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Collection: 10 -Anarchistes, anarchisme,
et individualisme éthique.
Le darwinisme est plutôt vrai pour les humains que pour les animaux. Darwinismus stimmt eher für Mensch als für Tier.

 

 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes : 054 035-036 (1983) 12/10/1905
Traducteur: FG Editeur: SITE

La recherche spirituelle ne peut se mêler aux affaires quotidiennes imtnédiates. Il ne faut pas croire pour autant que la quête de la connaissance de l'esprit soit quelque chose qui flotte dans les nuages au-dessus de toute réalité et n'ait rien ä voir avec la vie pratique. Nous ne voulons ni parler des événements qui bouleversent le monde aujour-d'hui sur le ton des quotidiens d'informations ni ressem-bler ä ceux qui voudraient être aveugles et sourds ä ce qui émeut directement le cceur humain, ä ce qui nous touche immédiatement. L'explorateur de l'esprit doit toujours trouver son chemin entre ces deux écueils, sans jamais se perdre dans les opinions et les points de vue de la vie quotidienne ; d'autre part, il ne doit jamais se laisser pren-dre dans les rets des pures abstractions vides ni tomber sous la coupe de certaines autorités. J'ai souvent pu répé-ter en ce même lieu que la science de l'esprit doit faire de nous des gens doués de sens pratique, immédiatement pradque, beaucoup plus pratique que celui des gens qui pensent d'ordinaire en avoir. Mais elle doit nous conférer ce sens pratique en nous introduisant dans le domaine des forces profondes de la vie, en nous en expliquant le fonc-tionnement afin de mettre nos actes en harmonie avec les grandes lois de l'univers. Car on ne peut réussir ä réaliser quoi que ce soit au monde, on ne peut intervenir dans la marche de l'univers que si l'on agit dans le sens des gran-des lois de l'univers.

 


Après ce préambule, permettez-moi d'évoquer quel-ques faits uniquement destinés nous rappeler l'importance de nos que.stions d'aujourd'hui et, aimerais-je dire, leur actualité.

L'un de ces faits, dont chacun d'entre vous se sou-viendra peut-être, c'est que, le 24 août 1898, le plénipo-tentiaire du tsar adressa une circulaire aux diplomates étrangers résidant ä Saint-Pétersbourg où se trouvent entre autres les lignes suivantes : « Le maintien de la paix générale et une éventuelle réduction des armements déme-surés qui pèsent sur toutes les nations, voilä deux objectifs qui se présentent comme un idéal au reg-ard de la situation mondiale actuelle, et sur lesquels devraient porter les ef-forts de tous les gouvernements.
Sa Majesté l'Empereur, mon auguste Maître, se consa-cre ä cette tâche avec humanité et magnanimité. Convaincu que ce but suprême correspond aux intérêts essentiels et aux vceux légitimes de toutes les puissances, le gouvernement itnpérial pense que le moment présent est extrêmement favorable, par la voie d'une conférence intemationale, pour chercher les moyens les plus efficaces pour garantir et assurer les bienfaits d'une paix durable et avant tout pour mettre un terme au continuel développe-ment des armements actuels. »16

 

 


Dans cette lettre, se trouvent encore les paroles sui-vantes : « Comme les charges financières vont en aug-mentant et menacent dans ses racines le bien-être du peu-ple, le travail et le capital sont détournés en grande partie de leur fonction naturelle et engagés dans des voies im-productives. Des millions ont été dépensés par centaines pour acheter de terribles machines de destruction qui sont considérées actuellement comme le dernier cri de la science et sont condamnées dès demain ä perdre toute valeur par suite d'une quelconque invention nouvelle en de domaine... C'est pourquoi les proportions dans les-quelles croissent les armements de toutes les puissances correspondent de moins en moins aux buts que s'étaient fixés les différents gouvernements. » La missive conclut en disant qu'une conférence serait, avec l'aide de Dieu, un signe favorable pour le siècle ä venir. Ce manifeste fait suite indubitablement ä une résolution. En quels termes cette dernière ›a pu se réaliser, cela, les événements récents nous l'apprennent. Cette résolution n'est pas spécialement nouvelle, car nous pouvons même remonter les siècles, et "nous rencontrons alors, aux 6e, 17e siècles, un prince, Henri IV de France a, qui lança en son temps l'idée d'une conférence générale de la paix. Sept des seize pays concernés avaient donné leur accord, lorsqu'Henri W fut assassiné. Personne n'a jamais poursuivi son ceuvre. Vrai-semblablement, nous pourrions, si cela était nécessaire, - remonter encore bien plus loin dans le temps pour trouver l'origine des résolutions ä visée similaire et émanant de ces hautes instances.

 


Voilà la première série de faits. Voici l'autre : la Confé-rence de la paix eut lieu. Vous connaissez tous le nom de la personnalité méritante qui poursuit son idéal avec une passion rare, alliée ä une exceptionnelle connaissance du dossier : Bertha von Satiner. Un an après la Conférence de paix de La Haye, elle essaya d'en rassembler les actes pour en faire un livre dans lequel elle consigna les discours, souvent brillants et magnifiques, qui y furent prononcés. Elle écrivit une introduction ä ce livre. Je vous prie de prendre en compte le fait qu'une année s'était écoulée lorsque Bertha von Suttner put regarder de près l'ceuvre de la Conférence de paix. Au bout d'un an, elle pressentait déjà les suites. En opposition diamétrale ä ces déclara-tions, nous avions eu entre temps la guerre sanglante du Transvaal b après des négociations qui avaient échoué et aujourd'hui, nous avons ä nouveau la guerre e. Si nous regardons un peu partout ce qui se passe dans le monde, nous voyons beaucoup de nobles esprits se battre pour l'idée de la paix, dans les cceurs de certains grands idéalis-tes, nous trouyons même l'amour d'une paix mondiale, et pourtant, d'un autre côté, il n'y a jamais eu par le passé
a Henri IV, roi de France.
Guerre du Transvaal : 1899-1902. Guerre russo-japonaise 1904/05.

autant de sang répandu sur la planète qu'aujourd'hui. C'est un fait qui est grave, très grave pour toute personne qui se préoccupe des grandes questions de l'âme.
D'un côté, nous avons les apôtres absolus de la paix qui s'activent fébrilement. Nous avons les remarquables travaux de Bertha von Suttner qui a su présenter avec une exceptionnelle éloquence toutes les horreurs des combats et de la guerre ; mais n'oublions pas que nous avons éga-lement le revers de cette médaille. N'oublions pas que, parmi nos penseurs doués de jugement, nombreux sont ceux qui nous réaffirment sans cesse qu'ils considèrent le combat comme quelque chose de nécessaire au progrès, quelque chose qui endurcit. Les forces ne grandissent qu'en luttant contre les résistances. Le chercheur qui a rallié ä lui tant de penseurs d, combien de fois a-t-il répété qu'il souhaitait une guerre énergique, et que seule une guerre énergique pouvait faire progresser les forces dans la nature. Il n'a peut-être pas formulé cela en termes si radi-caux, c'est toutefois ainsi que pensent de nombreuses personnes. Même au sein de notre mouvement de science de l'esprit, des voix se sont levées pour dire que c'était une faiblesse, et même un pêché contre l'esprit de la puissance nationale, d'émettre des réserves envers la guerre qui nous a apporté un honneur national, une puissance nationale. En ce domaine, les oppositions de points de vue sont actuellement encore violentes, très violentes. Mais la Conférence de paix de La Haye a apporté une chose. Elle a fait entendre les voix de toute une série de personnes qui occupent des postes de direction dans les affaires publi-ques. De nombreux représentants des États ont ä l'époque donné leur accord pour que la Conférence de La Haye puisse avoir lieu. On aurait pu croire qu'une cause qui avait trouvé un tel accord venant de si hauts lieux allait ouvrir d'éminentes perspectives.
Pour pouvoir vraiment prendre une position


d il est fait ici allusion ä Ernst Haeckel.

conforme ä. une vision spirituelle du monde et de la vie, nous devons jeter sur toutes ces choses un regard plus profond. Si nous considérons la question de la paix comme une question idéale, telle qu'elle s'est développée au cours du temps et que nous considérons ä côté de cela les réalités du combat et de la lutte, nous devons dire que peut-être la manière dont on poursuit cet idéal d'une paix universelle exige un examen attentif. Beaucoup de ceux qui ont mené la g-uerre sont les mêmes qui portent en leur cceur douleur et même horreur en face des suites et des effets de la guerre. Une question nous vient alors aux lèvres : est-ce que les guerres viennent de quelque chose que l'on peut éliminer du monde par des principes et des points de vue ? Celui qui regarde plus profondément dans les âmes des hommes sait qu'il y a deux choses distinctes et fort différentes qui suscitent ce qui conduit ä la guerre. La première est ce que nous nommons faculté de juger, entendement, idéalisme, l'autre, ce sont l'avidité humaine, les inclinations humaines, les sympathies et les antipathies humaines. Bien des choses seraient différentes dans le monde s'il était possible de régler les désirs, les souhaits et les passions selon les préceptes du cceur et de la raison. Ce n'est malheureusement pas possible : c'est toujours le contraire qui s'est passé jusqu'à maintenant dans l'humanité. Devant ce que veut absolument la passion, ce qu'exige le désir avide, l'entendement et même le cceur placent le masque de leur idéalisme. Si vous regardez l'histoire de l'évolution humaine, vous pouvez sans cesse vous reposer cette question, lorsque vous voyez id ou là la lumière de quelque précepte, de quelque thèse idéaliste : « Quels désirs ardent et quelles passions sont aux aguets en arrière-plan ? » Si nous réfléchissons ä cela, il se pour-rait tout ä Éait que l'on ne puisse pas avancer dans cette question avec les plus beaux principes, précisément au-jourd'hui, il se pourrait que quelque chose d'autre soit nécessaire, simplement parce que passions, pulsions et désirs humains ne sont pas encore suffisamment épurés pour suivre l'idéalisme de l'individu. Vous voyez que la question est plus profonde et que nous devons creuser plus profondément pour en saisir les racines. Nous devons vraiment pénétrer du regard l'âme humaine et ses forces fondamentales si nous voulons porter un jugement exact sur cette situation ; l'homme n'a pas toujours une v-ue assez ample de son évolution, il ne voit souvent qu'un petit intervalle de temps et il faut alors qu'un champ de vision plus vaste s'offre ä notre regard, d'une part vers les profondeurs et de l'autre dans le temps, afin que nous puissions élaborer un jugement sur les forces qui doivent nous faire pénétrer dans le futur.

 


Observons maintenant l'âme humaine, en un point où nous pouvons peut-être l'étuclier jusqu'en ses profon-deurs. Nous avons alors aujourd'hui l'autre aspect de ce que nous avons abordé il y a huit jours. Nous avons une théorie scientifique, que l'on appelle le darwinisme. Dans cette conception scientifique, il y a un concept qui joue un grand rôle. Ce concept, c'est celui de « lutte pour la vie ». Toute notre science, toutes nos théories ont été placées pendant des décennies sous le signe de la « lutte pour la vie ». Les naturalistes disaient : ce sont les créatures qui, dans cette « lutte pour la vie », savent se maintenir au monde mieux que les autres, celles qui acquièrent le plus de domination sur leurs semblables, ce sont elles qui res-tent, les autres disparaissent. Nous n'avons donc pas ä nous étonner si les créatures qui nous entourent sont celles qui sont le mieux adaptées, car elles se sont formées au cours de millions d'années. Les meilleurs sont restés, les plus faibles ont disparu.

 

 


Le mot d'ordre de la recherche est devenu : « lutte pour la vie ». Et d'où est venue cette notion de « lutte » qui est entrée lä ? Elle n'est pas venue de la nature. Dar-win 17 lui-même, bien qu'il en ait une vision de plus grande envergure que celle de ses successeurs, l'a empruntée ä une vision de Malthus 18 sur l'histoire de l'humanité, dont le succès allait grandissant, cette vision selon laquelle la Terre offre des ressources alimentaires qui croissent dans une mesure bien moindre que la population. Ceux qui se .sont penchés sur la question sauront que l'on formule ceci de la façon suivante : les ressources alimentaires croissent selon une progression arithmétique, la population selon une progression géométrique. Cela engendre une « lutte pour la vie », une guerre de tous contre tous. Partant de cela, Darwin a également supposé une « lutte pour la vie » aux origines de la nature. Et cette vision ne correspond pas ä une simple idée, mais aux conditions de vie moder-nes. Cette « lutte pour la vie », sous la forme de la concur-rence économique générale, est devenue réalité effective jusque dans les conditions de vie individuelles. On a v-u cette « lutte pour la vie » toute proche, on l'a considérée comme quelque chose de naturel dans le règne humain et on l'a ensuite intégrée aux sciences.


Ernst Haeckel, qui a vu dans l'activité guerrière, dans la guerre même un levier culturel, est parti de considéra-tions de ce genre. La lutte, ce serait ce qui rend fort, ce qui est faible doit disparaître, la culture exige que ce qui est faible disparaisse. L'éconotnie nationale a transféré ensuite cette lutte dans le monde des hommes. Nous avons ainsi de grandes théories au sein de notre économie nationale, parmi nos théories sociales qui considèrent la « lutte pour l'existence » comme quelque chose de tout ä fait légitime, inséparable de l'évolution humaine. En ces domaines, muni de ces principes mais non sans préjugés, on est remonté jusqu'aux périodes les plus anciennes et l'on a essayé d'étudier la vie de populations sauvages et barbares. On croyait pouvoir élucider le développement culturel de l'homme, on croyait trouver lä le principe guerrier le plus sauvage. HuxIty a dit : regardons la nature animale, la « lutte pour la vie » ressemble ä un combat de gladiateurs, et c'est une loi naturelle. Regardons, depuis les animaux supérieurs, les animaux inférieurs et considérons la mar-che du monde telle qu'elle s'est déroulée jusqu'alors, le monde des faits nous enseigne partout que nous vivons dans une « lutte pour la vie » généralisée.

 


Vous le voyez, cela a pu être formulé, cela a pu être proclamé comme une loi universelle. Celui qui sait bien que les paroles ont leurs racines profondes dans l'âme humaine se dira que les sentirnents, la sensibilité, la tona-lité psychique de nos meilleurs esprits part encore de cette vision que la guerre, le combat dans le genre humain, et même dans la nature entière est quelque chose qui corres-pond ä une loi, quelque chose auquel on ne peut pas échapper. Maintenant, vous pouvez dire : mais les cher-cheurs ont peut-être été des savants pleins d'humanité, qui appelaient de leurs vceux, dans leur profond idéalisme, la paix, l'accord. Mais leur statut, leur science les a convain-cus qu'il n'en allait pas ainsi, et ils ont peut-être écrit leurs théories le cceur saignant ; ce serait une objection, sans la survenue de quelque chose de tout différent. Il nous est permis de dire que parmi tous ceux qui revendiquaient une pensée scientifique et économique, dans toute l'Europe de l'ouest et du centre, dans les années soixante et soixante-dix, la théorie que nous avons caractérisée était courante. Il était courant de dire que guerres et combats étaient une loi de la nature, ä laquelle on ne pouvait échapper. On en avait définitivement terminé avec la vieille conception de Rousseau que c'était seulement la nature déchue de l'être humain qui avait introduit dans la paix universelle de la nature guerre et combat, opposition et disharmonie. À la fin du 18e siècle, régnait encore cette atmosphère rousseauiste, affirmant que, si l'on regarde dans la vie de la nature qui échappe encore ä l'influence de la civilisation humaine, on trouve partout harmonie et paix. C'est l'homme seul, avec son arbitraire et sa culture, qui a introduit dans le monde combats et querelles. C'était encore la vision de Rousseau, et les chercheurs nous assu-rèrent dans le dernier tiers du 19e siècle que ce serait en effet très bien s'il en était ainsi, mais que ce n'était pas le cas. Les faits nous enseignent autre chose.

 

 


Et pourtant, posons-nous sérieusement la question :

est-ce le sentiment qui a parlé ou bien les faits ? Si les faits parlaient en ce sens, nous pourrions difficilement émettre des objections. C'est alors que parut un homme curieux, un homme qui fit une conférence lors de l'Assemblée des naturalistes de 1880 ä Saint Pétersbourg en Russie, une conférence dont la profondeur est d'une grande impor-tance pour tous ceux qui s'intéressent de très près ä ce sujet. Cet homme est le zoologue Kessler 19. Il mourut peu de temps après. Sa conférence traitait du principe dé l'entraide dans la nature. Pour tous ceux qui se penchent avec sérieux sur le sujet, il s'ouvre des perspectives tout ä fait nouvelles pour la recherche et la réflexion scientifique ainsi stimulées. Pour la première fois ä l'époque moderne, des faits furent rassemblés dans toute la nature, prouvant que toutes les théories antérieures sur la « lutte pour la vie » ne concordent pas avec la réalité.
Dans cette conférence, il est exposé et prouvé par les faits que ce n'est pas par la « lutte pour la vie » que les espèces animales, les groupes animaux se développent, qu'en vérité la « lutte pour la vie » entre deux espèces est un cas exceptionnel, et n'existe pas ä l'intérieur d'une même espèce, dont les individus au contraire s'apportent une aide mutuelle, et que ce sont les espèces dont les individus sont les plus prédisposés ä s'entraider qui se conservent le plus longtemps. Ce n'est pas le combat, mais l'entraide qui confère longue vie. On était ainsi parvenu ä un nouveau point de vue. Et voilä que la recherche mo-derne, par un curieux enchaînement de circonstances, a permis au prince Kropotkine 2°, une personnalité qui défend une position absolument incroyable ä notre épo-que, de poursuivre les recherches dans cette voie. Chez les anirnaux et dans les tribus, il a pu montrer en s'appuyant sur une multitude de faits quelle importance revêt dans la nature ce principe de l'entraide. Je ne peux que recom-mander à' chacun d'étudier ce livre, qui a été traduit en allemand par Gustav Landauer e. Ce livre apporte une somme de concepts et de représentations relatifs ä l'être humain qui sont une véritable école permettant de s'élever ä une vision spirituelle. Mais nous n'avons une juste com-préhension de ces faits que si nous les envisageons ä la lumière de ce que l'on appelle la conception ésotérique, si nous pénétrons ces faits avec les bases de la science de l'esprit. Je pourrais déjà citer quelques exemples éloquents, mais vous pourrez les lire dans l'ouvrage que j'ai indiqué. Le principe de l'entraide dans la nature est le suivant : ceux qui ont intégré le plus largement ce principe sont ceux qui vont le plus loin. Les faits sont donc parlants et seront de plus en plus parlants pour nous. Dans la vision du monde selon la science de l'esprit, quand nous parlons d'une espèce animale quelconque, nous en parlons comme s'il s'agissait d'un individu, de l'individualité distincte d'un être humain. Une espèce animale est pour nous la même chose, dans un domaine inférieur, que l'individu humain sur un plan supérieur. Je l'ai déjà dit une fois ici : il y a un fait que l'on doit avoir clairement sous les yeux pour comprendre ce qui oppose l'être humain ä tout le règne animal. Cette opposition s'exprime dans la formule : l'homme a une biographie, l'animal n'a pas de biographie. Chez l'animal, nous sommes satisfaits lorsque nous avons décrit l'espèce. Chez l'homme, nous disons : père, grand-père, oncle, fils ; chez le lion, ces degrés ne se distinguent pas au point qu'il nous soit nécessaire de décrire chacun en particulier. Bien sûr, je sais que l'on peut faire ici beau-coup d'objections. Je sais que celui qui airne un chien ou un singe croit pouvoir écrire une biographie du chien ou du singe. Or une biographie ne doit pas contenir ce que l'autre peut savoir d'un être donné, mais ce que cet être lui-même a su. La conscience de soi est partie intégrante d'une biographie et en ce sens, seul l'être humain a une biographie. Celle-ci correspond ce qui est chez l'animal


e Gustav Landauer, écrivain socialiste.

une description de toute l'espèce. Le fait que chaque groupe animal ait une âme de groupe est la traduction ex-térieure de l'âme que porte en lui chaque être humain individuel.

 

 

 

 

 


Il m'a déjà été donné d'exposer ici qu'un monde caché est lié immédiatement ä notre monde physique : le monde astral, qui ne comporte pas d'objets ou d'entités que l'on peut percevoir par les sens mais qui est fait du même tissu que celui de nos passions et de nos désirs. Si vous exami-. nez l'être humain, vous pouvez voir qu'il a fait descendre son âme jusque sur le plan physique ou le monde physi-que. Dans ce monde physique, il n'y a pas d'âme indivi-duelle pour l'animal. Mais vous trouvez pour l'animal une âme individuelle qui se trouve sur ce que l'on appelle le plan astral, dans le monde astral caché derrière notre monde physique. Les groupes animaux ont des âmes individuelles dans le monde astral. C'est là que nous trou-vons la différence entre l'être humain et le règne animal. Et quand nous nous demandons : qu'est-ce qui combat, en réalité, quand nous observons dans le règne animal la « lutte pour la vie » ? Nous devons dire alors : la vérité, c'est que, derrière ce combat que se livrent les espèces animales, il y a le combat astral des passions et des désirs de l'âme qui prend racine dans l'âme de l'espèce ou du groupe. Mais s'il était question d'une « lutte pour la vie » au sein de l'espèce dans le règne animal, cela serait compa-rable ä un combat entre les différentes parties de l'âme ä l'intérieur de l'être humain. C'est une vérité importante. La lutte au sein d'une même espèce animale ne saurait être la règle : la « lutte pour la vie » ne peut avoir lieu qu'entre différentes espèces. Car l'âme de toute l'espèce est une âme globale, ce qui lui donne la charge impérative de régner sur les parties. Cette entraide que nous pouvons observer parmi les différentes espèces du monde animal est tout simplement l'expression de l'activité unitaire de l'espèce ou de l'âme du groupe. Et si vous regardez tous ces exemples, que vous trouvez dans l'intéressant ouvrage que j'ai indiqué, vous pouvez avoir une vue assez claire de la manière dont agissent les âmes de groupe. Par exemple, quand un individu d'une certaine espèce de crabes se re-trouve par hasard sur le dos, et ne peut plus se retourner lui-même, un grand nombre d'animaux se trouvant ä proximité viennent Paider ä se remettre d'aplomb. Ce soutien mutuel vient d'un organe de l'âme commune aux animaux. Regardez également la manière dont les scara-bées se soutiennent pour veiller sur les ceufs de la com-munauté ou les protéger, pour transporter une souris morte, etc., comment ils s'allient, ils se soutiennent, ac-complissent des tâches en commun : c'est alors l'âme du groupe que vous voyez ä Pceuvre. Vous pouvez faire ces observations jusque dans les espèces les plus évoluées. Vraiment, celui qui a un sens pour percevoir cette action dans l'entraide mutuelle chez les animaux se fera peu à. peu une image, une idée, une notion de Pceuvre des âmes de groupe. C'est prédsément en ce domaine qu'il peut faire l'apprentissage de la vision avec les yeux de l'esprit. L'ceil devient alors solaire.
Chez l'être humain, nous avons affaire ä une âme de groupe devenue individuelle. En chaque individu humain, vit une âme de groupe de ce genre. Et donc pour l'homme, comme pour les différentes espèces animales, il est en fait possible qu'il entre en guerre en tant qu'individu contre un autre individu. Mais regardons un peu le but de cette lutte, pour voir si la lutte survient dans l'évolution comme une fin en soi. Qu'est-il donc advenu de la lutte entre les espèces ? Les espèces qui restent sont celles qui se soutiennent mutuellement et celles qui ont eu les rela-tions les plus guerrières ont disparu. Telle est la loi de la nature. Il nous faut donc dire que, dans la nature exté-rieure, le progrès dans l'évolution consiste ä instaurer la paix ä la place de la lutte. Lä où la nature est parvenue ä un certain point, au grand tournant, en fait, l'équilibre règne. La paix, en direction de laquelle s'est déroulé le grand combat, est établie. Pensez donc que des plantes mènent entre elles, en tant qu'espèces, une lutte pour l'existence. Mais n'oubliez pas le beau soutien extraordi-naire que s'apportent le règne végétal et le règne animal dans leur processus d'évolution commune : l'animal ins-pire de l'oxygène, rejette de l'azote f, la plante rejette de l'oxygène et absorbe de l'azote Ainsi la paix dans l'univers est-elle possible.
Ce que la nature parvient ainsi ä faire par sa propre force, l'homme a pour destination de le réaliser ä partir de sa nature individuelle. L'homme a progressé par degrés, et c'est aussi par degrés que s'est formée chez lui ce que nous reconnaissons comme la conscience de soi de notre âme individuelle. Nous devons considérer la situation actuelle du monde comme un stade d'évolution et discer-ner sa tendance future. Si vous remontez ä des époques lointaines, vous voyez encore ä l'origine du règne humain des âmes de groupe qui agissent dans des petites tribus ou familles ; lä, nous avons donc affaire, également chez l'être humain, ä des âmes de groupe. Plus vous jetez un regard rétrospectif, plus les êtres humains qui sont ainsi réunis vous apparaissent comme un bloc compact, monolithique. Il y avait comme un seul esprit qui traversait l'ancienne communauté villageoise, qui devint ensuite l'État primitif. Vous pourriez étudier ä quel point les masses qui entrè-rent en guerre sous l'impulsion d'Alexandre le Grand étaient quelque chose de différent des masses actuelles entraînées dans un conflit, avec leur volonté individuelle beaucoup plus développée. Il faut jeter un juste éclairage sur ces faits. Car la marche de la culture veut que les hommes deviennent de plus en plus individuels, autono-mes et conscients, conscients d'eux-mêmes. Le genre humain s'est formé ä partir de groupes, de communautés. Et de même' que nous avons des âmes de groupe, qui dirigent les différentes espèces anitnales, les peuples étaient guidés par les grandes âmes de groupe. L'homme


f Le traducteur soupçonne une erreur : c'est de gaz carbonique qu'il devrait s'agir.

échappe de plus en plus, par son éducation progressive, ä la direction de l'âme de groupe et devient de plus en plus autonome. Alors qu'autrefois dans les groupes les rela-tions avec les compagnons ne se passaient que dans une moindre mesure sur le mode de l'inimitié, cette autonomie l'amena ä être effectivement aujourd'hui au cceur d'une lutte pour la vie qui agite toute l'humanité. Telle est la situation de notre monde et tel est le destin spécifique de notre race, c'est-à-dire de notre présent immédiat.
Dans la science de l'esprit, nous distinguons, dans la phase actuelle d'évolution cosmique, cinq grandes races qui se succèdent dans le temps, puis ce que l'on appelle des sous-races. La première sous-race se développa dans des temps reculés, dans l'Inde lointaine. Cette sous-race fut tout d'abord caractérisée par la culture sacerdotale qui l'imprégnait. Ce fut cette culture sacerdotale qui donna les premières impulsions ä notre race actuelle. Cette culture avait ses origines dans la civilisation atlantéenne, implantée sur ce qui constitue aujourd'hui le fond de l'Océan atknti-que. Ce fut cette race qui donna le ton ; d'autres sous-races suivirent, nous sommes aujourd'hui la cinquième. Il ne s'agit pas d'une division empruntée ä l'anthropologie ou ä une quekonque théorie des races, mais d'une division dont nous trouverons l'explication plus détAillée dans la sixième conférence de ce cycle. La cinquième race est celle qui a fait accomplir ä l'être humain le plus de progrès dans son individualisation, dans sa conscience individuelle. Le christianisme a précisément préparé l'être humain ä accé-der à une telle conscience individuelle : il fallait que Uhomme conquit cette conscience de soi. Si nous tour-nons nos regards vers l'époque pré-chrétienne, lorsque furent édifiées dans l'Égypte antique les gigantesques pyramides, une armée d'esclaves a réalisé des travaux diffidles et pénibles ä un degré dont aucun homme ne peut plus se faire une idée exacte. Pourtant, c'est avec une paix immense et le sentiment d'une chose qui allait de soi que, la plupart du temps, ces ouvriers ont travaillé. Ils ont construit parce qu'à cette époque, la doctrine de la réin-carnation et du karma était une évidence. Aucun livre ne vous parlera de cela, mais cette vérité s'imposera peu ä peu ä vous si vous pénétrez dans la science de l'esprit. Chaque esclave qui avait les mains meurtries ä force de labeur, qui se trouvait dans la misère et la détresse, savait en lui-même très exactement : c'est une vie parmi de nombreuses autres, et les souffrances que j'endure ä pré-sent, j'ai ä les assumer comme conséquence de ce que je me suis préparé au cours de mes vies antérieures ! Mais si tel n'est pas le cas, je recevrai dans une vie future le fruit de ma vie présente ; celui qui me donne des ordres aujour-d'hui a été autrefois dans la même situation que celle où je me trouve, ou il y sera plus tard.
Mais ces considérations n'auraient jamais permis le déploiement de la vie terrestre consciente et les puissances sublimes qui dirigent les destinées du genre humain sa-vaient ce qu'elles faisaient lorsqu'elles firent disparaître pendant des millénaires, la conscience de la réincarnation et du karma. Ce fut le grand apport du christianisme d'avoir fait disparaître la vision d'un au-delä qui doit jouer un rôle de compensation, et d'avoir attiré l'attention sur l'extraordinaire importance du monde d'ici-bas.
Il est possible que la version radicale de cette impulsion soit allée trop loin, mais il fallait qu'elle intervienne, car les choses du monde n'évoluent pas selon la logique, mais selon d'autres lois. De cette vie terrestre, on a fait découler une éternité de punitions ; c'est la tendance de l'évolution qui a conduit ä cela, même si cela paraît inco-hérent. Ainsi l'humanité a-t-elle appris ä devenir cons-ciente de cette existence terrestre unique. C'est ainsi que la Terre, ce plan physique, devint quelque chose d'infiniment important pour l'être humain. Il fallait que cela devienne ainsi, il fallait en venir ä cette situation. Tout ce qui se passe aujourd'hui, toutes les conquêtes matérielles réali-sées sur le globe terrestre, tout cela n'a pu se développer qu'à partir d'un état d'esprit qui repose sur l'intention d'éduquer cette Terre. Nous voyons donc le fruit de cette éducation : la descente complète de la vie de l'homme sur le plan physique. Car c'est lä seulement que Pâme indivi-duelle pouvait se développer, c'est lä qu'elle est isolée, enfermée dans ce corps, douée d'une existence singulière qui ne peut que regarder au dehors par ses sens. C'est ainsi que nous avons introduit de plus en plus de, concurrence humaine, que nous avons accordé, dans le genre humain, un poids de plus en plus itnportant ä cette existence sin-gulière Nous n'avons pas ä être étonnés si le genre hu-main aujourd'hui est encore loin d'être mûr pour éliminer ce qu'il a dû acquérir au terme d'une longue éducation. Nous avons vu que c'est par l'entraide que les espèces animales actuelles sont parvenues ä leur perfection, et que la lutte ne s'est déroulée qu'entre espèces différentes. Mais si l'individualité humaine correspond ä l'âme de groupe des animaux, l'âme humaine ne pourra parvenir ä une conscience de soi qu'en entrant dans une lutte du type de celle qui oppose les espèces animales dans la nature. Tant que l'être humain n'aura pas déployé totalement son auto-nomie, la lutte continuera. Mais l'homme est appelé ä atteindre de façon consciente ce qui se trouve ä l'extérieur, sur le plan physique. C'est pourquoi il sera conduit, gravis-sant les degrés de conscience de son règne, vers l'entraide et le soutien mutuel, parce que le genre humain est un. Et c'est ä l'échelle du genre humain qu'il faut parvenir ä l'absence de lutte, comme on la trouve dans le règne ani-mal : une paix totale, universelle. Ce n'est pas la lutte qui a fait la grandeur d'une espèce animale donnée, mais l'entraide et le soutien. L'âme du groupe qui vit dans une espèce animale en tant qu'âme unique est en paix avec elle-même. Seule l'âme humaine individuelle, dans cette existence physique isolée, est une âme singulière.
Pour notre âme, c'est une grande conquête que nous apporte l'évolution spirituelle de reconnaître en vérité l'âme communautaire qui relie tout le genre humain, l'unité dans toute l'humanité, que nous ne recevons pas sous forme .de présent inconscient, mais qu'il nous faut acquérir de haute lutte consciemment. Développer vérita-blement et effectivement cette 'âme une du genre humain, c'est la tâche de la vision du monde selon la science de l'esprit. C'est ce qu'exprime notre premier principe 21 : fonder une confédération fraternelle sur toute la Terre, sans distinction de race, de sexe, de couleur, etc. C'est la reconnaissance de l'âme qui est commune ä toute l'humanité. Un processus de purification doit avoir lieu jusque dans les passions, processus au terme duquel il deviendra évident pour l'être humain qu'une même âme vit aussi en son frère. Dans le monde physique, nous sommes séparés, dans le monde de l'âme, nous sommes une unité : le « moi » du genre humain Mais c'est seule-ment dans la vie réelle véritable que nous pouvons appré-hender cela, et nous familiariser avec cette donnée. C'est pourquoi ce ne peut être que la culture de la vie spirituelle qui nous pénètre du souffle communautaire de cette âme une. Ce ne sont pas les hommes actuels avec leurs princi-pes, mais les hommes de l'avenir, qui, développant de plus en plus la conscience de cette âme une, formeront la base d'un nouveau genre humain, d'une nouvelle race qui s'épanouira totalement dans l'entraide. C'est pourquoi notre premier principe énonce quelque chose de fort différent de ce qui est dit habituellement sur le sujet. Nous ne nous battons pas, nous ne combattons pas non plus la guerre ou quoi que ce soit d'autre, parce que le combat d'une façon générale ne conduit pas ä une évolution supé-rieure. C'est ä partir de la lutte que chaque espèce s'est développée pour devenir une race singulière. Laissez toute forme de lutte alentour aux gens hargneux qui ne sont pas encore assez mûrs pour rechercher ce que recherche dans la vie spirituelle l'âme communautaire du genre humain.
Une société dans laquelle règne véritablement la paix est une société qui aspire ä la connaissance de l'esprit et le véritable mouvement pour la paix, c'est le courant de la science de l'esprit. C'est elle le mouvement pour la paix, disposant du seul mode possible qui permet ä un mouve-ment pour la paix d'exister, parce qu'elle vise ce qui en l'homme marche vers l'avenir.
La vie spirituelle s'est toujours développée le long d'un courant venant de l'Orient. L'Orient fut la région où a été cultivée la vie spirituelle. Et l'Occident ici fut la région où la culture extérieure matérielle a pris son essor. C'est pourquoi l'Orient est considéré comme une région où les hommes rêvent et dorment. Mais qui sait ce qui se passe dans les âmes de ceux que nous appelons rêveurs ou dor-meurs, lorsque ceux-ci s'élèvent dans des mondes que ne connaissent pas les peuples occidentaux ? Nous devons ä présent sortir de notre culture matérielle en tenant compte de tout ce qui nous entoure dans le monde physique. Avec ce que nous avons conquis sur le plan physique, nous devons nous élever vers le monde de l'esprit, vers le monde spirituel. Dans une certaine mesure, il y a plus qu'une signification symbolique dans le fait qu'en Angle-terre le darwinisme ait encore trouvé un représentant en Huxley qui se sentit obligé de dire, de son point de vue occidental : la nature nous montre que les singes huma-noïdes se battaient entre eux et ce fut le plus fort qui sub-sista, alors que de l'Orient venaient ces paroles : soutien entraide, c'est ce qui assure l'avenir ! Ici, en Europe du centre, nous avons une mission toute particulière. Il ne nous servirait ä rien d'être exclusivement « orientaux » ou exclusivement « anglais ». Il nous faut réunir l'aurore orientale et la science physique occidentale en une grande harmonie. Nous comprendrons alors comment s'associent l'idée de l'avenir avec celle de la lutte pour l'existence singulière. Il s'agit de quelque chose de plus qu'un hasard que dans ce livre de base de la théosophie, ce livre qui peut apporter ä celui qui veut approfondir la vie spirituelle une lumière sur le chemin, le dewdème chapitre se conclue par une phrase capitale qui coïncide avec cette idée. Ce n'est pas du verbiage creux qui se trouve ici dans La lumière sur le sentier22 : Pévolution vers l'esprit conduira

l'être humain ä reconnaître que la belle sentence qui conclut les deux chapitres de La lumière sur le sentier corres-pond ä l'âme communautaire qui prend place dans l'âme humaine individuelle, qui grandit et brille en elle. Celui qui se plonge totalement dans ce magnifique petit livre qui comble l'âme non seulement par son contenu, mais qui nous rend intérieurement pieux et bons, et confère égale-ment peu ä peu ä l'être humain par la force des mots une véritable clairvoyance, celui-lä voit s'établir l'équilibre individuel lorsqu'il a traversé les expériences qui se trou-vent dans chaque chapitre. Puis ces dernières paroles descendent sur son âme et y pénètrent. Elles se communi-queront ä la fin ä toute l'humanité par la force spirituelle que nous cultiverons. Le génie de l'humanité se penchera alors spirituellement sur le genre humain et ses paroles essentielles seront : « La paix soit avec toi ! » Voilà ce qui nous ouvre la perspective juste. Car alors, nous ne devons pas seulement parler de paix, placer la paix devant nous comme un idéal, signer des traités, invoquer des sentences de cour d'arbitrage : nous devons cultiver la vie de l'esprit, le domaine spirituel, nous faisons alors jaillir en nous la force qui se déverse sur tout le genre humain comme force de l'entraide. Nous ne nous battons pas, nous fai-sons quelque chose d'autre : nous cultivons l'amour et nous savons que cette culture de l'amour entraîne infailli-blement la disparition de la lutte. Nous ne répondons pas ä la lutte par la lutte. En face de la lutte, nous plaçons un amour que nous cultivons et entretenons. C'est quelque chose de positif. Nous faisons un travail sur nous-mêmes pour répandre l'amour et fondons une société qui est édifiée sur Pamour. C'est notre idéal. Puis, si nous péné-trons cela d'âme et de vie, nous percevrons d'une manière nouvelle, de la manière dont le veut le christianisme, une très ancienne parole. Et un christianisme nouveau, ou plutôt l'ancien christianisme s'éveillera pour l'humanité. Bouddha a donné ä son peuple une parole qui exhorte ä pratiquer cette culture. Mais cette culture de l'amour, le christianisme la possède, exprirnée en paroles peut-être encore plus belles, si on les comprend correctement : ce n'est pas par la lutte que l'on surmonte la lutte, ce n'est pas par la haine que l'on vainc la haine : la lutte et la haine, on ne les surmonte que par l'amour.

Die Geistesforschung kann sich nicht in die unmittelbaren Angelegenheiten des Tages mischen. Dabei darf auch nicht der Glaube etwa aufkommen, daß die Geist-Erkenntnis etwas sein soll, das über aller Wirklichkeit in den Wolken schwebt und nichts zu tun hätte mit der Praxis des Lebens. Wir wollen weder die Ereignisse, die heute unmittelbar die Welt aufwühlen, in der Art etwa, wie man die Tagesereignisse behandelt, vortragen, noch wollen wir zu denen gehören, welche blind und taub sein möchten gegen dasjenige, was unmittelbar das menschliche Herz bewegt, was uns unmittelbar angeht. Zwischen diesen zwei Klippen muß ja der Geistesforscher stets den Weg hindurchfinden, so daß er niemals aufgeht in den Meinungen und den Anschauungen des Alltags; auf der andern Seite darf er sich niemals in bloße leere Abstraktionen verwickeln oder Autoritäten verfallen. Öfter durfte ich es von dieser Stelle aus sagen: Praktisch, unmittelbar praktisch, viel praktischer, als gewöhnlich die Tagespraktiker meinen, soll uns die Geisteswissenschaft machen. Aber sie soll uns dadurch praktisch machen, daß sie uns hineinführt in die tieferliegenden Kräfte des Lebens und uns über die Sachen aufklärt von diesen tieferliegenden Kräften aus, daß sie unser Handeln im Einklang mit den großen Weltgesetzen lenkt. Denn allein dann kann man in der Welt etwas erreichen, kann man in das Getriebe der Welt eingreifen, wenn man das im Sinne der großen Weltgesetze macht.

Nach dieser Voraussetzung lassen Sie mich zunächst auf ein paar Tatsachen hinweisen, die uns einzig und allein die Wichtigkeit unserer heutigen Fragen und, ich möchte sagen, die Aktualität derselben ins Gedächtnis rufen sollen.

Die eine Tatsache, die jedem vielleicht in Erinnerung ist, ist die, daß am 24. August 1898 der Bevollmächtigte des Zaren den in Petersburg akkreditierten auswärtigen Vertretern ein Rundschreiben übersandte, in dem unter anderem die folgenden Worte sich finden: «Die Aufrechterhaltung des allgemeinen Friedens und eine mögliche Herabsetzung der übermäßigen Rüstungen, welche auf allen Nationen lasten, stellen sich in der gegenwärtigen Lage der ganzen Welt als ein Ideal dar, auf das die Bemühungen aller Regierungen gerichtet sein müßten.

Das humane und hochherzige Streben Sr. Majestät des Kaisers, meines erhabenen Herrn, ist ganz dieser Aufgabe gewidmet. In der Überzeugung, daß dieses erhabene Endziel den wesentlichsten Interessen und den berechtigten Wünschen aller Mächte entspricht, glaubt die kaiserliche Regierung, daß der gegenwärtige Augenblick äußerst günstig dazu sei, auf dem Wege internationaler Beratung die wirksamsten Mittel zu suchen, um allen Völkern die Wohltaten wahren und dauernden Friedens zu sichern und vor allem der fortschreitenden Entwickelung der gegenwärtigen Rüstungen ein Ziel zu setzen.»

In diesem Schriftstück finden sich ferner die folgenden Worte: «Da die finanziellen Lasten eine steigende Richtung verfolgen und die Volkswohlfahrt an ihrer Wurzel treffen, so werden die Arbeit und das Kapital zum großen Teile von ihrer natürlichen Bestimmung abgelenkt und in unproduktiver Weise aufgezehrt. Hunderte von Millionen werden aufgewendet, um furchtbare Zerstörungsmaschinen zu beschaffen, die heute als das letzte Wort der Wissenschaft betrachtet werden und schon morgen dazu verurteilt sind, jeden Wert zu verlieren infolge irgendeiner neuen Entdeckung auf diesem Gebiete ...

Daher entsprechen in dem Maße, wie die Rüstungen einer jeden Macht anwachsen, diese immer weniger und weniger dem Zweck, den sich die betreffende Regierung gesetzt hat.» Das Schriftstück schließt damit, daß eine Konferenz mit Gottes Hilfe ein günstiges Vorzeichen des kommenden Jahrhunderts sein soll. - Zweifellos entspringt dieses Manifest einem Vorsatz. Wie dieser Vorsatz hat in Erfüllung gehen können, das lehren uns die neuesten Ereignisse. Dieser Vorsatz ist nicht gerade neu, denn wir können sogar Jahrhunderte weit zurückgehen, und da treffen wir im 16., 17, Jahrhundert einen Fürsten, Heinrich IV. von Frankreich, der dazumal die Idee zu einer solchen allgemeinen Friedenskonferenz anregte. Sieben von den damaligen sechzehn Ländern waren gewonnen, als Heinrich IV. ermordet wurde. Sein Werk hat niemand fortgesetzt. Wahrscheinlich könnten wir wohl, wenn es darum zu tun wäre, die Vorsätze zu diesem Zweck, die von diesen Stellen ausfließen, noch viel weiter zurückverfolgen.

Dies ist die eine Tatsachenreihe. Die andere ist diese: Die Haager Friedenskonferenz fand statt. Sie alle kennen den Namen der verdienstvollen Persönlichkeit, welche ihr Ideal mit einer seltenen Hingebung und auch mit einer seltenen Sachkenntnis verfolgt, den Namen Bertha von Suttner. Ein Jahr nach der Haager Friedenskonferenz suchte sie die Akten zu sammeln zu einem Buche, in dem sie die zum Teil schönen und herrlichen Reden verzeichnete. Dem Buche schickte sie eine Vorrede voraus. Ich bitte zu berücksichtigen, es war ein Jahr vergangen, nachdem Bertha von Suttner auf dieses Werk der Friedenskonferenz hat sehen können. Die Folgen ahnte sie schon, nachdem ein Jahr vergangen war.

Im diametralen Gegensatz dazu hatten wir inzwischen den blutigen Transvaalkrieg mit abgelehnter Vermittlung, und heute haben wir wieder Krieg. Wenn wir uns heute ein wenig umsehen in der Welt, sehen wir den Kampf sehr vieler edler Menschen um den Friedensgedanken, schon in den Herzen hochsinniger Idealisten die Liebe zu einem allgemeinen Weltfrieden, und doch ist auf der andern Seite in andern Zeiten auf unserem Erdenkreis kaum so viel Blut geflossen wie jetzt. Es ist dies eine ernste, sehr ernste Angelegenheit für jeden, der sich auch mit den großen seelischen Fragen beschäftigt.

Einerseits haben wir die hingebenden Friedensapostel in ihrer regsamen Tätigkeit. Wir haben die ausgezeichneten Leistungen der Bertha von Suttner, welche mit seltener Größe alle Furchtbarkeiten des Kampfes und des Krieges hinzustellen verstand; aber vergessen wir nicht, daß wir auch die Kehrseite haben. Vergessen wir nicht, daß auch sehr viele unter unseren urteilsfähigen Menschen sind, die auf der andern Seite uns immer und immer wieder versichern, daß sie den Kampf für nötig halten gerade zum Fortschritt, als etwas, was die Kräfte stählt. Nur im Kampf gegen den Widerstand wüchsen die Kräfte. Der Forscher, der so viele Denker an sich herangezogen hat, wie oft hat er es ausgesprochen, daß er den starken Krieg wünscht und daß nur der starke Krieg die Kräfte in der Natur vorwärtsbringen kann. Vielleicht hat er das nicht in so radikalen Worten ausgesprochen, aber so denken dennoch viele. Selbst innerhalb unserer geisteswissenschaftlichen Bewegung sind Stimmen laut geworden, daß es eine Schwäche, geradezu eine Versündigung wäre am Geist der nationalen Stärke, wenn man etwas gegen den Krieg, der zur nationalen Ehre, zur nationalen Macht geführt hat, einwende. Jedenfalls stehen sich heute die Ansichten auf diesem Gebiete noch immer schroff, sehr schroff gegenüber. Aber die Haager Friedenskonferenz hat eines gebracht.

Sie hat die Stimmen gebracht einer Reihe von Leuten, welche an der Spitze der Führung der öffentlichen Angelegenheiten stehen. Eine große Reihe der Repräsentanten der Staaten hat dazumal ihre Zustimmung dazu gegeben, daß die Haager Konferenz stattfinden konnte. Man sollte glauben, daß eine Sache, die eine solche Zustimmung von solchen Stellen gefunden hat, im eminentesten Sinne aussichtsvoll sein müßte.

Nun, um wirklich Stellung nehmen zu können in der Weise, wie eine spirituelle Welt- und Lebensanschauung Stellung nehmen läßt, müssen wir etwas tiefer in die ganzen Dinge hineinsehen. Wenn wir die Frage des Friedens als eine ideale Frage verfolgen, wie sie sich im Laufe der Zeit entwickelt hat, und daneben die Tatsachen des Kampfes und Streites verfolgen, so müssen wir doch wohl sagen, daß vielleicht die Art und Weise, wie dieses Ideal eines allgemeinen Friedens verfolgt wird, die Aufmerksamkeit und eine Untersuchung herausfordert. Viele von denen, die das Kriegshandwerk geführt haben, sind es selbst, in deren Herzen Schmerz und vielleicht sogar Abscheu vor den Folgen und Wirkungen des Krieges vorhanden ist. Solche Dinge legen uns wohl die Frage in den Mund: Kommen denn die Kriege überhaupt von irgend etwas, das sich durch Grundsätze und Ansichten aus der Welt schaffen läßt? Wer tiefer in die Seelen der Menschen hineinsieht, der weiß, daß zwei getrennte, ganz verschiedene Wege dasjenige hervorrufen, was zum Kriege führt. Das eine ist das, was wir Urteilskraft und Verstand, was wir Idealismus nennen, das andere ist die menschliche Begierde, die menschlichen Neigungen, die menschlichen Sympathien und Antipathien. Manches wäre anders in der Welt, wenn es ohne weiteres möglich wäre, die Begierden, Wünsche und Leidenschaften nach den Grundsätzen des Herzens und Verstandes zu regeln. Das ist nämlich nicht möglich, sondern das Umgekehrte ist bis jetzt in der Menschheit immer dagewesen.

Was die Leidenschaft will, was die Begierde verlangt, dazu schafft der Verstand, dazu schafft selbst das Herz eine Maske mit seinem Idealismus. Und wenn Sie die Geschichte der menschlichen Entwickelung verfolgen, dann können Sie immer und immer wieder die Frage stellen, wenn Sie da und dort Grundsätze, da oder dort Idealismus aufleuchten sehen: Welche Begierden und Leidenschaften lauern im Hintergrunde? Wenn wir dieses bedenken, dann könnte es gar wohl sein, daß man mit den schönsten Grundsätzen gerade heute noch nichts anfangen könnte in dieser Frage, dann könnte es sein, daß etwas anderes notwendig ist, weil einfach die menschlichen Leidenschaften, Triebe und Begierden noch nicht weit genug sind, um dem Idealismus des Einzelnen zu folgen. Sie sehen, die Frage liegt tiefer, und wir müssen sie auch tiefer erfassen. Wir müssen wirklich einen Blick in die menschliche Seele und ihre Grundkräfte hinein tun, wenn wir die ganze Sache richtig beurteilen wollen. Der Mensch sieht nicht immer genug von seinem Entwickelungsgang, der Mensch sieht oft nur eine kleine Spanne Zeit, und da muß eine weitgehende Weltanschauung uns den Blick eröffnen, der auf der einen Seite tief hineinführt und uns auf der andern Seite die größeren Zeiträume überblicken läßt, damit wir über die Kräfte ein Urteil bekommen die uns in die Zukunft hineinführen sollen.

Sehen wir uns einmal die menschliche Seele an, da, wo wir sie vielleicht in einem Punkte tief und gründlich studieren können. Da haben wir heute etwas, was wir vor acht Tagen berühren konnten, von einer andern Seite her. Da haben wir eine naturwissenschaftliche Theorie, den sogenannten Darwinismus. Innerhalb dieser naturwissenschaftlichen Ansicht spielt ein Begriff eine große Rolle. Und dieser Begriff heißt: Kampf ums Dasein.

Unter dem Zeichen des Kampfes ums Dasein stand jahrzehntelang unsere gesamte Naturwissenschaft, unsere ganze Anschauung. Da sagten ja die Naturforscher so: Diejenigen Wesenheiten in der Welt, welche im Kampfe ums Dasein am besten sich erhalten, die am meisten Vorsprung gewinnen über ihre Mitgeschöpfe, die bleiben, die andern vergehen. So daß wir uns nicht zu wundern brauchen, wenn diejenigen Wesenheiten, die wir um uns herum haben, die am besten angepaßten sind, denn sie haben sich durch Jahrmillionen hindurch herausgebildet. Die Tüchtigsten sind übriggeblieben, die Untüchtigen sind untergegangen.

Der Kampf ums Dasein ist die Losung der Forschung geworden. Und woraus ist dieser Kampf da hineingekommen? Nicht aus der Natur ist er gekommen. Darwin selbst, obgleich er ihn in größerem Stile betrachtet als seine Nachfolger, hat ihn von einer über die Menschengeschichte sich verbreitenden Anschauung des Malthus genommen, jener Anschauung, daß die Erde in einer solchen Progression Nahrungsmittel hervorbringt, daß diese Zunahme in viel geringerem Maße steigt als die Zunahme der Bevölkerung. Diejenigen, welche sich mit diesen Dingen beschäftigt haben, werden wissen, daß man sagt: Die Zunahme der Nahrungsmittel steigt im arithmetischen, die Zunahme der Bevölkerung im geometrischen Verhältnis. Das bedingt einen Kampf ums Dasein, einen Krieg aller gegen alle. - Davon ausgehend, hat Darwin auch am Ausgange der Natur den Kampf ums Dasein angenommen. Und diese Anschauung entspricht nicht einer bloßen Idee, sondern den modernen Lebensgestaltungen. Bis in die Verhältnisse des Einzelnen ist in der Form der allgemeinen wirtschaftlichen Konkurrenz dieser Kampf ums Dasein zur tatsächlichen Wirklichkeit geworden. Man hat diesen Daseinskampf in nächster Nähe gesehen, man hat ihn für etwas Natürliches im Menschenreich gehalten und dann in die Naturwissenschaft aufgenommen.

Von solchen Anschauungen geht Ernst Haeckel aus, der in der kriegerischen Betätigung, im Krieg geradezu einen Kulturhebel gesehen hat. Der Kampf sei das, was stark macht, das Schwache soll untergehen, die Kultur fordere, daß das Schwache untergeht. - Die Nationalökonomie hat dann diesen Kampf wieder auf die Menschenwelt zurück angewendet. So haben wir große Theorien innerhalb unserer Nationalökonomie, innerhalb unserer sozialen Theorien, welche den Kampf ums Dasein wie etwas ganz Berechtigtes und von der menschlichen Entwickelung nicht zu Trennendes ansehen. Man ist in diesen Sachen - nicht vorurteilslos, sondern mit diesen Prinzipien - weiter zurückgegangen in die ältesten Zeiten, und da versuchte man das Leben barbarischer wilder Völkerschaften zu studieren. Man glaubte, den Menschen in seiner Kulturentwickelung belauschen zu können und glaubte, da das wildeste Kriegsprinzip zu finden. Huxley hat gesagt: Sehen wir hinaus in die Natur der Tiere, so gleicht der Kampf ums Dasein einem Gladiatorenkampf, und das ist Naturgesetz. Und sehen wir von den höheren Tieren auf die niederen und stellen wir uns ein auf den bisherigen Gang der Weltentwickelung, so belehrt uns die Tatsachenwelt überall, daß wir in einem allgemeinen Kampf ums Dasein leben.

Sie sehen, das konnte ausgesprochen werden, das konnte als allgemeines Weltgesetz vertreten werden. Wer sich klar darüber ist, daß nicht Worte auf die Lippen kommen, die nicht tief in der Menschenseele begründet sind, der wird sich sagen, daß die Gefühle, die Empfindungen, die ganze Seelenverfassung unserer Besten heute noch immer von der Anschauung ausgeht, daß Krieg, Kampf im Menschengeschlecht, ja in der ganzen Natur etwas Gesetzmäßiges ist, etwas, dem man nicht entrinnen kann.

- Sie können nun sagen: Aber die Forscher sind ja vielleicht ganz humane Menschen gewesen, die in ihrem tiefsten Idealismus den Frieden, den Ausgleich ersehnten und herbeiwünschten. Doch ihr Stand, ihre Wissenschaft hat sie überzeugt, daß dem nicht so ist, und vielleicht haben sie mit blutendem Herzen ihre Theorie hingeschrieben. - Dies wäre ein Einwand, wenn nicht zunächst etwas ganz anderes eingetreten wäre. Wir dürfen sagen, daß unter allen denen, die glaubten wissenschaftlich und nationalökonomisch zu denken, im ganzen West- und Mitteleuropa in den sechziger und siebziger Jahren die gekennzeichnete Theorie gang und gäbe war. Gang und gäbe war die Stimme, daß Krieg und Kampf ein Naturgesetz sei, dem man nicht entrinnen könne. Gründlich hatte man aufgeräumt, so glaubte man, mit der alten Auffassung von Rousseau, daß nur die menschliche Unnatur in den allgemeinen Frieden der Natur Kampf und Krieg, Gegensatz und Disharmonie hineingebracht hat. Es war ja noch am Ende des 18. Jahrhunderts diese Rousseausche Stimmung verbreitet, daß, wenn man hineinsieht in das Leben und Treiben der Natur, die noch unbeeinflußt ist von der Überkultur des Menschen, man dann überall Einklang und Friede sieht. Nur der Mensch mit seiner Willkür und seiner Kultur hat den Kampf und Streit in die Welt gebracht. - Das war noch Rousseausche Anschauung, und die Forscher versicherten uns im letzten Drittel des 19. Jahrhunderts: Ja, schön wäre es, wenn es so wäre, aber es ist nicht der Fall. Die Tatsachen belehren uns in anderer Weise.

Und doch fragen wir uns einmal ernstlich: Hat das Gefühl gesprochen oder haben die Tatsachen gesprochen? Schwer könnten wir etwas einwenden, wenn die Tatsachen in dieser Weise sprächen.

Da trat im Jahre 1880 ein merkwürdiger Mann auf, ein Mann, der einen Vortrag hielt in der Naturforscherversammlung vom Jahre 1880 in St. Petersburg in Rußland, einen Vortrag, der für alle diejenigen, die sich für diese Frage gründlich interessieren, von einer großen und tiefgehenden Bedeutung ist. Dieser Mann ist der Zoologe Keßler. Er ist bald danach gestorben. Sein Vortrag handelte über das Prinzip der gegenseitigen Hilfe in der Natur. Für alle diejenigen, welche solche Dinge ernsthaft anfassen, geht von der Forschung und wissenschaftlichen Reife, welche damit angeregt wird, ein ganz neuer Zug aus. Hier wurden zum erstenmal in der neueren Zeit Tatsachen aus der ganzen Natur zusammengestellt, die beweisen, daß alle früheren Theorien über den Kampf ums Dasein mit der Wirklichkeit nicht übereinstimmen.

In diesem Vortrag finden Sie auseinandergesetzt und durch die Tatsachen bewiesen, daß die tierischen Arten, die tierischen Gruppen sich nicht entwickeln durch den Kampf ums Dasein, daß es in Wahrheit einen Kampf ums Dasein nur ausnahmsweise zwischen zwei Arten gibt, nicht aber in der Art selbst, deren Individuen sich im Gegenteil Hilfe leisten, und daß die Arten am dauerhaftesten sind, deren Individuen am meisten veranlagt sind zu solcher gegenseitigen Hilfe. Nicht Kampf, sondern gegenseitige Hilfe gewährt lange Existenz. Dadurch war ein neuer Gesichtspunkt erreicht. Nur hat es die moderne Forschung zuwege gebracht, daß durch eine merkwürdige Verkettung von Umständen eine Persönlichkeit, die für die Gegenwart auf dem unglaublichsten Standpunkt steht, Fürst Kropotkin, die Sache weitergeführt hat. Er hat bei Tieren und Stämmen an einer Unsumme von festgelegten Tatsachen zeigen können, welche Bedeutung in der Natur und im Menschenleben dieses Prinzip der gegenseitigen Hilfe hat. Ich kann jedem empfehlen, dieses auch in deutscher Übersetzung vorliegende Buch, übersetzt von Gustav Landauer, zu studieren.

Dieses Buch bringt eine Summe von Begriffen und Vorstellungen in den Menschen hinein, die eine Schule sind für den Aufstieg zu einer spirituellen Gesinnung. Nun verstehen wir aber diese Tatsachen erst dann richtig, wenn wir sie im Sinne der sogenannten esoterischen Anschauung beleuchten, wenn wir diese Tatsachen mit den Grundlagen der Geisteswissenschaft durchdringen. Ich könnte ja schon deutlich sprechende Beispiele vorführen, allein Sie können sie in dem angeführten Buche lesen. Das Prinzip der gegenseitigen Hilfeleistung in der Natur ist: Diejenigen kommen am weitesten, die dieses Prinzip am meisten ausgeprägt haben. - Die Tatsachen sprechen also deutlich und werden immer deutlicher für uns sprechen. In der geisteswissenschaftlichen Anschauung sprechen wir, wenn wir von einer einzelnen Tierart sprechen, genau so, wie wir von einem einzelnen Menschen, von der einzelnen Individualität eines Menschen sprechen. Eine Tierart ist uns dasselbe auf niederem Gebiete, was auf höherem Gebiete das einzelne menschliche Individuum ist. Ich habe es schon einmal hier gesagt: Eine Tatsache muß man sich so recht klar vor Augen führen, um zu verstehen, in welchem Gegensatz der Mensch gegenüber dem ganzen Tierreich ist. Dieser Gegensatz drückt sich in dem Ausspruche aus: Der Mensch hat eine Biographie, das Tier hat keine Biographie. Beim Tiere sind wir zufrieden, wenn wir die Gattung beschrieben haben. Beim Menschen sagen wir: Vater, Großvater, Enkel, Sohn; beim Löwen unterscheidet sich das nicht so, daß wir jeden einzelnen besonders beschreiben sollten. Gewiß, ich weiß, daß da viel eingewendet werden kann; ich weiß, daß der, welcher einen Hund oder einen Affen liebt, glaubt, eine Biographie des Hundes oder des Affen schreiben zu können. Eine Biographie soll aber nicht enthalten, was der andere von dem Wesen wissen kann, sondern das, was das Wesen selbst gewußt hat. Selbstbewußtsein gehört zu einer Biographie, und in diesem Sinne hat nur der Mensch eine Biographie.

Diese entspricht dem, was beim Tiere eine Beschreibung der ganzen Gattung oder Art ist. Daß jede Tiergruppe eine Gruppenseele hat, ist der äußere Ausdruck für die Tatsache, daß jeder individuelle Mensch eine Seele in sich trägt.

Ich habe es auch hier schon auseinandersetzen dürfen, daß unmittelbar mit unserer physischen Welt eine verborgene Welt verbunden ist, die astrale Welt, die nicht aus solchen Gegenständen und Wesenheiten besteht, die man mit den Sinnen wahrnehmen kann, sondern die aus dem Stoff gewoben ist, aus dem unsere Leidenschaften und Begierden gewoben sind. Wenn Sie den Menschen prüfen, so können Sie sehen: er hat seine Seele bis herunter auf den physischen Plan oder auf die physische Welt geführt. Auf dieser physischen Welt gibt es keine individuelle Seele für das Tier. Sie finden aber für das Tier eine individuelle Seele, die auf dem sogenannten Astralplan ist, auf der hinter unserer Physischen Welt verborgenen astralen Welt. Die Tiergruppen haben individuelle Seelen in der astralen Welt. Da haben wir den Unterschied zwischen dem Menschen und dem Tierreiche. Wenn wir uns nun fragen: Was kämpft denn in Wahrheit, wenn wir im Tierreiche den Kampf ums Dasein verfolgen? - dann müssen wir sagen: Die Wahrheit ist, daß hinter diesem Kampf, der zwischen den Arten im Tierreich ausgefochten wird, der astrale Kampf der seelischen Leidenschaften und Begierden steht, der in den Gattungs- oder Gruppenseelen wurzelt. - Würde aber innerhalb der Gattung im Tierreich von einem Daseinskampf die Rede sein, dann wäre das so, als wenn sich im Menschen die eigene Seele in ihren verschiedenen Teilen bekämpfen würde. Dies ist eine wichtige Wahrheit. Es kann die Regel nicht sein, daß innerhalb einer tierischen Art der Kampf ist, sondern es kann nur zwischen den Arten der Daseinskampf stattfinden.

Denn die Seele der ganzen Art ist eine einheitliche, und weil sie einheitlich ist, muß sie die Teile beherrschen. Es ist die gegenseitige Hilfeleistung innerhalb der Tierwelt, die wir bei den Arten verfolgen können, einfach der Ausdruck der einheitlichen Tätigkeit der Art oder der Gruppenseele. Und wenn Sie hinblicken auf alle diese Beispiele, die Sie in dem erwähnten interessanten Buche angeführt finden, dann bekommen Sie eine schöne Einsicht in die Art und Weise, wie die Gruppenseelen wirken. Zum Beispiel, wenn ein Individuum einer gewissen Krebsart durch Zufall auf den Rükken geworfen wird, so daß es nicht selbst wieder aufstehen kann, daß dann eine größere Anzahl von in der Nähe befindlichen Tieren herbeikommt und dem Tiere aufhilft. Diese gegenseitige Unterstützung kommt aus einem gemeinschaftlichen Seelenorgan der Tiere heraus. Und verfolgen Sie einmal die Art und Weise, wie Käfer sich unterstützen, um eine gemeinschaftliche Brut zu pflegen oder zu schützen, um eine tote Maus zu bewältigen und so weiter, wie sie sich da verbinden, sich unterstützen, gemeinschaftliche Arbeit ausführen, dann sehen Sie die Gruppenseele an der Arbeit. Das können Sie bis herein in die höchsten Tierarten verfolgen. Es ist wahr, wer einen Sinn hat für dieses Treiben in der gegenseitigen Hilfeleistung bei den Tieren, der bekommt nach und nach auch einen Einblick, einen Begriff, eine Ahnung von dem Treiben der Gruppenseelen. Und gerade da kann er sich das Sehen mit den Augen des Geistes aneignen. Da wird das Auge sonnenhaft.

Beim Menschen nun haben wir es zu tun mit einer individuell gewordenen Gruppenseele. In jedem einzelnen Menschen wohnt eine solche Gruppenseele. Und so ist es für den Menschen, wie es für die verschiedenen Tiergattungen ist, in der Tat möglich, daß er als einzelner in einen Kampf eintritt gegen jeden einzelnen andern.

Nun aber sehen wir uns einmal den Zweck des Kampfes an, ob der Kampf um des Kampfes willen in der Weltenentwickelung da ist. Was ist denn geworden aus dem Kampf der Arten? Es sind diejenigen Arten übrig, welche sich am meisten gegenseitig unterstützen, und diejenigen, welche unter sich am kriegerischsten sind, die sind zugrunde gegangen. So lautet das Naturgesetz. Daher müssen wir sagen, daß in der äußeren Natur der Fortschritt in der Entwickelung darin besteht, daß an die Stelle des Kampfes der Friede tritt. Da wo die Natur an einem bestimmten Punkte, an dem großen Wendepunkte angelangt ist, da herrscht in der Tat der Ausgleich; der Friede, zu dem sich der ganze Kampf durchgebildet hat, ist vorhanden. Bedenken Sie doch einmal, daß Pflanzen untereinander als Arten einen Daseinskampf führen. Aber bedenken Sie, wie schön und großartig sich das Pflanzenund das Tierreich in ihrem gemeinschaftlichen Entwickelungsprozeß gegenseitig unterstützen: Das Tier atmet Sauerstoff ein und Stickstoff aus, die Pflanze atmet Sauerstoff aus und Stickstoff ein. So ist ein Friede des Universums möglich.

Was die Natur auf diese Weise durch ihre Kraft hervorbringt, es ist für den Menschen bestimmt, daß er es bewußt aus seiner individuellen Natur hervorbringe. Stufenweise ist der Mensch fortgeschritten und stufenweise hat sich bei ihm dasjenige gebildet, was wir als das Selbstbewußtsein unserer individuellen Seele erkennen. Unsere Weltlage müssen wir so betrachten, daß wir sie herausentwickelt denken und dann ihre Tendenz nach der Zukunft hin verfolgen. Gehen Sie zurück in frühere Zeiten, dann sehen Sie im Menschenreiche bei seinem Aufgange noch Gruppenseelen walten, die in kleinen Stämmen und Familien vorhanden sind; da haben wir es also auch beim Menschen mit Gruppenseelen zu tun.

Je weiter Sie in der Welt zurückblicken, desto kompakter, desto einheitlicher erscheinen Ihnen die Menschen, die so zusammengefaßt sind. Wie ein Geist ist es, der die alte Dorfgemeinde durchdrang, die dann zum primitiven Staate wurde. Sie könnten studieren, wie es noch etwas anderes war, als Alexander der Große seine Massen in den Krieg führte, als wenn heute Menschenmassen mit ihren viel ausgebildeteren individuellen Willen in einen Krieg geführt werden. Das muß man richtig beleuchten. Denn das ist der Gang der fortschreitenden Kultur, daß die Menschen immer individueller, selbständiger und bewußter werden, selbstbewußter. Aus Gruppen, aus Gemeinsamkeiten hat sich das Menschengeschlecht herausgebildet. Und geradeso wie wir Gruppenseelen haben, welche die einzelnen Tierarten leiten und lenken, so waren die Völker geleitet und gelenkt von den großen Gruppenseelen. Immer mehr und mehr entwächst der Mensch durch seine fortschreitende Erziehung der Lenkung der Gruppenseele und wird immer selbständiger und selbständiger. Diese Selbständigkeit brachte ihn dahin, daß er, während er früher doch in den Gruppen nur mehr oder weniger feindlich seinem Nebenmenschen entgegengetreten ist, er heute tatsächlich in einem die ganze Menschheit durchdringenden Daseinskampf mitten drinnensteht. Das ist unsere Weltlage, und diese ist das Schicksal insbesondere unserer Rasse, das heißt unserer unmittelbaren Gegenwart.

In der Geisteswissenschaft unterscheiden wir in der gegenwärtigen Weltenentwickelung zunächst fünf aufeinanderfolgende große Rassen, dann sogenannte Unterrassen. Die erste Unterrasse wurde entwickelt in uralten Zeiten, im fernen Indien. Zunächst war diese Unterrasse durchsetzt von einer Priesterkultur. Diese Priesterkultur gab ja unserer jetzigen Rasse die ersten Impulse. Sie war herübergekommen aus der atlantischen Kultur, die auf einem Boden war, der heute den Grund des Atlantischen Ozeans bildet.

Diese Rasse gab den Ton an; dann wurde sie gefolgt von andern Unterrassen, und wir sind jetzt die fünfte. Das ist nicht eine Einteilung, die der Anthropologie oder einer Rassentheorie entlehnt ist, sondern eine solche, wie sie im sechsten Vortrage dieser Reihe näher ausgeführt werden wird. Die fünfte Rasse ist die, welche den Menschen am weitesten gebracht hat in seinem Sondersein, in seinem individuellen Bewußtsein. Das Christentum hat den Menschen geradezu dazu vorbereitet, ein solches Sonderbewußtsein zu erlangen: der Mensch mußte dieses Selbstbewußtsein erringen. Wenn wir zurückblicken auf die Zeit vor Christus, wo im alten Ägypten die gigantischen Pyramiden gebaut worden sind, da hat ein Heer von Sklaven Arbeiten verrichtet, von deren Schwierigkeiten und Mühen heute sich kein Mensch mehr eine richtige Vorstellung macht. Aber mit Selbstverständlichkeit und einem ungeheuren Frieden haben zu der weitaus größten Zeit diese Arbeiter gerade gebaut. Sie haben gebaut, weil in jener Zeit die Lehre von Reinkarnation und Karma eine Selbstverständlichkeit war. Das sagt Ihnen kein Buch, aber das wird Ihnen, wenn Sie in die Geisteswissenschaft eindringen, allmählich ganz klar. Jeder Sklave, der da seine Hände wundarbeitete und in Not und Elend war, der wußte für sich genau: Das ist ein Leben unter vielen, und ich habe das, was ich jetzt erleide, als Folge dessen zu tragen, was ich in den früheren Leben mir vorbereitet habe! Wenn das aber nicht der Fall ist, so werde ich in einem künftigen Leben die Wirkung dieses meines jetzigen Lebens erfahren; der, welcher mir heute befiehlt, ist auf demselben Standpunkte gewesen, wie ich es heute bin, oder er wird es noch sein.

Unter dieser Gesinnung aber wäre niemals das ganze selbstbewußte Erdenleben zur Entfaltung gekommen, und die hohen Mächte, welche das Schicksal des Menschengeschlechts im Großen leiten, wußten, was sie taten, als sie eine Zeitlang, durch Jahrtausende hindurch, das Bewußtsein von Reinkarnation und Karma schwinden ließen. Das war die große bisherige Entwickelung des Christentums, daß es verschwinden gemacht hat das Hinaufsehen, das Hinaufblicken zu einem jenseits, das ausgleichend wirken soll, und aufmerksam gemacht hat auf die ungeheure Wichtigkeit des Diesseits.

Mag es ja in seiner radikalen Ausführung zu weit gegangen sein, aber das mußte geschehen, denn die Dinge der Welt entwickeln sich nicht nach der Logik, sondern nach andern Gesetzen. Man hat von diesem Erdenleben eine Ewigkeit von Strafen abgeleitet; die Entwickelungstendenz hat dazu geführt, wenn es auch ungereimt ist. So hat die Menschheit gelernt, sich bewußt zu sein dieser einen Erdenexistenz. Dadurch wurde die Erde, dieser physische Plan, dem Menschen unendlich wichtig. Und es mußte so werden, es mußte so kommen. Alles, was heute geschieht, was den Erdkreis in materieller Beziehung erobert hat, alles das konnte sich nur entwickeln aus einer Gesinnung heraus, welche auf einer Erziehung fußt für diese Erde, abgesehen von dem Gedanken von Reinkarnation und Karma. So sehen wir die Folge dieser Erziehung: das vollständige Herableben des Menschen auf den physischen Plan. Denn da nur konnte sich die individuelle Seele entwickeln, da ist sie abgesondert, eingeschlossen in diesen Leib und kann nur herausschauen als ein abgeschlossenes Sonderdasein durch seine Sinne. Damit haben wir immer mehr und mehr von menschlicher Konkurrenz, immer mehr und mehr von der Wirkung des Sonderdaseins hineingebracht in das Menschengeschlecht. Wir dürfen uns nicht wundern, wenn das Menschengeschlecht heute noch lange nicht reif sein kann, um das, was heranerzogen werden mußte, wiederum auszuschalten.

Wir haben ja gesehen, daß die gegenwärtigen Arten der Tiere durch ihre gegenseitige Hilfe zu ihrer Vollkommenheit sich entwickelt haben, und daß der Kampf nur von Art zu Art gewaltet hat. Wenn aber die menschliche Individualität dasselbe ist wie die Gruppenseele der Tiere, dann wird die menschliche Seele zu einem Selbstbewußtsein nur kommen können, indem sie denselben Kampf durchmacht wie die Tiere draußen in der Natur. Solange der Mensch noch nicht die Selbständigkeit ganz herausentfaltet hat, solange wird der Kampf noch dauern. Aber der Mensch ist dazu berufen, in bewußter Weise das zu erreichen, was draußen auf dem physischen Plane da ist. Daher wird es ihn führen auf den Bewußtseinsstufen seines Reiches zu gegenseitiger Hilfe und Unterstützung, weil das Menschengeschlecht eine einzige Art ist. Und die Kampflosigkeit, wie sie im Tierreich zu finden ist, muß in bezug auf das ganze Menschengeschlecht erst erreicht werden: ein vollständiger, allumfassender Friede. Nicht der Kampf hat die einzelne Tierart groß gemacht, sondern die gegenseitige Hilfe und Unterstützung. Dasjenige, was als Gruppenseele in der Tierart als einzelne Seele lebt, das ist friedlich mit sich selbst, das ist die einheitliche Seele. Nur die menschliche individuelle Seele ist in diesem physischen Sondersein eine besondere.

Das ist die große Errungenschaft für unsere Seele, die wir aus der spirituellen Entwickelung uns aneignen, daß wir in Wahrheit erkennen die gemeinschaftliche Seele, welche das ganze Menschengeschlecht durchzieht, die Einheit in der ganzen Menschheit, die wir nicht als unbewußtes Geschenk empfangen, sondern die wir uns bewußt erringen müssen. Diese einheitliche Seele im ganzen Menschengeschlecht wahrhaft und wirklich zu entwickeln, das ist die Aufgabe der geisteswissenschaftlichen Weltanschauung.

Das spricht sich in unserem ersten Grundsatz aus: einen Bruderbund zu gründen über die ganze Erde hin, ohne Rücksicht auf Rasse, Geschlecht, Farbe und so weiter. Das ist die Anerkennung der Seele, die der ganzen Menschheit gemeinsam ist. Bis in die Leidenschaften hinein muß die Läuterung stattfinden, die es dem Menschen selbstverständlich macht, daß in seinem Bruder die gleiche Seele lebt. Im Physischen sind wir getrennt, im Seelischen sind wir eine Einheit als Ich des Menschengeschlechtes. Aber nur im wahren wirklichen Leben können wir das erfassen und uns da hineinfinden. Daher kann es nur die Pflege spirituellen Lebens sein, welche uns durchdringt mit dem gemeinschaftlichen Hauch dieser einheitlichen Seele. Nicht die gegenwärtigen Menschen mit ihren Grundsätzen, sondern die Zukunftsmenschen, welche immer mehr und mehr das Bewußtsein für diese Einheitsseele entwickeln, die werden es sein, die den Grund zu einem neuen Geschlecht, zu einer neuen Rasse legen, die in gegenseitiger Hilfe ganz aufgeht. Daher besagt unser erster Grundsatz etwas ganz anderes, als was sonst gewöhnlich gesagt wurde. Wir kämpfen nicht, wir bekämpfen auch nicht den Krieg oder etwas anderes, weil der Kampf überhaupt nicht zur höheren Entwickelung führt. Aus dem Kampf heraus hat sich jede Tierart als eine besondere Rasse entwickelt. überlassen Sie allen Kampf um uns herum den Bissigen, die noch nicht reif genug sind, das aufzusuchen, was die gemeinschaftliche Seele im Menschengeschlecht im spirituellen Leben aufsucht.

Eine wirkliche Friedensgesellschaft ist eine solche, die nach Geist-Erkenntnis strebt, und die wirkliche Friedensbewegung ist die geisteswissenschaftliche Strömung. Sie ist die Friedensbewegung, so wie in der Praxis einzig und allein eine Friedensbewegung sein kann, weil sie ausgeht auf das, was im Menschen lebt und der Zukunft entgegengeht.

Wie ein Zug von Osten her hat sich immer das spirituelle Leben entwickelt. Der Osten war das Gebiet, in dem das spirituelle Leben gepflegt worden ist. Und hier im Westen war das Gebiet, in dem die äußere materielle Kultur entfaltet worden ist. Daher wird auch nach dem Osten gesehen als nach einem Gebiete, wo die Menschen träumen und schlafen. Wer aber weiß, was in den Seelen jener vorgeht, die von uns Träumende oder Schlafende genannt werden, wenn sie in Welten aufsteigen, welche die westlichen Völker nicht kennen? - Nun müssen wir heraus aus unserer materiellen Kultur mit Berücksichtigung alles dessen, was in der physischen Welt um uns herum ist. Mit dem, was wir auf dem physischen Plan erobert haben, müssen wir hinauf in das Geistige, in das Spirituelle. Es ist in gewissem Maße mehr als symbolisch bedeutend, daß in England der Darwinismus noch in Huxley einen Vertreter gefunden hat, der aus seiner westlichen Anschauung heraus nötig hatte zu sagen: Die Natur zeigt uns, daß die Menschenaffen gegeneinander kämpften, und der Stärkste war es, der auf dem Plane blieb -, während vom Osten die Parole ausging: Stützung, gegenseitige Hilfe, das ist es, was die Zukunft sichert! - Wir haben eine ganz besondere Aufgabe hier in Mitteleuropa. Nichts würde es uns helfen, einseitig morgenländisch oder einseitig englisch zu sein. Wir müssen das Morgenrot des Ostens und die physische Wissenschaft des Westens zu einer großen Harmonie vereinigen. Dann werden wir verstehen, wie vereinigt wird die Idee der Zukunft mit der Idee des Kampfes um das Sonderdasein.

Es ist mehr als zufällig, daß in jenem Grundbuch der Theosophie, demjenigen Buch, aus dem der, welcher sich tiefer einlassen will auf das spirituelle Leben, Licht auf dem Wege finden kann, das zweite Kapitel bedeutsam mit einem Satz schließt, der mit dieser Idee zusammenfällt.

Nicht wie eine Phrase steht es hier in «Licht auf den Weg», sondern weil die Entwickelung zum Geist den Menschen dahin führen wird, wo die Menschen erkennen werden, daß mit der gemeinsamen Seele, die sich hineinlebt in die einzelne Menschenseele, die in ihr auflebt und aufleuchtet, zu gleicher Zeit die schönen Worte zusammenstimmen, womit die beiden Kapitel in «Licht auf den Weg» schließen. Derjenige, der sich ganz hineinvertieft in dieses herrliche Büchelchen, das die Seele nicht nur mit dem Inhalt erfüllt, der uns innerlich fromm und gut macht und auch nach und nach dem Menschen durch die Kraft der Worte wirkliches Hellsehen gibt, er sieht den Ausgleich im einzelnen, wenn er das durchlebt hat, was in jedem Kapitel steht. Und dann senken sich auf und in die Seele die letzten Worte: «Der Friede sei mit dir.» Das wird sich am Schlusse der ganzen Menschheit mitteilen durch dasjenige, was wir als Geisteskraft hegen und pflegen. Dann senkt sich spirituell der Menschengenius über das Menschengeschlecht, dessen hauptsächliche Worte sein werden: Der Friede sei mit dir. - Das eröffnet uns die richtige Perspektive. Da müssen wir nicht nur von Friede sprechen, uns den Frieden als Ideal hinstellen, Verträge schließen, Schiedsgerichtssprüche herbeisehnen, da müssen wir das geistige Leben, das Spirituelle pflegen, dann rufen wir in uns die Kraft hervor, die als Kraft der gegenseitigen Hilfeleistung sich über das ganze Menschengeschlecht ausgießt. Wir bekämpfen nicht, wir tun etwas anderes: Wir pflegen die Liebe, und wir wissen, daß mit diesem Pflegen der Liebe der Kampf verschwinden muß. Wir stellen nicht Kampf gegen Kampf. Wir stellen die Liebe, indem wir sie hegen und pflegen, gegen den Kampf. Das ist etwas Positives. Wir arbeiten an uns in der Ausgießung der Liebe und begründen eine Gesellschaft, die auf Liebe gebaut ist.

Das ist unser Ideal. Dann werden wir, wenn wir das seelisch lebendig durchdringen, in einer neuen Weise, in der Weise, wie es das Christentum will, einen uralten Spruch wahrmachen. Und ein neues Christentum oder vielmehr das alte Christentum wird für die neue Menschheit erwachen. Seinem Volke hat Buddha einen Spruch gegeben, der eine solche Pflege in Aussicht nimmt. Aber eine solche Pflege der Liebe hat auch das Christentum in vielleicht noch schöneren Worten, wenn man sie richtig versteht: Nicht durch Kampf überwindet man den Kampf, nicht durch Haß überwindet man den Haß, sondern den Kampf und den Haß überwindet man in Wahrheit allein durch die Liebe.