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Institut pour une triarticulation sociale
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Collection: 09 - Nationalisme et âmes de peuple
Sujet : Consensus culturel par l'unité du monde spirituel
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA004 165-167 (1995) 00/00/1894
Traducteur: GERMAINE CLARETIE Editeur: Ed. Sauerwein

 

Seulement, comment la vie collective s'organisera-t-elle lorsque chacun ne cherchera qu'à mettre son individualité en valeur ? C'est là une objection courante du « moralisme » mal compris. Il croit qu'une collectivité humaine n'est possible que si un ordre moral fixe et commun en réunit tous les membres. Ce moralisme-là méconnaît le caractère unitaire du monde idéel. Il ne sait pas que le monde d'idées qui agit en moi est le même que celui qui agit en chacun de mes semblables. À vrai dire, si nous savons que cette unité existe, c'est seulement grâce à la constatation que nous pouvons en faire d'une manière universelle. Cette unité, d'ailleurs, doit être objet d'expérience, carsi elle était connaissable par une autre voie que celle de l'observation, son domaine cesserait d'être celui de l'expérience individuelle, pour devenir celui d'une norme commune. L'individualité n'est possible que là où chaque être individuel ne connaît les autres que par son observation individuelle. La différence entre mon semblable et moi, ce n'est pas que nous vivons dans deux mondes spirituels différents, mais que nous recevons d'un même monde idéel des intuitions différentes. Lui, veut réaliser ses intuitions, et moi, les miennes. Si nous puisons tous deux, véritablement à l'idée, et non point à des sources extérieures d'impulsion (physique ou spirituelle), nous nous rencontrerons forcément dans le même effort, dans les mêmes intentions. Tout malentendu, toute collision, est impossible entre des hommes moralement libres. Seul, l'homme enchaîné encore à l'instinct naturel, ou à un devoir impératif, se heurte à ceux de ses semblables qui n'obéissent pas au même instinct ou au même devoir.

La maxime fondamentale de l'homme libre, c'est « agir par l'amour de l'action, et laisser agir par la compréhension des vouloirs étrangers ». Il ne connaît pas d'autre « tu dois » que la nature même des actions intuitivement conçues et voulues ; la manière dont il se comporte en tel ou tel cas ne dépend que de son propre pouvoir idéel.

Si la base de l'entente entre les hommes ne se trouvait pas donnée dans la nature même de l'être humain, il n'y aurait pas de loi extérieure qui la lui puisse fournir. Si les individus humains arrivent à vivre en commun, c'est qu'ils participent à un seul et même esprit. L'homme libre base sa vie sur la confiance qu'il a en d'autres hommes libres, sachant qu'ils appartiennent au même monde spirituel que lui, et que leurs intentions rencontreront les siennes. L'homme libre n'exige pas l'approbation des autres, mais il l'attend parce qu'elle est conforme à la nature humaine. Ceci ne concerne pas telles ou telles institutions extérieures sur lesquelles les avis peuvent différer, mais le caractère général des intentions et de l'état d'âme grâce auxquels l'homme arrive à vivre sa propre individualité, dans un respect parfait de la dignité humaine, au milieu d'autres hommes libres qu'il sait estimer.