L’argent est-il une marchandise ?

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L’argent est-il une marchandise ?
La crise des actifs et de la dette comme appel à l’éveil pour une nouvelle compréhension du capital

Réflexion sur l’exposé de Stefan Eisenhut le 7 mars 2012 à la Société anthroposophique de Stuttgart dans le cadre de la série «Crise économique et financière comme enjeu social »

 

Lorsque les Européens découvrirent l’Amérique se constitua un troc caractéristique : aux Indiens fût pris de l’or précieux avec des perles de verre, matériel sans valeur.

Aujourd’hui ce sont des marchandises de valeur qui sont prises à l’espace centre européen avec de l’argent sans valeur.

Les pays avec un bilan commercial ou de services positifs livrent ces derniers temps en des pays avec un bilan du commerce et des services négatif contre de l’argent qui n’est pas couvert. Cela s’exprime en un chiffre, que la banque fédérale fait valoir comme créance vis-à-vis de la BCE : le solde cible (Targetsaldo). Le solde cible se tient actuellement à environ 590 milliards d’€ et est avec cela plus que la moitié de la créance étrangère globale de l’Allemagne, qui se monte à 950 milliards.

Eisenhut explique la situation actuelle à la main du geste, que Rudolf Steiner développe dans son cours d’économie politique. Il ne cherche pas à regarder le processus économique du dehors, mais à partir de forces formatrices internes. Il apparaît peu à peu un tableau complexe qui est bien compréhensible dans sa formation :

Voir aussi Stephan Eisenhut : une conception des processus économiques, sur la composition du cours d’économie politique, revue « die Drei » 10/11, 11/11, 01/12

(NDT: Attention, les 3 points ci dessous n'on rien à voir avec les 3 mots non identifiés dans le schéma)

(1)  Le point de départ pour l’image est la paire de concepts Propriété/Nature et travail. Du travail qui est déployé sur bases naturelles, apparaissent les produits, qui seront apportés et vendus sur le marché. Par le résultat apparaît du capital, avec lequel peut de nouveau être travaillé – de nouveaux produits apparaissent.
(2)  Si « l’esprit organisateur » s’oriente sur le processus du travail apparaissent des possibilités d’allègement du travail. Des outils et moyens de production sont construits. Ils sont décrits avec le concept « capital réel ». Avec les moyens de production, les produits peuvent être fabriqués plus facilement et de manière plus efficiente. L’esprit organisateur créé de la productivité et épargne du travail. Du nouveau capital peut être formé avec moins de travail par la vente de marchandises (et services). Le travail est refoulé et il apparaît un espace libre, qui trouve son expression dans la masse croissante de capital.
Le capital se retourne maintenant et cherche des possibilités de se maintenir plus longtemps dans des processus de productivité. Dans ce cycle, le capital se multiplie sans arrêt. Mais plus du capital se transforme en retournant dans le capital réel, c'est-à-dire, transforme des moyens de production, d’autant plus ils sont/est dévalorisés : car par haute productivité, de nouveaux investissements en optimisation on toujours moins de résultats (règle des 80/20 ). L’optimisation plus avancée est toujours relativement chère, donc moins rentable. Le processus de l’esprit organisateur, qui s’oriente sur les moyens de production et apporte une productivité réelle et des produits réels arrive à des frontières naturelles de la croissance. La sauvegarde de valeur « argent » ne fonctionne plus sur ce chemin.
(3)  À ce point pour ainsi dire, le capital déboite, car l’esprit organisateur cherche maintenant des moyens plus efficients de formation de capital. Le capital a maintenant pris dans ce stade le caractère de marchandise. Il ne s’agit plus de processus économique  - ou plutôt de processus de formation de valeur - au sens propre du mot, donc de produits et de services. Ce déboitement se passe parce que le capital s’oriente vers des droits de propriété et des droits patrimoniaux, qui sont aliénables – donc vénaux. Parce qu’aussi ces « titres de propriété » sont limités par la réalité, de nouvelles valeurs aliénables,  les ainsi nommés produits financiers sont inventés.
Ces produits financiers sont pleinement insensés la plupart du temps dans le contexte de l’économie réelle. Ils servent finalement la possibilité de multiplier le capital comme marchandise. Il est important de former les conditions de ces « nouveaux marchés » comme fluctuants, afin qu’il vienne en permanence à valoriser et dévaloriser et reste disponible au commerce - gains potentiel donc. À cette place, les produits financiers agissent – par exemple la spéculation sur les matières premières – maléfiques, de l’extérieur dans l’économie réelle et déclenchent aisément des catastrophes alimentaires par des hausses de prix spéculatives. Les spéculations monétaires aussi ont des effets catastrophiques. Des gains sont possibles pour ceux qui ont la possibilité de discerner intelligemment ces évènements fluctuants et peuvent se permettre d’attendre, jusqu'à ce que les conditions s’installent, dans lesquelles est avantageux d’acheter ou liquider des valeurs d’actif. Cette attente peut aller sur des dizaines d’années.
Là se pose la question, de ce qui doit arriver au capital s’il ne sert plus à la construction de l’économie réelle.
Steiner expose, que le capital doit alors être utilisé. Il ne doit pas seulement être demandé une mise en place efficace de capital, mais en même temps aussi un sain démantèlement (suppression ?). Eisenhut cite Hans Werner Sinn de l’institut ifo, qui décrit l’actuelle situation des soldes cible et constate dans une entrevue à la FAZ (Franckfurter Allgemeine Zeitung = journal universel de Francfort) :
« Nous sommes assis dans la trappe ! » - Avons-nous le courage de constater que les 590 Mrd de créances vis-à-vis de la BCE sont simplement disparus ?
Avons-nous en même temps la conscience de nous même de nous rendre clair, que nous vivons dans la zone économie la plus performante de la Terre ? L’Europe comme Tout dispose – en comparaison de toutes les autres régions de la Terre – de la meilleure éducation – en travers de toutes les couches sociales, une infrastructure parfaite et généralisée, des conditions climatiques exceptionnelles et une haute qualité de vie et diversité culturelle. Devons-nous nous laisser racheter le panache et nous accorder à la jérémiade d’une vieille Europe gisant au sol, que les médias nous mettent devant les yeux chaque jour ? Devons-nous angoissés et grinçant des dents pleurer le passé ? Ou bien regarder frais et dynamiques dans l’avenir ? Que devons-nous regarder ?
Sur une force spirituelle qui repousse l’esprit organisateur – tout comme l’esprit organisateur repousse le travail. Le concept repousser n’est pas négatif. Le refoulement du travail par l’esprit organisateur signifie donc temps libre. Que signifie le refoulement de l’esprit organisateur ? Comment pourrait être décrite cette force refoulant ?
Pour s’approcher de la question d’une nouvelle force spirituelle créatrice qui puisse surmonter le pur fonctionnel, organisationnel, Eisenhut éclaire deux domaines :
·                       La différenciation des concepts de pratique et théorie,
·                       Trois courants sociopolitiques aux 19 et 20e siècle

Théorie et pratique
Cette différence émane tout d’abord d’Aristote. Nous devons nous remémorer que la conscience des Grecs fût autre et que l’humain jadis n’était pas tant en mesure de penser si abstraitement, que cela nous est possible aujourd’hui. Les humains ne pouvaient pas former des pensées personnelles, par contre percevoir des images divines universelles – ce que montre le caractère de la mythologie comme forme d’expression de la vie spirituelle antique.

C’est pourquoi Aristote cite l’éthique et la politique comme les sciences pratiques -  accessibles à un grand nombre de cercles humains, parce qu’elles reposent sur l’observation immédiate de l’âme (que chaque humain pouvait mettre en œuvre par lui-même) : quelle activité de l’âme est-elle nécessaire pour que la vie devienne bonne ?

Par contre, les sciences de la nature et la métaphysique étaient chez Aristote des sciences théoriques, qui n’étaient accessibles qu’à un petit cercle d’humains. Les humains qui avaient exercés tout particulièrement leur pensée. Car chez le Grec les pensées émergeaient aussi dans son âme et pouvaient être contemplées là par lui (grec , théorie).

 

Aujourd’hui le rapport de théorie et pratique apparaît exactement inversé : dans notre culture la pensée abstraite est aussi bien développée que chaque humain. Notre culture industrialisée est complètement dans la tête. Exprimé autrement ; la pensée est descendue des hauteurs cosmiques, s’est individualisée (en perspective) et est arrivée chez l’humain individuel ( Je pense, donc je suis – Réné Descartes)
Dans le système de coordonnées cartésiennes, tout a sa place et est définissable.
C’est pourquoi les praticiens prétendent aujourd’hui résoudre des problèmes extérieurs avec leurs propres pensées. Systèmes experts et gestion des connaissances sont des outils et méthodes, pour soutenir la pratique de la pensée.

 

Les « sciences de l’esprit » par contre sont théoriques. Il est attribué peu de valeur à leurs contemplations des rapports animiques-spirituels. Un théoricien est au pire des cas un inutile, un parasite, quelqu'un qui barbotte le temps des autres.

Devant le fond de cette gigantesque polarité Rudolf Steiner formule la question : « comment mettons-nous ce que nous avons dans la tête en lien avec l’esprit ? Ainsi, nous pouvons déplacer notre âme dans une activité, pour agir guérissant comme humain individuel dans le monde, - ce serait d’après la vue de Steiner demande pratique.

Trois courants sociopolitiques au 19 et 20e siècle. Libéralisme – socialisme – doctrine sociale catholique.

Du fait de ce que le complexe organisme économique grandissant se répand sur la Terre au 19e siècle, de nouvelles questions apparaissent.

Une des questions concerne la régulation du marché et la liberté. Dans le libéralisme se développe là un courant, qui représente le point de vue, que le marché est trop complexe pour qu’il soit l'objet d’une planification extérieure sensée. La régulation sont les acteurs individuels qui amènent de l’organisation toujours à nouveau par leur initiative individuelle. Saisi brièvement, le libéralisme repose sur la connaissance et les initiatives des individus agissants : liberté, individualisme – pôle tête et volonté.

Une autre question vise la question de la justice et de l’égalité. Là repose le socialisme : d’une image de l’humain où l’individu n’est rien, le collectif tout, apparaît un concept abstrait, imaginé, qui limite la propriété privée de moyens de production et guide le marché par une planification centrale : les travailleurs doivent se rassembler à cause de l’absence de propriété en communautés, en syndicats, pour s’affirmer vis-à-vis du pouvoir du capital. La caractéristique brève est ici : Égalité, collectivisme – pôle tête.

Vers la fin du 19e siècle, les tensions sociales sont grandes. L’union catholique Caritas est fondée. L’Église catholique développe sous le pape Léon IIIX une doctrine sociale (rerum novarum), qui vaut pour l’époque et comme « mère de toutes les encycliques sociales ». Elle est rendue publique le 15 mai 1891. L’Église prêche une doctrine de la fraternité et d’amour du prochain. L’évêque de Mayence Wilhelm Emmanuel von Ketteler œuvre en ce sens et fonde le parti du centre et le mouvement catholique des salariés en Allemagne comme syndicat social. (1891). Cette action de l’église est plutôt indirecte dans l’organisme économique. L’humain individuel doit se mettre comme personnalité en un rapport juste à la communauté. Parce que l’individu est ici faible et exposé aux séductions du monde, l’Église fixe son domaine d’action à cet endroit. Cela demande  qu'il faille la protection et l’instruction par la communauté des croyants, ses principes et ses valeurs. Au concept de capital, les idées manquent à l’Église. Si du capital s’accumule prennent effet le principe de solidarité et le don. Mais les valeurs n’échappent pas à la force dans la réalité sociale, elles ne conduisent pas les humains en une pratique d’âme, elles ne sont que regardées par la tête. C’est pourquoi la formule courte de la doctrine sociale catholique est : fraternité – pôle tête et cœur.

 

Tous les trois mouvements posent humain et monde face à face – dans la manière de la conscience moderne face à face. Elles touchent la triarticulation de Rudolf Steiner – toutefois à partir d’une perspective unilatérale, chacune en elle-même n’arrive pas à la hauteur d’un tout organique, une vision d’un organisme vivant, un concept spirituel-cosmique d’évolution.

Prend-on la remarque d’Otto Scharmer qu’au 20e siècle les initiatives de formation de société dans le social, dans le pratique-technique et dans le spirituel se sont dégagées, mais qu'elles se sont combattues mutuellement à la place de se lier, alors une perspective se dégage clairement pour le 21e siècle :

Le développement d’une pratique d’âme à partir de la force Je de l’humain individuel, conduit à un esprit créateur. Un esprit formateur qui laisse couler vivante du cœur individuel la force réelle du christ – humain individuel, oeuvrant dans l’humain monde pour l’avenir du monde. Pour cela il faut des espaces où des humains puissent se rencontrer et échanger librement, où en dialogue ouvert trouver des impulsions, qui ensuite puissent être portées dans le monde par des initiatives individuelles. L’élément de l’organiser structurant, l’esprit organisateur, reçoit maintenant une fonction de service.

HJA 08.03.2012 - Trad. FG