Collection: F002 Émile Zola 031 225-229 18980219 | 031, 225-229, 18980219 | |
ÉMILE ZOLA À LA JEUNESSE | EMILE ZOLA AN DIE JUGEND | |
La personnalité de Zola semble grandir de jour en jour. C'est comme si nous commencions seulement maintenant à le comprendre pleinement. Son sens fanatique de la vérité nous a souvent dérangés dans ses créations artistiques. Maintenant que ce fanatisme pour la vérité le conduit à une action audacieuse et héroïque dans une cause/chose purement humaine, nous ne pouvons qu’éprouver des sentiments d’approbation et de vénération sans réserve. Ce à quoi il s'est efforcé pendant des décennies en tant qu'artiste, faire triompher la vérité pure et nue : c'est là la tâche qu'il se donne désormais dans un domaine qu'il croit déformé par le mensonge, la calomnie, la lâcheté, la vanité et de misérables préjugés. Quoi que l'on pense du malheureux/malchanceux capitaine de l'Île du Diable, la manière dont Émile Zola aborde sa chose restera toujours l'un des phénomènes les plus remarquables de notre temps. En homme d'action admirable, Zola vit sa vie devant nous depuis des semaines. Chaque détail que nous entendons à son sujet nous touche profondément/se creuse profondément dans le cœur. Chaque mot qu’il prononce lors du procès qui se déroule contre lui est l’expression d’un grand homme. Le fait qu'il soit maladroit dans le discours oral et qu'il ait du mal à trouver les mots pour exprimer les sentiments sérieux qui vivent dans son âme correspond à merveille à l'image de la grande personnalité. Devant moi se trouve la lettre qu’il a récemment adressée à la jeunesse française. Cette lettre est un document de notre temps. Il ne connaît pas de vérités particulièrement importantes à dire aux jeunes. Seul un petit quelque chose de subtil distingue les phrases |
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Zolas Persönlichkeit scheint mit jedem Tage vor uns zu wachsen. Es ist, als lernten wir ihn erst jetzt ganz verstehen. Der fanatische Wahrheitssinn, der ihm eigen ist, hat uns in seinen Kunstschöpfungen doch oft gestört. Jetzt, wo ihn dieser Wahrheitfanatismus in einer rein menschlichen Sache zu kühnem, heldenmäßigem Handeln führt, können wir nur Gefühle rückhaldoser Zustimmung, Verehrung haben. Was er seit Jahrzehnten als Künsder angestrebt hat, die reine, nackte Wahrheit zum Siege zu bringen: das stellt er sich jetzt in einer Angelegenheit zur Aufgabe, die er durch Lüge, Verleumdung, Feigheit, Eitelkeit und jämmerliches Vorurteil entstellt glaubt. Man mag über den unglücklichen Hauptmann auf der Teufelsinsel denken, wie man will: die Art, wie sich Emile Zola seiner Sache annimmt, wird immer zu den bemerkenswertesten Erscheinungen unserer Zeit gehören. Als bewundernswerter Tatenmensch lebt sich seit Wochen Zola vor uns aus. Jede Einzelheit, die wir über ihn hören, gräbt sich uns tief ins Herz. Jedes Wort, das er in der Gerichtsverhandlung, die über ihn geführt wird, spricht, ist der Ausdruck eines großen Mannes. Daß er unbehilflich in mündlicher Rede ist und nur schwer die Worte findet, um die schwerwiegenden Empfindungen, die in seiner Seele leben, auszusprechen, stimmt wunderbar zum Bilde der großen Persönlichkeit. Vor mir liegt der Brief, den er vor kurzem an die französische Jugend gerichtet hat. Ein Dokument unserer Zeit ist dieser Brief. Nicht sonderlich große Wahrheiten weiß er der Jugend zu sagen. Nur ein feines Etwas unterscheidet Zolas |
de Zola des choses que tout passionné/rêveur de liberté et d'égalité pourrait aussi adresser à la jeunesse. Mais ce quelque chose est une infinité. C'est le contenu émotionnel d'une personnalité qui exhale toutes les représentations qui nous séparent de temps dépassés/surmontés comme le contenu le plus profond de sa propre âme. Je peux me penser des critiques sobres qui ne trouveraient que des phrases libérales de tous les jours dans la Lettre à la Jeunesse de Zola (parue en traduction par Hugo Steinitz, Berlin SW.). Ceux-là ne savent pas lire entre les lignes. Entre les lignes se trouvent les sentiments qui sont la chose la plus précieuse de la lettre. Je peux me penser que je souriais en entendant les paroles d'un démagogue dans son discours : « Ô jeunesse, ô jeunesse, souviens-toi des souffrances endurées par tes pères, des terribles luttes qu'ils ont dû remporter pour obtenir la liberté dont tu jouis aujourd'hui. Si tu te sents libres aujourd'hui, si tu peux aller et venir à ta guise, si tu peux exprimer tes pensées par la presse, si tu peux avoir une opinion et l'exprimer publiquement, tu dois tout cela à l'intelligence et au sang de tes pères. Vous, jeunes gens, vous n'êtes pas nés sous la tyrannie/domination du pouvoir ; vous ne savez pas ce que signifie se réveiller chaque matin avec le pied d'un dirigeant sur la nuque ; vous n'avez pas eu à fuir l'épée d'un dictateur, la balance mensongère d'une justice défectueuse. Ce quelque chose dont j'ai parlé rend ces phrases monumentales à mes yeux. Il semble y avoir un sens profond dans cette phrase : si deux personnes disent la même chose, ce n'est pas la même chose. » |
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Sätze von den Dingen, die mancher beliebige Freiheit- und Gleichheitschwärmer auch an die Jugend richten könnte. Aber dieses Etwas ist eine Unendlichkeit. Es ist der Gefühlsinhalt einer Persönlichkeit, die alle Vorstellungen, welche uns von überwundenen Zeiten trennen, als tiefsten eigenen Seeleninhalt aus sich ausströmt. Ich kann mir nüchterne Beurteiler denken, welche in Zolas Brief an die Jugend (er ist in Übersetzung bei Hugo Steinitz, Berlin SW., erschienen) nur liberale Alltagsphrasen finden. Auf das Lesen zwischen den Zeilen verstehen sich diese nicht. Zwischen den Zeilen stehen die Gefühle, die das Wertvollste an dem Briefe sind. Denken kann ich mir, daß ich lächelte, wenn ich in der Rede irgendeines Demagogen die Worte hörte: «O Jugend, o Jugend, sei eingedenk der Leiden, welche deine Väter erduldet haben, der fürchterlichen Kämpfe, in denen sie siegen mußten, um die Freiheit zu erobern, deren du dich heute erfreust. Wenn du dich heute frei fühlst, wenn du nach deinem Belieben gehen und kommen, deine Gedanken durch die Presse aussprechen kannst, eine Meinung haben und ihr öffentlich Ausdruck geben kannst, so verdankst du das alles der Intelligenz und dem Blute deiner Väter. Ihr Jünglinge, ihr seid nicht unter einer Gewaltherrschaft geboren, ihr wißt nicht, was es heißt, jeden Morgen beim Erwachen den Fuß des Herrschers auf dem Nacken zu verspüren, ihr habt es nicht nötig gehabt, vor dem Schwerte eines Diktators, vor der falschen Waage einer schlechten Justiz zu flüchten.» Jenes Etwas, von dem ich gesprochen habe, bewirkt, daß mir diese Sätze in monumentaler Größe erscheinen. Es scheint doch ein recht tiefer Sinn in dem Satze zu liegen: wenn zwei dasselbe sagen, ist es nicht dasselbe. |
Nous vivons une époque riche en contradictions. Pour percevoir ces contradictions, nous, Allemands, n’avons pas besoin de faire d’abord nos observations sur les Français. Même dans nos propres rangs, il y a suffisamment de phénomènes/manifestations qui nous font rougir. Ce qu’on décrit comme « jeunesse » n’est pas une fois le pire. La confusion est la plus grande chez les hommes qui se tiennent actuellement dans les trentenaines. Là il y a ceux qui se croient modernes et qui n’ont pas honte d’exprimer leur sympathie pour les représentations réactionnaires. Nous pouvons entendre de tels modernes dans leur apogée approuver les tendances des cliques de type Junker ; et de leur bouche nous devons entendre que les idées libérales de notre siècle sont une maladie infantile de notre temps. Comme ces hommes sont « sages » et ne parlent pas souvent de l’idée « abstraite » de liberté, qui contredit soi-disant ce qu’ils proclament comme une réelle nécessité de l’État. Il est scandaleux que le sentiment de la justice simple et banale se perde parce que la nécessité de l’État devrait exige qu'à ce sentiment ne soit pas laissé libre cours ! Au-dessus de toute nécessité étatique se trouve l’humanité, à laquelle doit être son droit. Je ne peux m'empêcher de sourire en entendant ces petits hommes d'État journalistiques dire : « Les tribunaux français ont parlé sur capitaine Dreyfus, et nous, Allemands, n'avons aucun droit de nous immisser là ; que dirions-nous si les Français voulaient siéger au tribunal pour un verdict rendu ici dans les formes extérieures du droit ! » Zola a formulé l'accusation la plus grave contre la condamnation du capitaine Dreyfus. Un crime, |
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Wir leben in einer Zeit, die reich an Widersprüchen ist. Um diese Widersprüche zu empfinden, brauchen wir Deutsche nicht erst an den Franzosen unsere Beobachtungen zu machen. Auch in unseren eigenen Reihen finden sich Erscheinungen genug, die uns erröten machen. Was man als «Jugend» bezeichnet, ist nicht einmal das Schlimmste. Die Verwirrung ist am größten bei den Männern, die heute in den Dreißigern stehen. Da gibt es die sich modern dünkenden Persönlichkeiten, die sich nicht schämen, ihre Sympathien für reaktionäre Vorstellungen auszusprechen. Solche Moderne in den besten Jahren können wir den Tendenzen junkerhafter Cliquen zustimmen hören; und aus ihrem Munde müssen wir es vernehmen, daß die liberalen Gedanken unseres Jahrhunderts eine Kinderkrankheit unserer Zeit seien. Wie «weise» sprechen solche Männer nicht oft von dem «abstrakten» Freiheitsgedanken, der angeblich dem widersprechen soll, was sie als wirkliche Staatsnotwendigkeit ausposaunen. Es ist empörend, wenn das Gefühl für einfache, banale Gerechtigkeit verloren geht, weil die Staatsnotwendigkeit fordern soll, daß man diesem Gefühle nicht freien Lauf lasse! Über aller Staatsnotwendigkeit steht die Menschlichkeit, der ihr Recht werden muß. Die journalistischen Staatsmännlein muß ich belächeln, die da sagen: «Die französischen Gerichte haben über den Hauptmann Dreyfus gesprochen, und wir Deutsche haben uns da nicht hineinzumischen; was würden wir sagen, wenn Franzosen zu Gerichte sitzen wollten über einen Spruch, den man bei uns gefällt hat in den äußeren Formen des Rechtes!» Zola hat die schwerste Anklage erhoben gegen das Urteil, das über den Kapitän Dreyfus erflossen ist. Ein Verbrechen |
a-t-il appelé ce jugement. Il a qualifié de criminels les humains qui ont provoqué ce verdict. Il est poursuivi en justice pour cela. Qu’il ait raison ou non ne dépend que de la façon dont on considère la culpabilité ou l’innocence d’Alfred Dreyfus. Mais pas un mot de tout cela n'a la permission d'être dit au procès qui se tient contre Zola. La nécessité de l'État interdit de parler de Dreyfus. Je n’ai pas de mots pour exprimer les sentiments qui pour moi s'attachent à ce fait. Où allons-nous arriver si nous continuons à évoluer dans cette direction ? Comme les mots de Zola sont convaincants, clairs et plausibles pour un esprit impartial : « Un officier a été condamné et personne ne songe à douter de la bonne foi de ses juges. Ils l'ont condamné selon leur meilleur jugement, sur la base de preuves qu'ils tenaient pour fiables. Un jour, le doute surgit, d'abord chez une personne, puis chez plusieurs. Ces personnes finissent par conclure qu'une preuve, la plus importante, du moins la seule connue sur laquelle les juges se sont appuyés, a été faussement attribuée au prévenu condamné, et que même cette preuve provenait sans aucun doute de la main d'un autre. Ils désignent cet autre homme, et il est accusé par le frère du prisonnier, comme son devoir l'exigeait. Ils forcent ainsi l'ouverture d'un nouveau procès avant de procéder à la révision du premier, qui doit avoir lieu sur la base d'une condamnation dans l'autre procès. Comme mystérieux, pour ne pas utiliser un autre |
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hat er dieses Urteil genannt. Er hat die Menschen, die dieses Urteil herbeigeführt haben, als Verbrecher gebrandmarkt. Man klagt ihn deswegen an. Ob er recht hat oder nicht, das kann von nichts anderem abhängen, als allein davon, wie man über Schuld oder Unschuld von Alfred Dreyfus zu denken hat. Aber davon darf mit keinem Worte bei der Verhandlung gesprochen werden, die man über Zola führt. Über Dreyfus zu sprechen, verbietet die Staatsnotwendigkeit. Ich habe keine Worte, um die Gefühle auszusprechen, die sich für mich an diese Tatsache knüpfen. Wohin kommen wir, wenn wir in dieser Richtung uns weiter entwickeln? Wie überzeugend, wie klar, wie einleuchtend dem unbefangenen Empfinden klingen Zolas Worte: «Ein Offizier ist verurteilt worden und niemand denkt daran, den guten Glauben seiner Richter anzuzweifeln. Diese haben ihn nach ihrem besten Meinen verurteilt auf Grund von Beweisstücken, welche sie für zuverlässig hielten. Da entstehen eines Tages zuerst bei einem und dann bei mehreren Zweifel. Diese Leute gelangen schließlich zu der Überzeugung, daß ein Beweisstück, und zwar das wichtigste, das einzige wenigstens, von dem bekannt geworden ist, daß sich die Richter darauf gestützt haben, fälschlicherweise dem verurteilten Angeklagten zugeschrieben worden ist, ja daß sogar dieses Beweisstück zweifellos von der Hand eines andern herrührt. Sie machen diesen andern namhaft, und derselbe wird von dem Bruder des Gefangenen bezichtigt, wie es dessen Pflicht gebot. Auf diese Weise erzwingen sie, daß ein neuer Prozeß beginnt, bevor sie daran gehen, die Revision des ersten herbeizuführen, welche auf Grund einer Verurteilung im andern Prozeß erfolgen muß.» Wie mysteriös, um nicht ein anderes |
mot, le spectre de la nécessité étatique apparaît en contraste avec ce discours sans ambiguïté ! Zola dit : « Voici ce qu’il en est : un faux jugement est allé dans le monde ; des hommes consciencieux sont conquis, se mobilisent, se dévouent à la cause avec toujours plus de zèle et risquent leur fortune et leur vie pour que justice soit faite ! Mais les hommes d'Etat journalistiques disent : « Le gouvernement français n'est pas obligé d'ouvrir un nouveau procès contre la volonté de la majorité de la population parce que Dreyfus a été condamné une fois selon les règles applicables dans son pays. » Il n’appartient pas à un ecrivain de journal de constater qu’il est d’usage dans tous les pays de procéder dans les procès pour trahison de la même manière que l'on a procédé en France dans le cas Dreyfus. Il serait préférable pour lui de caractériser le caractère dégoûtant d’une telle coutume. Mais pourquoi est-ce que je parle tant des porteurs remorqueurs volontaires de la perspicacité des hommes d’État ! En tant que représentant d'une revue qui se veut au service du développement de la liberté, je voudrais plutôt adresser mes salutations du fond du cœur au grand artiste qui aujourd'hui, devant le barreau de la justice, sert de la manière la plus courageuse tout ce qui est propice au véritable progrès. |
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Wort zu gebrauchen, nimmt sich gegenüber dieser unzweideutigen Rede das Gespenst der Staatsnotwendigkeit aus! Zola sagt: «Die Sache ist eben die: ein falscher Richterspruch ist in die Welt gegangen; gewissenhafte Männer sind gewonnen worden, haben sich zusammengetan, widmen sich der Sache mit immer größerem Eifer und setzen ihr Vermögen und ihr Leben aufs Spiel, nur damit der Gerechtigkeit Genüge geschehe!» Die journalistischen Staatsmännlein aber sagen: «Die französische Regierung ist nicht verpflichtet, gegen den Willen der Mehrheit der Bevölkerung ein Wiederaufnahmeverfahren einzuleiten, weil Dreyfus nach den in seinem Lande geltenden Regeln einmal verurteilt worden ist». Einem Zeitungsschreiber obliegt es nicht, zu konstatieren, daß es in allen Ländern der Brauch ist, bei Landesverratsprozessen ähnlich zu verfahren, wie man in Frankreich beim Falle Dreyfus verfahren ist. Ihm steht es besser an, das Widerliche eines solchen Brauchs zu charakterisieren. Doch was rede ich viel von den freiwilligen Schleppträgern staatsmännischer Einsicht! Als Vertreter einer Zeitschrift, die der freiheitlichen Entwicklung dienen soll, will ich lieber aus vollem Herzen meinem Gruß hinübersenden dem großen Künstler, der heute vor den Schranken des Gerichts in unerschrockenster Weise all dem dient, was dem wahren Fortschritt frommt. |