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Collection: 03 - Vie spirituelle libre



Sujet: Transfert du capital à association par corporations spirituelles.

 

Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA190 022-030 (1971) 21/03/1919





Traducteur: Daniel Simonnot Editeur: EAR

 

La vie spirituelle ne peut naître et prospérer que si elle se forme en tirant sa substance d'elle-même. Sinon, nous verrons toujours des fossés se creuser pour séparer les hommes en différentes classes. Nous n'avons pas la moindre idée, aujourd'hui, de la manière dont ces fossés se sont creusés. Il ne nous suffit pas d'être en présence des thèses les plus solidement justifiées au point de vue de notre culture. Nous n'arriverons jamais à expliquer pourquoi un homme, appartenant à une classe déterminée, peut avoir une opinion tout à fait valable, alors qu'un autre restera incapable d'en avoir la moindre compréhension.

01016 - Prenons un exemple parmi les plus courants: une belle peinture, exécutée avec beaucoup de talent par un artiste, un paysage. Un homme de la bourgeoisie aura reçu de son milieu une certaine aptitude à éprouver des sentiments, à se représenter les choses, il en aura tiré la manière dont il doit apprécier la qualité artistique d'un tel paysage. Muni de ce bagage, il se place devant une toile encadrée représentant un paysage et il l'admire. Un prolétaire, lui aussi, pourrait en faire autant. Il admirerait le tableau, on aurait fini par l'en persuader, en lui disant: cela fait partie de la culture d'admirer un tel tableau. D'autres que lui, sans pour cela être des prolétaires, ne comprendront rien non plus à une telle peinture et admireront, eux aussi, par persuasion, pour faire preuve de culture.
Eduquer les gens dans ce sens, c'est fausser le but de la culture, à moins d'avoir affaire à cette classe de prolétaires où l'on doit sélectionner, parmi ceux qui exécutent les travaux corporels, un petit nombre d'individus auxquels on accordera suffisamment de loisirs pour leur permettre de peindre, de comprendre comment on doit peindre. Dans les autres cas, la seule attitude sincère sera celle d'un homme placé en face d'un paysage, et qui lui fera dire: à quoi bon tout cela? Voilà un homme qui fixe un morceau de forêt sur une toile, en assemblant des taches de couleur. Je vois un tableau de ce genre tous les jours, en me promenant dans le forêt, et en plus beau. On ne peut jamais reproduire la beauté d'un paysage, la nature l'emporte toujours en perfection. Et voilà des gens qui refusent ce paysage, fixé sur un cadre à dorures pour le contempler car ce n'est qu'une imitation imparfaite de la nature. Pourquoi? — Une réaction de ce genre de la part d'un amateur, serait beaucoup plus proche de la réalité. Ce serait le cri du coeur de bien des personnes n'ayant pas été soumises à un dressage, baptisé sous le nom de culture, pour leur faire admirer telle ou telle oeuvre d'art. Je veux bien admettre la sincérité d'une certaine classe d'admirateurs. Mais l'admiration de la plupart des gens devant un tableau de ce genre ne peut pas être sincère car elle est due au seul fait qu'ils n'ont pas été élevés avec les autres.
01017 - Notre vie sentimentale doit reposer sur des bases beaucoup plus profondes si nous voulons comprendre, aujourd'hui, la nature des obstacles qui séparent les âmes humaines les unes des autres. Ce qui nous manque pour éveiller notre compréhension de l'art, nous pourrions nous le demander également à propos de tous les autres domaines de la vie. Il nous manque, prenons l'exemple de la peinture, la volonté de rechercher ce que nous ne pouvons pas voir chaque jour autour de nous dans la nature, mais que nous pouvons y introduire en le faisant descendre du monde spirituel. Cet apport purement spirituel, tous les hommes le comprendront et, par ce détour, quelque chose de plus viendra parmi nous. L'élément spirituel doit être apporté par les hommes qui auront été le chercher en haut, dans le monde spirituel. La confiance régnera à nouveau parmi les hommes parce que chacun d'eux a le devoir d'aller chercher quelque chose d'autre dans le monde spirituel. Il n'y a pas d'autre moyen pour apporter ici-bas le lien social qui unira les âmes les unes aux autres, il faut aller le chercher dans le monde spirituel.

01018 - Nous devons, par la parole, puiser profondément dans ces impulsions qui se, font jour à notre époque, plus profondément que nous ne le faisons d'habitude, si je puis m'exprimer ainsi. Nous voyons aller et venir aujourd'hui des prédicateurs pleins d'onction. Ils ne nous apportent guère rien de plus qu'un écho de ce que les prêtres catholiques, dans leur genre, connaissent de mieux. Ils nous disent que les hommes, aujourd'hui, doivent se retrouver «intérieurement», la dernière catastrophe de la guerre mondiale, longue de plus de quatre années, ayant montré combien les hommes étaient peu disposés à vivre d'une vie harmonieusement organisée.
Tout cela est très bien, mais des tournures de phrase ne feront jamais que les hommes puissent se rencontrer intérieurement. Cette rencontre intérieure est liée à la volonté que nous pouvons avoir de changer notre manière de penser et de sentir, mais cela d'une manière radicale et efficace. J'entendais quelqu'un dire, il y a peu de temps, nous devrions avoir connu la pauvreté pour pouvoir laisser croître en nous un sentiment social. Mais il ne suffit plus, aujourd'hui, d'avoir côtoyé la misère, d'avoir circulé dans certains quartiers des grandes villes où l'on apercoit des hommes en haillons et mal
nourris. Non, cela ne suffit plus aujourd'hui. Il nous faut connaître, dans la réalité, l'âme de ceux qui ont la volonté de s'élever dans leur aspect extérieur, il faut connaître l'âme des pauvres, leur vie intérieure. Telle est la nécessité, aujourd'hui. Il n'y a pas d'autre moyen, pour y parvenir, que de trouver une nouvelle voie .conduisant à l'âme humaine. Nous devons apprendre, d'une manière pratique, à pénétrer dans la partie la plus intime de l'homme. Nous reconnaîtrons alors que l'homme ne peut progresser à l'avenir, sans avoir trouvé dans l'organisme social où il est plongé, le miroir de sa propre entité.
01019 - Nous devons devenir capables de conduire les hommes jusqu'aux plus hauts sommets de la vie spirituelle, d'une part, tout en restant aptes à conduire notre esprit au coeur des problèmes économiques, dans toute leur réalité, d'autre part. Je vais peut-être vous surprendre en vous disant, d'une part: enlevez à l'État la conduite des écoles, enlevez-lui la vie spirituelle, fondez la vie spirituelle sur ses propres bases, laissez-la se gérer elle-même. A ce moment, la vie spirituelle devra trouver en per­manence la force de se défendre. Mais, en même temps, cette vie spirituelle pourra définir 'sa position, vis-à-vis de l'Etat juridique aussi bien que vis-à-vis de la vie économique, en se servant de ses propres principes. Je vois très bien par exemple, comme je l'ai dit dans mon ouvrage sur l'organisation sociale, la vie spirituelle devenir le gérant qualifié du capital.

01020 - Réciproquement, nous organiserons la vie économique sur des bases qui lui soient propres. Ce n'est pas une phrase en l'air, vous allez en voir des applications concrètes. Supposez un instant que vous venez de placer la vie économique sur ses propres bases, vous l'avez soustraite à l'emprise de l'État, votre premier soin ayant été d'enlever à l'État une fonction des plus concrètes.
Vous allez donc lui enlever la monnaie, la gestion de la monnaie. Vous devez restituer cette fonction à la vie économique. Sur les divers territoires où les hommes sont passés, par leur travail, de l'économie naturelle à l'économie basée sur l'argent, leur premier soin a été de choisir un signe monétaire qui puisse devenir un intermédiaire entre la marchandise et la valeur fiduciaire de cette marchandise. Les économistes ne cessent de discuter pour savoir si l'argent a une simple valeur fiduciaire, si un billet de banque n'est qu'un chèque, ou si l'argent est une marchandise. Une telle discussion peut durer très longtemps car l'argent est à la fois l'un et l'autre. D'un côté, l'argent est une marchandise car il sert d'intermédiaire dans le processus économique. De l'autre, il est une valeur fiduciaire, puisque l'État fixe la valeur de sa monnaie par une loi. Mais qu'elle soit l'une ou l'autre, la monnaie doit être restituée entièrement à la vie économique.
Il y aura une autre réforme à introduire, mais il faudra le faire très progressivement. Elle devra intervenir sur le plan international. Cela demandera beaucoup de temps car l'Angleterre, nation servant de pilote pour le commerce mondial et à qui nous devons d'avoir une monnaie basée sur l'or, n'abandonnera pas facilement l'étalon or. Cela demandera donc beaucoup de temps. A ce moment, l'organisation économique ayant été mise sur un pied d'indépendance vis-à-vis de l'État, une fois chargée de la gestion de la monnaie et de tout le système monétaire, cette organisation n'aura plus besoin d'avoir une marchandise «or» comme moyen d'échange intermédiaire entre les autres marchandises. L'organisation économique n'aura pas besoin de cela. L'organisation économique se servira toujours de l'or, mais pour permettre les échanges internationaux. On s'apercevra à ce moment que la seule base permanente et solide, la
véritable base de toute la vie économique, peut servir en même temps de base pour fixer la valeur de la monnaie. L'or est devenu une monnaie uniquement pour avoir été considéré progressivement par les hommes comme une marchandise particulièrement recherchée, ils se sont donc mis d'accord pour apprécier la valeur de l'or, pour lui donner une valeur. Peut-être que cette affirmation vous paraîtra peu sérieuse; elle l'est en tout cas davantage que celles des économistes chevronnés. La valeur de l'or repose uniquement sur un accord tacite des hommes au sujet de cette valeur. On pourrait choisir d'autres matières et leur donner une valeur. Mais la centralisation des trois organisations sociales aura toujours pour effet de donner constamment une valeur fictive, dans la vie économique, à toute matière-étalon qui pourrait être choisie.
Donc l'or n'a, en réalité, qu'une valeur fictive. Vous ne pouvez pas vous nourrir avec de l'or. Si personne ne vous donne quelque chose en échange, vous ne pouvez évidemment pas vivre avec de l'or. Sa valeur résulte donc seulement d'une convention tacite. On n'en a pas besoin pour régler les transactions à l'intérieur d'un pays. Dans les échanges internationaux, son seul usage est de permettre certaines compensations, impossibles à assurer autrement, faute de pouvoir disposer de la confiance nécessaire. Mais la valeur fictive attribuée à un certain métal cessera d'exister dès que la circulation de l'argent sera retirée à l'État pour être confiée à l'organisme économique. L'État ne reposera plus que sur le Droit pur, sur la base des relations qui peuvent s'établir, d'homme à homme, dans un régime démocratique.

01021 - L'État possède un certain trésor, exprimé en valeur or, lorsque des signes monétaires ou de la monnaie fiduciaire sont en circulation. Que se passera-t-il, lorsque la triple organisation aura remplacé la valeur apparente de
l'or par une autre valeur réelle? A ce moment, la couverture de la monnaie en circulation sera constituée par une valeur qui ne pourra pas appartenir à un seul individu en particulier, cette valeur aura été constituée grâce au travail de chacun, elle aura de plus une même valeur pour tous les hommes vivant au sein du même organisme social: l'ensemble des moyens de production remplacera l'or, l'ensemble de tous les moyens, susceptibles de conférer à une chose le caractère de marchandise, remplacera l'or. Ainsi les moyens de production entreront en circulation dans le courant économique tout comme la production spirituelle l'est déjà. Ils prendront ainsi peu à peu le caractère de couverture de la monnaie qui leur convient.
01022 - Ces raisonnements sont très compliqués si on veut les conduire scientifiquement. Il faudrait donner des explications en termes d'économie politique et, naturellement, je n'ai pas l'intention de le faire ici, bien qu'il soit tout à fait possible d'y arriver. Je préfère vous donner ici un exemple concret illustrant bien ma pensée. Le voici: il m'est arrivé personnellement de me trouver en présence d'une sorte de monnaie très curieuse et dont je crois vous avoir déjà parlé ici. Cette monnaie très spéciale consistait en lettres et en manuscrits de Goethe. J'ai connu une, et même plusieurs personnes, qui se comportèrent à cette occasion, en financiers très avisés. Elles se mirent, dans la période allant de 1850 à 1880, à acheter très bon marché des lettres et des manuscrits de Goethe. On les obtenait alors à bas prix. Elles avaient fini par en avoir une bonne quantité.
Puis vint un temps, il ne se trouvait plus alors aucun manuscrit à acheter, où, par suite de circonstances que je ne vous décrirai pas ici, les lettres et les manuscrits de Goethe acquirent une grande valeur. Les détenteurs de ces documents se mirent à les revendre. Ce fut comme
si l'argent leur tombait du ciel. La valeur des lettres et manuscrits avait augmenté considérablement en vingt ou trente ans. Un des spéculateurs m'a affirmé qu'aucune valeur boursière n'avait pris autant de valeur, dans le même laps de temps, que les papiers de Goethe. Elles étaient devenues les valeurs-papiers les plus intéressantes et avaient pris le caractère d'une monnaie. On retirait de grosses sommes de leur vente.
Réfléchissez bien maintenant à la cause de ce phénomène. Il était dû à des circonstances complètement différentes de celles qui avaient marqué son origine. Vous serez bien d'accord, ces lettres avaient peut-être une grande valeur spirituelle pour leur destinataire, lorsque Goethe les a écrites. Pourtant, personne ne les a achetées à ce moment. Elles n'étaient pas encore des papiers-valeurs. On n'aurait pas pu s'en servir pour acheter du pain. Monsieur von Loeper qui acheta des lettres de Goethe vers 1850, aurait pu, par contre, acheter beaucoup de pain en 1895, lorsqu'il les revendit. Elles s'étaient changées en bel et bon argent. La manière dont la monnaie usuelle se comporte dans l'organisme économique n'est pas différente de celle des lettres de Goethe, une fois introduites dans cet organisme. La valeur des papiers sur lesquels l'écriture de Goethe figurait dépendait d'un phénomène social, de l'ascension de la célébrité de Goethe entre les années 1850 et 1890. Il faut d'ailleurs bien connaître l'organisme social si l'on veut prévoir ces montées prodigieuses intéressant des objets semblant tout d'abord n'avoir aucune valeur dans le processus économique et qui se mettent à en avoir une.

01023 - La revendication habituelle des démocrates-sociaux'
1 Il s'agit de la dénomination d'un parti politique allemand à cette époque. (N. d. t.).
tendant à la mise en commun des moyens de production aurait pour conséquence naturelle une paralysie des capacités et des aptitudes spirituelles des hommes. Sa mise en application est donc impossible. Il vous suffira de considérer un cas à titre d'exemple, choisi parmi tous ceux que vous pourriez imaginer: un individu ayant des aptitudes intéressant un secteur quelconque de l'économie devra pouvoir entrer librement en compétition dans la recherche des capitaux dont il pourra avoir besoin, en particulier des capitaux constitués par des économies amassées en vue d'un prêt. Je me bornerai au cas où aucun intermédiaire n'entre en ligne de compte, pour simplifier les choses. Notre homme devra pouvoir exprimer certaines prétentions pour tenir compte des prestations spirituelles qu'il peut fournir, de ses aptitudes comme chef et comme dirigeant d'une entreprise. Un contrat véritable est alors établi entre le donneur de travail et le preneur de travail; je considère que les contrats usuels aujourd'hui ne sont que des simulacres de contrats. A ce moment, le donneur de travail s'apercevra que ses intérêts sont le mieux défendus dans la mesure où l'entrepreneur assure, par ses qualités personnelles, une excellente gestion de l'entreprise, mais sans en avoir la propriété. Ce résultat sera obtenu lorsque l'entrepreneur, dès le départ, aura pu préciser librement ses conditions, en les adaptant à son aptitude spirituelle, et aura pu en discuter avec les ouvriers. Si ses prétentions ne sont pas justifiées, l'entrepreneur devra les réduire. Mais, au départ, elles doivent pouvoir être formulées en toute liberté. Si l'entrepreneur ne trouve pas de clients, il devra, bien entendu, céder sur les conditions. Quelle conclusion allons-nous tirer de tout cela?
L'entrepreneur n'a d'autre profit que la part convenue à l'avance, cette part pouvant d'ailleurs, si le travail
augmente, être majorée en conséquence. Mais elle conserve le caractère d'un intérêt. A côté de cela il faut considérer la productivité du moyen de production, le profit, qui est une chose inhérente à l'entreprise. Ce sont deux choses très différentes, la production due à la valeur spirituelle de l'entrepreneur et celle provenant de la nature de l'entreprise. Il n'y a là rien de comparable entre le fait d'apporter son travail pour mettre en oeuvre un moyen de production existant et le fait d'investir des économies capitalisées pour développer la productivité du moyen de production.
01024 - Je place dans une fabrique un certain capital provenant de sommes économisées par moi-même. Cette action est tout différente de celle que j'aurais pu accomplir en achetant un ameublement pour ma chambre, par exemple. Si j'investis le capital dans une fabrique, après l'avoir économisé, j'ai travaillé pour l'organisme social. Si je m'achète un ameublement, je fais travailler l'organisme social pour moi. Dans un organisme social sain, dans un cas comme dans l'autre, ces deux choses, capital et ameublement, travailleront à ma place. Mais il faut bien les distinguer l'une de l'autre, dans un organisme social sain. Ce n'est pas le cas aujourd'hui dans notre organisme social malade. Ne me faites pas dire que personne ne doit s'acheter un ameublement. Je pense cependant qu'un tel achat signifie, dans un organisme social sain, tout autre chose que ce que nous nous imaginons actuellement. Aujourd'hui, nous pouvons nous le représenter comme une exploitation abusive. Par la suite, nous en viendrons à le considérer en vue d'une utilisation personnelle de l'ameublement, dans le but de nous en servir, non pas pour en profiter nous-mêmes, mais pour nous permettre, grâce à cet ameublement, de produire quelque chose, n'importe quoi, au profit de l'organisme social. Le concept du «moyen de production» ainsi élargi, sera
placé sur une base saine dans un organisme social également sain.

01025 - Il est possible, voyez-vous, de distinguer avec précision, la part du revenu considérée comme un intérêt, de celle provenant du travail fourni par le moyen de production, par l'outil de travail. Tant que vous utilisez le gain dû au moyen de production pour élargir l'activité de l'entreprise, c'est très bien, cet argent peut rester dans l'entreprise. Mais dès l'instant où une part de ce gain est utilisée autrement, si elle ne sert pas à un accroissement d'activité, au développement de l'entreprise, le patron est obligé de la transférer entre les mains d'un autre individu qui, lui, sera en mesure d'accroître la production de l'organisme social, grâce à elle.
01026 - Vous avez là un cas où le capital doit circuler. Il doit être transféré entre les mains d'un autre individu. Si vous ne vous sentez pas capables de procéder vous-mêmes à un transfert judicieux de votre capital, vous en chargez une corporation de l'organisme chargé des affaires spirituelles. Cet organisme ne peut utiliser ce capital pour lui-même, il le transfère à un individu ou à un groupe d'individus, ou encore à une association. Ces entités sociales se chargeront de mettre en circulation le produit des moyens de production, ils le mettront dans le courant social de circulation, dans la véritable circulation sociale.
01027 - Ce capital en circulation dans l'organisme social, en circulation constante, garde une valeur constante, bien qu'il se modifie constamment. Mais sa valeur est constante car la part du capital consommée doit être remplacée sans cesse.

01028 - Lisez un peu, dans les traités d'économie politique, les explications données au sujet de l'aptitude de l'or à servir de monnaie. On lui prête toutes sortes de qualités. La première est d'être apprécié par tous les hommes
sans exception. La seconde, de ne pas s'user, d'être durable, il ne s'oxyde pas, etc... Cette matière idéale, ayant toutes ces belles qualités, circule comme moyen de production. Quelle sera à l'avenir, la couverture, la garantie des billets de banque? Lorsque la monnaie sera créée et gérée par l'organisme économique, et non plus par l'État, sa couverture sera constituée par les moyens de production, ce ne sera plus la masse des capitaux accumulés sous le régime de la propriété privée. A ce moment les moyens de production atteindront leur productivité maximale, dans le cadre du processus économique.Les premiers à mordre au fruit amer de ces expériences, avant d'en tirer la conclusion et d'en avoir la conviction, ce seront, mes chers amis, d'abord les pays d'Europe centrale et, en particulier, la Russie. Les pays occidentaux n'y croiront pas pour commencer, ils profiteront jusqu'au bout du délai de grâce, ils croiront à l'or jusqu'au bout. Les pays de l'Est et du centre de l'Europe seront forcés de croire à autre chose. Ils croiront que leurs monnaies en déroute, leurs devises ayant une valeur tendant vers zéro, ne pourront se rétablir qu'en mettant la vie économique sur un pied d'autonomie. Tous les autres projets, quels qu'ils soient, échafaudés dans le but d'assainir la monnaie dans les pays du Centre et de l'Est, resteront sans effet. Seul le transfert de la monnaie des mains de l'État dans celles de l'organisme économique résoudra le problème de la monnaie dans ces pays. Sans doute, leurs organisations économiques devront, pour commencer, conserver l'étalon or et travailler avec l'or. Mais ce ne sera qu'un artifice. Il leur faudra bien une réserve d'or lorsqu'ils voudront reprendre les relations commerciales avec les pays occidentaux. Mais le bien-être matériel, la véritable couverture pour la monnaie devront être basés sur les seuls biens de production alors en circulation.