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Collection: 10 -Anarchistes, anarchisme,
et individualisme éthique.
Histoire et avenir de l'aide mutuelle Geschichte und Zukunft der gegenseitigen Hilfe

 

 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes : 054 179-199 (1983) 23/11/1905
Traducteur: Editeur: EAR

Nous avons aujourd'hui pour tâche de parler de deux notions que porte l'âme, dont l'une — la communauté fraternelle — représente un grand idéal qui pénètre l'huma-nité depuis qu'elle est véritablement douée de sentiment, et l'autre — la lutte pour la vie — constitue une réalité que nous rencontrons dans la vie ä chaque pas, particu-lièrement ä l'heure actuelle. Ceux d'entre vous qui se sont un tant soit peu penchés sur les buts du mouvement de la science de l'esprit connaissent notre premier principe : former le noyau d'une conununauté fraternelle fondée sur l'amour universel porté ä l'être humain, sans distinction de race, de sexe, de profession, de confession, etc. La Société théosophique elle-même a ainsi placé ce principe d'une communauté fraternelle universelle en tête de son mou-vement et en a fait le plus important de ses idéaux. Elle a ainsi proclamé que, parmi les buts culturels qui nous seraient nécessaires avant tout aujourd'hui, elle considère cette aspiration éthique ä une communauté fraternelle comme intitnement liée au but essentiel de l'évolution de l'humanité.


Celui qui s'est engagé dans une quête dans le domaine de la science de resprit est non seulement convaincu, mais tout ä fait au clair sur le fait que la connaissance profonde, la connaissance du monde spirituel, lorsqu'elle comprend véritablement et réellement l'être humain, doit conduire ä la fraternité, que le fruit le plus noble de la connaissance profonde, intime, est précisément cette fraternité. La vision du monde selon la science de l'esprit semble ainsi contredire, il est vrai, bien des choses de l'humanité qui se sont insinuées ces derniers temps. Dans certains cercles

précisément, on rappelle sans cesse quelle force généra-trice de progrès comporte la lutte, et avec quelle fréquence entendons-nous parler encore, ä l'heure actuelle, de la vigueur accrue des forces de l'homme lorsqu'elles rencon-trent une résistance, du renforcement de la volonté et de l'initiative intellectuelle de l'être humain lorsqu'il doit mesurer ses forces ä un adversaire. Vision du monde née de fondements spirituels, la vision de Friedrich Nietzsche se traduit par de nombreuses formules aux accents guer-riers, dont celle-ci : « J'aime le critique, j'airne le grand cri-tique plus que le petit. » Dans les variations les plus diverses, nous pouvons toujours retrouver ce thème, jus-tement chez Nietzsche, c'est quelque chose qui fait partie intégrante de ses conceptions de la vie. On doit ä certaines théories économiques qui règnent depuis longtemps le fait de voir dans la lutte de tous contre tous, dans la concur-rence générale, un puissant levier pour le progrès. Que de fois n'a-t-on pas répété que la meilleure façon de pro-gresser, pour l'humanité, c'était que l'individu, dans la mesure du possible, cherche son propre profit et se mette en avant. Le terme d'« individualisme » est véritablement devenu un mot d'ordre, certes davantage dans le domaine de la vie matérielle extérieure, mais valable également pour le domaine de la vie spirituelle intérieure.

L'homme serait le plus utile ä ses semblables en reti-rant de la vie, sur le plan économique, le maximum de richesses car, devenant fort économiquement, il peut éga-lement être plus utile ä la collectivité : tel est le credo de nombreux économistes et sociologues. D'autre part, nous entendons rappeler avec insistance que l'être humain ne doit pas se développer selon un modèle uniforme, qu'il doit développer de tous côtés les forces qui sont en lui, qu'il doit s'épanouir sans réserve, qu'il doit déployer ce qui se trouve en lui et que c'est de cette façon qu'il pourra être le plus utile ä ses semblables


Parmi nos compatriotes, nombreux sont ceux qui s'efforcent désespérément d'appliquer ce principe, qui ne peuvent en faire assez pour déployer toutes leurs forces. La vision du monde selon la science de l'esprit ne méconnaît pas la nécessité de la lutte pour la vie, précisément ä notre époque, mais en même temps, cette vision du monde est certaine qu'aujourd'hui où cette lutte pour la vie soulève les vagues les plus puis-santes, il faut expliquer nouveau le principe de la frater-nité dans sa signification profonde.


La question la plus importante sera celle-ci : ce que croient tant de personnes, ä savoir que la résistance est le moyen privilégié de faire grandir les forces de l'être hu-main, que c'est en premier lieu le combat que l'homme est appelé ä livrer qui a rendu ce dernier grand et fort, est-ce bien exact ? Dans la conférence sur l'idée de paix qu'il m'a été donné de prononcer devant vous, j'ai déjà indiqué que ce principe de la lutte pour la vie dans le domaine humain est aujourd'hui largement alimenté par le fait que la science en a fait un principe naturel universel et que, no-tamment ä l'ouest, elle a cru pendant un certain temps que, dans le monde, c'étaient les êtres pourvus des formes les plus efficaces qui avaient chassé leurs adversaires du champ de bataille et avaient subsisté dans cette lutte pour la vie.


Le naturaliste Htudey 44 dit : « Quand nous regardons la vie au-dehors, elle nous apparaît comme un combat de gladiateurs, c'est le plus fort qui reste, il est vainqueur, les autres sont anéantis. » Si l'on en croyait les naturalistes, on devrait supposer que tous les êtres qui peuplent le monde aujourd'hui ont été en mesure d'évincer ceux qui étaient encore là auparavant.


Il existe également une école de sociologues qui a voulu faire, partir de ce principe de la lutte pour la vie, une théorie de l'évolution pour l'humanité. Dans un livre intitulé « De Darwin ä Nietzsche », le doyen Alexander Tille 45 a tenté de montrer que le bonheur de l'humanité, pour l'avenir, suppose que l'on inscrive en devise, résolument, sur la bannière de l'humanité en marche, cette lutte pour la vie, que l'on se préoccupe d'anéantir tout ce qui est incapable de mener la lutte pour la vie, mais que l'on élève et que l'on stimule en revanche ce qui s'y montre fort et résistant. Celui qui est faible devrait périr. Nous aurions besoin d'une organisation sociale qui écrase le faible parce qu'il est nuisible. Je vous le demande : qui est le fort, celui qui a une force spirituelle tournée vers l'idéal, mais un corps chétif, ou l'autre, qui possède une force spirituelle moins élevée mais est pourvu d'un corps robuste ? Comme vous le voyez, les règles générales ne veulent pas dire grand-chose en ce domaine. Il est difficile de décider qui devrait subsister, en réalité, au terme de la lutte• pour la vie. S'il s'agissait de mesures pratiques, il faudrait apporter en premier lieu une réponse ä cette question. Nous nous demandons maintenant : qu'est-ce qui se présente ä nous lorsque nous observons la vie humaine ? Au cours de l'évolution de l'humanité, est-ce le principe de la fraternité ou le principe de la lutte pour la vie qui a conduit ä de grandes réalisations, ou bien ont-ils tous deux contribué ä l'évolution de l'humanité ?


Je voudrais encore une fois attirer brièvement votre at-tention sur le fait que, comme je l'avais déjà dit dans la conférence sur l'idée de paix, la science d'aujourd'hui, elle non plus, ne repose plus sur les fondements qui étaient les siens il y a encore une décennie. J'ai déjà signalé la confé-rence fondamentale donnée par le chercheur russe Kes-sler 46 en 1880, dans laquelle il est montré que ce ne sont pas les espèces aptes ä évoluer et effectivement en voie de progression qui mènent le combat le plus important, mais celles qui se soutiennent mutuellement, qui s'apportent une aide réciproque.

Cela n'est pas un déni de l'existence du combat et de la guerre dans le monde animal. Bien sûr qû'ils existent, mais c'est une autre question de se deman-der ce qui favorise le plus l'évolution, la guerre ou l'entraide ? Il fut encore posé la question suivante : les espèces qui survivent sont-elles celles dont les individus se battent continuellement les uns contre les autres ou celles qui s'aident mutuellement ? Les études auxquelles nous avons fait allusion ont déjà montré que ce n'est pas la lutte, mais l'aide qui constitue le réel moteur du progrès. J'ai déjà indiqué le livre du prince Kropotkine 47, Entraide
dans le règne animal et dans la vie humaine. Vous trouverez dans ce livre mainte belle contribution aux exposés actuels relatifs aux questions qui nous préoccupent ici.


Quels ont donc été les apports des groupements fraternels dans l'évolution de l'humanité ? Il suffit que nous nous représentions nos propres ancêtres sur le sol où nous vivons actuellement. L'idée qui nous vient spontanémenti l'esprit, c'est que la chasse et la guerre furent les moteurs réels de la vie et façonnèrent pour l'essentiel le caractère de ces hommes. Mais celui qui approfondit davantage l'histoire constatera que cette idée n'est pas juste, que ce sont précisément ceux qui avaient développé le principe de la communauté fraternelle un niveau extraordinaire, également parmi les tribus germaniques, qui ont connu la plus grande prospérité. Nous trouvons ce principe de la communauté fraternelle avant tout dans la manière dont était organisée la propriété, avant et après la période des Grandes Invasions. La propriété du sol était alors principalement de type communautaire. La commune villageoise sur laquelle vivaient les hommes possédait des sols en propriété collective et, ä l'exception du peu de chose qui appartenait immédiatement à l'usage domestique, ä l'exception des outils, peut-être également d'un jardin, toute propriété était communautaire. De temps en temps, le sol était repartagé entre les habitants et il s'avéra que ces tribus étaient devenues fortes parce qu'elles avaient élevé la fraternité, en ce qui concerne les biens matériels, ä un degré tout ä fait remarquable.


Si nous parcourons encore quelques siècles, nous constatons que nous rencontrons ce principe sous une forme extrêmement féconde. Le principe de fraternité, tel qu'il a imprégné l'ancienne communauté villageoise, dans les anciens cadres où les hommes trouvèrent leur liberté dans la vie commune fraternelle, se traduisait d'une façon tout à fait caractéristique dans la coutume qui allait, ä la mort d'un individu, jusqu'à briller sur son sol ce que cet individu possédait, parce que l'on ne voulait rien posséder de ce qui avait appartenu en propre ä un individu après la mort de ce dernier. Lorsque l'on rompit avec ce principe, par suite de différentes circonstances, notamment parce que quelques-uns avaient acquis de grandes propriétés foncières, condamnant ainsi au servage et aux corvées les hommes de la contrée environnante, le principe de la fra-ternité s'exprima d'une autre façon, lumineuse. Ceux qui étaient opprimés par les seigneurs, par les propriétaires, voulurent se libérer de leur joug. Nous voyons ainsi, au milieu du Moyen Âge, un grand mouvement de liberté traverser avec force toute l'Europe. Ce mouvement de liberté était placé sous le signe de la fraternité universelle, qui donna naissance une culture universelle. Nous som-mes dans ce que l'on a appelé la culture urbaine du milieu du Moyen Âge.

Ceux qui ne supportaient plus les corvées dans les domaines seigneuriaux fuirent leurs maîtres et partirent chercher leur liberté dans les villes en expansion. Les hommes descendirent d'Écosse, de France, de Russie et, venant de tous les horizons, constituèrent les villes libres. Ainsi se développa le principe de fraternité et la façon dont il était agissant en fit un éminent ferment de culture. Ceux qui avaient des activités communautaires de même nature se regroupèrent en associations que l'on appelait des fraternités assermentées et qui devinrent plus tard les guildes. Ces fraternités étaient bien davantage que de simples associations d'artisans ou de commerçants. Partant de la vie pratique, elles s'élevèrent une hauteur morale. Ces fraternités avaient développé ä un très haut degré l'assistance mutuelle, l'entraide, et beaucoup de choses dont presque plus personne ne se soucie plus au-jourd'hui faisaient l'objet d'une assistance de ce genre. Par exemple, les membres d'une fraternité se venaient en aide mutuellement en cas de maladie. De jour en jour, deux frères étaient désignés pour veiller au chevet d'un frère malade. Les malades recevaient des aliments, les pensées fraternelles. dépassaient même la mort : on considérait comme particulièrement honorable d'enterrer le membre de la fraternité comme il convenait ä son titre.

 

 

 

Enfin, la fraternité mettait également un point d'honneur ä soutenir les veuves et les orphelins. Vous voyez ainsi comment naquit le sens d'une morale communautaire, comment cette morale se forma en s'appuyant sur une conscience dont l'homme d'aujourd'hui peut difficilement avoir idée. Ne pensez pas qu'il s'agisse ici de blâmer d'une façon quel-conque les conditions actuelles Elles sont devenues nécessaires, de même qu'il fut nécessaire qu'apparaissent des formes de type médiéval. Il nous faut simplement comprendre qu'il y eut d'autres phases que la phase actuelle.

 


Dans les villes libres du Moyen Âge, on parlait partout d'un « prix réglementé », d'un « marché réglementé ». Qu'entendait-on par lä ? Je vais vous l'expliquer par un exemple concret. Lorsque des marchandises provenant des domaines environnants étaient apportées dans une ville, il était strictement interdit, durant les premiers jours, de les écouler autrement que par la vente au détail. Per-sonne n'était autorisé ä acheter en gros et ä devenir inter-médiaire. À cette époque, on n'avait encore jamais pensé que le prix dût être établi selon l'offre et la demande. On était alors en mesure de réguler ces deux facteurs. Les groupes dans les villes ou les guildes devaient fixer le prix de ces produits pour les membres qui, après s'être acquitté des obligations nécessaires pour fabriquer des marchan-dises, avaient été admis pour devenir producteur. Per-sonne n'était autorisé ä dépasser le prix. Si nous faisons un bref tour d'horizon sur les conditions du travail, nous constatons qu'il existait une compréhension fondamentale de ce qu'étaient les besoins d'un être humain. Si nous considérons les salaires de cette époque en tenant compte de la conjoncture d'alors, fort différente, nous devons reconnaître que la façon dont était rétribué un ouvrier n'avait rien ä envier ä celle qui a cours aujourd'hui. Bien souvent, cet état de fait a été l'objet d'interprétations tout à fait erronées de la part des chercheurs.


Ces fraternités étaient organisées selon des points de vue pratiques, ce sont donc également ces points de vue pratiques qui présidèrent ä leur développement progressif. Elles s'étendirent ensuite d'une ville ä l'autre, car il était naturel que ceux qui, dans les différentes villes, apparte-naient au même corps de métier et avaient des intérêts communs s'associent et se soutiennent mutuellement. Les fédérations s'étendirent donc de ville en ville.


La cohésion de l'humanité n'était pas assurée, ä cette époque, par des réglementations policières, mais par des points de vue pratiques. Celui qui se donne la peine d'étudier les conditions que l'on rencontrait uniformément dans toutes les villes européennes, ä cette époque, s'aper-çoit rapidement que nous avons affaire ici ä une phase très précise d'approfondissement du principe de fraternité. Cela se révèle particulièrement dans le fruit porté par ce mouvement. Nous pourrions tout d'abord en indiquer les sommets les plus élevés, les grandioses réalisations artis-tiques des 12e et 13e siècles. Elles n'auraient pas été pos-sibles sans cet approfondissement du principe de frater-nité. Nous ne pouvons comprendre l'oeuvre grandiose de Dante, La Divine Comédie, dans l'histoire de la culture, que si nous saisissons la prégnance de ce principe de fraternité. Regardez également ce qui est né dans les villes sous l'influence de ce principe, par exemple comment l'impri-merie, la grav-ure, la papeterie, l'horlogerie et les inventions apparues par la suite ont été préparées par le principe libéral de la fraternité. Ce que nous avons coutume d'appeler la bourgeoisie est né de la culture du principe de fraternité dans les villes médiévales. De nombreuses pro-ductions dues aux travaux d'approfondissement scienti-fique et artistique n'auraient pas été possibles sans la culture de ce principe de fraternité. Lorsque la construc-tion d'une cathédrale était projetée, par exemple la cathé-drale de Cologne ou n'importe quelle autre, nous voyons en premier lieu se former une association, ce que l'on appelait une guilde de bâtisseurs, qui permettait une colla-boration extrêmement efficace entre ses membres. Quand on possède un ceil intuitif pour ces choses, on peut voir, jusque dans le style même de la construction, l'expression de ce principe de fraternité, on peut le voir dans presque chaque ville médiévale, et vous le trouvez partout, que vous alliez vers le nord de l'Écosse ou vers Venise, que vous visitiez des villes russes ou polonaises.

 

 


Il nous faut souligner une chose : le principe de frater-nité est né sous l'influence d'un courant historique plon-geant résolument dans la culture matérielle, et c'est pour-quoi nous voyons partout, tant dans les manifestations les plus hautes de la culture que dans les fruits qui nous res-tent de cette époque, le matériel, le domaine physique. Il fallait que ce domaine fût cultivé, et pour qu'il le fût véri-tablement, pour qu'il reçût une forme accomplie, ce prin-cipe de fraternité fut alors nécessaire. Ce principe de fra-ternité est issu en son temps d'une abstraction, et, par cette abstraction, par ce penser rationnel, notre vie a été scindée, si bien que l'on ne sait plus très bien aujourd'hui, que l'on ne comprend plus très bien comment lutte pour la vie et principe de fraternité collaborent dans un rapport réciproque. D'un côté, la vie spirituelle devint de plus en plus abstlaite. La morale et la justice, les notions relatives ä l'État et aux autres institutions de la société furent abor-dées avec des principes de plus en plus abstraits, et la lutte pour la vie fut séparée par un fossé de plus en plus pro-fond de ce que l'hotnme ressent comme son idéal vérita-ble. Autrefois, au milieu du Moyen Âge, il y avait une harmonie entre ce que l'homme ressentait comme son idéal et ce que l'on faisait réellement, et s'il fut jamais prouvé que l'on peut être en même temps idéaliste et praticien, ce fut au Moyen Âge. Le rapport du droit ro-main ä la vie, lui aussi, était encore un rapport d'harmonie. Regardez en revanche les choses d'aujourd'hui, et vous constaterez que notre système juridique flotte au-dessus de la vie morale. Nombreux sont ceux qui disent : nous savons ce qui est bon, juste et équitable, mais ce n'est pas « pratique ». Cela vient du fait que le penser relatif aux principes suprêmes est détaché de la vie.

 

 

À partir du 16e siècle, nous voyons la vie spirituelle se développer davantage d'après les principes de l'entende-ment. Le membre d'une guilde siégeant avec les douze autres échevins au tribunal pour juger un délit quekonque cotnmis par un membre de la guilde était un frère pour celui qui devait être jugé. La vie s'alliait avec la vie. Chacun savait quel métier exerçait l'autre et chacun essayait de comprendre pourquoi il avait un jour dévié du droit chemin. On regardait pour ainsi dire l'intérieur de son frère, on voulait regarder en lui.


Maintenant, il s'est formé une jurisprudence telle que seul le code juridique intéresse le juge et l'avocat : tous deux ne voient qu'un « cas » auquel ils ont ä appliquer la loi. Regardez comme tout ce qui est d'ordre moral est détaché du droit. Nous avons vu cette situation se déve-lopper de plus en plus au cours du siècle dernier, alors qu'au Moyen Âge il s'était formé sous le principe de la fraternité quelque chose qui est nécessaire et important pour tout progrès fécond : l'objectivité et la confiance, qui sont aujourd'hui des principes en voie de désuétude. Le jugement de l'expert s'est aujourd'hui presque entièrement effacé devant la jurisprudence abstraite, devant le parle-mentarisme abstrait. La raison de tout le monde, la majo-rité, c'est ce qui est censé être décisif aujourd'hui, et non pas la compétence de l'expert.

Il fallait que la majorité devînt le critère préféré. Mais de même qu'en mathématiques, il n'est pas possible de voter pour obtenir un résultat juste — car 3 fois 3 font toujours 9 et 3 fois 9 font toujours 27 — il en va de même ici aussi. Il serait impossible d'appliquer le principe de l'expert sans le principe de la fraternité, de l'amour fraternel.

 


La lutte pour la vie a sa légitimité dans la vie. L'homme étant un être singulier, qui doit parcourir seul le chemin qui traverse la vie, il est obligé de mener ce combat pour l'existence. D'une certaine manière, on pourrait citer ici ces vers de Rückert 48 : « Lorsque k: rose se pare elle-même, elle pare ealement le jardin.» Si nous ne nous donnons pas la capacité d'aider nos semblables, il nous sera très difficile de les aider. Si nous ne veillons pas ä développer toutes nos dispositions, nous n'aurons que peu de succès dans l'aide que nous pourrons apporter ä nos frères. Pour développer ces dispositions, un certain égoïsme est néces-saire, car initiative et égoïsme sont deux choses qui vont ensemble. Celui qui parvient ä ne pas se laisser conduire, celui qui parvient ä ne pas se laisser influencer par la moindre image venant de son entourage, mais qui sait descendre au fond de lui-même, lä où sont les sources des forces, celui-lä fera de lui-même un être humain énergique et compétent, et il aura beaucoup plus la possibilité de rendre service ä d'autres que celui qui se laisse influencer de toutes les manières possibles par son environnement. On peut être tenté de pousser ä l'extrême ce principe qui est une nécessité pour l'être humain. Mais ce principe ne portera de bons fruits que s'il est associé au principe de l'amour fraternel.


C'est précisément pour cette raison que j'ai donné ä titre d'exemple pratique les guildes urbaines médiévales libres, pour montrer comment l'aspect pratique a pris une telle force justement grâce au principe de l'entraide de personne ä personne, d'individu ä individu. Où les gens ont-ils puisé cette force ? Dans la vie fraternelle qu'ils partageaient avec leurs semblables. Il est juste de se rendre aussi fort que possible. Mais la question est de savoir si nous pouvons finalement devenir forts sans cet amour fraternel. Celui qui s'élève une véritable connaissance de l'âme ne peut que répondre par un « non ! » catégorique.


Dans la nature entière, nous trouvons des modèles de collaboration d'individus isolés ä l'intérieur d'un grand tout. Prenez simplement le corps humain. Il se compose d'éléments autonomes, de millions et de millions d'êtres vivants singuliers, indépendants, ou cellules. Si vous observez au microscope une partie de ce corps humain, vous constatez qu'il est précisément composé d'êtres indépen-dants de cette nature. Mais comment collaborent-ils ? Comment l'élément qui doit contribuer ä la formation d'un tout dans la nature est-il devenu désintéressé ? Au-cune de nos cellules ne fait valoir sa singularité de façon égoïste. Le merveilleux instrument de la pensée, le cer-veau, est également fait de millions de fines cellules, mais chacune agit ä sa place en harmonie avec ks autres. Qu'est-ce qui permet la collaboration de ces petites cellu-les, qu'est-ce qui permet ä un être supérieur de s'exprimer au sein de ces petits êtres vivants ? C'est l'âme humaine qui suscite ce mouvement. Mais l'âme humaine ne pour-rait jamais agir ici sur terre si ces millions de petits êtres ne renonçaient ä leur singularité et ne se mettaient au service de ce grand être commun que nous appelons l'âme. C'est l'âme qui voit avec les cellules des yeux, qui pense avec les cellules du cerveau, qui vit avec les cellules du sang.

 


Nous voyons là ce que signifie le mot « union ». « Union » signi-fie la possibilité qu'un être supérieur s'exprirne ä travers les membres réunis. C'est un principe universel en toute vie. Cinq personnes qui sont ensemble, dont les pensées et les sentiments des unes sont en harmonie avec ceux des autres, sont plus que 1+1+1+1+1, elles ne sont pas seu-lement la somme des cinq, de même que notre corps n'est pas la somme des cinq sens : au contraire, la vie com-mune, l'interpénétration des vies des hommes représen-tent quelque chose de tout ä fait semblable ä l'interaction de la vie des cellules dans le corps humain. Une entité nouvelle et supérieure est présente parmi les cinq, est déjà présente au milieu de deux ou trois. « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je sui,- au milieu d'eux.» a Ce que fait naître l'union, ce n'est pas la juxtaposition de l'un et de l'autre et du troisième : c'est quelque chose de totalement nouveau. Mais cela ne peut naître que lorsque chacun vit


a Matthieu, 18, 20.

en l'autre, lorsque chacun ne puise sa force pas seulement en lui-même, mais aussi dans les autres. Et cela ne peut se produire que s'il vit en l'autre de façon désintéressée. Les assodations entre humains sont donc les lieux mystérieux dans lesquels viennent s'installer des entités spirituelles supérieures, pour agir ä travers les individus, de même que l'âme agit ä travers les éléments du corps.
À notre époque matérialiste, on n'accordera pas aisé-ment crédit ä cela, mais dans la vision du monde selon la science de l'esprit, il ne s'agit pas seulement d'une formu-lation imagée, mais de quelque chose d'éminemment réel. Celui qui pratique la science de l'esprit ne parle donc pas simplement de choses abstraites lorsqu'il parle de l'esprit d'un peuple, ou de l'âme d'un peuple, ou de l'esprit d'une famille, ou de l'esprit d'une autre communauté. L'esprit qui agit dans une communauté, on ne peut pas le voir, mais il est présent, et il est présent par l'amour fraternel que se portent les personnalités actives dans cette associa-tion. De même que le corps a une âme, une guilde, une communauté fraternelle ont également une âme et je le répète encore, ceci n'est pas une manière imagée de m'expritner : il faut considérer qu'il s'agit d'une réalité ä part entière.
Les hommes qui ceuvrent ensemble au sein de la communauté fraternelle sont des magiciens, parce qu'ils attirent dans leur cercle des êtres supérieurs. On n'a plus besoin de se réclamer des machinations du spiritisme lorsque l'on collabore avec un amour fraternel dans une communauté. Lä, des êtres supérieurs se manifestent. Si nous nous consacrons à. la communauté fraternelle, ce don, cette fusion dans la collectivité est semblable pour nos organes ä une trempe : elle les affermit. Lorsque nous agissons ou parlons ensuite en tant que membres d'une telle communauté, ce n'est pas notre âme individuelle qui agit ou parle en nous, mais l'esprit de la communauté. C'est le mystère du progrès de l'humanité future : agir ä partir de communautés. Toute époque vient prendre le relais de la précédente, chacune ayant sa mission propre ; ainsi l'époque médiévale fut-elle relayée par la nôtre, et notre époque sera ä son tour relayée par une époque fu-ture. Les fraternités médiévales ont ceuvré dans la vie pratique immédiate, en jetant les bases des arts utiles. Elles n'ont présenté les signes d'une vie matérialiste qu'après avoir porté leurs fruits, alors que le fondement de leur conscience, c'est-à-dire la fraternité, avait plus ou moins disparu, après que le principe abstrait de l'État, la vie spirituelle abstraite eut remplacé le ressentir effectif des uns ä l'intérieur des autres. Il appartient ä l'avenir de fon-der ä nouveau des communautés fraternelles, en puisant aux sources de l'esprit, aux sources des idéaux de l'âme les plus élevés. La vie des hommes a produit jusqu'alors les associations les plus variées, elle a suscité une terrible lutte pour la vie qui est parvenue aujourd'hui ä son paroxysme.

 

La vision du monde selon la science de l'esprit veut développer les biens suprêmes de l'humanité dans le sens du principe de fraternité et vous voyez alors que le mouvement universel de la science de l'esprit remplace dans tous les domaines la lutte pour la vie par ce principe de frater-nité. Nous devons apprendre ä mener une vie commu-nautaire. Nous ne devons pas croire que l'un ou l'autre soit, ä lui seul, en mesure de mener ä bien telle ou telle entreprise.
Tout le monde voudrait bien savoir comment on asso-cie lutte pour la vie et amour fraternel. C'est très simple. Nous devons apprendre ä remplacer la lutte par un travail positif, ä remplacer la lutte, la guerre, par l'idéal. On ne comprend encore que trop peu aujourd'hui ce que cela signifie. On ne sait pas de quelle lutte on parle, car dans la vie en général, on ne parle plus que de luttes. Nous avons la lutte sociale, la lutte pour la paix, la lutte pour l'éman-cipation de la femme, la lutte pour le sol, etc. De quelque côté que nous nous tournions, nous voyons des luttes.
Or la vision du monde selon la science de l'esprit a pour objectif de remplacer cette lutte par le travail positif.

Celui qui s'est familiarisé avec cette vision du monde sait que la lutte ne mène ä aucun résultat véritable en quelque domaine de la vie que ce soit. Essayez d'introduire dans la - vie ce que votre expérience et vos connaissances vous ont montré comme juste, essayez de faire valoir cela sans combattre l'adversaire. Cela ne saurait être qu'un idéal, naturellement, mais il faut qu'existe un idéal tel que l'on puisse l'introduire aujourd'hui dans la vie en tant que prin-cipe de la science de l'esprit. Des hommes qui se joignent ä d'autres hommes et qui engagent leurs forces pour tous, voilà ceux qui constituent le fondement d'une évolution future féconde.

 

 

La Société théosophique, elle-même, veut être un modèle du genre, elle n'est donc pas une société fondée sur la propagande comme d'autres, mais une société fraternelle. Dans cette société, on agit par le travail effectué par chacun des membres. Il faut seulement bien comprendre ce que cela signifie. Celui qui agit le plus effi-cacement, c'est celui qui cherche ä imposer non pas son opinion, mais plutôt ce qu'il lit dans les yeux de ses frères ; c'est celui qui interroge les pensées et les sentiments de ses semblables et se fait leur serviteur. Dans ce cercle, celui qui agit le mieux, c'est celui qui est capable dans la vie pratique de ne pas ménager son opinion personnelle. Si nous cherchons ä comprendre de cette manière que nos forces les meilleures naissent de l'union et qu'il ne faut pas vouloir maintenir l'union seulement en tant que prindpe abstrait, mais qu'elle doit être mise en ceuvre sur un mode théosophique ä chaque geste, ä chaque instant de la vie, alors nous progresserons. Seulement, il ne faut pas se montrer impatient dans cette progression.


Que nous montre donc la science de l'esprit ? Elle nous montre une réalité supérieure, et cette conscience d'une réalité supérieure, c'est ce qui nous fait progresser dans la mise en ceuvre du principe de fraternité.
On dit encore aujourd'hui des théosophes que ce sont des idéalistes dépourv-us de sens pratique. Il ne faudra pas longtemps pour qu'ils s'avèrent être les esprits les plus pratiques qui soient, parce qu'ils comptent sur les forces de la vie. Personne ne mettra en doute que l'on blesse un homme si on lui lance une pierre ä la tête. Mais on ne réfléchit pas qu'il est beaucoup plus grave d'envoyer ä une personne un sentiment de haine, qui blesse l'âme humaine bien plus gravement que la pierre ne saurait blesser le corps. Tout dépend de l'état d'esprit dans -lequel nous abordons nos semblables. Car de cela précisément dépend la force que nous pourrons investir dans une ceuvre future féconde. Si nous nous efforçons de vivre en communauté fraternelle, nous appliquons dans le domaine pratique le principe de la fraternité.

 


Être tolérant, dans le sens de la science de l'esprit, cela signifie encore quelque chose d'autre que ce que l'on entend habituellement par ce terme. Cela signifie respecter également la liberté de pensée des autres. Pousser quelqu'un de sa place, c'est un geste grossier, mais quand on fait la même chose pour des idées, personne ne remar-que que c'est une injustice. Nous parlons beaucoup, cer-tes, du respect dû ä l'opinion d'autrui, mais nous sommes peu enclins ä prendre cette vertu ä notre compte.
Un mot n'a encore pour nous presque aucune si cation, on l'entend et pourtant, on ne l'a pas entendu. Mais nous devons apprendre ä écouter avec l'âme, nous devons être capables de saisir par l'âme les choses les plus intimes. Ce qui se manifeste plus tard dans la vie physique commence toujours par être présent dans l'esprit. Nous devons donc faire taire notre propre opinion pour écouter pleinement l'autre, faire taire non seulement nos paroles, mais aussi nos sentiments, même si nous devions avoir la vague impression que ce que dit l'autre est faux. Pouvoir écouter l'autre tant qu'il parle suppose une force beaucoup plus grande que lui couper la parole. Cela apporte une compréhension mutuelle tout autre. Vous avez alors le sentiment que l'âme de l'autre vous réchauffe, vous illu-mine, lorsque vous allez ä sa rencontre de cette façon, avec une tolérance absolue. Ce n'est pas seulement la liberté de la. personne que nous devons respecter, mais la liberté totale, oui, nous devons même accorder un grand prix la liberté d'une opinion qui nous est étrangère. C'est seulement un exemple parmi tant d'autres. Celui qui coupe la parole ä un autre fait, du point de vue d'une vision spirituelle du monde, quelque chose qui ressemble ä un coup de pied physique que l'on donnerait ä autrui. Si l'on parvient ä comprendre que couper la parole ä quelqu'un constitue une emprise exercée sur lui beaucoup plus significative que lui donner un coup de pied, on commencera alors seulement ä comprendre la fraternité jusqu'en son âme, et elle devient alors un fait. Ce qui fait la grandeur du mouvement de la science de l'esprit, c'est qu'il nous ap-porte une nouvelle foi, une nouvelle conviction de l'existence des forces spirituelles qui fluent d'être humain ä être humain. C'est le principe supérieur, spirituel, de la fraternité. Chacun pourra se faire une idée de la distance qui sépare l'humanité d'un tel principe spirituel de frater-nité. Chacun pourra s'entraîner, quand il aura le temps, ä envoyer ä ceux qui lui sont chers des pensées d'amour et d'amitié. D'ordinaire, l'homme considère cela comme quelque chose d'anodin. Mais si vous réussissez un jour ä admettre que la pensée est une force au même titre que l'onde électrique émise par un appareil et captée par un récepteur, vous comprendrez également mieux le principe de fraternité, alors la conscience communautaire devien-dra progressivement plus distincte, elle deviendra pratique.

 


De ce point de vue, nous pouvons comprendre clai-rement comment la vision du monde selon la science de l'esprit conçoit la lutte pour la vie et les rapports de fra-ternité. Nous savons très exactement que pour mainte personne, placée dans la vie ä telle ou telle place, ne pas hurler avec les loups, ne pas mener aussi sauvagement que tant d'autres cette lutte pour la vie, équivaudrait tout sim-plement ä disparaître. Pour celui qui pense en termes matérialistes, il n'y a pratiquement pas d'échappatoire ä cette lutte pour la vie. Nous devons, certes, accomplir notre devoir ä la place que le karma nous a assignée. Mais nous faisons ce qui est juste quand nous comprenons que nous réaliserions bien davantage en renonçant ä voir dans le présent li-nmédiat les succès que nous visons. Même si vous êtes pris dans cette lutte pour la vie et que peut-être votre cceur saigne, mais que vous trouvez le courage d'envoyer, d'âme ä âme et dans un esprit d'amour, vos pensées ä celui que vous avez blessé dans cette lutte pour la vie : en tant que matérialiste, vous penserez certaine-ment que vous n'avez rien fait. Mais après ces réflexions, vous admettrez que cela aura nécessairement un effet ultérieur, car, de ce qui se passe dans le domaine de l'esprit, nous le savons, rien ne se perd.
C'est ainsi que parfois, l'âme tremblante et le cceur en peine, nous pouvons entrer dans cette lutte pour la vie et la métamorphoser par le travail que nous y effectuons. Travailler de cette manière dans la lutte pour la vie, cela veut dire, sur le plan pratique, transformer cette lutte pour la vie. Cela n'est pas réalisable du jour au lendemain, mais que cela soit ä notre portée, là-dessus, il n'y a aucun doute. Lorsque nous travaillons sur notre propre âme dans le sens de l'amour fraternel, c'est ä nous-mêmes que cela profite et, de ce fait, cela profite surtout ä l'humanité ; car il est vrai que nos facultés sont déracinées comme le serait une plante arrachée du sol quand nous persistons ä mener une existence isolée et égocenttique. De même qu'un ceil cesse d'être encore un ceil lorsqu'il est arraché de la tête, une âme humaine cesse d'être encore une âme humaine lorsqu'elle se sépare de la communauté humaine. Et vous verrez que nous développerons au mieux nos talents si noùs vivons au sein d'une communauté fraternelle, que nous vivrons avec l'intensité la plus grande si nous som-mes enracinés dans une totalité. Certes, il nous faut atten-dre que ce qui prend racine dans la totalité porte fruit, par suite d'un silencieux retour en soi-même.
Nous ne devons nous perdre ni dans le monde exté-rieur ni en nous-mêmes, car, au sens spirituel le plus élevé, ce que le poète a dit est vrai : qu'il faut demeurer en soi dans le silence si l'on souhaite faire germer ses talents. Mais c'est bien dans le monde que ces talents s'enracinent. Nous ne pouvons les fortifier et améliorer notre caractère que si nous vivons en communauté. C'est pourquoi il est vrai, au sens du principe de fraternité authentique et véri-table, que c'est la fraternité qui apporte le plus de forces ä l'homme, précisément dans la lutte pour la vie ; et il trou-vera la plus grande partie de ses forces dans le silence de-son cceur s'il développe toute sa personnalité, toute son individualité en union avec les autres frères humains. Il est vrai que « le talent se développe dans la retraite » — mais il est également vrai que « le caractère se forme dans le tumulte du monde » 49 - et avec lui l'homme tout entier et l'humanité tout entière.

Es ist heute unsere Aufgabe, über zwei Seeleninhalte zu sprechen, von denen der eine ein großes, die Menschheit, seit sie wirklich fühlt, durchdringendes Ideal darstellt, Bruderschaft, und der andere etwas, was uns insbesondere heute im Leben auf Schritt und Tritt begegnet, der Daseinskampf: Bruderschaft und Daseinskampf. Diejenigen von Ihnen, welche sich nur ein wenig mit den Zielen der geisteswissenschaftlichen Bewegung befaßt haben, kennen ja unseren ersten Grundsatz, den Kern einer auf allgemeiner Menschenliebe gegründeten Bruderschaft zu bilden, ohne Unterschied von Rasse, Geschlecht, Beruf, Bekenntnis und so weiter. Damit hat die Theosophische Gesellschaft selbst dieses Prinzip einer allgemeinen Bruderschaft an die Spitze ihrer Bewegung gestellt und zum wichtigsten ihrer Ideale gemacht. Angezeigt hat sie dadurch, daß sie von denjenigen Kulturbestrebungen, die uns heute vor allen andern Dingen not tun, diesen großen ethischen Zug nach der Bruderschaft hin als innig zusammenhängend ansieht mit dem, was überhaupt das Ziel der Menschheitsentwickelung ist.

Der geisteswissenschaftlich Strebende ist überzeugt, und nicht nur überzeugt, sondern sich ganz klar darüber, daß die tiefe Erkenntnis, die Erkenntnis der geistigen Welt, wenn sie wahrhaft und wirklich den Menschen ergreift, zur Bruderschaft führen muß, daß die edelste Frucht tiefer, innerster Erkenntnis eben diese Bruderschaft ist. Damit allerdings scheint die geisteswissenschaftliche Weltanschauung manchem zu widersprechen, was in den letzten Zeiten an die Menschheit herangetreten ist.

Es wird gerade in gewissen Kreisen immer wieder und wieder auf die fortschrittlich wirkende Kraft des Kampfes hingewiesen, und wie oft können wir es heute noch hören, daß des Menschen Kräfte wachsen am Widerstand, daß der Mensch stark wird an Willen und intellektueller Initiative dadurch, daß er seine Kräfte an dem Gegner messen muß. Eine Weltanschauung, die aus geistvollen Grundlagen hervorgegangen ist, die Weltanschauung Friedrich Nietzsches, hat unter manchen andern kampfbegeisterten Sätzen auch diesen: Ich liebe den Kritiker, ich liebe den großen Kritiker mehr als den kleinen. - Das können wir in den verschiedensten Abänderungen gerade bei Nietzsche als etwas, was ganz in seine Lebensanschauungen hineingehört, immer wieder und wieder finden. Mit gewissen wirtschaftlichen Anschauungen, die seit langem herrschen, hängt es zusammen, daß man in dem Kampfe aller gegen alle in der allgemeinen Konkurrenz einen mächtigen Hebel des Fortschritts sieht. Wie oft wurde gesagt, daß dadurch die Menschheit am besten vorwärtsschreiten könne, daß der einzelne sich selbst, so gut es geht, nützt und sich zur Geltung bringt. Das Wort Individualismus ist geradezu zu einem Schlagwort geworden, freilich mehr auf dem Gebiete des äußeren materiellen Lebens, aber auch nicht ohne Gültigkeit auf dem Gebiete inneren geistigen Lebens.

Daß der Mensch seinen Mitmenschen am meisten nütze, wenn er so viel wie möglich wirtschaftlich aus dem Leben herausschlägt, denn dadurch, daß er wirtschaftlich stark wird, kann er auch der Allgemeinheit mehr nützen: das ist das Glaubensbekenntnis vieler Nationalökonomen und Soziologen. Auf der andern Seite hören wir, wie immer wieder betont wird, daß der Mensch nicht aufgehen soll in einer Schablone, daß er die in ihm liegenden Kräfte allseitig entwickeln, daß er sich rückhaltlos ausleben soll, daß er zur Entfaltung bringen soll, was in seinem Inneren liegt und daß er dadurch den Mitmenschen am meisten nützen könne.

Es gibt viele unter unseren Volksgenossen, die geradezu ängstlich sind in der Verfolgung dieses Prinzips, die nicht genug darin tun können, sich auszuleben. Die geisteswissenschaftliche Weltanschauung verkennt nicht die Notwendigkeit des Kampfes ums Dasein, gerade in unserer Zeit, aber gleichzeitig ist sich diese Weltanschauung auch klar darüber, daß heute, wo dieser Kampf ums Dasein die mächtigsten Wogen schlägt, das Prinzip der Bruderschaft in seiner tiefen Bedeutung dem Verständnis wieder nähergebracht werden muß.

Die wichtigste Frage wird diese sein: Ist es denn richtig, was von so vielen geglaubt wird, daß des Menschen Kräfte vorzüglich am Widerstand wachsen, daß es vor allen Dingen der Kampf ist, den der Mensch zu führen hat, welcher ihn groß und stark gemacht hat? Ich habe in dem Vortrage über die Friedensidee, den ich vor Ihnen halten durfte, bereits darauf hingewiesen, daß dieses Prinzip des Kampfes ums Dasein im Menschenleben heute eine starke Nahrung dadurch erhält, daß die Naturwissenschaft es zu einem allgemeinen natürlichen Weltprinzip gemacht hat, daß sie, namentlich im Westen, eine Zeitlang geglaubt hat, diejenigen Wesen in der Welt seien am zweckdienlichsten gestaltet, welche ihren Gegner aus dem Felde geschlagen haben und in diesem Daseinskampfe übriggeblieben sind.

Der Naturforscher Huxley sagt: Wenn wir das Leben draußen ansehen, erscheint es uns wie ein Gladiatorenkampf, der Stärkste bleibt Sieger, die andern gehen zugrunde. - Wenn man den Naturforschern glauben würde, müßte man annehmen, daß alle die Wesen, welche heute die Welt bevölkern, in der Lage gewesen sind, die andern, die noch früher da waren, aus dem Felde zu schlagen.

Es gibt auch eine Soziologenschule, welche aus diesem Prinzip des Kampfes ums Dasein heraus geradezu eine Entwickelungslehre für die Menschheit hat machen wollen. In einem Buche, betitelt «Von Darwin bis Nietzsche», hat der Dekan Alexander Tille zu zeigen versucht, daß das Glück der Menschheit für die Zukunft davon abhängt, daß man rückhaltlos diesen Kampf ums Dasein auf die Fahne der Entwickelung der Menschheit schreibe, daß man dafür sorge, daß das Unfähige zugrunde gehe, daß man dagegen das Starke und Kräftige im Daseinskampfe züchten und fördern müsse. Der Schwache solle zugrunde gehen. Wir brauchten eine solche Gesellschaftsordnung, die den Schwachen unterdrücke, weil er schädlich sei. - Ich frage Sie: Wer ist der Starke, derjenige der eine ideale Geisteskraft, aber einen schwächlichen Körper hat, oder der andere, welcher eine weniger hohe Geisteskraft mit einem robusten Körper besitzt? - Mit allgemeinen Regeln ist hier wenig getan, wie Sie sehen. Schwer ist es, zu entscheiden, wer eigentlich übrigbleiben sollte im Daseinskampfe. Wenn es sich um praktische Maßnahmen handeln würde, so müßte zuerst diese Frage entschieden werden. Wir fragen uns nun, was zeigt sich uns, wenn wir das menschliche Leben betrachten? Hat in der Entwickelung der Menschheit das Prinzip der Bruderschaft oder das Prinzip des Daseinskampfes Großes geleistet, oder haben sie beide etwas zu der Entwickelung der Menschheit beigetragen?

Nur mit flüchtigen Worten möchte ich nochmals darauf aufmerksam machen, was ich schon in dem Vortrag über die Friedensidee gesagt habe, daß selbst die Naturwissenschaft von heute nicht mehr auf dem Boden steht, auf dem sie noch vor einem Jahrzehnt gestanden hat. Ich habe schon auf den grundlegenden Vortrag des russischen Forschers Keßler vom Jahre 1880 hingewiesen, in dem gezeigt worden ist, daß die entwicklungsfähigen und eigentlich fortschreitenden Tierarten nicht diejenigen sind, welche den größten Kampf führen, sondern welche sich gegenseitig beistehen, einander Hilfe leisten.

Damit sollte nicht behauptet werden, daß Kampf und Krieg in der Tierwelt nicht bestehen. Gewiß sind sie vorhanden, aber eine andere Frage ist es, was die Entwickelung mehr fördert, der Krieg oder die gegenseitige Hilfeleistung? Es wurde ferner die Frage aufgeworfen: überleben diejenigen Arten, deren Individuen fortwährend miteinander kämpfen, oder diejenigen, welche sich gegenseitig Hilfe leisten? Hier ist durch die angedeutete Forschung schon nachgewiesen, daß nicht der Kampf, sondern die Hilfeleistung das eigentlich Fortschrittfördernde ist. Ich habe schon auf das Buch des Fürsten Kropotkin «Gegenseitige Hilfe im Tierreich und Menschenleben» hingewiesen. Zu dem, was heute ausgeführt wird zu den Fragen, die uns hier beschäftigen, finden Sie in dem Buche manchen schönen Beitrag.

Was hat also Bruderschaft in der Menschheitsentwickelung geleistet? Wir brauchen uns nur die eigenen Vorfahren auf demselben Boden, auf dem wir heute leben, einmal anzuschauen. Man kann leicht die Vorstellung bekommen, als ob Jagd und Krieg das eigentlich Fördernde gewesen wäre und hauptsächlich den Charakter jener Menschen bedingt habe. Wer aber tiefer auf die Geschichte eingeht, wird finden, daß dies nicht richtig ist, daß gerade diejenigen, auch unter den germanischen Stämmen, am besten gediehen sind, welche das Prinzip der Bruderschaft in außerordentlicher Weise ausgebildet hatten. Wir finden dieses Prinzip der Bruderschaft vor allen Dingen in der Art und Weise ausgebildet, wie in den Zeiten vor und nach der Völkerwanderung der Besitz geregelt war. In ausgedehntestem Maße gab es da einen Gemeinbesitz an Grund und Boden.

Die Dorfmark, in welcher die Menschen beisammen wohnten, hatte einen gemeinsamen Grundbesitz, und mit Ausnahme des wenigen, was unmittelbar zum Hausgebrauch gehört, mit Ausnahme der Werkzeuge, vielleicht auch eines Gartens, war alles, was Besitz war, gemeinschaftlich. Von Zeit zu Zeit wurde der Grund und Boden von neuem wieder unter den Menschen aufgeteilt, und es zeigte sich, daß diese Stämme dadurch stark geworden waren, daß sie die Bruderschaft in bezug auf materielle Güter bis zu einer außerordentlichen Höhe getrieben hatten.

Wenn wir einige Jahrhunderte weitergehen, finden wir, daß dieses Prinzip uns in außerordentlich fruchtbringender Weise entgegentritt. Das Prinzip der Bruderschaft, wie es ausgeprägt ist in der alten Dorfmark, in den alten Zuständen, wo die Menschen ihre Freiheit im brüderlichen Zusammenleben fanden, drückte sich besonders charakteristisch darin aus, daß man so weit ging, das, was der einzelne besaß, bei seinem Tode auf seinem Grunde zu verbrennen, weil man nichts, was einem einzelnen als Einzelbesitz gehörte, nach dem Tode desselben besitzen wollte. Als mit diesem Prinzip gebrochen worden war infolge verschiedener Verhältnisse, namentlich weil einzelne sich Großgrundbesitz angeeignet hatten und die Menschen in der umliegenden Gegend dadurch zur Leibeigenschaft und zu Frondiensten gezwungen waren, da machte sich das Prinzip der Bruderschaft in einer andern, leuchtenden Weise geltend. Die, welche bedrückt waren von den Herren, den Besitzenden, wollten sich von ihrem Druck freimachen. So sehen wir in der Mitte des Mittelalters eine große, gewaltige Freiheitsbewegung durch ganz Europa gehen. Diese Freiheitsbewegung stand im Zeichen der allgemeinen Bruderschaft, aus der eine allgemeine Kultur hervorblühte. Wir sind in der sogenannten Städtekultur in der Mitte des Mittelalters.

Diejenigen Menschen, welche es nicht aushalten konnten unter der Fronarbeit auf den Gütern, entflohen ihren Herren und suchten ihre Freiheit in den erweiterten Städten. Da kamen die Menschen von oben herunter, von Schottland, Frankreich und Rußland, von allen Seiten her kamen sie und brachten die freien Städte zusammen. Dadurch entwickelte sich das Prinzip der Bruderschaft, und in der Art, wie es sich betätigte, wurde es im höchsten Maße kulturfördernd. Diejenigen, welche gemeinschaftliche, gleichartige Beschäftigungen hatten, schlossen sich zu Vereinigungen zusammen, die man Schwurbruderschaften nannte und die später zu den Gilden auswuchsen. Diese Schwurbruderschaften waren weit mehr als bloße Vereinigungen der gewerblichen oder handeltreibenden Menschen. Sie entwickelten sich aus dem praktischen Leben heraus zu einer moralischen Höhe. Das gegenseitige Sich-Beistehen, die gegenseitige Hilfeleistung war in hohem Maße bei diesen Bruderschaften ausgebildet, und viele Dinge, um die sich heute fast niemand mehr kümmert, waren Gegenstand solchen Beistandes. So leisteten sich zum Beispiel die Angehörigen einer solchen Bruderschaft in der Weise Hilfe, daß sie sich in Krankheitsfällen unterstützten. Es wurden von Tag zu Tag zwei Brüder bestimmt, die am Bette eines kranken Bruders Wache halten mußten. Es wurden die Kranken mit Nahrungsmitteln unterstützt, ja es wurde selbst über den Tod hinaus brüderlich gedacht, indem es als ganz besonders ehrenvoll galt, den zur Bruderschaft Gehörigen in entsprechender Weise zu begraben. Endlich gehörte es auch zur Ehre der Schwurbruderschaft, die Witwen und Waisen zu versorgen. Daraus sehen Sie, wie ein Verständnis für die Moral im Gemeinschaftsleben erwuchs, wie sich diese Moral auf dem Grunde eines Bewußtseins bildete, von dem sich der heutige Mensch schwer eine Vorstellung machen kann. Glauben Sie nicht, daß hier in irgendeiner Weise die gegenwärtigen Verhältnisse getadelt werden sollen.

Sie sind notwendig geworden, so wie es auch nötig gewesen ist, daß die mittelalterlichen Verhältnisse in ihrer Art zum Ausdrucke gekommen sind. Verstehen müssen wir nur, daß es auch andere Phasen der Entwickelung gab als die heutige.

In den freien Städten des Mittelalters sprach man überall von einem «Gerichtspreis», von einem «Gerichtsmarkt». Was war damit gemeint? Ich will es an einem konkreten Beispiele anschaulich machen. Wenn von den umliegenden Ländereien Produkte in eine Stadt gebracht wurden, so war es streng verboten, daß sie in den ersten Tagen anders als im Kleinverkauf abgesetzt wurden. Niemand durfte im großen kaufen und Zwischenhändler werden. Niemals war damals daran gedacht worden, daß der Preis durch Angebot und Nachfrage geregelt werden sollte. Man verstand damals beides zu regulieren. Die Gruppen in den Städten oder die Gilden mußten den Mitgliedern, welche nach Darlegung dessen, was erforderlich war, um Waren herzustellen, um Produzent zu werden, aufgenommen worden waren, den Preis für diese Produkte feststellen. Niemand durfte den Preis überschreiten. Wenn wir selbst über die Arbeitsverhältnisse ein wenig Umschau halten, dann sehen wir, wie ein gründliches Verständnis vorhanden war für das, was ein Mensch nötig hatte. Wenn wir die Arbeitslöhne der damaligen Zeit unter Berücksichtigung der ganz andern Verhältnisse betrachten, so müssen wir uns sagen, wie damals ein Arbeiter entlohnt war, das hält keinen Vergleich aus mit der Entlohnung von heute. Oftmals ist diese Tatsache von den Forschern ganz falsch gedeutet worden.

Nach praktischen Gesichtspunkten waren diese Bruderschaften gestaltet und daher bildeten sie sich auch allmählich nach solchen praktischen Gesichtspunkten aus.

Sie griffen dann von einer Stadt zur andern über, denn es war natürlich, daß diejenigen, welche in den verschiedenen Städten ein gemeinsames Handwerk und gemeinsame Interessen hatten, sich miteinander verbanden und sich gegenseitig unterstützten. So dehnten sich die Verbände von Stadt zu Stadt aus.

Die Menschheit war damals noch nicht unter Polizeimaßregeln vereinigt, sondern unter praktischen Gesichtspunkten. Wer sich die Mühe nimmt, die Verhältnisse zu studieren, welche damals gleichmäßig in den Städten Europas sichtbar waren, der merkt sehr bald, daß wir es hier mit einer ganz bestimmten Phase der Vertiefung des Bruderschaftsprinzips zu tun haben. Das zeigt sich besonders, wenn wir sehen, welche Frucht sich daraus entwickelt hat. Wir könnten zunächst auf die höchsten Gipfel hinweisen, auf die gewaltigen Kunstleistungen des 12. und 13 . Jahrhunderts. Sie wären nicht möglich gewesen ohne diese Vertiefung des Bruderschaftsprinzips. Dantes gewaltiges Werk, «Die Göttliche Komödie», verstehen wir kulturhistorisch nur dann, wenn wir die Ausprägung des Bruderschaftsprinzips verstehen. Sehen Sie sich ferner an, was in den Städten unter den Einflüssen dieses Prinzips entstanden ist, zum Beispiel wie Buchdruckerkunst, Kupferdruck, Papierbereitung, Uhrmacherkunst und die später erscheinenden Erfindungen sich unter dem freien Prinzip der Bruderschaft vorbereiteten. Was wir das Bürgertum zu nennen gewohnt sind, geht aus der Pflege des Bruderschaftsprinzips in den mittelalterlichen Städten hervor. Vieles, was durch die wissenschaftliche und künstlerische Vertiefung hervorgebracht worden ist, wäre nicht möglich gewesen ohne die Pflege dieses Bruderschaftsprinzips. Wenn ein Dom gebaut werden sollte, nehmen wir den Kölner Dom oder irgendeinen andern, dann sehen wir, daß sich zunächst eine Vereinigung bildete, eine sogenannte Baugilde, wodurch ein entschiedenes Zusammenwirken der Mitglieder einer solchen Gilde entstand.

Man kann, wenn man einen intuitiven Blick dafür hat, sogar in dem Baustil dieses Bruderschaftsprinzip zum Ausdruck gebracht sehen, man kann es zum Ausdruck gebracht sehen fast in jeder mittelalterlichen Stadt, und Sie finden es überall, ob Sie nach dem Norden von Schottland oder nach Venedig gehen, ob Sie sich russische oder polnische Städte ansehen.

Das eine müssen wir betonen, daß das Bruderschaftsprinzip unter dem Einflusse einer entschieden in die materielle Kultur hineingehenden Zeitströmung herausgekommen ist, und deshalb sehen wir sowohl in dem, was als höhere Kultur hervorgeht, wie in dem, was als Frucht jener Zeit uns bleibt, überall das Materielle, das Physische. Es mußte einmal gepflegt werden, und um es richtig zu pflegen, es auszugestalten, war dieses Bruderschaftsprinzip dazumal nötig. Aus einer Abstraktion heraus ist dieses Bruderschaftsprinzip seinerzeit hervorgegangen und durch diese Abstraktion, durch dieses verstandesmäßige Denken ist unser Leben gespalten worden, so daß man heute nicht mehr recht weiß, nicht mehr recht begreift, wie Daseinskampf und Bruderschaftsprinzip in ihrer gegenseitigen Beziehung zusammenwirken. Auf der einen Seite wurde das Geistesleben immer abstrakter und abstrakter. Moral und Gerechtigkeit, Anschauungen in bezug auf das Staatswesen und die andern gesellschaftlichen Verhältnisse wurden unter immer abstraktere Grundsätze gebracht, und der Daseinskampf wurde immer mehr und mehr durch eine Kluft von dem getrennt, was der Mensch eigentlich als sein Ideal fühlt. Dazumal, in der Mitte des Mittelalters, bestand eine Harmonie zwischen dem, was man als sein Ideal fühlte und dem, was man wirklich tat, und wenn je einmal gezeigt worden ist, daß man Idealist und Praktiker zugleich sein kann, so ist das im Mittelalter der Fall gewesen.

Auch das Verhältnis des römischen Rechtes zum Leben war noch ein harmonisches. Schauen Sie sich dagegen heute die Sache an, dann finden Sie, wie unsere Rechtsverhältnisse über dem moralischen Leben schweben. Viele sagen: Wir wissen, was gut, recht und billig ist, aber praktisch ist es nicht. - Das kommt davon her, daß das Denken über die höchsten Prinzipien vom Leben abgetrennt ist.

Vom 16. Jahrhundert ab sehen wir das geistige Leben mehr unter den Grundsätzen des Verstandes sich entwickeln. Derjenige, der aus seiner Gilde heraus, mit den andern zwölf Schöffen zusammen zu Gericht saß über irgendein Vergehen, das ein Mitglied der Gilde begangen hatte, er war der Bruder dessen, der gerichtet werden sollte. Leben verband sich mit Leben. Jeder wußte, was der andere arbeitete, und jeder versuchte zu begreifen, warum er einmal abweichen konnte von dem richtigen Wege. Man sah gleichsam in den Bruder hinein und wollte in ihn hineinsehen.

Jetzt hat sich eine Jurisprudenz herausgebildet der Art, daß den Richter und den Anwalt nur das Gesetzbuch interessiert, daß beide nur einen «Fall» sehen, auf den sie das Gesetz anzuwenden haben. Betrachten Sie nur, wie alles, was moralisch gedacht ist, von der Rechtswissenschaft losgelöst ist. Diesen Zustand haben wir immer mehr im letzten Jahrhundert sich entwickeln sehen, während im Mittelalter unter dem Prinzip der Bruderschaft sich etwas herausgebildet hatte, was notwendig und wichtig ist für jeden gedeihlichen Fortschritt: Sachverständigkeit und Vertrauen, die heute als Prinzip immer mehr in Fortfall kommen. Das Urteil des Sachverständigen ist heute fast ganz zurückgetreten gegenüber der abstrakten Jurisprudenz, gegenüber dem abstrakten Parlamentarismus.

Der Allerweltsverstand, die Majorität soll heute das Maßgebende sein, nicht das Sachverständnis. Die Bevorzugung der Majorität mußte kommen. Aber ebensowenig wie man in der Mathematik abstimmen kann, um ein richtiges Resultat herauszubringen - denn 3 mal 3 ist immer 9 und 3 mal 9 ist immer 27 -, so ist es auch da. Unmöglich wäre es, das Prinzip des Sachverständigen durchzuführen ohne das Prinzip der Bruderschaft, der Bruderliebe.

Der Daseinskampf hat seine Berechtigung im Leben. Dadurch, daß der Mensch ein Sonderwesen ist, daß er als einzelner seinen Weg durch das Leben gehen muß, ist er auf diesen Daseinskampf angewiesen. In gewisser Beziehung gilt auch hier das Wort Rückens: Wenn die Rose selbst sich schmückt, schmückt sie auch den Garten. - Machen wir uns nicht fähig, unseren Mitmenschen zu helfen, so werden wir ihnen auch schlecht helfen können. Sehen wir nicht zu, daß alle unsere Anlagen ausgebildet werden, so werden wir auch nur geringen Erfolg haben, unseren Brüdern zu helfen. Um diese Anlagen zur Entwickelung zu bringen, muß ein gewisser Egoismus vorhanden sein, denn Initiative hängt mit Egoismus zusammen. Wer es versteht, sich nicht führen zu lassen, wer es versteht, nicht jedes Bild aus der Umgebung auf sich wirken zu lassen, sondern hinabzusteigen in sein Inneres, wo die Quellen der Kräfte sind, der wird sich zu einem kräftigen und fähigen Menschen ausbilden und bei ihm wird die Möglichkeit, andern Dienste zu leisten, viel mehr vorhanden sein als bei dem, welcher sich allen möglichen Einflüssen seiner Umgebung fügt. Es liegt nahe, daß dieses Prinzip, das für den Menschen notwendig ist, ins Radikale ausgearbeitet werden kann. Nur dann wird aber dieses Prinzip die richtigen Früchte tragen, wenn es gepaart ist mit dem Prinzip der Bruderliebe.

Ich habe gerade aus diesem Grunde die freien Städtegilden des Mittelalters als praktisches Beispiel angeführt, um zu zeigen, wie das Praktische gerade unter dem Prinzip der gegenseitigen persönlichen, individuellen Hilfeleistung so stark geworden ist. Woraus haben sie die Stärke gesogen? Daraus, daß sie mit ihren Mitmenschen in Bruderschaft gelebt haben. Recht ist es, sich so stark wie möglich zu machen. Aber die Frage ist, ob wir überhaupt stark werden können ohne die Bruderliebe. Diese Frage muß derjenige, der sich zu einer wirklichen Seelenkenntnis aufschwingt, mit einem entschiedenen Nein beantworten.

Wir sehen in der ganzen Natur Vorbilder des Zusammenwirkens von Einzelwesen in einem Ganzen. Nehmen Sie bloß den menschlichen Körper. Er besteht aus selbständigen Wesen, aus Millionen und Abermillionen von einzelnen selbständigen Lebewesen oder Zellen. Wenn Sie einen Teil dieses menschlichen Körpers unter dem Mikroskop betrachten, so finden Sie, daß er geradezu aus solchen selbständigen Wesen zusammengesetzt ist. Wie wirken sie aber zusammen? Wie ist dasjenige selbstlos geworden, das in der Natur ein Ganzes bilden soll? Keine unserer Zellen macht ihre Sonderheit in egoistischer Weise geltend. Das Wunderwerkzeug des Gedankens, das Gehirn, ist ebenfalls aus Millionen feiner Zellen gebildet, aber jede wirkt an ihrem Platze in harmonischer Weise mit den andern. Was bewirkt das Zusammenwirken dieser kleinen Zellen, was bewirkt es, daß ein höheres Wesen innerhalb dieser kleinen Lebewesen zum Ausdrucke kommt? Des Menschen Seele ist es, die diese Wirkung hervorbringt. Aber niemals könnte die menschliche Seele hier auf Erden wirken, wenn nicht diese Millionen kleiner Wesen ihre Selbstheit aufgeben und sich in den Dienst des großen, gemeinsamen Wesens stellen würden, das wir als die Seele bezeichnen. Die Seele sieht mit den Zellen des Auges, denkt mit den Zellen des Gehirns, lebt mit den Zellen des Blutes.

Da sehen wir, was Vereinigung bedeutet. Vereinigung bedeutet die Möglichkeit, daß ein höheres Wesen durch die vereinigten Glieder sich ausdrückt. Das ist ein allgemeines Prinzip in allem Leben. Fünf Menschen, die zusammen sind, harmonisch miteinander denken und fühlen, sind mehr als 1 + 1 + 1 + 1 + 1, sie sind nicht bloß die Summe aus den fünf, ebensowenig wie unser Körper die Summe aus den fünf Sinnen ist, sondern das Zusammenleben, das Ineinanderleben der Menschen bedeutet etwas ganz Ähnliches, wie das Ineinanderleben der Zellen des menschlichen Körpers. Eine neue, höhere Wesenheit ist mitten unter den fünfen, ja schon unter zweien oder dreien. «Wo zwei oder drei in meinem Namen vereinigt sind, da bin ich mitten unter ihnen.» Es ist nicht der eine und der andere und der dritte, sondern etwas ganz Neues, was durch die Vereinigung entsteht. Aber es entsteht nur, wenn der einzelne in dem andern lebt, wenn der einzelne seine Kraft nicht bloß aus sich selbst, sondern auch aus den andern schöpft. Das kann aber nur geschehen, wenn er selbstlos in dem andern lebt. So sind die menschlichen Vereinigungen die geheimnisvollen Stätten, in welche sich höhere geistige Wesenheiten herniedersenken, um durch die einzelnen Menschen zu wirken, wie die Seele durch die Glieder des Körpers wirkt.

 


In unserem materialistischen Zeitalter wird man das nicht leicht glauben, aber in der geisteswissenschaftlichen. Weltanschauung ist es nicht bloß etwas Bildliches, sondern im höchsten Grade Wirkliches. Daher spricht der Geisteswissenschafter nicht bloß von abstrakten Dingen, wenn er von dem Volksgeist oder von der Volksseele oder von dem Familiengeist oder von dem Geiste einer andern Gemeinschaft spricht. Sehen kann man diesen Geist nicht, der in einer Vereinigung wirkt, aber da ist er, und er ist da durch die Bruderliebe der in dieser Vereinigung wirkenden Persönlichkeiten.

Wie der Körper eine Seele hat, so hat eine Gilde, eine Bruderschaft auch eine Seele, und ich wiederhole noch einmal, es ist das nicht bloß bildlich gesprochen, sondern als volle Wirklichkeit zu nehmen.

Zauberer sind die Menschen, die in der Bruderschaft zusammen wirken, weil sie höhere Wesen in ihren Kreis ziehen. Man braucht sich nicht mehr auf die Machinationen des Spiritismus zu berufen, wenn man mit Bruderliebe in einer Gemeinschaft zusammenwirkt. Höhere Wesen manifestieren sich da. Geben wir uns in der Bruderschaft auf, so ist dieses Aufgeben, dieses Aufgehen in der Gesamtheit eine Stählung, eine Kräftigung unserer Organe. Wenn wir dann als Mitglied einer solchen Gemeinschaft handeln oder reden, so handelt oder redet in uns nicht die einzelne Seele, sondern der Geist der Gemeinschaft. Das ist das Geheimnis des Fortschritts der zukünftigen Menschheit, aus Gemeinschaften heraus zu wirken. Wie eine Epoche die andere ablöst und jede ihre eigene Aufgabe hat, so ist es auch mit der mittelalterlichen Epoche im Verhältnis zu der unsrigen, mit unserer Epoche im Verhältnis zu der zukünftigen. Im unmittelbaren praktischen Leben, bei der Grundlegung der nützlichen Künste, haben die mittelalterlichen Bruderschaften gewirkt. Ein materialistisches Leben haben sie erst gezeigt, nachdem sie ihre Früchte erhalten hatten, ihre Bewußtseinsgrundlage, nämlich die Brüderlichkeit, aber mehr oder weniger geschwunden war, nachdem das abstrakte Staatsprinzip, das abstrakte, geistige Leben anstelle wirklichen Ineinanderfühlens getreten war. Der Zukunft obliegt es, wieder Bruderschaften zu begründen, und zwar aus dem Geistigen, aus den höchsten Idealen der Seele heraus. Das Leben der Menschen hat bisher die mannigfaltigsten Vereinigungen gezeitigt, es hat einen furchtbaren Daseinskampf hervorgerufen, der heute geradezu an seinem Gipfelpunkte angekommen ist.

Die geisteswissenschaftliche Weltanschauung will die höchsten Güter der Menschheit im Sinne des Bruderschaftsprinzips ausbilden, und so sehen Sie dann, daß die geisteswissenschaftliche Weltbewegung auf allen Gebieten dieses Bruderschaftsprinzip an die Stelle des Daseinskampfes setzt. Ein Gemeinschaftsleben müssen wir führen lernen. Wir dürfen nicht glauben, daß der eine oder der andere imstande sei, dieses oder jenes durchzuführen.

Es möchte wohl ein jeder gerne wissen, wie man Daseinskampf und Bruderliebe miteinander vereinigt. Das ist sehr einfach. Wir müssen lernen, den Kampf durch positive Arbeit zu ersetzen, den Kampf, den Krieg zu ersetzen durch das Ideal. Man versteht heute nur noch zu wenig, was das heißt. Man weiß nicht, von welchem Kampf man spricht, denn man spricht im Leben überhaupt nur noch von Kämpfen. Da haben wir den sozialen Kampf, den Kampf um den Frieden, den Kampf um die Emanzipation der Frau, den Kampf um Grund und Boden und so weiter, überall, wohin wir blicken, sehen wir Kampf.

 

Die geisteswissenschaftliche Weltanschauung strebt nun dahin, an die Stelle dieses Kampfes die positive Arbeit zu setzen. Derjenige, der sich eingelebt hat in diese Weltanschauung, der weiß, daß das Kämpfen auf keinem Gebiete des Lebens zu einem wirklichen Resultate führt. Suchen Sie das, was sich in Ihrer Erfahrung und vor Ihrer Erkenntnis als das Richtige erweist, in das Leben einzuführen, es geltend zu machen, ohne den Gegner zu bekämpfen. Es kann natürlich nur ein Ideal sein, aber es muß ein solches Ideal vorhanden sein, das heute als geisteswissenschaftlicher Grundsatz in das Leben einzuführen ist. Menschen, die sich an Menschen schließen und die ihre Kraft für alle einsetzen, das sind diejenigen, welche die Grundlage abgeben für eine gedeihliche Entwickelung in die Zukunft hinein.

Die Theosophische Gesellschaft will selbst in dieser Beziehung mustergültig sein, sie ist deshalb nicht eine Propagandagesellschaft wie andere, sondern eine Brudergesellschaft. In ihr wirkt man durch die Arbeit eines jeden einzelnen der Mitglieder. Man muß das nur einmal richtig verstehen. Derjenige wirkt am besten, der nicht seine Meinung durchsetzen will, sondern das, was er seinen Mitbrüdern an den Augen ansieht; der in den Gedanken und Gefühlen der Mitmenschen forscht und sich zu deren Diener macht. Der wirkt am besten innerhalb dieses Kreises, der im praktischen Leben durchführen kann, die eigene Meinung nicht zu schonen. Wenn wir in dieser Weise zu verstehen suchen, daß unsere besten Kräfte aus der Vereinigung entspringen und daß die Vereinigung nicht bloß als abstrakter Grundsatz festzuhalten, sondern vor allen Dingen in theosophischer Weise bei jedem Handgriffe, in jedem Augenblicke des Lebens zu betätigen ist, dann werden wir vorwärtskommen. Wir dürfen nur keine Ungeduld haben in diesem Vorwärtskommen.

Was zeigt uns also die Geisteswissenschaft? Sie zeigt uns eine höhere Wirklichkeit, und dieses Bewußtsein einer höheren Wirklichkeit ist es, was uns in der Betätigung des Bruderschaftsprinzips vorwärtsbringt.

Man nennt beute noch die Theosophen unpraktische Idealisten. Es wird nicht lange dauern, so werden sie sich als die Praktischsten erweisen, weil sie mit den Kräften des Lebens rechnen. Niemand wird daran zweifeln, daß man einen Menschen verletzt, wenn man ihm einen Stein an den Kopf wirft. Daß es aber viel schlimmer ist, dem Menschen ein Haßgefühl zuzusenden, das die Seele des Menschen viel mehr verletzt als der Stein den Körper, das wird nicht bedacht. Es kommt ganz darauf an, in welcher Gesinnung wir den Mitmenschen gegenüberstehen.

Es hängt aber auch gerade davon unsere Kraft für ein gedeihliches Wirken in der Zukunft ab. Wenn wir uns bemühen, so in Bruderschaft zu leben, dann führen wir das Prinzip der Bruderschaft praktisch aus.

Tolerant sein, heißt in geisteswissenschaftlichem Sinne noch etwas anderes, als was man gewöhnlich darunter versteht. Es heißt, auch die Freiheit des Gedankens der andern zu achten. Einen andern von seinem Platze wegzuschieben, ist eine Rüpelhaftigkeit, wenn man aber in Gedanken dasselbe tut, so fällt niemandem ein, daß dies ein Unrecht ist. Wir sprechen zwar viel von der Schätzung der fremden Meinung, sind aber nicht geneigt, dies für uns selbst gelten zu lassen.

Ein Wort hat für uns fast noch keine Bedeutung, man hört es und hat es doch nicht gehört. Wir müssen aber lernen, mit der Seele zuzuhören, wir müssen verstehen, die intimsten Dinge mit der Seele zu erfassen. Immer ist erst im Geiste vorhanden, was später im physischen Leben wird. Unterdrücken müssen wir also unsere Meinung, um den andern ganz zu hören, nicht bloß das Wort, sondern sogar das Gefühl, auch dann, wenn sich in uns das Gefühl regen sollte, daß es falsch ist, was der andere sagt. Es ist viel kraftvoller, zuhören zu können, solange der andere spricht, als ihm in die Rede zu fallen. Das gibt ein ganz anderes gegenseitiges Verständnis. Sie fühlen dann, wie wenn die Seele des andern Sie durchwärmte, durchleuchtete, wenn Sie ihr in dieser Weise mit absoluter Toleranz entgegentreten. Nicht bloß Freiheit der Person sollen wir gewähren, sondern völlige Freiheit, ja sogar die Freiheit der fremden Meinung sollen wir schätzen. Das ist nur ein Beispiel für vieles. Derjenige, der dem andern ins Wort fällt, der tut von einer geistigen Weltanschauung aus betrachtet etwas Ähnliches wie der, welcher dem andern physisch einen Fußtritt gibt.

Bringt man es dazu, zu begreifen, daß es eine viel stärkere Beeinflussung ist, einem andern ins Wort zu fallen, als ihm einen Fußtritt zu geben, dann erst kommt man dazu, die Bruderschaft bis in die Seele hinein zu verstehen, dann wird sie eine Tatsache. Das ist das Große der geisteswissenschaftlichen Bewegung, daß sie uns einen neuen Glauben, eine neue Überzeugung von den geistigen Kräften, die von Mensch zu Mensch strömen, bringt. Das ist das höhere, geistige Bruderschaftsprinzip. Jeder mag sich ausmalen, wie weit die Menschheit von solchem geistigem Bruderschaftsprinzip entfernt ist. Jeder mag sich darin ausbilden, wenn er Zeit dazu findet, seinen Lieben Gedanken der Liebe und Freundschaft zuzusenden. Der Mensch hält das gewöhnlich für etwas Bedeutungsloses. Aber wenn Sie einmal dahin gelangen, einzusehen, daß der Gedanke ebensogut eine Kraft ist wie die elektrische Welle, die von einem Apparat ausgeht und zum Empfangsapparat überströmt, dann werden Sie auch das Bruderschaftsprinzip besser verstehen, dann wird allmählich das gemeinschaftliche Bewußtsein deutlicher, dann wird es praktisch.

Von diesem Gesichtspunkt aus können wir uns klar darüber werden, wie die geisteswissenschaftliche Weltanschauung den Daseinskampf und das Bruderschaftsverhältnis auffaßt. Wir wissen ganz genau, daß mancher, der an diesen oder jenen Platz im Leben gestellt ist, einfach unterginge, wenn er nicht mit den Wölfen heulen würde, wenn er diesen Daseinskampf nicht ebenso grausam führen würde wie viele andere. Für denjenigen, der materialistisch denkt, gibt es fast kein Entrinnen aus diesem Daseinskampf. Wir sollen zwar an dem Platze unsere Pflicht tun, an den uns das Karma hingestellt hat. Wir tun aber das Richtige, wenn wir uns klar sind, daß wir viel mehr leisten würden, wenn wir darauf verzichteten, in der unmittelbaren Gegenwart die Erfolge zu sehen, die wir erreichen wollen.

Bringen Sie es übers Herz, wenn Sie vielleicht mit blutender Seele im Daseinskampfe stehen, demjenigen, dem Sie wehe getan haben im Daseinskampfe, in liebevoller Gesinnung von Seele zu Seele Ihre Gedanken zuströmen zu lassen, dann werden Sie als Materialist vielleicht denken, Sie haben nichts getan. Nach diesen Auseinandersetzungen aber werden Sie einsehen, daß dies später seine Wirkung haben muß, denn nichts, das wissen wir, ist verloren, was im Geistigen vorgeht.

So können wir manchmal mit zagender Seele, mit Wehmut im Herzen den Daseinskampf aufnehmen und durch unsere Mitarbeit denselben umwandeln. So in diesem Daseinskampfe arbeiten, heißt in praktischer Beziehung den Daseinskampf ändern. Nicht von heute auf morgen ist das möglich, aber daß wir es können, ist außer allem Zweifel. Wenn wir an der eigenen Seele im Sinne der Bruderliebe arbeiten, dann nützen wir dadurch, daß wir uns nützen, am meisten der Menschheit, denn wahr ist es, daß unsere Fähigkeiten entwurzelt sind wie eine aus dem Boden gerissene Pflanze, wenn wir im selbstischen Sondersein verharren. Sowenig ein Auge noch ein Auge ist, wenn es aus dem Kopfe gerissen wird, sowenig ist eine menschliche Seele noch eine Menschenseele, wenn sie sich von der menschlichen Gemeinschaft trennt. Und Sie werden sehen, daß wir unsere Talente dann am besten ausbilden, wenn wir in brüderlicher Gemeinschaft leben, daß wir am intensivsten leben, wenn wir im Ganzen wurzeln. Freilich müssen wir abwarten, bis das, was Wurzel schlägt im Ganzen, durch stille Einkehr in sich selbst zur Frucht reift.

Wir dürfen uns weder in der Außenwelt noch in uns selbst verlieren, denn wahr ist es im höchsten geistigen Sinne, was der Dichter gesagt hat, daß man stille bei sich selbst sein muß, wenn unsere Talente heraustreten sollen.

Aber diese Talente wurzeln doch in der Welt. Sie stärken und uns dem Charakter nach bessern können wir nur dann, wenn wir in der Gemeinschaft leben. Deshalb ist es wahr im Sinne des echten wahren Bruderschaftsprinzips, daß die Brüderlichkeit den Menschen gerade im Daseinskampfe am allerstärksten macht, und er wird am meisten von seinen Kräften in der Stille seines Herzens finden, wenn er seine ganze Persönlichkeit, seine ganze Individualität mit den andern Menschenbrüdern zusammen ausbildet. Wahr ist es: Es bildet ein Talent sich in der Stille -, wahr ist es aber auch: Es bildet ein Charakter und damit der ganze Mensch und die ganze Menschheit sich im Strome der Welt.