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Institut pour une triarticulation sociale
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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA334

DE L'ÉTAT UNITAIRE À L’ORGANISME SOCIAL TRI-ARTICULÉ.




DISCOURS DEVANT L'ASSOCIATION SUISSE DES CITOYENS D’ÉTAT -
 Dornach, le 18 avril 1920
ANSPRACHE VOR DEM SCHWEIZER STAATSBÜRGER-VEREIN -
 Dornach, 18. April 1920

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 334  173-193 1983  18/04/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 17/12/2022 Editeur: SITE


Mes très chers présents ! À votre souhait, j'ai la permission aujourd’hui de vous exposer quelque chose sur l'impulsion sociale qui, sous le nom de triarticulation de l'organisme social, veut venir face au monde - veut venir d'abord à partir d'ici. Et elle a tout de suite la permission d'être portée dans le monde d'ici pour la raison que c'est ici que la science de l'esprit devrait être pratiquée et qu'en fait, les cercles les plus larges pourraient comprendre aujourd’hui qu'un assainissement des conditions générales du monde peut seulement venir quand même d'un approfondissement spirituel.

01

Meine sehr verehrten Anwesenden! Auf Ihren Wunsch darf ich Ihnen heute einiges auseinandersetzen über den sozialen Impuls, der unter dem Namen der Dreigliederung des sozialen Organismus der Welt gegenübertreten will — gegenübertreten will zunächst von hier aus. Und er darf gerade von hier aus in die Welt getragen werden aus dem Grunde, weil hier Geisteswissenschaft getrieben werden soll und eigentlich heute schon weiteste Kreise begreifen könnten, daß eine Gesundung der allgemeinen Weltenverhältnisse doch nur durch eine geistige Vertiefung kommen kann.

Après ce bref exposé, la visite de l'édifice nous attend encore, et vous comprendrez donc que je veuille être bref et que je ne puisse que vous indiquer de manière aphoristique l'essentiel de la pensée de triarticulation aujourd’hui.

02

Es erwartet uns nach diesem kurzen Vortrage noch die Besich­tigung des Baues, und Sie werden daher begreifen, daß ich mich kurz fassen will, und Sie nur aphoristisch auf das Wesentlichste des Dreigliederungsgedankens heute hinweisen kann.

Cette pensée de triarticulation n'est pas tout à fait nouvelle, mais elle est née d'une observation de plusieurs décennies des conditions européennes, notamment de l'Europe centrale, et notamment de l'observation des conditions qui ont conduit à la catastrophe terrible de ces cinq ou six dernières années.

03

Dieser Dreigliederungsgedanke ist nicht etwa ganz neu, sondern er ist entsprungen aus einer jahrzehntelangen Beobachtung der europäischen, namentlich der mitteleuropäischen Verhältnisse und namentlich aus der Beobachtung derjenigen Verhältnisse, welche zu der Schreckenskatastrophe der letzten fünf bis sechs Jahre geführt haben.

Pour celui qui vous parle aujourd’hui, ces conditions, dont une grande partie du monde souffre terriblement aujourd’hui, n'étaient pas une surprise. C'était au printemps de l'année 1914, lorsque j'ai tenu à Vienne - précisément à Vienne, vous savez que la conflagration mondiale est partie de Vienne - une série de conférences devant un cercle restreint. Au cours de ces conférences, j'ai dû dire, simplement par obligation, j'aimerais dire, vis-à-vis du temps, qu'il ne fallait pas se rassurer en louant sans cesse en toutes sortes de mots la grandeur de l'évolution du présent, mais qu'il fallait regarder ce qui se préparait. Et je devais dire à l'époque --- c'était au début du printemps de l'année 1914, de nombreuses semaines avant le début de la guerre mondiale : celui qui observe les conditions sociales de l'Europe avec un certain regard de connaisseur ne peut que comparer certains phénomènes, notamment dans notre vie économique, à une sorte de maladie sociale cancéreuse qui devait se déclarer de manière terrible dans les plus brefs délais.

04

Für denjenigen, der heute zu Ihnen spricht, kamen diese Verhält­nisse, unter denen ein großer Teil der Welt heute furchtbar leidet, nicht überraschend. Es war im Frühling des Jahres 1914, da hielt ich vor einem kleineren Kreise in Wien — gerade in Wien, Sie wissen ja, der Weltbrand ist von Wien ausgegangen! — eine Reihe von Vorträ­gen. Innerhalb dieser Vorträge mußte ich sagen, einfach unter der Verpflichtung, möchte ich sagen, gegenüber der Zeit heraus, daß man sich nicht soll beruhigen dabei, immerfort nur die Großartig­keit der Entwickelung der Gegenwart in allen möglichen Worten zu preisen, sondern daß man hinschauen soll auf dasjenige, was sich vorbereite. Und ich mußte dazumal sagen --- also es war im Früh‑ frühling des Jahres 1914, viele Wochen vor dem Ausbruche des Weltkrieges!: Wer die sozialen Verhältnisse Europas mit einem gewissen Kennerblick überschaut, der kann gewisse Erscheinungen, namentlich in unserem Wirtschaftsleben, nur vergleichen mit einer Art sozialer Krebskrankheit, die in kürzester Zeit zu einem furcht­baren Ausbruch kommen müsse.

Voyez-vous, quelqu'un qui a tenu de tels propos au printemps 1914 a été considéré comme un idéaliste rêveur qui nourrit des vues pessimistes. Et ceux qui se considéraient à l'époque comme des "praticiens" disaient que la situation politique générale se détendait, que les meilleures relations existaient entre les gouvernements européens, etc.

05

Sehen Sie, jemanden, der im Frühling des Jahres 1914 so etwas gesagt hat, den hat man als einen verträumten Idealisten angesehen, der pessimistische Ansichten hegt. Und diejenigen, die sich dazumal «Praktiker» gedünkt haben, die haben gesprochen davon, daß die allgemeine politische Lage sich entspanne, daß die besten Bezie­hungen zwischen den Regierungen Europas seien und so weiter.

Aujourd’hui, on peut faire remarquer que ce n'est pas l'idéaliste cette fois-là qui s'est trompé dans sa prédiction, mais les dix à douze millions d'humains qui ont été tués depuis lors par l'incendie mondial et les trois fois plus qui ont été estropiées au sein du monde civilisé, qui fournissent la preuve suffisante que l'"idéaliste" de l'époque pouvait tenir de tels propos.

06

Heute darf wohl darauf hingewiesen werden, daß nicht der Idealist dazumal Unrecht gehabt hat mit seiner Vorhersage, sondern die zehn bis zwölf Millionen Menschen, die seither durch den Weltbrand getötet worden sind, und die dreimal soviel, die zu Krüppeln geschlagen sind innerhalb der zivilisierten Welt, die liefern wohl den hinlänglichen Beweis dafür, daß der «Idealist» dazumal solche Worte sprechen durfte.

La position qu'occupaient alors les gens qui s'efforçaient d'être pratiques est, d'une certaine manière, à nouveau rappelée aujourd’hui. Car aujourd’hui encore, on ne croit guère celui qui dit que nous ne sommes pas du tout à la fin du déclin européen, mais que nous continuerons à descendre de plus en plus bas sur le plan incliné, si un nombre suffisamment important d'humains ne prend pas conscience de la manière dont il faut contrer ce déclin général.

07

Man wird an die Stellung, die dazumal die Leute, die sich praktisch dünkten, einnahmen, auch heute in einer gewissen Weise wiederum erinnert. Denn auch heute wird demjenigen kaum voll geglaubt, der davon spricht, daß wir keineswegs am Ende des europäischen Niederganges sind, sondern daß wir immer weiter und weiter hinunter uns bewegen werden auf der schiefen Ebene, wenn nicht in einer genügend großen Anzahl von Menschen die Erkenntnis aufdämmert, wie diesem allgemeinen Niedergange ent­gegenzusteuern sei.

Aujourd’hui encore, certains diront que l'on parle de manière pessimiste lorsqu'on fait un tel pronostic. On ne parle pas de manière pessimiste, on parle seulement à partir d'une connaissance des circonstances.

08

Auch heute wird mancher sagen, man rede pessimistisch, wenn man eine solche Prognose stellt. Man redet nicht pessimistisch, man redet nur aus einer Erkenntnis der Verhältnisse heraus.

Et de la même manière que l'on peut aujourd’hui, en quelque sorte renforcé par la science de l'esprit, jeter un regard plus profond sur les circonstances, on a pu le faire depuis des décennies. On a pu observer avec soin comment les relations entre les différents États d'Europe devenaient de plus en plus contradictoires, comment les mesures prises n'étaient absolument pas suffisantes pour maîtriser ce qui s'accumulait partout comme matière inflammable. Et il fallait prévoir ce qui allait arriver : les années de terreur que nous avons maintenant apparemment derrière nous.

09

Und so wie man heute, gewissermaßen durch Geisteswissen­schaft gestärkt, einen tieferen Blick in die Verhältnisse tun kann, so konnte man es seit Jahrzehnten. Man konnte sorgfältig beobachten, wie sich die einzelnen Staatenverhältnisse untereinander in Europa immer mehr und mehr zu gegensätzlichen entwickelten, wie dasje­nige, was als Maßnahme getroffen worden ist, durchaus nicht hinlänglich war, um das, was sich überall als Zündstoff anhäufte, zu bewältigen. Und man mußte voraussehen dasjenige, was kommt: die Schreckensjahre, die wir nun scheinbar hinter uns haben.

Mais aujourd’hui, on a la permission de dire qu'avant ces années terribles, il n'y avait pas, si je puis m'exprimer ainsi, aucune oreille pour entendre ces choses. Il a fallu qu'une grande partie de l'Europe connaisse la terrible détresse qui est la sienne aujourd’hui. On devait donc se dire à l'époque qu'il n'y avait pas d'oreilles pour entendre, et on doit encore attendre aujourd’hui pour savoir si l'on sera vraiment entendu. Pourtant, malgré la détresse, malgré les terribles leçons que nous ont apportées ces dernières années, on ne peut pas dire que l'idée de la triarticulation, qui est née d'une observation minutieuse des circonstances, soit déjà accueillie aujourd’hui de manière adéquate. Je voudrais donc vous parler dès le début de la raison pour laquelle on s'oppose tant à cette idée de triarticulation/trimembrement, pourquoi on la considère comme une sorte d'utopie, comme une sorte de structure de fantaisie.

10

Heute darf aber gesagt werden, daß eben vor diesen furchtbaren Jahren keine, wenn ich mich so ausdrücken darf, keine Ohren da waren, um diese Dinge zu hören. Es mußte erst über einen großen Teil Europas die furchtbare Not kommen, die jetzt da ist. So mußte man sich sagen dazumal, es waren nicht Ohren da um zu hören, und man muß auch heute noch warten damit, ob man wirklich gehört werde. Dennoch, trotz der Not, trotz der furchtbaren Lehre, die uns die letzten Jahre gebracht haben, kann man nicht sagen, daß gerade die Idee der Dreigliederung, die aus einer sorgfältigen Beob­achtung der Verhältnisse hervorgegangen ist, in entsprechender Weise heute schon aufgenommen werde. Und da möchte ich Ihnen denn gleich im Anfange von dem Grund sprechen, warum man sich so sehr gegen diese Idee von der Dreigliederung stemmt, warum man sie für eine Art Utopie, für eine Art Phantasiegebilde hält.

Vous voyez, cela vient du fait que des conditions d'une nature aussi enchevêtrée, des conditions qui ont répandu à ce point la dévastation, le chaos, n'avaient encore jamais existé dans toute l'évolution de l'humanité ! L'humanité a traversé beaucoup de choses ; à certaines époques, beaucoup de choses sont tombées sur l'Europe. Les conditions telles qu'elles existent aujourd’hui n'étaient vraiment pas encore présentes à l'époque de l'évolution historique.

11

Sehen Sie, das kommt davon her, weil Verhältnisse so verwickel­ter Art, Verhältnisse, die die Verheerung, das Chaos so ausgebreitet hatten, eigentlich noch niemals da waren in der ganzen Menschheits­entwickelung! Die Menschheit hat viel durchgemacht; zu bestimm­ten Zeiten ist auch über Europa viel niedergegangen. Verhältnisse, wie sie jetzt sind, waren in der Zeit der geschichtlichen Entwicke­lung wirklich noch nicht da.

Les circonstances ont fait qu'autrefois, de petits groupes de l'humanité ont été touchés par des phénomènes de déclin. Même lorsque le grand Empire romain alla vers son déclin, cela fut en rapport à toute la Terre un petit territoire. aujourd’hui, l'enchevêtrement des conditions que nous avons en fait étendues à toute la terre civilisée rend plus visibles les signes de déclin. Il n'est donc pas étonnant qu'il soit nécessaire de faire fructifier aujourd’hui non pas une petite idée sur la manière dont on peut améliorer tel ou tel domaine limité, mais une idée globale, une idée qui intervienne vraiment aussi profondément que la confusion est profonde. Une telle idée aimerait la triarticulation de l'organisme social. Outre le fait qu'elle est née de l'observation des conditions réelles, elle est également née de la considération des moments historiques dans lesquels se trouve l'humanité à l'heure actuelle. Et c'est aussi parce qu'elle compte en fait sur l'ensemble de l'humanité civilisée du présent, cette idée de triarticulation, que l'on se montre si hostile à son égard. On la considère comme une utopie, on la considère comme quelque chose d'imaginé. Mais elle est ce qu'il y a de plus réel, ou du moins elle veut être ce qu'il y a de plus réel, qui doit se placer dans les conditions actuelles.

12

Es haben es die Umstände mit sich gebracht, daß früher kleine Gruppen der Menschheit ergriffen worden sind von Niedergangserscheinungen. Selbst als das große Römische Reich seinem Nieder‑ gange entgegenging, da war das im Verhältnis zu der ganze Erde ein kleines Gebiet. Heute werden durch die Verquickung der Verhältnisse, die wir eigentlich über die ganze zivilisierte Erde ausgebreitet haben, die Niedergangserscheinungen sichtbarer. Kein Wunder, dass daher es auch notwendig ist, nun nicht eine kleine Idee wie man auf dem oder jenem beschrankten Gebiet, das oder jenes verbessern kann, heute fruchtbar machen kann, sondern daß eine umfassende Idee nötig ist, eine Idee, die wirklich auch so tief eingreift, wie die Verwirrung tief ist. Eine solche Idee möchte die Dreigliederung des sozialen Organismus sein. Außer dem, daß sie hervorgegangen ist aus der Beobachtung der wirklichen Verhält­nisse, ist sie auch hervorgegangen aus der Betrachtung der geschicht­lichen Zeitpunkte, in denen sich die Menschheit in der Gegenwart befindet. Und auch deshalb, weil sie eigentlich mit der ganzen zivilisierten Menschheit der Gegenwart rechnet, diese Dreigliede­rungsidee, deshalb kommt man ihr so ablehnend entgegen. Man hält sie für eine Utopie, man hält sie für irgend etwas, was ausgedacht ist. Sie ist aber das Wirklichste, oder will wenigstens sein das Wirklich­ste, das sich in die gegenwärtigen Verhältnisse hereinzustellen hat.

En effet, lorsque nous examinons l'évolution des conditions spirituelles, étatiques et économiques dans le présent, nous devons la rattacher à la même évolution des trois ou quatre derniers siècles. Ce qui est plus ancien a un tout autre caractère. Les trois ou quatre derniers siècles, et notamment le XIXe siècle et jusqu'à nos jours, ont placé l'humanité dans un état de développement très particulier. Dans des parties isolées, on ne le remarque pas encore. C'est à juste titre que l'on a parlé ici de la santé du peuple suisse. Il faut compter sur elle pour l'avenir. Mais il est également nécessaire, pour que cette santé perdure, que l'on ne se fasse pas d'illusions en pensant qu'une petite région pourrait rester isolée par rapport à tout ce qui s'effondre actuellement. Cela ne peut pas être le cas.

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Wenn wir nämlich die Entwickelung der geistigen, der staatli­chen, der wirtschaftlichen Verhältnisse in der Gegenwart über­blicken, so müssen wir sie anschließen an dieselbe Entwickelung der letzten drei bis vier Jahrhunderte. Was weiter zurückliegt, das hat einen ganz anderen Charakter. Die letzten drei bis vier Jahrhun­derte, und namentlich das 19. Jahrhundert und bis in unsere Tage herein, haben die Menschheit in einen ganz besonderen Entwicke­lungszustand hineingebracht. In einzelnen Teilen bemerkt man das noch nicht. Mit vollem Recht ist hier von der Gesundheit des Schweizer Volkes gesprochen worden. Auf sie muß für die Zukunft gerechnet werden. Aber es ist dazu auch notwendig, damit diese Gesundheit bleibe, daß man sich keinen Illusionen hingibt, daß etwa gegenüber all dem jetzt Zusammenbrechenden ein kleines Gebiet jetzt isoliert bleiben könnte. Dieses kann nicht sein.

Vous voyez, il y a aujourd’hui en Europe centrale et du Sud-Est de grandes régions dont vous savez à quel point elles souffrent de la baisse de la devise. Cette baisse de la devise, l'économiste la perçoit, j'aimerais dire, comme un phénomène important par rapport aux petits phénomènes qui ont toujours existé auparavant. On savait que lorsque la devise baisse dans un domaine quelconque, l'importation dans le domaine en question est quelque peu sapée ; l'exportation en est d'autant plus favorisée. Cette loi ne peut plus être appliquée aux ravages de la situation économique qui s'est produite en Europe centrale et orientale.

14

Sehen Sie, es gibt heute in Mittel- und Südosteuropa große Gebiete, von denen Sie wissen, wie sehr sie unter dem Herab­kommen der Valuta leiden. Dieses Herabkommen der Valuta, dem Volkswirtschafter tritt es entgegen, ich möchte sagen, als eine große Erscheinung gegenüber kleinen Erscheinungen, die es früher auch immer gegeben hat. Man wußte, wenn die Valuta auf irgendeinem Gebiete fällt, dann wird dadurch die Einfuhr in das betreffende Gebiet etwas untergraben; die Ausfuhr wird dadurch um so mehr gefördert. Dieses Gesetz, es läßt sich nicht mehr anwenden auf die Verheerungen der Wirtschaftsverhältnisse, die in Mittel- und Ost- europa eingetreten sind.

Mais jusqu'à présent, on n'a pu que constater les inconvénients de la baisse de la devise dans certaines régions ! Il ne vous faudra pas longtemps pour comprendre l'ampleur des inconvénients de la hausse de la devise dans un pays ! Ils viendront, et il ne faudra pas longtemps pour que les pays où la devise baisse et où les conditions économiques régressent ne soient pas les seuls à s'inquiéter, les pays où la valeur monte penseront à leur devise élevée avec des sentiments terribles.

15

Aber bis jetzt hat sich bloß gezeigt, welches die Nachteile des Sinkens der Valuta in gewissen Gebieten sind! Sie werden nicht sehr lange dazu brauchen, um einzusehen, wie groß die Nachteile des Steigens der Valuta in einem Lande sind! Die werden kommen, und es wird gar nicht so lange dauern, dann werden die Länder mit sinkender Valuta, wo die Wirtschaftsverhältnisse zurückgehen, nicht allein stehen in ihrer Sorge, es werden die Länder mit steigen­der Valuta mit furchtbaren Gefühlen an ihre hohe Valuta denken.

Ces choses montrent seulement à celui qui sait regarder dans les circonstances comment, du fait qu'aujourd’hui le territoire économique de la Terre forme tout de même une unité, malgré toutes les divisions des États, la prospérité et le malheur d'une petite région de la Terre dépendent de la prospérité et du malheur de toute la Terre. C'est pourquoi, aujourd’hui encore, on ne peut penser aux rapports sociaux que dans un sens tout à fait international.

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Diese Dinge, die zeigen dem, der in die Verhältnisse hinein­schauen kann, nur, wie dadurch, daß heute im Grunde das Wirt­schaftsgebiet der Erde doch eine Einheit bildet, trotz aller Staaten­gliederungen, wie das Wohl und Wehe eines kleinen Gebietes der Erde von dem Wohl und Wehe der ganzen Erde abhängt. Daher kann auch heute nur über die sozialen Verhältnisse in ganz interna­tionalem Sinne gedacht werden.

Si l'on passe en revue ce qui nous a amenés à la situation actuelle, on doit dire que nous voyons jusqu'où nous sommes allés - aujourd’hui, on ne le voit pas encore -, mais on pourrait dire que l'on pourrait le voir dans la malformation de l'Europe de l'Est, dans la malformation de la Russie. Il faut dire que de telles choses sont profondément significatives, comme nous le lisons maintenant par exemple - je veux mentionner un petit détail, mais il est profondément significatif - comme nous le lisons maintenant en Russie. Vous avez pu lire que Trotsky a demandé aux gens de ne pas fêter le 1er mai, mais de travailler le 1er mai. Je vous en prie, là-bas, en Russie, l'idéal des socialistes doit être réalisé à grande échelle - un paradis a été promis aux gens. Ce que le prolétariat a désigné pendant des décennies comme son signe de ralliement - la fête du 1er mai - est quelque chose qui doit être supprimé. Ce n'est qu'une expression pour tout ce qui doit être aboli ! On a longtemps parlé des méfaits du militarisme, et certainement à juste titre. En Russie, le travail est actuellement militarisé. En Russie, on dit actuellement que c'est une absurdité que l'humain puisse disposer de sa propre personne sur cette terre. Il ne peut y avoir de liberté de disposer de sa propre personne. - Cela montre bien les fruits dans le cas extrême où l'évolution des trois ou quatre derniers siècles l'a mené. Il faut regarder ces choses. Il faut être conscient que cet État - je ne parle pas maintenant de l'État particulier, mais de l'État en général - qui s'est développé à partir de conditions tout à fait différentes au cours de ces trois ou quatre derniers siècles s'est surchargé de choses que l'État en tant que tel ne peut pas gérer. Car pourquoi ?

17

Überblickt man dasjenige, was uns eigentlich in die heutige Lage hineingebracht hat, so muß man sagen: Wir sehen, wie weit wir es gebracht haben — heute sieht man es noch nicht —, aber man könnte eigentlich sagen, man könnte es sehen an der Mißbildung des europäischen Ostens, an der Mißbildung von Rußland. Man muß schon sagen: Solche Dinge sind tief bezeichnend, wie wir sie jetzt zum Beispiel — ich will eine Kleinigkeit erwähnen, aber sie ist tief bezeichnend —, wie wir sie jetzt aus Rußland lesen. Sie konnten lesen, daß Trotzki die Leute aufgefordert hat, den 1. Mai nicht zu feiern, sondern am 1. Mai zu arbeiten. Ich bitte Sie, da drüben in Rußland soll das Ideal der Sozialisten in großem Maßstab verwirk­licht werden — ein Paradies wurde den Leuten versprochen. Dasjeni­ge, was das Proletariat durch Jahrzehnte hindurch als sein Manifestationszeichen bezeichnet hat — die Maifeier —, das ist etwas, was da abgeschafft werden muß. Es ist nur ein Ausdruck für dasjenige, was da alles abgeschafft werden muß! Man hat lange Zeit gesprochen von dem Schlimmen des Militarismus, gewiß mit Recht davon gesprochen. In Rußland wird gegenwärtig die Arbeit militarisiert. In Rußland wird gegenwärtig gesagt, es sei ein Unsinn, daß der Mensch hier auf dieser Erde über seine eigene Person verfügen solle. Eine Freiheit des Verfügens über seine eigene Person könne es nicht geben. — Das zeigt so recht die Früchte in dem extremen Falle, zu dem es die Entwickelung der letzten drei bis vier Jahrhunderte gebracht hat. Auf diese Dinge muß man hinschauen. Man muß sich klar darüber sein, daß dieser Staat — ich meine jetzt nicht den einzelnen Staat, sondern den Staat überhaupt —, der sich aus ganz andersartigen Verhältnissen eben im Laufe dieser letzten drei bis vier Jahrhunderte entwickelt hat, daß dieser sich überladen hat mit Dingen, die der Staat als solcher nicht besorgen kann. Denn warum?

Voyez-vous, pour considérer de telles choses de manière vraiment sobre et claire, sans fantasme, nous devons déjà nous élever à l'idée que la vie entière de l'humanité est quelque chose de semblable à la vie de l'humain individuel. Nous ne pouvons pas décrire la vie de l'humain individuel en disant toujours : "Eh bien, quand l'humain a quarante ans, il est à quarante ans dans le monde l'effet de la cause qui était là à trente-neuf ans, ceux qui sont à trente-neuf ans sont l'effet de trente-huit ans, et ainsi de suite. On ne peut pas dire cela, mais il s'agit d'une évolution interne conforme à des lois dans l'humain. Par une loi interne, l'humain a ses deuxièmes dents vers la septième année. Il passe par d'autres stades de développement au cours des années suivantes. Une certaine impulsion vit à l'intérieur de l'humain, qui le rend mûr pour quelque chose à un certain moment. Il en va de même pour toute l'humanité. Ce qui s'est produit dans l'ensemble de l'humanité au cours des trois ou quatre derniers siècles est une chose à laquelle l'humanité ne peut pas échapper.

18

Sehen Sie, wir müssen, um solche Dinge wirklich nüchtern und klar, ohne Phantastik, zu betrachten, uns schon zu dem Gedanken aufschwingen, daß das ganze Leben der Menschheit etwas Ähnli­ches ist wie das Leben des einzelnen Menschen. Wir können nicht das Leben des einzelnen Menschen so beschreiben, daß wir immer sagen: Nun, wenn der Mensch vierzig Jahre alt ist, so ist er mit vierzig Jahren in der Welt die Wirkung der Ursache, die mit dem neununddreißigsten Jahre da war, die im neununddreißigsten Jahre sind die Wirkung von dem achtunddreißigsten Jahre und so weiter. Das kann man nicht sagen, sondern es ist eine innere gesetzmäßige Entwickelung im Menschen. Der Mensch bekommt durch eine innere Gesetzmäßigkeit um das siebente Jahr herum die zweiten Zähne. Er macht andere Entwickelungsstadien durch in späteren Jahren. Es lebt im Inneren des Menschen ein gewisser Impuls, der ihn in einer gewissen Zeit für etwas reif macht. So ist es auch mit der ganzen Menschheit. Dasjenige, was in der ganzen Menschheit heraufgekommen ist im Laufe der letzten drei bis vier Jahrhunderte, das ist etwas, dem die Menschheit nicht entgehen kann.

Au sein de l'humanité, on ne pouvait pas faire autrement que d'appeler à la démocratie. Quels que soient les idéaux que l'on a présentés dans la vie sociale extérieure, l'idéal de la démocratie est celui qui a le plus saisi l'humanité contemporaine, et qui doit la saisir. Il faut que ce qui est État devienne démocratique, devienne démocratique au sens le plus large du terme. C'est précisément ce que l'on devrait ressentir en Suisse, où l'on dispose de l'ancienne démocratie, mais où l'on percevra aussi peu à peu la nécessité de décharger cette démocratie de certains domaines.

19

Man konnte gar nicht anders innerhalb der Menschheit, als den Ruf ertönen lassen nach Demokratie. Was man auch für Ideale hingestellt hat, im äußeren sozialen Leben, das Ideal der Demokra­tie, das ist dasjenige, das am allermeisten die Menschheit der Gegen­wart ergriffen hat, und auch ergreifen muß. Es muß dasjenige, was Staat ist, demokratisch werden, demokratisch werden im weitesten Umfange. Gerade in der Schweiz sollte man so etwas empfinden, wo man ja die alte Demokratie hat, aber wo man auch wahrnehmen wird nach und nach die Notwendigkeit, diese Demokratie von gewissen Gebieten zu entlasten.

Que signifie donc démocratie ? La démocratie, c'est la possibilité pour les humains de décider eux-mêmes, par référendum ou par représentation, de ce qui est une affaire commune à tous, de ce qui est une affaire de vie pour tout humain devenu majeur. C'est finalement l'idéal de la démocratie, l'égalité entre les humains en ce qui concerne les décisions, maintenant tout ce qui est égal/pareil pour les humains devenus majeurs - c'est ce à quoi aspirait l'État. Mais à quoi aspirait l'État, qui s'est justement développé au cours de l'histoire et qui est issu de conditions tout à fait différentes ? Deux domaines ne peuvent jamais être décidés démocratiquement dans la vie humaine : l'un est celui de la vie de l'esprit et l'autre celui de la vie de l'économie. Celui qui veut honnêtement la démocratie doit justement être clair sur ce point : si l'on veut une démocratie complète, il faut séparer la vie intellectuelle d'un côté, et la vie économique de l'autre, du domaine de l'État purement démocratique.

20

Was heißt denn Demokratie? Demokratie heißt: die Möglichkeit, daß die Menschen in bezug auf dasjenige, was für alle gleiche Angelegenheiten sind, was für jeden mündig gewordenen Menschen Angelegenheit des Lebens ist, daß darüber die Menschen, sei es durch Referendum, sei es durch Vertretung, selber entscheiden. Das ist zuletzt das Ideal der Demokratie, das gleiche unter den Men­schen in bezug auf die Entscheidungen jetzt alles desjenigen, was von mündig gewordenen Menschen gleich ist — nach diesem strebte der Staat. Aber was strebte der Staat, der sich eben im Laufe der Geschichte entwickelt hat, der aus ganz anderen Verhältnissen hervorgegangen ist, bloß an? Zwei Gebiete können niemals im Menschenleben demokratisch entschieden werden: das eine Gebiet ist dasjenige des Geisteslebens und das andere Gebiet ist dasjenige des Wirtschaftslebens. Gerade, wer es ehrlich meint mit der Demo­kratie, der muß sich klar darüber sein: Wenn volle Demokratie werden soll, dann muß aus dem Gebiete des bloß demokratischen Staates ausgesondert werden auf der einen Seite das Geistesleben, auf der anderen Seite das Wirtschaftsleben.

Celui qui peut observer dans ce domaine peut voir, à partir d'exemples évidents, combien il est impossible de faire entrer la vie de l'esprit en tant que telle dans le domaine politique démocratique. Je ne veux pas parler des conditions locales, ce n'est pas mon rôle ; mais il n'est pas du tout possible d'envisager ces conditions d'un petit point de vue aujourd’hui, mais il faut avoir une vue d'ensemble du monde entier, du moins du monde civilisé.

21

Wer beobachten kann auf diesem Gebiete, der kann an nahelie­genden Beispielen einsehen, wie unmöglich es ist, in das demokra­tisch politische Gebiet das Geistesleben als solches hineinzutragen. Ich will nicht von den hiesigen Verhältnissen sprechen, das kommt mir nicht zu; aber es geht ja gar nicht, diese Verhältnisse nur von einem kleinen Gesichtspunkte heute ins Auge zu fassen, sondern man muß die ganze Welt überblicken, die ganze zivilisierte Welt wenigstens.

Mais regardez l'ancien Reichstag allemand, qui a apparemment existé jusqu'en 1914 et au-delà, et vous aurez l'exemple de la façon dont l'État - qu'il soit plus ou moins démocratique, cela n'a pas d'importance dans ce cas - s'est surchargé d'affaires purement spirituelles. Parmi les partis du Reichstag allemand, vous avez eu un très grand parti, le Zentrum (le Centre). Il joue actuellement un rôle dans cette métamorphose de l'ancien Reichstag, que l'on appelle l'Assemblée nationale, le centre. Ce centre n'avait pas d'autres intérêts que les affaires religieuses, c'est-à-dire spirituelles. Si une question économique ou politique entrait en ligne de compte, elle était tranchée par un compromis quelconque que le centre concluait avec d'autres partis. Mais il va de soi que ce centre n'a jamais eu d'autre intérêt que de promouvoir ses propres intérêts spirituels. Bref, si l'on pousse le raisonnement jusqu'au bout, il s'avère que ce qui n'est qu'une affaire spirituelle n'a pas sa place dans le parlement politique.

22

Sehen Sie sich aber den ehemaligen, bis zum Jahre 1914 und darüber hinaus scheinbar bestandenen deutschen Reichstag an, so haben Sie so recht das Beispiel, wie sich der Staat — ob er nun mehr oder weniger demokratisch ist, darauf kommt es nicht an in diesem Falle — überladen hat mit rein geistigen Angelegenheiten. Sie haben unter den Parteien des deutschen Reichstags eine sehr große Partei gehabt, das sogenannte Zentrum. Es spielt gegenwärtig wiederum in jener Metamorphose des alten Reichstags, die man Nationalver­sammlung nennt, eine Rolle, das Zentrum. Dieses Zentrum hat keine anderen Interessen gehabt, als lediglich religiöse, das heißt geistige Angelegenheiten. Kam irgendeine wirtschaftliche, kam eine politische Frage in Betracht, so wurde sie entschieden durch irgend­einen Kompromiß, den man von dem Zentrum aus mit anderen Parteien schloß. Aber es ist ganz selbstverständlich, daß dieses Zentrum immer nur das Interesse hatte, seine eigenen geistigen Interessen zu fördern. Kurz, führt man den Gedankengang zu Ende, so zeigt es sich, daß dasjenige, was nur geistige Angelegenheit ist, nicht hineingehört in das politische Parlament.

Prenez la vie de l'économie. Voyez l'Autriche, c'est le pays qui montre si bien, j'aimerais dire qu'il est un cas d'école de ce qui s'est développé dans les circonstances récentes, de ce que les pays doivent justement périr. Seulement, l'Autriche est le cas d'école de ce qui est en train de disparaître !

23

Nehmen Sie das Wirtschaftsleben. Sehen Sie, Österreich, das ist ja das Land, das so recht zeigt, ich möchte sagen, das ein Schulbeispiel für das ist, was sich entwickelt hat unter den neueren Verhältnissen, dafür, daß eben die Länder zugrundegehen müssen. Nur, Öster­reich ist das Schulbeispiel für Zugrundegehendes!

Celui qui, comme moi, a passé trente ans de sa vie en Autriche et a pu voir l'évolution du dernier tiers du XIXe siècle, a pu voir apparaître toutes les conditions qui s'y sont développées, a pu voir apparaître toutes les nouvelles conditions sociales. C'est alors que l'on a pensé à créer un parlement en Autriche. Mais comment a-t-on fait ce parlement ? On a créé quatre curies : la curie des villes, la curie des Länder, des communes, la curie des grands propriétaires fonciers - toutes des curies économiques, des associations économiques ont été créées et élues au parlement politique. Elles décidaient alors de leur point de vue économique de ce qui devait être le droit public. Voilà l'autre exemple ! Dans le Reichstag allemand, vous avez l'exemple d'un parti qui aspire à des choses purement spirituelles et qui se révèle être un perturbateur dans un parlement purement économique. En Autriche, vous avez construit un parlement sur des curies purement économiques, et quiconque a pu observer les conditions sait que ce parlement n'a jamais été en mesure de maîtriser ce qui aurait été nécessaire, par exemple, en Autriche : régler les conditions spirituelles, dans la mesure où elles se sont manifestées dans les conditions temporelles des nationalités.

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Derjenige, der, wie ich selber, dreißig Jahre seines Lebens in Österreich zugebracht hat, und sehen konnte die Entwickelung im letzten Drittel des 19. Jahrhunderts, der konnte alle die Verhältnisse heraufkommen sehen, die sich dort entwickelt haben, konnte sehen alle die neueren sozialen Zustände eintreten. Da dachte man auch in Österreich ein Parlament zu machen. Aber wie machte man dieses Parlament? Man machte vier Kurien: die Kurie der Städte, die Kurie der Länder, der Gemeinden, die Kurie der Großgrundbesitzer — lauter Wirtschaftskurien, Wirtschaftsassoziationen wurden ge­macht, und in das politische Parlament hineingewählt. Die ent­schieden dann von ihrem wirtschaftlichen Gesichtspunkte aus über dasjenige, was öffentliches Recht sein sollte. Da haben Sie das andere Beispiel! An dem deutschen Reichstag haben Sie das Beispiel, wie sich eine rein Geistiges erstrebende Partei als ein Störenfried entpuppt im rein wirtschaftlichen Parlament. In Österreich haben Sie ein Parlament aufgebaut auf reinen wirtschaftlichen Kurien, und wer beobachten konnte die Verhältnisse, der weiß, daß dieses Parlament niemals imstande war, dasjenige zu bewältigen, was zum Beispiel gerade in Österreich notwendig gewesen wäre: die geistigen Verhältnisse, insoferne sie sich kundgegeben haben in den welt­lichen Verhältnissen der Nationalitäten, zu regeln.

En Autriche, on pouvait encore voir autre chose. L'État n'y était qu'un territoire politique. Il y avait treize langues officielles. Ces treize langues officielles, on ne pouvait pas les concilier ; on ne pouvait pas les concilier sous l'impression que les gens avec les différentes langues avaient les intérêts spirituels les plus divers en Autriche. On a essayé de préserver/obtenir certaines choses par des voies privées. Oh, j'ai souvent assisté, vous savez, à la vente aux enchères américaine de ces longs fils de paille contenus dans les cigares de Virginie, au profit des associations scolaires ! C'est ainsi que les associations scolaires ont été créées pour faire quelque chose, à partir des intérêts spirituels eux-mêmes, que l'État en tant que tel ne pouvait pas faire. Mais on était trop obnubilé par l'idée d'un État unique pour que de telles justifications/fondations privées puissent avoir un impact plus important et plus large. Et ainsi, je pourrais vous parler jusqu'à demain matin tôt de l'impossibilité de maintenir ensemble certaines choses que l'État moderne veut maintenir ensemble.

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In Österreich konnte man noch etwas anderes sehen. Da war der Staat nur politisches Gebiet. Dreizehn offizielle Sprachen waren da. Diese dreizehn offiziellen Sprachen, man konnte sie nicht unter einen Hut bringen; man konnte sie unter dem Eindrucke nicht unter einen Hut bringen, denn die Leute mit den verschiedenen Sprachen hatten in Österreich die verschiedensten geistigen Interessen. Man hat versucht, auf privatem Wege manches zu erhalten. Oh, ich war oft dabei, wie man, wissen Sie, solche langen Strohfäden, die in den sogenannten Virginia-Zigarren stecken, wie man die amerikanisch versteigert hat zugunsten der Schulvereine! Damit wurden die Schulvereine gegründet, um aus den geistigen Interessen selber heraus etwas zu tun, was der Staat als solcher nicht tun konnte. Aber man war zu sehr versessen in die Einheitsstaat-Idee, als daß solche privaten Begründungen eine größere, breitere Wirkung erzielen konnten. Und so könnte ich Ihnen bis morgen früh erzählen von der Unmöglichkeit, gewisse Dinge zusammenzuhalten, die der mo­derne Staat zusammenhalten will.

Les États médians d'Europe et la Russie ont appris à leurs dépens que cet État unitaire ne peut pas exister tel qu'il a existé jusqu'à présent. Ceux qui ne sont pas encore concernés par ce destin croient encore aujourd’hui qu'il peut être évité. Il ne pourra pas être évité si l'on ne saisit pas au juridique l'idée de comment à partir de la volonté humaine on pourrait remédier à ces contextes. C'est là que l'idée de triarticulation veut vraiment intervenir, à partir d'une observation approfondie et de la considération des conditions/rapports historiques. Elle dit : les humains doivent devenir de plus en plus honnêtes dans leur aspiration à la démocratie. Mais alors, le principe démocratique doit se limiter au simple principe de l'État, dans lequel chaque humain doit décider de la même manière de tout ce qui concerne tous les humains devenus majeurs. Comme je l'ai dit, soit par référendum, soit par représentation. Mais alors, il faut séparer de cette structure étatique, de ce qui doit être administré de manière strictement parlementaire, l'ensemble de la vie spirituelle d'un côté. Toute cette vie spirituelle est donc de plus en plus passée sous le contrôle de l'État au cours des derniers siècles, et aujourd’hui encore, la plupart des gens considèrent comme un grand avantage de l'idée moderne de l'État d'absorber/aspirer la vie de l'esprit, notamment l'enseignement. Là, on lutte encore beaucoup contre les préjugés les plus terribles. Mais on ne voit pas les rapports/pendants dans le monde.

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Die Mittelstaaten Europas und Rußland, sie haben am eigenen Leib erfahren müssen, daß dieser Einheitsstaat nicht bestehen kann so, wie er bisher bestanden hat. Diejenigen, die noch nicht von diesem Schicksal betroffen sind, die glauben heute noch, es läßt sich abwenden. Es wird sich nicht abwenden lassen, wenn man nicht zum Rechtlichen die Idee faßt, wie aus dem menschlichen Willen heraus den Zuständen abgeholfen werden könne. Da ist es doch, wo wirklich aus reichlicher Beobachtung heraus und aus der Erwägung der geschichtlichen Verhältnisse heraus, die Idee der Dreigliederung einsetzen will. Sie sagt: Immer ehrlicher und ehrlicher müssen die Menschen im Streben nach Demokratie werden. Dann aber muß das demokratische Prinzip sich beschränken auf das bloße Staatsprin­zip, in dem jeder Mensch über alles, was alle mündig gewordenen Menschen angeht, in gleicher Weise zu entscheiden hat. Wie gesagt, entweder durch Referendum oder durch Vertretung. Dann aber muß ausgesondert werden von diesem Staatsgebilde, von dem, was streng parlamentarisch zu verwalten ist, muß ausgegliedert werden auf der einen Seite das gesamte geistige Leben. Dieses gesamte geistige Leben, es ist ja immer mehr und mehr in den letzten Jahrhunderten in die Macht des Staates gekommen, und noch heute betrachten die meisten Menschen das als einen großen Vorzug der modernen Staatsidee, das Geistesleben, namentlich das Schulwesen, aufzusaugen. Da kämpft man noch sehr gegen die furchtbarsten Vorurteile. Aber man sieht eben in der Welt die Zusammenhänge nicht.

Mais si vous vous demandez d'où vient le fait que nous sommes aujourd’hui confrontés non seulement à la lutte des classes, mais aussi à l'approbation de la lutte des classes ? Que nous soyons confrontés à un manque de compréhension entre les humains ? Le fait qu'en Russie, quelques centaines de milliers de personnes règnent aujourd’hui de manière tyrannique sur des millions d'autres et prétendent être démocratiques, d'où tout cela vient-il ? Cela s'est préparé lentement. Il suffit de penser à un seul mot - j'ai attiré l'attention sur ce point dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale dans les nécessités de la vie contemporaine" - pour comprendre pourquoi, à partir de l'erreur, une grande partie de l'humanité aujourd’hui, la partie de l'humanité qui contient le prolétariat, se lève et croit : C'est seulement à partir de ce que vous connaissez à l'envi que vous pouvez provoquer une quelconque transformation des conditions. Le seul mot qu'il faille citer, c'est celui que l'on a pu entendre dans toutes les manifestations sociales-démocrates depuis des décennies : c'est le mot "idéologie". Et ce mot idéologie, mes très chers présents, renvoie à tout le cours que la vision matérialiste du monde a pris à l'époque moderne.

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Wenn Sie sich aber fragen: Woher ist es denn eigentlich gekom­men, daß wir heute nicht nur vor lauter Klassenkämpfen, sondern vor dem Gutheißen der Klassenkämpfe stehen? Daß wir stehen vor jeglichem Mangel an Verständnis der Menschen untereinander? Daß wir es erleben, daß in Rußland ein paar Hunderttausende von Menschen heute tyrannisch herrschen über Millionen von Men­schen und vorgeben, demokratisch zu sein, woher ist denn das alles gekommen? Es hat sich langsam vorbereitet. Man braucht an ein einziges Wort zu denken — ich habe darauf aufmerksam gemacht in meinem Buche «Die Kernpunkte der sozialen Frage in den Lebens­notwendigkeiten der Gegenwart» —, um einzusehen, warum aus dem Irrtum heraus ein großer Teil der Menschheit heute, derjenige Teil der Menschheit, der das Proletariat enthält, aufsteht und glaubt: Nur aus dem heraus, was Ihnen ja sattsam bekannt ist, irgendeine Umgestaltung der Verhältnisse bewirken zu können. Das einzige Wort, das man zu nennen braucht, das ist dasjenige, was man hören konnte in allen, allen sozialdemokratischen Veranstaltungen durch Jahrzehnte: es ist das Wort «Ideologie». Und dieses Wort Ideologie, meine sehr verehrten Anwesenden, das weist hin auf den ganzen Gang, den die materialistische Weltanschauung in der neueren Zeit genommen hat.

On aimerait penser ce que l'on veut des conditions antérieures de l'humanité, nous ne voulons certainement pas rétablir les conditions antérieures, nous voulons aller de l'avant et non revenir en arrière ; mais il faut quand même dire : regardez l'humain préhistorique ! Il savait que dans son âme vit quelque chose qui a un lien direct avec le spirituel qui parcourt le monde. Enfin, que sait l'humain depuis le milieu du XVe siècle de ces rapports entre son intérieur et un spirituel dans le monde ? Le soleil, leur dit-on, est une boule de gaz incandescent. Que savent les humains aujourd’hui des étoiles, du soleil ? Demande-t-on à nos savants : D'où est partie l'évolution de la Terre ? - ils répondent : "C'était autrefois une nébuleuse ; le soleil et les planètes s'y sont étranglés au cours de milliers d'années. C'est de là-dedans aussi que les humains résultent, envisagez-le ! J'ai déjà souvent fait référence à la description d'Herman Grimm, qui disait : "Les humains de demain auront beaucoup de mal à comprendre la folie qui se dégage de cette idée de Kant-Laplace selon laquelle la Terre serait issue de la nébuleuse originelle. - Mais aujourd’hui, on considère cela comme une grande évolution et une grande science.

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Man mag über die früheren Verhältnisse der Menschheit denken wie man will, wir wollen ganz gewiß nicht die früheren Verhältnisse wieder heraufführen, wollen vorwärts und nicht zurück; aber man muß doch sagen: Man schaue sich den Menschen der Vorzeit an! Er wußte, daß in seiner Seele etwas lebt, das eine unmittelbare Verbin­dung hat mit dem Geistigen, das die Welt durchzieht. Was weiß schließlich der Mensch seit der Mitte des 15. Jahrhunderts von diesen Zusammenhängen seines Inneren mit einem Geistigen in der Welt! Die Sonne, sagt man ihnen, das ist ein glühender Gasball. Was wissen die Menschen heute über die Sterne, über die Sonne! Fragt man unsere Gelehrten: Wovon ist die Erdenentwickelung ausge­gangen? — da wird gesagt: Das war einstmals ein Dunstnebel; da haben sich Sonne und Planeten abgeschnürt im Laufe von Tausen­den von Jahren. Darein haben sich ja auch die Menschen ergeben, das einzusehen! Ich habe schon öfter hingewiesen auf die Schilde­rung von Herman Grimm, der sagte: Künftige Menschen werden große Mühe haben, den Wahnsinn zu begreifen, der in dieser Kant-Laplaceschen Idee von dem Herkommen der Erde aus dem Urnebel spricht. — Aber heute betrachtet man das als eine große Entwickelung und Wissenschaft.

Ce qui a été cultivé là a alors expulsé les courants les plus divers, et ces courants se sont infiltrés dans le prolétariat. Et au fond, ce qui est défendu aujourd’hui en Russie par Trotsky et Lénine n'est que la dernière conséquence de ce que nos savants ont enseigné dans les universités sous le nom de matérialisme.

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Dasjenige, was da gepflegt worden ist, das hat dann die mannigfal­tigsten Strömungen aus sich herausgetrieben, und diese Strömun­gen, die sind eingeflossen in das Proletariat. Und im Grunde genom­men ist dasjenige, was heute in Rußland von Trotzki und Lenin vertreten wird, nur die letzte Konsequenz desjenigen, was unsere Gelehrten an den Universitäten als Materialismus gelehrt haben.

Il y avait ici, en Suisse, un humain qui avait beaucoup polémiqué, déjà dans les années 70, mais qui avait compris ce qui se préparait. On ne l'aimait pas parce qu'il jouait beaucoup au poker, Johannes Scherr. Mais à côté de certaines polémiques, il a aussi vu des choses importantes. Dans les années soixante-dix, il avait déjà dit : "Si l'on regarde l'évolution économique, si l'on regarde la vie spirituelle telle qu'elle a dû se dégrader de plus en plus, on en arrivera finalement à ce que l'Europe doive se dire : "Je n'ai pas le choix : non-sens, tu as gagné !

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Hier in der Schweiz war ein Mann, der viel gepoltert hat, schon in den siebziger Jahren, der aber durchschaut hat, was sich naht. Man hatte ihn nicht gern, weil er viel gepokert hat, Johannes Scherr. Aber neben manchem Poltern hat er auch Wichtiges gesehen. Und er hat in den siebziger Jahren bereits gesagt: Wenn man hinschaute auf die wirtschaftliche Entwickelung, wenn man hinschaute auf das geistige Leben, wie es immer mehr und mehr herunterkommen mußte, so wird man zuletzt dahin kommen, daß Europa sich sagen muß: Unsinn, du hast gesiegt!

Au cours des cinq ou six dernières années, on a pu dire, et on peut encore le dire aujourd’hui : non-sens, tu as vaincu ! L'idéologie, qu'est-ce que ça veut dire ? Cela ne signifie rien d'autre que cela : toute vie spirituelle n'est finalement qu'une fumée qui s'élève de la simple vie économique. Les conditions économiques sont la seule réalité, c'est ce que prêche le marxisme sur tous les tons. Et ce qui résulte des conditions économiques est ce que l'humain porte en lui comme contenu de son âme. Le droit, les mœurs, la religion, la science, l'art : tout est idéologie. C'est la semence qui a levée : L'idéologie, l'incrédulité dans la vie spirituelle.

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In den letzten fünf bis sechs Jahren konnte man es und bis heute kann man es noch immer sagen: Unsinn, du hast gesiegt! Ideologie, was heißt es denn? Das heißt nichts anderes als: Alles geistige Leben ist schließlich nur ein Rauch, der aufsteigt aus dem bloßen wirtschaftlichen Leben. Die wirtschaftlichen Verhältnisse sind die einzige Realität, so predigt der Marxismus in allen Tonar­ten. Und dasjenige, was sich aus den wirtschaftlichen Verhältnissen ergibt, ist dasjenige, was der Mensch als seinen Seeleninhalt in sich trägt. Recht, Sitte, Religion, Wissenschaft, Kunst: alles Ideologie. Das ist die Saat, die aufgegangen ist: Ideologie, Unglaube an das geistige Leben.

D'où vient cette incrédulité ? Cette incrédulité vient de l'imbrication de la vie spirituelle avec la vie de l'État au cours des derniers siècles. Car la vie spirituelle, mes très chers présents, peut seulement prospérer si elle est toute seule sur son propre terrain. Pensez - je veux seulement prendre l'enseignement, car c'est le domaine le plus important de la vie spirituelle publique -, le système scolaire est organisé ainsi que ceux qui enseignent, ceux qui éduquent, sont en même temps les administrateurs du système l'enseignement et de l'éducation. Pensez que l'enseignant de la classe la plus basse n'a à obéir à personne d'autre qu'à nouveau quelqu'un à qui il n'obéit pas, mais dont il suit à nouveau son conseil, qui se tient lui-même de nouveau dans le système d'enseignement et d'éducation. Quelqu'un qui est suffisamment déchargé pour pouvoir administrer en même temps le système d'enseignement et l'éducation, de sorte que personne ne parle de quelque département politique dans la vie spirituelle elle-même, que la vie spirituelle elle-même se tienne sur ses propres pieds. Vous pouvez lire cela dans mon livre. J'ai essayé de rendre la chose aussi claire que possible, en montrant que seule une telle vie spirituelle, placée sur elle-même, peut nous libérer de tous les effets néfastes qui nous ont plongés dans le malheur. Mais seule une telle vie, puisée immédiatement à partir du spirituel, peut, au fond, engendrer à nouveau la foi en l'esprit, à nouveau le pendant avec l'esprit.

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Woher kommt dieser Unglaube? Dieser Unglaube, er kommt von der Verquickung des geistigen Lebens mit dem Staatsleben in den letzten Jahrhunderten. Denn das geistige Leben, meine sehr verehr­ten Anwesenden, kann nur gedeihen, wenn es ganz allein auf seinen eigenen Boden gestellt ist. Denken Sie sich — ich will nur das Schulwesen herausgreifen, denn es ist das wichtigste Gebiet des öffentlichen Geisteslebens —, das Schulwesen ist so geordnet, daß diejenigen, die lehren, diejenigen, die erziehen, zu gleicher Zeit die Verwalter des Lehr- und Erziehungswesens sind. Denken Sie sich, daß der Lehrer der untersten Schulklasse niemandem anderen zu gehorchen hat, als wiederum jemandem, dem er nicht gehorcht, sondern dessen Rat er wiederum befolgt, der selber wieder im Unterrichts- und Erziehungswesen drinnensteht. Jemand, der so weit entlastet wird, daß er zu gleicher Zeit verwalten kann das Unterrichts- und Erziehungswesen, so daß niemand hineinspricht von irgendeinem politischen Departement in das geistige Leben selbst, daß das geistige Leben selber auf seinen eigenen Füßen steht. Sie können das in meinem Buche nachlesen. Ich habe versucht, die Sache so anschaulich wie möglich zu machen, daß nur ein solches, auf sich selbst gestelltes Geistesleben uns von all den schädlichen Wirkungen befreien kann, die uns in das Unglück gestürzt haben. Aber nur ein solches auch, das unmittelbar aus dem Geistigen heraus geschöpft wird, kann im Grunde wiederum den Glauben an den Geist, den Zusammenhang mit dem Geist wiederum erzeugen.

J'aimerais être illustratif. Nous avons fondé l'école Waldorf à Stuttgart, parce que là, la loi scolaire laisse encore une petite lacune. Cette école Waldorf est une véritable école unique, car les enfants des ouvriers de l'usine Waldorf Astoria côtoient les enfants des fabricants et ainsi de suite ; c'est une véritable école unique, une école primaire complète jusqu'à la quatorzième ou quinzième année.

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Ich möchte anschaulich werden. Wir haben in Stuttgart, weil dort noch ein Schulgesetz, ich möchte sagen, eine kleine Lücke läßt, die Waldorfschule gegründet. Diese Waldorfschule ist eine wirkliche Einheitsschule, denn es sind die Kinder der Arbeiter der Waldorf­Astoria-Fabrik neben den Kindern der Fabrikanten und so weiter alle nebeneinander; es ist eine wirkliche Einheitsschule, eine voll­ständige Volksschule, bis ins vierzehnte, fünfzehnte Jahr hinein, herausgekommen.

J'ai donné un cours pédagogique aux enseignants que j'ai moi-même choisis, afin de les préparer à cette école où l'on ne doit enseigner que d'après la connaissance de l'humain, d'après l'observation de ce qui veut sortir de l'humain ; où l'on ne doit pas enseigner selon des préjugés quelconques, selon lesquels il faut être comme ceci ou comme cela, mais d'après l'observation de ce qui entre dans le monde par l'humain, ce qui doit en être enseigné. J'ai expliqué dans les revues les plus diverses, et aussi ici, comment les méthodes ont été mises en place dans l'école Waldorf. Mais ce que je veux vous dire maintenant, c'est ceci : Il n'est pas vrai que si l'on considère un tel cursus comme la manière d'enseigner et d'éduquer, alors on s'oriente vers ce que donne la connaissance de l'humain, vers ce que donne la véritable science de l'esprit. Mais dans le système scolaire actuel, il y a encore autre chose. Il y a aussi ce que les pédagogues croient être la bonne chose pour l'éducation de l'enfant. Mais ensuite, il y a eu de plus en plus d'autres choses. J'ai dû y jeter un coup d'œil, précisément parce que je devais procéder de manière très pratique lorsque j'ai fondé l'école Waldorf en ce qui concerne son contenu spirituel. Il y a des dispositions issues de la vie politique : Première classe : ceci et cela doivent être étudiés, ceci et cela sont les objectifs de l'enseignement. Deuxième classe : ceci et cela doivent être étudiés, c'est l'objectif de l'enseignement. - Vous voyez, cela vient de la vie politique ! N'est-il pas évident que cela n'a pas sa place, que celui qui ne regarde pas, qui ne comprend rien à l'enseignement et à l'éducation, doit donner les prescriptions ? Les prescriptions ne doivent être données que par celui qui est pédagogue et qui ne doit pas être appelé comme expert au ministère, mais qui doit se tenir à l'intérieur de l'éducation et de l'enseignement vivants. La vie spirituelle doit être placée sur son propre terrain, y compris dans tous les domaines de l'enseignement. Alors, l'esprit s'emparera à son tour des humains.

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Ich habe für die Lehrer, die ich selber ausgewählt habe, einen pädagogischen Kursus gehalten, um so die Lehrer für diese Schule vorzubereiten, wo nur gelehrt werden soll nach Menschenkenntnis, nach der Anschauung desjenigen, was aus dem Menschen heraus­will; wo nicht nach irgendwelchen Vorurteilen gelehrt werden soll, es müsse so und so sein, sondern aus dem Beobachten desjenigen, was durch den Menschen hereinkommt in die Welt, was daraus gelehrt werden soll. Ich habe darüber in den verschiedensten Zeit­schriften, auch hier darüber berichtet, wie die Methoden in der Waldorfschule eingerichtet worden sind. Dasjenige aber, was ich Ihnen jetzt erwähnen will, ist dieses: Nicht wahr, wenn man einen solchen Lehrgang hält für die Art und Weise, wie unterrichtet und erzogen werden soll, dann richtet man sich nach dem, was die Menschenkenntnis, was die wirkliche Geisteswissenschaft ergibt. Aber im heutigen Schulwesen gibt es noch etwas anderes. Da gibt es auch dasjenige, was die Pädagogen glauben, daß es das richtige ist für die Erziehung des Kindes. Dann aber ist immer mehr und mehr etwas anderes gekommen. Ich mußte es mir anschauen, gerade weil ich ganz praktisch vorgehen mußte, als ich die Waldorfschule mit Bezug auf ihren geistigen Inhalt begründete. Da sind aus dem politischen Leben herauskommend die Verfügungen: Erste Klasse: das und das muß durchgenommen werden, das und das ist das Lehrziel. Zweite Klasse: Das und das muß durchgenommen wer­den, das ist das Lehrziel. — Sehen Sie, das kommt vom politischen Leben herüber! Ist es nicht mit Händen zu greifen, daß das nicht hineingehört, daß der, der nicht hineinschaut, der nichts vom Lehren und Erziehen versteht, daß der die Vorschriften geben muß? Die Vorschriften muß lediglich der geben, der Pädagoge ist, und der soll auch nicht hinübergerufen werden, als Experte in das Ministerium, sondern der soll im lebendigen Erziehen und Unterrichten drinnenstehen. Das geistige Leben muß aus sich selbst heraus auch auf allen Gebieten des Schulwesens, auf seinen eigenen Boden gestellt werden. Dann wird der Geist wiederum die Menschen ergreifen.

De sorte que l'on doit dire : L'État réalise honnêtement la démocratie en se déchargeant de la vie de l'esprit, qui est entièrement basée sur la connaissance et la compétence, dans laquelle on ne peut vraiment pas prendre de décision à la majorité, mais seulement en fonction de ce que l'on sait. Il s'agit ici de décider uniquement sur la base de l'expertise et de la compétence, et de prendre les décisions dans le cadre de l'administration propre du système scolaire. C'est l'un des domaines qui doit être séparé de l'étatique. L'autre domaine est l'économique. Voyez-vous, d'où vient donc tout ce qui pousse aujourd’hui le monde à s'enfoncer de plus en plus dans une crise économique générale ? D'où viennent donc ces choses, comme celles que certaines personnes ont très bien pu remarquer en Europe par exemple en 1907 ? Mais cela s'est passé à l'époque, sinon sans douleur, du moins sans grandes catastrophes pour l'économie mondiale, je voudrais dire seulement avec faire mal à quelques-uns. Ensuite, tout le monde s'est à nouveau réjoui des grands progrès économiques et de la "façon dont nous sommes allés si loin" dans les temps modernes. On n'a pas remarqué comment des phénomènes tout à fait caractéristiques montrent ce qui se développe maintenant peu à peu en une crise mondiale générale. Ces phénomènes caractéristiques...

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So daß man sagen muß: Der Staat verwirklicht ehrlich die Demo­kratie, indem er sich entlastet von dem Geistesleben, das ganz auf Sachkenntnis und Fachtüchtigkeit gestellt ist, in dem man ja wahr­haftig nicht durch Majoritäten entscheiden kann, sondern nur nach dem, was man weiß. Da handelt es sich darum, daß wirklich nur das Fachliche und das Sachliche entscheidet, daß die Entscheidungen kommen aus der Eigenverwaltung des Schulwesens. Das ist das eine Gebiet, das ausgeschieden werden muß aus dem Staatlichen. Das andere Gebiet ist das wirtschaftliche. Sehen Sie, woher kommt denn all dasjenige, was heute die Welt immer mehr und mehr hineintreibt in eine allgemeine Wirtschaftskrise? Woher kommen denn solche Dinge, wie sie zum Beispiel 1907 in Europa von einzelnen Leuten sehr gut bemerkt werden konnten? Aber es ging dazumal, wenn auch nicht ohne Schmerzen, so doch noch ohne größere Katastro­phen für die Weltwirtschaft vorüber, ich möchte sagen, nur mit dem Wehtun von einigem vorüber. Dann war wiederum ein Gejubel bei allen vorhanden über die großen wirtschaftlichen Fortschritte und «wie wir es so herrlich weit gebracht» haben in der neueren Zeit. Man hat nicht bemerkt, wie sich an ganz charakteristischen Erschei­nungen dasjenige zeigt, was sich jetzt allmählich zur allgemeinen Weltkrisis entwickelt. Diese charakteristischen Erscheinungen ...

Toutes ces choses se sont produites partout, à petite et à grande échelle. Elles sont essentiellement dues au fait que, depuis le début du XIXe siècle, l'argent est devenu peu à peu le régent de toute la vie économique. L'argent comme régent de toute la vie économique ; qu'est-ce que cela signifie ? Voyez s'il s'agit de blé - car vous devez regarder sur la valeur de l'argent -, il coûte tant et tant de francs. Si vous achetez des costumes, si vous regardez purement sur la valeur monétaire : Francs. Bref, l'argent ne se spécifie pas, il ne s'oriente pas vers/d'après la concrétude de la vie de l'économie. C'est quelque chose qui se tient là dans la vie extra-réelle, comme les concepts abstraits dans la vie de l'esprit, avec lesquels on n'attire aussi plus aucun chien derrière le four en réalité. Seulement que les concepts abstraits et fantastiques ne causent pas autant de mal que cette abstraction généralisée de l'argent. On peut justement souligner comment, au cours du XIXe siècle, le prêteur d'argent est peu à peu devenu le véritable moteur de notre vie de l'économie. Alors qu'auparavant, c'était purement l'humain gestionnaire économique dont il s'agissait. Peu à peu, les États ont eu la possibilité de s'impliquer dans l'économie, de sorte qu'ils sont devenus eux-mêmes des acteurs économiques.

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Alle diese Dinge haben sich im kleinen und im großen überall abgespielt. Sie sind im wesentlichen darauf zurückzuführen, daß seit dem Beginn des 19. Jahrhunderts allmählich das Geld eigentlich der Regent geworden ist über das gesamte Wirtschaftsleben. Das Geld als Regent über das gesamte Wirtschaftsleben; was bedeutet denn das? Sehen Sie, ob es sich um Weizen handelt — denn Sie müssen auf den Geldwert sehen —, er kostet so und so viel Franken. Wenn Sie Röcke kaufen, wenn Sie bloß auf den Geldwert sehen: Franken. Kurz, das Geld, das spezifiziert sich nicht, das richtet sich nicht nach der Konkretheit des Wirtschaftslebens. Das ist etwas, was so dasteht im außerwirklichen Leben, wie die abstrakten Begriffe im Geistes­leben, mit denen man auch keinen Hund hinter dem Ofen hervor­lockt in Wirklichkeit. Nur, daß die abstrakten, phantastischen Begriffe nicht so viel Unheil anrichten, wie diese verallgemeinerte Abstraktheit des Geldes. Man kann gerade darauf hinweisen, wie im Laufe des 19. Jahrhunderts der Geldleiher allmählich zum eigentlich treibenden Motor in unserem Wirtschaftsleben geworden ist. Wäh­rend vorher bloß der wirtschaftliche, ökonomische Mensch derjeni­ge war, auf den es angekommen ist. Es ist allmählich auch die Möglichkeit entstanden, daß sich die Staaten in das Wirtschaftliche hineingestellt haben, so daß die Staaten selber Wirtschaftende ge­worden sind.

Si l'on examine une fois sans préjugés les causes de la guerre, on constatera qu'elles sont venues, et devaient venir, de conditions purement économiques, parce que des conditions telles que celles que j'ai mentionnées se sont développées. Là encore, une étude minutieuse fournit des informations sur ce dont il s'agit : il faut revenir à une rencontre entre l'humain et la production économique elle-même. L'humain doit à nouveau être amené à se rapprocher de ce qu'il produit. L'humain doit à nouveau s'unir au blé, au seigle et à tout ce qu'il produit, et il doit transformer la vie économique en fonction de ce qu'il produit. Et les humains n'ont pas la permission de forcer à multiplier purement cet argent. Sans que l'on pense à ces choses, on ne peut pas avancer. Un assainissement de la vie de l'économie est seulement possible si l'humain est à nouveau conduit ensemble avec l'économie, s'il travaille à partir du besoin de l'économie.

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Wenn man einmal unbefangen die Kriegsursachen untersuchen wird, wird man feststellen: durch rein wirtschaftliche Verhältnisse sind die gekommen, und mußten kommen, weil sich solche Verhält­nisse, wie ich sie angeführt habe, herausgebildet haben. Da wieder­um liefert ein sorgfältiges Studium Aufschlüsse über dasjenige, um was es sich handelt: daß man zurückkommen muß zu einem Zusammenkommen des Menschen mit dem wirtschaftlich Produ­zieren selber. Der Mensch muß wiederum herangeführt werden an dasjenige, was er produziert. Der Mensch muß wiederum zusam­menwachsen mit Weizen und mit Roggen und mit dem allem, was er sonst hervorbringt, und er muß das Wirtschaftsleben wandeln nach dem, was er hervorbringt. Und die Menschen dürfen es nicht erzwingen, dieses Geld rein zu vermehren. Ohne daß man an diese Dinge denkt, kommt man nicht weiter. Eine Gesundung des Wirt­schaftslebens ist nur möglich, wenn der Mensch wieder mit der Wirtschaft zusammengeführt wird, aus dem Bedürfnis der Wirt­schaft heraus arbeitet.

Mais cela peut seulement venir quand on n'organise pas de l'État, mais si on laisse les humains qui se tiennent dans les secteurs économiques concernés venir à des associations, quand l'on construit des économies d'intérêt uniquement sur la connaissance de chose et la connaissance de matière/métier dans la vie économique. Deux choses sont nécessaires : premièrement, que l'on puisse produire ce que l'on veut produire et deuxièmement, que l'on ait la confiance des humains. Mais cela, on ne peut avoir que si l'on se tient dans la branche économique concernée et que l'on a grandi avec elle.

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Das aber kann nur kommen, wenn man nicht vom Staate aus organisiert, sondern wenn man die Menschen, die in den entspre­chenden Wirtschaftszweigen drinnen stehen, zu Assoziationen kommen läßt, wenn man Interessenwirtschaft lediglich baut auf Sachkenntnis und Fachkenntnis und Fachtüchtigkeit im Wirtschaftsleben. Zweierlei ist notwendig: erstens, daß man dasjenige kann, was man produzieren will, und zweitens, daß man das Vertrauen der Menschen hat. Das aber kann man nur haben, wenn man in dem entsprechenden Wirtschaftszweig drinnensteht und mit ihm zusammengewachsen ist.

Mais c'est par cela que naissent/se donnent les métiers particuliers, par cela naissent les légités de la production et de la consommation. Par contre, les manières économiques particulières peuvent seulement être amenées dans un rapport déterminé les unes aux autres en ce que les associations particulières travaillent autonomes, aucun État et aucune autorité ne parle dedans/interviennent. Ainsi que notamment la vie de l'esprit séparée/isolée de la vie de l'état doit être placée sur ses propres pieds, ainsi la vie de l'économie de même cas. La vie de l'esprit peut uniquement et seulement prospérer quand l'humain individuel qui a les facultés peut déployer ces facultés pour le meilleur de ses semblables/sa cohumanité. La vie de l'esprit agit/œuvre le plus idéalement et le plus socialement alors quand l'individualité particulière, qui est douée, peut œuvrer au service de ses semblables/cohumains. La vie de l'économie œuvre au mieux là quand ceux qui produisent dans un domaine quelconque ou lorsque les cercles de consommateurs se lient entre eux de telle sorte qu'est là une confiance réelle, non dépendante de l'argent, simplement par l'existence des associations et liens/communications, lorsque le système de crédit en est un réel et non un purement fictif, comme c'était le cas pendant la période écoulée, et quand l'on sait que l'on peut soutenir une branche de production quelconque, parce que cette branche de production comprend les gens que l'on a appris à connaître et qui ont grandi ensemble avec leur branche de production.

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Dadurch aber ergeben sich die einzelnen Berufe, dadurch ergeben sich die Gesetzmäßigkeiten der Produktion und Konsumtion. Da­gegen können die einzelnen Wirtschaftsweisen nur dadurch in ein bestimmtes Verhältnis zueinander gebracht werden, indem die einzelnen Assoziationen selbständig arbeiten, kein Staat und keine Obrigkeit hineinredet. So wie namentlich das Geistesleben vom Staatsleben abgesondert auf seine eigenen Füße gestellt werden muß, so das Wirtschaftsleben ebenfalls. Das Geistesleben kann einzig und allein gedeihen, wenn der einzelne Mensch, der die Fähigkeiten hat, diese Fähigkeiten auch zum Besten seiner Mit­menschheit entfalten kann. Das Geistesleben wirkt am idealsten und am sozialsten dann, wenn die einzelne Individualität, die begabt ist, wirken kann im Dienste ihrer Mitmenschen. Das Wirtschaftsleben wirkt am besten da, wenn diejenigen, die auf irgendeinem Gebiete produzieren, oder wenn die Konsumentenkreise so sich miteinan­der verbinden, daß einfach durch das Bestehen der Assoziationen und Verbindungen ein reales, nicht vom Gelde abhängiges Vertrau­en da ist, wenn das Kreditwesen ein reales, nicht ein bloß fingiertes ist, wie es in der abgelaufenen Periode der Fall war, und wenn man weiß, daß man irgendeinen Produktionszweig unterstützen kann, weil in diesem Produktionszweige die Leute drinnenstehen, die man nun kennengelernt hat, und die zusammengewachsen sind mit ihrem Produktionszweig.

C'est certainement encore le cas dans les petites conditions ; ce n'est pas le cas dans les grandes conditions qui ont amené la véritable ruine. Vous voyez, je n'ai pu qu'esquisser ce dont il s'agit chez la triarticulation. Je n'ai pu que vous montrer que dans une certaine mesure l'évolution de l'humanité en est arrivée au point où ce dont on a chargé l'État en tant que structure unitaire veut être séparé en trois domaines autonomes : la vie de l'esprit qui s'administre de manière autonome, la vie étatique de sorte démocratique qui s'administre de manière autonome et qui sera en particulier la vie de droit, et la vie de l'économie se plaçant autonome sur ses propres pieds et qui constitue à nouveau un domaine séparé. C'est là l'essentiel : lire ce vers quoi le monde civilisé devrait tendre aujourd’hui, et veut en fait tendre, sauf que les humains n'en ont pas encore pris conscience, et que les humains veulent s'accrocher aux anciennes conditions.

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Das ist gewiß in kleinen Verhältnissen noch der Fall; in den großen Verhältnissen, die den eigentlichen Verderb herbeigeführt haben, ist es nicht der Fall. Sehen Sie, ich konnte Ihnen nur skizzieren, um was es sich bei der Dreigliederung handelt. Ich konnte Ihnen nur zeigen, daß gewissermaßen die Menschheitsent­wickelung bis zu dem Punkt gekommen ist, in dem dasjenige, was man dem Staate als ein Einheitsgebilde aufgeladen hat, getrennt sein will in drei selbständige Gebiete: in das sich selbständig verwaltende Geistesleben, in das selbständig sich verwaltende Staatsleben demo­kratischer Art, das im besonderen das Rechtsleben sein wird, und in das selbständig sich auf eigene Füße stellende Wirtschaftsleben, das wiederum ein gesondertes Gebiet darstellt. Allein das ist das Wesent­liche: Ablesen an dem, wohin die zivilisierte Welt heute streben sollte, und eigentlich auch streben will, nur daß es den Menschen noch nicht zum Bewußtsein gekommen ist, und daß die Menschen festhalten wollen an den alten Verhältnissen.

Vous voyez, c'est très étrange, comment on peut voir tout de suite dans le social-démocratisme tel qu'il se développe aujourd’hui, le principe le plus conservateur. Car que veut donc ce social-démocratisme ? Il veut faire de l'État une seule grande coopérative, par laquelle il pourrait tout militariser. C'est ce que l'on pourrait dire aujourd’hui en regardant la Russie, où tout est militarisé. On parle déjà de la militarisation du travail dans le contexte russe, parce que la social-démocratie de tendance marxiste dit justement : l'État est là. Nous le chargeons de tout, de l'éducation et de la vie de l'économie, et nous le chargeons de tout. - Voilà ce qui est malsain ! Tout de suite la pensée socialiste pose la dernière conséquence la plus malsaine de ce qui s'est développé vers le haut au cours des derniers siècles.

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Sehen Sie, es ist sehr merkwürdig, wie man gerade am Sozialde­mokratismus sehen kann, so wie er sich heute entwickelt, das konservativste Prinzip. Denn, was will denn dieser Sozialdemokra­tismus ? Er will den Staat zu einer einzigen großen Genossenschaft machen, durch die er alles militarisieren könnte. So könnte man heute sagen, wenn man auf Rußland sieht, wo alles militarisiert wird. Vom Militarisieren der Arbeit spricht man ja schon aus russischen Verhältnissen heraus, weil gerade die Sozialdemokratie marxistischer Färbung sagt: Der Staat ist da. Dem laden wir nun alles auf, die Erziehung und das Wirtschaftsleben und alles laden wir ihm auf. — Das ist das Ungesunde! Gerade der sozialistische Gedan­ke stellt die letzte, ungesundeste Konsequenz desjenigen dar, was sich in den letzten Jahrhunderten heraufentwickelt hat.

Ce qui est sain, c'est d'envisager que ce dont l'État a été chargé, ce qu'il ne peut pas décider à partir de son caractère démocratique, doit être séparé de lui et placé sur ses propres jambes, la vie de l'esprit et la vie de l'économie. On peut naturellement comprendre que de très nombreux humains ne peuvent aujourd’hui entrer en matière sur de telles idées, car l'humain d'aujourd’hui a appris à considérer l'État comme ce qui agit le mieux grâce à une certaine toute-puissance. En fait, on ne pense pas sérieusement à l'idée démocratique quand on veut tout imposer à l'État. On ne pense sérieusement à l'idée démocratique que si l'on veut voir traité démocratiquement ce qui peut être traité de manière égale entre tous les humains majeurs. S'il s'agit de l'humain individu, des ses facultés qu'il apporte dans ce monde par sa naissance d'autres mondes, alors il s'agit d'organiser ce monde, ce monde spirituel, aussi à partir de ces facultés. Dans la vie économique, il ne s'agit pas d'étendre sur tout une organisation abstraite, ce que l'économie monétaire est par sa propre entité, mais que puisse être gérer à partir de la vie économique concrète. Mais, à partir de la vie économique concrète peuvent seulement se former des associations qui s'unissent et qui, par leurs rapports mutuels, atteignent réellement ce qui peut être un rapport sain entre ceux qui consomment et ceux qui produisent. Certes, une telle pensée, qui répond en quelque sorte à tout ce qui pousse aujourd’hui au déclin et qui reconnaît que le déclin ne peut pas être arrêté autrement qu'en cherchant à fond une nouvelle formation, une telle pensée ne peut pas être comprise immédiatement. On voit bien qu'elle ne peut pas être comprise tout de suite. Car les humains sont en fait organisés pour toujours se penser : oui, ça va mal maintenant, mais ça va de nouveau s'améliorer. Ils pensent que l'amélioration viendra de quelque part. C'est ce qu'on a fait par exemple en Allemagne pendant la guerre. Chaque fois que les choses allaient mal, on attendait que l'amélioration vienne de quelque part. Elle n'est pas venue ! De même, aujourd’hui, on ne devrait pas attendre que, de quelque part, on ne sait pas d'où, les conditions s'améliorent à nouveau ! Non, l'humanité est aujourd’hui - l'apparition de la démocratie en témoigne -, l'humanité est aujourd’hui appelée, dans une certaine mesure, à se comporter avec maturité. Mais on n'est mûr que lorsqu'on n'attend pas de quelque chose d'indéterminé qu'il y ait une amélioration, mais lorsqu'on se dit que l'amélioration ne peut venir que de sa propre volonté, d'une volonté lucide qui voit clair dans les effets. [Manque] Si quand même seulement un pour cent de l'humanité civilisée d'aujourd’hui pouvait se résoudre à reconnaître clairement le danger pour l'ensemble du monde civilisé et voir, voir, combien les conditions aspirent à la triarticulation ! Mais la triarticulation est partout foulée aux pieds. Si seulement un pour cent des humains comprenait les choses dans une certaine mesure, les choses s'amélioreraient. Car l'amélioration ne peut venir que des humains ! Le pire pour l'humanité a toujours été le fatalisme.

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Das Gesunde ist, einzusehen, daß dasjenige, was dem Staate aufgeladen worden ist, was er aus seinem Demokratischen heraus nicht entscheiden kann, von ihm losgetrennt und auf eigene Beine gestellt werden muß, das Geistesleben und das Wirtschaftsleben. Man kann ja natürlich begreifen, daß sehr viele Menschen heute auf solche Ideen nicht eingehen können, denn es ist dem heutigen Menschen einmal anerzogen, den Staat als dasjenige zu betrachten, was am besten durch eine gewisse Allmacht wirkt. Man meint es eigentlich doch nicht ernsthaft mit dem demokratischen Gedanken, wenn man dem Staate alles aufhalsen will. Man meint es mit dem demokratischen Gedanken nur dann ernsthaft, wenn man dasjenige demokratisch behandelt sehen will, was gleich behandelt werden kann unter allen mündigen Menschen. Wenn es auf den einzelnen Menschen ankommt, auf seine Fähigkeiten, die er durch seine Geburt aus anderen Welten in diese Welt hereinträgt, dann handelt es sich darum daß diese Welt, diese geistige Welt, auch aus diesen Fähigkeiten heraus organisiert werden muß. Beim wirtschaftlichen Leben handelt es sich darum, daß man nicht über alles eine abstrakte Organisation spannt, was die Geldwirtschaft durch ihre eigene Wesenheit ist, sondern daß aus dem konkreten Wirtschaftsleben heraus gewirtschaftet werden könne. Aus dem konkreten Wirt­schaftsleben heraus können sich aber nur Assoziationen bilden, die sich zusammenschließen, und die durch ihr gegenseitiges Verhältnis wirklich das erreichen, was ein gesundes Verhältnis zwischen Kon­sumierenden und Produzierenden sein kann. Gewiß, ein solcher Gedanke, der gewissermaßen auf alles dasjenige eingeht, was heute nach dem Niedergange hindrängt, und der einsieht, daß der Nieder­gang nicht anders aufgehalten werden kann, als indem man gründ­lich nach einer Neubildung sucht, ein solcher Gedanke kann nicht gleich verstanden werden. Man sieht ein, daß er nicht gleich verstan­den werden kann. Denn die Menschen sind doch eigentlich darauf­hin organisiert, immer sich zu denken: Ja, jetzt geht es schlecht, aber es wird schon wieder besser werden. Aus irgendeinem Winkel heraus, so meinen sie, wird die Besserung kommen. So hat man es auch gemacht zum Beispiel in Deutschland während des Krieges. Immer, wenn es schlecht gegangen ist, hat man gewartet, daß aus irgendeinem Winkel heraus die Besserung kommen werde. Sie ist nicht gekommen! So sollte man auch heute nicht warten, daß von irgendwoher, man weiß nicht woher, zunächst schon wiederum die Verhältnisse besser werden! Nein, die Menschheit ist heute — das bezeugt gerade das Auftreten der Demokratie —, die Menschheit ist heute in einem gewissen Grade dazu aufgerufen, sich reif zu beneh­men. Reif ist man aber nur dann, wenn man nicht von irgend etwas Unbestimmtem erwartet, es wird die Besserung kommen, sondern wenn man sich sagt: Die Besserung kann nur von dem eigenen Willen kommen, von einem einsichtigen Willen, der die Wirkung durchschaut. [Lücke] Wenn doch nur ein Prozent der heutigen zivilisierten Menschheit sich durchringen könnte zu einer klaren Erkenntnis der Gefahr für die ganze zivilisierte Welt, und sehen könnte, sehen könnte, wie nötig die Zustände nach Dreigliederung streben! Aber die Dreigliederung wird überall mit Füßen getreten. Wenn nur ein Prozent der Menschen bis zu einem gewissen Grade die Dinge einsehen würde, so würde es besser werden. Denn nur durch die Menschen kann die Besserung kommen! Das Schlimmste war für die Menschheit immer der Fatalismus.

Mais le pire du pire aujourd’hui, c'est justement ce fatalisme ! L'autre jour, vous avez pu lire ici, dans un journal qui paraît à Bâle, une lettre d'un Allemand qui dit : "En Allemagne, nous devons accepter de passer par le bolchevisme. Ensuite, lorsque nous aurons traversé le bolchevisme, le meilleur viendra - on ne sait pas d'où ! - Le meilleur viendra.

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Aber das Allerschlimmste heute ist eben dieser Fatalismus! Neu­lich konnten Sie hier in einem Blatte, das in Basel erscheint, einen Brief eines Deutschen lesen, der da sagt: Wir müssen es in Deutschland nun einmal hinnehmen, durch den Bolschewismus durchzugehen. Dann, wenn wir durch den Bolschewismus durchge­gangen sind, dann wird — man weiß nicht woher! — das Bessere kommen.

C'est le fatalisme le plus terrible. C'est la conséquence du fait qu'au fond, on ne comprend pas encore aujourd’hui l'essence la plus profonde du christianisme. Le Christ est venu dans le monde pour tous les humains. Il n'est pas venu dans le monde purement pour un peuple dont il est issu ; il n'a pas combattu uniquement pour le dieu unique du peuple, car il a enseigné que ce n'est pas ce dieu unique du peuple, mais celui qui est le Dieu de tous les humains, qui est le plus important. Au cours des cinq ou six dernières années, les humains ne se sont-ils pas retournés vers l'ancien Jéhovah, n'ont-ils pas lutté partout pour les dieux de peuple en leur attribuant le nom de Christ ? Était-ce du Christ réel, destiné à tous les humains, qu'ils parlaient ? - Non, ce n'était pas du Christ, qui appartient à tous les humains, qu'il était question ; c'était des dieux de peuple individuels ! Et c'est en ce sens que l'on parle aujourd’hui comme hier des différents peuples comme de ceux qui incarnent en eux leurs idéaux distincts. Il faut à nouveau comprendre le christianisme comme un christianisme général, mais pas seulement avec des mots, mais avec des idées mûres.

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Das ist der furchtbarste Fatalismus. Das ist die Folge davon, daß man im Grunde genommen das tiefste Wesen des Christentums heute noch nicht versteht. Der Christus ist für alle Menschen in die Welt gekommen. Er ist in die Welt gekommen nicht bloß für das eine Volk, aus dem er hervorging; nicht bloß für den einen Volks­gott kämpfte er, denn er hat gelehrt: Nicht dieser eine Volksgott, sondern dasjenige, was der Gott ist für alle Menschen, das ist es, worauf es ankommt. Haben nicht in den letzten fünf bis sechs Jahren die Menschen zu dem alten Jehova wieder zurückgeschaut, haben sie nicht überall für die Volksgötter gekämpft, indem sie diese Volksgötter mit dem Christus-Namen belegt hatten? War es der wirkliche, allen Menschen zukommende Christus, von dem sie gesprochen haben? — Nein, es war nicht der allen Menschen zu­kommende Christus, von dem gesprochen wurde; es waren die einzelnen Volksgötter! Und man spricht ja von den einzelnen Völkern in diesem Sinne heute wie damals als denjenigen, die in sich verkörpern ihre gesonderten Ideale. Man muß das Christentum wiederum als ein allgemeines verstehen; aber nicht bloß mit Wor­ten, sondern mit reifen Ideen.

Voyez-vous, en n'exposant aujourd’hui que quelques réflexions sommaires en si peu de temps, mais en parlant encore et encore aux gens sur la triarticulation, j'ai vu apparaître là des gens qui sont aujourd’hui de "bons chrétiens", c'est-à-dire qu'ils se sont présentés avec des phrases. Ils ont parlé de tout le possible, mais on devait aujourd’hui quand même le dire que le christianisme devait être accompli, que le Christ devait devenir réel. - Je ne pouvais que répliquer : Il y a un commandement : tu ne prononceras pas en vain le nom de ton Dieu, le nom de ton Seigneur. - Est-on pour autant un mauvais chrétien parce qu'on ne porte pas toujours le nom du Christ sur la langue ? Le Christ ne voulait pas toujours être appelé simplement par le nom "Seigneur ! Seigneur !" - mais il voulait apporter parmi les humains un état d'esprit qui, ainsi développé, prend des formes concrètes, qui ne se réfèrent pas toujours simplement à son nom, mais qui, dans son esprit, engendrent des conditions sociales qui englobent tous les humains de la même manière.

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Sehen Sie, indem ich so heute nur ein paar skizzenhafte Gedanken angab in dieser kurzen Zeit, aber indem ich immer wieder und wiederum zu den Leuten gesprochen habe über Dreigliederung, da traten auch solche Menschen auf, die heute «gute Christen» sind, das heißt mit Phrasen sind sie aufgetreten. Sie redeten von allem möglichen; aber man sollte es heute doch sagen, meinten sie, daß das Christentum erfüllt, der Christus wirklich werden soll. — Ich konnte nur erwiedern: Es gibt ein Gebot: Du sollst den Namen deines Gottes, den Namen deines Herrn nicht eitel aussprechen. — Ist man deshalb ein schlechter Christ, weil man nicht immer den Christus­namen auf der Zunge führt? Der Christus wollte nicht immer bloß angeredet sein mit dem Namen «Herr! Herr!» — sondern er wollte eine Gesinnung unter die Menschen bringen, die, so ausgestaltet, konkrete Formen annimmt, die nicht immer sich bloß auf seinen Namen berufen, sondern die in seinem Sinn soziale Zustände herbeiführen, die alle Menschen gleich umfassen.

Il se peut qu'en apparence, il ne soit pas question de christianisme dans la triarticulation, mais cette triarticulation de l'organisme social est pensée dans le sens du christianisme authentique, vrai, pratique. Et on reconnaîtra quand même une fois de plus - c'est ma conviction profonde, mes très chers présents - que les idéalistes qui parlent aujourd’hui de triarticulation sont les véritables vrais praticiens. Et les autres, ceux qui disent : "Ah, des élucubrations ! — Ce sont ceux qui parlent ainsi aujourd’hui, eh bien, par exemple comme le ministre des Affaires étrangères du Reichstag allemand et de la délégation autrichienne, ont parlé presque dans les mêmes termes au mois de juin 1914. Ces deux humains pratiques ont dit à peu près la même chose à Berlin et à Vienne : nos relations d'amitié et de voisinage avec Petersbourg sont les meilleures qui soient. La situation politique s'est détendue ; nous allons vers une situation pacifique en Europe - en mai, juin 1914 ! Des négociations sont en cours avec l'Angleterre, selon les praticiens de Berlin, qui aboutiront prochainement à des résultats satisfaisants. - Ces résultats satisfaisants sont arrivés en août 1914 ! C'est ainsi que les "praticiens" ont parlé, c'est ainsi que les praticiens ont prévu les choses.

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Es mag mit äußeren Worten scheinbar nicht vom Christentum die Rede sein in der Dreigliederung, aber diese Dreigliederung des sozialen Organismus ist im Sinne des echten, wahren, praktischen Christentums gedacht. Und man wird doch noch einmal einsehen — das ist meine tiefe Überzeugung, meine sehr verehrten Anwesen­den —, daß die Idealisten, die heute von Dreigliederung sprechen, die eigentlichen wahren Praktiker sind. Und die anderen, die sagen: Ach, Schwärmereien! — das sind diejenigen, die heute so sprechen, na, wie zum Beispiel fast gleichlautend der Außenminister des deutschen Reichstags und der österreichischen Delegation im Mo­nat Juni 1914 gesprochen haben. Diese beiden praktischen Herren, die haben etwa das Folgende, fast Gleichlautende in Berlin und Wien gesagt: Unsere freundnachbarlichen Beziehungen zu Peters­burg sind die allerbesten, die es gibt. In der politischen Lage ist eine Entspannung eingetreten; wir gehen friedlichen Zuständen in Euro­pa entgegen — im Mai, Juni 1914! Mit England schweben Unterhand­lungen, so sagte man in Berlin von den Praktikern aus, die dem­nächst zu befriedigenden Resultaten führen werden. — Die befriedi­genden Resultate kamen dann im August 1914! So haben die «Praktiker» gesprochen, so haben die Praktiker die Dinge vorausge­sehen.

Il faudrait y penser, mes très chers présents, si l'on voyait aujourd’hui dans une telle proposition, telle que cette triarticulation de l'organisme social, un pur idéalisme de quelques exaltés, alors qu'il faudrait y voir ce qu'il y a de plus pratique, de plus conforme à la réalité, et qui veut s'inscrire dans notre époque !

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Man sollte das bedenken, meine sehr verehrten Anwesenden, wenn man heute in einem solchen Vorschlage, wie sie diese Dreiglie­derung des sozialen Organismus ist, einen bloßen Idealismus einiger Schwärmer sieht, während man darinnen sehen sollte das Allerprak­tischeste, das am allermeisten mit der Wirklichkeit Rechnende, das sich in unsere Zeit hineinstellen will!

Je vous remercie, mes très chers présents, d'avoir bien voulu écouter ce que j'avais à présenter. Je ne peux que demander votre indulgence, car dans le peu de temps dont je disposais, je n'ai bien sûr pu présenter devant vous que quelques pures pensées, sans les preuves nécessaires, que vous pouvez cependant trouver dans les livres et les revues correspondants, que l'on peut également se procurer ici en Suisse, et que vous pouvez également trouver dans l'"Avenir social", qui est édité par le Dr Boos. Je n'ai pu vous présenter que quelques idées directrices ; et j'espère seulement que ces idées directrices pourront peut-être susciter en vous le sentiment qu'il ne s'agit pas, en tout cas dans cette impulsion de la triarticulation de l'organisme social, d'une idée jetée au hasard, mais que cette triarticulation de l'organisme social est tirée des besoins les plus profonds de l'humanité actuelle, mais qu'elle peut en même temps vraiment sortir l'humanité actuelle de ses besoins, qu'elle veut la faire sortir du chaos et du déclin pour une véritable construction nouvelle, à laquelle tant d'humains aspirent aujourd’hui, et à juste titre.

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Ich danke Ihnen, meine sehr verehrten Anwesenden, daß Sie anhören wollten, was ich vorzubringen hatte. Ich kann nur um Ihre Nachsicht bitten, da ich in der kurzen Zeit, die mir zur Verfügung stand, selbstverständlich nur einige reine Gedanken ohne die nöti­gen Beweise vor Sie hinstellen konnte, die Sie aber in den entspre­chenden Büchern und Zeitschriften, die auch hier in der Schweiz zu haben sind, und die Sie auch in der «Sozialen Zukunft» finden können, die von Dr. Boos herausgegeben wird. Ich konnte Ihnen nur einige Leitgedanken hinstellen; und ich hoffe nur, daß diese Leitgedanken in Ihnen vielleicht doch die Empfindung hervorrufen können, daß es sich jedenfalls in diesem Impuls von der Dreiglie­derung des sozialen Organismus nicht um einen zufällig hingewor­fenen Ideeneinfall handelt, sondern daß diese Dreigliederung des sozialen Organismus herausgegriffen ist aus den tiefsten Nöten der heutigen Menschheit, die aber zu gleicher Zeit die heutige Mensch­heit aus ihren Nöten wirklich herausführen kann, aus dem Chaos und dem Niedergang herausführen will zu einem wirklichen Neu­bau, nach dem sich heute so viele Menschen, und zwar mit Recht, doch sehnen.

[Mot de la fin de l'organisateur].

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[Schlußwort des Veranstalters.]

Français seulement

DISCOURS DEVANT L'ASSOCIATION SUISSE DES CITOYENS D’ÉTAT - Dornach, le 18 avril 1920

01    Mes très chers présents ! À votre souhait, j'ai la permission aujourd’hui de vous exposer quelque chose sur l'impulsion sociale qui, sous le nom de triarticulation de l'organisme social, veut venir face au monde - veut venir d'abord à partir d'ici. Et elle a tout de suite la permission d'être portée dans le monde d'ici pour la raison que c'est ici que la science de l'esprit devrait être pratiquée et qu'en fait, les cercles les plus larges pourraient comprendre aujourd’hui qu'un assainissement des conditions générales du monde peut seulement venir quand même d'un approfondissement spirituel.
02    Après ce bref exposé, la visite de l'édifice nous attend encore, et vous comprendrez donc que je veuille être bref et que je ne puisse que vous indiquer de manière aphoristique l'essentiel de la pensée de triarticulation aujourd’hui.
03    Cette pensée de triarticulation n'est pas tout à fait nouvelle, mais elle est née d'une observation de plusieurs décennies des conditions européennes, notamment de l'Europe centrale, et notamment de l'observation des conditions qui ont conduit à la catastrophe terrible de ces cinq ou six dernières années.
04    Pour celui qui vous parle aujourd’hui, ces conditions, dont une grande partie du monde souffre terriblement aujourd’hui, n'étaient pas une surprise. C'était au printemps de l'année 1914, lorsque j'ai tenu à Vienne - précisément à Vienne, vous savez que la conflagration mondiale est partie de Vienne - une série de conférences devant un cercle restreint. Au cours de ces conférences, j'ai dû dire, simplement par obligation, j'aimerais dire, vis-à-vis du temps, qu'il ne fallait pas se rassurer en louant sans cesse en toutes sortes de mots la grandeur de l'évolution du présent, mais qu'il fallait regarder ce qui se préparait. Et je devais dire à l'époque --- c'était au début du printemps de l'année 1914, de nombreuses semaines avant le début de la guerre mondiale : celui qui observe les conditions sociales de l'Europe avec un certain regard de connaisseur ne peut que comparer certains phénomènes, notamment dans notre vie économique, à une sorte de maladie sociale cancéreuse qui devait se déclarer de manière terrible dans les plus brefs délais.
05    Voyez-vous, quelqu'un qui a tenu de tels propos au printemps 1914 a été considéré comme un idéaliste rêveur qui nourrit des vues pessimistes. Et ceux qui se considéraient à l'époque comme des "praticiens" disaient que la situation politique générale se détendait, que les meilleures relations existaient entre les gouvernements européens, etc.
06    Aujourd’hui, on peut faire remarquer que ce n'est pas l'idéaliste cette fois-là qui s'est trompé dans sa prédiction, mais les dix à douze millions d'humains qui ont été tués depuis lors par l'incendie mondial et les trois fois plus qui ont été estropiées au sein du monde civilisé, qui fournissent la preuve suffisante que l'"idéaliste" de l'époque pouvait tenir de tels propos.
07    La position qu'occupaient alors les gens qui s'efforçaient d'être pratiques est, d'une certaine manière, à nouveau rappelée aujourd’hui. Car aujourd’hui encore, on ne croit guère celui qui dit que nous ne sommes pas du tout à la fin du déclin européen, mais que nous continuerons à descendre de plus en plus bas sur le plan incliné, si un nombre suffisamment important d'humains ne prend pas conscience de la manière dont il faut contrer ce déclin général.
08    Aujourd’hui encore, certains diront que l'on parle de manière pessimiste lorsqu'on fait un tel pronostic. On ne parle pas de manière pessimiste, on parle seulement à partir d'une connaissance des circonstances.
09    Et de la même manière que l'on peut aujourd’hui, en quelque sorte renforcé par la science de l'esprit, jeter un regard plus profond sur les circonstances, on a pu le faire depuis des décennies. On a pu observer avec soin comment les relations entre les différents États d'Europe devenaient de plus en plus contradictoires, comment les mesures prises n'étaient absolument pas suffisantes pour maîtriser ce qui s'accumulait partout comme matière inflammable. Et il fallait prévoir ce qui allait arriver : les années de terreur que nous avons maintenant apparemment derrière nous.
10    Mais aujourd’hui, on a la permission de dire qu'avant ces années terribles, il n'y avait pas, si je puis m'exprimer ainsi, aucune oreille pour entendre ces choses. Il a fallu qu'une grande partie de l'Europe connaisse la terrible détresse qui est la sienne aujourd’hui. On devait donc se dire à l'époque qu'il n'y avait pas d'oreilles pour entendre, et on doit encore attendre aujourd’hui pour savoir si l'on sera vraiment entendu. Pourtant, malgré la détresse, malgré les terribles leçons que nous ont apportées ces dernières années, on ne peut pas dire que l'idée de la triarticulation, qui est née d'une observation minutieuse des circonstances, soit déjà accueillie aujourd’hui de manière adéquate. Je voudrais donc vous parler dès le début de la raison pour laquelle on s'oppose tant à cette idée de triarticulation/trimembrement, pourquoi on la considère comme une sorte d'utopie, comme une sorte de structure de fantaisie.
11    Vous voyez, cela vient du fait que des conditions d'une nature aussi enchevêtrée, des conditions qui ont répandu à ce point la dévastation, le chaos, n'avaient encore jamais existé dans toute l'évolution de l'humanité ! L'humanité a traversé beaucoup de choses ; à certaines époques, beaucoup de choses sont tombées sur l'Europe. Les conditions telles qu'elles existent aujourd’hui n'étaient vraiment pas encore présentes à l'époque de l'évolution historique.
12    Les circonstances ont fait qu'autrefois, de petits groupes de l'humanité ont été touchés par des phénomènes de déclin. Même lorsque le grand Empire romain alla vers son déclin, cela fut en rapport à toute la Terre un petit territoire. aujourd’hui, l'enchevêtrement des conditions que nous avons en fait étendues à toute la terre civilisée rend plus visibles les signes de déclin. Il n'est donc pas étonnant qu'il soit nécessaire de faire fructifier aujourd’hui non pas une petite idée sur la manière dont on peut améliorer tel ou tel domaine limité, mais une idée globale, une idée qui intervienne vraiment aussi profondément que la confusion est profonde. Une telle idée aimerait la triarticulation de l'organisme social. Outre le fait qu'elle est née de l'observation des conditions réelles, elle est également née de la considération des moments historiques dans lesquels se trouve l'humanité à l'heure actuelle. Et c'est aussi parce qu'elle compte en fait sur l'ensemble de l'humanité civilisée du présent, cette idée de triarticulation, que l'on se montre si hostile à son égard. On la considère comme une utopie, on la considère comme quelque chose d'imaginé. Mais elle est ce qu'il y a de plus réel, ou du moins elle veut être ce qu'il y a de plus réel, qui doit se placer dans les conditions actuelles.
13    En effet, lorsque nous examinons l'évolution des conditions spirituelles, étatiques et économiques dans le présent, nous devons la rattacher à la même évolution des trois ou quatre derniers siècles. Ce qui est plus ancien a un tout autre caractère. Les trois ou quatre derniers siècles, et notamment le XIXe siècle et jusqu'à nos jours, ont placé l'humanité dans un état de développement très particulier. Dans des parties isolées, on ne le remarque pas encore. C'est à juste titre que l'on a parlé ici de la santé du peuple suisse. Il faut compter sur elle pour l'avenir. Mais il est également nécessaire, pour que cette santé perdure, que l'on ne se fasse pas d'illusions en pensant qu'une petite région pourrait rester isolée par rapport à tout ce qui s'effondre actuellement. Cela ne peut pas être le cas.
14    Vous voyez, il y a aujourd’hui en Europe centrale et du Sud-Est de grandes régions dont vous savez à quel point elles souffrent de la baisse de la devise. Cette baisse de la devise, l'économiste la perçoit, j'aimerais dire, comme un phénomène important par rapport aux petits phénomènes qui ont toujours existé auparavant. On savait que lorsque la devise baisse dans un domaine quelconque, l'importation dans le domaine en question est quelque peu sapée ; l'exportation en est d'autant plus favorisée. Cette loi ne peut plus être appliquée aux ravages de la situation économique qui s'est produite en Europe centrale et orientale.
15    Mais jusqu'à présent, on n'a pu que constater les inconvénients de la baisse de la devise dans certaines régions ! Il ne vous faudra pas longtemps pour comprendre l'ampleur des inconvénients de la hausse de la devise dans un pays ! Ils viendront, et il ne faudra pas longtemps pour que les pays où la devise baisse et où les conditions économiques régressent ne soient pas les seuls à s'inquiéter, les pays où la valeur monte penseront à leur devise élevée avec des sentiments terribles.
16    Ces choses montrent seulement à celui qui sait regarder dans les circonstances comment, du fait qu'aujourd’hui le territoire économique de la Terre forme tout de même une unité, malgré toutes les divisions des États, la prospérité et le malheur d'une petite région de la Terre dépendent de la prospérité et du malheur de toute la Terre. C'est pourquoi, aujourd’hui encore, on ne peut penser aux rapports sociaux que dans un sens tout à fait international.
17    Si l'on passe en revue ce qui nous a amenés à la situation actuelle, on doit dire que nous voyons jusqu'où nous sommes allés - aujourd’hui, on ne le voit pas encore -, mais on pourrait dire que l'on pourrait le voir dans la malformation de l'Europe de l'Est, dans la malformation de la Russie. Il faut dire que de telles choses sont profondément significatives, comme nous le lisons maintenant par exemple - je veux mentionner un petit détail, mais il est profondément significatif - comme nous le lisons maintenant en Russie. Vous avez pu lire que Trotsky a demandé aux gens de ne pas fêter le 1er mai, mais de travailler le 1er mai. Je vous en prie, là-bas, en Russie, l'idéal des socialistes doit être réalisé à grande échelle - un paradis a été promis aux gens. Ce que le prolétariat a désigné pendant des décennies comme son signe de ralliement - la fête du 1er mai - est quelque chose qui doit être supprimé. Ce n'est qu'une expression pour tout ce qui doit être aboli ! On a longtemps parlé des méfaits du militarisme, et certainement à juste titre. En Russie, le travail est actuellement militarisé. En Russie, on dit actuellement que c'est une absurdité que l'humain puisse disposer de sa propre personne sur cette terre. Il ne peut y avoir de liberté de disposer de sa propre personne. - Cela montre bien les fruits dans le cas extrême où l'évolution des trois ou quatre derniers siècles l'a mené. Il faut regarder ces choses. Il faut être conscient que cet État - je ne parle pas maintenant de l'État particulier, mais de l'État en général - qui s'est développé à partir de conditions tout à fait différentes au cours de ces trois ou quatre derniers siècles s'est surchargé de choses que l'État en tant que tel ne peut pas gérer. Car pourquoi ?
18    Voyez-vous, pour considérer de telles choses de manière vraiment sobre et claire, sans fantasme, nous devons déjà nous élever à l'idée que la vie entière de l'humanité est quelque chose de semblable à la vie de l'humain individuel. Nous ne pouvons pas décrire la vie de l'humain individuel en disant toujours : "Eh bien, quand l'humain a quarante ans, il est à quarante ans dans le monde l'effet de la cause qui était là à trente-neuf ans, ceux qui sont à trente-neuf ans sont l'effet de trente-huit ans, et ainsi de suite. On ne peut pas dire cela, mais il s'agit d'une évolution interne conforme à des lois dans l'humain. Par une loi interne, l'humain a ses deuxièmes dents vers la septième année. Il passe par d'autres stades de développement au cours des années suivantes. Une certaine impulsion vit à l'intérieur de l'humain, qui le rend mûr pour quelque chose à un certain moment. Il en va de même pour toute l'humanité. Ce qui s'est produit dans l'ensemble de l'humanité au cours des trois ou quatre derniers siècles est une chose à laquelle l'humanité ne peut pas échapper.
19    Au sein de l'humanité, on ne pouvait pas faire autrement que d'appeler à la démocratie. Quels que soient les idéaux que l'on a présentés dans la vie sociale extérieure, l'idéal de la démocratie est celui qui a le plus saisi l'humanité contemporaine, et qui doit la saisir. Il faut que ce qui est État devienne démocratique, devienne démocratique au sens le plus large du terme. C'est précisément ce que l'on devrait ressentir en Suisse, où l'on dispose de l'ancienne démocratie, mais où l'on percevra aussi peu à peu la nécessité de décharger cette démocratie de certains domaines.
20    Que signifie donc démocratie ? La démocratie, c'est la possibilité pour les humains de décider eux-mêmes, par référendum ou par représentation, de ce qui est une affaire commune à tous, de ce qui est une affaire de vie pour tout humain devenu majeur. C'est finalement l'idéal de la démocratie, l'égalité entre les humains en ce qui concerne les décisions, maintenant tout ce qui est égal/pareil pour les humains devenus majeurs - c'est ce à quoi aspirait l'État. Mais à quoi aspirait l'État, qui s'est justement développé au cours de l'histoire et qui est issu de conditions tout à fait différentes ? Deux domaines ne peuvent jamais être décidés démocratiquement dans la vie humaine : l'un est celui de la vie de l'esprit et l'autre celui de la vie de l'économie. Celui qui veut honnêtement la démocratie doit justement être clair sur ce point : si l'on veut une démocratie complète, il faut séparer la vie intellectuelle d'un côté, et la vie économique de l'autre, du domaine de l'État purement démocratique.
21    Celui qui peut observer dans ce domaine peut voir, à partir d'exemples évidents, combien il est impossible de faire entrer la vie de l'esprit en tant que telle dans le domaine politique démocratique. Je ne veux pas parler des conditions locales, ce n'est pas mon rôle ; mais il n'est pas du tout possible d'envisager ces conditions d'un petit point de vue aujourd’hui, mais il faut avoir une vue d'ensemble du monde entier, du moins du monde civilisé.
22    Mais regardez l'ancien Reichstag allemand, qui a apparemment existé jusqu'en 1914 et au-delà, et vous aurez l'exemple de la façon dont l'État - qu'il soit plus ou moins démocratique, cela n'a pas d'importance dans ce cas - s'est surchargé d'affaires purement spirituelles. Parmi les partis du Reichstag allemand, vous avez eu un très grand parti, le Zentrum (le Centre). Il joue actuellement un rôle dans cette métamorphose de l'ancien Reichstag, que l'on appelle l'Assemblée nationale, le centre. Ce centre n'avait pas d'autres intérêts que les affaires religieuses, c'est-à-dire spirituelles. Si une question économique ou politique entrait en ligne de compte, elle était tranchée par un compromis quelconque que le centre concluait avec d'autres partis. Mais il va de soi que ce centre n'a jamais eu d'autre intérêt que de promouvoir ses propres intérêts spirituels. Bref, si l'on pousse le raisonnement jusqu'au bout, il s'avère que ce qui n'est qu'une affaire spirituelle n'a pas sa place dans le parlement politique.
23    Prenez la vie de l'économie. Voyez l'Autriche, c'est le pays qui montre si bien, j'aimerais dire qu'il est un cas d'école de ce qui s'est développé dans les circonstances récentes, de ce que les pays doivent justement périr. Seulement, l'Autriche est le cas d'école de ce qui est en train de disparaître !
24    Celui qui, comme moi, a passé trente ans de sa vie en Autriche et a pu voir l'évolution du dernier tiers du XIXe siècle, a pu voir apparaître toutes les conditions qui s'y sont développées, a pu voir apparaître toutes les nouvelles conditions sociales. C'est alors que l'on a pensé à créer un parlement en Autriche. Mais comment a-t-on fait ce parlement ? On a créé quatre curies : la curie des villes, la curie des Länder, des communes, la curie des grands propriétaires fonciers - toutes des curies économiques, des associations économiques ont été créées et élues au parlement politique. Elles décidaient alors de leur point de vue économique de ce qui devait être le droit public. Voilà l'autre exemple ! Dans le Reichstag allemand, vous avez l'exemple d'un parti qui aspire à des choses purement spirituelles et qui se révèle être un perturbateur dans un parlement purement économique. En Autriche, vous avez construit un parlement sur des curies purement économiques, et quiconque a pu observer les conditions sait que ce parlement n'a jamais été en mesure de maîtriser ce qui aurait été nécessaire, par exemple, en Autriche : régler les conditions spirituelles, dans la mesure où elles se sont manifestées dans les conditions temporelles des nationalités.
25    En Autriche, on pouvait encore voir autre chose. L'État n'y était qu'un territoire politique. Il y avait treize langues officielles. Ces treize langues officielles, on ne pouvait pas les concilier ; on ne pouvait pas les concilier sous l'impression que les gens avec les différentes langues avaient les intérêts spirituels les plus divers en Autriche. On a essayé de préserver/obtenir certaines choses par des voies privées. Oh, j'ai souvent assisté, vous savez, à la vente aux enchères américaine de ces longs fils de paille contenus dans les cigares de Virginie, au profit des associations scolaires ! C'est ainsi que les associations scolaires ont été créées pour faire quelque chose, à partir des intérêts spirituels eux-mêmes, que l'État en tant que tel ne pouvait pas faire. Mais on était trop obnubilé par l'idée d'un État unique pour que de telles justifications/fondations privées puissent avoir un impact plus important et plus large. Et ainsi, je pourrais vous parler jusqu'à demain matin tôt de l'impossibilité de maintenir ensemble certaines choses que l'État moderne veut maintenir ensemble.
26    Les États médians d'Europe et la Russie ont appris à leurs dépens que cet État unitaire ne peut pas exister tel qu'il a existé jusqu'à présent. Ceux qui ne sont pas encore concernés par ce destin croient encore aujourd’hui qu'il peut être évité. Il ne pourra pas être évité si l'on ne saisit pas au juridique l'idée de comment à partir de la volonté humaine on pourrait remédier à ces contextes. C'est là que l'idée de triarticulation veut vraiment intervenir, à partir d'une observation approfondie et de la considération des conditions/rapports historiques. Elle dit : les humains doivent devenir de plus en plus honnêtes dans leur aspiration à la démocratie. Mais alors, le principe démocratique doit se limiter au simple principe de l'État, dans lequel chaque humain doit décider de la même manière de tout ce qui concerne tous les humains devenus majeurs. Comme je l'ai dit, soit par référendum, soit par représentation. Mais alors, il faut séparer de cette structure étatique, de ce qui doit être administré de manière strictement parlementaire, l'ensemble de la vie spirituelle d'un côté. Toute cette vie spirituelle est donc de plus en plus passée sous le contrôle de l'État au cours des derniers siècles, et aujourd’hui encore, la plupart des gens considèrent comme un grand avantage de l'idée moderne de l'État d'absorber/aspirer la vie de l'esprit, notamment l'enseignement. Là, on lutte encore beaucoup contre les préjugés les plus terribles. Mais on ne voit pas les rapports/pendants dans le monde.
27    Mais si vous vous demandez d'où vient le fait que nous sommes aujourd’hui confrontés non seulement à la lutte des classes, mais aussi à l'approbation de la lutte des classes ? Que nous soyons confrontés à un manque de compréhension entre les humains ? Le fait qu'en Russie, quelques centaines de milliers de personnes règnent aujourd’hui de manière tyrannique sur des millions d'autres et prétendent être démocratiques, d'où tout cela vient-il ? Cela s'est préparé lentement. Il suffit de penser à un seul mot - j'ai attiré l'attention sur ce point dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale dans les nécessités de la vie contemporaine" - pour comprendre pourquoi, à partir de l'erreur, une grande partie de l'humanité aujourd’hui, la partie de l'humanité qui contient le prolétariat, se lève et croit : C'est seulement à partir de ce que vous connaissez à l'envi que vous pouvez provoquer une quelconque transformation des conditions. Le seul mot qu'il faille citer, c'est celui que l'on a pu entendre dans toutes les manifestations sociales-démocrates depuis des décennies : c'est le mot "idéologie". Et ce mot idéologie, mes très chers présents, renvoie à tout le cours que la vision matérialiste du monde a pris à l'époque moderne.
28    On aimerait penser ce que l'on veut des conditions antérieures de l'humanité, nous ne voulons certainement pas rétablir les conditions antérieures, nous voulons aller de l'avant et non revenir en arrière ; mais il faut quand même dire : regardez l'humain préhistorique ! Il savait que dans son âme vit quelque chose qui a un lien direct avec le spirituel qui parcourt le monde. Enfin, que sait l'humain depuis le milieu du XVe siècle de ces rapports entre son intérieur et un spirituel dans le monde ? Le soleil, leur dit-on, est une boule de gaz incandescent. Que savent les humains aujourd’hui des étoiles, du soleil ? Demande-t-on à nos savants : D'où est partie l'évolution de la Terre ? - ils répondent : "C'était autrefois une nébuleuse ; le soleil et les planètes s'y sont étranglés au cours de milliers d'années. C'est de là-dedans aussi que les humains résultent, envisagez-le ! J'ai déjà souvent fait référence à la description d'Herman Grimm, qui disait : "Les humains de demain auront beaucoup de mal à comprendre la folie qui se dégage de cette idée de Kant-Laplace selon laquelle la Terre serait issue de la nébuleuse originelle. - Mais aujourd’hui, on considère cela comme une grande évolution et une grande science.
29    Ce qui a été cultivé là a alors expulsé les courants les plus divers, et ces courants se sont infiltrés dans le prolétariat. Et au fond, ce qui est défendu aujourd’hui en Russie par Trotsky et Lénine n'est que la dernière conséquence de ce que nos savants ont enseigné dans les universités sous le nom de matérialisme.
30    Il y avait ici, en Suisse, un humain qui avait beaucoup polémiqué, déjà dans les années 70, mais qui avait compris ce qui se préparait. On ne l'aimait pas parce qu'il jouait beaucoup au poker, Johannes Scherr. Mais à côté de certaines polémiques, il a aussi vu des choses importantes. Dans les années soixante-dix, il avait déjà dit : "Si l'on regarde l'évolution économique, si l'on regarde la vie spirituelle telle qu'elle a dû se dégrader de plus en plus, on en arrivera finalement à ce que l'Europe doive se dire : "Je n'ai pas le choix : non-sens, tu as gagné !
31    Au cours des cinq ou six dernières années, on a pu dire, et on peut encore le dire aujourd’hui : non-sens, tu as vaincu ! L'idéologie, qu'est-ce que ça veut dire ? Cela ne signifie rien d'autre que cela : toute vie spirituelle n'est finalement qu'une fumée qui s'élève de la simple vie économique. Les conditions économiques sont la seule réalité, c'est ce que prêche le marxisme sur tous les tons. Et ce qui résulte des conditions économiques est ce que l'humain porte en lui comme contenu de son âme. Le droit, les mœurs, la religion, la science, l'art : tout est idéologie. C'est la semence qui a levée : L'idéologie, l'incrédulité dans la vie spirituelle.
32    D'où vient cette incrédulité ? Cette incrédulité vient de l'imbrication de la vie spirituelle avec la vie de l'État au cours des derniers siècles. Car la vie spirituelle, mes très chers présents, peut seulement prospérer si elle est toute seule sur son propre terrain. Pensez - je veux seulement prendre l'enseignement, car c'est le domaine le plus important de la vie spirituelle publique -, le système scolaire est organisé ainsi que ceux qui enseignent, ceux qui éduquent, sont en même temps les administrateurs du système l'enseignement et de l'éducation. Pensez que l'enseignant de la classe la plus basse n'a à obéir à personne d'autre qu'à nouveau quelqu'un à qui il n'obéit pas, mais dont il suit à nouveau son conseil, qui se tient lui-même de nouveau dans le système d'enseignement et d'éducation. Quelqu'un qui est suffisamment déchargé pour pouvoir administrer en même temps le système d'enseignement et l'éducation, de sorte que personne ne parle de quelque département politique dans la vie spirituelle elle-même, que la vie spirituelle elle-même se tienne sur ses propres pieds. Vous pouvez lire cela dans mon livre. J'ai essayé de rendre la chose aussi claire que possible, en montrant que seule une telle vie spirituelle, placée sur elle-même, peut nous libérer de tous les effets néfastes qui nous ont plongés dans le malheur. Mais seule une telle vie, puisée immédiatement à partir du spirituel, peut, au fond, engendrer à nouveau la foi en l'esprit, à nouveau le pendant avec l'esprit.
33    J'aimerais être illustratif. Nous avons fondé l'école Waldorf à Stuttgart, parce que là, la loi scolaire laisse encore une petite lacune. Cette école Waldorf est une véritable école unique, car les enfants des ouvriers de l'usine Waldorf Astoria côtoient les enfants des fabricants et ainsi de suite ; c'est une véritable école unique, une école primaire complète jusqu'à la quatorzième ou quinzième année.
34    J'ai donné un cours pédagogique aux enseignants que j'ai moi-même choisis, afin de les préparer à cette école où l'on ne doit enseigner que d'après la connaissance de l'humain, d'après l'observation de ce qui veut sortir de l'humain ; où l'on ne doit pas enseigner selon des préjugés quelconques, selon lesquels il faut être comme ceci ou comme cela, mais d'après l'observation de ce qui entre dans le monde par l'humain, ce qui doit en être enseigné. J'ai expliqué dans les revues les plus diverses, et aussi ici, comment les méthodes ont été mises en place dans l'école Waldorf. Mais ce que je veux vous dire maintenant, c'est ceci : Il n'est pas vrai que si l'on considère un tel cursus comme la manière d'enseigner et d'éduquer, alors on s'oriente vers ce que donne la connaissance de l'humain, vers ce que donne la véritable science de l'esprit. Mais dans le système scolaire actuel, il y a encore autre chose. Il y a aussi ce que les pédagogues croient être la bonne chose pour l'éducation de l'enfant. Mais ensuite, il y a eu de plus en plus d'autres choses. J'ai dû y jeter un coup d'œil, précisément parce que je devais procéder de manière très pratique lorsque j'ai fondé l'école Waldorf en ce qui concerne son contenu spirituel. Il y a des dispositions issues de la vie politique : Première classe : ceci et cela doivent être étudiés, ceci et cela sont les objectifs de l'enseignement. Deuxième classe : ceci et cela doivent être étudiés, c'est l'objectif de l'enseignement. - Vous voyez, cela vient de la vie politique ! N'est-il pas évident que cela n'a pas sa place, que celui qui ne regarde pas, qui ne comprend rien à l'enseignement et à l'éducation, doit donner les prescriptions ? Les prescriptions ne doivent être données que par celui qui est pédagogue et qui ne doit pas être appelé comme expert au ministère, mais qui doit se tenir à l'intérieur de l'éducation et de l'enseignement vivants. La vie spirituelle doit être placée sur son propre terrain, y compris dans tous les domaines de l'enseignement. Alors, l'esprit s'emparera à son tour des humains.
35    De sorte que l'on doit dire : L'État réalise honnêtement la démocratie en se déchargeant de la vie de l'esprit, qui est entièrement basée sur la connaissance et la compétence, dans laquelle on ne peut vraiment pas prendre de décision à la majorité, mais seulement en fonction de ce que l'on sait. Il s'agit ici de décider uniquement sur la base de l'expertise et de la compétence, et de prendre les décisions dans le cadre de l'administration propre du système scolaire. C'est l'un des domaines qui doit être séparé de l'étatique. L'autre domaine est l'économique. Voyez-vous, d'où vient donc tout ce qui pousse aujourd’hui le monde à s'enfoncer de plus en plus dans une crise économique générale ? D'où viennent donc ces choses, comme celles que certaines personnes ont très bien pu remarquer en Europe par exemple en 1907 ? Mais cela s'est passé à l'époque, sinon sans douleur, du moins sans grandes catastrophes pour l'économie mondiale, je voudrais dire seulement avec faire mal à quelques-uns. Ensuite, tout le monde s'est à nouveau réjoui des grands progrès économiques et de la "façon dont nous sommes allés si loin" dans les temps modernes. On n'a pas remarqué comment des phénomènes tout à fait caractéristiques montrent ce qui se développe maintenant peu à peu en une crise mondiale générale. Ces phénomènes caractéristiques...
36    Toutes ces choses se sont produites partout, à petite et à grande échelle. Elles sont essentiellement dues au fait que, depuis le début du XIXe siècle, l'argent est devenu peu à peu le régent de toute la vie économique. L'argent comme régent de toute la vie économique ; qu'est-ce que cela signifie ? Voyez s'il s'agit de blé - car vous devez regarder sur la valeur de l'argent -, il coûte tant et tant de francs. Si vous achetez des costumes, si vous regardez purement sur la valeur monétaire : Francs. Bref, l'argent ne se spécifie pas, il ne s'oriente pas vers/d'après la concrétude de la vie de l'économie. C'est quelque chose qui se tient là dans la vie extra-réelle, comme les concepts abstraits dans la vie de l'esprit, avec lesquels on n'attire aussi plus aucun chien derrière le four en réalité. Seulement que les concepts abstraits et fantastiques ne causent pas autant de mal que cette abstraction généralisée de l'argent. On peut justement souligner comment, au cours du XIXe siècle, le prêteur d'argent est peu à peu devenu le véritable moteur de notre vie de l'économie. Alors qu'auparavant, c'était purement l'humain gestionnaire économique dont il s'agissait. Peu à peu, les États ont eu la possibilité de s'impliquer dans l'économie, de sorte qu'ils sont devenus eux-mêmes des acteurs économiques.
37    Si l'on examine une fois sans préjugés les causes de la guerre, on constatera qu'elles sont venues, et devaient venir, de conditions purement économiques, parce que des conditions telles que celles que j'ai mentionnées se sont développées. Là encore, une étude minutieuse fournit des informations sur ce dont il s'agit : il faut revenir à une rencontre entre l'humain et la production économique elle-même. L'humain doit à nouveau être amené à se rapprocher de ce qu'il produit. L'humain doit à nouveau s'unir au blé, au seigle et à tout ce qu'il produit, et il doit transformer la vie économique en fonction de ce qu'il produit. Et les humains n'ont pas la permission de forcer à multiplier purement cet argent. Sans que l'on pense à ces choses, on ne peut pas avancer. Un assainissement de la vie de l'économie est seulement possible si l'humain est à nouveau conduit ensemble avec l'économie, s'il travaille à partir du besoin de l'économie.
38    Mais cela peut seulement venir quand on n'organise pas de l'État, mais si on laisse les humains qui se tiennent dans les secteurs économiques concernés venir à des associations, quand l'on construit des économies d'intérêt uniquement sur la connaissance de chose et la connaissance de matière/métier dans la vie économique. Deux choses sont nécessaires : premièrement, que l'on puisse produire ce que l'on veut produire et deuxièmement, que l'on ait la confiance des humains. Mais cela, on ne peut avoir que si l'on se tient dans la branche économique concernée et que l'on a grandi avec elle.
39    Mais c'est par cela que naissent/se donnent les métiers particuliers, par cela naissent les légités de la production et de la consommation. Par contre, les manières économiques particulières peuvent seulement être amenées dans un rapport déterminé les unes aux autres en ce que les associations particulières travaillent autonomes, aucun État et aucune autorité ne parle dedans/interviennent. Ainsi que notamment la vie de l'esprit séparée/isolée de la vie de l'état doit être placée sur ses propres pieds, ainsi la vie de l'économie de même cas. La vie de l'esprit peut uniquement et seulement prospérer quand l'humain individuel qui a les facultés peut déployer ces facultés pour le meilleur de ses semblables/sa cohumanité. La vie de l'esprit agit/œuvre le plus idéalement et le plus socialement alors quand l'individualité particulière, qui est douée, peut œuvrer au service de ses semblables/cohumains. La vie de l'économie œuvre au mieux là quand ceux qui produisent dans un domaine quelconque ou lorsque les cercles de consommateurs se lient entre eux de telle sorte qu'est là une confiance réelle, non dépendante de l'argent, simplement par l'existence des associations et liens/communications, lorsque le système de crédit en est un réel et non un purement fictif, comme c'était le cas pendant la période écoulée, et quand l'on sait que l'on peut soutenir une branche de production quelconque, parce que cette branche de production comprend les gens que l'on a appris à connaître et qui ont grandi ensemble avec leur branche de production.
40    C'est certainement encore le cas dans les petites conditions ; ce n'est pas le cas dans les grandes conditions qui ont amené la véritable ruine. Vous voyez, je n'ai pu qu'esquisser ce dont il s'agit chez la triarticulation. Je n'ai pu que vous montrer que dans une certaine mesure l'évolution de l'humanité en est arrivée au point où ce dont on a chargé l'État en tant que structure unitaire veut être séparé en trois domaines autonomes : la vie de l'esprit qui s'administre de manière autonome, la vie étatique de sorte démocratique qui s'administre de manière autonome et qui sera en particulier la vie de droit, et la vie de l'économie se plaçant autonome sur ses propres pieds et qui constitue à nouveau un domaine séparé. C'est là l'essentiel : lire ce vers quoi le monde civilisé devrait tendre aujourd’hui, et veut en fait tendre, sauf que les humains n'en ont pas encore pris conscience, et que les humains veulent s'accrocher aux anciennes conditions.
41    Vous voyez, c'est très étrange, comment on peut voir tout de suite dans le social-démocratisme tel qu'il se développe aujourd’hui, le principe le plus conservateur. Car que veut donc ce social-démocratisme ? Il veut faire de l'État une seule grande coopérative, par laquelle il pourrait tout militariser. C'est ce que l'on pourrait dire aujourd’hui en regardant la Russie, où tout est militarisé. On parle déjà de la militarisation du travail dans le contexte russe, parce que la social-démocratie de tendance marxiste dit justement : l'État est là. Nous le chargeons de tout, de l'éducation et de la vie de l'économie, et nous le chargeons de tout. - Voilà ce qui est malsain ! Tout de suite la pensée socialiste pose la dernière conséquence la plus malsaine de ce qui s'est développé vers le haut au cours des derniers siècles.
42    Ce qui est sain, c'est d'envisager que ce dont l'État a été chargé, ce qu'il ne peut pas décider à partir de son caractère démocratique, doit être séparé de lui et placé sur ses propres jambes, la vie de l'esprit et la vie de l'économie. On peut naturellement comprendre que de très nombreux humains ne peuvent aujourd’hui entrer en matière sur de telles idées, car l'humain d'aujourd’hui a appris à considérer l'État comme ce qui agit le mieux grâce à une certaine toute-puissance. En fait, on ne pense pas sérieusement à l'idée démocratique quand on veut tout imposer à l'État. On ne pense sérieusement à l'idée démocratique que si l'on veut voir traité démocratiquement ce qui peut être traité de manière égale entre tous les humains majeurs. S'il s'agit de l'humain individu, des ses facultés qu'il apporte dans ce monde par sa naissance d'autres mondes, alors il s'agit d'organiser ce monde, ce monde spirituel, aussi à partir de ces facultés. Dans la vie économique, il ne s'agit pas d'étendre sur tout une organisation abstraite, ce que l'économie monétaire est par sa propre entité, mais que puisse être gérer à partir de la vie économique concrète. Mais, à partir de la vie économique concrète peuvent seulement se former des associations qui s'unissent et qui, par leurs rapports mutuels, atteignent réellement ce qui peut être un rapport sain entre ceux qui consomment et ceux qui produisent. Certes, une telle pensée, qui répond en quelque sorte à tout ce qui pousse aujourd’hui au déclin et qui reconnaît que le déclin ne peut pas être arrêté autrement qu'en cherchant à fond une nouvelle formation, une telle pensée ne peut pas être comprise immédiatement. On voit bien qu'elle ne peut pas être comprise tout de suite. Car les humains sont en fait organisés pour toujours se penser : oui, ça va mal maintenant, mais ça va de nouveau s'améliorer. Ils pensent que l'amélioration viendra de quelque part. C'est ce qu'on a fait par exemple en Allemagne pendant la guerre. Chaque fois que les choses allaient mal, on attendait que l'amélioration vienne de quelque part. Elle n'est pas venue ! De même, aujourd’hui, on ne devrait pas attendre que, de quelque part, on ne sait pas d'où, les conditions s'améliorent à nouveau ! Non, l'humanité est aujourd’hui - l'apparition de la démocratie en témoigne -, l'humanité est aujourd’hui appelée, dans une certaine mesure, à se comporter avec maturité. Mais on n'est mûr que lorsqu'on n'attend pas de quelque chose d'indéterminé qu'il y ait une amélioration, mais lorsqu'on se dit que l'amélioration ne peut venir que de sa propre volonté, d'une volonté lucide qui voit clair dans les effets. [Manque] Si quand même seulement un pour cent de l'humanité civilisée d'aujourd’hui pouvait se résoudre à reconnaître clairement le danger pour l'ensemble du monde civilisé et voir, voir, combien les conditions aspirent à la triarticulation ! Mais la triarticulation est partout foulée aux pieds. Si seulement un pour cent des humains comprenait les choses dans une certaine mesure, les choses s'amélioreraient. Car l'amélioration ne peut venir que des humains ! Le pire pour l'humanité a toujours été le fatalisme.
43    Mais le pire du pire aujourd’hui, c'est justement ce fatalisme ! L'autre jour, vous avez pu lire ici, dans un journal qui paraît à Bâle, une lettre d'un Allemand qui dit : "En Allemagne, nous devons accepter de passer par le bolchevisme. Ensuite, lorsque nous aurons traversé le bolchevisme, le meilleur viendra - on ne sait pas d'où ! - Le meilleur viendra.
44    C'est le fatalisme le plus terrible. C'est la conséquence du fait qu'au fond, on ne comprend pas encore aujourd’hui l'essence la plus profonde du christianisme. Le Christ est venu dans le monde pour tous les humains. Il n'est pas venu dans le monde purement pour un peuple dont il est issu ; il n'a pas combattu uniquement pour le dieu unique du peuple, car il a enseigné que ce n'est pas ce dieu unique du peuple, mais celui qui est le Dieu de tous les humains, qui est le plus important. Au cours des cinq ou six dernières années, les humains ne se sont-ils pas retournés vers l'ancien Jéhovah, n'ont-ils pas lutté partout pour les dieux de peuple en leur attribuant le nom de Christ ? Était-ce du Christ réel, destiné à tous les humains, qu'ils parlaient ? - Non, ce n'était pas du Christ, qui appartient à tous les humains, qu'il était question ; c'était des dieux de peuple individuels ! Et c'est en ce sens que l'on parle aujourd’hui comme hier des différents peuples comme de ceux qui incarnent en eux leurs idéaux distincts. Il faut à nouveau comprendre le christianisme comme un christianisme général, mais pas seulement avec des mots, mais avec des idées mûres.
45    Voyez-vous, en n'exposant aujourd’hui que quelques réflexions sommaires en si peu de temps, mais en parlant encore et encore aux gens sur la triarticulation, j'ai vu apparaître là des gens qui sont aujourd’hui de "bons chrétiens", c'est-à-dire qu'ils se sont présentés avec des phrases. Ils ont parlé de tout le possible, mais on devait aujourd’hui quand même le dire que le christianisme devait être accompli, que le Christ devait devenir réel. - Je ne pouvais que répliquer : Il y a un commandement : tu ne prononceras pas en vain le nom de ton Dieu, le nom de ton Seigneur. - Est-on pour autant un mauvais chrétien parce qu'on ne porte pas toujours le nom du Christ sur la langue ? Le Christ ne voulait pas toujours être appelé simplement par le nom "Seigneur ! Seigneur !" - mais il voulait apporter parmi les humains un état d'esprit qui, ainsi développé, prend des formes concrètes, qui ne se réfèrent pas toujours simplement à son nom, mais qui, dans son esprit, engendrent des conditions sociales qui englobent tous les humains de la même manière.
46    Il se peut qu'en apparence, il ne soit pas question de christianisme dans la triarticulation, mais cette triarticulation de l'organisme social est pensée dans le sens du christianisme authentique, vrai, pratique. Et on reconnaîtra quand même une fois de plus - c'est ma conviction profonde, mes très chers présents - que les idéalistes qui parlent aujourd’hui de triarticulation sont les véritables vrais praticiens. Et les autres, ceux qui disent : "Ah, des élucubrations ! — Ce sont ceux qui parlent ainsi aujourd’hui, eh bien, par exemple comme le ministre des Affaires étrangères du Reichstag allemand et de la délégation autrichienne, ont parlé presque dans les mêmes termes au mois de juin 1914. Ces deux humains pratiques ont dit à peu près la même chose à Berlin et à Vienne : nos relations d'amitié et de voisinage avec Petersbourg sont les meilleures qui soient. La situation politique s'est détendue ; nous allons vers une situation pacifique en Europe - en mai, juin 1914 ! Des négociations sont en cours avec l'Angleterre, selon les praticiens de Berlin, qui aboutiront prochainement à des résultats satisfaisants. - Ces résultats satisfaisants sont arrivés en août 1914 ! C'est ainsi que les "praticiens" ont parlé, c'est ainsi que les praticiens ont prévu les choses.
47    Il faudrait y penser, mes très chers présents, si l'on voyait aujourd’hui dans une telle proposition, telle que cette triarticulation de l'organisme social, un pur idéalisme de quelques exaltés, alors qu'il faudrait y voir ce qu'il y a de plus pratique, de plus conforme à la réalité, et qui veut s'inscrire dans notre époque !
48    Je vous remercie, mes très chers présents, d'avoir bien voulu écouter ce que j'avais à présenter. Je ne peux que demander votre indulgence, car dans le peu de temps dont je disposais, je n'ai bien sûr pu présenter devant vous que quelques pures pensées, sans les preuves nécessaires, que vous pouvez cependant trouver dans les livres et les revues correspondants, que l'on peut également se procurer ici en Suisse, et que vous pouvez également trouver dans l'"Avenir social", qui est édité par le Dr Boos. Je n'ai pu vous présenter que quelques idées directrices ; et j'espère seulement que ces idées directrices pourront peut-être susciter en vous le sentiment qu'il ne s'agit pas, en tout cas dans cette impulsion de la triarticulation de l'organisme social, d'une idée jetée au hasard, mais que cette triarticulation de l'organisme social est tirée des besoins les plus profonds de l'humanité actuelle, mais qu'elle peut en même temps vraiment sortir l'humanité actuelle de ses besoins, qu'elle veut la faire sortir du chaos et du déclin pour une véritable construction nouvelle, à laquelle tant d'humains aspirent aujourd’hui, et à juste titre.
49    [Mot de la fin de l'organisateur].