De l'essence de la triarticulation appliquée au social

Institut pour une triarticulation sociale
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 Parmi les notes de la GA 337b, le compte rendu d'une conférence d'un "triarticuleur" de l'époque résumé par un pilier de la "lutte de Rudolf Steiner contre le concept de nerfs moteurs".
Est-ce vraiment le propos d'Eriksen ou le talent de condensation de Karl Ballmer qui donne à ce résumé tout sa force d'impact, particulièrement dans notre actualité ?

Belle caractérisation de la démarche de triarticulation sociale et des difficultés qu'elle rencontre aujourd'hui.

Les mises en évidences sont de mon fait.

François Germani, 05/11/2022

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mention concernant la page 43 : "Richard Eriksen donne une conférence" : la conférence n'a pas été sténographiée. Toutefois, un résumé de cette conférence a été publié par Karl Ballmer dans le "Tagblatt für das Birseck, Birsig- und Leimental (Feuille du jour pour les vallées de la Birseck, la Birsig et la Leimen)" du 12 août 1920. Ballmer y rapportait les propos d'Eriksen :


Il n'est pas tout à fait exact de parler des fondements philosophiques de l'impulsion de la triarticulation. En effet, les impulsions pour l'assainissement de la vie sociale dans le sens de la triarticulation ne trouvent pas leur fondement dans la philosophie, c'est-à-dire pas seulement dans les forces intellectuelles humaines, mais la base de connaissance pour la "triarticulation" est la science de l'esprit. Le conférencier a mis en lumière la différence entre l'aspiration à la connaissance de la science de l'esprit et l'aspiration religieuse. La science de l'esprit est l'approche scientifique qui revendique naturellement le travail de pensée le plus exact, mais dont les résultats doivent être vécus, intégrés dans la volonté, et ne peuvent pas être simplement réfléchis. Dans les époques précédentes, l'humanité était guidée par une vie de l'esprit plus naturelle, plus instinctive. La philosophie, qui ne remonte pas si loin dans l'histoire, est en quelque sorte un point de passage vers la mort, dans la mesure où les expériences de l'esprit autrefois instinctives de l'humain deviennent de simples pensées de tête, pour renaître à notre époque de la volonté de l'humain.

La pensée abstraite de la philosophie a donné naissance à des idéaux sociaux tels que ceux de la Révolution française : liberté, égalité, fraternité. Ces idéaux s'opposent aux dogmes religieux et ont un effet dissolvant sur les liens sociaux des temps anciens. Ils favorisent en revanche la liberté de commerce, l'individualisme économique, la libre concurrence, le capitalisme privé. Les idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité n'ont pas pu se déployer dans la vie avec des effets sains et puissants, [et ce] parce qu'ils sont issus de la pensée purement abstraite, qui n'est pas à la hauteur de la vie pleine. Les trois idéaux s'annulent mutuellement et entrent en contradiction avec les réalités sociales. Des phénomènes tels que l'impérialisme politique, le féminisme, le bolchevisme, ainsi que l'esclavage moderne qui rend l'homme dépendant des puissances économiques impersonnelles, qui considère la force de travail de l'humain comme une marchandise, sont des phénomènes qui montrent que la liberté, l'égalité et la fraternité ne peuvent pas intervenir de manière organisatrice dans la vie communautaire. Ce qui organise, ce n'est pas la liberté, l'égalité et la fraternité, mais les intérêts économiques.

Aujourd'hui, c'est l'égoïsme de groupe qui prévaut et qui s'exprime de différentes manières, mais toujours selon des points de vue économiques, que ce soit dans le cri de lutte des classes <Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!> ou dans l'égoïsme des consommateurs ou des producteurs, dans les trusts, et ainsi de suite. Mais à partir des fondements de la science de l'esprit, l'humain doit à nouveau être considéré comme celui qui agit et qui veut. Ce ne sont pas les conditions économiques qui doivent façonner l'humain, mais l'humain doué de volonté qui doit façonner les conditions. L'idée de la triarticulation, qui aborde les phénomènes compliqués de la vie sociale moderne avec des pensées capables de rendre justice à ces phénomènes de manière vivante, est la preuve de la force spirituelle de la science de l'esprit. Les idées de la triarticulation se réaliseront en ce qu'elles doivent être intégrées dans la volonté de chaque individu.

On ne peut pas se comporter vis-à-vis des idées sociales de la triarticulation comme on se comporte vis-à-vis de la proposition d'une solution quelconque de nature technique. On ne peut pas résoudre des problèmes sociaux comme des problèmes techniques. Les gens veulent aujourd'hui, pour que de meilleures conditions sociales s'installent, être traités simplement comme on se laisse soigner par le dentiste ou le chirurgien, en s'asseyant passivement. Mais aujourd'hui, les humains doivent s'éveiller à l'action. La connaissance sociale ne peut être qu'une connaissance en acte.

Le conférencier a conclu en rappelant une parole de Pascal : <Il faut connaître les choses terrestres pour les aimer. Les choses spirituelles, il faut d'abord savoir les aimer si l'on veut les connaître.> Cela devrait signifier que notre époque, avant laquelle l'époque précédente avait devancé le sentiment religieux pour la connaissance des rapports de vie enracinés dans le monde suprasensible, doit à nouveau en venir à aimer le monde spirituel, auquel notre époque orientée vers la science a accès grâce à la science de l'esprit.

On peut comparer notre époque à celle du début du christianisme. Les Juifs pensaient à un grand empire juif mondial, à un royaume <de ce monde>. Mais aujourd'hui aussi, il est important de reconnaître le monde des sens et le monde de l'esprit dans leur juste harmonie. Comme les Juifs d'alors, ceux qui construisent aujourd'hui unilatéralement des empires mondiaux iront à la ruine".