triarticulation

Institut pour une triarticulation sociale
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Document personnel FG
La place de l’agriculteur dans la société, souhait de travail en section agriculure et alimentation.

La présente page vise à rechercher comment faire se rencontrer à l’avenir l’acquis de l’approche socio-économique et politique de l’anthroposophie encore très mal connue dans l’espace francophone et celui du mouvement d’agriculture biodynamique qui représente une des implantations les plus répandues de l’apport anthroposophique dans ce même espace.

Cet apport est connu sous le nom de triarticulation de l’organisme social. Il a eu un temps politique historique fort dans l’immédiat après première guerre mondiale, puis des alternances de disparition apparente et de regain d’intérêt. Bien que cet avis soit parfois fortement contesté par certains, on peut se demander si le surgissement public du projet de revenu de base inconditionnel ( 1 ) ne doit quand même pas être vu comme une nouvelle phase de surgissement. Je n’oublie pas non plus l’engouement qu’a suscité notamment en France l’apport de Nicanor Perlas, d’autant plus que s’y ajoute aujourd’hui plus en interne celui d’Otto Sharmer, particulièrement bien sûr aussi par les choix faits au sein du travail de la section. Mais je ne suis pas encore arrivé à situer correctement les unes par rapport aux autres, faute de temps, ces impulsions parentes, mais s’attelant différemment à des réalités elles-mêmes sensiblement différentes,

 Une première constatation : comme la plupart des autres applications "pratiques" de l’anthroposophie, la biodynamie dispose d’un atout à son développement :
son objet est bien délimité et ambitionne d’agir sur l’extérieur à l’humain (la nature en l’occurrence) ce qui ne veut bien entendu pas dire que l’acteur ne doive se transformer lui-même, mais il peut le faire seul jusqu'à un certain point.
En matière sociale, il en va justement tout autrement, il faut "attendre" l'autre, et les échelles d’action ne sont pas les mêmes, même si certains aspects très partiels peuvent être expérimentés en petit.
Mais si la nature de la méthode biodynamique permet au début de faire puis de comprendre, celle de la triarticulation demande probablement l’inverse. D’où peut être aussi qu’on la connaisse souvent peu et mal.

Pourquoi la triarticulation ?
Une des affirmations de R. Steiner justifiant sa triarticulation est qu’il attribue l’essentiel du malheur de son époque au fait que l’on n’arrive pas encore à distinguer dans l’organisme social trois domaines qui devraient avoir chacun leur autonomie fonctionnelle à partir de laquelle ils peuvent ensuite s’équilibrer et se délimiter les uns des autres. De la fréquentation régulière de ses propos d’alors résonne très souvent en moi une grande actualité, mais aussi des prises de conscience du chemin parcouru depuis.

Il montre comment, historiquement, d’un tout indifférencié, somme toute, l’ordonnance divine via les prêtres se différencie progressivement sous la poussée de la conscience individuelle d’abord en classes : noblesse, bourgeoisie, puis prolétariat. Cette classe, il la voit comme la dernière avant l’avènement de l’universellement humain.
Ces trois classes ne seraient pas totalement étrangères à l’apparition des trois sphères d’activité que distingue la triarticulation : vie de l’esprit, vie juridique-politique à aspiration démocratique, vie économique.
Les trois idéaux de la Révolution française en seraient une sorte de signe annonciateur idéel au moment historique de bascule que fut l’avènement de la bourgeoisie :
la liberté serait l’idéal de l’ensemble des activités visant à la promotion et le soin de l’individu pour lui-même et pour la connaissance : la vie de l’esprit.
-l’égalité celui de la sphère de rencontre où chacun définit avec tous les autres ce en quoi il a des intérêts et subit des conséquences identiques des décisions communes : la vie politique juridique, l’État
-la fraternité celle de l’activité où se satisfont les besoins différents de chacun à partir des ressources disponibles et de la participation de chacun : l’économie.
Signalons par exemple en passant que surface terrestre, richesses naturelles et même moyens de production n’en feraient pas partie ( 2 ). Ce qui signifie déjà qu’il s’agirait bien de redéfinir sensiblement ces trois domaines par rapport aux représentations que nous en avons couramment aujourd’hui.

Une autre façon d’approcher aussi ces trois domaines dans la vie sociale peut être trouvée dans trois types des rapports qui y dominent :

- le conseil qui laisse libre celui qui le reçoit puisque la connaissance n’a de réalité que comme expérience personnelle, c’est la vie culturelle éducative et sanitaire qui la permet tout d’abord

- la loi qui est toujours définie « au cas où » et ne sert que quand le cas se présente pour la vie politique juridique sur les questions dont chacun est touché pareillement et peut évaluer pareillement. La délimitation, la conception (et peut-être un jour la pleine pratique) de cette sphère me semblent pour l’instant être le plus difficile à saisir des trois dans l’univers de la triarticulation.
Par exemple, ce que nous regroupons sous le Droit semble, lui aussi, éclater dans les trois sphères : la jurisprudence relèverait de la vie de l’esprit, comme aussi le droit familial par exemple. Si Steiner déconstruit l'État, il ne prétend pas non plus que nous puissions faire sans.

- le contrat qui est impératif sur des actions à venir bien précises, mais toujours temporaires, à renouveler ou modifier entre des parties est le type d’accord qui correspond aux activités de satisfaction des besoins par des biens produits : ce qu’on appelle l’économie.
Évidemment, pour ne pas simplifier, Steiner parle aussi de biens spirituels. Il nous invite à préciser nos conceptions sur ce qu'est exactement notre vivre ensemble.
Pour approfondir ces trois rapports voir : Institut/FG/01.htm#S1Ex1

Il convient peut-être ici de situer aussi d’où provient cette notion de « triarticulation ».
Tout d’abord concernant le mot qui n’existe pas en français, mais a été créer pour rendre au mieux « Dreigliederung » = en trois membres… que l’on ne peut se représenter autrement qu’articulés les uns par rapport aux autres. Le mot « tripartition » disponible en français ayant un caractère plus d’immobilité et de séparation.
Concernant le concept.
Qui connaît un peu l’anthroposophie, ou les traditions spirituelles et religieuses, ou les cosmogonies ne manquera pas d’établir des rapports avec toutes les traditions trinitaires, et autres triades.
En l’état de mes lectures actuelles, il semble qu’on ne puisse directement établir ces rapports, si l’on veut se placer sur le plan de la rigueur conceptuelle scientifique bien qu’il soit possible de le faire à d’autres titres.
Steiner lui-même se réfère à trente années de recherches pour établir la constitution triple de l’organisme physique humain qu’il expose dans « Les énigmes de l’âme »( 3 ).
L’apport que nous a fait Joël à la Baume-rousse se fonde sur ce même travail et la traduction d’un excellent livre sur le sujet vient de paraître aux éditions Triskel : L'homme tripartite ( 4 )
Et il semble, R. Steiner ne transposerait pas par analogie à ce qu’il appelle aussi « l’organisme » social
Mais aurait établit cette triarticulation sociale par la même méthode d’observation ( 5 ) qu’il nous invite avec Goethe à utiliser vis-à-vis des organismes végétaux, animaux (voire notre Terre) dont nous sommes sensés êtres les spécialistes en tant que biodynamistes (là aussi un éventuel sujet d’échange).
Il précise d’ailleurs que cette vie économique serait à voir comme « la tête » de l’organisme social (ce qui n’est pas sans nous rappeler aussi ce qu’il nous dit de la plante – encore un sujet possible).

Voilà donc pour cette fois-ci, ce que j’ai regretté de n’avoir pu vous dire, mélangé à ce que j’ai maintenant envie de partager avec vous à l’issue de notre rencontre.

Vous comprendrez certainement à quelles difficultés je m’attaque en vous proposant de partager des éléments de cette recherche dans les conditions dont nous disposons. Le petit échange avec Karl, au repas, sur sa prise de conscience par le revenu de base concernant ce que peut apporter à chacun par exemple l’idée de la séparation de travail et de la rémunération, m’encourage à chercher la voie pour rendre ces thèmes accessibles à nos collègues en essayant de l'expérimenter ensemble, ne serait-ce tout d’abord qu’en vous rendant attentifs à leur existence comme autant de pistes pleines d’espoir.

La prochaine fois, j'aimerais que nous puissions aboutir à la question de la division du travail comme le fait le 4e extrait de Conseil – Loi – Contrat du lien proposé plus haut. Il devraitd’ailleurs comporter une note que je dois rechercher, car R. Steiner y aurait fait une remarque sur la particularité de l’agriculture.
J’aimerais placer ensuite cette division en rapport à notre notion d’organisme agricole.
Mais toute autre chose surgira peut-être de l’échange entre nous dans cette phase de tâtonnements.

L’important pour moi étant que nous ne perdions jamais de vue que ce que nous tentons de promouvoir par la biodynamie est en permanence détruit par notre incapacité à promouvoir cette triarticulation. C’est du moins mon tracas.

Je vous renverrais le présent document une quinzaine de jours avant notre prochaine rencontre avec quelques modifications selon les éventuelles remarques qui me seront parvenues d’ici là.
Merci pour votre attention.

Quatenheim,16 Septembre, 2012


Les liens hors texte (correspondants aux renvois) sont seulement là pour ceux qui voudraient approfondir un aspect ou l'autre. Seuls ceux dans le texte demanderaient à être connus de tous lors de notre prochaine rencontre. Si des difficultés techniques survenaient signalez les moi.

( 1 ) -sur le revenu de base Institut/FG/PagesThematiques/BGE.html

( 2 ) - La question foncière au regard de la triarticulation- R. Steiner - Stuttgart, 16. Juin 1921

( 3 ) - aux Ed. Anthtoposophiques romandes. L'extrait en question : Institut/FG/SamF/02021150163198300001917.html

( 4 ) - de Lothar Vogel, Traduit de l'allemand par Marc Villegas, 592 pages, 160 illustrations dessinées, 42 €uros ISBN : 978-2-940353-73-6 - mail@triskel-verlag.ch

( 5 ) -les 5 rubriques à suivre de cet exellent article expliquent cela : Institut/FG/Articles/2010-09-003.html#Goethe