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Collection: 09 - Nationalisme et âmes de peuple
Sujet : L'Autriche a échoué comme état aux nationalités
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA023 147-149 (1976) 00/04/1919
Traducteur: G. Klockenbring Editeur: EAR

 

[04/06] Depuis plus d'un demi-siècle, la forme de l'Etat austro-hongrois dénotait une tendance à une formation nouvelle. Sa vie spirituelle qui avait ses racines dans une pluralité de peuples exigeait une forme pour le développement de laquelle l'Etat unitaire, formé d'impulsions dépassées, était une entrave. Le conflit austro-serbe, point de départ de la catastrophe mondiale, prouve sans conteste que les frontières politiques de cet Etat unitaire devaient, à un certain moment, cesser d'être, pour la vie des peuples, des frontières culturelles. S'il avait existé une possibilité pour que la vie spirituelle autonome, indépendante de l'Etat politique et de ses frontières, se développe au-delà de ces dernières, en harmonie avec les aspirations des peuples, alors le conflit, enraciné dans la vie de l'esprit, n'aurait pas eu à se décharger dans une catastrophe politique. A tous ceux qui, en Autriche-Hongrie, s'imaginaient penser en «hommes d'Etat», une évolution dans cette direction paraissait comme une totale impossibilité, voire un parfait non-sens. Leurs habitudes de penser ne permettaient pas de se représenter autre chose que la coïncidence des frontières des Etats avec celles des communautés nationales. Il était contraire à ces habitudes de pensée de comprendre que, sans tenir compte des frontières, des organismes culturels puissent se former, qui englobent l'instruction et d'autres branches de la vie spirituelle. Et pourtant, cet «impensable» est un impératif des temps nouveaux pour la vie internationale. Le penseur pratique ne doit pas achopper à ce qui est apparemment impossible et croire que des institutions dans le sens de ces exigences doivent se heurter à des difficultés insurmontables; mais il doit au contraire orienter son effort justement de façon à surmonter ces difficultés. Au lieu d'orienter la façon de penser «d'homme d'Etat» vers les exigences des temps nouveaux, on s'est empressé de former des institutions qui devaient permettre à l'Etat unitaire de se maintenir en dépit de ses exigences. Par-là, et de plus en plus, cet Etat est devenu une entité impossible. Et dans la deuxième décennie du XXe siècle, il s'est vu placé devant le fait de ne plus pouvoir rien faire pour sa propre conservation dans sa forme ancienne, et d'attendre sa dissolution; ou alors de maintenir extérieurement, par la violence que justifiaient les mesures de guerre, ce qui était intérieurement impossible. En 1914, pour les hommes d'Etat austro-hongrois, il n'existait qu'une alternative: ou bien il leur fallait orienter leurs intentions dans la direction des conditions de vie d'un organisme social sain, et faire part de cela au monde comme étant leur volonté, qui aurait pu éveiller alors une nouvelle confiance; ou bien ils devaient déchaîner une guerre pour le maintien de l'ordre ancien. Seul celui qui juge ce qui s'est passé en 1914, à partir de ces causes sous-jacentes, pourra penser d'une manière juste sur la question de la culpabilité dans le déclenchement de la guerre. Du fait que de nombreuses nationalités en faisaient partie, c'est à l'Etat austro-hongrois qu'aurait dû incomber la mission historique de développer en premier lieu l'organisme social sain. On n'a pas reconnu cette mission. Cette faute contre l'esprit du devenir historique du monde a précipité l'Autriche-Hongrie dans la guerre.