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Collection: 03 - Vie spirituelle libre
Sujet : En court : où avec la vie de l'esprit ?
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA023 008-013 (1980) 00/00/1920
Traducteur: Editeur: EAR

 

L 'humanité actuelle a développé une vie spirituelle qui est dépendante à un très haut degré des institutions de l'Etat et des forces économiques. Encore enfant, l'être humain est pris en charge par l'éducation et l'enseignement public. Il ne peut être éduqué qu'en fonction de ce que permettent les conditions économiques de son milieu. De ce fait, on pourrait facilement croire que l'homme devrait être bien adapté aux conditions de vie du présent. L'Etat aurait la possibilité de donner à l'enseignement et à l'éducation -c'est à-dire à la partie essentielle de la vie spirituelle publique- une structure telle que la société soit servie au mieux.
008 - Et, de même, on peut croire facilement que l'être humain devient par-là le membre le meilleur possible de la communauté humaine, s'il est éduqué dans le sens des possibilités économiques dans lesquelles il grandit et que, grâce à cette éducation, il est mis à la place que ces possibilités économiques lui assignent.

009 - Cet ouvrage doit entreprendre la tâche, aujourd’hui ingrate, de montrer que la confusion de notre vie publique provient de l'assujettissement de la vie spirituelle à l'Etat et à l'économie. Et il doit montrer que libérer la vie spirituelle de cette dépendance constitue l'une des parties de la si brûlante "question sociale".

010 - Ainsi cet ouvrage s'oppose-t-il à des erreurs très répandues. Dans la prise en charge de l'éducation par l'Etat, on voit depuis longtemps quelque chose de salutaire au progrès de l'humanité. Et des penseurs socialistes ne peuvent probablement pas se représenter que la société éduque chaque individu autrement que pour son service et selon ses dispositions.

011 - On ne consent pas facilement à reconnaître un point de vue, ce qui dans ce domaine est aujourd'hui absolument nécessaire. Il s'agit de reconnaître que, dans l'évolution historique de l'humanité, ce qui était juste aux temps passés peut devenir par la suite une erreur. Ainsi a-t-il été nécessaire, pour que surgissent les conditions de vie des temps nouveaux, que l'éducation, et par-là même la vie spirituelle publique, fût soustraite aux cercles qui la détenaient au Moyen-Age et qu'elle fût confiée à la responsabilité de l'Etat. Mais le maintien de cet état de choses est une grave erreur sociale.

012 - C'est ce que cet ouvrage veut montrer dans sa première partie. A l’intérieur des structures de l'Etat,. la vie spirituelle a atteint l'âge de la liberté; elle ne peut prospérer dans cette liberté si la pleine autogestion ne lui est pas accordée. Par suite de sa nature et de son stade actuel de développement, cette vie spirituelle exige de former elle-même dans l'organisme social, un élément absolument indépendant. La gestion de l'enseignement et de l'éducation, dont naît véritablement toute vie spirituelle, doit être confiée à ceux qui éduquent et qui enseignent. Rien de ce qui a une activité dans l'Etat ou dans l'économie ne doit s'immiscer dans la gérance ou la direction de l'éducation. Chaque enseignant n’a à consacrer à l’enseignement que le temps qui lui permette d’être également un administrateur dans son domaine. Il prendra soin de l'aspect administratif, tout comme il prend soin de l'éducation et de l'enseignement eux-mêmes. Nul ne doit donner de prescription s’il ne se trouve lui même de plain-pied dans la vie éducative et enseignante. Aucun parlement, aucune personnalité – qui a peut-être enseigné mais n’enseigne plus- ne peut avoir la parole. Ce dont on aura fait l’expérience directement dans la pratique de l'enseignement se répercutera au niveau de l'administration. Il est tout à fait naturel que , dans une telle institution, l'aptitude professionnelle ai la plus forte action possible.

013 - On peut naturellement objecter que tout ne sera pas parfait même dans une telle "autogestion" de l'activité spirituelle. Cependant, dans la vie spirituelle véritable, ce ne sera même pas à exiger. On ne peut qu'aspirer à faire le mieux possible. Les facultés qui grandissent dans l'enfant ne seront rendues profitables pour la vie sociale que si des éducateurs, capables de fonder un jugement valable sur des motifs spirituels, ont à s'occuper de sa formation. Dans quelle mesure un enfant doit-il être dirigé dans telle ou telle direction ? Voilà unes question dont on ne peut juger que dans une communauté spirituellement libre. Et ce qui doit être fait pour que ce jugement soit entendu ne peut être déterminé qu’à partir d’une telle communauté. C’est d’elle que la vie de l’état et la vie économique ne pourront recevoir les forces que l’Etat et l’économie ne pourraient se donné à eux mêmes s’ils organisaient l’activité spirituelle selon leur propre point de vue.
014 - Il est dans le sens de ce qui est exposée dans cet écrit que ces dispositions, ainsi que le compte tenu de l'enseignement des institutions qui servent l'état et l'économie, soit pris également en charge par les administrations de la vie spirituelle libre. Les écoles de droit, de commerce, les établissements d'enseignement agricole et industriel recevront leur structure à partir d'une vie spirituelle libre. Ce livre devra nécessairement suscite contre lui beaucoup de préjugés si, des indications qu'il donne, on arrive à cette conclusion, pourtant correcte. Mais d'où viennent ces préjugés ? On reconnaîtra leur nature antisociale, si l'on perçoit qu’au fond ils proviennent de la croyance inconsciente que les éducateurs doivent être dépourvu de sens pratique, être étrangers la vie.
De ce fait, on ne pourrait attendre d'eux qu'il puissent, d’eux-mêmes, prévoir des dispositions qui servent les domaines pratiques de la vie. Et l'on pense que ces dispositions doivent être élaborés par ceux qui se trouvent au cœur de la vie pratique, des éducateurs ne devant agir conformément aux directives qui leur sont données.

0145- Qui pense ainsi ne voit pas que les éducateurs deviennent ainsi étrangers à la vie et dénués de sens pratique, uniquement du fait qu'ils ne peuvent pas eux-mêmes donner les directives, dans les petites choses comme dans les grandes. Alors même qu'on leur transmettrait ce que préconisent des esprits apparemment pratiques, ils n'en pourraient pour autant former des hommes vraiment pratiques. Nous sommes arrivés à ces conditions antisociales du fait qu'on n'introduit pas, dans la vie de la société, des gens qui ont acquis le sens social au moyen de leur éducation. Or des hommes sensibles à la réalité sociale ne peuvent être formés qu'au moyen d'une éducation dirigée et gérée par ceux qui ont déjà, eux-mêmes, ce sens social. On n'appréhendera jamais la question sociale, si l'on ne considère pas celle de l'éducation et de la vie spirituelle comme l'une de ses parties essentielles. Ce n'est pas seulement par leurs organisations économiques que les hommes provoquent un état antisocial; mais aussi en se comportant de manière antisociale dans ces organisations. Et il est antisocial de faire éduquer et instruite la jeunesse par des gens qui deviennent étrangers à la vie parce qu'ils se voient prescrire, de l'extérieur, le sens et le contenu de leur activité.

016 - L'Etat institue des écoles de Droit; il exige d'elles que soit enseigné le contenu d'une jurisprudence qu'il a ensuite consigné, selon ses vues, dans sa constitution et dans son administration. Les institutions issues totalement d'une vie spirituelle libre puiseront le compte tenu de la jurisprudence dans la vie spirituelle est même. L'Etat devra attendre ce qui lui viendra de cette vie spirituelle libre. Il sera fécondé par les idées vivantes qui ne peuvent naître que d'une telle vie spirituelle. Mais c'est dans cette vie spirituelle même que se trouveront les hommes qui, à partir de leurs points de vue pourront agir dans la vie pratique.

017 - Ce qui provient d'institutions d'éducation qui sont formées par de tels "praticiens" et dans lesquelles l'enseignement est donné par des hommes étrangers à la vie, ne peut devenir pratique de la vie; mais seul le peut ce qui provient d'éducateurs qui comprennent la vie et la pratiquent à partir de leurs propres points de vue. Et la manière selon laquelle l'organisation d'une vie spirituelle libre doit prendre forme dans le détail, c'est ce que cet ouvrage veut brièvement exposer.

018 - Ceux qui ont une prédisposition à l'utopie aborderont ce livre avec toutes sortes de questions. Des artistes soucieux et d'autres intellectuel, diront: "Est-ce que vraiment les dons de chacun s'épanouiront mieux dans une vie spirituelle libre que dans celle que dirigent aujourd'hui l'Etat et les forces économiques?" Ceux qui s'interrogent ainsi devraient considérer que ce livre n'est précisément en aucune façon conçu dans l'intention d'être utopique. C'est pourquoi on n'y trouve aucune de ces prescriptions théoriques selon lesquelles quelque chose devrait être ainsi ou autrement. Par contre, on y encourage la formation de communautés qui, par leur vie en commun, peuvent réaliser ce qui est souhaitable sur le plan social. Qui ne juge pas la vie d'après des préjugés théoriques mais d'après des expériences pourra se dire : celui qui oeuvre à partir de ses libres facultés aura la perspective d'une appréciation équitable de ce qu'il a fourni, lorsque existera une communauté spirituelle libre qui puisse intervenir dans la vie, entièrement depuis ses propres points de vue .

019 - La "question sociale" n'est pas un problème qui, ayant fait son apparition dans la vie humaine à l'époque actuelle, puisse être résolu maintenant, par quelques hommes ou par des parlements, et l'être une fois pour toutes. Elle est une partie constituante de toute la nouvelle civilisation, et elle le restera puisqu'elle a fait son apparition. Elle devra être résolue de nouveau à tout instant de l'évolution mondiale. Car, avec les temps nouveaux, l'existence humaine en est arrivée à une situation telle que l’antisocial provient sans cesse des institutions sociales. Il s'agit donc de surmonter continuellement cet élément antisocial. De même qu'un organisme rassasié revient, après quelque temps, dans un état de faim, ainsi l'organisme social retourne-t-il, de l'ordre dans les relations, au désordre. Il n'existe pas plus de remède universel pour établir l'ordre dans les relations sociales qu'il n'existe un aliment qui rassasie pour toujours. Pourtant, il est possible à des hommes d'entrer dans des communautés, de telle sorte que leurs communes initiatives donnent sans cesse à l'existence une orientation sociale. Une telle communauté est l'élément spirituel de l'organisme social, qui s'administre lui-même.