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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA334

DE L'ÉTAT UNITAIRE À L’ORGANISME SOCIAL TRI-ARTICULÉ.




LA SCIENCE DE L'ESPRIT (ANTHROPOSOPHIE) PAR RAPPORT À L'ESPRIT ET AU NON-ESPRIT DANS LE PRÉSENT -
Première conférence,
Bâle, 4 mai 1920
GEISTESWISSENSCHAFT (ANTHROPOSOPHIE) IM VERHÄLTNIS ZU GEIST UND UNGEIST IN DER GEGENWART -
Erster Vortrag,
Basel, 4. Mai 1920

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 334  225-250 1983  04/05/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 23/01/2023 Editeur: SITE

Dans ces trois conférences, je voudrais, d'un certain côté, donner une sorte d'image résumée du vouloir du mouvement spirituel scientifique, de ce vouloir qui résulte des tâches clairement visibles du présent lui-même et de ce que l'on peut reconnaître comme tâches de l'humanité pour le futur proche.

01

In diesen drei Vorträgen möchte ich von einer gewissen Seite her eine Art zusammenfassenden Bildes geben von dem Wollen der geisteswissenschaftlichen Bewegung, von jenem Wollen, das her­vorgeht aus den klar ersichtlichen Aufgaben der Gegenwart selber und aus dem, was man erkennen kann an Menschheitsaufgaben für die nächste Zukunft.

J'aimerais aujourd'hui, dans une sorte d'introduction, faire des remarques sur l'essence de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement et sur la nécessité d'un mouvement spirituel scientifique à l'intérieur de la vie de civilisation du présent. Demain, j'aimerais montrer en particulier comment cette science de l'esprit conduit à une connaissance plus profonde, à une connaissance pleinement saisie de l'être humain d'âme et d'esprit, et de là à un approfondissement de la conscience morale. J'aimerais aussi montrer comment cette science de l'esprit doit se situer par rapport aux confessions religieuses de l'époque actuelle, et j'aimerais enfin montrer, dans le troisième exposé, comment la calamité actuelle provient des particularités psychologiques des peuples actuellement répandus sur la terre, comment elles sont issues de l'évolution historique de ces peuples. Ainsi, j'aimerais en quelque sorte passer d'une caractéristique de la science de l'esprit à une réflexion sur la civilisation actuelle, éclairée du point de vue spirituel scientifique.

02

Ich möchte heute in einer Art Einleitung Bemerkungen machen über das Wesen der anthroposophisch orientierten Geisteswissen­schaft und über die Notwendigkeit einer geisteswissenschaftlichen Bewegung innerhalb des Zivilisationslebens der Gegenwart. Ich möchte dann morgen insbesondere zeigen, wie diese Geisteswissen­schaft zu einer tieferen Erkenntnis, einer lebensvoll erfaßten Er­kenntnis des menschlichen Seelen- und Geisteswesens, und von da aus dann zu einer Vertiefung des sittlichen, des moralischen Bewußt­seins führt. Ich möchte dann auch zeigen, wie sich diese Geisteswis­senschaft zu den religiösen Bekenntnissen der Gegenwart stellen muß, und ich möchte endlich im dritten Vortrage zeigen, wie die Kalamität in der Gegenwart aus den psychologischen Eigentümlich­keiten der heute über die Erde verbreiteten Völker hervorgeht, wie sie hervorgegangen sind aus der geschichtlichen Entwickelung die­ser Völker. So daß ich gewissermaßen vorschreiten möchte von einer Charakteristik der Geisteswissenschaft zu einer Betrachtung über die gegenwärtige Zivilisation, beleuchtet vom geisteswissen­schaftlichen Standpunkte aus.

Quand on entend parler aujourd'hui, extérieurement, superficiellement, comme cela correspond déjà à l'esprit de beaucoup de nos contemporains, de quelque chose comme le mouvement spirituel dont l'édifice de Dornach est le représentant extérieur, on a tout de suite le sentiment que quelque chose comme ça ne peut être en fait que pour le dimanche, car tous les jours de la semaine, les humains ont leurs occupations utiles, qui sont réglées, qui ont peut-être montré une fois de grandes irrégularités en raison d'un événement quelconque dans les quatre ou cinq ans, mais qui sont reconstruites dans la mesure où elles ont été détruites - mais on n'a pas la sensation qu'une telle chose, qui a à voir avec ces tâches quotidiennes de l'humanité, puisse naître d'un mouvement spirituel. C'est ainsi qu'est née l'opinion selon laquelle tout ce dont l'édifice de Dornach est le représentant extérieur est justement un mouvement sectaire, une sorte de nouvelle formation religieuse, laissant tout au plus à ceux qui s'attachent à l'ancien avec un certain fanatisme issu de l'une ou l'autre raison le soin de chercher toutes les formes de lutte possibles contre un tel mouvement.

03

Wenn man heute äußerlich, oberflächlich, wie es schon einmal dem Geschinacke sehr vieler Zeitgenossen entspricht, von so etwas hört, wie die Geistesbewegung ist, deren äußerer Repräsentant der Dornacher Bau ist, so hat man sofort das Gefühl: So etwas kann ja eigentlich nur für den Sonntag sein, denn an allen Wochentagen haben die Menschen ihre nützlichen Beschäftigungen, die geregelt sind, die vielleicht einmal durch irgendwelche Ereignisse in vier oder fünf Jahren große Unregelmäßigkeiten gezeigt haben, die aber wieder aufgebaut werden, insofern sie zerstört sind — aber man hat nicht das Gefühl, daß so etwas, das mit diesen Alltagsaufgaben der Menschheit zu tun habe, entstehen könne durch eine geistige Bewe­gung. So ist denn auch die Meinung entstanden, daß alles dasjenige, für das der Dornacher Bau der äußere Repräsentant ist, eben eine sektiererische Bewegung sei, eine Art neue Religionsbildung sein wolle, und überläßt es höchstens denjenigen, die mit einem gewis­sen, aus dem einen oder anderen Beweggrund hervorgehenden Fanatismus an dem Alten hängen, alle möglichen Kampfesarten gegen eine solche Bewegung zu suchen.

Maintenant, mes très chers présents, j'aimerais aujourd'hui, en plus de tout le reste, attirer l'attention sur ce que le mouvement spirituel, qui est pensé ici en tant que mouvement orienté anthroposophiquement, a été ces dernières semaines à déployer des activités très pratiques. Comme en d'autres lieux, une activité très pratique est en cours ici aussi, en ce qu'est tenté d'opposer une construction à la vie actuelle en déclin par le biais d'une - s'il vous plaît, cela peut même paraître paradoxal si l'on parle au nom d'un mouvement spirituel scientifique - "société anonyme pour la promotion des valeurs économiques et spirituelles". Des activités très pratiques doivent être lancées prochainement. Il s'agira aussi de montrer comment ce qui est pensé par mouvement spirituel scientifique orienté anthroposophiquement humaines n'est vraiment pas une somme de sermons du dimanche après-midi, mais quelque chose qui est intimement pendant à ce dont notre époque a besoin en termes de nouvelles impulsions dans la vie pratique.

04

Nun, meine sehr verehrten Anwesenden, neben allem anderen möchte ich gerade heute gleich beim Ausgangspunkte dieser Be­trachtung darauf hinweisen, daß die Geistesbewegung, die hier gemeint ist als anthroposophisch orientierte, in den letzten Wochen daran gegangen ist, sehr praktische Tätigkeiten zu entfalten. So wie an anderen Orten, so ist auch hier eine ganz praktische Tätigkeit im Gange, indem versucht wird, durch eine — bitte, es kann sogar paradox klingen, wenn man im Namen einer geisteswissenschaft­lichen Bewegung spricht —, durch eine «Aktiengesellschaft zur Förderung wirtschaftlicher und geistiger Werte» dem niederge­henden gegenwärtigen Leben einen Aufbau entgegenzusetzen. Ganz praktische Tätigkeiten sollen in der nächsten Zeit begonnen werden. Und da soll auch gezeigt werden, wie dasjenige, was gemeint ist mit der anthroposophisch orientierten geisteswissen­schaftlichen Bewegung, wirklich nicht eine Summe von Sonntag­nachmittags-Predigten ist, sondern etwas, was innig zusammen­hängt mit dem, was unsere Zeit an neuen Einschlägen auch des praktischen Lebens braucht.

Laissez-moi donc aussi partir d'une présentation caractéristique de la vie pratique dans une certaine direction, pour pouvoir ensuite caractériser plus intimement le vouloir de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement. Certaines personnes qui veulent aujourd'hui réformer la vie sociale par plus ou moins d'idéologie, d'utopisme, ont déjà remarqué ce que je veux signaler maintenant, mais elles ne l'ont pas remarqué de telle sorte qu'elles aient pu regarder le principal dont il s'agit.

05

Lassen Sie mich deshalb auch ausgehen von einer charakteristi­schen Darstellung des praktischen Lebens nach einer bestimmten Richtung hin, um dann gerade von da aus intimer das Wollen anthroposophisch orientierter Geisteswissenschaft charakterisieren zu können. Es haben manche Leute, die heute aus mehr oder weniger Ideologie, aus Utopismus heraus das soziale Leben refor­mieren wollen, ja auch schon bemerkt, worauf ich jetzt hinweisen will; aber sie haben es nicht so bemerkt, daß sie haben hinschauen können auf das Prinzipielle, auf das es ankommt.

Si l'on suit les différents mouvements du XIXe siècle qui, depuis le milieu du siècle, visaient à remplacer la monnaie d'or et d'argent, la double monnaie, par la monnaie d'or en tant que monnaie unique, on peut remarquer que ces partisans du, disons, monométallisme, abordaient la question d'un point de vue très précis. Ils disaient - et on peut le constater dans d'innombrables rapports parlementaires des représentations populaires européennes - que sous l'influence de la monnaie unique en or, le libre-échange devait se développer dans l'ensemble du monde civilisé, le libre-échange étant le véritable vecteur d'une vie économique sans entraves, qui ne serait pas entravée par toutes sortes de barrières douanières, de droits de douane protecteurs, etc. On a parlé sur tous les tons possibles de la promotion du libre-échange par le monométallisme, par la monnaie-or. Mais que s'est-il passé sous l'influence de la monnaie-or ? C'est précisément là où cette monnaie-or a pénétré de manière radicale qu'est apparu partout le contraire de ce que les praticiens économiques avisés avaient prédit ! Partout, il est apparu nécessaire de recourir à des droits de douane protecteurs, y compris dans les États américains. Cela signifie que ceux qui ont parlé de la monnaie-or sur la base de leur connaissance pratique de la vie ou de la science économique nationale se sont presque tous trompés sur ce qui s'enracinait dans la réalité.

06

Man kann, wenn man verschiedene Bewegungen des 19. Jahrhun­derts verfolgt, die seit der Mitte des Jahrhunderts darauf ausgingen, an die Stelle der Gold- und Silberwährung, der Doppelwährung, die Goldwährung als einheitliche Währung zu setzen, man kann bemer­ken, daß diese Anhänger des, sagen wir, Monometallismus, unter einem ganz bestimmten Gesichtspunkte die Sache anfaßten. Sie sagten — und man kann das aus unzähligen Parlamentsberichten der europäischen Volksvertretungen konstatieren —, es müsse sich unter dem Einflusse der einheitlichen Goldwährung über die ganze zivili­sierte Welt hin der Freihandel entwickeln, der Freihandel als der eigentliche Träger des ungehinderten Wirtschaftslebens, der nicht beeinträchtigt werde durch allerlei Zollschranken, Schutzzölle und so weiter. In allen möglichen Tonarten ist dieses von der Förderung des Freihandels durch den Monometallismus, durch die Gold­währung, besprochen worden. Aber was ist eingetreten unter dem Einfluß der Goldwährung? Gerade dort, wo diese Goldwährung in radikaler Weise eingedrungen ist, ist überall das Gegenteil von dem gekommen, was die gescheiten ökonomischen Praktiker voraus­gesagt haben! Überall hat sich die Notwendigkeit ergeben, zu Schutzzöllen zu greifen, einschließlich der amerikanischen Staaten. Das heißt, diejenigen, die über die Goldwährung gesprochen haben aus ihrer praktischen Lebenskenntnis heraus oder aus nationalöko­nomischer Wissenschaft heraus, sie haben sich fast alle über dasjeni­ge geirrt, was in der Wirklichkeit wurzelte.

On peut maintenant dire : les humains ont-ils donc tous été stupides ? Les humains n'avaient-ils vraiment aucune logique ? Ont-ils si peu compris la vie que le contraire de ce qu'ils avaient prédit s'est produit ? Je ne suis pas d'avis que les gens qui se sont prononcés en faveur du libre-échange au cours du XIXe siècle n'étaient que des imbéciles, je trouve même que c'étaient des gens très intelligents, qu'ils ont parlé avec une logique aiguë et qu'ils n'ont pourtant rien touché de la réalité ! Ce qui n'est pas reconnu lorsque l'on discute aujourd'hui d'un tel sujet, c'est que l'on peut être très intelligent dans le sens de la manière de penser qui s'est développée au cours des trois ou quatre derniers siècles dans le monde civilisé, et pourtant être étranger à la réalité dans son jugement, que l'on peut se considérer comme un grand praticien et donner les conseils les plus impraticables qui soient. Et au fond, ce sont ces conseils peu pratiques qui ont conduit l'humanité à sa terrible catastrophe au cours des dernières décennies. On a pu voir, notamment en Allemagne, comment la maîtrise réelle de l'état des choses est passée peu à peu au jugement des grands ou petits dirigeants industriels et commerciaux de l'État. D'autres personnes sont devenues plus ou moins dépendantes des dirigeants industriels et commerciaux. L'influence des dirigeants commerciaux et industriels était bien plus grande qu'on ne le pense. Ce n'est que pendant la guerre qu'il est apparu à quel point tout écoutait en fait les jugements de ces côtés-là, et à quel point les jugements de ces côtés-là sont devenus fatals.

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Nun kann man sagen: Sind denn die Menschen alle dumm gewesen? Haben denn die Menschen wirklich keine Logik gehabt? Haben sie so wenig verstanden von dem Leben, daß das Gegenteil von dem eingetreten ist, was sie vorausgesagt haben? Ich bin nicht der Ansicht, daß die Leute etwa lauter Dummköpfe gewesen wären, die im Laufe des 19. Jahrhunderts sich für den Freihandel auseinandergesetzt haben, ich finde sogar, daß das sehr gescheite Leute gewesen sind, daß sie mit scharfer Logik gesprochen haben und dennoch nichts getroffen haben von der Wirklichkeit! Dasjenige, was nicht eingesehen wird, wenn man heute eine solche Sache bespricht, ist eben, daß man im Sinne derjenigen Denkungsweise, die sich im Laufe der letzten drei bis vier Jahrhunderte in der zivilisierten Welt herausgebildet hat, sehr gescheit sein kann und dennoch mit seinem Urteil wirklichkeitsfremd sein kann, daß man sich für einen großen Praktiker halten und die unpraktischsten Ratschläge geben kann, die nur irgend möglich sind. Und im Grunde genommen waren es diese unpraktischen Ratschläge, die im Laufe der letzten Jahrzehnte die Menschheit in ihre furchtbare Katastrophe hineingetrieben haben. Man hat insbesondere in Deutschland sehen können, wie die wirkliche Beherrschung der Zustände allmählich übergegangen ist in das Urteil der großen oder kleinen industriellen und kommerziellen Führer des Staates. Andere Leute sind mehr oder weniger abhängig geworden von den indu­striellen und kommerziellen Führern. Viel größer war der Einfluß der kommerziellen und industriellen Führer, als man eigentlich denken möchte. Erst während des Krieges hat sich gezeigt, wie eigentlich alles auf die Urteile von diesen Seiten gehört hat, und wie verhängnisvoll die Urteile von diesen Seiten aus geworden sind.

Et c'est à cela que l'on pouvait voir que toute la vie publique s'additionne en quelque sorte à partir du jugement de ces prétendus praticiens. Mais cela a donné la somme qui s'est abattue comme une catastrophe fatale sur l'humanité civilisée au cours des cinq à six dernières années et qui est loin d'être close.

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Und daran konnte man eben sehen, daß sich das ganze öffentliche Leben gewissermaßen summiert aus dem Urteile solcher angebli­chen Praktiker heraus. Das aber hat die Summe gegeben, die als die verhängnisvolle Katastrophe über die zivilisierte Menschheit in den letzten fünf bis sechs Jahren hereingebrochen ist und die noch lange nicht abgeschlossen ist.

Ce qui incite la science de l'esprit orientée anthroposophiquement à se manifester, c'est la remarque de ce fait. C'est la raison pour laquelle, précisément du côté où l'on fait valoir cette science de l'esprit orientée anthroposophiquement, il faut toujours et à nouveau attirer l'attention sur la mise en pratique de cette science de l'esprit. Je sais combien cela a surpris certaines personnes, même le petit groupe ici à Bâle, lorsque j'ai fait remarquer, il y a de nombreuses années, que nous avions commencé par une activité pour ainsi dire semi-pratique, à savoir la représentation de jeux de mystères. Certains "mystiques" ont déjà considéré que c'était quelque chose que l'on ne devait pas faire, car on s'associe déjà d'une certaine manière à des mesures pratiques dont on a besoin. Mais j'ai dit à l'époque : mon idéal ne serait pas seulement d'organiser des jeux, mais de développer une activité bancaire, afin d'imprégner précisément les aspects les plus pratiques de la vie de la manière de penser qui est nécessaire si l'on veut pratiquer une science spirituelle fructueuse. J'ai toujours dû être convaincu, sur la base d'éléments objectifs, que ce n'est pas par une pensée malsaine et courte que l'on parvient aux résultats auxquels la science de l'esprit veut aboutir, mais précisément par une pensée saine, prudente et présente à l'esprit, et que l'on peut apprendre à la science de l'esprit à former la pensée comme on n'a justement pas pu le faire sous l'approche matérialiste des derniers siècles ; que l'on peut justement devenir pratique pour la vie grâce à la manière de penser saine qui est nécessaire si l'on pratique la science de l'esprit dans le sens où on l'entend ici. J'aimerais dire que le traitement sain de la vie est en quelque sorte un produit secondaire. Si l'on veut acquérir par la science de l'esprit non pas une compréhension stupide et nébuleuse, mais une véritable compréhension de l'être cosmique, on est contraint de développer non pas une pensée bavarde et nébuleuse, mais une pensée d'une clarté bien plus grande que celle à laquelle on est habitué aujourd'hui dans la science. Et si l'on développe cette pensée, si l'on se donne la peine de comprendre ce que la science de l'esprit veut faire comprendre, alors on éduque la pensée de telle sorte que l'on puisse aussi penser correctement et de façon appropriée dans les domaines pratiques de la vie et que l'on ne prédise plus que le monométallisme développera le libre-échange lorsque les conditions sont telles que sous la monnaie d'or viennent justement les droits de douane protecteurs !

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Was anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft über­haupt veranlaßt aufzutreten, das ist die Bemerkung dieser Tatsache. Das war der Grund, warum gerade von der Seite her, von der diese anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft geltend gemacht wird, immer wieder und wiederum auf die praktische Auslebung dieser Geisteswissenschaft hingewiesen werden muß. Ich weiß, wie es einzelne Menschen, selbst die kleine Gruppe hier in Basel überrascht hat, als ich vor vielen Jahren darauf hingewiesen habe, daß wir ja mit einer sozusagen halbpraktischen Tätigkeit begonnen haben, nämlich Mysterienspiele aufzuführen. Das haben schon manche «Mystiker» für etwas gehalten, das man eigentlich nicht tun sollte; denn da verschwägert man sich schon in einer gewissen Richtung mit praktischen Maßnahmen, die man nötig hat. Aber ich habe dazumal gesagt: Mein Ideal wäre es, nicht etwa bloß Spiele aufzu­führen, sondern eine Banktätigkeit zu entfalten, um gerade das Praktischste des Lebens mit derjenigen Denkweise zu durchdrin­gen, welche notwendig ist, wenn man fruchtbare Geisteswissen­schaft treiben will. Indem ich immer davon überzeugt sein mußte, aus sachlichen Untergründen heraus, daß man nicht durch ein ungesundes, kurzsinniges Denken zu den Ergebnissen kommt, zu denen Geisteswissenschaft kommen will, sondern gerade durch ein gesundes, umsichtiges und geistesgegenwärtiges Denken, und daß man lernen kann an Geisteswissenschaft das Denken so zu schulen, wie man es unter der materialistischen Betrachtungsweise der letz­ten Jahrhunderte eben nicht schulen konnte; daß man gerade prak­tisch werden kann für das Leben durch die gesunde Denkweise, die notwendig ist, wenn man Geisteswissenschaft in dem Sinne, wie es hier gemeint ist, treibe. Ich möchte sagen: Es fällt gewissermaßen als ein Nebenprodukt ab die gesunde Behandlung des Lebens. Man ist gedrängt, wenn man nicht blöde, nebulose, sondern wahre Einsicht in das Weltwesen durch Geisteswissenschaft erwerben will, nicht ein schwafelndes, nebuloses Denken zu entfalten, sondern ein Denken von viel größerer Klarheit, als man es heute gerade in der Wissenschaft gewöhnt ist. Und entfaltet man dieses Denken, gibt man sich Mühe, das zu verstehen, was Geisteswissenschaft ver­standen wissen will, dann schult man das Denken nebenbei so, daß man auch in praktischen Gebieten des Lebens richtig und sachgemäß denken kann und nicht mehr voraussagt, der Mono­metallismus werde den Freihandel entwickeln, wenn die Verhält­nisse so liegen, daß unter der Goldwährung gerade die Schutzzölle kommen!

C'est précisément de ce type d'observation du monde, que l'on appelle ici l'anthroposophie, que naît la pratique de la vie, la véritable immersion dans la réalité, par opposition au matérialisme, qui tend partout vers l'intellectuel, vers la pure observation extérieure du monde, et qui reste stérile, à l'exception du seul domaine où il a pu être fécond, où il a mené de triomphe en triomphe : celui de la technique extérieure. Mais pour voir clairement dans cette direction, il est nécessaire que ce que j'ai développé ici au cours des années, sous les angles les plus divers, sur la nature de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement, soit encore une fois touchée aujourd'hui, au moins en quelques mots. La science de l'esprit orientée anthroposophiquement part au fond de l'activité de l'âme humaine la plus intime. Elle fait justement de cette activité de l'âme humaine la méthode de recherche en science de l'esprit. Mais en explorant par cette science de l'esprit ce qui se trouve dans les profondeurs de la nature humaine en tant qu'activité, en tant qu'essence, l'humain est en même temps orienté vers l'univers entier, vers l'univers naturel et vers l'univers social. L'humain pénétrera dans les profondeurs du monde précisément parce qu'il apprendra à regarder de manière appropriée dans les profondeurs de son propre être.

10

Es entsteht gerade auf diese Art von Weltbetrachtung, die hier die Anthroposophie genannt wird, Lebenspraxis, wirkliches Untertau­chen in die Realität im Gegensatze zum Materialismus, der überall nach dem Intellektuellen, nach dem bloß äußeren Betrachten der Welt hintendiert und unfruchtbar bleibt, mit Ausnahme des einzi­gen Gebietes, wo er fruchtbar sein konnte, wo er von Triumph zu Triumph geführt hat: dem der äußeren Technik. Um aber nach dieser Richtung klar zu sehen, ist es notwendig, daß dasjenige, was ich von den verschiedensten Gesichtspunkten im Laufe der Jahre hier über das Wesen anthroposophisch orientierter Geisteswissen­schaft entwickelt habe, wenigstens mit ein paar Worten heute noch einmal berührt wird. Anthroposophisch orientierte Geisteswissen­schaft geht im Grunde von der intimsten innersten menschlichen Seelentätigkeit aus. Sie macht geradezu diese menschliche Seelentä­tigkeit zur Methode geisteswissenschaftlicher Forschung. Aber in­dem dasjenige, was in den Tiefen der Menschennatur als Tätigkeit, als Wesen liegt, durch diese Geisteswissenschaft erkundet wird, wird der Mensch zu gleicher Zeit hingewiesen auf das ganze Univer­sum, auf das natürliche Universum und auf das soziale Universum. Der Mensch wird gerade dadurch in die Tiefen der Welt hinein­dringen, daß er lernt, in sachgemäßer Weise in die Tiefen des eigenen Wesens hineinzuschauen.

La science de l'esprit doit partir de deux choses dans l'expérience humaine : premièrement, d'un développement supplémentaire de la vie de représentation et deuxièmement, d'un développement supplémentaire de la vie de la volonté. Dans un certain sens, nous développons ce qui est représenté, pensé, soit pour le monde pratique extérieur, soit pour la science courante. Et nous développons notre volonté dans la mesure où nous sommes engagés, je dirais, dans des conditions sociales instinctivement poussées vers le haut. Mais la science de l'esprit conduit à reconnaître que, de même que l'on peut développer les forces non encore développées de l'enfant de telle sorte qu'il puisse ensuite, en tant qu'adulte, se placer dans le monde avec un certain représenter, avec un certain vouloir, de même on peut développer plus loin le représenter et le vouloir quotidien et aussi scientifique que ce que l'humain fait aujourd'hui par une certaine commodité. Pour cela, il est toutefois nécessaire qu'on s'acquière d'abord, dans un certain sens, une connaissance correcte de l'humain. Il faut acquérir la possibilité de regarder l'humain en devenir. Il faudra de toute façon apprendre à regarder l'humain en devenir, ce qui est une nécessité pour réformer le système éducatif. Ce système éducatif devra être réformé. On le fera quand on reconnaîtra qu'une grande partie du désarroi social actuel provient d'un système d'éducation et d'enseignement défaillant. Mais on ne pourra pas réformer plus tôt l'éducation tant que l'on n'aura pas considéré avec une réelle compétence l'humain en devenir, cet humain en devenir qui représente dans chaque exemplaire individuel une énigme qui, dans un certain sens, doit être résolue. Nous observons l'enfant en devenir. Quels événements merveilleux nous rencontrons lorsque nous observons l'enfant dans les premières semaines, les premiers mois, les premières années de sa croissance, lorsque nous ne regardons pas ce qui se passe de semaine en semaine, de mois en mois, d'année en année, mais que nous nous plongeons dans cet humain en devenir : quelles merveilles des événements, des événements du monde, nous rencontrons alors !

11

Von zwei Dingen im menschlichen Erleben muß die Geisteswis­senschaft ausgehen: Erstens von einer Weiterentwickelung des Vorstellungslebens und zweitens von einer Weiterentwickelung des Willenslebens. Wir entwickeln in einem gewissen Sinne dasjenige, was Vorstellen, Denken ist, entweder für die äußere praktische Welt oder auch für die landläufige Wissenschaft. Und wir entwickeln unsern Willen, insoferne wir eingespannt sind, ich möchte sagen, in instinktiv heraufgetriebene soziale Zustände. Geisteswissenschaft aber führt dazu, anzuerkennen, daß ebenso, wie man die noch unentwickelten Kräfte des Kindes so entwickeln kann, daß es dann als erwachsener Mensch sich mit einem gewissen Vorstellen, mit einem gewissen Wollen in die Welt hineinstellen kann, daß man ebenso dasjenige, was der Mensch heute aus einer gewissen Bequem­lichkeit heraus betätigt, weiter entwickeln kann als das alltägliche und auch das wissenschaftliche Vorstellen und Wollen. Dazu ist allerdings notwendig, daß man sich zuerst in einem gewissen Sinne eine richtige Menschenerkenntnis erwirbt. Man muß die Möglich­keit gewinnen, hinzuschauen auf den werdenden Menschen. Man wird ja ohnedies lernen müssen, auf den werdenden Menschen zu sehen, was sich als Notwendigkeit gerade für eine Reform des Erziehungswesens ergibt. Dieses Erziehungswesen wird reformiert werden müssen. Man wird es tun, wenn man einsehen wird, daß ein großer Teil der sozialen Verwirrung der heutigen Tage von dem verfehlten Erziehungs- und Unterrichtswesen herrührt. Aber man wird nicht früher das Erziehungswesen reformieren können, bevor man nicht mit einer wirklichen Sachkenntnis den werdenden Men­schen betrachtet, diesen werdenden Menschen, der in jedem einzel­nen Exemplar ein Rätsel darstellt, das in einem gewissen Sinne gelöst sein will. Wir betrachten das werdende Kind. Welche wunderbaren Ereignisse treten uns entgegen, wenn wir das Kind in den ersten Wochen, in den ersten Monaten, in den ersten Jahren seines Heran­wachsens betrachten, wenn wir wirklich nicht hinwegschauen über dasjenige, was von Woche zu Woche, von Monat zu Monat, von Jahr zu Jahr geschieht, sondern uns vertiefen in diesen werdenden Menschen: was für Wunder des Geschehens, des Weltgeschehens treten uns da entgegen!

D'habitude, on ne regarde par exemple que l'aspect extérieur d'une chose comme le changement de dents. On ne considère pas ce qui se passe en même temps que le changement de dents comme une transformation complète de l'état d'âme de l'enfant. Jusqu'au changement de dents, l'enfant vit de telle sorte que son instinct le plus intime est l'imitation de ce qui se passe dans son entourage par les humains, notamment par ces humains avec lesquelles il a grandi par le sang ou l'éducation. Nous pouvons comprendre chaque mouvement de la main que fait l'enfant si nous savons comment l'enfant s'abandonne aux humains de son entourage ; et au fond, chaque mouvement de la main est une imitation, même si parfois l'imitation se dissimule. Mais celui qui sait observer remarque que, par exemple, dans la formation du langage, il y a aussi un rattachement, un rattachement par imitation à l'environnement.

12

Gewöhnlich sieht man zum Beispiel auf so etwas, wie es der Zahnwechsel ist, eben nur ganz äußerlich hin. Man betrachtet nicht dasjenige, was mit dem Zahnwechsel zugleich als eine völlige Um­wandlung der ganzen kindlichen Seelenverfassung vor sich geht. Bis zum Zahnwechsel lebt das Kind so, daß es im Grunde genommen als innersten Instinkt Nachahmung desjenigen hat, was in seiner Um­gebung durch Menschen geschieht, namentlich durch diejenigen Menschen, mit denen es durch Blut oder Erziehung zusammenge­wachsen ist. Jede Handbewegung, die das Kind macht, können wir begreifen, wenn wir wissen, wie das Kind hingegeben ist an die Menschen seiner Umgebung; und im Grunde ist jede Handbewe­gung eine Nachahmung, wenn auch manchmal so, daß sich das Nachahmewesen kaschiert. Aber wer beobachten kann, merkt, daß zum Beispiel auch in der Sprachbildung eine Angliederung, eine nachahmende Angliederung an die Umgebung vorhanden ist.

Nous voyons ainsi comment l'enfant est un imitateur dans les premières années de sa vie. Et en observant l'enfant de cette manière, en voyant comment, de semaine en semaine, de mois en mois, d'année en année, ce qui se transmet ensuite dans la forme, dans le geste, dans le mouvement et l'action, dans le son, dans la pensée, grandit à partir des profondeurs les plus intimes, si nous observons cela chez l'enfant, nous remarquerons - si l'on ne peut pas faire autrement, nous arriverons d'abord par hypothèse à la représentation - comment le psycho-spirituel travaille maintenant sur le corporel. Et si l'on se plonge dans une telle observation, si l'on regarde comment le psycho-spirituel travaille sur le corporel, alors on ne peut faire autrement que de suivre ce travail du psycho-spirituel sur le corporel jusqu'au plus profond de soi. On se dira alors qu'il se passe quelque chose d'important dans tout l'organisme, qui se manifeste vers la septième année dans les deuxièmes dents, qui remplacent les dents de lait. Il y a en quelque sorte un point final à ce changement de dents.

13

So sehen wir, wie das Kind in den ersten Lebensjahren ein Nachahmer ist. Und indem wir das Kind so betrachten und sehen, wie von Woche zu Woche, von Monat zu Monat, von Jahr zu Jahr aus den innersten Tiefen heraus dasjenige wächst, was sich dann überträgt in Form, in Geste, in Bewegung und Handlung, in Laut, in Gedanken, wenn wir das beobachten bei dem Kinde, so werden wir bemerken — wenn man es nicht anders kann, so werden wir meinetwillen durch Hypothese zunächst zu der Vorstellung kommen —, wie das Seelisch-Geistige nun an dem Leiblichen arbeitet. Und vertieft man sich in eine solche Beobachtung, schaut man hin, wie das Seelisch-Geistige an dem Leiblichen arbeitet, dann kann man nicht anders, als diese Arbeit des Seelisch-Geistigen an dem Leiblichen bis hinein in das Innerste zu verfolgen. Dann wird man sich sagen: Da geschieht etwas Bedeutsames durch den ganzen Organismus hindurch, was sich um das siebente Jahr herum auslebt in den zweiten Zähnen, die die Milchzähne ersetzen. Da ist gewissermaßen in diesem Zahnwechsel ein Schlußpunkt.

Et qu'est-ce qui se passe alors chez l'enfant lorsque le changement de dents est clos ? Ce qui se produit - chacun peut le constater clairement en se remémorant sa propre vie - c'est que les représentations qui étaient auparavant d'une certaine manière fugaces, qui allaient et venaient, qui étaient chaotiques se forment alors chez l'enfant en des contours plus stricts, qu'elles prennent une forme si ferme qu'elles se cristallisent en quelque sorte pour devenir ensuite des souvenirs durables. La capacité de se souvenir apparaît toutefois plus tôt chez maints humains, mais le souvenir aux contours solides, les souvenirs transformés en pensées, apparaissent alors. Et celui qui suit cette série de représentations ne peut s'empêcher de se dire : oui, c'est la même activité ; jusqu'au changement de dents, il y avait une activité spirituelle et psychique pour faire sortir les dents. Cette activité spirituelle et d'âme agissait dans l'organisme. Maintenant, elle a terminé son activité, son champ. Maintenant, elle apparaît en tant qu'activité spirituelle d'âme elle-même. Les pensées bien définies, les pensées qui sont puissantes dans la mémoire, ces pensées apparaissent maintenant. Que faisaient-elles auparavant ? C'était elles qui travaillaient dans l'organisme pour extraire les dents ; la même activité qui vit plus tard dans la pensée et la mémoire vivait dans l'organisme, y était active pour extraire les dents. C'est en quelque sorte une activité organique métamorphosée, transformée en une activité spirituelle d'âme. Et c'est en tant que telle activité spirituelle d'âme, elle continue à vivre dans l'humain.

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Und was tritt dann auf bei dem Kinde, wenn der Zahnwechsel abgeschlossen ist? Das tritt auf — jeder kann das, indem er sich an sein eigenes Leben zurückerinnert, klar und deutlich bemerken —, daß dann bei dem Kinde die Vorstellungen, die vorher in einer gewissen Weise flüchtige waren, die kamen und gingen, die chaotisch waren, daß diese Vorstellungen sich in strengere Konturen formen, daß sie sich so fest gestalten, daß sie gewissermaßen kristallisieren, um dann zu bleibenden Erinnerungen zu werden. Das Erinnerungsvermögen tritt allerdings bei manchen Menschen schon früher auf, aber die festumrissene Erinnerung, die zu Gedanken gestalteten Erinnerungen, die treten dann auf. Und wer dann diese Vorstellungsreihe verfolgt, der wird nicht umhin können, sich zu sagen: Ja, das ist ja dieselbe Tätigkeit; bis zum Zahn‑ wechsel hin war eine geistig-seelische Tätigkeit, um die Zähne herauszutreiben. Diese geistig-seelische Tätigkeit wirkte im Organismus. Jetzt hat sie ihre Tätigkeit, ihr Feld abgeschlossen. Jetzt tritt sie als geistig-seelische Tätigkeit selber auf. Die festumrissenen Gedanken, die Gedanken, die der Erinnerung mächtig sind, diese Gedanken treten jetzt auf. Was haben sie früher getan? Sie waren es, die im Organismus gearbeitet haben, um die Zähne herauszuarbei­ten; dieselbe Tätigkeit, die später im Denken und im Erinnern lebt, lebte im Organismus, war dort tätig, um die Zähne herauszutreiben. Es ist gewissermaßen eine organische Tätigkeit, metamorphosiert, umgewandelt zu einer geistig-seelischen Tätigkeit. Und als solche geistig-seelische Tätigkeit lebt sie nun weiter im Menschen.

Vous voyez, c'est de ces choses que part la science de l'esprit d'orientation anthroposophique, de manière strictement méthodique. Elle se dit : "Essayons de voir comment, au cours des sept premières années de la vie, est fortement actif dans l'organisme ce qui, plus tard, n'agit que comme travail de la pensée, comme travail de la mémoire. Maintenant, disons que l'on absorbe cette activité renforcée de la pensée et de l'imagination, que l'on s'en tient à ne pas laisser travailler dans son âme seulement l'activité spirituelle et psychique des années ultérieures, mais l'activité plus forte qui était en état de transformer non purement des pensées en souvenirs, mais aussi d'expulser les dents. Mais ce n'est qu'une partie de l'activité, la plus grande, la plus intense, jusqu'à la septième année. Cette activité plus intense est abordée par ce que la science de l'esprit orientée anthroposophiquemént appelle le méditer. Méditer n'est rien d'autre qu'une pensée plus acérée, une pensée rendue plus intense, une pensée formée. La méditation consiste à mettre en pratique une pensée ou une série de pensées - ceci est bon pour un humain, cela pour un autre, on trouvera des informations plus précises dans les écrits : "Comment acquiert-on des connaissances des mondes supérieurs ? "Cette méditation dont il est question ici consiste à placer intensément une pensée ou une série de pensées au centre de la conscience et à être ensuite si fortement actif sur le plan psychique et spirituel dans cette série de pensées, que l'on ne développe pas seulement l'activité intellectuelle abstraite que l'on a dans la science ordinaire ou dans la vie ordinaire, mais cette activité intense de la pensée qui, si nous étions encore des enfants de moins de sept ans, interviendrait dans notre organisme, bouillonnerait et bouillonnerait à l'intérieur de l'organisme. Mais ainsi, après l'avoir pratiquée comme activité psycho-spirituelle, elle nous porte à apprendre à vivre avec des pensées comme avec des réalités. Que l'on regarde comment les humains vivent dans la vie quotidienne ou dans la science ordinaire face à la pensée, au jugement ; ils ne s'en émeuvent pas. Un humain est excité lorsqu'il est ami avec quelqu'un et que celui-ci lui fait du mal, ou lorsqu'il est amoureux d'une autre personne, ou lorsqu'il a faim ou soif, etc. Les choses du corps excitent l'humain ; les pensées ne l'excitent pas de la même manière.

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Sehen Sie, von diesen Dingen geht in streng methodischer Weise anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft aus. Sie sagt sich: Man versuche nur einmal hinzuschauen, wie in starker Weise in den ersten sieben Lebensjahren dasjenige im Organismus tätig ist, was später nur als Gedankenarbeit, als Erinnerungsarbeit wirkt. Nun sage man sich, man nähme diese verstärkte Tätigkeit des Denkens, des Vorstellens auf, man halte sich daran, nicht bloß die umgesetzte geistig-seelische Tätigkeit der späteren Jahre in seiner Seele arbeiten zu lassen, sondern die stärkere Tätigkeit, die imstande war, nicht bloß Gedanken zu Erinnerungen zu formen, sondern die Zähne herauszutreiben. Das ist aber nur ein Teil der Tätigkeit, der größere, intensivere, bis zum siebenten Jahre. Diese stärkere Tätigkeit wird in Angriff genommen durch dasjenige, was anthroposophisch orien­tierte Geisteswissenschaft das Meditieren nennt. Meditieren ist nichts anderes als ein verschärftes Denken, als ein intensiver gemach­tes Denken, als ein ausgebildetes Denken. Die Meditation besteht darin, daß man einen Gedanken oder eine Gedankenreihe — für den einen Menschen ist das gut, für den anderen jenes, das Genauere findet man mitgeteilt in den Schriften: «Wie erlangt man Erkennt­nisse der höheren Welten?», in «Die Geheimwissenschaft im Um­riß», «Vom Menschenrätsel» und «Von Seelenrätseln» und so wei­ter —, diese Meditation, die hier gemeint ist, besteht darin, daß man einen Gedanken oder eine Gedankenreihe intensiv in den Mittel­punkt des Bewußtseins stellt und dann so stark seelisch-geistig in dieser Gedankenreihe tätig ist, daß man nun nicht bloß jene abstrak­te, intellektualistische Gedankentätigkeit entfaltet, die man in der gewöhnlichen Wissenschaft oder im gewöhnlichen Leben hat, son­dern jene intensive Gedankentätigkeit, die, wären wir noch Kinder unter sieben Jahren, in unseren Organismus eingreifen würde, im Organismus drinnen brodeln und kochen würde. So aber trägt sie uns, nachdem wir sie als seelisch-geistige Tätigkeit treiben, dahin, daß wir lernen mit Gedanken zu leben wie mit Realitäten. Man sehe einmal nach, wie die Menschen im alltäglichen Leben oder in der gewöhnlichen Wissenschaft dem Gedanken, dem Urteil gegenüber leben; die regen sie nicht auf. Es regt einen Menschen auf, wenn er mit einem befreundet ist und der ihn schädigt oder er verliebt ist in einen anderen, oder Hunger oder Durst hat und so weiter. Die Dinge des Leibes regen den Menschen auf; die Gedanken nicht in der gleichen Weise.

Dans cette pensée, on apprend à se mouvoir par le méditer, comme on se meut dans la vie quotidienne. Et peu à peu, on s'aperçoit que l'on fait un bond intérieur par ce méditer. Tandis que dans la vie ordinaire, on a une sorte de guidage dans son monde de pensées par le monde extérieur, alors qu'on s'abandonne aux pensées qui nous entourent au fur et à mesure qu'elles viennent par les souvenirs débridés, qu'elles apparaissent, qu'elles disparaissent et ainsi de suite, la méditation consiste à amener ses pensées dans la conscience à partir de sa propre volonté, à manier une pensée comme on bouge ma foi la main quand on exécute quelque chose avec la main. Et l'on acquiert peu à peu la sensation que l'on apprenne à penser comme on a appris sinon à saisir ou sinon à marcher : que l'activité de la pensée se présente comme quelque chose de séparé de l'humain. Si l'on progresse ainsi vers une telle activité de pensée, plus intense que l'activité de pensée ordinaire, vers une activité de pensée dont on fait l'expérience intérieure : si l'on était encore un enfant, cette pensée que l'on développe dans le méditer interviendrait même dans la croissance, dans la formation du corps - si l'on développe cette pensée, alors on apprend à connaître ce que cela signifie : dans la pensée elle-même, dans le représenter, s'adonner libre de corps à une activité.

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In dem Gedanken lernt man sich bewegen durch das Meditieren, wie man sich bewegt im Alltag. Und nach und nach wird es so, daß man merkt, man macht ja innerlich durch dieses Meditieren einen Ruck durch. Während man im gewöhnlichen Leben eine Art Füh­rung in seiner Gedankenwelt hat durch die Außenwelt, während man sich hingibt den Gedanken, die uns umgeben je nachdem sie kommen durch die ungezügelten Erinnerungen, auftauchen, wieder verschwinden und so weiter, besteht das Meditieren darinnen, daß man aus dem eigenen Willen heraus seine Gedanken in das Bewußt­sein hineinbringt, daß man einen Gedanken so handhabt, wie man meinetwillen die Hand bewegt, wenn man mit der Hand irgend etwas ausführt. Und man bekommt nach und nach tatsächlich das Gefühl, daß man denken lernt, wie man sonst greifen oder sonst gehen gelernt hat: daß die Gedankentätigkeit sich als etwas vom Menschen Abgesondertes ergibt. Wenn man so vordringt zu einer solchen Gedankentätigkeit, die intensiver ist als die gewöhnliche Gedankentätigkeit, zu einer Gedankentätigkeit, von der man inner­lich erlebt: Wäre man noch Kind, würde dieses Denken, das man im Meditieren entwickelt, sogar in das Wachstum, in die Gestaltung des Leibes eingreifen — wenn man dieses Denken entwickelt, dann lernt man das kennen, was es heißt: im Denken selber, im Vorstellen leibfrei sich einer Tätigkeit hingeben.

Il est tout à fait exact que la pensée ordinaire est entièrement liée au cerveau. Et c'est tout de suite ce que l'on apprend à reconnaître lorsqu'on apprend à connaître cette pensée désincarnée à laquelle on ne peut s'élever que par l'évolution méditative. Cette pensée, qui est placée dans l'arbitraire au même titre que les mouvements des mains et des jambes, que l'on peut accomplir par l'effort, sous lequel on se fatigue, que l'on doit abandonner au bout d'un certain temps, comme on doit abandonner l'effort du corps extérieur, si l'on apprend à connaître cette pensée de cette manière, si l'on apprend à la connaître de l'intérieur, alors seulement on a une expérience du penser créateur, du représenter créateur. On saisit alors dans l'humain un être qui est éthérique-pensant et qui est en même temps ce qui est descendu des mondes suprasensibles par la naissance ou, disons, par la conception, et qui a justement collaboré au corps humain en tant que plasticien, en tant qu'architecte. Nous avons saisi ce qui travaille dans le corps humain et nous nous sommes ainsi replacés de manière vivante dans ce que nous étions, nous les humains, avant de descendre dans ce corps physique et d'adopter le corps qui nous a été donné par l'hérédité du père, de la mère et ainsi de suite. Nous avons une expérience de la vie prénatale ou de la vie avant la conception, une expérience de ce qu'était notre existence suprasensible avant notre existence/être-là physique actuel.

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Es ist ja ganz richtig, daß das gewöhnliche Denken ganz an das Gehirn gebunden ist. Und das lernt man gerade dann erkennen, wenn man dieses leibfreie Denken, zu dem man sich nur durch meditative Entwickelung erheben kann, kennenlernt. Dieses Den­ken, das ebenso in die Willkür gestellt ist wie die Handbewegungen, wie die Beinbewegungen, das man durch Anstrengung vollführen kann, unter dem man ermüdet, das man nach einer bestimmten Zeit so unterlassen muß, wie man unterlassen muß die Anstrengung des äußeren Leibes, wenn man dieses Denken so kennenlernt, so von innen kennengelernt hat, dann hat man überhaupt erst ein Erlebnis von dem schaffenden Denken, von dem schaffenden Vorstellen. Dann ergreift man in dem Menschen ein Wesen, das ätherisch-den­kerisch ist und das zugleich dasjenige ist, das durch die Geburt oder sagen wir durch die Empfängnis aus übersinnlichen Welten herun­tergestiegen ist, und eben als Plastiker, als Architekt am menschli­chen Leibe mitgearbeitet hat. Wir haben dasjenige erfaßt, was am menschlichen Leib arbeitet, und wir haben damit lebensvoll uns zurückversetzt in das, was wir Menschen waren, bevor wir in diesen physischen Leib heruntergestiegen sind und den Leib angenommen haben, der uns gegeben worden ist durch die Vererbung von Vater, Mutter und so weiter. Wir haben ein Erlebnis von dem Vorgeburtli­chen oder von dem Leben vor der Empfängnis, ein Erlebnis von dem, was unser übersinnliches Dasein war vor dem jetzigen phy­sischen Dasein.

Par la formation de la pensée, notre vie humaine s'étend au-delà de la naissance et de la conception. Ce que je vous raconte ici est le résultat aussi sûr d'une étude méthodique rigoureuse, qui suit les chemins que je viens d'esquisser, que n'importe quel résultat chimique. Ce que la chimie en laboratoire ou l'astronomie à l'observatoire produisent n'est pas plus sûr que ce qui émerge de l'intimité de la vie de pensée humaine développée comme connaissance de l'entité humaine suprasensible avant la naissance ; c'est simplement une pensée plus développée qui fournit la méthode pour pénétrer dans le monde suprasensible. Cette pensée fournit cependant la possibilité de dire quelque chose sur cette vie prénatale. Nous y reviendrons demain. Mais j'aimerais maintenant indiquer sur l'autre aspect de ce qui doit être développé en l'humain pour qu'il s'élève de la connaissance sensible à la connaissance suprasensible. Cet autre est la volonté. Et pour envisager l'importance de ce développement de la volonté, vous avez seulement besoin de penser à la distance qui sépare ce que nous appelons le contenu de nos idéaux moraux, les impulsions morales, de ce qui est un événement naturel extérieur, de ce qui est aussi un événement naturel dans l'humain. C'est donc tout de suite le souci de la vision philosophique du monde que les ainsi nommés idéaux ne puissent pas être rapprochés de l'existence/l’être-là de la nature. D'un côté, les géologues et les astronomes décrivent comment notre Terre, avec tout ce qui appartient à notre système planétaire, est sortie d'une nébuleuse primitive selon des lois éternelles, comment elle s'est séparée, comment les plantes se sont développées, comment les animaux se sont développés jusqu'en haut à l'humain. Ensuite, ils suivent cela afin d'émettre des hypothèses sur la manière dont tout cela va disparaître à nouveau. Mais réfléchissons que : dans ce monde, il n'y a pas le monde des idéaux, le monde de ce que nous devons nous représenter si nous voulons mener une existence digne de l'humain, le monde de ce sous l'influence de quoi nous accomplissons nos actes ; tout ce qui parle à notre conscience ne s'y trouve pas. Mais, mes très chers présents, quelle est donc la signification de tout ce qui se passe comme pur être-là naturel ? Dans la conception actuelle du monde, aucun pont ne peut être jeté entre l'idéal moral et ce qui se développe naturellement. L'astronome et le géologue regardent vers l'état final de la Terre, lorsque tout sera soit mort de chaleur, soit, comme d'autres le décrivent, glacé, et ainsi de suite, alors ce qui est actuellement la vie terrestre sera une tombe grandiose. Que sera-t-il advenu de ce que nous appelons les idéaux moraux ? Ils sont pour ainsi dire comme la pensée humaine, des pensées qui se précipitent au-dessus de l'existence naturelle pour une telle vision matérialiste du monde. Celui qui part du point de vue de la science de l'esprit qui est pensée ici ne théorise pas sur ces idéaux moraux, mais cherche à approfondir la vie par un autre chemin. Il essaie avant tout de faire entrer dans l'arbitraire humain quelque chose qui, sinon, n'est pas considéré par l'humain ainsi qu'il s'y abandonne de manière passive.

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Durch die Ausbildung des Denkens erweitert sich unser Men­schenleben über Geburt und Empfängnis hinaus. Das, was ich Ihnen hier erzähle, ist geradeso sicheres Ergebnis einer strengen methodischen Untersuchung, die auf den Wegen wandelt, die ich Ihnen hier skizzierte, wie irgendein chemisches Resultat. Nicht sicherer sich ist dasjenige, was die Chemie im Laboratorium oder die Astronomie auf der Sternwarte zuwegebringt als dasjenige, was so aus der Intimität des entwickelten menschlichen Gedankenlebens als Erkenntnis der übersinnlichen Menschenwesenheit vor der Ge­burt hervorgeht; es ist einfach weiterentwickeltes Denken, welches die Methode liefert, in die übersinnliche Welt einzudringen. Dieses Denken liefert allerdings dann die Möglichkeit, auch etwas zu sagen über dieses vorgeburtliche Leben. Darauf wollen wir morgen zu­rückkommen. Ich möchte aber jetzt hinweisen auf die andere Seite desjenigen, was im Menschen entwickelt werden muß, damit er aufsteigt von der sinnlichen Erkenntnis zu der übersinnlichen Er­kenntnis. Dieses andere ist der Wille. Und um die Bedeutung dieser Willensentwickelung einzusehen, brauchen Sie nur daran zu den­ken, wie weit entfernt dasjenige ist, was wir den Inhalt unserer sittlichen Ideale, der sittlichen Impulse nennen, von dem, was äußeres Naturgeschehen, was auch Naturgeschehen im Menschen ist. Das ist ja gerade die Sorge der philosophischen Weltanschauung, daß die sogenannten Ideale nicht herangebracht werden können an das Naturdasein. Da beschreiben auf der einen Seite die Geologen und Astronomen, wie unsere Erde mit alledem, was zu unserem Planetensystem gehört, aus einem Urnebel nach ewigen, ehernen Gesetzen hervorgegangen ist, wie sie sich abgespalten hat, wie Pflanzen sich entwickelt, Tiere sich entwickelt haben bis herauf zum Menschen. Dann verfolgen sie das, um Hypothesen darüber aufzu­stellen, wie das alles wiederum zugrunde gehen wird. Aber beden­ken wir: In diese Welt stellt sich nicht hinein die Welt der Ideale, die Welt desjenigen, was wir uns vorsetzen müssen, wenn wir ein menschenwürdiges Dasein führen wollen, die Welt desjenigen, unter dessen Einflusse wir unsere Handlungen ausführen; alles dasjenige, was zu unserem Gewissen spricht, das stellt sich nicht hinein. Aber, meine sehr verehrten Anwesenden, was hat denn das für eine Bedeutung für alles das, was vor sich geht als rein natürli­ches Dasein? Keine Brücke kann geschlagen werden in der heutigen Weltanschauung von dem sittlichen Ideal zu dem, was sich natürlich entwickelt. Hin schaut der Astronom, der Geologe auf einen Endzu­stand der Erde, wenn alles entweder dem Wärmetod verfallen wird, oder, wie andere beschreiben, vereist sein wird und so weiter, da wird dasjenige, was jetzt Erdenleben ist, ein grandioses Grab sein. Was wird geworden sein aus dem, was wir die sittlichen Ideale nennen? Sie sind gleichsam wie der menschliche Gedanke, Gedan­ken, die wie hinhuschen über dem natürlichen Dasein für eine solche materialistische Weltanschauung. Wer vom Gesichtspunkt der hier gemeinten Geisteswissenschaft ausgeht, theoretisiert nicht über diese sittlichen Ideale, sondern sucht auf einem anderen Wege das Leben zu vertiefen. Er versucht vor allen Dingen, etwas in die menschliche Willkür hereinzubekommen, was sonst nur so vom Menschen betrachtet wird, daß er sich ihm in passiver Weise überläßt.

Et de nouveau, pour comprendre ce que je veux dire, nous pouvons observer d'un œil impartial la deuxième période de la vie humaine, celle qui va de la poussée dentaire à la maturité sexuelle. Nous voyons à nouveau comment certaines forces se développent peu à peu chez l'enfant de 7 à 14 ans, pour atteindre leur apogée à 14 ou 15 ans. Nous voyons comment l'amour individuel apparaît en premier, comment tout ce qui est lié à la reproduction du sexe humain apparaît. Mais d'habitude, nous ne suivons pas comment un esprit-âme travaille de nouveau de la septième à la quatorzième ou quinzième année comme il l'a fait pendant les sept premières années de sa vie, et comment il trouve une conclusion, de sorte qu'il devient libre et est en quelque sorte délivré de l'activité organique à la quatorzième ou quinzième année. Si nous considérons le développement du garçon, nous trouvons - d'une manière un peu différente, que nous n'aborderons pas ici, c'est plus psychique/d'âme chez le sexe féminin - la fin de cette période de vie dans la transformation de la voix, dans le timbre différent que prend la voix. Qu'est-ce que c'est au juste, ce qui la jailli dans la langue ? Si l'on observe sans préjugé, on constate que c'est la volonté, comme c'était la vie de représentation pendant les sept premières années de la vie, qui se forme ensuite en une pensée mémorisable, maintenant c'est la volonté qui s'élance dans l'organisme, qui s'intègre à l'organisme et qui pénètre désormais le langage en tant que volonté libre, alors que jusqu'alors l'enfant n'était pas libre dans son langage jusqu'à l'âge de 14 ou 15 ans, mais qu'il était - on peut le prouver - sous l'influence de son environnement. De sorte que nous pouvons nous dire : dans la deuxième période de la vie, ce qui apparaît plus tard comme volonté est ce qui forme les organes. Et cela se manifeste dans l'adolescence, dans la dix-septième, dix-huitième année et jusque dans la vingtaine, en embrasant l'adolescent d'idéaux. Ce qui s'est libéré, c'est ce qui a travaillé à ce qui apparaît ensuite comme l'amour sexuel, l'amour humain en général. Ce qui s'est libéré après l'âge de 14 ou 15 ans, dans la maturité sexuelle, a travaillé jusqu'à l'âge de 7 ans ; c'est la volonté - d'abord la volonté liée à l'organe, puis la volonté qui se libère. Si l'on relève à nouveau cela, et d'ailleurs de la manière qu'on se tourne maintenant à la volonté et transforme en actif ce que l'on accepte habituellement de manière passive en tant qu'être humain, alors on verra qu'une deuxième force spirituelle et psychique particulière se développe dans l'intériorité humaine. On y parvient en observant comment on peut se dire : "Je suis en train de devenir un humain : Si tu regardes en arrière sur ton chemin de vie, tu es en fait devenu un autre d'année en année - on le remarque moins -, en tout cas de décennie en décennie. La vie, les circonstances extérieures, les souffrances, les joies, toutes sortes de choses interviennent dans la vie. Et que chacun de vous se demande s'il n'est pas devenu un autre au fil des décennies ? Mais cela, on ne le maîtrise pas. La vie vous érode. La vie fait de vous un autre.

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Und wiederum hilft uns, um das, was ich meine, zu begreifen, wenn wir die zweite Epoche des menschlichen Lebens, die Epoche vom Zahnwechsel bis zur Geschlechtsreife mit unbefangenem Auge betrachten. Wir sehen wiederum, wie sich in dem Kinde vom 7. bis 14. Jahre nach und nach gewisse Kräfte herausentwickeln, die ihre Kulmination erleben im 14., 15. Jahre. Wir sehen, wie da zunächst die individuelle Liebe auftaucht, wie alles dasjenige, was mit der Fortpflanzung des menschlichen Geschlechtes zusammenhängt, auftaucht. Aber gewöhnlich verfolgen wir nicht, wie ein Geistig-See­lisches vom 7. bis zum 14., 15. Jahre wiederum so arbeitet wie in den ersten sieben Lebensjahren und einen Abschluß findet, so daß es frei wird und gewissermaßen erlöst wird aus der organischen Tätigkeit mit dem 14., 15. Jahre. Wenn wir den Knaben in seiner Entwicke­lung betrachten, dann finden wir — in einer etwas anderen, hier nicht weiter zu erörternden Weise, mehr seelisch ist es beim weiblichen Geschlecht —, wir finden den Abschluß dieser Lebensepoche in der Umänderung der Stimme, in dem anderen Timbre, den da die Stimme annimmt. Was ist das eigentlich, was da in die Sprache hineingeschossen ist? Beobachtet man unbefangen, so findet man: Es ist der Wille, wie es in den ersten sieben Lebensjahren das Vorstellungsleben war, das sich dann zu einem erinnerungsfähigen Gedanken formt, jetzt ist es der Wille, der in den Organismus hineinschießt, der sich dem Organismus eingliedert und von jetzt ab als freier Wille die Sprache durchdringt, während bis dahin das Kind bis zum 14., 15. Jahre in seiner Sprache nicht frei war, sondern — man kann das nachweisen — unter dem Einflusse der Umgebung gestanden hat. So daß wir uns sagen können: der zweiten Lebensepoche ist dasjenige, was später als Wille auftritt, das Organ‑ gestaltende. Und es tritt, im Jünglingsalter dann, im 17., 18. Jahr bis in die Zwanzigerjahre hinein zutage, indem es den Jüngling durch­glüht mit Idealen. Es ist frei geworden dasjenige, was gearbeitet hat an dem, was dann als Geschlechtsliebe, als Menschenliebe über­haupt, erscheint. Was da frei geworden ist nach dem 14., 15. Lebensjahr in der Geschlechtsreife, es hat gearbeitet bis zum 7. Jahr; der Wille ist es — erst der Wille, der an das Organ gebunden ist, dann der frei werdende Wille. Nimmt man das wiederum auf, und zwar in der Weise, daß man jetzt an den Willen sich wendet und das, was man gewöhnlich eigentlich passiv als Mensch hinnimmt, ins Aktive verwandelt, dann wird man sehen, daß sich eine zweite, besondere geistig-seelische Kraft in der menschlichen Innerlichkeit entwickelt. Man erreicht das dadurch, daß man beobachtet, wie man sich sagen kann: Siehst du auf deinen Lebensweg zurück, so bist du eigentlich von Jahr zu Jahr — das wird weniger bemerkt —, jedenfalls aber von Jahrzehnt zu Jahrzehnt ein anderer geworden. Das Leben, äußere Verhältnisse, Leiden, Freuden, alles mögliche greift in das Leben ein. Und jeder von Ihnen frage sich, ob er nicht im Laufe der Jahrzehnte ein anderer geworden ist? Das aber hat man nicht in seiner Gewalt. Das Leben schleift einen ab. Das Leben macht einen zu einem anderen.

La méthode spirituelle scientifique consiste tout de suite à ce qu'on prenne en main soi-même l'évolution dans ce domaine, à prendre plus au sérieux qu'on ne le fait sinon, par exemple, les idéaux moraux de la vie, à s'approprier ces idéaux moraux de la vie, à examiner comment on peut donner forme à quelque chose que l'on se propose de telle sorte qu'on le veuille, comme on veut manger quand on a faim. On peut l'y amener. On peut faire en sorte que ce qui n'est sinon qu'un idéal moral abstrait devienne un instinct, que cela devienne une pulsion/motivation intérieure. Mais alors, ce qui, comme je l'ai dit, plane au-dessus de la nature et dont on ne peut pas voir la signification réelle, se rapproche du devenir organique intérieur de l'homme. Oui, même si cela peut paraître paradoxal à beaucoup, il arrive un moment où les impulsions morales agissent sur nous comme les aliments agissent sur le goût. On n'a plus seulement un sentiment abstrait envers quelque chose que l'on trouve bon ou mauvais, mais on éprouve une antipathie intérieure envers quelque chose de monstrueux ou de mauvais sur le plan moral, ou même seulement de blâmable, comme on éprouve une antipathie envers ce qui a mauvais goût. Ce qui plane habituellement dans des hauteurs abstraites se rapproche intimement de ce qui vit habituellement dans le goût, dans l'odeur. On en a le sentiment lorsqu'on lève un bras, ce que l'on se représente agit sur le métabolisme du bras. En d'autres termes, si l'on prend activement en main son développement humain, on a une sensation de la pénétration du spirituel-âme vis-à-vis du physique-corporel. De même qu'en développant la pensée, on se libère du physique, de même, par l'autre développement que je viens d'évoquer, qui est simplement celui de l'organisme entre 7 et 14 ou 15 ans, on le reçoit avec une telle intensité que l'amour n'agit pas seulement comme dans la vie, dans la vie sociale ou individuelle, mais que l'amour agit de telle sorte qu'il nous transforme organiquement en corps. Si l'on applique cette intensité de l'amour à sa propre auto-éducation, on obtient alors dans la volonté ce qui est suffisamment fort pour agir, même si ce corps est livré à la Terre ou aux éléments. Une fois que l'on a compris comment la volonté possède le pouvoir d'agir sur le corps, comment la volonté ne se contente pas de prédisposer abstraitement en nous des impulsions morales, mais comment la volonté nous oblige à ressentir les impulsions morales, comme les aliments sont ressentis par le goût, on a aussi compris comment cette volonté intervient dans notre propre existence naturelle humaine, comme elle intervient dans l'ensemble de l'existence naturelle de l'univers. Alors, par cet autre côté de l'évolution, on obtient la possibilité de comprendre ce qu'il est après la mort. De même que par le développement de la vie de représentation on comprend la vie prénatale comme une suprasensible, comme un éternel, de même par le développement de la volonté on comprend la vie après la mort. Ce que l'humain vit ici dans ce monde physique s'élargit par ce que la science de l'esprit met à jour, justement au-delà de ce monde physique, mais pas ainsi que l'on spécule seulement au-delà du monde physique, mais que l'on doit effectivement développer une vie des pensées et de volonté qui soit liée à la réalité pour arriver à ce que je viens de décrire. On développe la vie de la pensée si réellement qu'on l'a dans les forces par lesquelles elle nous façonne nous-mêmes en entrant dans la vie. On saisit la vie de la volonté dans une réalité si forte qu'on l'a telle qu'elle agira encore lorsque notre corps, avec tous ses instincts et ses pulsions naturelles, sera décomposé.

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Geisteswissenschaftliche Methode besteht gerade darin, daß man auf diesem Gebiete auch die Entwickelung selbst in die Hand nimmt, daß man ernster, als man das sonst tut, zum Beispiel die sittlichen Lebensideale nimmt, diese sittlichen Lebensideale sich selber einverleibt, prüft, wie man irgend etwas, das man sich vorsetzt, so gestalten kann, daß man es will, wie man essen will, wenn man hungrig ist. Dazu kann man es bringen. Man kann es dazu bringen, daß das, was sonst nur abstrakte moralische Ideale sind, Instinkt wird, daß es innerlicher Trieb wird. Dann allerdings nähert sich dasjenige, was sonst, wie ich gesagt habe, über der Natur schwebt, von dem man nicht einsehen kann, was es eigentlich für eine Bedeutung hat, es nähert sich das dem menschlichen inneren organischen Werden. Ja, wenn das vielen auch paradox klingen wird, es tritt ein Zeitpunkt ein, wo auf einen moralische Impulse so wirken, wie sonst auf den Geschmack die Speisen wirken. Man hat nicht mehr nur das abstrakte Gefühl gegenüber irgend etwas, was man für gut oder schlecht findet, sondern man bekommt eine innerliche Antipathie gegen etwas moralisch Ungeheuerliches oder Schlechtes oder auch nur Tadelnswertes, wie man eine Antipathie bekommt gegen das, was schlecht schmeckt. Was sonst in abstrak­ten Höhen schwebt, nähert sich intim dem, was sonst im Ge­schmack, im Geruche lebt. Man bekommt ein Gefühl davon, wenn man nur einen Arm hebt, so ist dasjenige, was man sich vorsetzt, wirksam im Stoffwechsel des Armes. Man bekommt mit anderen Worten, wenn man also seine menschliche Entwickelung aktiv in die Hand nimmt, ein Gefühl von dem Durchdringen des Geistig-Seelischen gegenüber dem Physisch-Leiblichen. Wie man im Den­ken, wenn man es entwickelt, frei wird von dem Leiblichen, so wird man es durch die andere Entwickelung, die ich jetzt erörterte, die einfach dasjenige, was vom 7. bis 14. oder 15. Lebensjahr hin im Organismus wirkt, so intensiv aufnehmen, daß da die Liebe nicht bloß so wirkt wie sonst im Leben, im sozialen oder im individuellen Leben, sondern daß die Liebe so wirkt, daß sie organisch uns erst zum Leibe gestaltet. Wenn man nun jene Intensität der Liebe auf die eigene Selbsterziehung anwendet, dann erlangt man in dem Willen dasjenige, was stark genug ist zu wirken, wenn auch dieser Leib der Erde oder den Elementen übergeben wird. Hat man einmal eingese­hen, wie der Wille die Macht besitzt, auf den Leib zu wirken, wie der Wille nicht bloß sittliche Impulse in uns abstrakt veranlagt, sondern wie der Wille uns nötigt, die sittlichen Impulse zu empfinden, wie sonst Speisen durch den Geschmack empfunden werden, dann hat man auch begriffen, wie dieser Wille eingreift in das eigene mensch­liche natürliche Dasein, wie er eingreift in das gesamte natürliche Dasein des Universums. Dann erlangt man durch diese andere Seite der Entwickelung die Möglichkeit, zu begreifen, was nach dem Tode ist. Wie man durch die Entwickelung des Vorstellungslebens das vorgeburtliche Leben als ein Übersinnliches, als ein Ewiges begreift, so durch die Willensentwickelung das Leben nach dem Tode. Es erweitert sich dasjenige, was der Mensch hier erlebt in dieser physischen Welt durch dasjenige, was Geisteswissenschaft zutage fördert, eben über diese physische Welt hinaus, aber nicht so, daß man nur spekuliert über die physische Welt hinaus, sondern daß man tatsächlich, um zu dem zu kommen, was ich jetzt geschildert habe, ein Gedanken- und Willensleben entwickeln muß, das mit der Wirklichkeit verbunden ist. Man entwickelt das Gedankenleben so wirklich, daß man es in den Kräften hat, in denen es uns selber gestaltet, indem wir ins Leben eintreten. Man ergreift das Willens­leben in einer so starken Wirklichkeit, daß man es hat, wie es wirken wird noch, wenn unser Leib mit allen seinen Instinkten und natür­lichen Trieben zerfallen sein wird.

Ensuite, lorsque cela est atteint, on a quelque chose qui peut apparaître comme le contenu de ma "science secrète". De même que l'on parle de l'extérieur du monde à partir d'une science de la nature extérieure, on peut parler de l'intérieur du monde. Il n'est pas nécessaire que chacun devienne un spécialiste de la science de l'esprit pour pouvoir envisager la science de l'esprit. La raison analytique non erronée conduit à pouvoir comprendre cette science de l'esprit. Nous n'avons même pas besoin de discuter du nombre de chercheurs en sciences de l'esprit qui existeront à l'avenir. Il peut y en avoir beaucoup, il peut y en avoir peu. Dans mon livre "Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs", vous verrez que chacun peut devenir jusqu'à un certain point un spécialiste de la science de l'esprit, c'est-à-dire qu'il peut voir par lui-même, s'il veut seulement développer ses dons naturels, dans l'être cosmique suprasensible. Pour devenir un chercheur de l'esprit au sens où nous l'entendons ici, certains ne le peuvent peut-être pas pour la simple raison qu'il faut beaucoup de choses auxquelles l'humain ne peut pas vraiment aspirer dans la vie ordinaire. Pensez seulement, si quelqu'un devient chimiste, combien de temps il doit alors passer dans le laboratoire, séparé du reste de la vie, comment il doit, en un certain sens, renoncer à beaucoup de choses dans l'autre vie. Il en va de même pour chaque activité humaine individuelle dans la vie. Pensez seulement à ce que cela signifie lorsque quelqu'un doit se familiariser avec un monde tout à fait différent de celui dans lequel nous vivons chaque jour du réveil à l'endormissement, avec un monde qui a des lois tout à fait différentes, bien que ces lois soient actives ici, mais de manière cachée. Cela imprime à l'humain quelque chose qui est en même temps la source de la souffrance, de la douleur. Et tout véritable chercheur d'esprit vous dira : il accepte avec reconnaissance les joies que la vie lui a apportées et aimerait toujours remercier les puissances cosmiques, dans une humble prière, pour les joies qu'il a pu vivre. Mais il ne doit pas vraiment sa connaissance à ses joies, qui, d'une certaine manière, l'endorment sur l'essence même de la vie - c'est à la souffrance que nous devons la connaissance. Et ce sont précisément des souffrances approfondies qui traversent nos âmes lorsque nous avons atteint un certain niveau dans la sortie du monde sensible et actif, comme je vous l'ai décrit aujourd'hui.

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Dann, wenn dieses erreicht ist, hat man etwas, was so auftreten kann wie der Inhalt meiner «Geheimwissenschaft» etwa. So wie man von einer äußeren naturwissenschaftlichen Wissenschaft aus über die Außenseite der Welt spricht, so kann man über die Innenseite der Welt sprechen. Es braucht nicht jeder ein Geisteswis­senschafter zu werden, um die Geisteswissenschaft einsehen zu können. Der unbeirrte Menschenverstand führt dahin, diese Gei­steswissenschaft begreifen zu können. Wie viele Geistesforscher es geben wird in der Zukunft, darüber brauchen wir uns ja gar nicht zu unterhalten. Es mag viele, es mag wenige geben. Aus meinem Buche «Wie erlangt man Erkenntnisse der höheren Welten?» werden Sie ersehen, daß jeder bis zu einem gewissen Punkte ein Geisteswissen­schafter werden kann, nämlich selber hineinschauen kann, wenn er nur seine natürlichen Gaben entwickeln will, in das übersinnliche Weltenwesen. Um in dem hier gemeinten Sinne Geistesforscher zu werden, ist vielleicht schon aus dem Grunde manchen nicht mög­lich, weil vieles notwendig ist, was der Mensch im gewöhnlichen Leben ja nicht eigentlich anstreben kann. Denken Sie nur, wenn einer ein Chemiker wird, wieviel er dann abgesondert vom übrigen Leben im Laboratorium zubringen muß, wie er in einem gewissen Sinne auf manches verzichten muß im anderen Leben. So ist es bei jeder einzelnen menschlichen Betätigung im Leben. Bedenken Sie nur, was es bedeutet, wenn jemand sich bekannt machen muß mit einer Welt, die ganz verschieden ist von der, in der wir täglich vom Aufwachen bis zum Einschlafen leben, mit einer Welt, die ganz andere Gesetze hat, obwohl diese Gesetze hier wirksam sind, aber im Verborgenen. Das prägt dem Menschen etwas ein, was zu gleicher Zeit der Quell von Leid, von Schmerzen ist. Und jeder wirkliche Geistesforscher wird Ihnen sagen: Dasjenige, was ihm das Leben an Freuden gebracht hat, nimmt er dankbar hin und möchte den Weltenmächten immerzu in einem demütigen Gebete danken für das, was er an Freude erleben durfte. Aber seine Erkenntnis verdankt er nicht eigentlich seinen Freuden, die in einer gewissen Weise einschläfern über die eigentliche Wesenheit des Lebens — die Erkenntnisse verdanken wir dem Leid. Und vertiefte Leiden sind es geradezu, die durch unsere Seelen ziehen, wenn wir eine bestimmte Stufe erstiegen haben in dem Hinausgehen aus der sinnlich-wir­kenden Welt, wie ich es Ihnen heute geschildert habe.

Alors vient l'autre. Pensez seulement, je l'ai dit moi-même, que la pensée devient quelque chose comme la préhension ou la marche : Elle est placée dans l'arbitraire de l'humain. Nous sommes habitués à penser involontairement, à laisser la pensée se dérouler automatiquement. Cette pensée doit se transformer - du moins pour le temps où l'on fait des recherches dans le domaine spirituel - de la même manière que nous bougeons normalement nos mains et nos jambes de manière arbitraire. Il faut maintenant apprendre à distinguer exactement - et on l'apprend soigneusement lorsqu'on est guidé sur la bonne voie dans la recherche spirituelle -, il faut maintenant apprendre à séparer soigneusement la vie que l'on doit mener dans le monde physique et la vie qui mène dans le monde spirituel. Car ici, dans le monde physique, on doit pouvoir vivre comme un autre humain. Les véritables chercheurs spirituels ne sont pas ceux qui, par un certain orgueil ou une volupté de l'âme, deviennent étrangers à la vie, qui peuvent s'adonner au mysticisme tout en méprisant la vie, qui se séparent peut-être du reste de l'humanité, qui s'habillent de toutes sortes de vêtements étranges et autres choses semblables, ou qui disent : "Nous appartenons à une tout autre sorte humaine. - Ceux-là sont au contraire les véritables chercheurs d'esprit, ceux dont on ne remarque pas du tout la présence, parce qu'ils sont dans la vie extérieure exactement comme les autres, et même plus concrètement, parce qu'ils la pénètrent des lois réelles de la vie extérieure, que l'on ne peut pas connaître dans le monde extérieur, mais seulement à partir du monde suprasensible ; car tout ce qui est sensible dépend entièrement du monde suprasensible. C'est pourquoi j'ai déjà dit à plusieurs reprises que cette science de l'esprit, dont il est question ici, verra le plus souvent ses idéaux se réaliser si elle peut justement agir dans les différentes branches pratiques de la vie. Ainsi, j'ai dit par exemple que ce serait tout particulièrement un accomplissement de cet idéal anthroposophique si l'on pouvait parler avec un certain nombre de médecins de ce que la science de l'esprit pourrait devenir pour un renouvellement de la médecine. Cela s'est déjà réalisé entre-temps : À Dornach, un cours a été donné à des médecins et à de futurs médecins sur ce qui peut être apporté à la science médicale par cette science de l'esprit orientée anthroposophiquement.

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Dann kommt das andere. Denken Sie nur, ich habe es ja selbst gesagt, das Denken wird etwas, wie das Greifen oder Gehen: Es wird in die Willkür des Menschen gestellt. Wir sind sonst gewöhnt, unwillkürlich zu denken, das Denken so automatisch fortlaufen zu lassen. Dieses Denken muß sich so umgestalten — wenigstens für die Zeit, in der man im Geistigen forscht —, wie wir sonst willkürlich Hände und Beine bewegen. Man muß nun genau unterscheiden lernen — und das lernt man sorgfältig, wenn man zum richtigen Weg im Geistesforschen angeleitet wird —, man muß nun sorgfältig lernen zu trennen das Leben, das man in der physischen Welt führen muß und das Leben, das in die geistige Welt hineinführt. Denn hier in der physischen Welt muß man leben können wie ein anderer Mensch. Nicht diejenigen sind die wirklichen Geistesforscher, welche aus einem gewissen Hochmut oder aus einer Wollust der Seele heraus lebensfremd werden, die sich hingeben können mystisch und dabei das Leben verachten, die vielleicht von der übrigen Menschheit sich absondern, sich allerlei absonderliche Kleider anziehen und derglei­chen oder sagen: Wir gehören zu einer ganz anderen Menschensor­te. — Diejenigen sind vielmehr die wirklichen Geistesforscher, de­nen man das gar nicht anmerkt, weil sie im äußeren Leben geradeso drinnen stehen wie die anderen, ja noch praktischer, weil sie dasjenige durchdringen mit den wirklichen Gesetzen des äußeren Lebens, die man gar nicht in der äußeren Welt kennenlernen kann, sondern nur aus der übersinnlichen Welt; denn alles Sinnliche ist ganz abhängig von der übersinnlichen Welt. Daher sagte ich schon öfter, am meisten wird diese Geisteswissenschaft, die hier gemeint ist, ihre Ideale erfüllt sehen, wenn sie gerade in die verschiedenen prakti­schen Zweige des Lebens hineinwirken kann. So zum Beispiel sagte ich, würde es ganz besonders eine Erfüllung dieses anthroposophi­schen Ideales sein, wenn man mit einer Anzahl von Ärzten sprechen könnte über dasjenige, was Geisteswissenschaft für eine Erneu­erung der Medizin werden könnte. Das hat sich nun mittlerweile schon erfüllt: In Dornach draußen ist ein Kursus vor Ärzten und angehenden Medizinern gehalten worden über dasjenige, was der Arzneiwissenschaft zugeführt werden kann gerade von dieser an­throposophisch orientierten Geisteswissenschaft.

En vérité, tout ce qui est action fructueuse sur les activités pratiques de la vie est plus proche de cette science de l'esprit orientée anthroposophiquement que les querelles inessentielles avec ceux qui, par fanatisme aveugle ou bien pire, s'élèvent de manière calomnieuse pour présenter cette science de l'esprit comme une secte religieuse, parce qu'ils ont une aversion générale pour tout progrès humain. Pour ceux qui prennent cette science de l'esprit au sérieux, il ne s'agit pas de se battre avec des confessions, mais de travailler sérieusement dans tous les domaines pratiques de la vie.

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Wahrhaftig, alles liegt näher dieser anthroposophisch orientierten Geisteswissenschaft, was fruchtbares Wirken auf die praktischen Lebenstätigkeiten ist, als das wesenlose Herumstreiten mit denjeni­gen, die ja aus einem blinden Fanatismus oder viel Schlimmerem heraus verleumderisch sich auftun, um als eine religiöse Sekte diese Geisteswissenschaft hinzustellen, weil sie eine allgemeine Abnei­gung haben gegen jeden menschlichen Fortschritt. Denjenigen, denen es mit dieser Geisteswissenschaft ernst ist, kommt es nicht auf das Herumstreiten mit Bekenntnissen an, sondern ihnen kommt es auf ernsthafte Arbeit auf allen praktischen Gebieten des Lebens an.

C'est ce qui veut être fourni avant tout à partir de Dornach, et par rapport à cela, j'aimerais dire que tout le verbiage qui s'élève maintenant de tous les côtés est grotesque. Qu'on essaye seulement une fois de se familiariser avec ce que l'on veut vraiment et l'on verra que c'est très différent de ce qui circule actuellement dans une grande partie de la presse. C'est de cela qu'il s'agit : par la méthode décrite, l'humain pénètre plus profondément dans sa propre nature, il pénètre aussi plus profondément dans le monde. On apprend à reconnaître d'un côté la réalité qui nous fait entrer dans l'existence ; on apprend à reconnaître de l'autre la réalité qui nous porte hors de l'être-là. Mais ce faisant, on gagne aussi les possibilités de voir plus profondément dans la vie elle-même. Aujourd'hui, les humains passent à côté les uns des autres, ils ne savent pas du tout quelle est l'influence d'un humain sur un autre, pas seulement celle qui est transmise par la corporéité sensorielle extérieure, mais comment l'âme agit réellement sur l'âme, l'esprit sur l'esprit. Les humains ont presque peur de penser à ces effets de l'âme sur l'âme, de l'esprit sur l'esprit. Mais tant que l'on ne sera pas parvenu à voir comment les êtres humains agissent les uns sur les autres en tant qu'êtres spirituels, on ne pourra pas non plus se faire une idée juste de ce qu'est le monde suprasensible.

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Das ist es, was vor allen Dingen von Dornach aus geleistet werden will und wogegen einfach, ich möchte sagen, all das Geschwafel, das sich jetzt erhebt von allen Seiten her, grotesk ist. Man versuche nur einmal, sich bekanntzumachen mit dem, was wirklich gewollt wird und man wird sehen, daß das ganz anders aussieht als dasjenige, was jetzt durch einen großen Teil der Presse geht. Das ist es, um was es sich handelt, daß in der Tat durch die geschilderte Methode, durch die der Mensch in sein eigenes Wesen tiefer hineindringt, er auch tiefer in die Welt hineindringt. Man lernt erkennen auf der einen Seite die Wirklichkeit, die uns ins Dasein bringt; man lernt erkennen auf der anderen Seite die Wirklichkeit, die uns aus dem Dasein hinausträgt. Dadurch aber gewinnt man auch die Möglichkeiten, tiefer in das Leben selbst hineinzusehen. Heute gehen die Menschen aneinander vorbei, wissen gar nicht, wie der Einfluß des einen Menschen auf den anderen ist, nicht nur der, der durch die äußere sinnliche Leiblichkeit vermittelt wird, sondern wie tatsächlich Seele auf Seele, Geist auf Geist wirkt. Es fürchten sich die Menschen fast, an diese Wirkungen von Seele auf Seele, von Geist auf Geist zu denken. Aber ehe man nicht dahin gelangt, einzusehen, wie die Menschen als geistige Wesen aufeinander wirken, ehe wird man auch nicht eine richtige Vorstellung von dem gewinnen, was über­sinnliche Welt ist.

Le chercheur de l'esprit doit absolument s'habituer à regarder sans préjugés dans le monde suprasensible et à remplir ainsi sa place dans le monde sensible. Cette nécessité de régler la vie dans le monde d'une manière tout à fait différente, beaucoup plus consciente, lorsqu'on est chercheur de l'esprit, fait à nouveau partie des choses qui ne sont peut-être pas du goût de tout le monde, en plus de beaucoup d'autres. Mais il suffit quand ce que des chercheurs de l'esprit particuliers communiquent comme résultats est simplement accepté par la saine raison analytique humaine/le bon sens. La science de l'esprit ne craint pas de ne pas être comprise par des penseurs impartiaux. Non, elle sait que plus on l'aborde sans préjugés, de manière appropriée, avec moins de dilettantisme, plus on l'aborde de manière scientifique, plus elle sera comprise. Elle nous invite à la prendre le plus exactement et le plus sérieusement possible. On verra alors qu'on ne peut plus parler d'elle comme on parle d'elle lorsqu'il s'agit d'une simple connaissance superficielle. Le bon sens peut tout à fait donc dire à ce qui se présente comme des résultats spirituels scientifiques ; mais une certaine exigence est alors posée à la saine raison analytique humaine, une exigence que l'on n'aime pas encore aujourd'hui, mais parce qu'on ne l'aime pas, on s'est mis dans la catastrophe que l'humanité a dû traverser ces cinq à six dernières années.

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Der Geistesforscher muß durchaus sich angewöhnen, unbefan­gen in die übersinnliche Welt hineinzuschauen und dabei seinen Platz in der sinnlichen Welt auszufüllen. Diese Notwendigkeit, in einer ganz anderen, viel bewußteren Weise das Leben in der Welt hier zu regeln, wenn man Geistesforscher ist, das gehört wiederum zu den Dingen, die vielleicht nicht jedermanns Sache ist, neben vielem anderen. Aber es genügt ja, wenn dasjenige, was einzelne Geistesforscher als Ergebnisse mitteilen, einfach in den gesunden Menschenverstand aufgenommen wird. Die Geisteswissenschaft hat nicht Sorge, daß sie nicht begriffen wird von unbefangenen Denkern. Nein, sie weiß, daß, je unbefangener man ihr entgegen­tritt, je sachgemäßer, je weniger dilettantisch, je wissenschaftlicher man ihr entgegentritt, sie um so mehr verstanden werden wird. Sie fordert geradezu heraus, sie so exakt und ernst zu nehmen wie möglich. Dann wird man schon sehen, daß man nicht mehr in der Weise über sie sprechen kann, wie man über sie spricht, wenn es sich um bloß oberflächliche Bekanntschaft handelt. Der gesunde Men­schenverstand kann durchaus ja sagen zu dem, was als geisteswissen­schaftliche Ergebnisse auftritt; aber es wird an den gesunden Men­schenverstand dann eine gewisse Anforderung gestellt, eine Anfor­derung, die man heute noch nicht liebt, aber weil man sie nicht liebt, hat man sich in die Katastrophe hineingebracht, die die Menschheit in den letzten fünf bis sechs Jahren durchmachen mußte.

Vous voyez, si l'on prenait ma "science secrète" et qu'on la lisait avec l'état d'esprit que l'on aime particulièrement aujourd'hui, alors elle est grossière, alors vous avez aussi le droit de vous en plaindre. Elle n'est pas en mesure de vous dire autant que ce qu'on vous dit lorsque vous vous asseyez dans un cinéma et que des images se déroulent devant vous. Vous n'avez pas besoin de travailler beaucoup. Vous pouvez y être passif. Si vous écoutez une conférence faite avec des images lumineuses, vous pouvez aussi dormir. Dans les parties intermédiaires, vous pouvez laisser votre attention se porter passivement sur les images lumineuses. Il en va autrement d'un exposé tel que celui que je me permets de faire. Il faut y aller soi-même, d'une certaine manière, si l'on veut que cela ait une signification pour l'humain. Mais d'abord dans la littérature - ma "science secrète" n'a de contenu pour personne qui n'accepte de l'élaborer lui-même. Elle n'est en quelque sorte qu'une partition, et l'on doit élaborer soi-même le contenu à partir d'une activité intérieure active ; alors seulement on l'a. Mais c'est ainsi que l'on acquiert, en tant qu'observateur de ce que le chercheur d'esprit a exploré, que l'on acquiert une pensée active, cette pensée qui s'immerge dans la réalité, qui se lie à la réalité. On acquiert une pensée qui ne dit plus : si nous introduisons la monnaie-or, nous favoriserons le libre-échange. Cette pensée, tout à fait extérieure à la réalité, est irréelle par rapport à la réalité. On se forme à une pensée qui est intimement liée à la réalité et qui peut aussi s'orienter vers la réalité dans les cas pratiques. L'autre pensée n'est pas formée. La pensée formée, qui tombe en quelque sorte comme un sous-produit des efforts spirituels scientifiques, a pour effet que l'on devient un homme pratique face aux exigences que la vie pose aujourd'hui.

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Sehen Sie, wenn man meine «Geheimwissenschaft» nehmen und lesen würde mit derjenigen Gesinnung, die man heute besonders liebt, dann ist sie strohern, dann haben Sie auch ein Recht, darüber zu schimpfen. Sie ist nicht in der Lage, Ihnen so viel zu sagen, wie Ihnen gesagt wird, wenn Sie sich in ein Kino setzen und da Bilder vor Ihnen abrollen. Sie brauchen nicht viel zu arbeiten. Sie können da passiv sein. Wenn Sie einem Vortrag zuhören, der mit Lichtbil­dern gemacht wird, können Sie auch schlafen. In den Zwischentei­len können Sie Ihre Aufmerksamkeit passiv den Lichtbildern hinge­ben. Anders schon ist es mit einem solchen Vortrag, wie ich ihn mir erlaube. Da muß man in einer gewissen Weise selbst mitgehen, wenn er eine Bedeutung haben soll für den Menschen. Aber erst in der Literatur — meine «Geheimwissenschaft» hat für niemand einen Inhalt, der nicht darauf eingeht, sie selbst zu erarbeiten. Sie ist gewissermaßen nur eine Partitur, und man muß sich den Inhalt aus einer aktiven inneren Tätigkeit selbst erarbeiten; dann hat man ihn erst. Dadurch aber erwirbt man sich als Betrachter dessen, was der Geistesforscher erkundet hat, dann erwirbt man sich aktives Den­ken, jenes Denken, das untertaucht in die Wirklichkeit, das mit der Wirklichkeit sich verbindet. Man erwirbt sich ein Denken, das nicht mehr sagt: Wenn wir die Goldwährung einführen, werden wir Freihandel begünstigen. Dieses Denken, ganz außerhalb der Wirk­lichkeit stehend, ist unreal gegenüber der Wirklichkeit. Man schult sich an einem Denken, das mit der Wirklichkeit innig verbunden ist und das auch in praktischen Fällen sich orientieren kann an der Wirklichkeit. Das andere Denken ist ungeschult. Das geschulte Denken, das gewissermaßen als ein Nebenprodukt der geisteswis­senschaftlichen Bestrebungen abfällt, bewirkt, daß man gegenüber den Forderungen, die heute das Leben stellt, ein praktischer Mensch wird.

C'est pourquoi cette science de l'esprit peut aussi faire valoir que les praticiens apparents, les praticiens illusoires qui - oui, comment devrais-je dire, je n'ai volontiers pas permission de dire, grandiloquent - qui ont su de manière grandiloquente tout ce qui se passe dans la vie commerciale/d'affaires et dans les autres vies, et qui ont brisé la vie comme elle a été brisée, devront être remplacés par les humains qui savent quelque chose à dire sur le cours réel de la vie, parce qu'ils ont appris à dire quelque chose sur la vie dans la mesure où elle concerne le rapport de l'humain avec l'univers.

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Deshalb darf auch diese Geisteswissenschaft geltend machen, die scheinbaren Praktiker, die illusionären Praktiker, die — ja, wie soll ich sagen, großmäulig darf ich wohl nicht sagen —, die großmäulig alles gewußt haben, was da wird im Geschäfts- und anderen Leben, und die das Leben so zerschlagen haben, wie es zerschlagen worden ist, die werden ersetzt werden müssen durch diejenigen Menschen, welche etwas zu sagen wissen über den wirklichen Gang des Lebens, weil sie gelernt haben, etwas zu sagen über das Leben, insofern es das Verhältnis des Menschen zum Universum betrifft.

Là, j'ai toujours à nouveau la permission d'indiquer sur le fait, qui peut être prouvé, que c'était au début du printemps 1914, lorsque j'ai dit à une petite société à Vienne, dans l'endroit d'où est parti l'incendie mondial : Nous nous trouvons au cœur d'une évolution sociale de l'Europe qui nous montre comment la vie publique souffre comme d'un carcinome social, comme d'une maladie sociale cancéreuse qui doit se manifester de manière redoutable dans un avenir proche. - Ceci au début du printemps 1914.

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Da darf ich immer wiederum auf die Tatsache hinweisen, die ja immerhin nachweisbar dasteht, es war im Früh-Frühling 1914, wo ich einer kleinen Gesellschaft in Wien, in jenem Orte, von dem der Weltenbrand ausgegangen ist, gesagt habe: Wir stehen in einer sozialen Entwickelung Europas drinnen, die uns zeigt, wie das öffentliche Leben leidet wie an einem sozialen Karzinom, wie an einer sozialen Krebskrankheit, die in der nächsten Zeit zum furcht‑ baren Ausbruch kommen muß. — Das im Früh-Frühling 1914.

Un peu plus tard, des hommes qui se considèrent comme des praticiens, par exemple le ministre allemand des Affaires étrangères et le ministre autrichien des Affaires étrangères, ont dit presque dans les mêmes termes à leurs parlements ou délégations : "La détente politique générale fait de grands progrès. Nous entretenons des relations amicales avec la Russie et, grâce à ces relations amicales, nous entrerons prochainement dans une ère de paix européenne. - En Allemagne, on a dit : nous avons des négociations avec l'Angleterre qui n'ont certes pas encore abouti, mais qui promettent d'aboutir dans un avenir proche et d'engendrer une relation de paix durable entre l'Allemagne et l'Angleterre. - Tout cela en mai 1914 environ ! C'est ce qu'ont dit les praticiens. L'autre, qui a dit : nous souffrons d'un carcinome social, c'était le rêveur, le fantaisiste, l'anthroposophe fou. Mais les praticiens, ceux que les gens ont écoutés, ont dit ce que je vous ai mentionné. Leur pratique s'est réalisée de telle sorte que, dans les années qui ont suivi, dix à douze millions de personnes ont été tuées et trois fois plus sont devenues infirmes !

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Etwas später haben fast gleichlautend Männer, die sich ja auch für Praktiker rechnen, zum Beispiel der deutsche Auswärtige Minister, der österreichische Auswärtige Minister, ihren Parlamenten beziehungsweise Delegationen gesagt: Die allgemeine politische Entspannung macht großartige Fortschritte. Wir sind in freundnachbarlichen Verhältnissen zu Rußland, und wir werden dank dieser freundnachbarlichen Verhältnisse demnächst in eine Epoche europäischen Friedens eingehen. — In Deutschland sagte man: Wir haben Verhandlungen mit England, die zwar noch nicht zum Abschlusse gekommen sind, die aber versprechen, in der nächsten Zeit zum Abschlusse zu kommen und ein langdauerndes Friedensverhältnis zwischen Deutschland und England hervorrufen werden. — Das alles etwa im Mai 1914! Das haben die Praktiker gesagt. Der andere, der gesagt hat: Wir leiden an einem sozialen Karzinom, der war der Träumer, der Phantast, der verrückte Anthroposoph. Die Praktiker aber, auf die die Menschen gehört haben, die haben gesagt, was ich Ihnen erwähnt habe. Ihre Praktik hat sich so erfüllt, daß in den nächsten Jahren zehn bis zwölf Millionen Menschen totgeschlagen worden sind und dreimal so viel zu Krüppeln!

Mais comment les prédictions se sont réalisées ici, comment le monométallisme s'est réalisé, comment les mesures prises par ces praticiens apparents, qui sont pourtant étrangers à la vie réelle, se sont répercutées à petite échelle, tout cela est apparu au cours des cinq ou six dernières années. Face à la civilisation de l'humanité, la science de l'esprit fait valoir aujourd'hui comment il faut se plonger dans le contenu de la science de l'esprit pour appliquer une telle pensée, qui n'est pas seulement logique, mais conforme à la réalité. J'ai dit expressément que je ne les considère pas comme stupides, les monométallistes, mais je les considère comme des gens dont la pensée ne peut pas s'immerger dans la réalité, dont la pensée est étrangère à la réalité. Je sais combien de personnes ne croient pas aujourd'hui que c'est justement par l'approfondissement spirituel que l'on peut entrer dans la vie réelle !

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Wie sich aber hier die Voraussagen erfüllt haben, wie sich auf dem Gebiete des Monometallismus erfüllt hat, wie sich im Kleinen die Maßnahmen auswirkten dieser scheinbaren Praktiker, die dem wirklichen Leben doch fremd gegenüberstehen, das hat sich alles in den letzten fünf bis sechs Jahren gezeigt. Gegenüber der Zivilisation der Menschheit macht Geisteswissenschaft heute geltend, indem sie sagt, wie man sich in den Inhalt der Geisteswissenschaft vertiefen muß, um ein solches Denken anzuwenden, das nicht nur logisch ist, sondern wirklichkeitsgemäß. Ich sagte ausdrücklich, ich halte sie nicht für dumm, die Monometallisten, aber ich halte sie für Leute, deren Denken nicht untertauchen kann in die Wirklichkeit, deren Denken wirklichkeitsfremd ist. Ich weiß, wie viele Menschen das heute nicht glauben, daß man gerade durch geistige Vertiefung hineinkommt in das wirkliche Leben!

C'est ainsi que la science de l'esprit se situe par rapport à l'esprit de notre temps ; c'est ainsi qu'elle se situe par rapport au manque d'esprit/non-esprit de notre temps. Comment ce manque d'esprit/non esprit se manifeste-t-il ? Eh bien, l'humanité n'a reçu l'intellectualisme qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles. Elle s'est développée à partir d'une sagesse originelle, qui était toutefois plus instinctive, plus onirique, et qui a donc dû s'éteindre. L'intellectualité a dû apparaître. Nous sommes arrivés à un point de l'évolution intellectualiste dont nous devons à nouveau nous éloigner afin de reconnaître à nouveau le spirituel, ce que le simple intellect ne pourra jamais faire. Tout, même notre science, la médecine, la jurisprudence, toutes les sciences particulières sont aujourd'hui parvenues à l'éloignement de la réalité, à l'exception des seules sciences inorganiques et de la technique avec son cortège. C'est ainsi que l'intellectualité a dû se développer au cours des derniers siècles. Il y avait autrefois une connaissance spirituelle instinctive, elle s'est assoupie pendant un certain temps. Une nouvelle connaissance spirituelle doit de nouveau la remplacer.

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So steht Geisteswissenschaft zum Geiste unserer Zeit; so steht sie zum Ungeiste unserer Zeit. Wie äußert sich dieser Ungeist? Nun, die Menschheit hat eigentlich den Intellektualismus erst in den letzten drei bis vier Jahrhunderten erhalten. Sie hat sich entwickelt aus einer Urweisheit heraus, die allerdings mehr instinktiv, mehr traumhaft war, die daher abglimmen mußte. Die Intellektualität mußte aufkommen. Wir sind an einem Punkte der intellektualisti­schen Entwickelung angekommen, von dem wir uns wieder entfer­nen müssen, um wiederum Geistiges zu erkennen, was der bloße Intellekt niemals kann. Alles, auch unsere Wissenschaft, Medizinisches, Jurisprudenz, alle einzelnen Wissenschaften sind bei Wirklichkeitsfremdheit heute angelangt, mit Ausnahme allein der unorganischen Wissenschaften und der Technik mit ihrem Gefolge. So hat sich die Intellektualität in den letzten Jahrhunderten entwickeln müssen. Es war früher eine instinktive geistige Erkenntnis da, sie ist abgedämmert eine Weile. Eine neue geistige Erkenntnis muß sie wieder ersetzen.

Mais nous avons en nous l'héritage de cette ancienne connaissance spirituelle, et l'une des parties les plus importantes de cet héritage, c'est notre langue elle-même, ce sont toutes nos langues de civilisation. Ce qui vit dans notre langue n'est pas issu d'une vision du monde telle qu'elle a été pratiquée au cours des trois ou quatre derniers siècles. Si les humains n'avaient pas déjà eu les langues, à partir d'une telle activité de l'âme telle qu'elle a conduit à l'intellectualisme, les humains n'auraient jamais développé les langues. Les langues sont un héritage ancien. Elles sont issues d'une époque où l'on saisissait, même instinctivement, le spirituel. Que sont-elles devenues à l'époque de l'intellectualisme ? Elles sont devenues ce qui a peu à peu amené notre vie publique à l'état de phraséologie/puissance de la phrase. Nous vivons parce que nous avons perdu l'ancien contenu spirituel substantiel qui était dans le mot, nous vivons avec le langage dans la phrase et nous sommes obligés de trouver à nouveau un contenu substantiel pour nos langues par un approfondissement spirituel. Or, la phrase est la sœur du mensonge. Et demandez-vous comment le mensonge a triomphé dans le monde au cours des cinq ou six dernières années, comment nous vivons dans l'ère de la phrase ! Notre vie spirituelle est entièrement placée sous le signe de la phrase. C'est l'esprit pervers de la vie spirituelle actuelle : la phraséologie/puissance de phrase. Nous ne sortirons de la phraséologie, de cette partie du non-esprit, que si nous pouvons à nouveau nous remplir de la science de l'esprit anthroposophique. Si l'on veut un contenu spirituel avec une substance spirituelle, alors nos mots résonneront à nouveau de contenus spirituels. Aujourd'hui, l'humain prononce des mots et des mots parce qu'il a perdu le contenu spirituel. C'est l'un des points sur lequel est indique du côté spirituel scientifique dans la pensée de triarticulation pour l'organisme social, que la vie de l'esprit est dominée par la phrase, et qu'un chemin doit être cherché - nous aurons encore à parler de ce chemin dans les prochains jours -, pour faire entrer à nouveau un contenu substantiel dans nos paroles à partir de la vie de l'esprit. C'est la première tâche que nous avons face au non-esprit de notre temps.

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Aber wir haben die Erbschaft dieser alten geistigen Erkenntnis in uns, und eines der bedeutendsten Teile dieser Erbschaft, das ist unsere Sprache selbst, das sind alle unsere Zivilisationssprachen. Dasjenige, was in unserer Sprache lebt, ist nicht hervorgegangen aus einer solchen Weltbetrachtung, wie sie in den letzten drei bis vier Jahrhunderten geübt wurde. Hätten die Menschen nicht schon die Sprachen gehabt, aus einer solchen Seelenbetätigung heraus, wie sie zum Intellektualismus geführt hat, hätten die Menschen nimmermehr die Sprachen entwickelt. Die Sprachen sind altes Erbgut. Sie sind hervorgegangen aus einer Zeit, in der man, wenn auch instinktiv, das Geistige erfaßt hat. Was sind sie geworden in der Zeit des Intellektualismus? Sie sind zu dem geworden, was unser öffentli­ches Leben allmählich in den Zustand der Phrasenhaftigkeit ge­bracht hat. Wir leben, weil wir den alten geistigen substantiellen Inhalt verloren haben, der in dem Worte war, wir leben mit der Sprache in der Phrase und wir sind darauf angewiesen, durch geistige Vertiefung wiederum substantiellen Gehalt für unsere Spra­chen zu finden. Die Phrase aber ist die Schwester der Lüge. Und fragen Sie sich unbefangen, wie die Lüge ihren Siegeszug in den letzten fünf bis sechs Jahren durch die Welt getragen hat, wie wir in dem Zeitalter der Phrase leben! Unser geistiges Leben steht ganz im Zeichen der Phrase. Das ist der Ungeist im geistigen Leben der Gegenwart: die Phrasenhaftigkeit. Aus der Phrasenhaftigkeit, aus diesem Teil des Ungeistes kommen wir nur heraus, wenn wir uns wieder erfüllen können mit der anthroposophischen Geisteswissen­schaft. Will man geistigen Inhalt mit geistiger Substanz, dann werden durch unsere Worte wiederum geistige Inhalte klingen. Heute redet der Mensch Worte und Worte, weil er den geistigen Inhalt verloren hat. Das ist der eine Punkt, worauf hingewiesen wird von geisteswissenschaftlicher Seite aus in dem Dreigliederungsge­danken für den sozialen Organismus, daß das Geistesleben von der Phrase beherrscht ist, daß ein Weg gesucht werden muß — wir werden über diesen Weg noch zu sprechen haben in den nächsten Tagen —, um von dem Geistesleben aus wiederum in unsere Worte hinein substantiellen Inhalt hineinzubringen. Das ist die erste Auf­gabe, die wir gegenüber dem Ungeist unserer Zeit haben.

La deuxième chose est qu'il est apparu clairement que ce temps récent est entièrement sous l'influence de la motivation de vouloir développer une vie démocratique, véritablement démocratique. Cela a saisi les humains comme sinon la maturité sexuelle ou d'autres périodes de la vie saisissent l'humain individuel. Depuis le milieu du XVe siècle, l'appel à la démocratie, à la vraie démocratie, se fait de plus en plus valoir dans l'ensemble du monde civilisé. Et qu'est-ce que la vraie démocratie ? Honnêtement, la démocratie est une cohabitation des humains au sein de l'organisme social tel que chaque personne devenue majeure se trouve sur un pied d'égalité avec toute autre personne majeure. Cela ne peut pas être développé en rapport à la vie de l'esprit, car là, ce sont les facultés dont il s'agit. La vie intellectuelle doit être séparée sur son propre terrain. La démocratie peut seulement englober la vie politique. Mais qu'est devenue la vie politique ? Parce que l'impulsion de former la démocratie est là, mais que cette impulsion est partout interrompue sous l'influence du non- esprit matérialiste moderne - qu'est devenue cette vie ? Au lieu d'une cohabitation juridique, au lieu d'une véritable vie juridique née à partir de l'intérieur de l'humain, elle est devenue une vie de convention. De même que dans la vie de l'esprit nous vivons dans la phrase, de même dans la vie de droit nous vivons dans les conventions, dans ce qui est fixé par mesure de paragraphes, auxquels l'humain n'appartient pas avec son âme, mais auquel il obéit en étant fixé par convention par un pouvoir absolu ou par exemple par une démocratie. La deuxième chose que veut la science de l'esprit en ce en rapport à la triarticulation de l'organisme social, c'est fonder une démocratie réelle dans le domaine où la démocratie peut être. De sorte que la convention soit remplacée par ce qui doit résulter du plus intérieur de la nature humaine entre des humains devenus majeurs également justifiés.

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Das zweite ist: Es hat sich deutlich ergeben, daß diese neuere Zeit ganz unter dem Einfluß steht des Triebes, demokratisches, wahrhaf­tig demokratisches Leben entwickeln zu wollen. Das hat die Men­schen ergriffen, wie sonst den einzelnen Menschen die Geschlechts­reife erfaßt oder andere Perioden des Lebens. Seit der Mitte des 15. Jahrhunderts macht sich immer mehr und mehr geltend in der ganzen zivilisierten Welt der Ruf nach Demokratie, nach wahrer Demokratie. Und was ist wahre Demokratie? Ehrlich erfaßt ist Demokratie ein solches Zusammenleben der Menschen im sozialen Organismus, daß jeder Mündiggewordene als Gleichberechtigter jedem anderen Mündiggewordenen gegenübersteht. Das kann nicht entwickelt werden mit Bezug auf das Geistesleben; denn da kommt es auf die Fähigkeiten an. Das Geistesleben muß auf seinem eigenen Boden abgesondert werden. Die Demokratie kann nur umfassen das politische Leben. Aber was ist das politische Leben geworden? Weil der Trieb zwar da ist, Demokratie zu bilden, aber dieser Trieb überall unterbrochen wird unter dem Einfluß des modernen materia­listischen Ungeistes — was ist dieses Leben geworden? Es ist gewor­den statt eines rechtlichen Zusammenlebens, statt des wirklichen, vom Inneren des Menschen heraus geborenen Rechtslebens, ein Leben der Konvention. Wie wir im Geistesleben in der Phrase leben, so im Rechtsleben in den Konventionen, in dem, was paragra­phenmäßig festgesetzt ist, dem der Mensch nicht mit seiner Seele angehört, sondern gehorcht, indem es von einer absoluten Macht oder zum Beispiel einer Demokratie konventionell festgesetzt wird. Das zweite, das Geisteswissenschaft mit Bezug auf die Dreigliede­rung des sozialen Organismus will, ist: Wirkliche Demokratie auf dem Gebiet, wo Demokratie sein kann, begründen. So daß die Konvention ersetzt wird durch dasjenige, was sich vom Innersten der Menschennatur heraus unter gleichberechtigten mündiggewor­denen Menschen ergeben muß.

Et sur un troisième domaine, celui de la vie de l'économie, nous devons substituer à l'unité économique, au calcul des rapports, un véritable juger économique, qui s'établira de la manière que j'indiquerai également dans les prochains jours, mais que vous trouverez aussi notamment dans mes "Points essentiels de la question sociale". Ce juger économique est né au non-esprit des temps récents. L'humain est devenu un routinier au lieu d'un véritable praticien économique, un routinier qui se tient simplement dans le tissu dans lequel la naissance ou d'autres rapports de la vie l'ont placé. L'humain n'est pas un véritable praticien dans le domaine de la vie économique, mais un routinier sous l'emprise d'un non-esprit façonné par puissance d'instinct. Nous vivons sous le non-esprit de la phrase, de la convention, de la routine. Nous n'en sortirons pas si nous ne remplissons pas aussi bien la vie de droit que la vie de l'esprit, que la vie de l'économie avec ce que nous pouvons acquérir comme sens de la réalité, comme sens de l'esprit, à partir des activités de la science de l'esprit.

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Und auf einem dritten Gebiet, dem Gebiet des Wirtschaftslebens, haben wir an die Stelle der wirtschaftlichen Einheit, des Errechnens der Verhältnisse, ein wirkliches wirtschaftliches Urteilen zu setzen, das sich auf die Weise ergeben wird, wie ich es auch in den nächsten Tagen andeuten will, was Sie aber auch namentlich in meinen «Kernpunkten der sozialen Frage» finden werden. Dieses wirt­schaftliche Urteilen ist aufgetreten an dem Ungeiste der neueren Zeit. Der Mensch ist ein Routinier statt ein wirklicher wirtschaft­licher Praktiker geworden, ein Routinier, der einfach drinnensteht in dem Gewebe, in das ihn gerade Geburt oder sonstige Verhältnisse des Lebens hineingestellt haben. Der Mensch ist nicht wirklicher Praktiker auf dem Gebiete des Wirtschaftslebens, sondern Routi­nier unter einem triebhaft gestalteten Ungeist. Wir leben unter dem Ungeist der Phrase, der Konvention, der Routiniertheit. Wir kom­men nicht heraus, wenn wir nicht erfüllen sowohl das Rechtsleben, wie das Geistesleben, wie das Wirtschaftsleben mit demjenigen, was wir uns an Wirklichkeitssinn, an Geistsinn aneignen können aus dem Treiben der Geisteswissenschaft heraus.

Maintenant, les humains se tiennent encore à distance sur de telles choses. En rapport à ce que l'on peut se référer à ce qui est le plus important et qui se trouve vraiment immédiatement dans la vie pratique, les humains en restent souvent au jugement qu'il s'agit justement d'une rêverie, d'une fantaisie et ainsi de suite. Oui, les humains sont justement ainsi. Ici, en Suisse, a vécu un homme dans les années 70 du siècle dernier, Johannes Scherr. Il était en beaucoup de relation un polémiste, il déversait ses critiques acerbes sur tout et n'importe quoi, comme un humain polémique. Mais dans sa polémique reposait souvent un jugement très sain. Ce Johannes Scherr a dit, en se basant sur une certaine compréhension de ce qu'il a vu à son époque : "Si cela continue, si les hommes ne font que poursuivre le matérialisme dans la connaissance, si dans la vie politique et sociale extérieure ils ne font que poursuivre une économie financière telle qu'elle se développe actuellement, où chacun ne prend en compte que ses intérêts financiers ou industriels, poursuit son égoïsme, si cette agitation se poursuit, alors le temps viendra où l'humain devra dire : "non-sens, tu as vaincu !

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Nun, die Menschen sehen heute noch über solche Dinge hinweg. Mit Bezug auf das, daß man hinweisen kann auf Wichtigstes, was wirklich unmittelbar im praktischen Leben drinnensteht, bleiben die Menschen eben oftmals bei dem Urteil, das sei eben eine Träumerei, eine Phantastik und so weiter. Ja, die Menschen sind eben so. Hier in der Schweiz hat ein Mensch gelebt in den siebziger Jahren des vorigen Jahrhunderts, Johannes Scherr. Er war in vieler Beziehung ein Polterer, er hat seine bissige Kritik über alles mögli­che ergossen, eben wie ein polternder Mensch. Aber in seinem Pol­tern liegt oftmals ein sehr gesundes Urteil. Dieser Johannes Scherr hat aus einer gewissen Einsicht in das, was er in seiner Zeit gesehen hat, gesagt: Wenn das so fortgeht, wenn die Menschen in der Er­kenntnis bloß dem Materialismus nachjagen werden, wenn sie im äu­ßeren politischen, sozialen Leben bloß einer Finanzwirtschaft nach­jagen werden, wie sie jetzt entfacht wird, wo jeder nur seine finan­ziellen oder industriellen Interessen in Betracht zieht, seinem Egois­mus nachgeht, wenn dieses Treiben fortgeht, dann wird die Zeit kom­men, wo der Mensch wird sagen müssen: Unsinn, du hast gesiegt!

J'aimerais savoir qui, avec un sens impartial, n'a pas dû se tenir debout ces dernières années et encore maintenant, lorsqu'il voit ce qui se passe ici et là dans le monde, lorsqu'il voit comment on agit à l'encontre de tout ce qui pourrait seulement être bénéfique à l'humanité dans le monde entier, lorsqu'on s'est tenu dans ces conditions, en particulier pendant la conduite à l'absurde de la civilisation actuelle dans cette guerre, comment il n'a pas dû se dire : maintenant, le temps est venu où il ne faut pas dire : non-sens, tu as vaincu, comme Johannes Scherr ; mais : non-sens, tu as décidé !

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Ich möchte wissen, wer mit unbefangenem Sinn sich nicht hinstel­len mußte in den letzten Jahren und noch jetzt, wenn er sieht, was da und dort in der Welt geschieht, wenn er sieht, wie entgegengehandelt wird alledem, was der Menschheit nur förderlich sein könnte, Welt die ganze zivilisierte ` elt hindurch, wenn man sich insbeson‑ dere während des Ad-absurdum-Führens der gegenwärtigen Zivili­sation in diesem Kriege hineingestellt hat in diese Verhältnisse, wie er nicht sich hat sagen müssen: Nun, die Zeit ist gekommen, wo man nicht sagen müßte: Unsinn, du hast gesiegt, wie Johannes Scherr; sondern: Unsinn, du hast entschieden!

Je développerai le reste dans les prochains jours. Aujourd'hui, je voulais dire en introduction que la science de l'esprit orientée anthroposophiquement, telle qu'elle est pensée ici, n'aimerait pas participer à l'instauration d'un état dans lequel on devra dire de plus en plus : "non-sens, tu as décidé - mais à l'instauration d'un contexte dans lequel, à partir de la capacité humaine la plus intime, à partir de la connaissance humaine la plus intime et la plus réelle, on devra dire : nous pouvons à nouveau apporter du sens dans la vie, un sens constructif. C'est à cela que la science de l'esprit aimerait travailler.

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Das weitere will ich in den nächsten Tagen entwickeln. Heute wollte ich einleitungsweise sagen, daß anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft, wie sie hier gemeint ist, nicht sich beteiligen möchte an der Herbeiführung eines Zustandes, in welchem man immer mehr und mehr wird sagen müssen: Unsinn, du hast entschieden —, sondern an der Herbeiführung eines Zustandes, in dem aus innerster Menschentüchtigkeit, aus innerlichster wirklicher Menschenerkenntnis heraus man wird sagen müssen: Sinn können wir wiederum in das Leben bringen, aufbauenden Sinn. Daran möchte Geisteswissenschaft arbeiten.

Et elle puise sa force dans la foi, qui est bien plus qu'une pure croyance, dans la conviction que le temps devra venir dans lequel le non-esprit de la phrase, le non-esprit de la convention, le non d'esprit de la routine devra être vaincu par l'esprit qui, à partir d'une connaissance plus profonde, parle à nouveau du sens de la vie. Car la science de l'esprit doit être de la conviction : ce n'est pas le manque d'esprit qui conduira les humains à une évolution salutaire de leur vie, mais uniquement l'esprit. C'est pourquoi la science de l'esprit veut, aussi fortement qu'elle le peut, lancer un appel à l'esprit et à sa véritable connaissance face aux besoins du présent et du futur immédiat.

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Und ihre Kraft schöpft sie aus dem Glauben, der doch wohl mehr als ein bloßer Glaube ist, aus der Überzeugung, daß die Zeit wird kommen müssen, in der der Ungeist der Phrase, der Ungeist der Konvention, der Ungeist der Routiniertheit wird besiegt werden müssen durch den Geist, der aus einer tieferen Erkenntnis heraus wiederum von dem Sinn des Lebens spricht. Denn Geisteswissen‑schaft muß der Überzeugung sein: Nicht der Ungeist wird die Menschen zu einer heilsamen Entwickelung ihres Lebens führen, sondern allein der Geist. Daher möchte Geisteswissenschaft, so stark sie es nur kann, gegenüber den Bedürfnissen gerade der heutigen Gegenwart und der nächsten Zukunft den Ruf nach dem Geiste und nach seiner wahren Erkenntnis erheben.

 

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LA SCIENCE DE L'ESPRIT (ANTHROPOSOPHIE) PAR RAPPORT À L'ESPRIT ET AU NON-ESPRIT DANS LE PRÉSENT
Première conférence, Bâle, 4 mai 1920


              Exemples de la pratique de la vie actuelle. Anthroposophie et vie pratique. La connaissance de l'être humain en devenir. Le dépassement de la pensée ordinaire par la méditation. Du développement de la vie de volonté. Le développement de la pensée et de la volonté et leur relation à la vie prénatale et après la mort. Entraînement de l'esprit et réalité de la vie.


01
Dans ces trois conférences, je voudrais, d'un certain côté, donner une sorte d'image résumée du vouloir du mouvement spirituel scientifique, de ce vouloir qui résulte des tâches clairement visibles du présent lui-même et de ce que l'on peut reconnaître comme tâches de l'humanité pour le futur proche.
02
J'aimerais aujourd'hui, dans une sorte d'introduction, faire des remarques sur l'essence de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement et sur la nécessité d'un mouvement spirituel scientifique à l'intérieur de la vie de civilisation du présent. Demain, j'aimerais montrer en particulier comment cette science de l'esprit conduit à une connaissance plus profonde, à une connaissance pleinement saisie de l'être humain d'âme et d'esprit, et de là à un approfondissement de la conscience morale. J'aimerais aussi montrer comment cette science de l'esprit doit se situer par rapport aux confessions religieuses de l'époque actuelle, et j'aimerais enfin montrer, dans le troisième exposé, comment la calamité actuelle provient des particularités psychologiques des peuples actuellement répandus sur la terre, comment elles sont issues de l'évolution historique de ces peuples. Ainsi, j'aimerais en quelque sorte passer d'une caractéristique de la science de l'esprit à une réflexion sur la civilisation actuelle, éclairée du point de vue spirituel scientifique.
03
Quand on entend parler aujourd'hui, extérieurement, superficiellement, comme cela correspond déjà à l'esprit de beaucoup de nos contemporains, de quelque chose comme le mouvement spirituel dont l'édifice de Dornach est le représentant extérieur, on a tout de suite le sentiment que quelque chose comme ça ne peut être en fait que pour le dimanche, car tous les jours de la semaine, les humains ont leurs occupations utiles, qui sont réglées, qui ont peut-être montré une fois de grandes irrégularités en raison d'un événement quelconque dans les quatre ou cinq ans, mais qui sont reconstruites dans la mesure où elles ont été détruites - mais on n'a pas la sensation qu'une telle chose, qui a à voir avec ces tâches quotidiennes de l'humanité, puisse naître d'un mouvement spirituel. C'est ainsi qu'est née l'opinion selon laquelle tout ce dont l'édifice de Dornach est le représentant extérieur est justement un mouvement sectaire, une sorte de nouvelle formation religieuse, laissant tout au plus à ceux qui s'attachent à l'ancien avec un certain fanatisme issu de l'une ou l'autre raison le soin de chercher toutes les formes de lutte possibles contre un tel mouvement.
04
Maintenant, mes très chers présents, j'aimerais aujourd'hui, en plus de tout le reste, attirer l'attention sur ce que le mouvement spirituel, qui est pensé ici en tant que mouvement orienté anthroposophiquement, a été ces dernières semaines à déployer des activités très pratiques. Comme en d'autres lieux, une activité très pratique est en cours ici aussi, en ce qu'est tenté d'opposer une construction à la vie actuelle en déclin par le biais d'une - s'il vous plaît, cela peut même paraître paradoxal si l'on parle au nom d'un mouvement spirituel scientifique - "société anonyme pour la promotion des valeurs économiques et spirituelles". Des activités très pratiques doivent être lancées prochainement. Il s'agira aussi de montrer comment ce qui est pensé par mouvement spirituel scientifique orienté anthroposophiquement humaines n'est vraiment pas une somme de sermons du dimanche après-midi, mais quelque chose qui est intimement pendant à ce dont notre époque a besoin en termes de nouvelles impulsions dans la vie pratique.
05
Laissez-moi donc aussi partir d'une présentation caractéristique de la vie pratique dans une certaine direction, pour pouvoir ensuite caractériser plus intimement le vouloir de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement. Certaines personnes qui veulent aujourd'hui réformer la vie sociale par plus ou moins d'idéologie, d'utopisme, ont déjà remarqué ce que je veux signaler maintenant, mais elles ne l'ont pas remarqué de telle sorte qu'elles aient pu regarder le principal dont il s'agit.
06
Si l'on suit les différents mouvements du XIXe siècle qui, depuis le milieu du siècle, visaient à remplacer la monnaie d'or et d'argent, la double monnaie, par la monnaie d'or en tant que monnaie unique, on peut remarquer que ces partisans du, disons, monométallisme, abordaient la question d'un point de vue très précis. Ils disaient - et on peut le constater dans d'innombrables rapports parlementaires des représentations populaires européennes - que sous l'influence de la monnaie unique en or, le libre-échange devait se développer dans l'ensemble du monde civilisé, le libre-échange étant le véritable vecteur d'une vie économique sans entraves, qui ne serait pas entravée par toutes sortes de barrières douanières, de droits de douane protecteurs, etc. On a parlé sur tous les tons possibles de la promotion du libre-échange par le monométallisme, par la monnaie-or. Mais que s'est-il passé sous l'influence de la monnaie-or ? C'est précisément là où cette monnaie-or a pénétré de manière radicale qu'est apparu partout le contraire de ce que les praticiens économiques avisés avaient prédit ! Partout, il est apparu nécessaire de recourir à des droits de douane protecteurs, y compris dans les États américains. Cela signifie que ceux qui ont parlé de la monnaie-or sur la base de leur connaissance pratique de la vie ou de la science économique nationale se sont presque tous trompés sur ce qui s'enracinait dans la réalité.
07
On peut maintenant dire : les humains ont-ils donc tous été stupides ? Les humains n'avaient-ils vraiment aucune logique ? Ont-ils si peu compris la vie que le contraire de ce qu'ils avaient prédit s'est produit ? Je ne suis pas d'avis que les gens qui se sont prononcés en faveur du libre-échange au cours du XIXe siècle n'étaient que des imbéciles, je trouve même que c'étaient des gens très intelligents, qu'ils ont parlé avec une logique aiguë et qu'ils n'ont pourtant rien touché de la réalité ! Ce qui n'est pas reconnu lorsque l'on discute aujourd'hui d'un tel sujet, c'est que l'on peut être très intelligent dans le sens de la manière de penser qui s'est développée au cours des trois ou quatre derniers siècles dans le monde civilisé, et pourtant être étranger à la réalité dans son jugement, que l'on peut se considérer comme un grand praticien et donner les conseils les plus impraticables qui soient. Et au fond, ce sont ces conseils peu pratiques qui ont conduit l'humanité à sa terrible catastrophe au cours des dernières décennies. On a pu voir, notamment en Allemagne, comment la maîtrise réelle de l'état des choses est passée peu à peu au jugement des grands ou petits dirigeants industriels et commerciaux de l'État. D'autres personnes sont devenues plus ou moins dépendantes des dirigeants industriels et commerciaux. L'influence des dirigeants commerciaux et industriels était bien plus grande qu'on ne le pense. Ce n'est que pendant la guerre qu'il est apparu à quel point tout écoutait en fait les jugements de ces côtés-là, et à quel point les jugements de ces côtés-là sont devenus fatals.
08
Et c'est à cela que l'on pouvait voir que toute la vie publique s'additionne en quelque sorte à partir du jugement de ces prétendus praticiens. Mais cela a donné la somme qui s'est abattue comme une catastrophe fatale sur l'humanité civilisée au cours des cinq à six dernières années et qui est loin d'être close.
09
Ce qui incite la science de l'esprit orientée anthroposophiquement à se manifester, c'est la remarque de ce fait. C'est la raison pour laquelle, précisément du côté où l'on fait valoir cette science de l'esprit orientée anthroposophiquement, il faut toujours et à nouveau attirer l'attention sur la mise en pratique de cette science de l'esprit. Je sais combien cela a surpris certaines personnes, même le petit groupe ici à Bâle, lorsque j'ai fait remarquer, il y a de nombreuses années, que nous avions commencé par une activité pour ainsi dire semi-pratique, à savoir la représentation de jeux de mystères. Certains "mystiques" ont déjà considéré que c'était quelque chose que l'on ne devait pas faire, car on s'associe déjà d'une certaine manière à des mesures pratiques dont on a besoin. Mais j'ai dit à l'époque : mon idéal ne serait pas seulement d'organiser des jeux, mais de développer une activité bancaire, afin d'imprégner précisément les aspects les plus pratiques de la vie de la manière de penser qui est nécessaire si l'on veut pratiquer une science spirituelle fructueuse. J'ai toujours dû être convaincu, sur la base d'éléments objectifs, que ce n'est pas par une pensée malsaine et courte que l'on parvient aux résultats auxquels la science de l'esprit veut aboutir, mais précisément par une pensée saine, prudente et présente à l'esprit, et que l'on peut apprendre à la science de l'esprit à former la pensée comme on n'a justement pas pu le faire sous l'approche matérialiste des derniers siècles ; que l'on peut justement devenir pratique pour la vie grâce à la manière de penser saine qui est nécessaire si l'on pratique la science de l'esprit dans le sens où on l'entend ici. J'aimerais dire que le traitement sain de la vie est en quelque sorte un produit secondaire. Si l'on veut acquérir par la science de l'esprit non pas une compréhension stupide et nébuleuse, mais une véritable compréhension de l'être cosmique, on est contraint de développer non pas une pensée bavarde et nébuleuse, mais une pensée d'une clarté bien plus grande que celle à laquelle on est habitué aujourd'hui dans la science. Et si l'on développe cette pensée, si l'on se donne la peine de comprendre ce que la science de l'esprit veut faire comprendre, alors on éduque la pensée de telle sorte que l'on puisse aussi penser correctement et de façon appropriée dans les domaines pratiques de la vie et que l'on ne prédise plus que le monométallisme développera le libre-échange lorsque les conditions sont telles que sous la monnaie d'or viennent justement les droits de douane protecteurs !
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C'est précisément de ce type d'observation du monde, que l'on appelle ici l'anthroposophie, que naît la pratique de la vie, la véritable immersion dans la réalité, par opposition au matérialisme, qui tend partout vers l'intellectuel, vers la pure observation extérieure du monde, et qui reste stérile, à l'exception du seul domaine où il a pu être fécond, où il a mené de triomphe en triomphe : celui de la technique extérieure. Mais pour voir clairement dans cette direction, il est nécessaire que ce que j'ai développé ici au cours des années, sous les angles les plus divers, sur la nature de la science de l'esprit orientée anthroposophiquement, soit encore une fois touchée aujourd'hui, au moins en quelques mots. La science de l'esprit orientée anthroposophiquement part au fond de l'activité de l'âme humaine la plus intime. Elle fait justement de cette activité de l'âme humaine la méthode de recherche en science de l'esprit. Mais en explorant par cette science de l'esprit ce qui se trouve dans les profondeurs de la nature humaine en tant qu'activité, en tant qu'essence, l'humain est en même temps orienté vers l'univers entier, vers l'univers naturel et vers l'univers social. L'humain pénétrera dans les profondeurs du monde précisément parce qu'il apprendra à regarder de manière appropriée dans les profondeurs de son propre être.
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La science de l'esprit doit partir de deux choses dans l'expérience humaine : premièrement, d'un développement supplémentaire de la vie de représentation et deuxièmement, d'un développement supplémentaire de la vie de la volonté. Dans un certain sens, nous développons ce qui est représenté, pensé, soit pour le monde pratique extérieur, soit pour la science courante. Et nous développons notre volonté dans la mesure où nous sommes engagés, je dirais, dans des conditions sociales instinctivement poussées vers le haut. Mais la science de l'esprit conduit à reconnaître que, de même que l'on peut développer les forces non encore développées de l'enfant de telle sorte qu'il puisse ensuite, en tant qu'adulte, se placer dans le monde avec un certain représenter, avec un certain vouloir, de même on peut développer plus loin le représenter et le vouloir quotidien et aussi scientifique que ce que l'humain fait aujourd'hui par une certaine commodité. Pour cela, il est toutefois nécessaire qu'on s'acquière d'abord, dans un certain sens, une connaissance correcte de l'humain. Il faut acquérir la possibilité de regarder l'humain en devenir. Il faudra de toute façon apprendre à regarder l'humain en devenir, ce qui est une nécessité pour réformer le système éducatif. Ce système éducatif devra être réformé. On le fera quand on reconnaîtra qu'une grande partie du désarroi social actuel provient d'un système d'éducation et d'enseignement défaillant. Mais on ne pourra pas réformer plus tôt l'éducation tant que l'on n'aura pas considéré avec une réelle compétence l'humain en devenir, cet humain en devenir qui représente dans chaque exemplaire individuel une énigme qui, dans un certain sens, doit être résolue. Nous observons l'enfant en devenir. Quels événements merveilleux nous rencontrons lorsque nous observons l'enfant dans les premières semaines, les premiers mois, les premières années de sa croissance, lorsque nous ne regardons pas ce qui se passe de semaine en semaine, de mois en mois, d'année en année, mais que nous nous plongeons dans cet humain en devenir : quelles merveilles des événements, des événements du monde, nous rencontrons alors !
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D'habitude, on ne regarde par exemple que l'aspect extérieur d'une chose comme le changement de dents. On ne considère pas ce qui se passe en même temps que le changement de dents comme une transformation complète de l'état d'âme de l'enfant. Jusqu'au changement de dents, l'enfant vit de telle sorte que son instinct le plus intime est l'imitation de ce qui se passe dans son entourage par les humains, notamment par ces humains avec lesquelles il a grandi par le sang ou l'éducation. Nous pouvons comprendre chaque mouvement de la main que fait l'enfant si nous savons comment l'enfant s'abandonne aux humains de son entourage ; et au fond, chaque mouvement de la main est une imitation, même si parfois l'imitation se dissimule. Mais celui qui sait observer remarque que, par exemple, dans la formation du langage, il y a aussi un rattachement, un rattachement par imitation à l'environnement.
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Nous voyons ainsi comment l'enfant est un imitateur dans les premières années de sa vie. Et en observant l'enfant de cette manière, en voyant comment, de semaine en semaine, de mois en mois, d'année en année, ce qui se transmet ensuite dans la forme, dans le geste, dans le mouvement et l'action, dans le son, dans la pensée, grandit à partir des profondeurs les plus intimes, si nous observons cela chez l'enfant, nous remarquerons - si l'on ne peut pas faire autrement, nous arriverons d'abord par hypothèse à la représentation - comment le psycho-spirituel travaille maintenant sur le corporel. Et si l'on se plonge dans une telle observation, si l'on regarde comment le psycho-spirituel travaille sur le corporel, alors on ne peut faire autrement que de suivre ce travail du psycho-spirituel sur le corporel jusqu'au plus profond de soi. On se dira alors qu'il se passe quelque chose d'important dans tout l'organisme, qui se manifeste vers la septième année dans les deuxièmes dents, qui remplacent les dents de lait. Il y a en quelque sorte un point final à ce changement de dents.
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Et qu'est-ce qui se passe alors chez l'enfant lorsque le changement de dents est clos ? Ce qui se produit - chacun peut le constater clairement en se remémorant sa propre vie - c'est que les représentations qui étaient auparavant d'une certaine manière fugaces, qui allaient et venaient, qui étaient chaotiques se forment alors chez l'enfant en des contours plus stricts, qu'elles prennent une forme si ferme qu'elles se cristallisent en quelque sorte pour devenir ensuite des souvenirs durables. La capacité de se souvenir apparaît toutefois plus tôt chez maints humains, mais le souvenir aux contours solides, les souvenirs transformés en pensées, apparaissent alors. Et celui qui suit cette série de représentations ne peut s'empêcher de se dire : oui, c'est la même activité ; jusqu'au changement de dents, il y avait une activité spirituelle et psychique pour faire sortir les dents. Cette activité spirituelle et d'âme agissait dans l'organisme. Maintenant, elle a terminé son activité, son champ. Maintenant, elle apparaît en tant qu'activité spirituelle d'âme elle-même. Les pensées bien définies, les pensées qui sont puissantes dans la mémoire, ces pensées apparaissent maintenant. Que faisaient-elles auparavant ? C'était elles qui travaillaient dans l'organisme pour extraire les dents ; la même activité qui vit plus tard dans la pensée et la mémoire vivait dans l'organisme, y était active pour extraire les dents. C'est en quelque sorte une activité organique métamorphosée, transformée en une activité spirituelle d'âme. Et c'est en tant que telle activité spirituelle d'âme, elle continue à vivre dans l'humain.
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Vous voyez, c'est de ces choses que part la science de l'esprit d'orientation anthroposophique, de manière strictement méthodique. Elle se dit : "Essayons de voir comment, au cours des sept premières années de la vie, est fortement actif dans l'organisme ce qui, plus tard, n'agit que comme travail de la pensée, comme travail de la mémoire. Maintenant, disons que l'on absorbe cette activité renforcée de la pensée et de l'imagination, que l'on s'en tient à ne pas laisser travailler dans son âme seulement l'activité spirituelle et psychique des années ultérieures, mais l'activité plus forte qui était en état de transformer non purement des pensées en souvenirs, mais aussi d'expulser les dents. Mais ce n'est qu'une partie de l'activité, la plus grande, la plus intense, jusqu'à la septième année. Cette activité plus intense est abordée par ce que la science de l'esprit orientée anthroposophiquemént appelle le méditer. Méditer n'est rien d'autre qu'une pensée plus acérée, une pensée rendue plus intense, une pensée formée. La méditation consiste à mettre en pratique une pensée ou une série de pensées - ceci est bon pour un humain, cela pour un autre, on trouvera des informations plus précises dans les écrits : "Comment acquiert-on des connaissances des mondes supérieurs ? "Cette méditation dont il est question ici consiste à placer intensément une pensée ou une série de pensées au centre de la conscience et à être ensuite si fortement actif sur le plan psychique et spirituel dans cette série de pensées, que l'on ne développe pas seulement l'activité intellectuelle abstraite que l'on a dans la science ordinaire ou dans la vie ordinaire, mais cette activité intense de la pensée qui, si nous étions encore des enfants de moins de sept ans, interviendrait dans notre organisme, bouillonnerait et bouillonnerait à l'intérieur de l'organisme. Mais ainsi, après l'avoir pratiquée comme activité psycho-spirituelle, elle nous porte à apprendre à vivre avec des pensées comme avec des réalités. Que l'on regarde comment les humains vivent dans la vie quotidienne ou dans la science ordinaire face à la pensée, au jugement ; ils ne s'en émeuvent pas. Un humain est excité lorsqu'il est ami avec quelqu'un et que celui-ci lui fait du mal, ou lorsqu'il est amoureux d'une autre personne, ou lorsqu'il a faim ou soif, etc. Les choses du corps excitent l'humain ; les pensées ne l'excitent pas de la même manière.
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Dans cette pensée, on apprend à se mouvoir par le méditer, comme on se meut dans la vie quotidienne. Et peu à peu, on s'aperçoit que l'on fait un bond intérieur par ce méditer. Tandis que dans la vie ordinaire, on a une sorte de guidage dans son monde de pensées par le monde extérieur, alors qu'on s'abandonne aux pensées qui nous entourent au fur et à mesure qu'elles viennent par les souvenirs débridés, qu'elles apparaissent, qu'elles disparaissent et ainsi de suite, la méditation consiste à amener ses pensées dans la conscience à partir de sa propre volonté, à manier une pensée comme on bouge ma foi la main quand on exécute quelque chose avec la main. Et l'on acquiert peu à peu la sensation que l'on apprenne à penser comme on a appris sinon à saisir ou sinon à marcher : que l'activité de la pensée se présente comme quelque chose de séparé de l'humain. Si l'on progresse ainsi vers une telle activité de pensée, plus intense que l'activité de pensée ordinaire, vers une activité de pensée dont on fait l'expérience intérieure : si l'on était encore un enfant, cette pensée que l'on développe dans le méditer interviendrait même dans la croissance, dans la formation du corps - si l'on développe cette pensée, alors on apprend à connaître ce que cela signifie : dans la pensée elle-même, dans le représenter, s'adonner libre de corps à une activité.
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Il est tout à fait exact que la pensée ordinaire est entièrement liée au cerveau. Et c'est tout de suite ce que l'on apprend à reconnaître lorsqu'on apprend à connaître cette pensée désincarnée à laquelle on ne peut s'élever que par l'évolution méditative. Cette pensée, qui est placée dans l'arbitraire au même titre que les mouvements des mains et des jambes, que l'on peut accomplir par l'effort, sous lequel on se fatigue, que l'on doit abandonner au bout d'un certain temps, comme on doit abandonner l'effort du corps extérieur, si l'on apprend à connaître cette pensée de cette manière, si l'on apprend à la connaître de l'intérieur, alors seulement on a une expérience du penser créateur, du représenter créateur. On saisit alors dans l'humain un être qui est éthérique-pensant et qui est en même temps ce qui est descendu des mondes suprasensibles par la naissance ou, disons, par la conception, et qui a justement collaboré au corps humain en tant que plasticien, en tant qu'architecte. Nous avons saisi ce qui travaille dans le corps humain et nous nous sommes ainsi replacés de manière vivante dans ce que nous étions, nous les humains, avant de descendre dans ce corps physique et d'adopter le corps qui nous a été donné par l'hérédité du père, de la mère et ainsi de suite. Nous avons une expérience de la vie prénatale ou de la vie avant la conception, une expérience de ce qu'était notre existence suprasensible avant notre existence/être-là physique actuel.
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Par la formation de la pensée, notre vie humaine s'étend au-delà de la naissance et de la conception. Ce que je vous raconte ici est le résultat aussi sûr d'une étude méthodique rigoureuse, qui suit les chemins que je viens d'esquisser, que n'importe quel résultat chimique. Ce que la chimie en laboratoire ou l'astronomie à l'observatoire produisent n'est pas plus sûr que ce qui émerge de l'intimité de la vie de pensée humaine développée comme connaissance de l'entité humaine suprasensible avant la naissance ; c'est simplement une pensée plus développée qui fournit la méthode pour pénétrer dans le monde suprasensible. Cette pensée fournit cependant la possibilité de dire quelque chose sur cette vie prénatale. Nous y reviendrons demain. Mais j'aimerais maintenant indiquer sur l'autre aspect de ce qui doit être développé en l'humain pour qu'il s'élève de la connaissance sensible à la connaissance suprasensible. Cet autre est la volonté. Et pour envisager l'importance de ce développement de la volonté, vous avez seulement besoin de penser à la distance qui sépare ce que nous appelons le contenu de nos idéaux moraux, les impulsions morales, de ce qui est un événement naturel extérieur, de ce qui est aussi un événement naturel dans l'humain. C'est donc tout de suite le souci de la vision philosophique du monde que les ainsi nommés idéaux ne puissent pas être rapprochés de l'existence/l’être-là de la nature. D'un côté, les géologues et les astronomes décrivent comment notre Terre, avec tout ce qui appartient à notre système planétaire, est sortie d'une nébuleuse primitive selon des lois éternelles, comment elle s'est séparée, comment les plantes se sont développées, comment les animaux se sont développés jusqu'en haut à l'humain. Ensuite, ils suivent cela afin d'émettre des hypothèses sur la manière dont tout cela va disparaître à nouveau. Mais réfléchissons que : dans ce monde, il n'y a pas le monde des idéaux, le monde de ce que nous devons nous représenter si nous voulons mener une existence digne de l'humain, le monde de ce sous l'influence de quoi nous accomplissons nos actes ; tout ce qui parle à notre conscience ne s'y trouve pas. Mais, mes très chers présents, quelle est donc la signification de tout ce qui se passe comme pur être-là naturel ? Dans la conception actuelle du monde, aucun pont ne peut être jeté entre l'idéal moral et ce qui se développe naturellement. L'astronome et le géologue regardent vers l'état final de la Terre, lorsque tout sera soit mort de chaleur, soit, comme d'autres le décrivent, glacé, et ainsi de suite, alors ce qui est actuellement la vie terrestre sera une tombe grandiose. Que sera-t-il advenu de ce que nous appelons les idéaux moraux ? Ils sont pour ainsi dire comme la pensée humaine, des pensées qui se précipitent au-dessus de l'existence naturelle pour une telle vision matérialiste du monde. Celui qui part du point de vue de la science de l'esprit qui est pensée ici ne théorise pas sur ces idéaux moraux, mais cherche à approfondir la vie par un autre chemin. Il essaie avant tout de faire entrer dans l'arbitraire humain quelque chose qui, sinon, n'est pas considéré par l'humain ainsi qu'il s'y abandonne de manière passive.
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Et de nouveau, pour comprendre ce que je veux dire, nous pouvons observer d'un œil impartial la deuxième période de la vie humaine, celle qui va de la poussée dentaire à la maturité sexuelle. Nous voyons à nouveau comment certaines forces se développent peu à peu chez l'enfant de 7 à 14 ans, pour atteindre leur apogée à 14 ou 15 ans. Nous voyons comment l'amour individuel apparaît en premier, comment tout ce qui est lié à la reproduction du sexe humain apparaît. Mais d'habitude, nous ne suivons pas comment un esprit-âme travaille de nouveau de la septième à la quatorzième ou quinzième année comme il l'a fait pendant les sept premières années de sa vie, et comment il trouve une conclusion, de sorte qu'il devient libre et est en quelque sorte délivré de l'activité organique à la quatorzième ou quinzième année. Si nous considérons le développement du garçon, nous trouvons - d'une manière un peu différente, que nous n'aborderons pas ici, c'est plus psychique/d'âme chez le sexe féminin - la fin de cette période de vie dans la transformation de la voix, dans le timbre différent que prend la voix. Qu'est-ce que c'est au juste, ce qui la jailli dans la langue ? Si l'on observe sans préjugé, on constate que c'est la volonté, comme c'était la vie de représentation pendant les sept premières années de la vie, qui se forme ensuite en une pensée mémorisable, maintenant c'est la volonté qui s'élance dans l'organisme, qui s'intègre à l'organisme et qui pénètre désormais le langage en tant que volonté libre, alors que jusqu'alors l'enfant n'était pas libre dans son langage jusqu'à l'âge de 14 ou 15 ans, mais qu'il était - on peut le prouver - sous l'influence de son environnement. De sorte que nous pouvons nous dire : dans la deuxième période de la vie, ce qui apparaît plus tard comme volonté est ce qui forme les organes. Et cela se manifeste dans l'adolescence, dans la dix-septième, dix-huitième année et jusque dans la vingtaine, en embrasant l'adolescent d'idéaux. Ce qui s'est libéré, c'est ce qui a travaillé à ce qui apparaît ensuite comme l'amour sexuel, l'amour humain en général. Ce qui s'est libéré après l'âge de 14 ou 15 ans, dans la maturité sexuelle, a travaillé jusqu'à l'âge de 7 ans ; c'est la volonté - d'abord la volonté liée à l'organe, puis la volonté qui se libère. Si l'on relève à nouveau cela, et d'ailleurs de la manière qu'on se tourne maintenant à la volonté et transforme en actif ce que l'on accepte habituellement de manière passive en tant qu'être humain, alors on verra qu'une deuxième force spirituelle et psychique particulière se développe dans l'intériorité humaine. On y parvient en observant comment on peut se dire : "Je suis en train de devenir un humain : Si tu regardes en arrière sur ton chemin de vie, tu es en fait devenu un autre d'année en année - on le remarque moins -, en tout cas de décennie en décennie. La vie, les circonstances extérieures, les souffrances, les joies, toutes sortes de choses interviennent dans la vie. Et que chacun de vous se demande s'il n'est pas devenu un autre au fil des décennies ? Mais cela, on ne le maîtrise pas. La vie vous érode. La vie fait de vous un autre.
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La méthode spirituelle scientifique consiste tout de suite à ce qu'on prenne en main soi-même l'évolution dans ce domaine, à prendre plus au sérieux qu'on ne le fait sinon, par exemple, les idéaux moraux de la vie, à s'approprier ces idéaux moraux de la vie, à examiner comment on peut donner forme à quelque chose que l'on se propose de telle sorte qu'on le veuille, comme on veut manger quand on a faim. On peut l'y amener. On peut faire en sorte que ce qui n'est sinon qu'un idéal moral abstrait devienne un instinct, que cela devienne une pulsion/motivation intérieure. Mais alors, ce qui, comme je l'ai dit, plane au-dessus de la nature et dont on ne peut pas voir la signification réelle, se rapproche du devenir organique intérieur de l'homme. Oui, même si cela peut paraître paradoxal à beaucoup, il arrive un moment où les impulsions morales agissent sur nous comme les aliments agissent sur le goût. On n'a plus seulement un sentiment abstrait envers quelque chose que l'on trouve bon ou mauvais, mais on éprouve une antipathie intérieure envers quelque chose de monstrueux ou de mauvais sur le plan moral, ou même seulement de blâmable, comme on éprouve une antipathie envers ce qui a mauvais goût. Ce qui plane habituellement dans des hauteurs abstraites se rapproche intimement de ce qui vit habituellement dans le goût, dans l'odeur. On en a le sentiment lorsqu'on lève un bras, ce que l'on se représente agit sur le métabolisme du bras. En d'autres termes, si l'on prend activement en main son développement humain, on a une sensation de la pénétration du spirituel-âme vis-à-vis du physique-corporel. De même qu'en développant la pensée, on se libère du physique, de même, par l'autre développement que je viens d'évoquer, qui est simplement celui de l'organisme entre 7 et 14 ou 15 ans, on le reçoit avec une telle intensité que l'amour n'agit pas seulement comme dans la vie, dans la vie sociale ou individuelle, mais que l'amour agit de telle sorte qu'il nous transforme organiquement en corps. Si l'on applique cette intensité de l'amour à sa propre auto-éducation, on obtient alors dans la volonté ce qui est suffisamment fort pour agir, même si ce corps est livré à la Terre ou aux éléments. Une fois que l'on a compris comment la volonté possède le pouvoir d'agir sur le corps, comment la volonté ne se contente pas de prédisposer abstraitement en nous des impulsions morales, mais comment la volonté nous oblige à ressentir les impulsions morales, comme les aliments sont ressentis par le goût, on a aussi compris comment cette volonté intervient dans notre propre existence naturelle humaine, comme elle intervient dans l'ensemble de l'existence naturelle de l'univers. Alors, par cet autre côté de l'évolution, on obtient la possibilité de comprendre ce qu'il est après la mort. De même que par le développement de la vie de représentation on comprend la vie prénatale comme une suprasensible, comme un éternel, de même par le développement de la volonté on comprend la vie après la mort. Ce que l'humain vit ici dans ce monde physique s'élargit par ce que la science de l'esprit met à jour, justement au-delà de ce monde physique, mais pas ainsi que l'on spécule seulement au-delà du monde physique, mais que l'on doit effectivement développer une vie des pensées et de volonté qui soit liée à la réalité pour arriver à ce que je viens de décrire. On développe la vie de la pensée si réellement qu'on l'a dans les forces par lesquelles elle nous façonne nous-mêmes en entrant dans la vie. On saisit la vie de la volonté dans une réalité si forte qu'on l'a telle qu'elle agira encore lorsque notre corps, avec tous ses instincts et ses pulsions naturelles, sera décomposé.
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Ensuite, lorsque cela est atteint, on a quelque chose qui peut apparaître comme le contenu de ma "science secrète". De même que l'on parle de l'extérieur du monde à partir d'une science de la nature extérieure, on peut parler de l'intérieur du monde. Il n'est pas nécessaire que chacun devienne un spécialiste de la science de l'esprit pour pouvoir envisager la science de l'esprit. La raison analytique non erronée conduit à pouvoir comprendre cette science de l'esprit. Nous n'avons même pas besoin de discuter du nombre de chercheurs en sciences de l'esprit qui existeront à l'avenir. Il peut y en avoir beaucoup, il peut y en avoir peu. Dans mon livre "Comment acquérir des connaissances sur les mondes supérieurs", vous verrez que chacun peut devenir jusqu'à un certain point un spécialiste de la science de l'esprit, c'est-à-dire qu'il peut voir par lui-même, s'il veut seulement développer ses dons naturels, dans l'être cosmique suprasensible. Pour devenir un chercheur de l'esprit au sens où nous l'entendons ici, certains ne le peuvent peut-être pas pour la simple raison qu'il faut beaucoup de choses auxquelles l'humain ne peut pas vraiment aspirer dans la vie ordinaire. Pensez seulement, si quelqu'un devient chimiste, combien de temps il doit alors passer dans le laboratoire, séparé du reste de la vie, comment il doit, en un certain sens, renoncer à beaucoup de choses dans l'autre vie. Il en va de même pour chaque activité humaine individuelle dans la vie. Pensez seulement à ce que cela signifie lorsque quelqu'un doit se familiariser avec un monde tout à fait différent de celui dans lequel nous vivons chaque jour du réveil à l'endormissement, avec un monde qui a des lois tout à fait différentes, bien que ces lois soient actives ici, mais de manière cachée. Cela imprime à l'humain quelque chose qui est en même temps la source de la souffrance, de la douleur. Et tout véritable chercheur d'esprit vous dira : il accepte avec reconnaissance les joies que la vie lui a apportées et aimerait toujours remercier les puissances cosmiques, dans une humble prière, pour les joies qu'il a pu vivre. Mais il ne doit pas vraiment sa connaissance à ses joies, qui, d'une certaine manière, l'endorment sur l'essence même de la vie - c'est à la souffrance que nous devons la connaissance. Et ce sont précisément des souffrances approfondies qui traversent nos âmes lorsque nous avons atteint un certain niveau dans la sortie du monde sensible et actif, comme je vous l'ai décrit aujourd'hui.
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Alors vient l'autre. Pensez seulement, je l'ai dit moi-même, que la pensée devient quelque chose comme la préhension ou la marche : Elle est placée dans l'arbitraire de l'humain. Nous sommes habitués à penser involontairement, à laisser la pensée se dérouler automatiquement. Cette pensée doit se transformer - du moins pour le temps où l'on fait des recherches dans le domaine spirituel - de la même manière que nous bougeons normalement nos mains et nos jambes de manière arbitraire. Il faut maintenant apprendre à distinguer exactement - et on l'apprend soigneusement lorsqu'on est guidé sur la bonne voie dans la recherche spirituelle -, il faut maintenant apprendre à séparer soigneusement la vie que l'on doit mener dans le monde physique et la vie qui mène dans le monde spirituel. Car ici, dans le monde physique, on doit pouvoir vivre comme un autre humain. Les véritables chercheurs spirituels ne sont pas ceux qui, par un certain orgueil ou une volupté de l'âme, deviennent étrangers à la vie, qui peuvent s'adonner au mysticisme tout en méprisant la vie, qui se séparent peut-être du reste de l'humanité, qui s'habillent de toutes sortes de vêtements étranges et autres choses semblables, ou qui disent : "Nous appartenons à une tout autre sorte humaine. - Ceux-là sont au contraire les véritables chercheurs d'esprit, ceux dont on ne remarque pas du tout la présence, parce qu'ils sont dans la vie extérieure exactement comme les autres, et même plus concrètement, parce qu'ils la pénètrent des lois réelles de la vie extérieure, que l'on ne peut pas connaître dans le monde extérieur, mais seulement à partir du monde suprasensible ; car tout ce qui est sensible dépend entièrement du monde suprasensible. C'est pourquoi j'ai déjà dit à plusieurs reprises que cette science de l'esprit, dont il est question ici, verra le plus souvent ses idéaux se réaliser si elle peut justement agir dans les différentes branches pratiques de la vie. Ainsi, j'ai dit par exemple que ce serait tout particulièrement un accomplissement de cet idéal anthroposophique si l'on pouvait parler avec un certain nombre de médecins de ce que la science de l'esprit pourrait devenir pour un renouvellement de la médecine. Cela s'est déjà réalisé entre-temps : À Dornach, un cours a été donné à des médecins et à de futurs médecins sur ce qui peut être apporté à la science médicale par cette science de l'esprit orientée anthroposophiquement.
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En vérité, tout ce qui est action fructueuse sur les activités pratiques de la vie est plus proche de cette science de l'esprit orientée anthroposophiquement que les querelles inessentielles avec ceux qui, par fanatisme aveugle ou bien pire, s'élèvent de manière calomnieuse pour présenter cette science de l'esprit comme une secte religieuse, parce qu'ils ont une aversion générale pour tout progrès humain. Pour ceux qui prennent cette science de l'esprit au sérieux, il ne s'agit pas de se battre avec des confessions, mais de travailler sérieusement dans tous les domaines pratiques de la vie.
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C'est ce qui veut être fourni avant tout à partir de Dornach, et par rapport à cela, j'aimerais dire que tout le verbiage qui s'élève maintenant de tous les côtés est grotesque. Qu'on essaye seulement une fois de se familiariser avec ce que l'on veut vraiment et l'on verra que c'est très différent de ce qui circule actuellement dans une grande partie de la presse. C'est de cela qu'il s'agit : par la méthode décrite, l'humain pénètre plus profondément dans sa propre nature, il pénètre aussi plus profondément dans le monde. On apprend à reconnaître d'un côté la réalité qui nous fait entrer dans l'existence ; on apprend à reconnaître de l'autre la réalité qui nous porte hors de l'être-là. Mais ce faisant, on gagne aussi les possibilités de voir plus profondément dans la vie elle-même. Aujourd'hui, les humains passent à côté les uns des autres, ils ne savent pas du tout quelle est l'influence d'un humain sur un autre, pas seulement celle qui est transmise par la corporéité sensorielle extérieure, mais comment l'âme agit réellement sur l'âme, l'esprit sur l'esprit. Les humains ont presque peur de penser à ces effets de l'âme sur l'âme, de l'esprit sur l'esprit. Mais tant que l'on ne sera pas parvenu à voir comment les êtres humains agissent les uns sur les autres en tant qu'êtres spirituels, on ne pourra pas non plus se faire une idée juste de ce qu'est le monde suprasensible.
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Le chercheur de l'esprit doit absolument s'habituer à regarder sans préjugés dans le monde suprasensible et à remplir ainsi sa place dans le monde sensible. Cette nécessité de régler la vie dans le monde d'une manière tout à fait différente, beaucoup plus consciente, lorsqu'on est chercheur de l'esprit, fait à nouveau partie des choses qui ne sont peut-être pas du goût de tout le monde, en plus de beaucoup d'autres. Mais il suffit quand ce que des chercheurs de l'esprit particuliers communiquent comme résultats est simplement accepté par la saine raison analytique humaine/le bon sens. La science de l'esprit ne craint pas de ne pas être comprise par des penseurs impartiaux. Non, elle sait que plus on l'aborde sans préjugés, de manière appropriée, avec moins de dilettantisme, plus on l'aborde de manière scientifique, plus elle sera comprise. Elle nous invite à la prendre le plus exactement et le plus sérieusement possible. On verra alors qu'on ne peut plus parler d'elle comme on parle d'elle lorsqu'il s'agit d'une simple connaissance superficielle. Le bon sens peut tout à fait donc dire à ce qui se présente comme des résultats spirituels scientifiques ; mais une certaine exigence est alors posée à la saine raison analytique humaine, une exigence que l'on n'aime pas encore aujourd'hui, mais parce qu'on ne l'aime pas, on s'est mis dans la catastrophe que l'humanité a dû traverser ces cinq à six dernières années.
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Vous voyez, si l'on prenait ma "science secrète" et qu'on la lisait avec l'état d'esprit que l'on aime particulièrement aujourd'hui, alors elle est grossière, alors vous avez aussi le droit de vous en plaindre. Elle n'est pas en mesure de vous dire autant que ce qu'on vous dit lorsque vous vous asseyez dans un cinéma et que des images se déroulent devant vous. Vous n'avez pas besoin de travailler beaucoup. Vous pouvez y être passif. Si vous écoutez une conférence faite avec des images lumineuses, vous pouvez aussi dormir. Dans les parties intermédiaires, vous pouvez laisser votre attention se porter passivement sur les images lumineuses. Il en va autrement d'un exposé tel que celui que je me permets de faire. Il faut y aller soi-même, d'une certaine manière, si l'on veut que cela ait une signification pour l'humain. Mais d'abord dans la littérature - ma "science secrète" n'a de contenu pour personne qui n'accepte de l'élaborer lui-même. Elle n'est en quelque sorte qu'une partition, et l'on doit élaborer soi-même le contenu à partir d'une activité intérieure active ; alors seulement on l'a. Mais c'est ainsi que l'on acquiert, en tant qu'observateur de ce que le chercheur d'esprit a exploré, que l'on acquiert une pensée active, cette pensée qui s'immerge dans la réalité, qui se lie à la réalité. On acquiert une pensée qui ne dit plus : si nous introduisons la monnaie-or, nous favoriserons le libre-échange. Cette pensée, tout à fait extérieure à la réalité, est irréelle par rapport à la réalité. On se forme à une pensée qui est intimement liée à la réalité et qui peut aussi s'orienter vers la réalité dans les cas pratiques. L'autre pensée n'est pas formée. La pensée formée, qui tombe en quelque sorte comme un sous-produit des efforts spirituels scientifiques, a pour effet que l'on devient un homme pratique face aux exigences que la vie pose aujourd'hui.
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C'est pourquoi cette science de l'esprit peut aussi faire valoir que les praticiens apparents, les praticiens illusoires qui - oui, comment devrais-je dire, je n'ai volontiers pas permission de dire, grandiloquent - qui ont su de manière grandiloquente tout ce qui se passe dans la vie commerciale/d'affaires et dans les autres vies, et qui ont brisé la vie comme elle a été brisée, devront être remplacés par les humains qui savent quelque chose à dire sur le cours réel de la vie, parce qu'ils ont appris à dire quelque chose sur la vie dans la mesure où elle concerne le rapport de l'humain avec l'univers.
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Là, j'ai toujours à nouveau la permission d'indiquer sur le fait, qui peut être prouvé, que c'était au début du printemps 1914, lorsque j'ai dit à une petite société à Vienne, dans l'endroit d'où est parti l'incendie mondial : Nous nous trouvons au cœur d'une évolution sociale de l'Europe qui nous montre comment la vie publique souffre comme d'un carcinome social, comme d'une maladie sociale cancéreuse qui doit se manifester de manière redoutable dans un avenir proche. - Ceci au début du printemps 1914.
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Un peu plus tard, des hommes qui se considèrent comme des praticiens, par exemple le ministre allemand des Affaires étrangères et le ministre autrichien des Affaires étrangères, ont dit presque dans les mêmes termes à leurs parlements ou délégations : "La détente politique générale fait de grands progrès. Nous entretenons des relations amicales avec la Russie et, grâce à ces relations amicales, nous entrerons prochainement dans une ère de paix européenne. - En Allemagne, on a dit : nous avons des négociations avec l'Angleterre qui n'ont certes pas encore abouti, mais qui promettent d'aboutir dans un avenir proche et d'engendrer une relation de paix durable entre l'Allemagne et l'Angleterre. - Tout cela en mai 1914 environ ! C'est ce qu'ont dit les praticiens. L'autre, qui a dit : nous souffrons d'un carcinome social, c'était le rêveur, le fantaisiste, l'anthroposophe fou. Mais les praticiens, ceux que les gens ont écoutés, ont dit ce que je vous ai mentionné. Leur pratique s'est réalisée de telle sorte que, dans les années qui ont suivi, dix à douze millions de personnes ont été tuées et trois fois plus sont devenues infirmes !
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Mais comment les prédictions se sont réalisées ici, comment le monométallisme s'est réalisé, comment les mesures prises par ces praticiens apparents, qui sont pourtant étrangers à la vie réelle, se sont répercutées à petite échelle, tout cela est apparu au cours des cinq ou six dernières années. Face à la civilisation de l'humanité, la science de l'esprit fait valoir aujourd'hui comment il faut se plonger dans le contenu de la science de l'esprit pour appliquer une telle pensée, qui n'est pas seulement logique, mais conforme à la réalité. J'ai dit expressément que je ne les considère pas comme stupides, les monométallistes, mais je les considère comme des gens dont la pensée ne peut pas s'immerger dans la réalité, dont la pensée est étrangère à la réalité. Je sais combien de personnes ne croient pas aujourd'hui que c'est justement par l'approfondissement spirituel que l'on peut entrer dans la vie réelle !
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C'est ainsi que la science de l'esprit se situe par rapport à l'esprit de notre temps ; c'est ainsi qu'elle se situe par rapport au manque d'esprit/non-esprit de notre temps. Comment ce manque d'esprit/non esprit se manifeste-t-il ? Eh bien, l'humanité n'a reçu l'intellectualisme qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles. Elle s'est développée à partir d'une sagesse originelle, qui était toutefois plus instinctive, plus onirique, et qui a donc dû s'éteindre. L'intellectualité a dû apparaître. Nous sommes arrivés à un point de l'évolution intellectualiste dont nous devons à nouveau nous éloigner afin de reconnaître à nouveau le spirituel, ce que le simple intellect ne pourra jamais faire. Tout, même notre science, la médecine, la jurisprudence, toutes les sciences particulières sont aujourd'hui parvenues à l'éloignement de la réalité, à l'exception des seules sciences inorganiques et de la technique avec son cortège. C'est ainsi que l'intellectualité a dû se développer au cours des derniers siècles. Il y avait autrefois une connaissance spirituelle instinctive, elle s'est assoupie pendant un certain temps. Une nouvelle connaissance spirituelle doit de nouveau la remplacer.
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Mais nous avons en nous l'héritage de cette ancienne connaissance spirituelle, et l'une des parties les plus importantes de cet héritage, c'est notre langue elle-même, ce sont toutes nos langues de civilisation. Ce qui vit dans notre langue n'est pas issu d'une vision du monde telle qu'elle a été pratiquée au cours des trois ou quatre derniers siècles. Si les humains n'avaient pas déjà eu les langues, à partir d'une telle activité de l'âme telle qu'elle a conduit à l'intellectualisme, les humains n'auraient jamais développé les langues. Les langues sont un héritage ancien. Elles sont issues d'une époque où l'on saisissait, même instinctivement, le spirituel. Que sont-elles devenues à l'époque de l'intellectualisme ? Elles sont devenues ce qui a peu à peu amené notre vie publique à l'état de phraséologie/puissance de la phrase. Nous vivons parce que nous avons perdu l'ancien contenu spirituel substantiel qui était dans le mot, nous vivons avec le langage dans la phrase et nous sommes obligés de trouver à nouveau un contenu substantiel pour nos langues par un approfondissement spirituel. Or, la phrase est la sœur du mensonge. Et demandez-vous comment le mensonge a triomphé dans le monde au cours des cinq ou six dernières années, comment nous vivons dans l'ère de la phrase ! Notre vie spirituelle est entièrement placée sous le signe de la phrase. C'est l'esprit pervers de la vie spirituelle actuelle : la phraséologie/puissance de phrase. Nous ne sortirons de la phraséologie, de cette partie du non-esprit, que si nous pouvons à nouveau nous remplir de la science de l'esprit anthroposophique. Si l'on veut un contenu spirituel avec une substance spirituelle, alors nos mots résonneront à nouveau de contenus spirituels. Aujourd'hui, l'humain prononce des mots et des mots parce qu'il a perdu le contenu spirituel. C'est l'un des points sur lequel est indique du côté spirituel scientifique dans la pensée de triarticulation pour l'organisme social, que la vie de l'esprit est dominée par la phrase, et qu'un chemin doit être cherché - nous aurons encore à parler de ce chemin dans les prochains jours -, pour faire entrer à nouveau un contenu substantiel dans nos paroles à partir de la vie de l'esprit. C'est la première tâche que nous avons face au non-esprit de notre temps.
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La deuxième chose est qu'il est apparu clairement que ce temps récent est entièrement sous l'influence de la motivation de vouloir développer une vie démocratique, véritablement démocratique. Cela a saisi les humains comme sinon la maturité sexuelle ou d'autres périodes de la vie saisissent l'humain individuel. Depuis le milieu du XVe siècle, l'appel à la démocratie, à la vraie démocratie, se fait de plus en plus valoir dans l'ensemble du monde civilisé. Et qu'est-ce que la vraie démocratie ? Honnêtement, la démocratie est une cohabitation des humains au sein de l'organisme social tel que chaque personne devenue majeure se trouve sur un pied d'égalité avec toute autre personne majeure. Cela ne peut pas être développé en rapport à la vie de l'esprit, car là, ce sont les facultés dont il s'agit. La vie intellectuelle doit être séparée sur son propre terrain. La démocratie peut seulement englober la vie politique. Mais qu'est devenue la vie politique ? Parce que l'impulsion de former la démocratie est là, mais que cette impulsion est partout interrompue sous l'influence du non- esprit matérialiste moderne - qu'est devenue cette vie ? Au lieu d'une cohabitation juridique, au lieu d'une véritable vie juridique née à partir de l'intérieur de l'humain, elle est devenue une vie de convention. De même que dans la vie de l'esprit nous vivons dans la phrase, de même dans la vie de droit nous vivons dans les conventions, dans ce qui est fixé par mesure de paragraphes, auxquels l'humain n'appartient pas avec son âme, mais auquel il obéit en étant fixé par convention par un pouvoir absolu ou par exemple par une démocratie. La deuxième chose que veut la science de l'esprit en ce en rapport à la triarticulation de l'organisme social, c'est fonder une démocratie réelle dans le domaine où la démocratie peut être. De sorte que la convention soit remplacée par ce qui doit résulter du plus intérieur de la nature humaine entre des humains devenus majeurs également justifiés.
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Et sur un troisième domaine, celui de la vie de l'économie, nous devons substituer à l'unité économique, au calcul des rapports, un véritable juger économique, qui s'établira de la manière que j'indiquerai également dans les prochains jours, mais que vous trouverez aussi notamment dans mes "Points essentiels de la question sociale". Ce juger économique est né au non-esprit des temps récents. L'humain est devenu un routinier au lieu d'un véritable praticien économique, un routinier qui se tient simplement dans le tissu dans lequel la naissance ou d'autres rapports de la vie l'ont placé. L'humain n'est pas un véritable praticien dans le domaine de la vie économique, mais un routinier sous l'emprise d'un non-esprit façonné par puissance d'instinct. Nous vivons sous le non-esprit de la phrase, de la convention, de la routine. Nous n'en sortirons pas si nous ne remplissons pas aussi bien la vie de droit que la vie de l'esprit, que la vie de l'économie avec ce que nous pouvons acquérir comme sens de la réalité, comme sens de l'esprit, à partir des activités de la science de l'esprit.
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Maintenant, les humains se tiennent encore à distance sur de telles choses. En rapport à ce que l'on peut se référer à ce qui est le plus important et qui se trouve vraiment immédiatement dans la vie pratique, les humains en restent souvent au jugement qu'il s'agit justement d'une rêverie, d'une fantaisie et ainsi de suite. Oui, les humains sont justement ainsi. Ici, en Suisse, a vécu un homme dans les années 70 du siècle dernier, Johannes Scherr. Il était en beaucoup de relation un polémiste, il déversait ses critiques acerbes sur tout et n'importe quoi, comme un humain polémique. Mais dans sa polémique reposait souvent un jugement très sain. Ce Johannes Scherr a dit, en se basant sur une certaine compréhension de ce qu'il a vu à son époque : "Si cela continue, si les hommes ne font que poursuivre le matérialisme dans la connaissance, si dans la vie politique et sociale extérieure ils ne font que poursuivre une économie financière telle qu'elle se développe actuellement, où chacun ne prend en compte que ses intérêts financiers ou industriels, poursuit son égoïsme, si cette agitation se poursuit, alors le temps viendra où l'humain devra dire : "non-sens, tu as vaincu !
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J'aimerais savoir qui, avec un sens impartial, n'a pas dû se tenir debout ces dernières années et encore maintenant, lorsqu'il voit ce qui se passe ici et là dans le monde, lorsqu'il voit comment on agit à l'encontre de tout ce qui pourrait seulement être bénéfique à l'humanité dans le monde entier, lorsqu'on s'est tenu dans ces conditions, en particulier pendant la conduite à l'absurde de la civilisation actuelle dans cette guerre, comment il n'a pas dû se dire : maintenant, le temps est venu où il ne faut pas dire : non-sens, tu as vaincu, comme Johannes Scherr ; mais : non-sens, tu as décidé !
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Je développerai le reste dans les prochains jours. Aujourd'hui, je voulais dire en introduction que la science de l'esprit orientée anthroposophiquement, telle qu'elle est pensée ici, n'aimerait pas participer à l'instauration d'un état dans lequel on devra dire de plus en plus : "non-sens, tu as décidé - mais à l'instauration d'un contexte dans lequel, à partir de la capacité humaine la plus intime, à partir de la connaissance humaine la plus intime et la plus réelle, on devra dire : nous pouvons à nouveau apporter du sens dans la vie, un sens constructif. C'est à cela que la science de l'esprit aimerait travailler.
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Et elle puise sa force dans la foi, qui est bien plus qu'une pure croyance, dans la conviction que le temps devra venir dans lequel le non-esprit de la phrase, le non-esprit de la convention, le non d'esprit de la routine devra être vaincu par l'esprit qui, à partir d'une connaissance plus profonde, parle à nouveau du sens de la vie. Car la science de l'esprit doit être de la conviction : ce n'est pas le manque d'esprit qui conduira les humains à une évolution salutaire de leur vie, mais uniquement l'esprit. C'est pourquoi la science de l'esprit veut, aussi fortement qu'elle le peut, lancer un appel à l'esprit et à sa véritable connaissance face aux besoins du présent et du futur immédiat.