triarticulation

Institut pour une triarticulation sociale
(contenu spécifique au site français)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch English Dutch Skandinavisk Français Italiano Español Português (Brasileiro) Russisch
Recherche
 contact   BLOG  impressum 

Karl Ballmer :
Échange de lettres sur les nerfs moteurs

Nouvelle édition élargie - 1ère édition 2013, 236 pages - EUR 16,- / SFR 22,- ISBN 978-3-930 964-22-2

Trad. FG v.01 - 12/06/2022 de l'original allemand : https://www.edition-lgc.de/i.php?n=A-buch.B22

Voir aussi : Peter Wyssling : La lutte de Rudolf Steiner contre les nerfs moteurs


L'expérience consciente du se mouvoir arbitrairement est la plus évidente pour tout un chacun. Pourtant, la capacité de mouvement de la bûche de bois et la motilité de l'humain sont fondamentalement de même sorte ; la supposition du contraire serait une prétention luciférienne. L'arbitraire vécu n'est pas un agent physique. Sur la base de l'enseignement de Rudolf Steiner, peut seulement être dit ceci : En faisant l'expérience de la participation de leur Je aux mouvements, les Meier et les Müller peuvent aussi faire l'expérience consciente du se mouvoir arbitrairement. Il se tient justement pour tâche, de venir par derrière, qu'il doit y avoir des illusions nécessaires à la conduite de notre existence/être-là, afin que nous puissions être des êtres moraux en tant qu'habitants de notre corps, que nous ne devons pas identifier sans plus à notre "Je".

Sous la forme d'une "expérience" socio-existentielle - dans sa correspondance avec le médecin anthroposophe Gerhard Kienle - Karl Ballmer expose que et comment la thèse de Rudolf Steiner : "il n'y a pas de nerfs 'moteurs'" est le pivot de sa vision globale du monde.

Ballmer insiste sur la constatation tenace de Rudolf Steiner selon laquelle la distinction entre deux types de nerfs est une erreur fatale, voire une "folie" : "Cette erreur de pensée scientifique sur les soi-disant nerfs moteurs est une erreur capitale qui a corrompu toute la physiologie et la psychologie". - Steiner savait qu'avec sa vision de l'action des nerfs et de la volonté, il ne pouvait passer que pour un "dilettante sanglant" devant le forum de la neurologie. - La représentation d'une volonté pilotée par les nerfs est après comme avant une théorie, mais qui est traitée comme un fait certain. Steiner insiste sur le fait que les prétendus nerfs "moteurs" servent au "branchement" de la vie psychique/d’âme sur le mouvement propre du corps ; ils rendent possible ou "transmettent" des sensations comme toutes les autres : la perception du mouvement des membres est selon Steiner une "perception extérieure" à l'intérieur du corps. La vie de l'âme des humains individus dépend des mouvements du corps, de l'ensemble complexe des perceptions qui y sont liées, et en aucun cas l'inverse. - Dans les rangs des physiologistes anthroposophes, le combat de Steiner contre les nerfs moteurs fait l'objet de controverses, comme en témoigne l'appellation "problème nerveux" : comment devrait-on procéder avec l'écart entre la "situation de fait sûre" et la polémique militante de Steiner ? - Karl Ballmer était apparu avec la "correspondance" en 1953 à la suite d'une dispute avec le jeune neurologue de l'époque, Gerhard Kienle. Ce dernier défendait la thèse selon laquelle la physiologie ne pouvait absolument pas être compétente pour les thèses de Steiner, et que pour les comprendre, il était indispensable de revenir aux fondements du "savoir" et de la science. Plus tard, Kienle a aussi défendu cette vue, ce qui a été pratiquement ignoré jusqu'à présent par la postérité anthroposophique. Les lettres de Ballmer contrastent les motivations/raisons de mouvement de Steiner avec la dualité classique corps-âme. Leur publication a été conçue par Ballmer comme une "expérience" avec l'âme du groupe des savants - une expression de Steiner.

L'humain et le monde sont à regarder comme unité, laquelle unité se reflète dans son apparence physique en tant que corps humain et, à l'intérieur de celui-ci, à la matière nerveuse "paralysante", déconstruisante, dans toutes ses trajectoires qui vont toujours de "circonférence à circonférence". C'est du reflet sur cette "matière morte" que résulte la conscience objective, l'intellect. Grâce au métabolisme constructif polairement opposé, le sentiment sourd, à puissance de volonté du Je apparaît. L'unité humain-monde (la "volonté" autarcique et constructive au-delà du temps et de l'espace) n'a pas besoin de pilotage neuronal-cérébral - elle prend conscience d'elle-même en tant qu'"humain" grâce aux (douze) sens - les nerfs musculaires servant à la perception ("sensitive") du mouvement propre. L'activité de la volonté liée au métabolisme est primaire par rapport aux processus neuronaux - c'est un processus "magique", il se manifeste directement-physiquement - il est à chercher au-dessus des "prises d’influences" psychologiques. Entre le pôle nerveux-sensoriel "veillant" et la périphérie métabolique-membranaire "dormant" se trouve le système rythmique, la base corporelle du ressenti. À la dichotomie classique corps-âme, Steiner oppose la trinité corps-âme-esprit sous la forme de la trichotomie physiologique. Le corps et ses mouvements sont un "divin" différencié, un phénomène originel. La science de la nature actuelle interprète ce "divin" comme une "auto-organisation de structures cohérentes".

Les lettres de Ballmer sont de la plus grande valeur pour comprendre les thèses de Steiner avec les moyens de la raison analytique normale. Elles ont été taboues par les spécialistes anthroposophes au cours des 65 dernières années, alors qu'elles recèlent la solution de cette énigme que constituent les innombrables déclarations polémiques de Steiner contre la théorie nerveuse en vigueur. - Le regard de Ballmer sur l'homme en tant que "sous-locataire" de l'"humain générique" automoteur, origine spirituelle et physique de tout événement de la création, est la clé de la solution - comme le montre la tournure surprenante que prit la vie de Gerhard Kienle en 1983. Peu avant sa mort, Kienle défendait l'idée que le véritable problème serait à rechercher dans l'approche "goethéenne" ou "phénoménologique" adoptée jusqu'alors par les scientifiques anthroposophes. Sans un retour aux fondements de conception du monde de l'anthroposophie, on tombe forcément en opposition avec Rudolf Steiner. Ce problème reposerait aussi à l'origine du manque de succès de la médecine anthroposophique jusqu'à présent. - Le changement dramatique de position de l'anthroposophe renommé et fondateur d'université n'est pas abordé dans la biographie anthroposophique "maison" du célèbre auteur Peter Selg. - Même le goethéen Wolfgang Schad, éditeur de la publication en deux volumes "Nervenorganisation und soziale Frage (Organisation des nerfs et question sociale)" (Verlag Freies Geistesleben, 1992), passe sous silence ce tournant "final" de la vie de Kienle. - Schad est le seul à aborder Ballmer. Mais il présente son approche esprit-physique sous la forme déformée d'une propre doctrine psychologique du Je qui "ramène" de nouveau le "problème nerveux" dans le domaine de compétence de la science spécialisée. Avec la théorie spéculative d'un "double-aspect-Je", Schad veut maîtriser le problème délicat de la polémique sur les nerfs de Steiner, ce qui revient à violer les efforts de Ballmer et de Steiner. La violence est également faite au lecteur : la confrontation Kienle/Ballmer, la publication de l'échange de lettres, est discrètement passée sous silence. Le traitement rédactionnel sélectif a des conséquences dommageables pour tous - et pas seulement pour Ballmer et Kienle. Pour ce dernier, dans la mesure où la critique du "goethéanisme" doit être passée sous silence. L'essai de Kienle datant de 1950, qui avait donné lieu à l'intervention de Ballmer et à la publication de la correspondance, est publié pour la première fois sous forme de livre dans la deuxième partie du recueil - ce qui signifie que Kienle est antidaté de 30 ans. Plus aucune trace du changement de position, des doutes intérieurs, de l'émouvante révélation de soi - si ce n'est la communication énigmatique selon laquelle Kienle n'aurait jamais republié de lui-même l'article de 1950. - Cette manipulation manifeste est le symptôme d'une volonté massive de mécomprendre. -

Le volume de commentaires de Peter Wyssling sur la "correspondance" met en contraste les lettres de Ballmer avec les contributions d'auteurs anthroposophiques récents sur le sujet. L'objectif est de démontrer qu'il ne peut y avoir de solution au "problème des nerfs" que si la critique du "goethéanisme" académique (réclamée par Kienle) est admise. - Chez Steiner et Ballmer, destin et "volonté" signifient la même chose ; la nouvelle édition actuelle de la correspondance, augmentée d'autres textes, poursuit l'"expérience" initiée par Ballmer - cette épreuve de maturité qui se sait résolument exposée au hasard des événements en cours. Le traitement du sujet a de vastes conséquences, jusqu'à un nouveau regard sur les multiples "crises" du présent : sur la "question sociale" non maîtrisée.

Accéder aux extraits du livre