J. Mossman - La démocratie élargie

Institut pour une triarticulation sociale
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Die Drei 3/2020.  (Traduction Daniel Kmiecik revue par F.G.
nouvelle relecture au 16/04/2020 16:58)

La démocratie élargie — Partie V (précédent / suivant)

Johannes Mosmann

Le secret du pouvoir

Parce qu’ils se libèrent d’une autorité et aimeraient s’orienter à partir de leurs propres idées, les êtres humains aspirent à la démocratie. Dans ce but, ils conquièrent le monopole du pouvoir qui reposait auparavant entre les mains de quelques-uns peu nombreux. Ce n’est pas la volonté d’un autocrate, mais plutôt la résolution commune d’une majorité qui devrait être imposée. C’est pourquoi « participation », au sens démocratique, veut tout d’abord dire de prendre part au pouvoir, pour autant que celui-ci s’appuie sur un monopole. Dans les mots de Rainer Mausfeld : « Une démocratie c’est la sociétalisation de la souveraineté et la soumission de l’appareil de l’état à la volonté des citoyens. » ( 1 ) Avec le passage du pouvoir d’état des anciens souverains au peuple, l’idéal démocratique n’est toutefois pas encore réalisé. Car le peuple doit bien plus inverser la direction de l’effet du pouvoir d’état sitôt qu’il s’en est emparé et qu’il est devenu sien. Une démocratie authentique ne définit pas ce que fait l’individu, ou comment il le fait, mais elle protège le droit qui est le sien d’en décider lui-même. Le pouvoir n’est alors plus utilisé que si le libre déploiement du droit de l’un viole le droit de l’autre de faire de même — donc constamment pour la restauration d’espaces individuels d’organisation et de façonnement. C’est la véritable idée des droits de l’être humain. Ceux-ci, et tous les autres droits qui se trouvent en accord avec eux, forment la possibilité, encore indéterminée, d'un jugement et d’un agir individuels et ont donc comme contenu la récusation de tout jugement démocratique sur l’action concrète de l’individu.
Cela s’appelle : « tout le pouvoir au peuple ». Le but de l’aspiration au pouvoir depuis le bas peut toutefois seulement reposer, pour une véritable disposition d’esprit démocratique, dans l’abolition du pouvoir en tant que tel. Car si le peuple aspire purement à exercer du pouvoir de son côté, à la place de ses anciens souverains, l’être humain n’en arrive jamais à son droit. Dans une démocratie authentique, il ne peut y avoir de ministères, de lois et de décrets qui mettent quelque peu l’individu en tutelle dans l’éducation-formation ou dans son action économique. C’est bien pourquoi l’état social se trouve en contradiction avec l’idéal de la démocratie. S’il est fait un mauvais usage du pouvoir de l’état pour la satisfaction d’intérêts économiques et spirituels culturels de ses citoyens, alors des lois et des normes doivent être mises en place, d’après lesquelles l’individu a à s’orienter dans les vies de l’économie et de la culture. Le peuple apparaît à la place de l’ancien souverain au lieu de dissoudre chaque forme de domination. On devrait donc compléter la définition de Mausfeld : « La démocratie est la neutralisation de la ‘souveraineté’ acquise par le peuple par la limitation des procédures démocratiques aux questions de droits de l’humain et de sécurité. » À cela s’oppose pourtant la « volonté du peuple » qui mélange le concept de « peuple » dans un sens civique avec communauté d’intérêts ethnique, de valeurs, de conceptions du monde et économiques. L’état devrait lutter contre le chômage, veiller à une juste répartition des revenus, créer la monnaie, assurer le « lieu économique allemand », poursuivre des objectifs de recherches et d’éducation-formation, défendre des valeurs ethniques et « intégrer » des réfugiés. Ce court-circuit entre les communautés de droit, d’économie et de culture, est précisément le point d’application du levier pour les élites politico-financières, comme il devrait être montré dans ce qui suit.

Comment le pouvoir se constitue

Le citoyen veut vaincre son impuissance en ce qu’il lie l’individu à des lois et des normes. En général, il a de bonnes raisons pour cela. Celui qui confie son enfant quelques heures chaque jour à la garde d’un enseignant, se sent plus rassuré lorsque celui-ci s’en tient bien au respect des lois et des programmes scolaires et a fait la preuve vis-à-vis des autorités d’une qualification en conformité à certaines normes. Face à un enseignant, qui peut enclencher et régir librement, il se sent donc extradé ; de même face au chercheur, au médecin ou à l’entrepreneur. Mais aussi compréhensible qu’aimerait sembler le vœu de contrôle sur l’action de l’individu, autant le chemin emprunté est inadéquat. Parce qu’en effet jamais « l’état »ne peut réellement agir, mais seulement toujours l’individu, déposséder un individu de son pouvoir (Entmachtung) revient donc toujours à remettre le pouvoir à un autre. Car ce n’est pas « l’état » qui se charge de la responsabilité que le peuple croit lui déléguer de la part de l’individu agissant, mais à nouveau, à chaque fois, un individu. C’est tout d’abord le fonctionnaire d’état. Si « l’état » devait veiller au bien-être de tous les citoyens, alors ses fonctionnaires doivent agir en tant que faisant l’économie, et créateurs de culture, mais c’est-à-dire qu’il faut que soit attribuer au gouvernement une responsabilité allant bien au-delà de la surveillance des droits généraux de l’humain et des décisions en matière de sécurité. Le fonctionnaire concerné doit se commettre avec certains objectifs d’éducation-formation et économiques et promouvoir certaines branches de l’économie. Cela étant le fonctionnaire d’état est toutefois parvenu à sa position en suivant le chemin de procédures générales de choix et pour autant en étant détaché des contextes concrets sur lesquels il devrait agir. Qu’avec cela aucun fonctionnaire ne peut jamais réunir en soi les facultés et possibilités économiques qui lui seraient nécessaires pour résoudre les problèmes qui lui sont présentés, il coopère avec ceux qui sont actifs sur place et disposent du savoir et de l’influence dans leur domaine. Évidemment, le ministre de l’Éducation, par exemple, auquel le peuple refile le traitement de « l’informatisation », s’adresse de son côté à des conseillers et des firmes informatiques pour pouvoir faire bouger quelque chose. Comment devrait-il aussi savoir aussi ce que seule « la science » sait ? Comment devrait-il faire en effet ce que seule « l’économie » peut faire ? Tandis que les représentants dépassés d’un état social en quête de secours se tournent vers la vie de la culturelle et celle de l'économie, les représentants des intérêts dans ces domaines — étant donné que maintenant les premiers sont rendus désormais dépendants de la formation d’opinion et des processus de votation — s’efforcent à leur tour d’influencer ces mêmes au moyen de bourrages de crânes, de groupes de pression, lobbyisme, etc. Seul un état neutre, qui ne pourrait édicter aucune loi concernant l’économie ou la vie culturelle, serait protégé d’abus à partir de ces domaines. Mais aussi longtemps que l’état est considéré comme un avocat des intérêts économiques et spirituels culturels des citoyens, lobbyisme et corruption demeureront immanents au système. Si le peuple attend de l’état qu’il veille au « bien-être économique de tous les citoyens » et à l’unité spirituelle-culturelle de la communauté, la remise du pouvoir des représentants du peuple aux élites politiques, financières et de la culture s’ensuit avec une nécessité naturelle et d’ailleurs selon l’enchaînement suivant :
1. Le peuple projette la responsabilité sociale sur l’État.
2. L’État tente de s’étendre en correspondance, mais, sur la base de sa structure démocratique, il ne peut cependant pas saisir la vie de l’économie et celle de la culture.
3. L’État doit dès lors s’ouvrir à des puissances qui, plus profondément que lui-même, peuvent agir à l’intérieur de la vie de l’économie et la vie de la culture, mais celles-ci, de leur côté, ne sont pas légitimées démocratiquement à le faire. Cependant, pour leur intervention, celles-ci exigent un tribut de l’État qui consiste en règle générale à disposer de son monopole de pouvoir, en particulier sous la forme de droits de propriété ou de protection.
4. Sur la base de son amalgamation avec des intérêts économiques et spirituels culturels ainsi que de toutes les alliances qui en résultent, l’état perd toute sa légitimation et transparence démocratique.

Le fantôme de l’opinion publique
Aussi loin qu’une démocratie sera déployée sur des questions économiques et spirituelles culturelles, elle n’est aucune opposition à la domination des élites, mais nécessite et provoque celles-ci. C’est sur le discernement de tels contextes effectifs que repose le pouvoir des élites financières et politiques. Treize ans avant sa rencontre à Paris, avec les futurs « pères-fondateurs » de l’économie sociale de marché, afin d’esquisser les grandes lignes d’un ordre sociétal néolibéral, Walter Lippmann publia son ouvrage « The Phantom Public (Le public fantôme) » (1925). D’une manière descriptive, cette œuvre — qui est de première nécessité à la compréhension de la politique occidentale — n’a toujours pas paru traduite en allemand jusqu’à aujourd’hui. Des critiques comme Rainer Mausfeld ne cessent d’y renvoyer en signalant que pour la première fois, le concept d’une « démocratie dirigée/manipulée » y fut systématiquement développé.
Toutefois, ils ne voient pas le point décisif de l’argumentation de Lippmann ou en tout cas, le laisse pour le moins non mentionné. Car le futur directeur du Council of Foreign Relations (Conseil des Relations étrangères) ne veut en aucun cas « évider » la démocratie. Il présente bien mieux la raison pour laquelle toute forme de démocratie est creuse par définition. En cela, il argumente comme suit : des processus de votes démocratiques mènent à des abstractions. Une majorité peut seulement se prononcer pour ou contre une idée qui devrait être réalisée. Or l’action humaine est par contre quelque chose de tout différent. Celle-ci est liée spatialement et temporellement, c’est-à-dire toujours rapportée concrètement sur l’environnement immédiatement perceptible de l’agissant et s’accomplit en proportion de ses facultés individuelles. Entre les deux, entre la loi démocratiquement décidée et le devenir réel, il n’y a par conséquent aucun pendant immédiat. Celui-ci doit d’abord être établi. Chaque démocratie, qu’elle soit représentative ou directe, requiert un exécutif. Néanmoins, celui-ci ne peut pas  être compris comme si, par lui, une « volonté populaire » devenait un fait. L’exécution réelle se place bien plus comme  contexte complexe d’innombrables actions individuelles de personnes mandatées. Elles aimeraient interpréter leur action de sorte qu’elle réalise la « volonté du peuple ». Mais dans les faits, elles peuvent seulement agir conformément à la situation concrète des faits qu’elles rencontrent sur place et conformément à leur compétence individuelle. Plus elles devraient répondre au nom du peuple, plus les contextes factuels qu’elles doivent manier deviennent complexes et plus élevés les défis posés à leurs facultés individuelles. Les détails par milliers, auxquels l’être humain agissant se voit confronté de manière concrète, ne peuvent jamais à nouveau faire l’objet d’un débat public — parce que ceci est techniquement impossible et n’intéresse personne, en outre. Le peuple peut seulement se focaliser sur des règles générales. Il en résulte, avec une nécessité contraignante, de couper le cordon ombilical des processus gouvernementaux effectifs de la « volonté populaire » supposée et de la constitution d’une démocratie pilotée.
« La grande société [Great Society] », explicite Lippmann, « a grandi d’une manière surprenante, et plus encore par la mise en œuvre des connaissances techniques dans des mesures gigantesques. Elle fut créée par des ingénieurs rompus aux mesures exactes et aux analyses quantitatives. Il devint progressivement évident qu’elle ne pouvait plus être gouvernée par des hommes qui pensaient de manière déductive sur le droit et le non-droit. Elle pouvait seulement être amenée sous le contrôle de l’être humain par la technique qu’ils avaient créée. Progressivement aux têtes les plus fortement éclairées ont appelés des spécialistes , qui étaient entraînés ou qui s’étaient eux-mêmes entraînés à rendre saisissables des parties de cette grande société à ceux qui la pilote… L’homme d’État, le fonctionnaire dirigeant, le dirigeant de parti, le président d’une association bénévole, tous découvrirent qu’ils avaient besoin d’un coach/entraîneur, lorsqu’à l’ordre du jour deux douzaines de choses se présentaient qui devaient être débattues. Ils commencèrent donc à en appeler à des mémorandums. Ils constatèrent qu’ils ne pouvaient plus lire eux-mêmes leur courrier. Ils requirent que quelqu’un leur surlignât en couleur les passages importants des lettres ; ils s’aperçurent qu’ils n’étaient plus en mesure de maîtriser et d’assumer, à la machine à écrire, la rédaction de leurs rapports qui commençaient à jaunir sur leur bureau. Ils exigèrent des résumés, des synthèses, constatèrent leur incapacité à lire des lignes infinies. Ils embrassèrent même de reconnaissance celui qui était à même de leur en faire ressortir un tableau coloré et expressif... Ils se déchargèrent ainsi d’un fardeau après l’autre, à l’instar d’un homme qui ôte d’abord son chapeau, ensuite son manteau, et finalement sa cravate, lorsqu’il s’apprête à déplacer une charge bien encombrante. » ( 2 )

Logique des faits concrets
Celui qui compare les œuvres des néolibéraux Américains-US et celles des néolibéraux allemands peut établir une différence significative. Les Allemands inclinent à la formation de théorie, de sorte qu’on tente aisément à se théoriser soi-même et à s’en tenir par contre à son propre idéal, soi-disant meilleur. Par contre les Américains-US, tels que Walter Lippmann, Milton Friedmann et d’autres décrivent par contre des processus extérieurs de manière exacte et sans faire de sentiment. Selon moi, c’est ici que se trouve la cause première de la mésinterprétation de Lippmann par ses critiques allemands. En général ceux-ci le comprennent comme eux-mêmes considèrent le monde, notoirement de manière idéaliste, à savoir comme s’il décrivait théoriquement un ordre sociétal qu’il vaudrait de réaliser. Chez Mausfeld, Lippmann apparaît en conséquence comme un homme attachant peu de prix à l’intelligence du citoyen et concoctant donc un système dans lequel les masses se voient pilotées par des élites. Mais de fait, celui-ci ne juge pas de l’intelligence du citoyen ni ne se fait d’idée nette sur un système sociétal. Il se livre beaucoup plus à une description exacte des processus politiques, qu’il avait appris à connaître, entre autres, en tant que journaliste et conseiller du président-US Woodrow Wilson.
Il n’aspire à aucune démocratie des élites, mais constate son existence concrète. Et il veut que la formation d’élites, résultant automatiquement des exigences démocratiques, soit reconnue comme telle et configurée de manière efficiente.
Il est toutefois significatif qu’il ne parle pas lui-même « d’élites », mais plutôt de « services d’information ». Le choix technique des mots dit beaucoup de choses sur sa manière de penser. L’expression « d’élite » implique une supériorité spirituelle ou morale sur une majorité présumée stupide. Lippmann est pourtant d’avis que tout être humain est par nature en situation d’accepter les rôles correspondants. Il ne juge pas tout de suite sur les êtres humains. Il décrit beaucoup plus un problème technique : le médecin voit et connaît les patients, l’ingénieur les machines, le ministre des Affaires étrangères, les changements d’humeur du représentant d’un autre état. « Le peuple », par contre, n’est pas un individu, associé à des choses à chaque fois concrètes, mais au contraire, une abstraction. « Le peuple » en tant que tel ne se fourre pas lui-même dans l’événement, mais il le reflète de l’extérieur. C’est pourquoi l’idée que « le peuple » gouverne/régisse est une illusion.

Lippmann explicite : « On croyait que si l’on pouvait apporter plus de faits concrets à l’électeur, il montrerait plus d’intérêt, s’il lisait plus de journaux et de meilleurs, s’il assistait à plus de conférences et lisait plus de comptes-rendus, alors il en serait progressivement bien mieux formé à piloter des affaires publiques… Eh bien, cette conception démocratique est fausse, parce qu’elle ne voit pas la différence radicale existante entre l’expérience de l’insider (NdtFG : celui qui est dans la chose) et celle de l’outsider (NdtFG : celui qui est hors de la chose) ; or elle est fondamentalement biaisée, car elle exige de l’outsider qu’il se confronte au contenu d’une question ou d’un problème avec autant de succès qu’un insider. Or il ne peut pas le faire. Aucun plan d’éducation ne peut l’armer d’avance pour affronter tous les problèmes de l’humanité ; aucun média, aucune machinerie de l’explication ne peut, dans une crise et de manière anticipée, l’équiper des connaissances techniques détaillées dont il a besoin pour une action exécutive… La confusion est profondément enracinée dans une représentation mystique de la société. « Le peuple » fut considéré comme une personne ; sa volonté comme une volonté ; ses idées comme un esprit ; sa masse comme un organisme avec une unité organique, dont l’individu était une cellule. Ainsi l’électeur s’identifie-t-il aux fonctionnaires. Il tentait de penser que leurs idées seraient les siennes, que leurs actes seraient les siens et même, qu’ils seraient, d’une quelconque manière mystérieuse, une partie de lui. Cette confusion totale des identités conduisit à la théorie que chacun fait tout. Elle empêcha que la démocratie parvînt à une claire représentation de ses propres limites et buts atteignables… Seul l’insider est capable de prendre des décisions, non pas que par nature il soit un être humain meilleur, mais plutôt parce qu’il est positionné de sorte qu’il est capable à la fois de comprendre et d’agir. » ( 3 )

Le pacte informatique
C’est d’un regard froid que Lippmann observait donc ce qui s’étendait devant son regard extérieur. Cent ans plus tard, son analyse concerne pertinemment toujours et encore les faits. Comment en vint-on, par exemple récemment, à la signature d’un « pacte informatique » ? En 2015, la société Microsoft initia en compagnie du Verband der Internet Wirtschaft [l’association de l’économie Internet] la campagne Digitaler Bildunspakt [Pacte de formation informatique] et développa une « recommandation de mise en œuvre » à l’intention de la politique. La page de la campagne explique :

« L’emploi de la technologie informatique dans l’enseignement permet des expériences vivantes d’apprentissage et des réussites durables pour l’enseignement. C’est pourquoi les enseignants doivent employer de manière renforcée les technologies informatiques dans l’enseignement. Il ne s’agit pas de les mettre en œuvre à cette occasion dans une spécialité isolée et obligatoire, mais plutôt dans tous les domaines — et partout où cela est sensé. Dans presque tous les cours spécialisés, des formats informatiques peuvent faciliter l’accès aux matières enseignées, relever la qualité des cours et renforcer la motivation d’apprendre. » ( 4 )
Que de nombreux pédagogues expérimentés fussent d’une opinion tout autre et que le « syndicat de l’éducation et de la science » émît expressément une mise en garde, face au lobbyisme agressif de la part du consortium informatique ( 5 ), cela ne pouvait arrêter Microsoft. Quelques mois plus tard, les « recommandations de mise en œuvre » se retrouvaient sur l’agenda de la Grande coalition de gouvernement. En février 2019 la Loi fondamentale (GrundGesetz) fut modifiée parce que le « pacte informatique », sur la base de la souveraineté des Länder dans le domaine de l’éducation, était véritablement anticonstitutionnel. Avec l’élaboration du « pacte informatique » et son implémentation dans les écoles, le gouvernement fédéral mandata ensuite la VDI/VDE Innovation + Technik GmbH portée par le Verband der Deutschen Ingenieure [l’Association des Ingénieurs allemands]. La GmbH (SARL) écrit à son propre sujet :

« Lorsqu’il en va d’un savoir fondé pour établir des bases décisionnelles, le management de projets complexes, l’organisation de lieux de contacts ou bien l’exécution de programmes de facilitation : nous offrons des solutions convenant précisément et des services d’orientation à la clientèle. Chez nous sont à l’œuvre plus de 500 experts issus des sciences de la nature, sociales, économiques et des ingénieurs et du droit, autant de professionnels rompus à la routine exigeante et remplis d’énergies aux nouveaux recrutements en étant dotés d’idées fraîches. » ( 6 )

Le processus se déroula exactement ainsi que le décrivit en son temps celui qui allait devenir par la suite directeur du Council on Foreign Relations : Entre l’initiation du projet par Microsoft et sa mise à exécution par la VDI/VDE Innovation + Technik GmbH, la démocratie ne fut importante qu’à très court terme, comme si notoirement le projet de loi préexistait et que le peuple pût applaudir ou protester. Or il a applaudit. Une majorité des Allemands trouvant donc bon le pacte informatique, parce que justement l’informatisation est un thème important. Qu’eût pu donc apporter de plus « l’opinion publique » en contribution ? L’agir réel est, à chaque fois, celui des ingénieurs, techniciens, pédagogues, entrepreneurs et investisseurs financiers. Le processus se trouve entre leurs mains avant et après le point de contact avec la démocratie. C’est cela qui importe. Celui qui voit la preuve de sa sottise dans le fait concret que le peuple applaudisse passe encore sans même voir le véritable problème. Car même l’opinion la plus juste reste toujours une abstraction vis-à-vis de la réalité. L’impulsion, qui donna l’occasion au peuple de se coltiner au « pacte informatique », remonte à l’action de certains « experts », et ce qu'ensuite le peuple peut bien éventuellement décider, se voit de nouveau repris en mains et résolu par ces mêmes « experts ».
Ramener ce problème à une forme particulière de démocratie c’est faire preuve de courte vue. L’argument de Lippmann concerne toute forme de démocratie. Même des lois votées en démocratie directe, par exemple, doivent devenir exécutives et la démocratie directe est aussi malade de cette divergence entre « opinion publique » et espace réel d’agissement qu’initialise la gouvernance au moyen des élites spirituelles. Il est par surcroît très invraisemblable que le pacte informatique se vît repoussé par votation référendaire directe. Si le peuple se voit confronté à la question de comment, par exemple, des médias seraient mis en œuvre à l’école élémentaire, alors il n’est pas moins dépassé que les députés d’un parlement. Dans le processus de la formation d’opinion, cela s’oriente sur ce qu’il en est pour les experts et cela redonne ensuite à nouveau l’affaire aux mains de ceux-ci après le vote.

[Ceci me permet enfin de comprendre le désintérêt total que j’observai alors autour de moi à l’époque, dans l’atmosphère des sympathies anthroposophiques à ce propos, au moment où avec beaucoup de difficultés je réalisais, en 2007, la traduction française et italienne de l’ouvrage de Jos Verhulst & Arjen Nijeboer ”Démocratie directe : faits et arguments sur l’introduction de l’initiative et du référendum” qui me semblait représenter “l’urgence” du millénaire et qui est téléchargeable sur le site de Democracy International! - https://fr.calameo.com/read/00063007082691defcddf - En fait, tout ce travail ne sert finalement à rien pour toutes les raisons explicitées ci-dessus. NdtDK]

Sens des faits concrets
Ce point faible de la démocratie échappe aux critiques du néolibéralisme. Le problème de fond repose effectivement là où Lippmann le localisa, déjà en 1922 dans L’opinion publique et ensuite en 1925, encore plus précisément dans Le public fantôme. L’ouvrage L’opinion publique peut seulement livrer un contenu théorique et donc, dans l’exemple pris ci-dessus, l’opinion que « la politique » doive faire quelque chose pour la compétence informatique des générations à venir. Étant donné cependant que les causes premières de l’informatisation et de l’éducation-formation reposent totalement à l’extérieur de l’efficacité de la sphère étatique, le [ou la, ndtDK] fonctionnaire sur qui est projetée la soi-disant « volonté du peuple », n’a pas du tout la possibilité de réaliser immédiatement celle-ci. Il demande donc à « la science » et à « l’économie » pour savoir ce qu’il ou elle a exactement à faire, et délègue l’action à des acteurs individuels de la vie de l'économie et de celle spirituelle culturelle, qui à leur tour sont influencés par d’autres. Dans un second pas, il ou elle lie ensuite d’amitié le peuple avec ce l’intelligence liée avec l’exécutif, invisible pour le peuple, fait effectivement. On appelle cela aujourd’hui « prendre avec soi les êtres humains ». Le thème de l’informatisation fonctionne — exactement à l’instar de « l’urgence climatique », la « vague de réfugiés » ou le « chômage » — seulement en tant que symbole sous lequel sont impliqués divers processus qui ne se tiennent en aucune relation avec une « volonté populaire » comme aussi toujours caractérisée.
Les élites ne bricolent pas avec des théories, mais travaillent avec des faits concrets. Leur domination repose sur une analyse factuelle et correcte de ces faits là qui se constituent d’abord au moyen de l’aspiration à une démocratie. Aucune forme de démocratie ne peut les mettre en danger — bien plus, toute forme de société démocratique produit nécessairement le vide décrit par Lippmann qui est alors comblé par les élites. Si le peuple voulait s’opposer quelque peu à ces faits concrets, alors il devrait tout d’abord pleinement reconnaître l’insuffisance de l’idéal démocratique. Car quoiqu’il n’y a aucun contre-argument à l’encontre de ces faits concrets, des conséquences pratiques peuvent néanmoins en être tirées — sitôt qu’on les reconnaît. Le peuple pourrait ensuite intervenir dans le déroulement esquissé par Lippmann. D’où provient donc notoirement le fait que le fonctionnaire d’état ait à maîtriser des tâches pour lesquelles il doit à son tour partir en quête d’une aide dans la vie de l’économie et dans celle spirituelle culturelle ? Eh bien, à cause de ce que le peuple lui transfère une responsabilité économique et culturelle. Si l’état devait donc correspondre à l’idéal de la démocratie, alors le peuple ne devrait pas plus longtemps projeter sur lui sa volonté dans la mesure où celle-ci est orientée sur des objectifs économiques et  spirituels culturels. Le peuple aurait purement et simplement à mandater l’administration de l’état à la surveillance des droits généraux des humains qu’il formulerait lui-même dans des processus de formation d’opinions et de votations démocratiques. Son propre désir, pour autant qu’il est de nature économique et spirituel culturel, resterait alors sans réponse de ce côté-ci. Pour des sujets comme la sauvegarde du climat, la gestion financière, le chômage, la réforme de l’éducation-formation, les valeurs éthiques, etc., l’état ne serait alors pas plus longtemps l’interlocuteur. La volonté s’endiguerait/s’accumulerait dans une certaine mesure, en rapport à cela, dans le peuple.
Mais où donc avec la volonté lorsqu’elle ne peut plus vivre sa vie à fond dans l’état ? Eh bien, celui qui aspire vraiment à un état démocratique doit absolument répondre à cette question. Il doit montrer en effet alors comment les êtres humains peuvent ensuite poursuivre leurs intérêts économiques et spirituels culturels lorsque ce n’est justement plus au moyen de procédures démocratiques.

Walter Lippmann et Rudolf Steiner
C’est l’idée de tri-articulation sociale que Rudolf Steiner formula la même année où Walter Lippmann travaillait, sur l’autre rive de l’Atlantique, au programme des 14 points du président-US Woodrow Wilson — un programme au sujet duquel Steiner déclara : « De ces 14 points, jamais une paix vraie ne pourrait résulter. Car l’humanité civilisée est arrivée en un point de son évolution où ce qui s’était donné à partir des domaines des États transmis/traditionnels, en tant que vie spirituelle, rapports de droit au sens plus large et conditions d’existence économiques, n’était pas à être amené plus loin dans le cadre de ces états. Jusque dans le présent, il «était besoin d’une structure d’état homogène unitaire afin de, par elle, au moyen d’une vie en commun juridique des êtres humains, cultiver la vie de l’esprit et donner naissance aux formes les plus récentes d’économie. Mais aussi bien la vie de l’esprit que l’économie mondiale sont parvenues à des configurations qui ne sont plus à amener plus loin par des structures d’état. Appréhendée en étant dépourvu de préjugés, la guerre mondiale ne fut rien d’autre que l’expression du fait que les états s’entrechoquèrent violemment parce que ces forces cherchaient une issue absurde/non synthétiquement raisonnable, dont la vraie nature consistait à chercher des formes nouvelles pour la vie de l’esprit et l’économie. — On ne pouvait plus s’amener à la conscience cette vraie nature et on laissa ainsi éclater ce qui fut dévastateur. La politique de Wilson était seulement une récapitulation abstraite des anciennes pensées d’état. Les peuples devaient se créer une certaine façon de structure d’état. Par cela, les causes premières de guerres devaient être éliminées du monde. Mais cette façon était celle-là même qui avait justement produit les causes premières de cette guerre. 

Walter Lippmann (1889–1974)

La manière dont je voyais les choses en 1917, c’étaient de placer en opposition à ces 14 points de Wilson, ce qui place une autre façon à la place de celle-là, celle qui donne l’autogestion aux forces des vies de l’esprit et de l’économie, dont la non-disponibilité avait propulsé dans la confusion. Sans que cette façon deviennent l’âme de la politique étrangère des peuples, aucune vraie issue à cette confusion ne pourra être trouvée. » ( 7 ) - il est vrai que le souffleur de Wilson n’était bien sûr pas connu de Steiner et avec cela aussi que celui-ci expliquait lui-même en 1922, dans son ouvrage L’opinion publique, que la véritable intention qui se trouvait derrière ce soi-disant plan de paix avec son insistance sur le « droit à l’autodétermination des peuples » aurait été le maintien de la volonté de guerre ». 
( 8 )
Lippmann observe comment la vie sociale s’enracinait dans des processus économiques et spirituels culturels qui ne se trouvent en aucun pendant avec une « volonté de peuple » démocratiquement articulée. Mais il ne forme aucun concept de ces processus. Il décrit purement et simplement le résultat de leur embrouillamini chaotique dans un état qui devrait être dans la même mesure responsable de la vie de droit, de la vie de l’économie et de la vie de l’esprit : la démocratie des élites. Parce que Lippmann ne va pas au-delà de l’observation, il s’agrippe solidement à l’ancien état unitaire. Rainer Mausfeld, lui, par contre, veut quelque chose d’autre. Il s’efforce à une société dans laquelle tout être humain puisse co-configurer tous les domaines. Mais en cela, il se réfère aussi pareillement à l’état unitaire et, comme Lippmann, il tient la démocratie comme le seul et unique moyen de participation possible. Sous ces conditions préalables, Lippmann se comporte encore de manière juste, tandis que l’idéal de Mausfeld s’avère justement tel que cette chimère qu’avait découverte voici cent ans déjà, l’inventeur du néolibéralisme. Ce qui échappe à Mausfeld c’est le fait que l’accent, unilatéralement placé sur l’idéal démocratique, prépare justement le terrain au pouvoir qu’il voudrait combattre. Il veut libérer « l’espace du débat public » de la tutelle politique et économique. Dans le même temps, il ne peut plus voir en lui cependant qu’une étape préliminaire à la législation démocratique. Or comme il a été montré ci-dessus, l’entrée du « débat public » dans la législation rend maintenant justement tout de suite possible cette mise en tutelle.

La démocratie élargie
Rudolf Steiner poursuit le même idéal que Mausfeld, mais il reconnaît pourtant d’un autre côté les faits concrets sur lesquels Lippmann attira l’attention. C’est la raison pour laquelle il pose la question : si les procédures démocratiques ne sont guère appropriées pour faciliter une participation générale, que sont donc celles qui le permettraient alors ? En juillet 1919 il déclara : « Dans les temps modernes, s’est fait prévaloir ce qu’on pourrait appeler l’impulsion de la démocratie. Celle-ci doit consister dans le fait que tout être humain devenu majeur (NdtDK s’étant libéré de toute tutelle) puisse statuer indirectement ou directement, au sein d’un Parlement démocratique, vis-à-vis de tout autre être humain devenu majeur (NdtDK lui-même libéré aussi de toute tutelle). Mais si l’on veut honnêtement mettre en place cette démocratie comme il faut dans le monde, alors on ne peut pas administrer les affaires d’ordre spirituel dans l’esprit de cette démocratie, car alors tout être humain devenu majeur devrait décider de choses qu’il ne comprend pas. Les affaires spirituelles doivent être réglées à partir de la compréhension, c’est-à-dire se voir placées sur elles-mêmes, car elles ne peuvent absolument pas être administrées dans un parlement démocratique, mais elles doivent avoir leur propre administration qui ne peut être démocratique, mais résulter de la chose. C’est justement ainsi dans la vie de l’économie. La chose doit être administrée à partir de l’expérience économique et de la vie réelle qui s’y déroule. Par conséquent, on doit écarter du Parlement démocratique la vie de l’économie, d’un côté, la vie de l’esprit, de l’autre. » ( 9 ) - Steiner saisit donc presque la même idée que le conseiller de Wilson, mais il la met alors en mouvement afin qu'il devienne reconnaissable où le vouloir social pourrait s’appliquer pratiquement.

Comme il a été montré dans cette série d’articles, le peuple n’a aucune influence directe sur l’organisation de la vie de l’économie et celle de la vie de la culture — et avec cela en définitive aussi sur celle de l’état — aussi longtemps qu’il aimerait la gagner par des voies démocratiques. Le permanent appel à la « conscience politique » des citoyens et le fait concret que toute une industrie, avec Facebook, Twitter, Campact, Avaaz et ainsi de suite, s’est spécialisée en octroyant un semblant d’importance à la formation de l’opinion, doivent aussi être rangés pour cette raison dans un processus de dépossession du pouvoir du peuple, à l’instar des machinations de « l’état profond ». Car une participation sur le domaine économique et celui spirituel culturel n’est possible que du fait que, d’un côté, les intérêts des consommateurs et des travailleurs s’associent entre eux et de l’autre côté que soit immédiatement autorisée l’intelligence devenant efficace dans la société par les individus à chaque fois concernés.
Au lieu, par exemple, de faire de l’enseignant, au moyen de la loi scolaire, du ministère de l’Éducation, des programmes scolaires et de la « reconnaissance professionnelle étatique », un organe exécutif d’une volonté populaire virtuelle, le peuple devrait à l’inverse détacher complètement de l’état le système éducatif formateur, afin que la position sociale, en tant qu’enseignant, ne dépende que de la perception et de la reconnaissance de l’être humain concret qui désirerait agir et servir la société comme tel. À la place du financement par l’impôt, devrait donc apparaître la subvention individuelle et à la place de la « volonté du peuple » théorique, celle humaine, à chaque fois individuelle. Il faudrait s’efforcer à la même chose sur tous les domaines de la vie de l’esprit et de la culture et donc, par exemple, dans la recherche sur le climat, le système de la santé ou bien le journalisme. Alors seulement une démocratie serait enfin possible. Une démocratie devient réelle dans l’instant où aucune tâche n’est plus proposée à l’État qu’il ne peut percevoir qu’en se découplant de la volonté populaire. Autrement dit : une démocratie prend naissance partout où des associations économiques et des corporations culturelles se placent au côté de l’administration de l’état pour accepter de faire ce qu’un état démocratique doit nécessairement lâcher.
Toute démocratie reste une démocratie pilotée, aussi longtemps que les vies de l’économie et de culture ne sont pas laissées à elles-mêmes. Dans un état démocratique, l’exécutif serait purement et simplement l’organe d’exécution du législatif. Il n’aurait aucune opinion propre, aucune volonté propre ne concocterait ni n’entreprendrait rien, mais surveillerait plutôt les lois que le peuple déciderait directement ou indirectement. Tout aussi peu qu’un policier invente les règles de la circulation, condamne le contrevenant à ces règles ou bien dirige carrément lui-même l’automobile, un état démocratique ne pourrait être mis à l’œuvre dans une fonction créatrice ou productrice quelconque, c’est-à-dire se voir amené à assumer une responsabilité culturelle ou économique. Pour une carrière politique, abstraction faite de celle d’un certain talent dans la communication, il n’y aurait donc aucune exigence de faculté particulière. Mais de fait, dans la plupart des démocraties occidentales, on dépend infiniment de la compétence des politiques. C'est un indice que l’exécutif n’est pas l’organe d’exécution du législatif dans ces pays, mais plutôt l’initiateur de processus spirituels culturels et économiques ainsi que de la procédure législative elle-même (ce qu’on appelle le « droit d’initiative » des organes étatiques). Une autre chose n’est cependant plus du tout possible non plus vis-à-vis d’une volonté populaire culturellement ou économiquement motivée, dans la mesure où elle s’articule démocratiquement : l’exécutif peut être responsable du législatif exactement aussi longtemps que celui-ci se limite strictement aux questions des droits de l’humain et de sûreté et ne touche pas tout ce qui est autre. Doit-il par contre agir en tant que représentant d’intérêts économiques et spirituels culturels, il doit devenir capable d’action conformément, c’est-à-dire développer de propres initiatives entrepreneuriales et se scinder du législatif.

Die Drei 6/2020.
(Traduction Daniel Kmiecik revue par François Germani - v.01 - 27/06/2020)


( 1 ) Rainer Mausfeld: ›Elitendemokratie und Meinungsmanagement [Démocratie des élites et management de l’opinion publique] – SWR Tele-Akademie< – www. youtube.com/watch?v=ZNzvIY-BrVk (Min. 4:16)

[Bien entendu Vergesellaschtlichung ne peut pas vouloir dire ici : « socialisation », étant donné les douloureuses expériences du vingtième siècle. NdtDK]

( 2 ) Walter Lippmann: ›Die öffentliche Meinung<, [L’opinion publique], Francfort-sur-le-Main, pp.313 et suiv.

[J.M. emploie ici le substantif Abnabelung, dérivé du verbe abnabeln signifiant à l’origine : « ligaturer puis couper le cordon ombilical ». NdtDK]

( 3 ) Du même auteur : The Fantom Public [Le public fantôme], New York 2017, pp.136 et suiv. — Traduction allemande de Johannes Mosmann.

[Traduit de l’anglais (USA) en français par Laurence Decréau en 2008, texte présenté par Bruno Latour. Chez Démopolis, 192 p., 20 € (recension : https://www.lemonde.fr/livres/article/2008/10/09/le-public-fantome-de-walter-lippmann_1104809_3260.html )]


( 4 ) http://digitaler-bildungspakt.de/positionen-forderungen


( 5 ) Voir le dossier de la Gewerkschaft Erziehung und Wissenschaft : Aktivitäten der Digitalindustrie im Bildungsbereich [Activités de l’industrie informatique dans le domaine éducatif] à télécharger sur :  www. gew.de/publikationen/publikationen/list/


( 6 ) https://vdivde-it.de/de/profil


( 7 ) Rudolf Steiner: ›Aufsätze über die Dreigliederung des sozialen Organismus und zur Zeitlage< (Essais au sujet de la Dreigliederung de l’organisme social et de la situation contemporaine) (GA 24), Dornach 1982, pp.180 et suiv.


( 8 ) Voir Walter Lippmann : L’opinion publique, pp.201-208.


( 9 ) Rudolf Steiner: ›Neugestaltung des sozialen Organismus< (Reconfiguration de l’organisme social) GA 330, Dornach 1983, p. 408.