Dreigliederung ou
tri-articulation :
litt. qui consiste en trois membres distincts mais en
interaction. Dans l'œuvre imprimée de Rudolf
Steiner le terme est utilisé le plus souvent
appliqué : à l’organisme social, à
l’organisme corporel humains (3 systèmes
fonctionnels autonomes ayant chacun leur centre et débouchés
spécifiques sur l’extérieur voir entre
autres « Les énigmes de l’âme - GA021 », chapitre "Les dépendances
spirituelles et physiques de l'entité
humaine"), l’être humain sur terre en
tant que corps, âme, esprit. Ensuite,
beaucoup moins souvent, au reflet dans
l’âme humaine des trois
systèmes fonctionnels de la corporéité
connus dans la psychologie
classique comme penser, sentir, vouloir
(comme aussi aux facultés suprasensibles que
"je" peux construire). Aussi encore dans le rapport de trois
facultés historiques de l’âme (de
sensation, d’entendement, de
conscience) en rapport aux âmes de
peuples.
Historiquement d’abord traduit en français
par « tripartition » alors qu’existe bien
le terme 'Dreiteilung' en allemand
que Rudolf Steiner utilise dans
certaines circonstances, mais distingue explicitement de
'Dreigliederung' (triarticulation)
Références non exhaustives :
- https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/01338169170198616021921.html
- https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/01341086088198605081922.html
(trad à corriger)
- https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/01083306307198111061922.html
D'un certain point de
vue, on pourrait dire que ces
anciennes traductions reflétaient plus
l’activité première par
laquelle on rentre en rapport, surtout
intellectuellement d'abord aussi, au concept
:
définir ce qui relève de
chacune des parties, pour dans un deuxième
temps arriver peut-être à aussi
s’intéresser à la façon dont elles
"s’articulent". A l’origine, la suggestion
"tri-articulation"(qui n’existe pas en français
et
est donc une création
spécifique) aurait été faite par Christian
Lazaridès
en (rechercher date).
Une expérience de traduction spécialisée en
tri-articulation, de maintenant plus de dix
années, montre que cette suggestion
s'incorpore bien dans les différentes
exigences de rendre les variations (ou
déclinaisons du concept) en verbe, adjectif,
etc. Ce que d'autres propositions ne
permettent pas aussi facilement.
Reste cependant qu'est souvent reproché
qu'elle appelle des représentations par trop
mécaniques ou anatomiques... qu'une
articulation n'est pas le membre, mais une
partie de celui-ci.
Il est effectivement probable que
tri-membrement serait plus exact et
passerait aussi bien que tri-articulation
dans les différents emplois (hormis ceux où
il s'agit bien d'articuler), mais rebuterait
autant celui qui ne perçoit pas l'enjeu
quand au concept. Si par exemple, il s'agit
de "démembrer" la vie de l'économie de la
vie étatique, là ce serait peut être même
mieux que "désarticuler"...
Bref, de toute façon, là où beaucoup
n'arrivent pas à s'évader un instant d'un
usage de la langue inféodé au seul
dictionnaire de l'Académie française,et au
conformisme langagier, et en restent donc à
"tripartition", se trouvent souvent aussi
ceux qui ont un certain mal à n'atteindre
les phénomènes vivants autrement
qu'abstraitement.
Ils ne réalisent pas non plus qu'ils prêtent
ainsi à Steiner une position
conservatrice, voire réactionnaire voulant
revenir à un ordre social quand même
prétendument (*) aboli lors de la Révolution
française... et prônent alors, dans une
totale insouciance un retour aux sociétés
"ternaires" que décrit l'universitaire
Thomas Piketty dans son livre "Capital et
Idéologie" (Éditions du Seuil 2019) dans la
partie 1 : "Régimes inégalitaires dans
l'histoire" et la partie 2 ; "Sociétés
esclavagistes et coloniales". Parler de
"trimembrement" ou de "triarticulation"
forcerait alors quand même à se donner les
moyens d'un comportement spirituellement
plus responsable : introduire au véritable
propos : celui de surmonter l'ancien régimes
en trois états sociaux (clergé, noblesse,
tiers-état) et/ou se prémunir contre la
société oligarchique qui vient sinon.
Il semble d'ailleurs que bien qu'existant
préalablement en allemand,et servant surtout
en des représentations de vie courantes, le
mot est surtout familier de ceux qui ont une
notion, même floue, de celle que lui donna
R. Steiner.
(une autre piste de réflexion sont les choix
dans d'autres langues : "threefolding" pour
l'anglais, "trimembration" pour l'espagnol,
par exemple)
Alors voyons ce que l'usage en
fera ! Ce qui compte c'est d'atteindre la
perception des réalités décrites.
Plus récemment encore, se montre que la
"triarticulation" peut aussi se comprendre
comme un "outil", une façon encore plus
générale d'aborder et agencer correctement
le réel, qu'il soit sensible ou
supra-sensible, dans le prolongement de la
méthodologie du penser développée notamment
dans la "Philosophie de la liberté". Elle en
serait en quelque sorte la conséquence
longuement maturée. Cette longue et
nécessaire maturation, R. Steiner s'en ouvre
une fois aux professeurs de l'école Waldorf,
mais parle plus souvent des plus de trentes
années qui lui ont été nécessaires. En 1918,
juste entre la première édition des "Enigmes
de l'âme" et le lancement de la campagne
publique pour une triarticulation sociale,
il réédite la plupart de ses ouvrages de
base. J'ai d'abord cru naïvement que
cela avait un rapport avec la préparation de
celle-ci... mais ne voyait pas que cela
avait en fait une portée bien plus large,
soutenait une tentative de publication
scientifique d'une conquête bien plus
importante concernant la possibilité de se
forger des organes de perception
"supérieurs" en trois facultés nouvelles :
imagination, inspiration, intuition. Les
"disciples" de longue date, peut être parce
qu'ils en avaient déjà entendu parler, ne
réalisèrent pas forcément la "nouveauté"...
jusqu'à aujourd'hui ?
En France, on parle encore tant et toujours
de tripartition... et cela prend
évidemment une autre forme en allemand où
l'usage courant à le mot.
Plus fondamentalement encore, par la
partition forcément "morte", on ne
voit pas ce que la "triarticulation" dit
de ce qu'apporte justement la mort à la
vie.
(*) la seule conquête réelle de la
révolution bourgeoise de 1789 est
l'abolition de trois ordres juridiques
distincts en un seul - donc l'égalité devant
une seule et même loi s’appliquant au
"ci-devant" citoyen de la République. Et
donc l'humain surtout vu comme membre de
l’État... et d'une fierté nationale !
Pour une liberté qu'on ne confondrait pas
avec l'égalité, et une possible
fraternité... on verra plus tard.
mise à jour FG
: 06/02/2022 puis 01/05/2025 et 10/05.
voir aussi "tripartition"
(ancien glossaire)
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