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Collection: 07 - LES IDEAUX SOCIAUX
Sujet : Liberté, Egalité, Fraternité pour milieu par l'esprit
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA190 179-181 (1971) 13/04/1919
Traducteur: Daniel Simonnot Editeur: EAR

 

11004 - Tâchons de nous rapprocher encore un peu plus du sujet. Ce mouvement spirituel a périclité d'une manière lamentable, après avoir débuté avec les chants de Walther von der Vogelweide pour aller jusqu'à l'enseignement de Goethe. Pourquoi a-t-il subi un rapide déclin au lieu de dominer la vie sociale, de lui insuffler cer­taines idées maîtresses. Réfléchissez à un seul fait, Goethe lui-même, bien qu'ayant l'intelligence de mûrir des pensées de portée universelle, n'a fait que de rares allusions à des perspectives souhaitables en matière d'ordre social nouveau devant inspirer le monde civilisé. Nous irons même jusqu'à dire, c'est un peu audacieux, que ses idées sur la question n'étaient pas très claires en lui-même. Les hommes ressentaient pourtant, dans leur subconscient, depuis la fin du 18e siècle, un certain besoin, une certaine tendance vers la triple organisation dans tout organisme social en mal d'assainissement. Comment pouvez-vous ressentir cet appel vers la liberté, l'égalité et la fraternité sinon comme un désir de voir la tripartition régler l'activité sociale. Il prouve bien l'existence d'une aspiration inconsciente vers la triple organisation. Pourquoi n'est-elle pas devenue claire et lucide?


11005 - Cette question nous amène à considérer, dans son ensemble, toute la nature de la vie spirituelle en Europe centrale. Je vous ai parlé hier, à la fin de mon exposé, d'un trait particulier concernant Hermann Grimm. Je vous ai dit quelle admiration j'avais pour lui, pour ses idées pénétrantes. Il avait des lumières sur l'art, l'hu­manisme en général, sur l'antiquité. Pourtant, il tom­bait dans une erreur fondamentale en affichant de l'ad­miration pour un phraseur comme Wildenbruch. Au cours de ma vie, si vous permettez que je vous livre une impression personnelle, j'ai remarqué fréquemment une tendance des gens qui peut être très significative, pour une personne capable d'interpréter certains symptômes, bien qu'elle reste le plus souvent inaperçue de la plupart des interlocuteurs. Jé me souviens en particulier d'une conversation que j'ai eue avec Hermann Grimm, parmi toutes celles qui datent de l'époque où j'étais en relations personnelles avec lui. Je m'efforçais de lui com­muniquer mon point de vue sur la manière dont il fallait comprendre ce qu'il y avait de spirituel dans différents cas. Je ne puis me reporter à cette conversation sans revivre le geste de dénégation qui était le sien chaque fois qu'il s'agissait de l'esprit. Il semblait dire qu'il ne voulait pas s'engager sur ce terrain. Ce geste de sa part était aussi significatif que sincère. Pourquoi correspon­dait-il si exactement à la réalité ? Parce qu'Hermann Grimm n'avait pas la moindre idée de ce que l'esprit doit représenter pour un homme vivant dans la 5e époque post-atlantéenne. Il ne le ressentait pas, dans toutes ses recherches concernant l'évolution spirituelle de l'hu­manité, ni dans l'art, ni dans l'humanisme en général, lorsqu'il s'efforçait de les traduire en pensées. Hermann Grimm ne savait donc rien de l'esprit au sens qu'aurait pu lui donner un homme de la cinquième époque.

11006 - Lorsque nous parlons d'un tel sujet, nous devons
prendre garde de ne pas exprimer trop strictement le point de vue que nous tenons pour véritable. Hermann Grimm était un homme sincère et il le montrait en s'ar­rêtant juste à la frontière de l'esprit. Ne sachant pas comment on doit conduire ses pensées lorsqu'on pénètre dans le monde spirituel, il exprimait son incapacité en faisant un geste d'impuissance. Il aurait très bien pu être un de ces phraseurs dans le genre de ceux qui circulent aujourd'hui en se donnant pour mission d'améliorer le genre humain.


11007 - Il eut, dans ce cas, participé aux discussions ayant l'esprit pour thème. Il aurait cru qu'il suffit de répéter: l'esprit ... l'esprit ... l'esprit ... pour avoir dit quelque chose de substantiel, correspondant au contenu que nous portons tous dans notre âme.
11008 - Parmi ceux qui ont parlé abondamment de l'esprit, ces derniers temps, sans avoir la moindre idée de sa véritable nature, nous placerons la plupart des théo­sophes. Parmi tous les bavardages, les plus dépourvus d'esprit, qui se sont déversés récemment, les plus fu­meux étaient bien ceux tenus par les théosophes et, en partie, ceux dont les fruits ont été les plus pernicieux. Je dirai encore qu'après avoir parlé d'Hermann Grimm comme je viens de le faire, c'est-à-dire après l'avoir jugé, non dans sa personne, mais comme représentant d'un type moderne d'humanité, une question peut encore nous venir à l'esprit: nous pouvons nous demander comment il se fait qu'un homme comme lui, aussi représentatif de la vie culturelle en Europe, n'ait eu aucune idée de la manière dont il convenait de conduire ses pensées lorsqu'on abordait le domaine de l'esprit.


11009 - A cet égard, Hermann Grimm se borne à être le re­présentant de la vie dans la seule Europe centrale. En effet, si nous nous reportons à cette culture, celle que
j'ai caractérisée hier comme étant la culture de la bourgeoisie, disons depuis l'année 1200 environ, et s'étendant jusqu'à la période de Goethe, en quoi allons-nous placer son trait dominant ? Eh bien, cette culture exceptionnellement brillante, ce n'est pas la déprécier que de reconnaître en elle le plus bel effet d'une impulsion donnée par l'âme, par ce qu'on appelle l'âme, mais on ne peut y voir une impulsion de ce qu'on nomme l'esprit. Oui, c'est un fait, c'est même un fait tragique dans ses conséquences, il lui a manqué d'être une cul­ture de l'esprit. Entendons-nous, il s'agit bien de l'esprit tel que nous le concevons dans l'enseignement de la science spirituelle orientée par l'anthroposophie.