une à l’autre, quand l’organisme social devrait être sain.  La « valeur 1 » y a la qualité du « payeur », pendant que la « valeur 2 » a une qualité de partage. Là où le travail sera appliqué sur la nature naissent des marchandises pendant que du capital en argent se forme là où l’esprit organise efficacement le travail. La difficulté, dans une économie complexe de partage du travail, c’est d’accorder les quantités de marchandises produites aux besoins réels des êtres humains. Si dans l'ensemble trop de marchandises sont produites, alors cela signifie que trop de capital est actif sous la barre de fraction, respectivement, sera fournit trop de travail corporel à des moyens de productions hautement efficaces. Alors il faudra — pour le dire simplifié — débarrasser du capital sous la barre de fraction, donc donner. Mais aujourd’hui, c’est exactement le contraire qui se passe : il afflue là toujours du capital nouveau, qui cherche à se placer, sans améliorer nonobstant le bien-être sur une base plus large. Et parce qu’il ne trouve pas assez de placements dans le domaine productif, ce capital commence à pousser les prix des valeurs de patrimoine vers le haut — donc des droits de propriété de toutes sortes.( 23 )Cela provoque de nouveau une répartition de bas en haut, mais entraîne aussi que beaucoup d'activités judicieuses et indispensables stagnent, parce que par elles, ne peut être viser aucun revenu.
À partir de l’aspiration à plus d’équité de répartition, apparait donc l’exigence d’une plus forte intervention de l’État. L’État a le droit de relever les impôts. Une exigence populaire actuelle, que l’État, au moyen d’une imposition adroite, draine le « trop » de capital et qu’ensuite, selon une clef de redistribution déterminée, le reverse inconditionnellement aux citoyens. Des propositions de solution de ce genre caractérisent un penser qui visent à des solutions techniques. Pour Steiner, ce n’est pourtant pas simplement important que l’argent soit débarrassé, mais qu'il coule tout concrètement à des êtres humains, afin que ceux-ci puissent créer, avec cet argent, une authentique valeur sociétale (valeur 3). Cela ne se laisse pas atteindre par la redistribution étatique, car l’État est aveugle pour les situations humaines individuelles.( 24 ) La perception individuelle, est une tâche de la vie de l’esprit. Celle-ci devient socialement active tout de suite par cela que des êtres humains se tournent individuellement vers d'autres êtres humains et s'ouvrent réciproquement des espaces de développement. Dans cette mesure, le paiement individuel d’une prestation spirituelle est la forme la moins compliquée du don. Seulement cette forme fonctionne actuellement très mal, déjà seulement pour la raison qu’une grande partie des gens ne disposent pas d’argent avec lequel ils peuvent payer individuellement un prix correcte pour des prestations spirituelles. Au lieu de cela, nous vivons une concentration croissante de fortunes chez une petite minorité. Pourtant même quand cette minorité remettait une grande partir de ses richesses à des fondations, on ne pourrait en arriver à un flot sain d’argent de don. Car les grandes fondations ne se distinguent pas sur ce point essentiel, des institutions de l’État, car elles sont, en effet, tout aussi aveugles aux situations individuelles.

Le concept d'économie du peuple du prêter.
L’accumulation de capital dans les mains de peu est la conséquence d’une compréhension du « prêter » qui a été gagnée à l’appui d’actions économiques de cellule/cellulaire. L’argent sera saisit là comme une sorte de chose objet qui, contre une taxe, peut être prêté et doit être remboursée après une durée de prêt convenue. De facto, on sait naturellement que tout investissement est lié à un risque et que le débiteur, le cas échéant, ne sera plus en mesure de rembourser. Si la somme du capital qui cherche à s’investir augmente, alors montent nécessairement aussi les pertes en capital. L’épargnant individuel ou bien investisseur, ne veut pas convenir de cela. L’épargnant s’étonne que les intérêts de ses dépôts s’effondrent sous le taux d’inflation ; l’investisseur, agissant à ses propres risques, espère qu’il a interprété correctement la situation du marché et qu’il reconnaît à temps, après avoir fait des placements gagnants ou selon le cas précoces, si c’est le moment de se retirer de certains placements.( 25 ) Aussi bien le petit épargnant qu'aussi le grand investisseur sont donc convaincus que leur argent doit en principe leur revenir et qu’ils ont, en plus, mériter un paiement d’intérêt. Or, au plan de l’économie globale, c’est là une illusion.

L’épargnant n’est pas conscient qu’il peut  profiter en premier de ce système qu'à partir déjà d’une certaine hauteur de fortune. S’il se trouve en dessous, ainsi il paye par la part d’intérêt qui est aujourd’hui calculée dans le prix de toute marchandise, plus qu’il n’obtient des gains d'intérêt de sa fortune. Celui qui dispose, par contre, de suffisamment de capital et se fourni de bons administrateurs de fortune, celui-là parvient dans la situation heureuse que ses gains annuels d’intérêts, déduction faite des impôts et frais de gestion, sont plus élevés que ses dépenses annuelles de consommation. Non seulement, il n’a plus besoin de fournir à la communauté, mais peut de nouveau investir des revenus d’intérêts supplémentaires, ce qui mène à une accumulation supplémentaire de ses actifs. Avec son capital en argent, il dispose donc d’un moyen de pouvoir avec lequel il peut contraindre tous ceux, qui disposent d’un patrimoine moindre ou même d’aucun patrimoine, de lui épargner du travail corporel.
À l'aide du processus d’économie du peuple, Rudolf Steiner forme un concept quelque peu différent du prêter, qui contient toute une quantité de dispositions, qui seront en premier développées de proche en proche dans le Cours d’économie nationale. Tout d’abord, cela à l'apparence qu’il travaille avec le concept habituel du prêter. D’un côté, il y a des êtres humains qui peuvent disposer d’un surplus, que justement ils ne donnent pas, mais veulent économiser pour un moment ultérieur ; de l'autre côté, il y a des êtres humains qui ont la faculté de devenir actifs comme entrepreneurs et ont besoin de capital pour cela. Si l’entrepreneur reçoit maintenant le capital prêté, il devient débiteur et il peut, à partir du processus de prestation, rembourser le capital à l’avenir. A cela, Rudolf Steiner justifie aussi encore l’intérêt. Celui-ci sera conçu comme une sorte de purge du fait de se venir en aide mutuellement par prêt, qui n’est plus possible, dans les rapports économico-populaires complexes,.

Pourtant le prêt sans intérêt sous des circonstances économiques simples, si l’on suit Rudolf Steiner plus loin, n’était avantageux que parce qu’à tout moment on pouvait attendre une aide de l’autre.( 26 ) Il semble donc comprendre tout d’abord le prêter ainsi que celui qui dispose d’un surplus de capital peut simplement le prêter et reçoit en retour de nouveau son capital et un intérêt à la fin du délai convenu. S’il en était ainsi, alors entrerait nécessairement ce que décrit Rudolf Steiner lui-même dans la onzième conférence : il suffit — quand le propriétaire de capital « ne fait absolument rien, lorsqu’il retire la totalité de son énergie/sa force de travail à l’organisme social et laisse les autres travailler — qu’il prête et laisse travailler les autres. »( 27 ) Ceci doit ensuite nécessairement intervenir, quand n'est pas tenu compte que l’argent, d'après sa réalité, subit un changement dans le temps. Les billets de banque imprimés suggèrent que l’argent conserve toujours la même valeur. Pour l’achat normal, c'est aussi utile quand la valeur de l’argent est stable, à savoir, quand les prix particuliers oscillent selon la situation du marché, mais que le niveau des prix en soi dans le déroulement du temps reste relativement constant. Mais dans le moment où l’argent n’est cependant plus utilisé pour acheter, mais pour prêter, il se transforme en un moyen de pouvoir par lequel les conditions sociales peuvent être amenées dans le plus grand désordre si l’argent conserve sa valeur. Steiner compte donc que le capital en argent perde bien sa valeur dans le déroulement du temps lors du prêt. Si cela réussissait d'organiser le processus monétaire ainsi qu'à chaque détenteur il deviendra évident : mon argent ne se laisse pas conserver, car il perd en valeur — alors l’avantage du prêt reposerait uniquement dans le fait de stopper la perte de valeur, car par la contre prestation, l’intérêt compensera cette perte.( 28 )

Le concept d'économie du peuple du payer
Dans la sixième conférence, Rudolf Steiner fait d’abord timidement allusion à ce changement de l’argent au cours du temps, à l’endroit où il décrit la fonction du payer. Le payer ne veut rien dire d’autre que le processus d’économie du peuple dans lequel une marchandise est échangée contre une autre marchandise. La marchandise naît seulement par le travail sur la nature. Dans une simple économie villageoise, dans laquelle le travail n’est pas encore organisé par l’esprit, la valeur d’une marchandise particulière serait par conséquent déterminée de manière qu’elle permettre qu’une telle marchandise puisse être refabriquée. La valeur d’une marchandise est donc déterminée de manière primaire par la dépense de travail, car personne ne peut se fournir/s'offrir de travailler pour d’autres. Chacun est encore dans la situation dans le temps de travail lui étant de fournir tout de suite le suffisant pour couvre les besoins de sa propre famille. Cela se modifie à partir du moment où l’esprit commence à organiser le travail. Au moyen de l’épargne de travail sur la nature ainsi réalisée, il devient possible de travailler pour d’autres et, nonobstant au sens de la formule du prix juste, de recevoir autant pour sa prestation que les besoins de sa propre famille seront couvert pour qu'une prestation de même valeur est de nouveau effectuée. Cette organisation rend même carrément possible une augmentation des besoins de la famille, puisqu’en effet, dans l’ensemble, plus de biens de consommation pourront être produits dans le même temps de travail.
L’élément décisif lors du payer, c’est que l’échange soit conclu de manière actuelle, à savoir qu’il soit conclu le plus rapidement possible, car c’est exactement ainsi qu’il se distingue du prêter. Le prêt peut notamment être aussi compris comme un échange dans le temps : il sera sacrifié sous forme d’argent dans le présent une prétention à marchandises, qui sera remboursée dans un temps ultérieur. Cette prétention sera honorée par le débiteur dans le présent. Ce qui est décisif, c’est qu’il paye aussi actuellement les prestations, qu’il doit réclamer pour son activité d’entreprise. L’argent qui doit permettre l’échange, ne peut pas sortir trop longtemps du circuit, sinon le processus d’échange économique se détraque. Si l’argent, par contre, est paralysé/placé silencieux quelque temps (thésaurisé) et remis ensuite en circulation, cela agit d’une manière double en perturbant les rapports d’échange économiques. En premier sera provoqué qu’en un lieu quelconque moins de marchandises pourront être écoulées, quoiqu’il y eût en fait des êtres humains qui en eussent besoin. Alors, le processus économique s’adapte à la nouvelle situation. Lorsque l’argent est remis en circulation, se présentent alors de toutes nouveaux rapports d’échange et que se fait de nouveau valoir la revendication tirée du passé, laquelle est en fait périmée.

L’appréhension des processus temporels en tant que nécessité d’économie du peuple
Rapportés au présent, prêter et donner ont la fonction qu’à la place de ceux qui ont accumulé des surplus en argent, et ne sont pas en mesure eux-mêmes de les consommer de manière sensée, d’autres apparaissent et peuvent commencer quelque chose avec ces surplus et, par conséquent, les dépenser aussitôt. Rapporté à un processus temporel ou d’évolution, le prêt a la fonction de rendre possible que le travail indispensable à la nature puisse être sans cesse à nouveau épargné, alors que le don a la fonction de permettre un déploiement toujours plus libre de la vie de l’esprit dans l’organisme social. Si l’on considère, de ce point de vue, la circulation que Rudolf Steiner a établi dans sa cinquième conférence et développé dans la sixième, alors celle-ci peut être placée dans un champ de tension de processus spatiaux et de processus temporels : là où les événements en arrivent à s’immobiliser, ils surgissent dans l’espace physique. C’est le plus nettement le cas là où le travail est appliqué simplement sur la nature et les résultats utilisés pour l’approvisionnement personnel.
Dans le sens de la seconds conférence, l’être humain n’est pas encore entré réellement à ce stade dans le domaine de l’économie humaine ; il vit dans le domaine de l’économie de nature.( 29 ) Dans la  mesure où l’esprit organise le travail et où de la valeur 2 est créée, commence à s’animer l’échange économique des marchandises entre elles.

Légende :
Zeitprozesse : Processus temporels
Wert : Valeur
Geist : Esprit
Bewegung : Mouvement
Schenken: Don
Zahlen: Paiement
Leihen: Prêt
Arbeit: Travail
Raumvorgänge: Processus spatiaux
Ware: Marchandises
Ruhe: repos, calme, tranquillité, paix, sang-froid, sommeil, quiétude, silence, arrêt, etc…

 

À présent commence, premier, le processus d’économie ,du peuple proprement dit, lequel est déterminé par des processus temporels. Il se forme du capital et celui-ci devient le fondement pour une intervention plus vaste de l’esprit organisateur. Pourtant, on ne peut pas toujours créer des valeurs positives d’économie du peuple ; elles doivent aussi toujours être détruites ou selon le cas consommées. Mais ce qui est décisif pour la santé de l’organisme social c’est que dans la libre consommation des valeurs d’économie du peuple positives un nouveau genre de valeur peut être créé (la valeur 3). La vie de l’esprit non libre s’approprie les valeurs positives d’économie du peuple à la mesure du pouvoir. Elle empêche plus encore que cette nouvelle valeur puisse être créée qu’elle ne la promeut. Une vie libre de l’esprit se distingue précisément par le fait qu’avec une plus grande attention, elle veille à ce qu’une telle valeur 3 puisse naître. Plus cela se produit avec succès, davantage peut se mettre en place une distribution des revenus qui peut être vécue comme juste. En lieu et place de l’actuelle économie d’usure surgira alors une manière de gérer qui peut fournir, avec très peu d’utilisation de travail et de matériel, une haute mesure en approvisionnement économique d'ensemble.
Die Drei, n°11/2013
(Traduction Daniel Kmiecik)

Notes :

( 0 ) - Original allemand : http://diedrei.org/tl_files/hefte/2013/Heft11_2013/geldkreislauf-DD1311.pdf
version française en ligne : www.triarticulation.fr/Institut/FG/Articles/SE09.html
( 1 )  Dans la série « Au sujet de la composition du Cours d’économie nationale », les points de vue économiques que Rudolf Steiner à développés en 14 conférences sont mis en relation avec les problèmes économiques du temps présent. Les articles individuels peuvent être lus indépendamment les uns des autres et approfondis au besoin par ce qui les précède. Il s’agit ici de la seconde considération sur la sixième conférence du Cours d’économie politique (1922 ; GA 340), Dornach 2002. [lien]
( 2 )  Voir Stephan Eisenhut : Structures sociales et le pouvoir de la religion, dans Die Drei 2/2013 ; pp.39 et suiv. [lien] , tout comme : Justesse du prix dans la doctrine sociale catholique et dans l’idée de la Dreigliederung de l’organisme social, dans Die Drei 6/2013, pp.43 et suiv. [lien].
( 3 )  Dans ce sens, le « bonheur suprême » est aussi à comprendre comme le but le plus élevé de la doctrine de l’État dans la Politique d’Aristote. Le souverain juste est le garant pour que la vie dans la communauté réussisse.
( 4 )  Cette idée découle du petit écrit de Thomas d’Aquin, dans lequel celui-ci a fait la distinction entre un royaume profane et un royaume sacerdotal. La fonction de celui-ci serait « de sorte que le royaume de l’esprit soit séparé de celui terrestre, non pas le royaume de la Terre, mais que soient responsables les prêtres et avant tout le plus élevé des prêtres, le successeur de Pierre, qui est le Représentant du Christ sur la Terre, le Pape de Rome, auquel tous les rois du peuple chrétien doivent être soumis comme à Jésus-Christ, le Seigneur. » Tiré de Thomas d’Aquin : Sur la domination des princes, traduction de F. Schreyvogel, Stuttgart 1971, p.55.
( 5 )  En tant que Keynésianisme est caractérisé un courant dans les sciences économiques, pour lequel la demande économique globale est la valeur décisive pour la production et l’emploi. Il se fonde sur l’idée que l’économiste britannique John Mayanard Keynes (1883-1946) a exposé dans son ouvrage, paru en 1936, Théorie générale de l’emploi, de l’escompte et de la monnaie. Dans la pratique politique, ces idées ont été le plus souvent réduites à une politique de demande anticyclique, dans laquelle l’État accepte un endettement à court terme pour stimuler avec cela la demande en biens d’investissements.
( 6 )  Le monétarisme fut développé de manière déterminante par Milton Friedman (1912-2006) dans les années 60 et 70 du siècle passé, en tant que contre-projet au Keynésianisme.
( 7 )  Au centre des « Autrichiens », se trouvent l’importance du commerce de l’être humain isolé et ses préférences individuelles pour les processus économiques. Cette école, aujourd’hui fortement reçue aux USA, remonte aux économistes autrichiens Carl Menger,  (1840-1921), Eugen von Böhm-Bawerk (1851-1914), Ludwig von Mises (1881-1973) et Friedrich August von Hayek (1899-1992).
( 8 ) Voir Rudolf Steiner : Les points essentiels de la question sociale (1919, GA 23), Dornach 1976, pp.138 et suiv.
( 9 ) Voir Stephan Eisenhut : Surmonter l’égoïsme en tant que problème de direction, dans Die Drei 10/2012 , p.45 [lien].
( 10 )  Voir Thomas d’Aquin : Sur la domination des princes, pp.39 et suiv.
( 11 )  Voir Rudolf Steiner : Grandes lignes d’une théorie de la connaissance de la conception goethéenne du monde, avec une considération particulière à Schiller. (Dornach 2003, GA 2), p.83.
( 12 ) Voir Rudolf Steiner: La question sociale ([lien]GA 328), p.39. « Toutefois, ce qu’est la vie du droit public, la véritable vie politique que souvent l’on pense trop englobante, celle que l’on peut caractériser comme la vie de l’État à proprement parler… ».
( 13 ) C’est un symptôme remarquable que l’Église catholique voulut, jusqu’en 1933, directement exercer au moyen d’un parti propre, le « Deutsche Zentrumpartei », un pouvoir sur les événements politiques. Après la seconde Guerre mondiale, le centre ne fut plus en mesure de gagner en importance. L’impulsion se reporta sur les Démocrates chrétiens agissant par dessus les confessions. Le catholicisme passa donc apparemment de plus en plus à l’arrière-plan.
( 14 ) Steiner critique le plus acrimonieusement l’influence de la vie catholique de l'esprit sur la vie politique par le « Deutsche Zentrumpartei » : « On devra reconnaître la chose comme la plus monstrueuse, qui consiste en ce que dans un Parlement d’État, comme l’était le Reichstag allemand, un parti se fondant simplement sur des bases spirituelles clandestines, comme le Zentrum est entré furtivement là-dedans, où ne devraient être formulés que des droits humains et autres choses de ce genre. Dans l’instant où dans la vie de l’État un tel parti parvient à entrer, cette vie de l’État est nécessairement troublée… à partir du côté spirituel. …Il résulte aussi bien à partir de la clarification de la vie spirituelle comme à partir de la l’analyse des situations qui sont apparues dans l’époque plus récente à partir de l’amalgame de la vie de l'esprit avec l’État, l’exigence de séparer complètement la vie de l’esprit comme une organisation propre et de la placer sur elle-même. »
( 15 )  Voir, par exemple, Rudolf Steiner : Les exigences sociales fondamentales de notre époque (1918, GA 186), Dornach 1990, p.113 : « Dans cette cinquième époque post-atlantéenne, la vie sociale doit être régulée par la culture de la science de l’esprit. Et tout autre effort pour réguler la vie sociale en dehors du domaine de la science de l’esprit, ne mènera qu’au chaos et à l’hyper-radicalisme, qui rend les êtres humains malheureux »".
( 16 )  Voir à ce sujet : Rudolf Steiner : Idées sociales — réalités sociales — pratique sociale (GA 337a), p.167 : « Ce qui serait juste en principe, conséquemment pensé au sens de la Dreigliederung, c’est de prendre part aux votes, de voter autant qu’il est possible de voter, d’entrer au Parlement et de faire de l’obstruction sur toutes les questions qui se rapportent à la vie de l’esprit et à la vie de l'économie. Cela serait conséquemment pensé au sens de la Dreigliederung. Il s’agit en cela de bien délimiter/désarticuler du reste la partie centrale, à savoir la vie de l’État. « 
( 17 )  Voir Stephan Eisenhut : Justesse du prix dans la doctrine sociale catholique et dans l’idée de la Dreigliederung de l’organisme social, dans : Die Drei 6/2013., p.43 [lien].
( 18 )  Cours d’Économie Politique (CEP), à l’endroit cité précédemment, p.36.
( 19 )   Rudolf Steiner : Les points essentiels de la questions sociale (Dornach 1976, GA 23), p.8 ; « C’est le fait du caractère étranger à la vie, de ce qu’on pense à l’encontre de ce qu’exige, par exemple, la réalité économique.
( 20 )   CEN, p.190 : « Qu’est-ce que cela signifie dans le sens d’économie du peuple lorsque quelqu’un peint un tableau, auquel ma foi il peint aussi dix années  ?  Cela signifie que le tableau acquiert ainsi pour lui une valeur telle qu’il peut maintenant de nouveau peindre dix ans durant à un tableau. Cela il ne peut pas le faire autrement qu’en s’épargnant dix ans de travail corporel. Le tableau devra avoir autant de valeur que du travail corporel fournit dix ans à d'autres produits. … Là où il s’agit de prestations spirituelles, nous recevons partout, quand nous voulons trouver le concept de valeur, l’autre concept, le concept du travail épargné, le travail que l’on épargne/économise. »
( 21 )  CEN, p.33 : « Ce sont pour l’essentiel les deux pôles du processus d’économie populaire. Vous ne trouvez aucune autre manière d’engendrer de la valeur en économie du peuple : soit la nature sera modifiée par le travail ou bien c’est le travail qui sera modifiée par l’esprit, à l’occasion de quoi l'esprit se vit à l'extérieur diversement dans les formations de capital, de sorte qu’en rapport à l’économie du peuple, l’esprit doit être recherché dans la configuration des capitaux. »
[raison fondamentale pour laquelle une économie communiste, sans liberté sur la destination du capital, n’est constitutionnellement pas viable, ndtDK]
( 22 )   CEN, p.19.
( 23 )   Voir à ce sujet mes exposés dans : Consommation du capital, création d’argent et formation d’associations économiques, dans Die Drei 1/2012, pp.45 et suiv. [lien3]
( 24 ) Dans la 6ème conférence du Cours d’économie politique, Rudolf Steiner décrit le problème de la redistribution à l’appui des droits de succession. Des droits de succession élevés, c’est ce que beaucoup de gens ressentent comme convenable. Mais Steiner s’interroge sur le fait de savoir si l’État peut mieux gérer (NDT faire l'économie) avec l’argent que la succession. Lorsque l’État brûle de l’argent dans sa bureaucratie, on n’y gagne pas beaucoup plus que lorsque c’est la succession qui le gaspille. Steiner s’intéresse précisément à la manière dont on arrive à ce que le capital arrive réellement aussi chez celui qui peut l’utiliser au mieux pour la communauté. Voir pp.92 et suiv.
( 25 ) A ce jeu, les déposants de capitaux allemands semblent s’y prendre d’une manière particulièrement stupide. Ainsi le Francfurter Allgemeine Zeitung  du 26.09.2013 titre; p.18: „L’anéantissement allemand des moyens financiers : avec des placements — pas seulement — à l’étranger amateurs et profits se cassent le nez. L’étranger rit déjà depuis longtemps de l’argent allemand stupide. » Gerald Braunberger  introduit cet article de la manière suivante : « La quête de haut rendement a incité de nombreux déposant de capitaux allemands d'apporter leur argent à l’étranger. L’ignorance et l’arrogance mènent à de lourdes pertes. » Sur la même feuille, à la page 17, on rapporte que les investisseurs allemands ont souffert, entre 2006 et 2012, une perte de fortune de 600 milliards d’Euro.
( 26 ) Voir CEP, pp.147 et suiv.
( 27 )  CEP, p.165.
( 28 )   De cette pensée Udo Hermannstorfer a développé le modèle du « maintien dynamique de la valeur monétaire ». Voir Udo Hermannstorfer : Semblant d’économie de marché, Stuttgart 1991, pp.164 et suiv. Walter Johannes Stein, un participant au Cours d’économie nationale, à déduit dans un essai des années 30, que le capital ne pourra absolument plus être remboursé. Ne pourra être payé pour le capital qu’un intérêt. Cela rend possible de pouvoir faire valoir un droit dans le futur auquel on renonce dans le présent.  (Voir Walter Johannes Stein : Chemins hors de la crise économique mondiale, dans : Der Europäer, 17ème  année, n° 2/3, pp.19 et suiv.
( 29 )  Voir Stephan Eisenhut : De la vie économique invisible et de son devenir historique dans Die Drei11/2011, pp.43 et suiv. [Lien2]