L'anthroposophie ( et la triarticulation
)
après
Steiner II
par François Germani, 17 août 2025, v. 01
La personnalité interviewée joua un grand rôle en Hollande et au delà. Et on pourrait peut-être même parler d'un "école hollandaise" avec d'autres auteurs (au moins au sens courant). Elle est de ces personnalités qui comptent aussi en interne pour leur reconnaissance externe au mouvement. Les Pays-bas eux sont en quelque sorte aussi un carrefour entre peuples parlant anglais et parlant allemand (ouest-est) et juste, territorialement, entre latins et "nordiques" (sud-nord).
Et, concernant la vie du courant anthroposophique dans le monde, mêlés à plusieurs destins (exclusions des années trente, plus récemment, en matière sociale, une des sources importante -?- du mouvement la NEF en France - une source vécue de manière ambivalente selon qu'on regarde progrès socio-économique ou tradition de culture jusqu'au sens de terroir et d'agri-culture - et non mot allemand de Land [pays] wirtchaft [économie], justement !).
On en trouvera sur elle d'abord :
- la traduction de la fiche du site germanophone de l'institut :
pour l'instant encore très concise et prudente.
Ce
qui est certain, c'est l'influence en science sociale
anthroposophique jusqu'à aujourd'hui, y compris jusque
dans une partie de la vie interne du Goethéanum
(prestations de "médiation" de F. Glasl par ex).
Peut-être aussi l'influence probablement indue en
science sociale d'êtres principalement formés à la
corporéïté naturelle de l'humain.
-
Et donc la traduction de l'entretien publié 2 ans avant son
décès.
Cette personnalité est donc d'envergure, et se mêle aussi de prophétiser.
A chacun de juger par soi- même sur ce terrain. En ce qui me concerne, je prends simplement bonne note et me concentre sur ce que je connais et en quoi je peux fournir l'une ou l'autre référence de comparaison chez RS. Et c'est justement celle du temps que RS envisageait pour la nécessité d'une triarticulation sociale comme il tenta de la présenter à trois occasions (mémorandums, Stuttgart, Haute-Silésie).
Voici
donc le passage :
https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/01192388389199128091919.html
Si, cher lecteur, vous confrontez les propos, vous constatez des approches des temps, des conceptions, des "prophéties" bien différentes. Sans parler d'une façon d’être à l'autre bien différente aussi (commune à beaucoup d'anthroposophes " à succès" après Steiner - Prokofiev, Tradowsky, ...). Il est vrai que Steiner demande plus d'efforts et que ce n'est peut-être pas flagrand dans ce passage. Et ces efforts ne sont pas seulement liès à ce qu’il est désormais plus loin de nous dans le temps...
J'ajoute à cela encore l'un où l'autre passage tiré justement du cycle déclencheur de cette publication :
- Celui où, étrangement, RS évoque plutôt la pleine signification de l'anthroposophie elle-même pour un temps ultérieur, et justement pas de la triarticulation sociale présentée, elle, comme d'une destinée de plus court terme
Car la science de l'esprit doit entrer dans cette cinquième époque post-atlantéenne, dès notre époque ; mais, compte tenu des obstacles qui se dressent devant elle, vous pourrez juger qu'elle ne s'imposera pas rapidement et qu'elle n'atteindra sa pleine signification qu'à la sixième époque post-atlantéenne. C'est tout. Car à cette cinquième époque post-atlantéenne, elle aura toujours pour adversaire essentiel tout ce qui est matérialiste. (GA170, conf. 15, §15)
- Celui, 2 § plus loin (mais qu'on peut aussi trouver ailleurs) où il évoque la figure du médecin comme équivalente à celle du policier, de part et d'autre d'un humain qui ne s'administrerait plus de soi-même (Cela est à rapprocher aussi de ce qu'il dit des transformations, peu connues, à envisager dans la relation patient-médecin (*) et pour évoquer les travers possibles qui affleurent dans le propos de l'interviewé semblant ne pouvoir faire appel qu'à de la prise par la main qui s'avère finalement être peut-être son approche sociale contrairement à RS croyant déjà possible, il y a plus de cent ans, un appel à la liberté en chacun.)
(*)
https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/073a073a162218200507041920.html
Notons cependant qu'il en appelle aussi, dans
l'entretien, à ce travail d’École de science de
l'esprit, et qu'il travailla aussi avec d'autres, à la
mise sur pied d'une section sociale... où peut être,
de telles contradictions apparentes attendent toujours
que soi trouvé leur fécond dépassement...
Alors surgissent les idoles, c’est-à-dire des descriptions pour du non-étant, pour du non réel, parce que les humains ne sont pas seulement ensemble par le sang en tribus, en nations, mais parce qu’ils se font même des communautés dans lesquelles ils administrent ceci ou cela ; en fait, ils administrent toujours plus, et finalement tout sera administré ; l'humain en viendra au point où il n'aura pas la permission d'aller dans le monde sans un médecin à sa gauche et un policier/homme de police à sa droite, de sorte qu'il sera entièrement « administré », n'est-ce pas ? Selon Bacon, par cela sont aussi créées certaines irréalités. (GA170, conf. 15, §17)
Voilà donc pour l'instant, juste comme des tentatives d'alertes, qui, telles quelles, pourront encore sembler anecdotiques ou issues d'un vécu purement subjectif. Elles pourraient se centrer sur la question : la triarticulation peut-elle être ramenée à un but/un état final à qui manquerait son chemin de développement, sa propre dynamique d'évolution ? Je suis de ceux qui en doutent fortement car trop nombreux sont les passages où RS l'associe/(ou y fait appel pour donner sens) à des processus d'évolution dans l'histoire dont justement il nous invite à acquérir la conscience nécessaire pour les porter plus loin. Peut-être tend-on à confondre évolution dans l'espace et le temps et évolution, moins connue/évidente en notre temps matérialiste-biologiste, hors de l'espace et du temps, dans l'éternité dont participe l'humain et peut être ce qui de lui est forcément société. Un travail plus argumenté serait évidemment nécessaire. Il serait dommage que par ignorance un autre chemin puisse se substituer sous la "marque" ou le "slogan" aujourd'hui d'anthroposophie ou de triarticulation.
Car
tout cela touche finalement de près les vies de ceux
qui cherchent vraiment la triarticulation, mais aussi,
dans notre pays (comme vie de droit d'un territoire
"nationalement" délimité), la science de l'esprit
inaugurée par R. Steiner.
Et surtout la possibilité d'un développement
individuel et soutenu collectivement, enfin plus
libre, non administré par de l'entre-soi imposé à
tous, auquel beaucoup, certes, aspirent, mais
n'imaginent même pas encore correctement les
modalités.